|
Le Péril bleu. Images psychopathologiques de
la femme artiste au passage du siècle
Depuis l’article fondateur de Linda Nochlin
« Pourquoi n’y-a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? » paru dans ARTnews en 1971 [1], suivi des essais de Germaine Greer [2] et de Griselda Pollock [3], jusqu’à ceux plus récents en France de
Catherine Gonnard et Élisabeth Lebovici [4] et de
Giovanna Zapperi et Anne Creissels [5], le discours autour de
l’exclusion et de la marginalité des femmes dans l’histoire de l’art s’est
progressivement développé. Au sein de cette histoire de l’art retravaillée par
les études de genre, la période du passage du XIXe au XXe siècle a, en revanche, souvent été peu étudiée, voire négligée, alors qu’elle
apparaît comme cruciale dans le trouble et l’ébranlement du clivage normatif
« masculin créateur » / « féminin procréateur ». Les représentations
contemporaines de la femme artiste jusque-là peu connues et analysées
s’inscrivent dans ce contexte et révèlent un puissant discours sur le partage
des genres.
Le choix de la terminologie de
« passage du siècle », préféré ici à l’expression plus communément admise
de « tournant du siècle », qui implique davantage l’idée d’un changement
brutal, permet ainsi de mettre en lumière et d’interroger d’autres enjeux
propres au « passage » comme celui du statut féminin qui évolue de
l’amatrice à la professionnelle. La seconde moitié du XIXe siècle
voit en effet en France la résurgence des bas-bleus qui désignent des femmes
qui, par vanité intellectuelle, tentent de pénétrer les sphères de l’érudition
réservées aux hommes. Nés à Londres au XVIIIe siècle, ces Bluestockings tiendraient leur origine du genre masculin, et plus précisément de
Benjamin Stillingfleet, membre de l’entourage d’Elizabeth Montagu, qui avait
pour habitude de porter des bas bleus [6].
Par extension, ce terme finit par s’associer exclusivement au féminin
désignant, selon Lord Byron, les « malheureuses créatures féminines qui,
renonçant à la beauté, à la grâce, à la jeunesse, au bonheur du mariage, aux chastes
prévoyances de la maternité, à tout ce qui est le foyer domestique, la famille,
le repos au-dedans, la considération au-dehors, entreprennent de vivre à la
force de leur esprit » [7].
Si le bas-bleuisme concerne dans un premier temps la littérature où il fut très
bien remarqué et analysé [8], il tend
progressivement à se déplacer dans le champ de l’art où il demeure aujourd’hui
méconnu. Pourtant, en 1841, Frédéric Soulié écrit sur le « bas-bleu
artistique » [9] c’est-à-dire sur la femme critique d’art, et précipite la complète et
définitive invasion du bas-bleuisme dans le champ de la créativité artistique.
Dans sa lignée, Jules Barbey d’Aurevilly consacre en 1868 un ouvrage aux
bas-bleus où il élargit sa diatribe aux femmes artistes [10] et Octave Uzanne rapproche, en
1894, dans un des chapitres de La Femme à Paris, les femmes artistes des
bas-bleus [11].
À partir de cette figure méconnue de
l’histoire de l’art [12] et dans ce climat
extrêmement hostile à une émancipation du féminin, nous exhumerons et
analyserons les différentes images de la femme artiste au passage du siècle,
tant au travers des discours scientifiques que de la presse satirique et de la
littérature populaire qui, en cristallisant les peurs, proposent le plus
souvent une représentation comme étant contre-nature à l’ordre établi des genres.
De la figure biologisante sans cesse ramenée à sa condition de procréation à
l’hypervirile qui s’est détournée de sa vocation naturelle en se risquant à
imiter les hommes, nous nuancerons ces images relevant d’une prédominance
misogyne en nous intéressant également à celle plus marginale de l’artiste
émancipée, de la « Pygmalionne » qui, en inversant les rapports de pouvoir
entre l’artiste et son modèle, témoigne d’une crise de la virilité déjà bien
amorcée.
L’artiste procréatrice
La mère : l’artiste ramenée à sa
vocation maternelle
« Femme :
femelle de l’homme, être humain organisé pour concevoir et mettre au monde des
enfants. » [13]
Issue du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, cette définition emblématique du clivage
fin-de-siècle, a fait l’objet d’une déconstruction par les féministes telles
Judith Butler qui, après Simone de Beauvoir et Monique Wittig, précise dans Trouble
dans le genre que « réduire les femmes au sexe […] revient à assimiler
la catégorie “femme” aux traits apparemment sexualisés de leur corps et
c’est donc refuser aux femmes la liberté et l’autonomie dont les hommes sont
censés jouir » [14]. Ces théories
féministes se révèlent indispensables à la relecture d’un passage du siècle
dont la misogynie massive avait atteint son apogée, à l’appui des nombreux
traités médicaux de psychopathologie dont l’objectif consistait précisément à
fournir l’argument d’autorité scientifique de l’infériorité biologique de la
femme. On pense non seulement aux analyses de Cesare Lombroso et Guglielmo
Ferrero pour qui l’intelligence féminine est caractérisée par le misonéisme,
c’est-à-dire le refus panique d’aspirer à la nouveauté [15], mais
également à celles d’un de leurs héritiers directs, l’allemand Max Nordau, plus
connu pour son livre emblématique sur la décadence fin-de-siècle Dégénérescence que pour ses travaux scientifiques. En 1897, il publie pourtant Psycho-physiologie
du génie et du talent [16] dans lequel il oppose deux
lois, celle de la nouveauté et de l’avant-gardisme portée par le masculin à
celle de l’hérédité et du conservatisme propre au féminin. Le génie et le
talent ne peuvent donc qu’être le fruit du sexe masculin, le seul capable de
porter un vitalisme original et renouvelé :
« Chez les
êtres vivants différenciés sexuellement, la force vitale et sa puissance
formative semblent être moindres – ou du moins plus inertes, moins
explosives, – chez la femelle que chez le mâle. […] la femelle conserve
le type de l’espèce, tandis que les mâles s’en écartent individuellement,
souvent d’une façon très considérable. » [17]
Ce clivage masculin créateur/féminin
procréateur, fonctionnant sur le principe de la différence et de la
complémentarité des genres où l’acceptation de l’un doit forcément engendrer
l’exclusion de l’autre, rejoint en ce sens la déconstruction entreprise par
Michelle Coquillat dans La Poétique du mâle où sont analysés les
mécanismes, les stratégies et les automatismes d’une littérature phallocentrée
conduisant à la construction d’images mythiques d’un féminin évincé de
l’intelligence et de la création :
« Car c’est
bien un mystère que l’impuissance culturelle de la femme à se libérer de ses
liens. Un mystère que toute notre littérature nous assène, par une série de
savantes analogies, et qui maintient la femme dans la glaise élémentaire dont
l’homme s’est libéré. Il domine alors les éléments dont elle fait partie. Elle
est une part du cosmos dont il déchiffre les secrets et dont sa conscience le
distingue. Transcendance à droite. Contingence à gauche. Or c’est précisément
l’aptitude à la création qui est la seule et unique justification mâle à la
transcendance. C’est parce qu’elle ne crée pas – ou peu, ou rarement, ou
mal – que la femme est impitoyablement rejetée dans la contingence. C’est
donc là qu’est le mystère. Là qu’il va s’exprimer. » [18]
Loin de rester confinée dans les cercles
médicaux, cette question d’une biologisation du féminin se trouve largement
reprise et vulgarisée par les caricaturistes qui vont proposer une image de l’artiste
incapable de prétendre à la fois à la création et à la procréation. Alors que
Jeanniot montre la femme peintre comme un être qui, détournée de son rôle de
mère, ne sait pas faire les enfants [19],
Dangon représente, quant à lui, une jeune fille pré-pubère qui peut créer car
elle n’est pas encore en état physiologique d’enfanter [20].
Comme une illustration de la puissance assimilatrice – et non créatrice
– propre au féminin, le dessin issu de Frou-frou représente une
femme artiste sous les traits d’une copiste et crée la confusion en jouant
tacitement de la double signification du terme « reproduction »,
reproduction créatrice d’abord, par le biais du multiple propre à la copie, mais
aussi et surtout reproduction sexuée, au travers de l’enfant – la ménine
– représenté par la femme artiste et l’allusion explicite à la fécondité
dans la légende (« - Mademoiselle, vous faites l’enfant mieux que Velasquez
lui-même!.../ - Qu’en savez-vous ?... Nous n’avons jamais essayé ensemble ! ») [21].
Sur un mode plus satirique, la caricature intitulée « Pour le Salon »
d’Avelot parue dans Le Rire, illustre une nouvelle fois ce renvoi de la
femme à la mère [22]. Dans un décor plus
proche de l’espace domestique (« salon ») que de l’espace professionnel
(« Salon »), elle représente une artiste qui a bien des difficultés à
reproduire l’image du lapin devant ses yeux. Entourée d’animaux, un lapin et
une poule ainsi que d’un petit cupidon, clairement connotés autour de ces
questions de fécondité, la femme artiste est renvoyée à l’animalité, rappelant
par cette proximité symbolique avec la nature [23] que le rôle dévolu au féminin n’est pas dans la création, mais bien dans la
propagation de l’espèce [24].
L’objet sexuel : l’artiste
hypersexualisée
La thèse la plus normative dans ce sens est
celle de l’autrichien Otto Weininger qui, dans Sexe et Caractère,
affirme que « les organes sexuels sont du point de vue physique le centre
de la femme, l’idée sexuelle est au centre de sa nature mentale – la
femme est sexuelle seulement, l’homme est aussi sexuel – la femme est
sexuelle de manière continue, l’homme ne l’est que par intermittence » [25].
Le renvoi systématique de la femme à la sexualité, déjà abondamment commenté [26],
s’illustre également et de façon moins connue dans le champ de la caricature
sous le prisme de la relation hiérarchique entre le maître et son élève, comme
chez Jean Plumet qui propose, dans Le Rire en 1901, une image
significative de la femme artiste aux épaules dénudées, placée sous le contrôle
du regard lubrique de son maître masculin plus âgé [27].
Dans cette scène, l’homme domine la scène par son regard, signe de son pouvoir
d’influence qui activera ou non le processus de reconnaissance de la femme
artiste et qui ne prendra effet que par un passage obligé dans la chambre à
coucher avant d’accéder au Salon [28]. Par l’entremise du
geste et de la force, l’autorité masculine est également convoquée dans la
caricature de L. Borgex parue dans Le Sourire en 1906 [29] où, imitant la pose du personnage masculin avec la main droite glissée sous le
gilet représentée par la jeune élève, le maître masculin détourne de façon
licencieuse ce geste synonyme d’un « comportement social conforme à la
bienséance » [30]. Corroborant le Dictionnaire
des idées reçues de Flaubert qui définit ironiquement la femme artiste
comme ne pouvant être qu’une catin [31], ces
représentations satiriques autour de la relation maître-élève se retrouvent
également dans le champ littéraire, à l’instar de La Massière de Jules
Lemaître, pièce de théâtre qui prend place dans un atelier d’artistes femmes,
où Juliette, jeune artiste talentueuse, éveille les soupçons de ses consœurs au
sujet d’une liaison qu’elle entretiendrait avec leur maître plus âgé Marèze [32].
L’écrasante domination de ces représentations
collectées de la femme artiste réduite à sa sexualité laisse place à de
multiples tentatives d’échapper à cette double subordination du maître masculin
et de la procréation, pour aspirer à s’émanciper professionnellement. Bravant
leur soi-disant « déterminisme biologique », ces artistes téméraires vont
alors faire l’objet d’une puissante stigmatisation où se cristallisent les
peurs de l’époque devant l’émancipation féminine.
L’artiste gynandre
La vieille fille : l’artiste détraquée
Le clivage masculin créateur/féminin
procréateur se manifeste également dans tout un ensemble théorique autour de la
mécanique des fluides corporels renforçant la dualité polaire entre système
cérébral et système génital, à l’instar de l’écrivain suédois August Strindberg
qui rend la menstruation coupable de l’infériorité intellectuelle des femmes,
expliquant que ces saignées périodiques doivent forcément « atrophier le
cerveau » [33]. Dès 1869, le médecin
homéopathe Adrien Péladan, frère de Joséphin, fondateur fantasque de la
Rose+Croix esthétique, propose une théorie de l’hypersécrétion des liquides
séminal et vulvo-vaginal, dans laquelle il démontre notamment que seul le
cerveau masculin peut accueillir la gestation intellectuelle, car pour la femme
« une vie consacrée au travail cérébral est en opposition avec sa
destination. C’est par l’utérus qu’elle doit créer » [34].
Pas à sa place, la femme qui se livre à une
occupation intellectuelle surdéveloppe son cerveau et amoindrit par conséquent
la vivacité de ses organes génitaux sur lesquels vont venir peser le soupçon de
la frigidité comme de la stérilité. Dans son article consacré au célibat
féminin intitulé « Le Troisième Sexe », Guglielmo Ferrero se base sur la
société anglaise au travers des figures de la spinster et de la miss,
qu’il relie à l’invasion des femmes dans les professions réservées jusqu’à
présent aux hommes. Il explique que « la condition de la femme non mariée,
la suppression de l’amour et de la fonction maternelle, altère et estropie sans
doute la personnalité féminine de plusieurs côtés, car une femme qui n’est ni
mère, ni épouse, est une femme incomplète » [35]. Si la
solitude féminine – qu’elle soit choisie ou subie – est toujours à
cette époque matière à la suspicion et à la moquerie [36],
le célibat masculin reste, quant à lui, bien mieux accepté si ce n’est
revendiqué, au travers notamment de la figure du dandy. Comme l’explique
Michelle Perrot, la figure de la célibataire n’existe pas, « le
substantif » étant « toujours employé au masculin » quand « au
féminin, il devient adjectif : [l]e célibataire est toujours un mâle. Non
mariée. La femme est fille ou “reste fille” : c’est-à-dire rien » [37].
La ménopausée : l’artiste virilisée
Appuyant cet argument, les médecins Charles
Barbaud et Amédée Rouillard précisent que les femmes qui ont une activité sexuelle
peu intense voire absente vont davantage être sujettes à une ménopause avancée.
Voyant dans cet « âge critique, l’heure où sonnera le glas de la beauté » [38],
ils poursuivent par une description de la transformation physique qui advient à
la ménopause en s’appuyant sur Hippocrate :
« Elles se
transforment, deviennent hirsutes et prennent l’aspect d’un homme. Hippocrate
va peut-être plus loin, mais il est certain qu’à partir de l’âge critique, la
femme se rapproche plus ou moins de l’homme. » [39]
Dans ce contexte, apparaît alors un nouveau
dualisme où quand la femme prétend à produire de la beauté, elle doit forcément
renoncer à la séduction. L’un des archétypes de cette féminité contrariée est
bien celui de la ménopausée, proche de la figure inquiétante et fictive de la
gynandre qui, selon Péladan, désigne « la femme prétendant à la mâleté,
l’usurpatrice sexuelle : le féminin singeant le viril ! » [40].
De même, la romancière Rachilde, bien intégrée dans les milieux artistiques,
témoigne des limites à penser le clivage manichéen des genres
« féminin-féministe » / « masculin antiféministe », lorsqu’elle
reconduit, dans Le Grand Saigneur, le topos misogyne [41] de la femme peintre désintéressée par la superficialité des mondanités et
l’excès de coquetterie car avant tout happée par le résultat de son
travail :
« Sans
corset, une ceinture de dentelles défend mal ses seins, sous sa robe, dont la
forme est un peu trop précisée par le corsage droit ; cependant, elle n’a
pas la coquetterie de sembler le savoir ou la ruse d’en vouloir témoigner. Son
corps, tassé sur son chevalet, penché ou collé au long du grand carton, épouse
si exactement son labeur qu’il semble une machine remontée, tendue vers le
résultat qu’elle en espère. » [42]
À côté de la littérature, le champ de la caricature
reprend également ces théories physiologiques en développant, sur le ton de
l’humour et de la satire, l’image de l’artiste ménopausée fusionnant avec celle
de l’hommasse. Vieille, binoclarde et corpulente, le corps souvent engoncé dans
des vêtements larges qui ne montre aucune chair ni formes superflues, sa
représentation « antisexy » est quelquefois renforcée par un système
d’échos avec son modèle mince et nu qui incarne, quant à lui, le cliché
antagoniste d’une féminité fantasmatique et sexualisée, à l’instar d’Emmanuel
Barcet qui, dans Le Sourire, confronte, par l’entremise du jeu de mots,
le triste et âgé officier d’Académie au beau et sensuel modèle académique [43].
Mais c’est Tornié Esquius pour la revue Le Rire [44] qui propose sans doute l’une des caricatures les plus éloquentes à ce sujet,
accompagnée de la légende suivante : « Il y a vingt-deux ans que je
peins La Source… Hélas ! je suis toujours à sec ! » Si la
formule « toujours à sec » peut faire référence aux difficultés
financières auxquelles les femmes artistes étaient confrontées [45],
elle rejoint également, au travers de la copiste, la panne d’inspiration et
l’impossibilité féminine à pouvoir prétendre à la nouveauté. En reprenant la
dialectique genrée aristotélicienne, bien étudiée par Françoise Héritier [46],
autour du sec et de l’humide, du pur et de l’impur, se rapportant
réciproquement aux fluides génitaux masculin et féminin, « toujours à sec
» peut également soulever la question de la chasteté et du célibat, jouant à
nouveau du système d’opposition entre la jeune fille nue, allégorie de la
Source (c’est-à-dire de l’humide), et l’artiste, vieille binoclarde, le dos
voûté sur son chevalet, incarnation de la sécheresse qui ne peut plus
physiologiquement procréer. Par ailleurs, si la ménopause apparaît comme une
déféminisation physique, elle vient également bousculer son état mental, comme
en témoigne la thèse de médecine de Paul Bruant consacrée en 1888 à la
mélancolie survenant à la ménopause :
« Malgré la
lenteur de ses mouvements, l’incertitude de ses actions, son esprit ne reste
pas inactif : ses facultés […] sont, au contraire, l’objet d’une
surexcitation maladive. Tout ce qui passe dans son cerveau existe pour elle au
dehors. » [47]
Mélancolique et triste, la ménopausée
illustre ainsi le surmenage intellectuel, reprenant en ce sens les symptômes
propres à la neurasthénie au sujet de laquelle Adrien Proust et Gilbert Ballet
remarquent qu’elle est « plus commune chez l’homme que chez la femme » [48] car l’homme est davantage soumis à « l’influence prépondérante du travail
opiniâtre, des soucis, des excès de toutes sortes, conséquence d[e son] rôle
actif et plus militant […] dans la lutte pour l’existence » [49].
Si, au travers de la neurasthénie, la ménopausée contribue à renforcer le processus
de virilisation de la femme artiste, sa « surexcitation maladive » la
classe également parmi la longue liste des malades hypernerveuses propres au
féminin que sont l’hystérique, la nymphomane, la prostituée, la criminelle ou
encore la kleptomane [50].
Cette représentation pathologique de la
femme artiste apparaît, par conséquent, comme l’une des incarnations d’un
féminin émancipé atrophié et névrotique, placée à côté du bas-bleu ou de la
féministe souvent montrés comme des hommasses dépressives. Elle fait, en ce
sens, singulièrement écho aux déconstructions de la théorie freudienne sur la
mélancolie entreprises par les féministes, telles Luce Irigaray qui voit dans
la mélancolie une norme psychanalytique pour les femmes se fondant sur leur
envie de pénis, c’est-à-dire leur aspiration à devenir masculine et
l’inéluctable complexe qui en découle [51], ou
encore Judith Butler qui relie la mélancolie à l’homosexualité, invoquant
l’interdit politico-social qui considère l’homosexuel comme un être meurtri [52].
Du deuil d’un désir refoulé à l’acte de renonciation forcé, pèserait alors
sur ces artistes ménopausées le soupçon d’une virilité frustrée et du lesbianisme.
Madame Pygmalion ou la revanche de
l’artiste émancipée
Au sein des représentations largement
misogynes de la femme artiste, se sont glissées des contre-offensives féministes
plus marginales. Ces illustrations de l’émancipation du féminin
instrumentalisent, en effet, le mythe de Pygmalion et le renverse en inversant
les rapports de pouvoir entre l’artiste femme devenue sujet actif et le modèle
masculin devenu objet soumis [53]. Alors que Linda
Nochlin explique, dans Femmes, art et pouvoir, que le mythe de Pygmalion
« vient admirablement concrétiser l’idée qui fait de l’artiste un créateur
sexuellement dominant » puisque « l’homme – l’artiste –
façonne pour lui-même un objet érotique idéal, une femme taillée à la mesure
exacte de ses désirs » [54],
Catherine Gonnard et Elisabeth Lebocivi remarquent que le renversement au XIXe siècle de ce mythe « n’est évidemment pas sans répercussions, à la
fois sur la posture de l’artiste qui pose et sur le regard de l’artiste sur ses
sujets » [55].
Cette question d’une revanche du féminin se
trouve au centre du roman de Jacques Desroix La Gynécocratie ou la
domination de la femme qui retrace la série d’humiliations (menaces
verbales, violence, assujettissement par la nudité et le travestissement) dont
le jeune narrateur Julien est victime sous l’autorité particulièrement
castratrice de plusieurs femmes dont Maud, une jeune artiste peintre, alors
perçue comme puissante et indépendante, loin de l’objet sexuel soumis ou de la
créature hypervirilisée vus précédemment :
« Mademoiselle
me regardait avec hauteur. Tout son être s’épanouissait avec la sensation si
douce à la femme de son pouvoir sur un mâle. On aurait cru voir un bel oiseau
de proie, une aigle femelle prêt à fondre sur sa victime. Elle se tenait raide,
la tête renversée, faisant saillir son buste et faisant valoir sa taille si
élancée, et son air déterminé et volontaire rehaussait tous ses charmes. » [56]
La femme artiste force alors le respect et
l’admiration de son modèle masculin comme dans le dessin du Frou-frou,
où sans déroger aux normes physiques, elle va jusqu’à adopter le comportement
lubrique caractéristique du maître masculin [57]. Dans
le dessin de Lucien Métivet pour Le Rire, inversion des rapports de
force s’accommode, de manière plus radicale, avec inversion sexuelle, le modèle
masculin incarnant cette fois, par sa coiffure, ses vêtements excentriques, la
position rentrée de ses mains et de ses pieds et son accent italien, le
stéréotype grotesque de l’efféminé [58].
Dans ce contexte peu favorable à
l’éclosion, au développement et à la diffusion de la créativité féminine, de
nombreuses artistes vont, à l’image de la Pygmalionne, déployer tout un
ensemble de stratégies, afin non seulement de détourner le discours normatif
extrêmement stigmatisant mais également de contourner le réseau artistique
androcentrique mis en place. Si certaines choisirent de se plier aux règles
légitimes d’une formation académique de plus en plus favorable, culminant en
1897 avec l’ouverture aux femmes de l’École des Beaux-arts, d’autres
privilégièrent des cercles intellectuels et artistiques plus parallèles, comme
celui des Salons de la Rose+Croix qui, contrairement à ce qui était
officiellement stipulé dans leur règlement [59],
permirent à plusieurs d’exposer leurs œuvres. À une époque de déhiérarchisation
comme de fusion des arts, quelques-unes optèrent également pour une pratique
artistique en sus et comme extension de leur pratique principale, quand
d’autres trouvèrent dans le domaine des arts décoratifs et appliqués, comme
dans celui du médiumnisme et de l’ésotérisme des champs particulièrement
favorables au féminin. Mettant en lumière des enjeux peu connus comme celui du
repli identitaire ou de la dépossession du geste créateur, ces différentes
stratégies témoignent de la multiplicité des moyens déployés par les femmes
pour parer, battre en brèche et transgresser leur soi-disant incapacité
créative.
Charlotte Foucher
(InTRU, Université François Rabelais,
Tours)
[1] Linda Nochlin, « Pourquoi n’y-a-t-il pas eu de grands artistes femmes », Femmes,
art et pouvoir, et autres essais, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1993
[1971], traduction française, p. 201-244.
[2]Women Painters and their
Work, Londres, Secker & Warburg, 1979.
[3]Griselda Pollock et Rozsika Parker, Old
Mistresses. Woman, Art and Ideology, Londres, Pandora Press, 1992 [1981] ;
Griselda Pollock, Vision and Difference. Feminism, Femininity and the
Histories of Art, Londres, Routledge, 2003 [1988] ; Griselda Pollock, Differencing
the Canon. Feminist Desire and the Writting of Art’s Histories, Londres,
Routledge, 1999.
[4] Catherine Gonnard, Élisabeth Lebovici, Femmes artistes, artistes femmes.
Paris, de 1880 à nos jours, Paris, Hazan, 2007.
[5] Anne Creissels et Giovanna Zapperi, « Histoire de l’art et gender
studies : un mariage contre-nature ? », Perspective, n°
4, 2007, p. 710-715 ; Anne Creissels et Giovanna Zapperi, « Questions
d’identité sexuée : l’histoire refoulée de l’art », Histoire de
l’art, n° 63, octobre 2008, p. 155-162.
[6] Émile Littré, Dictionnaire
de la langue française, t. I, Paris, Librairie de L. Hachette et Cie,
1863, p. 304.
[7] Cité dans Jules Janin, « Le Bas-bleu », Les
Français peints par eux-mêmes. Encyclopédie morale du dix-neuvième siècle,
t. V, Paris, L. Curmer, 1840-1842, p. 201.
[8] Cf. Gisèle Corbière-Gille, « Les Bas-bleus et le féminisme », La Revue des lettres modernes, n° 351-354, 1973, p. 119-124 ; Thérèse
Moreau, « Le bas-bleu : une monstruosité littéraire et
sociale », Roman et société, actes du colloque international de
Valenciennes, Thérèse Vichy [dir.], Université de Valenciennes et du
Hainaut-Cambrésis, mai 1983, cahiers de l’UER Froissart, n° 8, hiver 1983, p.
227-234 ; Jean Rabaut, « On les appelait des bas bleus », Féministes
à la Belle Époque, Paris, France Empire, 1985, p. 147-170 ; Christine
Planté, « Les bas-bleus contre l’ordre social », La Petite Sœur de
Balzac. Essai sur la femme auteur, Paris, éditions du Seuil, 1989, p.
39-61; Andrea Del Lungo et Brigitte Louichon [dir.], La Littérature
en bas-bleus. Romancières sous la Restauration et la Monarchie de Juillet,
1815-1848, Paris, Garnier, 2010; Martine Reid,
« Bas-bleus », Des femmes en littérature, [Paris] :
Belin, 2010, p. 47-63.
[9] Frédéric Soulié, « Le Bas-bleu artistique », Physiologie du
Bas-bleu, Paris, Aubert-Lavigne, ca. 1841, p. 97- 110. Pour une
étude détaillée de cette figure, cf. Charlotte Foucher, « Le bas-bleu
artistique. Portrait au vitriol de la femme critique d’art », Plumes et
Pinceaux. Les discours des femmes sur l’art en Europe (1750-1850), vol. 1,
Etudes : théories, discours, esthétiques, Melissa Hyde, Mechthild Fend et Anne
Lafont [dir.], Dijon, Les Presses du réel, à paraître en 2012.
[10] Jules Barbey
d’Aurevilly, Les Bas-bleus. Les Œuvres et les Hommes, t. V, Genève :
Slatkine Reprints, 1968 [1868], p. XXII.
[11] Octave Uzanne, « Femmes artistes et
bas-bleus », La Femme à Paris. Nos contemporaines. Notes successives sur
les Parisiennes de ce temps dans leurs divers milieux, états et conditions,
Paris, ancienne maison Quantin, Librairies-imprimeries réunies, 1894, p.
153-176.
[12] Cf. néanmoins
plusieurs études s’intéressant aux femmes artistes au passage du siècle, Tamar
Garh, Sisters of the Brush. Women's Artistic Culture in Late
Nineteenth-Century Paris, New Haven-Londres, Yale University Press,
1994; Patricia Mathews, Passionate Discontent. Creativity, Gender, and
French Symbolist Art, Chicago-Londres, The University of
Chicago Press, 1999; Anne Rivière, « Les femmes artistes, l’histoire des
Salons et la Société nationale des Beaux-Arts », Des Amitiés modernes.
De Rodin à Matisse. Carolus-Duran et la Société nationale des Beaux-Arts
1890-1905, Roubaix, La Piscine, musée d’Art et d’Industrie André-Diligent,
mars-juin 2003, Paris, Somogy, 2003, p. 47-55 ; Catherine
Gonnard, Élisabeth Lebovici, op. cit.
[13] Pierre Larousse [dir.], Grand
Dictionnaire universel du XIXe siècle, t. VIII, Paris,
administration du Grand Dictionnaire universel, 1866-1890, p. 202.
[14] Judith Butler, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La
Découverte/Poche, 2006, traduction française [1990], p. 88.
[15] Cesare Lombroso, Guglielmo Ferrero, La
Femme criminelle et la prostituée, Paris, Félix Alcan, 1896 [1893],
traduction française.
[16] Max Nordau, Psycho-physiologie du
génie et du talent, Paris, Félix Alcan, 1897.
[18] Michelle Coquillat, La Poétique du
mâle, Paris, Gallimard, 1982, p. 27.
[19] Jeanniot, Le Rire, n° 100, Paris,
31 décembre 1904, p. 1 : « La femme peintre : Ce qui me désole, c’est
que je ne sais pas faire les enfants !/ Le Rapin : Tranquillisez-vous, rien
n’est plus simple… je vous aiderai ».
[20] Henri Dangon, Le Sourire. Journal
humoristique hebdomadaire illustré paraissant tous les samedis, n° 420, 16
novembre 1907, non paginé : « LE CONSEIL DU MAÎTRE : - Faites du
plâtre, Mademoiselle, faîtes du plâtre, vous n’êtes pas encore en état de faire
des enfants ».
[21] Guydo, « Les Petites
Copistes », Le Frou-frou, n° 499 (numéro consacré aux femmes
artistes), mai 1910.
[22] H. Avelot, « Pour le Salon », Le
Rire, n° 379, 7 mai 1910, p. 2 : « « On m’avait pourtant dit
que les lapins se reproduisaient facilement ».
[23] Cf. Charles Baudelaire, « Mon cœur
mis à nu », Œuvres complètes, Paris, Robert Laffont, 1980
[1887], p. 406 : « La femme est naturelle, c’est-à-dire
abominable ».
[24] Le renvoi de la femme à l’animalité
s’exprime également sémiotiquement dans plusieurs traités en allemand où le
terme « Weib » (la femelle) est privilégié à celui de
« Frau » (la dame). Cf. Arthur Schopenhauer, Essai sur les femmes,
Paris, éditions mille et une nuits, 2005 [1885]; P. J. D r Mœbius, De la débilité mentale physiologique chez la femme, Paris,
Solin, 1980, traduction française [1898]. Pour une analyse de cette analogie
entre la femme et l’animal, cf. Bram Dijkstra, « La génétique et la
gynandre “ma bête favorite” Léda, Circé et la froide caresse du
sphinx », Les idoles de la perversité. Figures de la femme fatale dans
la culture fin de siècle, Paris, Seuil, 1992 [1986], traduction
française, p. 293-355; Jean de Palacio, « La féminité dévorante. Sur
quelques images de manducation dans la littérature décadente », Figures
et formes de la décadence, Paris, Séguier, 1994, p. 53-74.
[25] Otto Weininger, Sexe et Caractère,
Lausanne, L’âge d’homme, 1975 [1903], traduction française, p. 9.
[26] Sur cette
question, cf. Diego Romero De Solis, « El miedo a la mujer (arte,
sexualidad y fin de siglo) », Daimon. Revista de Filosofìa, n° 14, 1997, p.
155-166; Bram Dijkstra, op. cit. ; Lynda Nead, The Female Nude. Art, Obscenity and Sexuality,
Londres-New York, Routledge, 1992; Tamar Garb, Bodies of Modernity. Figure and Flesh in Fin-de-Siècle France,
Londres, Thames and Hudson, 1998; Elvan Zabunyan et alii, Cachez
ce sexe que je ne saurais voir, Paris, éditions Dis Voir, 2003;
Elizabeth K. Menon, Evil by Design. The
Creation and Marketing of the Femme Fatale,
Urbana-Chicago, University of Illinois Press, 2006.
[27] Jean Plumet, Le Rire, n° 100, 31
décembre 1901.
[28] Cf. littérature
sociologique sur les cadres de formation, de diffusion et de légitimation des
carrières des femmes artistes, Tamar Garb, « Revising the Revisionists : the
Formation of the Union des Femmes Peintres et Sculpteurs », Art
Journal, vol. XLVIII, n° 1, printemps 1989, p. 63-70; Marina Sauer, L’entrée
des femmes à l’École des beaux-arts, 1880-1923, Paris, ENSB-A, 1991;
Germaine Greer, « 'A tout prix devenir quelqu'un' : the Women of the
Académie Julian », Artistic Relations. Literature and the
Visual Arts in Nineteenth-Century France, Peter Collier et
Robert Lethbridge [dir.], New Haven – Londres, Yale University Press,
1994, p. 40-58; Gabriel P. Weisberg [dir.], Overcoming all Obstacles: the
Women of the Académie Julian, Williamstown, The Sterling and Francine Clark
Institute, New York, The Dahesh Museum, Memphis, The Dixon Gallery and Gardens,
octobre 1999-septembre 2000, New York – New Brunswick, Dahesh
Museum-Rutgers University Press, 1999; Barbara Casavecchia, « Sans nom. La difficile
ascension de la femme artiste », dans Antonello Negri [dir.], Art
et artistes de la modernité, Rodez, éditions du Rouergue, 2003,
traduction française [2002], p. 75-98; Catherine Gonnard, « Les femmes
artistes et les institutions avant 1950 », Camille Morineau [dir.], elles@centrepompidou.
Artistes femmes dans la collection du musée national d’art moderne,
Paris, éditions du Centre Pompidou, 2009, p. 286- 289.
[29] L. Borgex, Le Sourire, n° 333, 10
mars 1906.
[30] Fleckner Uwe, « La rhétorique de la
main cachée. De l’Antiquité au Napoléon, Premier Consul de
Jean-Auguste-Dominique Ingres », Revue de l’art, n° 123, 2000, p.
29.
[31] Gustave Flaubert,
« Artistes », Le dictionnaire des idées reçues,
[Bègles], Le Castor Astral, 1995 [1913], p. 13.
[32] Jules Lemaître, « La
Massière », L’Illustration théâtrale, n° 7, 4 mars 1905, p.
1-33 : « MADELEINE – Ne le dites à personne. Mais maman
connaît une des amies de M me Marèze. Et cette amie a dit à maman que
M me Marèze lui avait dit que le cher maître s’occupait beaucoup de
Juliette, même en dehors du cours, et qu’elle était toujours fourrée chez lui,
dans son atelier, pour une raison ou pour une autre » (acte I, scène 1, p. 5).
[33] August Strindberg, De l’infériorité
de la femme, Nantes, L’Élan, 2005 [1895], p. 60.
[34] Adrien Péladan, Traitement
homéopathique de la spermatorrhée, de la prostatorrhée et de l’hypersécrétion
des glandes vulvo-vaginales, Lyon, chez l’auteur, 1869, p. 95.
[35] Guglielmo Ferrero, « Le Troisième
Sexe », La Revue des revues, vol. XII, 1 er janvier 1895,
p. 3-4.
[36] L. Couailhac, Physiologie du
célibataire et de la vieille fille, Paris, Aubert et Cie –
Lavigne, 1841 ; Docteur Caufeynon, Physiologie du célibat et de la
chasteté. Continence, virginité, célibat religieux. La Vieille fille, le
célibataire, Paris, Librairie des publications populaires, [1906].
Pour une étude plus approfondie, cf. Cécile Dauphin, « Histoire d’un stéréotype. La vieille
fille », Arlette Farge et Christiane Klapisch-Zuber [dir.], Madame ou
Mademoiselle ? Itinéraires de la solitude féminine XVIIIe – XXe siècle, [Paris], Montalba, 1984, p. 207-231.
[37] Michelle Perrot, « En marge :
célibataires et solitaire », Philippe Ariès et Georges Duby [dir.], Histoire
de la vie privée, t. IV, Paris, Seuil, 1987, p. 291.
[38] Charles Barbaud, Amédée Rouillard, Troubles et accidents de la ménopause (âge critique de la femme). Traitement
thermal aux eaux de Luxeuil, Paris, Jouvet & Cie, 1895, p. 29.
[40] Joséphin Péladan, La
Gynandre. La Décadence latine. Éthopée, t. IX, Genève, éditions
Slatkine, 1979 [1891], p. 43.
[41] Dans son
pamphlet au titre explicite, Pourquoi je ne suis pas féministe (Paris :
éditions de France, 1928), Rachilde reprend l’idée d’une infériorité féminine :
« les femmes sont les frères inférieurs de l’homme, simplement parce
qu’elles ont des misères physiques les éloignant de la suite dans les idées » (p. 10). Sur cette question délicate du féminisme chez Rachilde, cf. Maryline
Lukacher, « “Questions brûlantes” : Rachilde, l’affaire Douglas et
les mouvements féministes », Nineteenth-Century French Studies, n°
22, automne-hiver 1993-1994, p. 195-207; Diana Holmes, Rachilde. Decadence,
Gender and the Woman Writer, Oxford-New York, Berg, 2001, p. 69-87;
Michael Finn, «Rachilde : Une décadente dans un réseau de bas-bleus », @nalyses. Revue de critique et de théorie littéraire [revue en ligne],
consulté le 14 août 2011, http://www.revue-analyses.org/index.php?id=1139.
[42] Rachilde, Le Grand Saigneur. Roman,
Paris, Ernest Flammarion, 1922, p. 8.
[43] Emmanuel Barcet, Le Sourire. Journal
humoristique hebdomadaire paraissant tous les samedis, n° 445, 9 mai 1908.
[44] Torné Esquius, Le Rire. Journal
humoristique paraissant le samedi, n° 205, 5 janvier 1907, p. 4
[45] Marina Sauer, op.
cit., p. 8.
[46] Françoise Héritier, Masculin-Féminin.
La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996.
[47] Paul Bruant, De la mélancolie
survenant à la ménopause, thèse pour le doctorat en médecine, 22 mars 1888,
Paris, Imprimerie des écoles, 1888, p. 25.
[48] Adrien Proust, Gilbert Ballet, L’hygiène
du neurasthénique, Paris, Masson, 1897, p. 11.
[50] Cf. Patricia O’Brien, « The Kleptomania Diagnosis. Bourgeois Women and Theft
in Late Nineteenth-Century France », Journal of Social History, n°
17, automne 1983, p. 65-77 ; Gladys Swain, « L’Âme, la femme, le sexe et
le corps. Les
Métamorphoses de l’hystérie à la fin du dix-neuvième siècle », Le Débat,
24, 1983, p. 107-127 ; Elaine Showalter, Sexual Anarchy. Gender and Culture at the Fin
de Siècle,
Londres, Blomsbury, 1992 ; Jann Matlock, Scenes of Seduction.
Prostitution, Hysteria and Reading Difference in Nineteenth-Century France,
New York, Columbia University Press, 1994.
[51] Luce Irigaray, Ce sexe qui n’en est
pas un, Paris, Les éditions de Minuit, 1977.
[52] Judith Butler, La Vie psychique du
pouvoir. L’assujettissement en théories, [Paris], éditions Léo
Scheer, 2002 [1997], traduction française, p. 209.
[53] Pour une étude plus approfondie, cf. Charlotte Foucher, « Madame Pygmalion. Rire transgressif et
représentations de la femme artiste au passage du siècle (XIX-XX e siècles) », dans Ariane Bayle et Florence Fix [dir.], Rire et
émancipation féminine, Paris, L’Harmattan, à paraître.
[54] Linda Nochlin, op. cit., p. 198.
[55]Catherine Gonnard, Élisabeth
Lebovici, op. cit., p. 50.
[56] Jacques Desroix, La Gynécocratie ou
La Domination de la femme, Paris, Charles Carrington, 1902, p.117.
[57] Le Frou-frou, 8 novembre 1907.
[58] L. Métivet, Le Rire, n° 187, 4
juin 1898, p. 6.
[59] [Péladan Joséphin], Salon de la Rose+Croix. Règles et monitoires, Paris,
E. Dentu, éditeur, 1891, p. 14.
Pour citer cet article :
Charlotte Foucher, « Le Péril bleu. Images psychopathologiques de la femme artiste au passage du siècle » in Image de l'artiste, sous la direction d'Éric Darragon et Bertrand Tillier, Territoires contemporains, nouvelle série - 4 - mis en ligne le 3 avril 2012.
URL : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/image_artiste/Charlotte_Foucher.html
Auteur : Charlotte Foucher
Droits : © Tous droits réservés - Ce texte ne doit pas être reproduit (sauf pour usage strictement privé), traduit ou diffusé. Le principe de la courte citation doit être respecté.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|