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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-UBE |
Territoires contemporains | |
Miroir du football, un autre sport dans la presse rouge ? (1958-1979) | ||||||||||||||
Les mille vertus du « beau jeu ». Morale, vitalité et modernité dans Miroir du football (1960-1969) | ||||||||||||||
Karen Bretin | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | |||||||||||||
RÉSUMÉ
Au second vingtième siècle, la pensée communiste sur le sport s’expose de façon renouvelée, puisqu’elle sollicite une presse magazine qui réinvente elle-même les codes médiatiques. Les contenus de Miroir du football, au cours des années 1960, résonnent fortement avec son caractère spécialisé. Haro sur le « béton », apologie du « beau jeu », l’équipe de rédaction dit et légitime les seules options tactiques recevables à ses yeux. Mais à travers les commentaires sur les styles de jeu, s’expriment également, dans une langue incisive et passionnée, les invariants du discours communiste sur le sport. Dans un contexte qui voit le resserrement de la norme en matière d’activités physiques, le magazine cherche, plus que jamais peut-être, une autre voie pour appréhender et mettre en récit l’information sportive. |
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Introduction Les rédacteurs de Miroir du football ont coutume d’affirmer leur qualité d’experts [1]. Ils se disent « amoureux » du jeu de balle au pied, mais aussi forts d’une expérience « physique », au sens le plus littéral, de sa pratique. D’aucuns se félicitent de connaître « la boue, le mâchefer et l’herbe des stades [2] », quand les plumes de la presse dominante « n’ont jamais vu un ballon à moins de trente mètres [3] ». Une ligne éditoriale résolument tournée vers la technique et la tactique donc, légitimée en ces termes, et opposée au « sensationnalisme » et au « pittoresque facile [4] » dont se rend coupable – estime-t-on encore – la concurrence. Le ton est donné. Pourtant, lorsqu’ils défendent – c’est un euphémisme – le « beau jeu », les journalistes de Miroir ne parlent pas que de football. Les considérations « sportives » qu’ils déploient sont assorties d’autres arguments, au travers desquels le « beau jeu » apparaît comme une véritable philosophie. L’ambition de cet article est tout d’abord de restituer les principaux accents du plaidoyer pour le « beau jeu », en privilégiant justement les à-côtés du commentaire spécialisé. Il s’agit ensuite, par un déplacement du « fond » vers la « forme », de mettre à jour les procédés d’écriture mobilisés par les journalistes. Le travail d’archives porte sur la période des Sixties, marquée par d’âpres « controverses tactiques [5] », et s’effectue en deux temps : les éditos du magazine sont visés prioritairement et soumis à une analyse thématisée des contenus, avant l’exploitation, avec un grain plus fin, d’une cinquantaine de textes choisis parmi l’ensemble. Rédigés par François Thébaud, emblématique rédacteur en chef de Miroir, ces billets permettent de discerner assez clairement plusieurs leitmotivs, mais aussi d’apprécier la variété des discours relatifs aux styles de jeu, et les contrastes dans la langue ou le ton employés. En filigrane, c’est aussi un aperçu des desseins singuliers de Miroir du football qui est donné, invitant à situer la ligne éditoriale du magazine parmi un ensemble de discours communistes sur le sport, et notamment dans le foisonnement des supports médiatiques liés de près ou de loin, au fil du temps, au « Parti rouge [6] ». I. Le « beau jeu » plébiscité : fondements d’un credo footballistique Les contenus de Miroir du football sont « sportifs », au sens plein du terme, nourris par une connaissance approfondie du jeu de balle au pied [7]. L’expertise des commentateurs est un point commun avec le mensuel Miroir du cyclisme, qui naît de même à l’aube des Sixties, dans le sillage de l’hebdomadaire Miroir-Sprint [8]. C’est aussi, sans doute, l’un des moteurs du succès de ces publications spécialisées, qui tirent remarquablement leur épingle du jeu et participent de l’entrée fracassante de la presse magazine (largement illustrée, colorée, plurielle par ses formes et formats) dans l’espace médiatique [9]. Quoi qu’il en soit, c’est donc sans retenue que les journalistes du jeune Miroir du football embrassent la grande affaire technique et tactique des années 1960, prenant fermement position dans une querelle dont François Da Rocha Carneiro a bien situé les contours [10]. S’il est entendu alors que des formes plus anciennes d’organisation du jeu, comme le fameux « WM » qui avait connu son heure de gloire dans l’entre-deux-guerres [11], sont désormais révolues, la « planète football » se déchire autour des deux interprétations possibles, étanches l’une à l’autre, du « 4-2-4 », qui est devenu la norme. La première, geste essentiellement défensif, oppose un verrou aux adversaires et s’en remet pour marquer à un jeu de contre-attaque, où comptent particulièrement les exploits individuels. On l’appelle « le béton » – ou catenaccio (« verrou », justement) en italien. La seconde, résolument offensive, mise sur la coordination des joueurs et l’action collective. C’est le « beau jeu ». Sur la scène nationale et internationale, le premier modèle étouffe inexorablement le second, au grand dam des journalistes de Miroir. 1) Le « beau jeu » : une affaire de morale C’est d’abord en réaction aux turpitudes du « béton » que Miroir du football célèbre le « beau jeu ». Dans le droit fil de la critique communiste des sports « bourgeois [12] » (propre aux années 1920), puis de la condamnation des « excès » qui frappent immanquablement la pratique (version assouplie du réquisitoire précédent, qui s’installe avec le Front populaire), on retrouve dans les colonnes du magazine la dénonciation des brutalités et tricheries qui affectent le football, ici présentées comme les conséquences directes de mauvais choix tactiques. Pour les journalistes, les « explosions de violence » et les « malhonnêtetés » qui se manifestent sur les stades s’expliquent en effet tout entières par la vogue du catenaccio [13]. L’effort défensif est synonyme tout d’abord d’un engagement physique supérieur, de contacts plus rugueux entre les joueurs, qui provoquent immanquablement des traumatismes. Les fourberies ordinaires des terrains de football, par ailleurs, comme les « accrochages de maillots », les « crocs-en-jambe » en milieu de terrain, les « simulations » et autres « temporisations », seraient également induites par les impératifs du « verrou » et par leur corollaire : la nécessité de préserver, coûte que coûte, pour les équipes qui le pratiquent, la moindre avance au score [14]. Plus grave, les journalistes de Miroir du football estiment que les adeptes du « béton » profitent des phases de jeu défensives pour se livrer à des brutalités délibérées, dans le but d’éloigner de la pelouse les joueurs les plus talentueux. À l’été 1962, notamment, les rédacteurs attribuent aux prémices de « l’ère du réalisme [15] » les nombreuses blessures graves qui surviennent lors de la Coupe du monde [16]. Il est vrai que cette édition chilienne est marquée par des rencontres très « musclées », comme la fameuse « Bataille de Santiago », match préliminaire qui oppose le pays hôte et l’Italie, dont les forces de l’ordre, constamment sollicitées, peinent à contenir les débordements. Le « beau jeu », pour les hommes de Miroir, se situe à l’exact opposé de toutes ces bassesses. On trouve à ce sujet, toujours au cours de l’été 1962, un exemple très significatif des contenus du magazine, qui ne donne pas dans l’exposé théorique, mais puise sa philosophie sportive dans la réalité des pratiques et des techniques. Dans un article consacré à « l’engagement physique », disséquant paradoxalement l’art du contre-pied, Pierre Lameignère [17] démontre les vertus d’une mise en jeu collective des corps, seule capable, par l’habile circulation de balle qu’elle produit, d’éliminer l’adversaire sans choc [18]. Bref. La mise en tension est constante entre un style « malhonnête », où la fin justifie tous les moyens, et le football offensif, définitivement plus noble. En faisant la promotion du « beau jeu », les commentateurs défendent ainsi un style qu’ils considèrent comme salutaire pour les footballeurs, vérifiant au passage la grande prévenance de la presse communiste du moment à l’égard des premiers acteurs du spectacle sportif : les champions comme les seconds couteaux, indépendamment de leurs succès et de leurs échecs, jouissent du soutien souvent inconditionnel des rédacteurs, qui voient en eux les victimes, davantage que les moteurs, des évolutions qu’ils dénoncent [19]. Le « beau jeu », donc, préserve le simple joueur des mauvais gestes et de la triche. Il procure de la joie à qui s’y adonne. Il offre enfin à chacun d’appartenir pleinement à un groupe, d’y trouver sa place, d’être élevé par cet ensemble, et par là d’accéder à une forme de libération. On affirme ainsi, en avril 1960, que « l’esprit d’équipe [est] loin de niveler les valeurs individuelles [20] », Thébaud précisant, en décembre de la même année : « Le joueur s’épanouit seulement au sein d’une collectivité dans laquelle il peut s’intégrer [21]. » Fort de cet argumentaire, le magazine appelle fréquemment les footballeurs à se défaire de consignes de jeu qui les asservissent. Il en va de leur dignité et de leur avenir, rien de moins : « Le joueur doit […] s’affranchir sur le terrain du joug des consignes qui le dégradent [et] prendre en main son destin [22]. » 2) Foules sentimentales : le « beau jeu », un football « populaire » Si le « beau jeu » est défendu pour sa supériorité morale, il est aussi célébré pour sa capacité à emporter l’enthousiasme des foules. « La beauté sincère et sans apprêt du geste sportif » est au principe, ainsi que l’affirment les rédacteurs du Miroir en janvier 1967, de la valeur esthétique du football [23]. Mais seul le « beau jeu », une fois de plus, vérifie cette assertion, quand le « béton » n’offre que le spectacle peu réjouissant de joueurs arc-boutés en défense, quand ils ne se livrent pas aux petites et grandes lâchetés déjà évoquées. À l’inverse du catenaccio, à tout le moins « lénifiant [24] », le « beau jeu » est le gage d’un football rayonnant et rassembleur. Projeter les joueurs vers l’avant, au travers des choix tactiques, est donc également un moyen de lutter contre « la désertion des tribunes », évoquée dès septembre 1964, et de maintenir et accroître l’engouement autour de l’activité, selon le vœu le plus cher de François Thébaud et de ses collaborateurs. C’est ce que le magazine retient de la victoire de l’équipe d’Anderlecht contre le « grand » Real Madrid, alors quintuple champion d’Europe, à l’automne 1962 : les « hommes normaux » de la formation belge, triomphant grâce à leur « intelligence collective », ont offert un spectacle exaltant à ceux qui considèrent le football comme « une manifestation de leur joie de vivre [25] ». Un constat réitéré deux ans plus tard (« Ce football-là, celui d’Anderlecht, a pénétré le public d’admiration [26] »), qui justifie d’attirer l’attention, en une du journal, sur « L’exemple belge », et d’offrir aux lecteurs une photographie en couleur, sur papier glacé, de l’équipe du Plat Pays. Si le jeu de la Belgique, au milieu des Sixties, ne manque justement pas de relief, il s’agit aussi de satisfaire les nombreux fidèles de Miroir du football [27] qui vivent de l’autre côté de la frontière. Quoi qu’il en soit, ces considérations confirment, là encore, la croyance des milieux communistes dans les vertus d’un sport vecteur d’émotions et, pour cette raison, populaire. Le football qui plaît à Miroir rassemble en ce qu’il suscite l’admiration, la joie, le divertissement. Il unit pratiquants et spectateurs, met en mouvement des assemblées immenses, prises par les sentiments. Nantes « gagne l’adhésion sentimentale des foules », écrit Georges Pradels [28] en avril 1966, parce que la formation « n’a jamais recours au béton, au jeu de contre-attaque [29] ». Pour cette raison, les « poulains d’Arribas [30] » provoquent « partout des affluences record ». C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’expression « football vivant », maintes fois répétée par les rédacteurs de Miroir, qui suggère, pour finir, que le style de jeu plébiscité est aussi l’incarnation des masses, bien « vivantes » elles-aussi, qui vibrent tout au long de la saison dans les stades. Les journalistes signalent de cette manière leur profond intérêt pour les publics du sport, qui apparaît encore dans la publication très régulière des effectifs actualisés de la Fédération française de football (FFF), ou dans la mention, pour chaque compte rendu de rencontre, du nombre très exact de spectateurs dans le stade. L’inclinaison de la rédaction de Miroir pour un football « populaire » doit ainsi s’entendre dans son sens le plus commun. Le football que l’on célèbre est l’affaire de tous, partout. C’est tout le propos d’un édito publié en février 1966 : « Le football est la langue universelle que même l’analphabète peut manier comme un virtuose », puisque, c’est un fait avéré, « le gosse des bidonvilles, balle au pied, peut être supérieur au fils de bourgeois [31] ». 3) Le « beau jeu », football de demain Enfin, les adeptes du « béton », qu’ils soient entraîneurs de clubs ou sélectionneurs des équipes nationales, sont critiqués parce qu’ils font le choix d’un football dépassé, face à l’indéniable modernité du football offensif. Le « beau jeu » est innovant. Comme défenseurs de cette méthode, les journalistes sont d’ailleurs près de revendiquer la paternité même des gestes clés de sa mise en œuvre. Passes courtes, centres en retrait, corners indirects, remises en jeu à la main [32] : l’éventail technique du pratiquant du « beau jeu », il est vrai, fait couramment l’objet de contenus très pédagogiques, rehaussés d’images et de croquis, dans les pages du magazine. Ainsi, l’attachement absolu au « beau jeu » exprime aussi la « passion » des rédacteurs de Miroir – ainsi qu’ils l’écrivent eux-mêmes – pour un football en avance sur son temps, qui va résolument de l’avant, et pour cause. Les commentateurs ne passeront pas à côté du jeu de mots, en affirmant par exemple en novembre 1966, à propos d’une victoire des tricolores qui signe une forme de renouveau : « L’équipe de France continue à aller de l’avant dans tous les sens de l’expression. » Le « beau jeu » est donc synonyme de progrès. La domination de Nantes (les Canaris sont décidément plébiscités), succédant à celle de Reims, est qualifiée de « maillon » supplémentaire dans la « chaîne du progrès [33] ». C’est le style des collectifs audacieux, « décidés à renverser les préjugés, la routine, le conformisme [34] ». À ce titre, choisir le « beau jeu », c’est opter pour le changement et offrir au football les moyens d’échapper aux difficultés qui le rongent, et dont les commentateurs s’alarment encore, qu’il s’agisse de rapporter les sifflets du public contre des vainqueurs peu glorieux (l’Inter de Milan, au terme d’une manche sans saveur de la finale intercontinentale des clubs [35]) ou d’évoquer une possible « petite guerre mondiale », gouvernée par le « chauvinisme », dans le climat violent qui s’installe à la veille de la Coupe du monde 1966 [36]. Pour cette raison encore, les équipes de François Thébaud conspuent les « esprits attardés [qui s’accrochent] aux souvenirs d’un passé révolu [37] » et s’enlisent dans « le béton ». Au travers de choix techniques et tactiques surannés, ils condamnent le football lui-même. Ainsi, comme toujours, l’apologie du « beau jeu » ne va pas sans la diabolisation du « verrou », style poussiéreux dont la persistance signe aux yeux des journalistes l’obsolescence du fonctionnement des organisations sportives et des politiques de dirigeants enfermés dans le conservatisme. En mai 1964, on s’insurge : il faut « secouer l’inertie » du football français. Deux ans plus tard, même alerte : le monde du football doit renverser « les structures périmées » des fonctionnements actuels et « les formes désuètes ou dangereuses [38] » de certaines rencontres. Les contenus de Miroir du football, puissamment tournés vers l’avenir, se distinguent sur ce point d’autres chroniques de la presse communiste, en particulier celles de Miroir du cyclisme, volontiers nostalgiques des pelotons d’hier (musardant dans les terroirs, sans sponsors sur le maillot ni caméras de télévision [39]). En revanche, la stigmatisation des responsables sportifs, celle du mode d’organisation des compétitions, ou encore celle du chauvinisme, sont des réflexes partagés. Tout comme les discours « en miroir », grand classique de la presse « rouge », qui se déploie ici comme autrefois. Nichée au cœur d’analyses relatives à des choix techniques et tactiques, c’est une mécanique bien rodée qui s’exprime dans la propension à séparer le bon grain de l’ivraie, le « bon » sport paré de toutes les vertus (autrefois, c’était le sport travailliste ou celui des pays de l’Est), et le « mauvais », qui combine toutes les tares (l’intolérable sport « bourgeois » et ses responsables encore et toujours décrépits [40]). II. Des mots pour le dire Sans déployer ici une véritable analyse littéraire des textes étudiés, force est de constater la richesse des procédés d’écriture mobilisés par les équipes de Miroir du football pour soutenir leur propos et « saisir » littéralement leurs lecteurs. Tour à tour didactiques, mordants, drôles et même lyriques, les journalistes manipulent en virtuoses des registres divers, passant rapidement de l’un à l’autre, dans un style particulièrement alerte. À cette mise en récit vivante, colorée, de l’actualité sportive, il faut ajouter des clins d’œil appuyés à l’adresse du lectorat le plus politisé. Les références partagées repérables ici et là, qui en appellent au vocabulaire, à l’imaginaire ou à la mémoire communistes, confèrent au compte rendu sportif toute sa singularité, en même temps que des ressemblances – on peut l’imaginer – avec d’autres types de discours militants. 1) Proximité avec le lecteur et variété des registres On l’a dit dès l’introduction, les journalistes insistent en premier lieu, pour donner du poids à leurs arguments, sur leur expertise. Le pratiquant comprend qu’il est informé par des hommes de presse qui sont aussi, comme lui, des joueurs. Les journalistes affirment et réaffirment ainsi, par d’« opportuns rappels », et avec l’aide de la typographie, leur qualité de « JOUEURS DE FOOTBALL » (en lettres capitales dans le texte), précisant qu’ils disposent, « comme 500 000 Français », d’une licence fédérale en bonne et due forme [41]. À Miroir du football, pour résumer, on sait de quoi on parle. Cette connaissance approfondie de l’activité est mise en avant pour s’enorgueillir de la constance des avis techniques et tactiques qui sont formulés. La « ligne de conduite […] scrupuleusement respectée depuis le premier numéro », écrit-on encore, est d’autant plus « courageuse » qu’elle va à l’encontre des tendances qui dominent le jeu [42]. Parallèlement, la « versatilité » des opinions exprimées dans les journaux concurrents (qui vaut à leurs rédacteurs le qualificatif de « girouettes [43] ») est moquée durement. L’argumentaire insiste alors sur l’incompatibilité entre les commentateurs de Miroir et leurs homologues de la presse dominante, réduits aux attributs que la caricature assigne traditionnellement aux « bourgeois » : les premiers, à la différence des seconds, sont habitués au football pratiqué sur des terrains rudimentaires, « sans galon, sans cigare, sans œillet à la boutonnière ». Un football ressenti dans leur chair, qui suppose « d’autres risques que des crampes au poignet ou des durillons aux fesses [44] ». Les habitudes rédactionnelles installent ainsi une forme de connivence avec le lectorat, reposant sur un vécu de pratiquants, en même temps que sur une extraction sociale (supposément) commune. Le ressort des appartenances de classe est aussi régulièrement utilisé pour soutenir le commentaire sur le « beau jeu », à proprement parler. Ceci est particulièrement sensible dans le choix des figures que les journalistes érigent en modèles. À cet égard, avant même d’évoquer les collectifs et les quelques champions qu’ils plébiscitent, ce sont des positions sur le terrain qui sont exaltées. François Thébaud et ses équipes manifestent ainsi leur préférence pour des schémas tactiques qui confèrent un rôle déterminant aux « milieux de terrain ». Dès lors, Miroir du football donne une visibilité inhabituelle à des joueurs qui, le plus souvent, œuvrent dans l’ombre pour offrir aux attaquants l’occasion de briller devant le but. Ces footballeurs subalternes, ici élevés au rang de pièces essentielles du dispositif collectif, sont systématiquement mis en valeur. On affirme par exemple, en avril 1962, qu’« il n’est pas en football de labeur plus dur, plus obscur, plus ingrat que celui qui consiste à occuper le milieu de terrain [45] ». Le même texte porte ensuite la lumière sur Alfredo Di Stefano. Né à Buenos Aires en 1926, recruté au Real Madrid en 1953, devenu espagnol dans la foulée, Di Stefano est un attaquant dont la grandeur réside justement, aux yeux des plumes de Miroir, dans la capacité qu’il a de renoncer parfois aux avant-postes. Lorsque la situation l’exige, c’est lui qui s’attelle à la tâche « rebutante » du gregario. Ainsi, on lui attribue tout le mérite d’une victoire-surprise des Madrilènes, qui s’imposent en quart de finale de la Champions League contre la Juventus de Turin. La formation italienne, en ce début des années 1960, porte bien son nom. Jeune et fougueuse, en plus d’être talentueuse, elle s’incline pourtant devant la maîtrise de Di Stefano, alors âgé de 36 ans, qui « honore son sport […] en se dépouillant volontairement de ses oripeaux de vedette pour revêtir le bleu du manœuvre du football [46] ». La sagesse et le « métier » ont parlé, concluent les journalistes. En mobilisant le vocabulaire de l’usine, et les qualités associées dans l’imaginaire collectif aux travailleurs, ils en appellent explicitement à la sensibilité du lectorat ouvrier (et peut-être ici à sa fraction la plus mature), même si les Trente Glorieuses permettent aussi aux prolétaires, comme artisans du « mieux vivre », d’accéder à une reconnaissance plus large [47]. Le discours se caractérise, enfin, par la richesse du lexique et par une grande diversité de tonalités. La variété des termes permettant de lier le « béton » au passé constitue un bon exemple de la première. « Suranné », « obsolète », « dépassé », « démodé », « défraîchi », « désuet », « périmé » : une large palette d’adjectifs est mobilisée, donnant un aperçu de la littérarité des contenus de Miroir et faisant écho, probablement, à la sociologie des rédacteurs [48]. Ces observations mériteraient toutefois plus ample comparaison avec la production médiatique du moment, rarement étudiée sous cet angle. Il est plus aisé, en revanche, de commenter le contraste marqué entre, d’une part, une rhétorique très incisive, y compris lorsqu’elle manie l’humour, et d’autre part une écriture plus sensible, ou poétique. L’écriture communiste du sport accole en effet traditionnellement ces registres, redoublant dans la forme le « fond » dichotomique déjà évoqué. Ainsi, c’est toujours vertement que la rédaction de Miroir du football s’attaque au catenaccio et à ceux qui le pratiquent. En 1960, à l’occasion d’une victoire de Nice contre le Real Madrid (encore) en Coupe d’Europe, les journalistes parlent d’une « dernière demi-heure […] stérile et affligeante » pour la formation espagnole, pénalisée par un ailier – Francisco Gento – ayant produit « une démonstration de stupidité et d’inefficacité ». On ajoute, en anglais dans le texte, pour mieux moquer la contre-performance de Gento, qu’il est pourtant « le plus rapide in the world [49] ». En juin 1964, de la même façon, l’édito dénonce la « pitoyable parodie de football » pratiquée par l’Olympique lyonnais (OL) et les Girondins de Bordeaux, pour annoncer le commentaire détaillé, en pages intérieures, de « la plus mauvaise finale de Coupe de France de l’histoire » (emportée finalement par l’OL). Quelques mois plus tard, en octobre, la sentence tombe sur l’ensemble des équipes françaises, dont on souligne l’« effroyable médiocrité ». La conclusion est des plus cinglantes : ces faiblesses abyssales font du football hexagonal un « citoyen de seconde zone, une sorte d’untermensch, pour reprendre une expression de triste mémoire [50] ». Les mêmes routines d’écriture, entre virulence du propos et sarcasmes, servent à vilipender les dirigeants sportifs, responsables de tous les maux. En septembre 1964, on dit de Jean Sadoul qu’il est d’une « incapacité notoire ». De même, à la fin de la décennie, la réorganisation jugée inopérante des instances du football, dont le magazine a décrié le conservatisme au cours des mois précédents, donne lieu à un titre ironique et dévastateur, suivi d’une longue diatribe. Miroir du football est curieux de voir « les hommes nouveaux à l’œuvre », et traite sans aucun ménagement ceux dont l’élection procède, dirait-on aujourd’hui, d’une « erreur de casting ». De tels éclats ne rendent que plus saisissants les propos déployés parallèlement dans des discours de célébration. Miroir du football, on l’a dit, sait aussi convaincre autrement, sur un mode foncièrement lyrique. Dans les pages « vibrantes » qui évoquent la nécessaire mobilisation pour le changement tactique, et la renaissance que ce dernier doit offrir au football, se glissent également les dimensions les plus idéologiques du récit. 2) Le « beau jeu » comme un « Grand Soir [51] » D’une façon générale, le vocabulaire de la « passion » (le mot revient fréquemment) et de l’attachement est omniprésent dans les colonnes de Miroir. On ne compte plus les usages du substantif « amoureux » (comme dans « nous, les amoureux du ballon rond ») et du verbe « aimer », pierres angulaires de toute une panoplie d’affirmations, souvent insérées au bas des éditos, qui permettent aux journalistes de dire et répéter leur goût immodéré pour le football. Les superlatifs abondent, également, pour célébrer le « beau jeu ». Les exploits d’Anderlecht, déjà mentionnés, sont décrits par exemple comme « la résultante lumineusement logique d’une progression foudroyante [52] ». Mais le registre emphatique est aussi, très fréquemment, associé aux éléments de langage qui résonnent avec la culture politique de François Thébaud et de ses collaborateurs. La lutte contre les règles qui encadrent, au cours des années 1960, le mercato des joueurs suscite sans doute les références les plus explicites. Les journalistes attendent ainsi « l’écroulement de la Bastille des transferts », synonyme de « libération du football [53] ». Les envolées relatives au « beau jeu », pourtant, n’en sont pas moins significatives. Régulièrement, le titre s’adresse à ce sujet aux « footballeurs de tous les pays [54] ». Ainsi, quand il attend une prise de conscience pour sortir du « béton », c’est comme un Grand Soir que le magazine appelle de ses vœux : contre le chauvinisme et par le « beau jeu », une « gigantesque communauté […], au-dessus des frontières tracées par la géographie et l’histoire », doit construire le « monde fraternel de demain [55] ». La résurrection du football, permise par l’avènement de schémas tactiques offensifs, est décrite comme une sortie des ténèbres – l’inscription de ces évolutions dans un mouvement inéluctable de l’histoire ne faisant que renforcer les proximités avec l’idéologie communiste. Un football neuf adviendra, à n’en pas douter. En mars 1964, on affirme qu’il en sera ainsi « tôt ou tard [56] », avant de déceler, à l’été, les prémices du changement. Le titre de l’édito de juillet, « Le jour se lève… [57] », évoque ainsi les peines du monde ouvrier, restituées dans le film éponyme de Marcel Carné, mais aussi, probablement, les « lendemains qui chantent », motif récurrent des cultures militantes [58]. Les derniers mots du texte, tout au moins, invitent à le penser puisqu’il est écrit : « Ceux auxquels la raison interdisait de confondre [notre sport] avec ses caricatures savent que le football va sortir de sa nuit. Ils ont vu, de leurs yeux vu, poindre la merveilleuse lueur de l’aube. » Conclusion Au second vingtième siècle, la pensée communiste sur le sport s’expose de façon renouvelée, puisqu’elle sollicite une presse magazine qui réinvente elle-même les codes médiatiques. Les contenus de Miroir du football, au cours des années 1960, résonnent fortement avec son caractère spécialisé. Haro sur le « béton », apologie du « beau jeu », l’équipe de rédaction dit et légitime les seules options tactiques recevables à ses yeux. Elle célèbre la passe courte et l’art du contre-pied. Elle s’enthousiasme pour les mouvements collectifs les mieux construits. Elle encense, également, les formations, entraîneurs et joueurs qui maîtrisent le mieux cette partition offensive. Question d’efficacité, mais aussi – et peut-être surtout – de principes. À travers les commentaires sur les styles de jeu s’exprime en effet une morale footballistique, qui décline les invariants du discours communiste sur le sport. Revisité par des journalistes qui sont aussi, sans exagération, des adorateurs du ballon rond, celui-ci s’affirme comme autrefois dans une langue tout en contrastes, incisive et passionnée, au service de quelques points cardinaux : dénonciation des violences et du chauvinisme ; réquisitoire contre l’immobilisme des instances dirigeantes ; manifestation d’une solidarité indéfectible avec les premiers acteurs du jeu. Le propos témoigne évidemment de la sensibilité politique de ses auteurs. À y regarder de près, sa dimension subversive est évidente. Quand les Sixties marquent le resserrement de la norme sportive, l’avènement du spectacle et celui du culte du champion, dans un climat tout en performance et rationalité, le primat accordé par Miroir du football à la manière plutôt qu’au résultat, son attachement aux sportifs de l’ombre, ou encore les complicités qu’il affiche avec le monde des amateurs signalent, plus que jamais peut-être, la recherche d’une autre voie pour appréhender et mettre en récit l’information sportive.
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![]() Karen Bretin Maître de conférences HDR LIR3S, Université Bourgogne Europe |
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[1] Pour une présentation des journalistes de Miroir du football, voir dans ce numéro la contribution de Benoît Caritey.
[2] Miroir du football, mars 1962, no 27.
[3] Miroir du football, juin 1964, no 55.
[4] Miroir du football, février 1962, no26.
[5] François Da Rocha Carneiro, « Béton et ligne. Controverses tactiques autour de l’équipe de France de football des Sixties », dans Philippe Liotard [dir.], Le sport dans les Sixties. Pratiques, valeurs, acteurs, Reims, EPURE, 2016, p. 51-64. Pour une première approche de Miroir du football au cours des années 1960 : Laurent Grün, « Le Miroir du football vs France football dans les années 1960. Cheveux longs contre idées courtes ? », dans Philippe Liotard [dir.], Le sport dans les Sixties, op. cit., p. 33-50.
[6] Roger Martelli, Jean Vigreux, Serge Wolikow, Le parti rouge. Une histoire du PCF, 1920-2020, Paris, Armand Colin, 2020. L’étude la plus complète de la représentation du sport dans la presse communiste est celle de Michaël Attali et Évelyne Combeau-Mari [dir.], Le sport dans la presse communiste, Rennes, PUR, 2013.
[7] Alfred Wahl, La balle au pied : histoire du football, Paris, Gallimard, 2002.
[8] Miroir-Sprint paraît de 1946 à 1971, Miroir du cyclisme de 1960 à 1994.
[9] Jean-Marie Charon, La presse magazine, Paris, La Découverte, 2008 ; Christian Delporte, Jean-Yves Mollier, Jean-François Sirinelli [dir.], Dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine, Paris, Presses universitaires de France, 2010.
[10] François Da Rocha Carneiro, « Béton et ligne », art. cité.
[11] Alfred Wahl, Les archives du football. Sport et société en France 1880-1980, Paris, Gallimard, 1989 ; Olivier Chovaux, « D’un jeu barbare à un jeu intelligent… Les mutations des styles de jeu du football nordiste (1880-1932) », STAPS, 2004, no 65, p. 111-122.
[12] Sur ce point : Marion Fontaine, « Travail et loisirs », dans Jean-Jacques Becker, Gilles Candar [dir.], Histoire des gauches en France, vol. 2, « xxe siècle : à l’épreuve de l’histoire », Paris, La Découverte, 2005, p. 703-722 ; Karen Bretin-Maffiuletti, Benoît Caritey, « L’Humanité et les manifestations sportives internationales dans les années 1920. Aux origines d’un discours sur le sport dans la presse nationale communiste », dans Michaël Attali, Évelyne Combeau-Mari [dir.], Le sport dans la presse communiste, op. cit., p. 53-72 ; Karen Bretin-Maffiuletti, « Presse de gauche, autodromes et courses de vitesse. L’Humanité et Le Populaire aux prises avec l’essor des sports automobiles (1920-1939) », Territoires contemporains, 2022, no17. En ligne : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/autodromes-circuits-automobiles/Karen-Bretin-Maffiuletti.html.
[13] Miroir du football, juin 1966, no 79.
[14] Miroir du football, novembre 1964, no 60.
[15] François Thébaud, Coupe du monde de football. Un miroir du siècle (1904-1998), Paris, Syllepse, 2022.
[16] Miroir du football, août 1962, no 2.
[17] Voir dans ce numéro la contribution de Benoît Caritey.
[18] Miroir du football, août 1962, no 2.
[19] C’est ce que l’on observe notamment dans les colonnes de Miroir du cyclisme : Karen Bretin, Olivier Chovaux, « “Étranges défaites ?” Regard de la presse communiste sur les vaincus du Tour de France (1960-1967) », dans Thomas Bauer, Sabine Chavinier-Réla, Loïc de la Croix [dir.], Autopsie de l’échec sportif, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2024, p. 15-30.
[20] Miroir du football, avril 1960, no 4.
[21] Miroir du football, décembre 1960, no 12.
[22] Miroir du football, mai 1969, no 118.
[23] Miroir du football, janvier 1967, no 89.
[24] Miroir du football, juin 1960, no 6.
[25] Miroir du football, novembre 1962, no36.
[26] Miroir du football, février 1964, no 51.
[27] Le magazine est vendu dans toute la France métropolitaine, mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Suisse et au Maghreb (Algérie et Maroc).
[28] Voir dans ce numéro la contribution de Benoît Caritey.
[29] Miroir du football, avril 1966, no 77.
[30] Il s’agit de l’entraîneur José Arribas, inconnu (ou presque) lorsqu’il est recruté à Nantes en 1960. José Arribas met sur pied avec des joueurs du cru, « sans palmarès et sans gloire », une équipe qui accèdera rapidement à la première division, emportera le championnat à deux reprises, en 1965 et 1966, et marquera les mémoires par son style de jeu, que le monde du football continue à nommer « le jeu à la nantaise » (André Jaunay, José Arribas. La fabuleuse histoire du jeu à la nantaise, Le Mans, Éditions du Borrego, 2021).
[31] Miroir du football, février 1966, no 75.
[32] Miroir du football, janvier 1961, no 13.
[33] Miroir du football, mai 1966, no 78.
[34] Miroir du football, juin 1964, no 55.
[35] Miroir du football, novembre 1964, no60.
[36] Miroir du football, juin 1966, no 79.
[37] Miroir du football, juin 1964, no 55.
[38] Miroir du football, avril 1966, no 77.
[39] Karen Bretin, Olivier Chovaux, « Le beau Miroir de la petite reine », L’Humanité magazine, décembre 2024, no 88, p. 84-89.
[40] Karen Bretin-Maffiuletti, Benoît Caritey, « L’Humanité et les manifestations sportives internationales dans les années 1920 », art. cité ; Karen Bretin-Maffiuletti, « Presse de gauche, autodromes et courses de vitesse », art. cité.
[41] Miroir du football, mars 1962, no 27.
[42] Miroir du football, mars 1966, no 76.
[43] Ibid.
[44] Miroir du football, mars 1962, no 27.
[45] Miroir du football, avril 1962, no 28. Le procédé trouve d’ailleurs un écho tout à fait inattendu dans la variété italienne de la fin des années 1990. On songe en particulier aux textes de Luciano Ligabue, chanteur pop proche des milieux d’extrême gauche, également scénariste et écrivain. Il remporte en 1999 un très grand succès populaire avec la chanson Une vita da mediano, ode aux « milieux », récupérateurs besogneux et anonymes du calcio.
[46] Miroir du football, avril 1962, no 28.
[47] À propos du « mieux vivre » : Dominique Lejeune, La France des Trente Glorieuses, 1945-1974, Paris, Armand Colin, 2015, p. 107. Sur les « figures d’ouvriers » de l’imaginaire communiste : Marc Lazar, « Damné de la terre et homme de marbre. L’ouvrier dans l’imaginaire du PCF du milieu des années trente à la fin des années cinquante », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 45e année, 1990, no 5, p. 1071-1096.
[48] L’équipe de rédaction est composée de grandes plumes du journalisme, spécialisé ou non, mais aussi de plusieurs enseignants, notamment professeurs de lettres comme Loïc Bervas (voir dans ce numéro la contribution de Benoît Caritey).
[49] Miroir du football, avril 1960, no 4.
[50] Miroir du football, avril 1964, no 53.
[51] Sur l’expression et les imaginaires du « Grand Soir » : Aurélie Carrier, Le Grand Soir, Paris, Libertalia, 2017.
[52] Miroir du football, avril 1962, no 28.
[53] Miroir du football, septembre 1964, no 58. La rédaction plaide alors pour une modification drastique des règles encadrant les transferts des joueurs, qui protègent les finances des clubs et assurent la prospérité des dirigeants, mais « asservissent » les footballeurs.
[54] Miroir du football, août 1970, no 132.
[55] Miroir du football, décembre 1962, no 37.
[56] Miroir du football, mars 1964, no 52.
[57] Miroir du football, juillet 1964, no 56.
[58] Le premier usage de l’expression est généralement attribué à Gabriel Péri, dans la lettre d’adieu qu’il écrit à la veille de son exécution au Mont-Valérien, le 15 décembre 1941.
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![]() Pour citer cet article : Karen Bretin, « Les mille vertus du « beau jeu ». Morale, vitalité et modernité dans Miroir du football (1960-1969) », dans Miroir du football, Olivier Chovaux et Karen Bretin [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 29 septembre 2025, n° 21, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. |
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