Focus - mai 2013

Trois questions à Vincent Chambarlhac sur la micro-histoire de Pernand-Vergelesses

Pourquoi travailler sur Pernand-Vergelesses ?

À l’origine, il s'agissait d'une volonté commune et expérimentale : appliquer à l’espace bourguignon à l’époque contemporaine les propositions de la microstoria, afin de combiner des approches d’histoire viti-vinicole, politique, culturelle, sociale. Un collectif de chercheurs du Centre Georges Chevrier (Christophe Lucand, Florian Humbert, Thierry Hohl, Olivier Jacquet, et moi-même) se sont ainsi associés au projet.

Rapidement, Pernand-Vergelesses et son espace se sont imposés comme terrain de l’analyse. Plusieurs caractéristiques s’additionnaient. Vignoble prestigieux de Côte-d’Or, Pernand-Vergelesses offre des crus réputés, un folklore vineux spécifique qui n’ont pas encore été étudiés comme tels ; le village abrita Jacques Copeau et sa troupe des Copiaus entre 1925 et 1929  qui représentent, dans l’histoire des politiques culturelles, un antécédent direct de la décentralisation.

Enfin, pour cette même période, Pernand-Vergelesses se distingue politiquement par sa municipalité socialiste, sa réputation de village déchristianisé au sein d’une Côte viticole encore fortement structurée par le fait religieux, le poids des aristocraties locales. Il s’agissait donc d’en tenter une histoire totale, sous les auspices de la microstoria.

 

Quels sont les projets que vous avez développés ?

 

Au terme d’un séminaire fermé, les premières approches débouchèrent sur le défi de l’écriture de cette dynamique de recherche. Collectivement, nous avons refusé le cadre monographique pour privilégier une approche favorisant l’éclat, les arêtes et les lignes de failles de nos différentes analyses. Il s’agissait peu de cliver, mais de se refuser à la synthèse pour mieux rendre, dans le mouvement de l’écriture, la complexité du réel.

Séminaire L'espace pernandais aux échelles de l'histoire :

Les Annales de Bourgogne offrirent opportunément de publier ces premiers textes, primés par la ville de Beaune en 2012 par le prix Lucien Perriaux en 2012.

 

Le Prix Lucien Perriaux 2012 du Centre beaunois d'études historiques a été décerné à un collectif de chercheurs, Serge Wolikow, Vincent Chambarlhac, Christophe Lucand, Thierry Hohl, Florian Humbert et Olivier Jacquet, pour L'espace pernandais aux échelles de l'histoire (Dijon, Annales de Bourgogne, tome 83, fascicule 4 - oct.-déc. 2011 – publié en mars 2012, ISSN : 0003-3901).

Et aujourd'hui ?

Aujourd’hui, cette recherche se poursuit, resserrant sa focale sur les années 1920 et 1930 du village. Elle bénéficie toujours de l’appui de la municipalité et des habitants de Pernand-Vergelesses, favorisant l’invention d’archives inédites faites d’entretiens, de textes, d’échanges… Highslide JS

Elle rencontre un projet analogue des cinéastes Cédric Laty et Vincent Gérard de Lamplighter-production, qui, par un docu-fiction (L’homme fumé), explorent le village à la manière de Pasolini.
Le montage s’achève cette année sur le projet d’un séminaire consacré à l’enquête à Pernand-Vergelesses, les mots et les images. Elle croise également l’invitation à participer aux tables rondes des Quatre printemps de la maison Jacques Copeau, pour évoquer l’inscription des Copiaus dans le village. L’investigation se poursuit donc autour du cassis et des cassissiers, du socialisme et des serfs d’Aloxe et Pernand face aux négoces et aux grands propriétaires, autour également de la mise en scène par les Copiaus du quotidien pernandais, entre folklore vineux et leçons du Vieux-Colombier pour un public qui n’est pas, contrairement aux propos mêmes de Jacques Copeau, seulement de vignerons.
Le 29 mars dernier, Thierry Hohl, Olivier Jacquet et moi-même participions à une conférence sur « Une histoire de Pernand-Vergelesses (1920-1939). Vigne, vin, culture, politique… ».


La lettre du Centre Georges Chevrier n° 15 - mai 2013

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