Il y a 70 ans Stalingrad : un tournant de la guerre
Le Centre Georges Chevrier a réalisé une exposition « Il y a 70 ans Stalingrad : un tournant de la guerre ». Cette exposition en partenariat avec l’Association Bourgogne-Eurcasie, l’ARORM (qui gère le musée de la Résistance de Saint-Brisson) et la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon a pour but, non seulement de retracer la bataille et ses atrocités, mais aussi de mesurer les effets induits de la défaite allemande qui participe au tournant de la Seconde Guerre mondiale.
L’espoir renaît au sein des forces qui résistent à la domination nazie. Les Alliés peuvent également attaquer les puissances de l’Axe sur plusieurs fronts à l’échelle mondiale.
Enfin, un travail sur la mémoire est abordé au sein de l’exposition puisque la ville de Dijon est jumelée avec Stalingrad, devenue Volgograd.
L’exposition bénéficie de documents du musée Panorama de la Bataille, de la mairie de Volgograd, des fonds de l’ARORM et de documents des Archives municipales de Dijon.
Pourquoi revenir sur Stalingrad 70 ans après ?
En premier lieu, il s’agit d’un événement majeur du XXe siècle et de l’histoire de la guerre totale que fut la Seconde Guerre mondiale. Si nous avons commémoré avec 1940, « l’étrange défaite » selon les mots justes de Marc Bloch, l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et l’idéal de la Résistance, sans oublier non plus l’arrivée au pouvoir du régime de Vichy avec la découverte du statut des Juifs annoté de la main du maréchal Pétain, les années suivantes nous avons souligné l’atrocité de l’année 1942 avec les rafles organisées conjointement par l’État Français et l’occupant allemand.
1943 consacre non seulement l’unification de la Résistance en France sous l’égide de Jean Moulin et la naissance du CNR, mais c’est aussi la première grande défaite allemande depuis 1939. Les armées d’Hitler ne sont plus invincibles et cela change la donne de la guerre.
La bataille de Stalingrad, de l’automne 1942 au début de l’année 1943 a marqué durablement les esprits ; tant dans l’immense propagande de l’image et je pense ici à la très belle émission de Marc Ferro, histoires parallèles, où l’on pouvait voir en même temps les images des Wochenschau de l’armée allemande et de la propagande nazie – tout comme au sein de l’exposition la presse française de l’époque relayant cette propagande – et en face, en contrepoint, les images soviétiques, celles de la guerre patriotique et de la Résistance acharnée non seulement de l’Armée rouge, mais aussi des civils des habitants.
C’est là une des spécificités de cette guerre totale où les populations civiles se sont retrouvées au cœur du conflit… Guerre idéologique des démocraties contre le nazisme et ses alliés, c’est ce que souligne aussi Stalingrad.
L’écho de cette défaite allemande, de la fin du mythe de l’invincibilité de la Wehrmacht et de la victoire des Alliés a eu un retentissement mondial, dépassant la seule résistance communiste, en témoignent les allocutions de Georges VI roi d’Angleterre qui salue « la victoire du monde civilisé », de Roosevelt qui vante le « tournant de la guerre ». Lors de la conférence de Téhéran fin 1943, Churchill remet à Staline l’Epée de Stalingrad dont la lame porte ces mots : « aux citoyens de Stalingrad au cœur d’acier, ce don du roi Georges VI en gage de l’hommage du peuple britannique ». Fin novembre 1944, le général de Gaulle remet également à la municipalité de Stalingrad une épée d’honneur, saluant le courage de la ville.
Ainsi, le nom de Stalingrad est inscrit non seulement dans la toponymie française allant des noms de rues à une station de métro parisien, mais également dans le cinéma et la chanson, témoignant de l’espoir en marche.
Enfin, contrairement à une école historique et politique en vogue depuis la chute du Mur de Berlin, nous ne traçons pas un signe d’égalité entre fascisme et communisme, comme cela a pu être fait en mars 2007 par une résolution parlementaire du Conseil de l’Europe. Cette histoire révisionniste qui propose de faire œuvre de « vérité », dans le but d’éduquer les « jeunes générations », « masque », comme le rappelait notre collègue Bernard Pudal, « les conflits d’interprétation qui, de la communauté des spécialistes aux acteurs politiques, se manifestent sur le sujet ». Bien entendu, cette opération d’effacement de pans entiers de la recherche se fait principalement au profit d’une famille d’interprétation, la famille « totalitarienne » afin de minimiser les crimes nazis.
Certes, si nous privilégions les comparaisons et refusons de nier les crimes staliniens, il n’en reste pas moins que nous n’avons pas le moindre doute sur le camp dans lequel il fallait se trouver à Stalingrad en 1943.
Pour terminer, cette exposition nous invite à prendre en compte aussi les enjeux mémoriels de cette guerre, sans oublier les logiques d’un jumelage et du rapprochement entre les peuples.
On en parle dans les médias…
Reportage France 3 Bourgogne (diffusé le 24 janvier 2013)
Conférence : L'impact de la bataille de Stalingrad dans la lutte contre le nazisme en France et dans le monde
Conférence inaugurale de Serge Wolikow, Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université de Bourgogne (Centre Georges Chevrier), ancien directeur de la MSH de Dijon :
[30'01]
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La lettre du Centre Georges Chevrier n° 12 - février 2013
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