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« Un
boltanski, des boltanskis »
Né en 1944,
Christian Boltanski connaît depuis les années 1980 une intense carrière
artistique. Pour cette contribution, nous avons choisi de nous intéresser à la
fortune critique et aux stratégies utilisées par l’artiste pour contourner ou
adhérer à cette critique. Pour ce faire, nous nous attacherons à une période
emblématique de son travail, en cela qu’elle contient le germe de sa fortune
critique à venir, s’étendant de 1968 à 1975.
En mai 1968,
l’artiste présente au cinéma Le Ranelagh, dans une relative indifférence
publique – notamment due aux événements qui secouent alors la capitale
– sa première exposition personnelle, La vie impossible de Christian
Boltanski, qui comporte entre autres la projection d’un film, des boîtes,
quelques toiles et des pantins grandeur nature. Si son titre semble situer
l’exposition délibérément dans le domaine autobiographique, il faudra attendre
ses œuvres suivantes pour comprendre le caractère autofictionnel de la création
d’un tel double, nommé Christian Boltanski comme son créateur. Un an plus tard,
en 1969, il fait publier un petit fascicule, Recherche et présentation de
tout ce qui reste de mon enfance, 1944-1950. Il est possible de considérer
ces deux œuvres comme symptomatiques de son travail produit entre 1968 et 1974,
où se cristallisent les questions de la fausse biographie et de la recherche
d’une enfance supposément oubliée. L’exposition de 1968 donnait les premières
clefs d’un travail centré sur l’autofiction ; le fascicule de 1969, par
son usage de la première personne, se voulait encore plus ambigu. Signé
Christian Boltanski, il montrait des photographies d’enfance supposées de
l’artiste, et donnait à lire le texte suivant, aux allures de manifeste :
« On
ne remarquera jamais assez que la mort est une chose honteuse. Finalement nous
n’essayons jamais de lutter de front, les médecins, les scientifiques ne font
que pactiser avec elle, ils luttent sur des points de détail, la retardent de
quelques mois, de quelques années, mais tout cela n’est rien. Ce qu’il faut,
c’est s’attaquer au fond du problème par un grand effort collectif où chacun
travaillera à sa survie propre et à celle des autres. Voilà
pourquoi, car il est nécessaire qu’un d’entre nous donne l’exemple, j’ai décidé
de m’atteler au projet qui me tient à cœur depuis longtemps : se conserver
tout entier, garder une trace de tous les instants de notre vie, de tous les
objets qui nous ont côtoyés, de tout ce que nous avons dit et de ce qui a été
dit autour de nous, voilà mon but. La tâche est immense et mes moyens sont
faibles. Que n’ai-je commencé plus tôt ? Presque tout ce qui avait trait à
la période que je me suis d’abord prescrit de sauver (6 septembre 1944 –
24 juillet 1950) a été perdu, jeté, par une négligence coupable. Ce n’est
qu’avec une peine infinie que j’ai pu retrouver les quelques éléments que je
présente ici. Prouver leur authenticité, les situer exactement, tout cela n’a
été possible que par des questions incessantes et une enquête minutieuse. Mais que l’effort qui reste à accomplir est grand et combien se
passera-t-il d’années, occupé à chercher, à étudier, à classer, avant que ma
vie soit en sécurité, soigneusement rangée et étiquetée dans un lieu sûr, à
l’abri du vol, de l’incendie et de la guerre atomique, d’où il soit possible de
la sortir et la reconstituer à tout moment, et que, étant alors assuré de ne
pas mourir, je puisse, enfin, me reposer. »
Ce texte, qui a été
commenté et analysé avec finesse par deux spécialistes du travail de Christian
Boltanski [1], annonce
très clairement le travail de l’artiste jusqu’en 1975 : il y sera question
de l’enfance – non pas celle de l’artiste, contrairement à ce qu’il
semble nous montrer, mais bien celle de « tout le monde » [2] ; il déclarera d’ailleurs régulièrement
qu’ayant oublié son enfance, il avait fini par s’en forger une, à laquelle
chacun pouvait s’identifier.
Si l’on effectue un
travail purement statistique, entre 1968 et 1975 – en incluant les livres
d’artistes, les films, les publications au sein de revues et les envois postaux
– trente-trois œuvres comportent le nom Christian Boltanski ou les
mots je, mon ou ma [3]. Ces
pratiques vont disparaître de la production de l’artiste à partir de 1975. On
notera que son nom y est toujours donné en entier, « Christian
Boltanski », tandis que lorsque d’autres personnes apparaissent dans son
travail, ne sont données que des indications de type familial (« ma petite
sœur », « Christian Boltanski et ses frères »), des initiales (« François
C. », « famille D. ») ou encore des indications liées aux lieux
(« un jeune homme d’Oxford », « un habitant de Jérusalem »
ou « Les élèves du CES des Lentillères ») [4]. Par ailleurs, par le biais de
photographies, l’artiste est souvent présent dans ses œuvres, mêlant le vrai au
faux, photographies actuelles et photographies d’enfance, photographies
d’enfants qui ressemblent à sa physionomie d’enfant ou photographies mal
légendées [5].
Cette description
très succincte de l’orientation du travail de Christian Boltanski peut nous
permettre d’éclairer sa réception au cours de ces huit années. Il a eu la
chance d’avoir une fortune critique qui s’est manifestée très rapidement après
ses premières apparitions sur la scène de l’art contemporain. De 1970 à 1975,
de nombreux critiques se succèdent pour évoquer son travail : François
Pluchart, Catherine Millet, Gilbert Lascault, Jean Clair ou encore Louis Aragon
dans Les lettres françaises. Ce qui transparaît de cette critique, très
généralement élogieuse, parfois un peu circonspecte, c’est qu’elle épouse la
manière même de créer de l’artiste. À l’époque, Boltanski s’exprime directement
assez peu : mis à part le fascicule de 1969, déjà évoqué, ainsi que de
courts dialogues cités par certains auteurs, il faut attendre 1975 pour lire un
long entretien qu’il donne pour Skira 75 [6]. Malgré ce silence, somme toute attendu de
la part d’un jeune artiste ne bénéficiant pas encore d’une médiatisation
accrue, on retrouve dans différents articles une fascination pour la
désignation de l’artiste par son nom : Christian Boltanski nomme Christian
Boltanski dans ses œuvres, les critiques feront de même. Aragon, en 1971,
utilise l’adjectif boltanskien[ 7], Lascault
évoque en 1974 l’idée d’un substantif boltanski (« un boltanski,
c’est moi et ce n’est pas moi », écrit-il [8]), et Gilberto Cavalcanti invente, dans la
revue canadienne Vie des arts, l’adjectif boltanskinien [9].
Outre cette
focalisation sur le nom de l’artiste, directement héritée des pratiques de ce
dernier au sein de ses œuvres, la critique va s’unifier pour déclarer que
Christian Boltanski – l’artiste ou le personnage des œuvres, on ne sait
alors pas – serait incommunicable, ne serait rien ou n’importe
qui [10] ; il
n’aurait jamais existé [11], il serait
même un mythe [12]. De la
même manière, un autre champ lexical important au sein de ces articles sera
celui de la psychopathologie : Catherine Millet évoque un comportement
narcissique, pathologique et suspect [13]. Pour Jean
Clair, l’activité de l’artiste est maniaque [14], tandis que Pierre Tilman, dans un texte
poétique et itératif consacré à Boltanski, évoque un « vieux
maniaque » et un « obsédé systématique » [15]. Précisons néanmoins que ces commentaires
proviennent d’articles bienveillants sur le travail de Boltanski et pas du tout
de critiques virulentes.
Un dernier angle
abordé constamment par la critique est celui du travail, afin de donner un
« portrait de l’artiste en… » : il est tour à tour photographe,
archiviste, écrivain, cinéaste, sociologue, ethnologue,
ethnographe-conservateur [16], huissier,
sorcier, pseudo-psychanalyste, clown, etc. Ces différentes classifications
proviennent-elles de la critique ou de l’artiste ? Cette question épineuse
à résoudre pourrait être éclairée par un exemple concret : en novembre 1970,
Boltanski expose dans la galerie de Ben à Nice et on peut lire sur le carton
d’invitation : « Christian Boltanski : maniaque ?
prétentieux ? rusé ? malsain ? gênant ? artiste ?
sadique ? maladif ? nouveau ? masochiste ?
schizophrène ? important ? » [17]. Toute une série d’interrogations, et
autant de propositions d’une identité artistique donnée par Boltanski lui-même,
qui s’inspire de sa fortune critique (Catherine Millet parle de pathologie et
de comportement narcissique en avril 1970) pour la contourner. Les adjectifs et
substantifs ici présentés semblent au premier abord quasiment tous péjoratifs,
de prétentieux à malsain en passant par gênant, sadique ou schizophrène. Seuls
quatre d’entre eux seraient plutôt laudateurs : rusé, artiste, nouveau et
important. Et pourtant, aucun de ces adjectifs ne semble entrer en contradiction
avec un autre, et ce par l’usage fort à propos des points d’interrogation.
Boltanski opère donc une sorte de mimétisme vis-à-vis de la critique, acceptant
tous les vocabulaires qu’on lui accole. Une grande partie de la fortune
critique qui va suivre, dans les décennies 1980 puis 1990, va reprendre
exactement les mêmes champs lexicaux pour évoquer Christian Boltanski, semant
toujours le doute pour savoir s’il est question de l’artiste ou de son Doppelgänger Christian Boltanski (parfois appelé C.B.). Mais, contrairement à d’autres
artistes qui ont joué sur leur propre personnage d’artiste – par exemple,
Annette Messager –, Christian Boltanski ne s’est jamais ému de la
critique, n’a jamais formulé de récriminations vis-à-vis des adjectifs qu’on
lui accolait. Au contraire, il les a non seulement acceptés, mais également
influencés. À partir de la fin des années 1970, il va multiplier les
entretiens. Un des premiers, peut-être fondateur dans la manière dont Boltanski
va s’adresser au lecteur, mais également au critique, a été publié dans Skira
75, déjà évoqué. Dans cet entretien, il évoque deux idées capitales pour
son travail : d’une part, comment il se perçoit comme artiste, d’autre part, la
manière dont il pense que l’artiste doit se comporter dans la société [18]. Il se déclare extrêmement
traditionnel, se qualifie de prêcheur qui travaille pour faire rire ou pleurer
les spectateurs, et avoue également qu’il n’a jamais travaillé réellement sur
sa propre biographie, mais uniquement sur la question du collectif. Concernant
le rôle de l’artiste dans la société, selon lui : plus l’artiste
travaille, moins il vit. Il déclare également que l’artiste travaille toujours
sur la même idée, et qu’il est une sorte d’idiot du village, un fou du roi.
Boltanski fera ces deux types de déclarations – se définir lui-même et
définir le rôle de l’artiste, qui n’est qu’une autre manière de se définir
lui-même – tout au long de sa carrière. Lynn Gumpert est une des
premières critiques à avoir noté que Boltanski se répète constamment [19] : en effet, dans ses entretiens, il
raconte toujours les mêmes petites histoires et anecdotes [20], et pourtant à chaque fois, il
distille de nouvelles idées. Dans les années 1980, il déclare toujours que
l’artiste est un idiot du village, mais il ajoute qu’il est également un saint.
Il adjoint à ce rôle celui du tueur, qui ne lui paraît pas contradictoire avec
celui du saint – diffusant l’idée que chacun peut être un jour un tueur
et le lendemain un saint homme –, puis celui de l’escroc, du meurtrier,
etc. Et concernant sa propre personnalité, il se déclare prêcheur, menteur,
douteux, escroc, conservateur… Autant de qualificatifs au premier abord peu
valorisants. Pourtant, la critique suit le discours de l’artiste. Elle reprend
mot pour mot ses déclarations. Mais comment s’en écarter ? En effet, il
est fascinant de voir à quel point Boltanski a réussi à modeler une image qui
est à la fois tout et son contraire. S’il se déclare saint, il est aussi
prêcheur. S’il travaille sur la mémoire, il est aussi tueur. Il veut dire la
vérité, mais se déclare menteur. Ce fait avait très bien été pointé par Didier
Semin dans sa monographie sur l’artiste en 1988, où il écrivait :
« ce n’est pas une absence qui ruine l’identité de Boltanski, c’est un
trop-plein. Ce n’est pas qu’il n’ait pas de rôle, c’est qu’il les ait tous » [21].
Boltanski semble
toujours en accord avec la critique : si on le qualifie d’artiste de la
mémoire, il l’accepte. Si on le critique en le jugeant artiste officiel, il se
déclare artiste officiel. Si on lui oppose de toujours travailler sur les mêmes
sujets, il rappelle que l’artiste ne travaille jamais que sur la même idée. Si
on lui reproche d’instrumentaliser certains sujets, il rappelle qu’il se voit
comme un mauvais prêcheur. Toute critique négative semble être digérée dans un
dispositif d’une intelligence fascinante, qui efface la personnalité de
l’artiste pour lui en créer des dizaines, en apparence contradictoires et
pourtant réunies.
Nous avons
jusqu’ici peu évoqué les œuvres même de Christian Boltanski, et nous
souhaiterions conclure sur quelques travaux emblématiques de ce pouvoir du
langage chez l’artiste, à travers des entretiens. Pour ce dernier, les
entretiens sont aussi une manière de faire œuvre, et inversement, il a parfois
réalisé des œuvres prenant la forme d’entretiens. En 1990, paraissent deux
textes particulièrement intéressants : le premier s’appelle Ce dont ils
se souviennent, et est publié comme un texte de Christian Boltanski dans la
revue Fig. et Fourbis et republié en 2001 dans un tiré-à-part. Le second
est un texte figurant dans le catalogue trilingue Reconstitution (français, anglais, néerlandais – Grenoble, Londres, Eindhoven).
Le premier a marqué
notre attention, car il s’agit d’un texte en cent propositions écrites par Christian
Boltanski, mais présentées comme des phrases prononcées par des personnages qui
l’auraient connu et qui parleraient de lui après sa mort. Ces déclarations
rejoignent ce que nous avons évoqué plus haut, car les oppositions se croisent
sans pourtant se chevaucher : l’un d’entre eux le dit gentil, un autre heureux,
un troisième professionnel. D’autres le décrivent comme sale, retardé, égoïste,
bizarre, inquiétant. Et on y retrouve toutes les historiettes que Boltanski
aime raconter, comme le fait que l’artiste est quelqu’un qui a un miroir à la
place du visage, qu’il se sent comme un mauvais prêcheur, que l’artiste doit
être un saint, etc. C’est donc véritablement une œuvre fascinante, car
entièrement rédigée par Boltanski, mais parant à n’importe quelle critique qui
pourrait lui être faite. Et il ne s’agit que d’une fiction, là encore : de
qui parle-t-on ? Et qui parle ? Boltanski a d’ailleurs déclaré dans
plusieurs entretiens que l’exercice même de l’entretien lui était une fiction,
un procédé artificiel [22].
Si l’on s’intéresse
maintenant au second texte, qui n’a étonnamment été que peu repris – à
notre connaissance uniquement par Lynn Gumpert en 1992 –, il s’agit d’un
entretien avec Georgia Marsh, une artiste américaine. Le catalogue de 1990 se présente
comme un coffret contenant des fac-similés de plusieurs livres d’artiste de
Boltanski des années 1970. Cet entretien figure avec les fac-similés, sous le
titre (en français) : « Chrétien, charognard, clown et juif »,
sans autre indication que « Revu et corrigé par Christian
Boltanski ». En effet, l’entretien a été corrigé par l’artiste, qui en a
rayé de nombreux passages, avec tellement de vigueur qu’il est impossible de
lire par en dessous ce qui a été dit. Il s’agit notamment des passages
qui parlent de la religion, de la violence et de sa famille. Parfois, quelques
lignes sont rayées, parfois l’entièreté de la réponse. Mais comme souvent,
l’artiste se joue du lecteur : selon les versions (anglais, français,
néerlandais), ce ne sont pas les mêmes passages qui sont rayés. Si le texte se
présente comme un entretien, nous aurions cependant tendance à penser qu’il est
réalisé comme une œuvre. Boltanski raye ce qui ne lui convient pas, mais le
fait toujours à propos, afin de laisser deviner au spectateur ce qu’il souhaite
conserver caché et l’oriente ainsi d’autant plus, en le plaçant dans la
position du lecteur-voyeur. Le fait qu’il ne s’agit pas des mêmes ratures selon
les traductions est troublant dans la mesure où ce qui paraît être une
impossibilité existentielle de donner à lire certaines informations se
transforme en jeu de cache-cache avec le spectateur, non dénué de gravité
cependant. Il avait déjà usé de ce procédé lors de sa lettre de 1970, Il
faut que vous m’aidiez, où il avait envoyé à différentes personnes
exactement la même lettre, avec le même passage biffé. Et il l’utilisera
encore, mais avec plus de distance et d’humour en 2009, dans un livre
d’entretiens avec Hans Ulrich Obrist [23], où
certains passages sont rayés, mais laissent entrevoir avec clarté ce qu’il
semble ne pas vouloir laisser déchiffrer au lecteur.
Christian Boltanski
a donc réussi au cours de quarante années de carrière à bâtir une image
d’artiste particulièrement ambiguë, oscillant constamment entre autobiographie
et autofiction, vérité et mensonge. Toute son œuvre, toutes ses déclarations ne
font qu’amplifier le doute sur sa véritable identité, prenant à tour de rôle
n’importe quelle identité, du saint à l’escroc. Dans Le déclin du mensonge,
Oscar Wilde écrivait : « Les anciens historiens nous donnaient des
fictions délicieuses sous forme de fait ; le romancier moderne nous
présente des faits stupides sous couleur de fiction »[24]. Il semblerait que Boltanski soit à
la lisière de ces deux extrêmes : chez lui, les faits fictionnels sont à la
fois stupides et délicieux. C’est ainsi que nous pourrions dire, à la manière
de Gilbert Lascault, qu’il n’existe pas un, mais des boltanskis.
Camille
Paulhan
(HiCSA, Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne)
Annexe 1
Liste des œuvres de Christian
Boltanski entre 1968 et 1975 comportant ses nom et prénom, des pronoms
personnels (je, me, m’) ou des déterminants possessifs (mon, ma), établie à
partir des monographies de Lynn Gumpert et Didier Semin, ainsi qu’avec le
catalogue Christian Boltanski, Jean Le Gac, Annette Messager, Dijon,
Musée Rude, 1973 (à l’occasion d’une exposition au musée Rude du 2 juin au 30
juillet 1973).
1968
- La Vie impossible de Christian Boltanski
1969
- Tout ce dont je me souviens
- Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance
- Reconstitution d’un accident qui ne m’est pas arrivé et où j’ai trouvé
la mort
- Photographie de ma petite sœur en train de creuser sur la plage de
Granville.
1970
- Avis de recherche pour retrouver une jeune fille que je n’ai pas connue
- Fabrication de 200 boîtes de biscuits chacune contenant un moment de ma vie
- Comparaison de la modification de mon visage en 5 ans et 5 mois
- Description et présentation d’une photo sur laquelle je suis en
compagnie de mes frères sur une plage en 1959 (aussi nommée Christian
Boltanski et ses frères, 5/9/59)
- Il faut que vous m’aidiez...
- Tout ce que je sais d’une femme qui est morte et que je n’ai pas connue
- Lettre dans laquelle j’explique les directions contradictoires dans
lesquelles mon travail s’engage
- Christian Boltanski à cinq ans et trois mois de distance
- Exposition du carnet d’adresses de Christian Boltanski
- Reconstitution de gestes effectués par Christian Boltanski entre 1948 et
1954
- Boîtes à biscuits datées contenant des petits objets de la vie de
Christian Boltanski
1971
- Quelques souvenirs sur l’arrivée de mes grands-parents en France en 1894
- Six souvenirs de jeunesse de Christian Boltanski
- Essai de reconstitution de trois chansons qui m’ont été chantées en 1946 (aussi
nommée Reconstitution de chansons qui ont été chantées à Christian Boltanski
entre 1944 et 1946)
- Christian Boltanski montrant l’emplacement où se trouvait son lit entre
1948 et 1953
- Essais de reconstitution d’objets ayant appartenu à Christian
Boltanski entre 1948 et 1954
- Extrait d’une lettre envoyée par Christian Boltanski à Paul-Armand Gette
1972
- Présentation de documents relatifs à mes activités dans divers petits
musées archéologiques français
- 10 Portraits photographiques de Christian Boltanski
- L’album photographique de Christian Boltanski
- J’ai d’abord cherché à retrouver tout ce qui restait
- Musée Social : Dispersion à l’amiable du contenu des trois tiroirs
du secrétaire de Christian Boltanski.
1973
- Je me permets de vous écrire pour vous soumettre un projet qui me tient
à cœur
1974
- Quelques souvenirs de la première communion d’une fillette recueillis et
décrits par Christian Boltanski
- Quelques interprétations par Christian Boltanski
- Les Morts pour rire de Christian Boltanski
- Christian Boltanski a l’honneur de vous faire ses offres de service
- Recueil de saynètes comiques interprétées par Christian Boltanski.
[1] Voir Didier Semin, Boltanski, Paris, art press, 1988, notamment les chapitres
« Boltanski n’existe pas » et « Un récit mythique », ainsi
que l’excellente monographie de Lynn Gumpert, Christian Boltanski,
Paris, Flammarion, 1992 (tr. de l’américain A. Rochette), en particulier
le chapitre « La disparition de C.B. ».
[2] Sur la question
de l’enfance de Christian Boltanski, voir Catherine Grenier, La vie possible
de Christian Boltanski, Paris, Seuil, 2007, chapitre 1,
« Enfance ». Les faits décrits par Christian Boltanski n’étaient pas
tous inconnus lors de la parution de l’ouvrage, puisqu’il en avait distillé de
nombreux au cours d’entretiens précédents ; voir par exemple « Little
Christians », entretien entre Stuart Morgan et Christian Boltanski, Artscribe n° 72, novembre-décembre 1988. L’artiste y déclare, comme il le fera vingt ans
plus tard face à Catherine Grenier, qu’il n’avait pas oublié son enfance
lorsqu’il réalisait ses œuvres, mais qu’il ne souhaitait pas en parler car il
la trouvait trop étrange (il évoque notamment la peur de sortir seul dans la
rue, la nécessité de dormir tous dans la même pièce, etc.).
[3] Voir Annexe 1.
On attirera cependant l’attention du lecteur sur le fait que les titres ne sont
pas toujours définitifs chez l’artiste, et sont parfois modifiés au gré des
publications.
[4] Il existe cependant des
exceptions, notamment les noms d’artiste qui sont donnés en entier (Paul-Armand
Gette, Jacques Monory...) ainsi que l’inconnue Françoise Guiniou, rare
exception dans le travail de l’artiste, avec Essai de reconstitution des 46
jours qui précédèrent la mort de Françoise Guiniou (1971).
[5]On pensera
notamment à Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance,
1944-1950 (1969), où nous pouvons voir la photographie d’un enfant présenté
comme Christian Boltanski en 1946 (il s’agit en réalité de son neveu, et la
prise de vue est contemporaine), publiée non loin d’une photographie de classe
qui serait en revanche bien celle de l’artiste enfant. De même, nous
pourrions citer 10 Portraits photographiques de Christian Boltanski (1972)
où des enfants jouent le rôle de Christian Boltanski, et où la seule
photographie de l’artiste est elle-même légendée de manière à introduire un
doute sur son âge au moment de la prise de vue.
[6]« Monument
à une personne inconnue : six questions à Christian Boltanski », dans Art actuel, Skira annuel, Paris, Skira, 1975.
[7]Louis Aragon,
« Reconstituer le crime », Les lettres françaises, 6-12
janvier 1971, p. 3.
[8]Voir Gilbert Lascault,
« Inventaires », dans Boltanski : souvenance,
Paris, L’échoppe, 1998 [1 ère publication de l’article 1974],
p. 16.
[9]Gilberto Cavalcanti,
« Boltanski, amuseur et sorcier », Vie des arts, vol. XX, n°
79, été 1975, p. 57.
[10] Voir Gilbert Lascault,
« Bric-à-brac », dans Boltanski : souvenance, op. cit [1ère publication de l’article 1972-1973], p. 13.
[11]Voir Jean Clair, Art en France : une nouvelle génération, Paris, Chêne, 1972,
p. 124.
[12]Voir Gilberto Cavalcanti,
« Boltanski, amuseur et sorcier », op. cit., p. 57.
[13]Catherine Millet,
« Boltanski et Le Gac », Les lettres françaises, 1 er avril 1970, p. 26
[14]Jean Clair, Art
en France : une nouvelle génération, op. cit., p. 127.
[15]Pierre Tilman,
« Boltanski est », Chorus n° 11/12, Paris, Galilée, 2 e trimestre 1974, p. 16.
[16]Opus International, n° 54,
janvier 1975) l’évoquent. Par ailleurs, le champ lexical du travail va
persister dans la fortune critique jusque dans les années 1980.
[17] Cité par Gilbert Lascault dans
« La sauvagerie de moi-même et son ethnographie », Boltanski :
souvenance, op. cit [1 ère publication de l’article 1971],
p. 9.
[18]« Monument
à une personne inconnue : six questions à Christian Boltanski », op.
cit., passim.
[19] Lynn Gumpert, op. cit.,
p. 13 : « L’aptitude étrange de Boltanski à se citer lui-même
pratiquement mot pour mot ne fait qu’ajouter à la confusion entre réalité et
fiction. Au cours de multiples entretiens accordés depuis vingt ans, il a
répété presque exactement les mêmes métaphores, les mêmes exemples, pour
illustrer des histoires qui sont de ce fait devenues légendaires. »
Voir aussi Catherine Grenier, Christian Boltanski, Paris, Flammarion,
2010, note 1 p. 29 : « Les blagues, récits et autres histoires
reproduits dans ce texte font partie du corpus oral que Christian Boltanski
raconte régulièrement. »
[20] Citons, entre autres, l’idée que
l’artiste a un miroir à la place du visage, que plus l’artiste travaille et
moins il existe, que dès lors qu’on expose quelque chose on le tue, que
l’artiste suit toujours la même idée, etc.
[21] Voir Didier Semin, Boltanski, op. cit., p. 67.
[22]Voir notamment
Hans Ulrich Obrist, Christian Boltanski, The Conversation Series,
Cologne, Walther König, 2009, p. 10 : « Je crois que dans un
entretien, la vérité n’existe pas » (traduction de l’auteur).
[24]Oscar Wilde, Le
déclin du mensonge, Paris, Allia, 1997, p. 15 (1ère éd.
« The Decay of Lying: An Observation » dans The Nineteen
Century, 1889).
Pour citer cet article :
Camille Paulhan, « Un boltanski, des boltanskis » in Image de l'artiste, sous la direction d'Éric Darragon et Bertrand Tillier, Territoires contemporains, nouvelle série - 4 - mis en ligne le 3 avril 2012.
URL : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/image_artiste/Camille_Paulhan.html
Auteur : Camille Paulhan
Droits : © Tous droits réservés - Ce texte ne doit pas être reproduit (sauf pour usage strictement privé), traduit ou diffusé. Le principe de la courte citation doit être respecté.
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