Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


L’Internationale communiste 1919-1943 : approches transnationales
« Démocrates de tous les pays, unissez-vous » ?
La conférence internationale des partis communistes du 21 avril 1937, zénith crépusculaire de l’internationalisme kominternien
Édouard Sill
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils
RÉSUMÉ
Cette contribution s’attache à présenter et mettre en contexte un événement jusqu’alors méconnu par l’historiographie, malgré son caractère exceptionnel : la Conférence internationale des partis communistes du 21 avril 1937 tenue à Ivry-sur-Seine. Les représentants de dix-sept Comité centraux communistes européens et nord-américains furent conviés par le PCF, agissant comme hôte au nom du Komintern, lui-même représenté lors de cette assemblée inhabituellement décentralisée. La guerre civile espagnole, la solidarité internationale et la ligne de Front populaire furent les sujets de cette réunion de coordination. La forme comme le fond attestent d’un événement majeur, démonstratif de l’action et des buts du mouvement communiste international en 1936-1937, mais également du renouvellement de l’internationalisme kominternien.
MOTS-CLÉS
Mots-clés : Guerre d’Espagne ; communisme ; Internationale communiste ; Komintern ; antifascisme ; mobilisation transnationale ; Front populaire ; Brigades internationales
Index géographique : monde ; France ; Espagne
Index historique : xxe siècle ; 1937
SOMMAIRE
I. La conférence internationale du 21 avril 1937, un événement mis en scène
II. Les thèmes abordés
III. Une illustration de la quête de l’unité organique par l’unité d’action pour l’Espagne
IV. Un indicateur précieux de la faillite des Brigades internationales comme projet unitaire
V. Un stigmate de la corrosion stalinienne du mouvement communiste international
VI. Conclusion : la réunion internationale du 21 avril 1937, une butte-témoin pour l’historiographie du mouvement communiste international

TEXTE

Durant la courte histoire du Komintern, alors que celui-ci avait abandonné depuis longtemps sa nature mais non sa fonction de direction internationale de la révolution mondiale, la période de la ligne de Front populaire antifasciste constitua une séquence paradoxale. En effet, le Comité exécutif de l’Internationale communiste (CEIC) avait irrémédiablement supplanté son assemblée transnationale, pour devenir un organe passif de distribution mondiale des directives staliniennes. Mais le mitan des années 1930 ouvrit une courte période où le mouvement communiste international renoua avec des pratiques internationalistes et acquit une capacité à agir inédite. Entre le VIIe congrès de juillet-août 1935, qui introduisit une ligne stratégique nouvelle et résolument pragmatique, et la ratification en août 1939 des clauses secrètes du pacte germano-soviétique, l’Internationale communiste (IC) fit de l’antifascisme un vecteur dynamique central en le dotant de moyens d’agir globalisés. Pour la première fois, les partis communistes vibrèrent au diapason des préoccupations des démocraties occidentales et convergèrent avec les sociaux-démocrates dans la désignation de la menace [1]. Le calendrier, le discours et l’action des communistes furent adaptés à la période, au contexte et aux rapports de force [2]. L’antifascisme, sentiment transpartisan et universel, constituait le véhicule idoine pour rassembler, rassurer et riposter à la menace nouvelle et mortelle d’un fascisme désormais mondialisé, à condition de le conceptualiser. Le front populaire pour le pain, la paix et la liberté, théorisé par Georg Dimitrov et Dmitri Manouïlski mais déjà éprouvé dans les Asturies, à Paris, Vienne ou Sarrebruck permettait de transmuer l’antifascisme en realpolitik. Enfin, par l’antifascisme, le VIIe Congrès réédifiait le rôle d’opérateur politique actif du Komintern en ressuscitant sa vocation internationaliste et restaurant sa fonction de coordinateur du mouvement communiste international [3].

Un événement interne de l’Internationale Communiste, méconnu malgré son caractère exceptionnel, illustre et résume pleinement les différentes dimensions et les problématiques de cette séquence particulière. Il s’agit de la réunion internationale des partis communistes, tenue non pas à Moscou mais en France, à Ivry-sur-Seine, le 21 avril 1937. La réunion a porté un certain nombre de titres : « Conférence européenne des partis communistes », « Conférence internationale des PC 21 avril 1937 » ou « Conférence de 15 Partis Communistes en France », une imprécision attestant de son caractère inhabituel dans l’histoire du mouvement communiste international. Elle eut pour sujet la situation en Espagne et pour objet la mobilisation internationale en faveur de la République espagnole, sept mois après la décision de Staline de soutenir le gouvernement républicain par des moyens militaires soviétiques et six mois après la création des Brigades internationales, œuvre de l’Internationale communiste.

En 1937, l’ordre européen avait considérablement changé depuis le VIIe congrès du Komintern, confirmant les intuitions de Dimitrov et Manouïlski [4]. L’Allemagne nazie avait fait voler en éclat sans coup férir les traités de Versailles et de Locarno. Hitler avait signé, en novembre 1936 un pacte éloquemment intitulé « antikomintern » avec le Japon, et se rapprochait de l’Italie, également engagée en Espagne aux côtés de la rébellion militaire. Malgré l’échec du coup d’État militaire, le camp franquiste avait obtenu une reconnaissance diplomatique et contrôlait la moitié du pays. La Non Intervention venait d’établir le blocus des côtes espagnoles, nous étions cinq jours avant Guernica.

Mais en avril 1937, les républicains venaient de remporter une grande victoire à Guadalajara, notamment grâce à l’action des chasseurs-bombardiers soviétiques. Madrid sauvée pour la troisième fois, le moral était au beau fixe. Les fronts étaient stabilisés, bien que la pression sur le nord fût très préoccupante. Enfin, en Catalogne et au Levant, les tensions entre les organisations hostiles à la centralisation et critiques sur l’unification militaire et les formations politiques pro-gouvernementales se muaient en affrontements sporadiques, tandis que l’exception catalane se résorbait. La solidarité internationale était à son zénith, l’Internationale socialiste et sa siamoise syndicale étaient fortement ébranlées, d’une part, du fait de l’absence de résultats de la Non-intervention et, d’autre part, par les innombrables appels à la communauté des efforts avec les communistes. Personnification autoproclamée de l’unité d’action réclamée par l’Internationale communiste depuis le 1er août 1935, les Brigades internationales traversaient cependant une période de troubles internes et une crise de direction attestant d’un questionnement sur leur rôle stratégique.

La réunion internationale du 21 avril 1937 est un artefact politique entièrement conjoncturel, déterminé par la période et par le contexte. Le fond comme la forme de cet événement attestent d’une revitalisation de l’internationalisme kominternien, c’est-à-dire d’une restauration de l’action et de la cogestion, tout en portant les stigmates du stalinisme, un paradoxe qu’il convient d’observer en soi.

I. La conférence internationale du 21 avril 1937, un événement mis en scène

Nous possédons deux sources documentaires directement issues de cette réunion, d’inégale importance mais absolument indissociables. Il s’agit tout d’abord de la transcription exacte, par sténodactylographie, des échanges tenus. En effet, la précision est attestée, d’une part, par la mention des interruptions de séances et d’autre part, par la transcription étonnée des noms de plusieurs intervenants, indice précieux sur l’inaltération postérieure de la prise de notes [5]. Il s’agit donc du « ce qu’il s’y ait dit ». En ce qui concerne le « ce qu’il fallait en dire », on le trouve dans la seconde source, c’est-à-dire le compte rendu de la réunion paru dans L’Humanité trois jours plus tard, le 24 avril 1937, en quatrième page ; il faudra revenir sur cette étonnante relégation dans les pages intérieures [6].

Lors de l’accueil des participants, Maurice Thorez précisait d’emblée que le parti français était à l’origine de cette convocation, avec l’assentiment de CEIC (« Il a paru nécessaire, utile, à notre Parti communiste qui a obtenu, à ce propos l’assentiment, l’approbation de l’Internationale communiste [7] »). Plus précisément, l’événement tenait dans les instructions établies par le secrétariat du CEIC le 5 avril 1937 (Quelques mesures en vue de la réalisation de l’offre d’unité faite à l’IOS et de la FSI pour l’action en faveur de l’Espagne) sans que l’on puisse déterminer exactement sa paternité [8]. Comme son titre l’indique, la directive réitérait l’ordre d’obtenir l’engagement de l’Internationale ouvrière socialiste (IOS) et de la Fédération syndicale internationale (FSI) dans une campagne unitaire, d’unité d’action entre les trois Internationales pour l’Espagne, dont la ligne avait été rendue publique par un article de Dimitrov paru dans La Correspondance internationale en novembre 1936 [9]. Ces instructions devaient être données par « les Camarades français » aux partis européens par courriers spéciaux, avant que ne soit finalement organisée, de manière précipitée, cette rencontre exceptionnelle à Ivry. La réunion impromptue fut en effet annoncée par le secrétariat du Bureau politique du Parti communiste français (PCF) du 12 avril 1937 : « Préparer pour le 21 avril une Conférence européenne des Partis Communistes », mention précédée par une phrase manuscrite : « Faire encore un plus grand effort pour aider les Républicains espagnols » [10]. Annoncée comme un événement parisien, elle fut en réalité tenue à Ivry, fief de Maurice Thorez.

La réunion du 21 avril fut articulée en quatre séquences. Tout d’abord, un rapport général du Parti communiste espagnol (PCE) lu par Pedro Checa, suivi d’un rapport dit « complémentaire » de Jacques Duclos. La troisième partie, la plus longue, consista en une discussion, véritable tour du monde en un tour de table, où chacun fut invité à s’exprimer « un quart d’heure sur ce qu’a fait son parti et les problèmes rencontrés ». Au sein de cette discussion, il faut relever la longue intervention d’André Marty, au nom des Brigades internationales. Enfin, quatrième et dernière séquence, Kleement Gottwald et Jacques Duclos énoncèrent un certain nombre d’instructions avant que Maurice Thorez ne conclut la réunion.

Pour la première fois de son histoire, le Komintern organisait une réunion de ses principales sections nationales hors de Moscou, par délégation de pouvoir vers un pôle de sa périphérie désormais promu comme centre exécutif, sous son contrôle cependant, puisqu’il y est représenté par Gottwald et par Duclos, fin connaisseur du PCE. Cet exotisme inhabituel est d’ailleurs immédiatement souligné et assumé par Kleement Gottwald, qui explique et justifie l’improvisation de la réunion par la nécessité de renforcer l’unisson des expressions publiques communistes, le besoin de transmettre directement des consignes identiques et s’assurer par ce biais que ces dernières soient convenablement répercutées [11].

Les sources disponibles indiquent que les participants furent nombreux, au moins vingt-cinq membres de Comités centraux représentant quinze partis communistes européens ainsi que les deux partis nord-américains. Le mouvement communiste espagnol était représenté par Juan Astigarrabía pour le parti basque, Joan Comorera i Soler pour le parti communiste unifié de Catalogne et Pedro Chéca pour le PCE. Le parti français composait une délégation fournie : Thorez, Péri, Cachin, Gitton, Frachon, Vaillant-Couturier, tandis qu’André Marty représentait les Brigades internationales et Jacques Duclos l’IC, un rôle partagé, on l’a vu, avec Kleement Gottwald. Sont également présents les dirigeants américains (William Z. Forster et Earl R. Browder), belge (Xavier Relecom), britannique (Harry Pollitt), danois (Axel Larsen), italien (Ruggero Grieco, dit Garlandi), suédois (Sven Linderot, également pour le parti norvégien), suisse (Humbert Droz), tchèque (Viliam Široký) et des représentants non nommés de la direction des partis polonais, autrichien et hollandais [12]. Il faut relever la présence de quatre membres siégeant ou ayant siégé au comité exécutif du Komintern en 1935 [13].

Autre fait notable, cette réunion devait être rendue publique, en imitation de la conférence récente des exécutifs de l’IOS et de la FSI le mois précédent à Londres. Comme le soulignait Duclos, sa forme même et sa révélation comptaient parmi les objectifs de sa tenue, dans une stratégie de communication et une mise en scène inhabituelles :

Cette Conférence qui se tient avec à son ordre du jour la question de l’Espagne, constitue une réplique à d’autres Conférences qui se sont tenues dans la dernière période. FSI et IOS se sont réunies à différentes occasions et ont traité des problèmes espagnols. C’est pourquoi le seul fait que les travaux de cette Conférence vont être connus, le seul fait que s’est réunie une conférence spéciale pour traiter des questions d’Espagne, cela donne aux travaux de cette assemblée une importance politique sur laquelle je n’ai pas besoin d’insister [14].

De fait, sa relation dans L’Humanité est étonnante de par sa situation dans un encart central mais sobre, parmi les informations et non pas en « Une » parmi les célébrations. Partant, le style de la relation est lui aussi remarquable, en contre-pied du ton emphatique habituellement employé. Le quotidien communiste met ainsi l’événement à distance par une écriture normalement dévolue au reportage : l’assemblée « écouta avec un vif intérêt », les participants « regrettent », « soulignent », des interventions « firent comprendre », l’Appel « invite » les travailleurs, les « engage », etc. On donne à lire aux lecteurs un récit bien différent des comptes rendus amphigouriques des réunions de la direction communiste. Le style est indubitablement décalqué des relations des rencontres internationales, de la Société des nations ou de l’IOS-FSI, dans la grande presse. On a voulu doter la réunion d’un caractère fédéral factice : tandis que la mention parue dans Frente Rojo est à dessein plus circonspecte [15], le compte rendu publié en France suggère qu’on en attend des commentaires. Par le fond également, la réunion atteste de la vigueur et de l’épaisseur du virage internationaliste adopté par le Komintern à propos de la guerre d’Espagne, point d’asymptote de la ligne unitaire antifasciste.

II. Un témoin du renouvellement de l’internationalisme kominternien par l’antifascisme

Comme l’a souligné Serge Wolikow, l’internationalisme marxiste-léniniste fut au fondement du Komintern, en tant que système de valeur et comme horizon idéologique [16]. De fait, Léon Trotski précisait dans le Manifeste de la proclamation de la IIIe internationale que « la IIIe, elle, est l’Internationale de l’action de masse ouverte, de la réalisation révolutionnaire de l’Internationale de l’action » [17]. Cette Internationale de l’action a d’abord été marquée par la guerre qui l’a engendrée et par le combat pour la survie qui suivit sa création en 1919, soit un champ plus large que celui de la politique et du socialisme : celui de la guerre et de la solidarité du prolétariat contre l’agresseur, « l’armée du travail [18] ». Cette surimpression d’un internationalisme de guerre sur l’internationalisme de paix originel est une des marques de fabrique de l’internationalisme kominternien originel, avant sa stricte dévolution à la défense du socialisme dans un seul pays, assimilant les intérêts du mouvement ouvrier international à ceux de l’État soviétique.

Cet internationalisme originel, défensif et solidaire, issu de la guerre civile russe, avait été gommé. Staline s’était en effet appliqué à russifier l’histoire du bolchévisme et la mémoire de la guerre civile en commençant par supprimer toutes références aux Internatsonalisty, cet internationalisme de la défense armée de la révolution bolchévique, tandis que nombre d’entre eux étaient liquidés [19]. Cependant, la continuité est très nette durant la guerre civile espagnole, et on retrouve en Espagne certains de ces premiers soldats de l’Internationalisme bolchévique. En effet, le Komintern puisera largement parmi les anciens Internatsonalisty pour trouver les cadres des Interbridaovtsy en Espagne, les plus célèbres furent les hongrois Maté Zalka (« Lukacz ») et János Gálicz (« Gahl »), le galicien Manfred Stern (« Kleber »), le polonais Karol Świerczewski (« Walter ») ou les frères croates Vladimir et Milan Ćopić. Il faudrait également y ajouter la longue liste de la présence en Espagne d’autres internationalistes pragmatiques, les vétérans (et survivants) des marins révoltés de 1918 à 1919, des Bouches du Kotor à Kiel en passant par la mer Noire, dont le plus célèbre, le français André Marty. La mobilisation du Komintern pour l’Espagne puise aux sources de sa propre histoire.

Si cet héritage fut indéniable, comme horizon idéel et champ de références partagé, l’internationalisme prolétarien ne fut en aucun cas le moteur dynamique déterminant de la venue en Espagne de plusieurs dizaines de milliers d’étrangers. De fait, le terme « internationaliste » est très rare dans les Brigades internationales et les références à l’internationalisme prolétarien avaient alors pratiquement disparu des discours du Komintern en 1936 [20]. Dès ses prolégomènes, en 1934, la ligne de Front populaire avait opéré un passage d’un internationalisme théorique (classe ouvrière) à un internationalisme objectif (antifascisme), la théorisation de l’antifascisme permettant ainsi un « sursaut » à l’internationaliste kominternien [21]. Car c’est bien l’antifascisme qui constitua le vecteur dynamique de la mobilisation solidaire autour de l’Espagne, perçant la membrane jusqu’alors étanche du logiciel internationaliste communiste déployé depuis 1919 contre les sociaux-démocrates.

S’il constitue à n’en pas douter un élément central de « l’illusion communiste » désignée comme telle par François Furet, cet internationalisme antifasciste ne peut pourtant être réduit comme le fit Pierre Broué à « des résolutions verbeuses et sentimentales, du stalinisme et des larmes » [22]. On distingue plusieurs périodes dans l’évolution de l’Internationale communiste à l’égard du fascisme, des variations qui furent toutes induites par la volonté de Staline ; il n’y a donc pas lieu de déterminer un antifascisme stalinien tant ses présupposés sont écartelés entre la proposition stalinienne initiale des « frères jumeaux » de 1928 et celle de la main tendue de 1936-1937, parfois tendue extrêmement loin. Il semble bien que cet antifascisme, élaboré et expérimenté en France, en Autriche et en Espagne en 1934 avant d’être inoculé dans le mouvement communiste international dès 1935, ait été davantage le produit d’un eurocommunisme préhistorique utile à Staline plutôt qu’un postiche stalinien. Cet internationalisme déborde de sa matrice classiste, pour prendre les traits d’un nouvel universel, d’une fraternité antifasciste, une dimension clairement énoncée par Duclos lors de la réunion du 21 avril :

Il s’agit pour nous de lancer un appel, à la conscience universelle aussi pratique, aussi humaine, aussi poignante, aussi concrète que possible afin de rassembler des larges masses autour de nous pour nous aider dans l’action que nous menons pour l’Espagne républicaine [23].

L’antifascisme se révèle en outre un puissant logiciel universel de lecture et de traduction des événements, transmuant la guerre civile espagnole en un Armageddon antifasciste global opposant démocratie et barbarie, reprenant là une proposition notamment formulée par Carlo Rosselli [24]. Comme l’internationalisme classiste, le sentiment communautaire de l’antifascisme est capable se développer dans des pays où le fascisme n’existe pas, y compris dans des pays très éloignés des réalités politiques européennes. L’antifascisme kominternien a pu ensuite imposer un reformatage idéologique de la guerre civile espagnole conforme aux intérêts du mouvement communiste international que l’on retrouve clairement dans les discussions du 21 avril 1937.

Jacques Duclos, lors de son énumération à Ivry des consignes du CEIC pour le printemps 1937, replaçait la situation inamovible et centrale de l’Espagne dans un cadre global, c’est-à-dire un pays qui, tout entier, est agressé de l’extérieur par le fascisme international. Selon Duclos, la guerre en Espagne est une des étapes de l’impérialisme fasciste contre les démocraties, menace ici incarnée par l’Allemagne et l’Italie, là-bas par le Japon, une menace mortelle d’un nouveau type qui concerne tous les pays car chacun dispose d’un fantoche tel Franco prêt à trahir son pays. Cette nouvelle guerre populaire d’indépendance suppose donc un internationalisme différent. Cette orientation théorisée par Togliatti et Dimitrov était alors relativement ancienne puisqu’elle avait été élaborée dès le 23 juillet 1936 à la suite du tout premier rapport d’Ernö Gerö sur l’Espagne [25]. Elle répondait aux vœux de Staline qui suivait alors une ligne opportuniste et de rapprochement avec la France, la Grande-Bretagne et la Tchécoslovaquie, exigeant du mouvement communiste international une ligne strictement démocratique légaliste.

Cette feuille de route, transmise au Bureau politique du PCF dès le 26 juillet 1936, constitue la base des discussions tactiques abordées par les participants de la réunion du 21 avril 1937, notamment à propos des efforts à mener pour l’unité d’action en Espagne même, et surtout autour de l’Espagne [26].

III. Une illustration de la quête de l’unité organique par l’unité d’action pour l’Espagne

Les appels à l’unité d’action antifasciste avaient considérablement évolué depuis le début de l’année 1934, où les communistes étaient encore appelés à flétrir le parti socialiste « principal soutien social de la bourgeoisie dans le développement du fascisme [27] ». Rapidement, la revendication d’un « front unique de lutte antifasciste » s’était précisée en la recherche d’un « front populaire de la liberté, du travail et de la paix », un pacte d’unité d’action durable tendant bientôt vers l’unité organique [28]. Tandis que la réunification syndicale s’achevait en 1937, suivant la fusion du Sportintern dans son équivalente sociale-démocrate, des démarches similaires étaient en cours, avec des succès inégaux, notamment dans les jeunesses, en Belgique ou en Espagne. En Catalogne, la fusion organique avait été effectuée entre socialistes et communistes. Suivant les consignes reçus du Komintern, les partis avaient engagé des discussions, trouvant le plus souvent porte close mais ouvrant à des accords électoraux ici et là. Enfin, en avril 1937 justement, les partis socialiste, communiste et républicain italiens renouvelaient leur pacte d’unité d’action pour l’Espagne, celui-là même qui avait patronné le bataillon Garibaldi, devenu entre-temps une brigade internationale.

L’objet de la réunion du 21 avril tient tout entier dans ce désir de réaliser une unité d’action pour l’Espagne associant le plus étroitement possible le mouvement socialiste. Les directives étaient tout d’abord de « développer, au sein de l’IOS et de la FSI, un large mouvement pour l’unité d’action », c’est-à-dire d’obtenir le fait que la Confédération générale du travail (CGT) appuie auprès de la FSI la démarche d’unité d’action demandée par l’Union générale des travailleurs (UGT) espagnole, tandis que la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) et le Parti socialiste italien (PSI) appuieraient une demande similaire du PSOE auprès de l’IOS. Ensuite, la démarche unitaire des communistes, énoncée dans le télégramme de Dimitrov, devait être popularisée tandis que la « question de l’unité d’action internationale pour l’Espagne » devait être placée « au centre de notre politique quotidienne et de l’attention de l’ensemble du mouvement ouvrier ». De fait, la feuille de route du Komintern regrettait que certaines sections nationales ne soient pas assez engagées dans l’unité d’action avec les sociaux-démocrates [29].

Dès son introduction, Maurice Thorez revint sur la ligne suivie depuis le coup d’envoi de la campagne mondiale de solidarité communiste avec l’Espagne. Le point de départ était naturellement le télégramme de Staline à Diaz d’octobre 1936 assurant du soutien effectif du mouvement communiste international à l’Espagne, immédiatement rendu public. Il avait été suivi par les instructions confidentielles données au PCF de parvenir à l’unité d’action pour cette aide effective au peuple espagnol, notamment par le biais de rencontres avec le dirigeant de l’IOS Fritz Adler et Louis De Brouckère, instructions rappelées le 20 décembre 1936 [30]. On retrouve cet objectif inchangé dans les instructions données le 7 avril 1937 par le secrétariat du CEIC après la lecture des rapports de Gitton, Semard et Raynaud sur la situation en France et le travail du PCF :

Partant des sentiments grandissants des ouvriers en faveur de l’unité politique du prolétariat et des exigences de l’ensemble [de] la situation en France et à l’échelle internationale, le Parti doit pousser plus activement en avant l’action au profit de l’unité politique en expliquant aux masses les conditions de l’unité politique ainsi que son importance pour l’unité de la classe ouvrière en général et en développant avant tout les contacts fraternels entre les ouvriers socialistes et communistes, préparer systématiquement et en tous sens la réalisation de l’unité [31].

Enfin, le même jour se tenait en Espagne une autre réunion, non moins symboliquement démonstrative. Preuve manifeste de l’ampleur de cette offensive de communication lancée en direction des centrales socialistes et syndicales, le triumvirat dirigeant les Brigades internationales (l’Italien Luigi Longo, l’Allemand Dahlem Franz et le Français François Billoux) rencontrait à Madrid les trois représentants de l’IOS en Espagne (l’Italien Pietro Nenni, l’Autrichien Julius Deutsch et le Belge Jean Delvigne) [32]. Cette rencontre donna lieu à un quatrième appel pour l’organisation d’une rencontre trilatérale, venant s’ajouter à celui de l’IC, à celui des partis communistes réunis à Ivry et enfin à celui, espagnol, issu du PSOE et de l’UGT.

Lors de la conférence, les représentants des 17 Comités centraux firent état des situations locales et circonstanciées, des efforts de réalisation de l’unité d’action avec les sociaux-démocrates et de la dynamique globale des campagnes en faveur de l’Espagne républicaine. D’Espagne, les délégués apportèrent les plus grands espoirs de rapprochement des deux partis ouvriers. En Suède, en Belgique et dans l’immigration italienne, des espoirs de réalisation d’une unité d’action de front populaire pour l’Espagne étaient en bonne voie mais en Tchécoslovaquie, Hollande et dans l’émigration allemande, les nouvelles étaient plutôt maussades. Des tentatives timides, plutôt des juxtapositions de type front unique que des associations de front populaire, semblaient éclore aux États-Unis comme en Suisse [33]. De fait, la pression sur le Pays Basque, l’évidence de l’intervention italienne, notamment lors de la bataille récente de Guadalajara, et la piraterie italienne en méditerranée participaient à rendre la cause de la République sous un jour plus favorable. La position des socialistes, renvoyés à leur apparente inaction en contrepoint de l’activisme des communistes, était fragilisée, y compris en Grande-Bretagne au sein des Trade Union britanniques, tandis que le Labour était confronté à la création de comités dissidents, les Labour Spain Committee [34]. Jacques Duclos martela que le second devoir qui incombait aux dix-sept partis réunis à Ivry était de parvenir à l’unité de la classe ouvrière dans la question de l’Espagne tant dans la mesure nationale qu’internationale, de ne pas se contenter d’un appel aux directions socialistes mais de renforcer la collaboration à la base et de mettre en valeur l’évolution favorable de certains leaders socialistes [35]. Le principal véhicule de cette dynamique unitaire pour l’Espagne avait été les Brigades internationales, dessinées et désignées comme la quintessence de l’unité d’action internationale.

IV. Un indicateur précieux de la faillite des Brigades internationales comme projet unitaire

Les Brigades internationales sont longuement abordées durant la conférence internationale des partis communistes du 21 avril 1937 et on peut relever la concomitance de trois points de vue. Il y a tout d’abord celui de Jacques Duclos, qui exprime la position, ou plutôt pour le moment, le sentiment, du Comité exécutif du Komintern. Pour ce dernier, l’objectif stratégique des Brigades internationales qui était d’obliger l’IOS et la FSI à forger l’unité d’action dans le parrainage de ces dernières a échoué :

Si les Partis socialiste et communiste avaient pu réaliser l’unité d’action internationale il est évident qu’on aurait pu déterminer un courant de masses beaucoup plus important, beaucoup plus puissant et on aurait pu avoir entre nos mains une armée éminemment plus efficace pour empêcher que les démocraties occidentales observent à l’égard de la République espagnole une attitude qui constitue en vérité une sorte d’encouragement à l’agresseur [36].

De fait, l’engagement des sociaux-démocrates n’a pas eu lieu, en tout cas pas aussi massivement qu’attendu, bien que les Brigades internationales constituent une indéniable interface unitaire. C’est d’ailleurs ce qu’exprime également Checa, qui remercie les représentants présents pour leur implication, mais qui déclare que désormais l’Espagne a besoin de cadres [37]. Marty abonde dans son sens, mais il consacre la quasi-intégralité de son intervention à mettre en accusation « l’action néfaste » de la IIe internationale dans les Brigades internationales. Mal à propos, il fustige devant ses collègues sa bête noire en Espagne qui n’est autre qu’un des principaux chantres socialistes de l’unité d’action, le secrétaire général du Parti socialiste italien, Pietro Nenni. Il était de surcroit commissaire politique dans les Brigades internationales, mais pour Marty, décidément bien mal luné, ce dernier entreprenait en réalité « une véritable œuvre de division, toujours dans ce but : demain quand le succès va venir, que les communistes n’en tirent pas profit ! » [38]. Continuant dans sa lancée, André Marty signait à Ivry le 21 avril 1937 son licenciement, certes provisoire, de dirigeant des Brigades internationales. Il préconisait en effet, à l’inverse des positions de Thorez et Duclos, de « marquer le rôle du Parti » dans les Brigades internationales [39]. Dans la conclusion des débats, Jacques Duclos exprime d’ailleurs à demi-mots les velléités inverses du Komintern concernant les Brigades internationales pour la période. Le particularisme doit cesser, il faut désormais veiller à renforcer leur intégration dans l’armée républicaine en accompagnant leur hispanisation, et prévoir d’autres interfaces d’unité d’action avec les sociaux-démocrates pour l’Espagne. Mais à l’automne 1937, à la suite du virage géopolitique et doctrinal amorcé par Staline durant l’été, la politique espagnole du Komintern sera revue dans une direction intermédiaire, où le mot d’ordre de Front populaire tend à revenir aux formes et aux discours du front unique, dans et autour de la mobilisation pro-espagnole du mouvement communiste international comme en Espagne même.

V. Un stigmate de la corrosion stalinienne du mouvement communiste international

La réunion se tient dans une temporalité terrible, celle de l’ouverture des procès et de la grande terreur en Union soviétique. La chasse aux suspects concerne notamment les étrangers présents en URSS mais également des sections nationales, purgées voire décimées comme les communistes polonais. Il n’est pas anodin que le nom du délégué polonais présent à la réunion du 21 avril ne soit pas mentionné, ce dernier étant d’ailleurs très, trop, enthousiaste sur la mobilisation pro-espagnole en Pologne [40]. La conférence fut donc l’occasion de réaffirmer fortement un aspect, introduit nominalement pour la première fois à propos de l’Espagne dans le Mémorandum dit de Guyot du 21 décembre 1936 : la lutte contre les trotskistes [41]. C’est Gottwald qui fut chargé à Ivry de la désignation du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) comme ennemi prioritaire, comme une force dite de « dissociation » qu’il faut dénoncer comme des « agents du fascisme, en liaison avec le procès de Moscou », en martelant qu’« on ne l’a pas fait assez avec l’exemple espagnol » [42]. De fait, le sujet du trotskisme comme ennemi intérieur et prioritaire occupe une grande partie des échanges de la réunion et les rôles furent bien distribués parmi les intervenants espagnols, d’une part, et les kominterniens, d’autre part. En effet, tandis qu’il fait part de la dégradation des rapports entre le PCE, la CNT (Confédération nationale du travail) et une partie de l’UGT, notamment au Levant et en Catalogne, Checa attribue la responsabilité des troubles et des échecs unitaires à l’infestation de la CNT par les trotskistes [43]. Comorera renchérit, et rend compte de « l’offensive » menée en Catalogne par le PSUC (Parti socialiste unifié de Catalogne) contre la « contre-révolution », organisée par la CNT et le POUM [44]. À l’autre bout du spectre, certains délégués, autrichiens ou nord-américains notamment, firent part quant à eux de leurs difficultés à bien identifier la menace, notamment en Espagne, en s’excusant notamment de leur distance. Après l’exposé de Gottwald venant joindre les situations soviétique et espagnole face aux menées trotskistes, Jacques Duclos réaffirme la ligne de l’Internationale :

Il y a une certaine hésitation à déclarer qu’en Espagne il ne s’agit pas d’une révolution socialiste mais tout simplement de la défense de la démocratie. Cela n’est pas une manœuvre de notre part, cela est conforme au fait [sic]. Nous ne devons pas reculer devant les manœuvres de gauche des trotskistes et ne pas cacher ce dont il s’agit en Espagne [45].

Bien davantage que dans le « Mémorandum Guyot » à Moscou, la désignation du trotskisme comme une force globalisée et un ennemi intérieur au sein du prolétariat fut rechargée et expliquée à Ivry. La dénonciation devait de plus être portée au-delà des rangs communistes vers les rangs socialistes, invités à se méfier de leur gauche et à la dénoncer en interne.

VI. Conclusion : la réunion internationale du 21 avril 1937, une butte-témoin pour l’historiographie du mouvement communiste international

Lors de la conférence internationale d’Ivry, la mobilisation pro-espagnole du mouvement communiste européen qui avait été déterminée en septembre 1936 puis globalisée en décembre 1936, fut réévaluée et infléchie par une forme originale de distribution des consignes du Komintern. La forme choisie avait moins à voir avec un simulacre de coordination qu’avec la volonté d’affermir l’association des Partis désignés pour la grande campagne pro-espagnole. Le bilan de la première phase de la mobilisation unitaire, et donc du projet de Brigades internationales, fut exposé devant les délégués, et les instructions fournirent une nouvelle feuille de route, valable dans les faits jusqu’en octobre 1937. La réunion eut un certain nombre de conséquences. La première, sur le plan géopolitique, fut l’intensification de la pression mise sur l’IOS et la FSI pour parvenir à l’unité d’action pour l’Espagne. Ces efforts, favorisés par les bombardements de Guernica le 26 avril puis celui d’Almeria par le cuirassé allemand Deutschland le 31 mai, aboutirent aux rencontres d’Annemasse le 21 juin 1937 puis de Paris le 9 juillet 1937. Mais les délégués socialistes réaffirmèrent le principe de « l’action parallèle » plutôt que de l’unité d’action, tandis qu’en France la commission d’unification entre socialistes et PCF mettait fin à ses travaux le 17 juin 1937 [46]. Cet échec de l’unité internationale antifasciste par l’Espagne vint se conjuguer à, et justifier davantage, l’inflexion de la diplomatie soviétique à la fin de l’été 1937. À partir de juillet, Staline prit acte du constat de l’absence de velléité des démocraties à barrer la route au fascisme, en Éthiopie, en Espagne puis désormais en Chine [47]. La seconde conséquence fut l’introduction formelle en Espagne républicaine de l’offensive communiste contre le trotskisme et, partant, des efforts de désignation du POUM comme un paravent de l’ennemi et des pressions émises sur le gouvernement, en Espagne et depuis l’étranger, pour sa persécution. Enfin, la réunion eut des conséquences directes au sein du mouvement communiste international. Tout d’abord ce fut la relève d’André Marty de la tête des Brigades internationales, remplacé par un triumvirat composé de l’Italien Luigi Longo, de l’Allemand Dahlem Franz et du Français François Billoux. Ce fut ensuite le déplacement de l’émanation des appels unitaires vers les sections nationales des dix-sept pays réunis. Bien que cette directive fut émise par Duclos, elle était recommandée par certains des représentants présents, attestant d’un désir exprimé de continuer l’évolution des pratiques internes entamé depuis le VIIe congrès [48]. De plus, ce format collégial et décentralisé eut quelques suites, comme l’organisation par le PCF de nouvelles rencontres de coordination des partis communistes européens pour la mobilisation pour l’Espagne et ce jusqu’en 1939. Cette réunion atteste de la nouvelle, et très éphémère, capacité à agir du Komintern, acquise en juillet 1935 mais atteignant son acmé durant la guerre d’Espagne. Elle fit plier, plutôt que rompre, les codes de la nomenclature communiste et proposa une autre formalisation qui témoigne d’une stratégie de communication considérant cette fois l’opinion publique mondiale et non plus le seul prolétariat. Enfin, cet événement atteste du regain de l’action internationaliste communiste, qui, par l’antifascisme, se révèle capable de sécréter une dynamique que le marxisme-léninisme seul n’avait jamais connu ni su engendrer. Ce nouvel internationalisme d’action se révéla par la suite plus durable et plus global que l’Internationale qui lui avait donné corps, au point que l’on peut se demander si la campagne espagnole du Komintern, et par conséquent cette réunion de coordination à Ivry, n’annonçaient pas d’une certaine manière les prodromes de la transnationalisation à venir du mouvement social.

AUTEUR
Édouard Sill
Docteur en histoire contemporaine
École Pratique des Hautes Études (EPHE PSL) - Laboratoire SAPRAT

ANNEXES

NOTES
[1] Serge Wolikow, L’Internationale Communiste (1919-1943). Le Komintern ou le rêve déchu du parti mondial de la révolution, Paris, Les Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, 2010, p. 88.
[2] Silvio Pons, Stalin and the Inevitable War. 1936-1941, New York, Routledge, 2014, p. 46.
[3] Silvio Pons, The Global Revolution. A History of International Communism 1917-1991, Oxford, Oxford University Press, 2014, p. 78.
[4] Silvio Pons, « The Comintern and the Issue of War in the 1930s: The Debate in March-April 1936 », dans Mikhail Narinsky et Jürgen Rojahn [dir.], Centre and Periphery. The History of the Comintern in the Light of New Documents, Amsterdam, International Institute of Social History, 1996, p. 115.
[5] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme des réunions de la conférence de 15 Partis Communistes en France, 187 pages [344 feuillets]. [en ligne], disponible sur https://pandor.u-bourgogne.fr/img-viewer/PAPRIKA/000495/000018/001231a/viewer.html?ns=000495_000018_001231a_0000.JPG, page consultée le 27 avril 2019.
[6] « Pour intensifier l’aide à l’Espagne républicaine. Pour l’unité d’action internationale », L’Humanité, 24/04/1937, p. 4.
[7] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme…, discours d’introduction de Maurice Thorez, p. 6.
[8] RGASPI 495.18.1202 : Quelques mesures en vue de la réalisation de l’offre d’unité faite à l’I.O.S. et la F.S.I. pour l’action en faveur de l’Espagne, 5 avril 1937.
[9] Georges Dimitrov, « Le Front populaire de lutte contre le fascisme et la guerre », La Correspondance Internationale, n° 54, 14 novembre 1936.
[10] RGASPI 495.10a.4 et 5 : Documents du secrétariat de D. Manouïlski au Comité Exécutif de l’Internationale Communiste. Décisions du secrétariat du 12 avril 1937.
[11] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme…, Intervention de Gottwald, p. 314.
[12] Et probablement des représentants des partis yougoslave et luxembourgeois, qui ne prirent pas la parole.
[13] Thorez et Pollitt jusqu’en 1935, Marty et Gottwald à partir de 1935.
[14] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme…, Conclusion de Jacques Duclos, p. 336.
[15] « la lucha comunista internacional en defensa de España », Frente rojo, 24 avril 1937, p. 2.
[16] Serge Wolikow, « Internationalistes et internationalismes communistes », dans Michel Dreyfus, Bruno Groppo, Claudio Sergio Ingerflom, Roland Lew, Claude Pennetier, Bernard Pudal et Serge Wolikow [dir.], Le Siècle des communismes, Paris, Éditions du Seuil, 2004, p. 514.
[17] Pierre Broué, Histoire de l'Internationale Communiste 1919-1943, Paris, Fayard, 1997, p. 87.
[18] André Marty, Qu’est-ce que le Secours Rouge International ?, Brochure n° 1, Paris, Éditions du Secours rouge international, 1924, p. 6.
[19] John Erickson, « Red Internationalists on the March: the Military Dimension, 1918-1922 », dans Cathryn Brennan et Murray Frame [dir.], Russia and the Wider World in Historical Perspective, Houndsmills, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2000, p. 146-147.
[20] Annette Wieviorka, Maurice et Jeannette. Biographie du couple Thorez, Paris, Fayard, 2010, p. 196.
[21] Serge Wolikow, « L’échec des internationalismes au xxe siècle » dans Actes du Symposium international des 12 et 15 novembre 1992 : Nations, Nationalismes, Transitions xvie-xxe siècles, université de Rouen Centre de recherches d’histoire comparée des transitions (IRED), Paris, Éditions Sociales, 1993, p. 336 p. 336.
[22] Pierre Broué,Histoire de l'Internationale Communiste…, op. cit., p. 542.
[23] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme…, Conclusion de Jacques Duclos, p. 336.
[24] Enzo Traverso, À feu et à sang. De la guerre civile européenne 1914-1945, Paris, Stock, 2007, p. 315-322.
[25] Alexander Dallin et Fridrikh Igorevich Firsov, Dimitrov & Stalin, 1934-1943: Letters from the Soviet Archives, New Haven et Londres, Yale University Press, 2000, p. 46.
[26] RGASPI 495.184.21 : Courrier de Dimitrov et Manuilsky au Bureau politique du PCF, 26 juillet 1936.
[27] « Pour l’unité d’action antifasciste. Résolution du Comité Central sur les tâches des communistes adoptée le 15 mars 1934 », Les Cahiers du Bolchévisme, vol. 11, n° 7, 1er avril 1934, p. 399
[28] Jacques Duclos, « Pour un front populaire de la liberté, du travail et de la paix », Les Cahiers du Bolchévisme, vol. 11, n° 21, 1er novembre 1934, p. 1246 ; Jacques Duclos, « Vers l’unité de la classe ouvrière », Les Cahiers du Bolchévisme, vol. 12, n° 7, 1er avril 1935, p. 387.
[29] RGASPI 495.18.1202 : Quelques mesures en vue de la réalisation de l’offre d'unité..., op. cit.
[30] Georgi Dimitrov, Journal 1933-1949, Paris, Belin, 2005, p. 173-174.
[31] RGASPI 495.18.1187 : Procès-verbal n° 127 de la réunion du Secrétariat du CEIC. Version française de la résolution du CEIC, 7 avril 1937.
[32] RGASPI 545.1.20 : Compte rendu de la réunion entre Gallo, Franz, Billoux avec les socialistes Nenni, Deutsch et Delvigne, Madrid, 21 avril 1937.
[33] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme…, op. cit.
[34] Tom Buchanan, The Spanish Civil War and the British Labour Movement, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 96-97.
[35] RGASPI 495.18.1231a : Conférence internationale des PC du 21 avril 1937.
[36] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme, op. cit., Intervention de Jacques Duclos, p. 56-57.
[37] Idem, Intervention de Pedro Checa, p. 51.
[38] Idem, Intervention d’André Marty, p. 116.
[39] Idem, p. 110.
[40] Idem, Intervention du représentant anonyme du Comité central polonais, p. 61-62.
[41] RGASPI 495.18.1125 : Mémorandum du camarade Guyot sur les questions espagnoles à la réunion du secrétariat de l’ECCI du 21 décembre 1936.
[42] RGASPI 495.18.1231a : Sténogramme, op. cit., Intervention de Kleement Gotwald, p. 310-311.
[43] Idem, Intervention de Pedro Checa, p. 26.
[44] Idem, Intervention de Joan Comorera, p. 243.
[45] Idem, Conclusion de Jacques Duclos, p. 317- 318.
[46] Marcel Cachin, Carnets 1906-1947, Tome IV. 1935-1947, Paris, CNRS Éditions, 1997, p. 485.
[47] Ángel Viñas, El honor de la República. Entre el acoso fascista, la hostilidad británica y la política de Stalin, Barcelone, Crítica, 2010, p. 188-189.
[48] Silvio Pons, The Global Revolution…, op. cit., p. 85.

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Édouard Sill, « “Démocrates de tous les pays, unissez-vous” ? La conférence internationale des partis communistes du 21 avril 1937, zénith crépusculaire de l’internationalisme kominternien », dans L’Internationale communiste 1919-1943. Approches transnationales, Serge Wolikow [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 17 décembre 2020, n° 13, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Édouard Sill.
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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