Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-uB |
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Territoires contemporains | |
Les formes brèves du politique | ||||||||||||||
« La Sorbonne par elle-même » ou comment « faire quelque chose avec tout ça » | ||||||||||||||
Vincent Chambarlhac | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | |||||||||||||
RÉSUMÉ
À l’automne 1968, le Mouvement social publie « La Sorbonne par elle-même ». Composé notamment de tracts, le numéro permet, a posteriori, l’interrogation des formes brèves du politique dans le faire de l’histoire. Le questionnement porte sur l’opération de collecte engagée par Jean Maitron, le savoir-faire spécifique auquel elle s’adosse, pour rebondir ensuite sur l’écriture de Mai 68. |
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MOTS-CLÉS
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SOMMAIRE
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TEXTE | ||||||||||||||
Well I’m running police on my back I’ve been hiding police on my back Clash, Police on my back |
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Le 14 septembre 1968, Le Mouvement Social (MS) publie un long dossier, « La Sorbonne par elle-même ». Il s’agit d’un recueil d’archives « pour servir l’histoire de la Sorbonne [1] » occupée. Le numéro rassemble des documents, essentiellement des tracts, des feuilles ronéotées, assemblés et présentés par un trio : Jean Maitron, Madeleine Rebérioux et Michelle Perrot. Ce numéro est alors l’une des premières manifestations de l’explosion éditoriale qui suit Mai 68. L’écrit « se vend bien » note Michel de Certeau, dans un texte strictement contemporain (septembre 1968), ajoutant : Il [l’écrit] est texte, tissu. Il recoud. Il tend à combler, mais dans le silence de la lecture, de la solitude et du loisir, la distance qu’avait dévoilée, entre gens de même parti ou de même conviction, entre collègues de mêmes « idées » ou du même secteur, la parole indissociable d’un face à face. Il s’insinue dans ces interstices. Il circule là où les paroles se sont tues, faute de pouvoir s’entendre. Il passe sous tous les yeux et dans toutes les mains. […] Du moins le problème est-il ouvert par le rapport de succession entre la parole contestatrice et le « commerce » de l’écriture [2]. Ce « commerce de l’écriture » participe aussi – et avant tout – d’un « retour à l’ordre » face à l’intempestif de Mai. L’écrit s’inscrit au défaut de la parole pour apprivoiser l’événement. Au lendemain de ce qui fut, écrire. Le préambule de La Sorbonne par elle-même ne dit rien d’autre : Faut-il, pour finir, justifier l’existence même de ce travail ? Il n’est pas né seulement de l’opportunité et de la présence de tel d’entre nous à la Sorbonne en mai, mais aussi du sentiment que l’événement vécu était, si nous pouvons nous exprimer ainsi, « historique », en ce sens qu’après ces semaines peu de choses dans l’Université parisienne et, sans doute, française pourront rester « comme avant » [3]. Quoi de plus naturel que la saisie d’un événement « historique » par des historiens ? Mai/juin 68 à la Sorbonne s’entend ici dans la reproduction et le montage de formes brèves de l’imprimé, dans la logique même d’un faire de l’histoire. Un faire de l’histoire au vif du temps présent, à la démarche balbutiante, quand domine dans la discipline la longue durée, la structure. Un faire dont la « naturalisation » ne va pas exactement de soi, alors. Un faire avec l’événement qui se cantonne à la phase documentaire de l’opération historique [4], soit une construction où la forme brève imprimée témoignant devient archive du temps présent. L’archive n’est pas là patrimoine, pas encore tout du moins puisque le temps des expositions n’est pas encore venu. L’archive éditée préempte scientifiquement, puisque le MS est une revue scientifique, un récit à venir de mai. Ce numéro du MS est alors un montage documentaire où l’autorité de l’historien se donne dans la pratique greffière de la collecte et de l’édition de tracts [5]. Il y a là une circularité que le vif du temps présent interpelle, puisque choix d’archives il y a, celui des formes brèves de l’imprimé. Cette logique place La Sorbonne par elle-même en miroir du questionnement foisonnant lié au statut hybride des éphémères au moment oxymorique de leur conservation [6]. Au ras de l’événement, tracts et comptes rendus ronéotés d’AG sont contigües à l’oralité politique de mai. Dans l’après-coup, les formes brèves de l’imprimé seraient trace de cette oralité, témoignant de la politicité de la prise de parole [7]. Cette qualité indiciaire les constitue archives quand justement, dans le dense contexte communicationnel de la Sorbonne occupée, ces formes brèves n’ont d’autres propriétés que leur fugacité, le statut éphémère de leur rapport à l’événement. Il y a alors dans ce passage de la forme brève au dossier (un livre ?) un nœud interrogatif. Celui d’abord de cette mise en archive par le métier d’historien dans l’horizon d’un texte à venir, le récit de la Sorbonne en mai. Les questions sont là d’ordre pratique. Elles concernent le recueil de ces formes brèves, les choix opérés pour la publication, etc. Ces choix importent d’autant plus qu’ils s’avancent modestement sous la forme de l’édition documentaire d’une histoire qui reste à écrire, mais dont on consignerait là une part des traces. Le portrait en creux d’une modalité neuve, sinon inédite, de l’opération historiographique au vif de l’événement s’entrevoit par les choix de publication, le dispositif retenu. Ce travail ne va pas exactement de soi, provoquant des dissensions au sein du comité de rédaction du MS qu’évoque brièvement Michelle Perrot [8]. L’analyse s’arrime à ce frottement interne à une revue qui, alors, porte les promesses conjointes de l’histoire sociale et d’une histoire scientifique du mouvement ouvrier. Elle suit deux lignes de fuite. La première tient à la superposition de l’acteur, du témoin, et de l’historien dans la production de ce récit, uniquement tramé par l’édition de formes brèves données en série. Une manière de lire l’événement s’invite ici que l’on peut forcer par contraste avec les propositions de Michel de Certeau, posant comme hypothèse qu’une part de ses textes, de La prise de parole (1968) à L’opération historiographique (1974), interroge l’événement que fut Mai pour la pratique historienne [9]. À le suivre, le texte – et ce dossier en est un – dès l’été 68 est un discours d’ordre, une manière de digestion de l’intempestif [10] par l’art de faire des historiens [11]. Soit une pratique par quoi l’événement peut s’écrire dans l’après-coup des sources produites, lesquelles n’ont rien d’immédiates. Je postulerai que leur immédiateté éditoriale questionne une manière d’entendre l’histoire politique et sociale, appliquée au mouvement ouvrier. Il importe alors d’entendre que cette digestion s’effectue par la mise en archive, la patrimonialisation de ces éphémères, qui simultanément, dans d’autres recueils, entrent à la BNF, comme à l’Institut international d’histoire sociale à Amsterdam. Premier dans l’ordre des publications par des historiens d’archives de Mai 68, devançant le travail d’Alain Schnapp et Pierre Vidal-Naquet [12], le MS est là symptômal d’un état d’une part de la discipline à l’événement. Pour l’histoire culturelle du politique, marquée par le retour de l’événement et la question d’une histoire du temps présent, l’épisode mérite que l’on fasse retour. I. Collecter des formes brèves… À l’origine de ce dossier, un trio qui dispose de l’opportunité du lieu (la Sorbonne), d’une situation professionnelle stable : Jean Maitron, Michelle Perrot, Madeleine Rebérioux. Tous trois sont historiens, membres du comité de rédaction du MS. Tous trois sont engagés à des degrés divers. Si Jean Maitron paraît en retrait de l’activité politique, Madeleine Rebérioux appartient au mouvement communiste. Michelle Perrot est davantage syndicaliste [13]. Le trio s’implique dans le mouvement et les manifestations, bien que Jean Maitron marque une forme de scepticisme sur le caractère révolutionnaire du mouvement. Il apparaît bien plus attentif à la collecte des documents, manifestant au vif de l’événement un réel souci documentaire : Il était étonnant, parce qu’il était tout le temps sur le terrain, à collecter les documents. Il allait dans les manifs, il prenait les papiers, il disait aux étudiants qu’il connaissait : « N’oubliez pas de me donner les tracts». Et il avait une relation à la préfecture de police, un commissaire – commissaire divisionnaire je crois –, qui lui avait proposé un échange, qu’il avait accepté, avec tout le discernement nécessaire, on peut en être assuré. Il a ainsi récolté beaucoup de choses. C’est vous dire qu’il avait un pied dans le mouvement et un pied dans la mémoire, dans l’histoire. Tous les documents qu’il a ramassés sont maintenant au Centre de la rue Malher, et constituent des cartons qu’ensuite, il a triés, complétés. On peut dire que toute une partie du fonds parisien de 68 a été constituée par Jean Maitron. C’est remarquable et je tiens à lui rendre hommage [14]. 1) Collecter. Un savoir-faire partagé L’initiative de Jean Maitron n’est pas isolée. Il croise Rudolph de Jong qui opère de même pour l’Institut d’histoire sociale d’Amsterdam [15]. Pour tous deux, il s’agit à la fois d’une question d’opportunité et d’une pratique fondatrice de l’histoire sociale du mouvement ouvrier. La collecte se veut méthodique, mobilise des réseaux sur des affinités amicales et/ou professionnelles. Elle est facilitée par l’unité de lieu (La Sorbonne), l’unité de temps (mai/juin), quand les réseaux étudiants, que la position professionnelle du trio permet aisément de mobiliser, marquent que l’unité d’action est un vœu pieux, au moment où Mai s’abîme. Pour Jean Maitron, qui lui fixe une ambition plus large que la Sorbonne, la collecte se double de sociabilités tissées à la Préfecture de police. Qu’il soit commissaire divisionnaire ou documentaliste à la Préfecture de police (aux archives de la Préfecture de police (APP) ?), Michelle Perrot variant dans ses souvenirs [16], son interlocuteur possède un savoir sur ces formes brèves, qu’il compile dans ses rapports (commissaire) ou conserve dans ses archives (APP), ouvertes aux chercheurs sur l’histoire du mouvement ouvrier, dont l’équipe du MS. L’anecdote vaut que l’on s’attarde. Dans les deux versions, elle suppose un savoir-faire partagé de l’institution policière et de la pratique historienne du mouvement ouvrier sur les éphémères spécifiques que sont ces formes brèves de 68 éditées, principalement des tracts. Ce savoir-faire, par ses méthodes de classement, est proche d’une expertise. Dans sa variante historique, il renvoie au patient travail de Jean Maitron dans la collecte d’archives, l’édition de textes et documents propres à asseoir la dimension scientifique de l’histoire du mouvement ouvrier à partir de l’IFHS sous la houlette d’Ernest Labrousse, et dans le cadre du Centre d’histoire du syndicalisme (CHS). Le MS comme revue s’inscrit dans cette dynamique. La production de ce dossier qu’est La Sorbonne par elle-même n’est au vif de l’événement que l’écho du travail du CHS en vue d’une histoire scientifique. Le choix assumé de l’édition de tracts, présentés, ordonnés, dans le MS constituerait la première phase (documentaire) d’une histoire (à écrire) de mai. Sur son versant policier, l’anecdote retrouve une part des problématiques de Philippe Artières sur la police de l’écriture au tournant des xixe et xxe siècles [17]. L’entrée de l’écrit dans le champ de l’autorité policière produit de nouveaux objets, au premier chef le tract. Celui-ci fournit un savoir indiciaire sur le mouvement ouvrier, dont les historiens bénéficient dans l’après-coup. D’un champ l’autre, la valeur indiciaire de la forme brève imprimée demeure. 2) Le temps présent de l’historien. Un court-circuit Cette circularité ordinaire de la recherche trouve dans l’événement qu’est Mai 68 les conditions d’un court-circuit. L’historien se mue en chasseur de tracts, par sa collecte. Il peut s’apparenter au ras de cette pratique, aux service des Renseignements généraux, suscitant la méfiance des acteurs du mouvement, qu’éprouve davantage Rudolph de Jong moins introduit que le trio du MS à la Sorbonne. Pour une militante trotskiste interpellant Michelle Perrot, l’édition du MS peut aussi s’apparenter à la poursuite « petite bourgeoise » d’un travail d’historien qui thésauriserait l’événement [18]… L’archivage constitue le capital de l’historien, l’archive sa rente. Ces menus indices esquissent une pente : il n’est pas de légitimité reconnue par une part des acteurs à archiver le mouvement sans l’adresse réflexive du lieu d’où l’on parle. Lequel ici situe professionnellement, s’apparente dans le lexique de Mai 68 à un double discours d’ordre. Celui de l’archivage, celui de l’édition. Il y a là l’effet d’institution, du savoir (le CHS, l’IHSA), du patrimoine (la BNF). L’été 1968 voit les archives de Mai se constituer, l’indexation devient leur horizon. « Les archives des mouvements étudiants sont en cours de constitution, et généralement encore inaccessibles, à la Bibliothèque nationale, à l’Institut d’histoire du syndicalisme de la Sorbonne sous la direction de Jean Maitron… » note Pierre Vidal-Naquet [19]. Ce travail est opaque, souterrain. Il croise avec l’impératif de publication que l’on pourrait, à la suite de Michel de Certeau, considérer comme une prise d’écrit postérieure à l’explosion graphique que fut Mai 68. Publier pour dévoiler ce qui était prise de parole, voué à l’éphémère. Il y a ici à nouveau un court-circuit, un chiasme où la publication succédant à la prise de parole anarchique (qu’elle fut orale et/ou graphique) l’ordonne. On peut ainsi avancer que le recueil du MS, produisant de l’archive, est une interprétation : Chaque interprétation, par le fait même qu’elle « comprend » l’événement, caractérise ainsi ce qu’elle tolère et ce qu’elle exclut. C’est une clôture de la raison. Elle se situe déjà par rapport à des interlocuteurs à venir [20]. Dans cet horizon, la décision de publication d’un dossier au MS dès l’été suppose des choix, tant la collecte n’en est qu’à ses débuts : Enfin, la quête de l’écrit est ici exclusive, encore qu’incomplète : bien des archives manuscrites ou racontées, bien des tracts restent encore dispersés : puisse ce travail aider à leur rassemblement ! Surtout on ne pourra écrire un jour l’histoire de la Sorbonne en mai sans recueillir les témoignages de ceux qui y vécurent, y travaillèrent : du comité d’occupation au service d’ordre, des militants syndicaux aux animateurs politiques. Cette collecte, indispensable, n’est pas encore commencée. Plus avancée, celle des photos, des enregistrements cinématographiques pris sur le vif : comment rendre, en leur absence, l’atmosphère de la cour grise de la Faculté envahie brusquement, aux marches de la chapelle, par les stands de littérature politique ? Comment dire autrement les portraits de Marx et de Lénine, de Trotsky et de Staline, de Mao et de Guevara ornant les murs sous l’oeil bienveillant de Victor Hugo ? [21] Ces choix sont ceux de l’écrit pour une histoire à écrire. Le jeu de l’historien du temps présent, témoin que l’habitus professionnel construit, se saisit là. Littéralement, le MS distribue les cartes d’une histoire à écrire selon les canons d’une histoire qu’il pratique. Dans ses entretiens de 1988, 2008, Michelle Perrot hésite sur la paternité de la décision de publication entre Jean Maitron (1988) et Madeleine Rebérioux (2008). Peu importe, au trio s’adjoint Jean-Claude Perrot. Tous travaillent dans les documents collectés à construire pour la publication une première histoire de la Sorbonne par elle-même. Il s’agissait, selon Michelle Perrot, de « faire quelque chose avec ça [22] ». L’indétermination de la formule dit une part de l’enjeu sous-jacent : comment, en témoins historiens de profession, s’emparer de l’événement par les formes brèves de l’imprimé, donner à lire les linéaments d’un récit en produisant une source principale, le tract. Historiciser Mai 68 dès son lendemain. II. « Faire quelque chose avec tout ça » 1) Au sein d’une « littérature inquiète », un choix La formule de Michelle Perrot saisit, sans doute à son corps défendant, l’incertitude du biais éditorial. La publication n’illustre pas exactement la collecte. Elle n’en résume ni n’en croque les contours, l’amplitude. Elle opère des choix et doit elle-même se situer dans le champ des publications en cours. Mai 1968 suscite une « littérature inquiète » dans laquelle abondent les publications de documents. La revue Communications, dans son numéro de décembre 1968, arpente cette littérature [23], que Michel de Certeau analyse ensuite pour la revue Études en mai 1969. S’emparant du « paquet énorme » des recueils de documents produits, il pointe un « ensemble [le dossier du MS], le plus exact et le plus complet sur la Sorbonne, [qui] est une pièce capitale du dossier [24]. » Une note, rattachée à Jean Maitron, infère cette qualité aux archives du mouvement étudiant que conserve le CHS. Face à ce massif archivistique du CHS, La Sorbonne par elle-même opère des choix. Celui de privilégier le tract d’abord qui est à la fois un lien politique indispensable dans le mouvement, mais dont la prédilection suppose un parti-pris d’écriture, entièrement pris dans l’horizon d’une histoire politique et syndicale pratiquée par l’équipe du MS. Avant même la saisie des didascalies du recueil, avant même l’analyse de son plan, puisque toute organisation est interprétation, cette appétence pour le tract souligne deux points. Un habitus professionnel qui privilégie une forme sur une autre, puisque davantage familière sans doute aux routines du métier, et une pente analytique bien repérée par Michel de Certeau dans la première salve de publications en septembre 1968 : celle d’une rassurante familiarité avec des pièces anciennes, celle finalement, par delà le surgissement de Mai, de filiations, de structures [25]. On reconnaît là les prémisses d’une lecture politique de Mai arc-boutée sur la question des groupes et des organisations politiques. Au delà le parti-pris méthodologique des auteurs s’énonce rapidement. Le discours d’escorte, en italique, est réduit au minimum, le plan chrono-thématique aborde les « prolégomènes » de l’occupation, l’occupation elle-même, et cesse lorsque la Sorbonne est évacuée. En outre, de rares notes de bas de page précisent les choix de documents opérés. La note 1 page 17 précise, « un effort a été fait pour donner une idée de la disposition typographique variée des tracts, sans, pour autant, qu’on puisse s’attendre à une reproduction intégralement fidèle. » Page 18, une seconde note indique, « chaque fois qu’un document est imprimé, nous le précisons, car son tirage et sa diffusion en sont multipliés. » Attentive dans la mesure du possible à la typographie du tract, comme aux éléments objectifs de sa diffusion, la méthodologie s’efforce également de couvrir tout le spectre possible des tracts émis (ce au risque assumé d’une forme d’arasement des discours majoritaires devant les discours minoritaires). Elle émet également, lorsqu’il n’est pas possible d’identifier avec certitude l’émetteur d’un tract, des hypothèses quant au style lexical afin de le situer. Un index et une courte présentation des différents groupuscules, groupes et comités, renseignent utilement le lecteur. Ces choix de présentation du document augurent d’un positivisme méthodologique assumé mais dont les coutures craquent, si l’on suit le discours d’escorte à partir de la seconde partie, consacrée à la Sorbonne occupée. Un plan permet de se repérer dans le jeu des salles, des amphithéâtres, des AG et des comités. Et l’on ressent, dès l’introduction, l’ombre portée des choix méthodologiques : La Sorbonne éclatée, c’est la fin du ghetto, la fête permanente du peuple assemblé, le voile qui se déchire, l’espoir si rousseauiste de la communication entre les hommes ; mais aussi les difficultés de la transparence, les opacités du langage. Ces Sorbonnes multiples souvent s’ignorent, parfois se méfient, voire se défient : qui est traître ? qui est « flic » ? Le bonheur et le doute se partagent cette histoire. Telle quelle, inoubliable. Qui dira ce que fut cette vie foisonnante ? Les quelques textes qui suivent en sont d’autant plus incapables que l’essentiel de cette richesse ne fut jamais répertorié, rédigé, moins encore diffusé en tracts. La dimension expressive, ici plus encore que dans les autres domaines abordés dans ce numéro, était orale. À travers des matériaux divers (appels, rapports, messages, motions, convocations, poèmes...) et trop peu denses, classés selon des rubriques dont la liste même est le signe de nos lacunes, on tentera non pas de donner une image de ce qui fut, mais d’inciter les participants, les témoins, à souligner par de nouveaux apports la pauvreté à laquelle nous sommes contraints [26]. Il y a là un repentir, ou plus exactement la prescience que ce recueil peine à se saisir de l’événement. S’il participe de la phase documentaire de l’opération historique, aux feux du temps présent du rapport de l’historien au témoin, ici intimement lié, il marque les limites de la méthode historique choisie. Plus exactement, puisque d’immédiateté, il s’expose aux frottements, lesquels posent crument la légitimité de l’archivage de ces formes brèves. 2) Frottements Les tracts, majoritaires dans le recueil, constituent un pan de la littérature d’action. Publié immédiatement dans la foulée de mai/juin, composé dans l’urgence de l’été, le dossier du MS fait chiasme entre une immédiateté politique et l’archivage, la mémoire. Michelle Perrot décrit ainsi ce chiasme : En somme, les étudiants pensaient qu’on était en train de transformer en mémoire ce qui était encore de l’actualité, du présent, de l’histoire vivante. Ils avaient le sentiment qu’on enterrait Mai 68 en en faisant un objet d’histoire. Et certains en souffraient comme d’une trahison [27]. Ce qui se joue dans le rapport à la publication de cette littérature d’action tient à l’oubli du passage du temps qui fait de l’historien un praticien de l’après-coup [28]. Si cette littérature est publiée, passant du non-livre (le tract, la brochure) au livre, ces publications voient leur statut évoluer au cours du temps. La première édition par Alfred Rosmer du Mouvement ouvrier pendant la première guerre mondiale (composée de tracts, de résolutions militantes, d’extraits de brochures), au mitan des années 1930, est mémorielle et militante ; sa reprise dans la collection « Société et idéologies », pour la série Documents et témoignages, sous l’égide de l’École pratique des hautes études et d’Ernest Labrousse en 1959, dit le glissement du témoignage engagé au document pour l’histoire [29]. Pour Antoine Prost et Jay Winter, ce livre constitue un classique de l’histoire du mouvement ouvrier durant la Grande Guerre [30]. Il y a là un usage éditorial des formes brèves bien établi pour les tenants d’une histoire scientifique des mouvements sociaux. Cet usage est percuté par la publication du dossier du MS. Le temps du document à l’archive s’est s’aboli, la forme brève devenant immédiatement témoignage, archive papier, documents pour l’histoire. Pour la Quinzaine littéraire, ce dossier du MS est un « probe ouvrage d’historiens » puisque les « notes de présentation des textes sont réduits à l’essentiel pour laisser le lecteur en présence des textes authentiques eux-mêmes. À lui de savoir les lire ! [31] ». La forme brève transmuée en archive dit l’authenticité d’un moment, sans récit, sans affect. Cette mutation, dans l’instant de sa réception, ne va pourtant pas de soi. Deux réactions, symétriques, donnent à entendre les frottements de ce passage : l’une vient de l’IFHS, qui abrite le MS, l’autre émane des situationnistes. Au sein du MS, la publication du numéro scelle la séparation à venir de la revue à l’IFHS, dont une part des membres est hostile au mouvement de Mai. Michelle Perrot rappelle la formule de Jean Lhomme (économiste, vice-président de l’IFHS) voyant dans ce numéro la publication de « graffitis de cabinets ». Elle précise : pour Lhomme, comme d’autres membres de l’IFHS, ce numéro s’éloignait de l’esprit de l’Institut, lequel impliquait : […] distance, impartialité, scientificité, et ce numéro, fait dans le feu d’un été brûlant, contrevenait aux traditions et aux options qui avaient été celles de Labrousse, et les nôtres aussi. Cela paraissait un dérapage un peu aberrant. Le Mouvement social n’avait pas à prendre parti pour 68. 68 était quelque chose de suspect, qui critiquait l’université, qui la faisait voler en éclats [32]. Le témoignage date de 2008, il pare le numéro du MS d’un engagement que l’économie du dossier tient à distance, rassemblant les matériaux d’une histoire à écrire. Ce qui importe dans cet épisode pour notre propos tient aux « graffitis de cabinets ». Lieu du mépris pour un matériau que l’on suppose incompatible avec l’archive, l’expression dit l’incompréhension de ce matériau encore chargé d’actualité devenue pièce d’histoire, valant preuve in fine. Ces qualités nouvelles heurteraient de front l’épistémologie prudente de l’IFHS, celle de la distance (temporelle), de l’impartialité, de la scientificité. Les formes brèves de l’imprimé sont le lieu de ce hiatus qui, mutatis mutandis, renvoie à la mutation d’une forme à la politicité évidente en objet d’histoire sans l’objectivation supposée du recul du temps. La question du récit historique tramé par les formes brèves est là patente, le roi (historien) nu dès la phase documentaire de l’opération historique, puisque l’actualité de son matériau le constitue ignoble (graffiti de cabinet). Une rupture s’opère dont la logique tient à l’enrôlement immédiat des formes brèves imprimées sous le signe de l’archive, les dépolitisant puisqu’in fine le travail du MS, émanation de l’IFHS, ne peut être que distancié, impartial, scientifique. Au passage, La Quinzaine littéraire par l’argument de la probité de l’historien contredit le témoignage rétrospectif de Michelle Perrot : point d’engagement dans ce dossier, mais l’expression de la probité d’un métier et de ses règles pour se saisir de Mai 68 à la Sorbonne. Le court-circuit épistémologique est ici. À front renversé les situationnistes soulignent ce même hiatus. Par lettre envoyée à Jean Maitron, directeur de l’IFHS et de la revue le MS, le 24 octobre 1968, l’Internationale situationniste (IS) s’étonne de l’interprétation véhiculée par le dossier à propos de son rôle les 13 et 14 mai. La lettre précise, contre les didascalies du MS, que les extraits du rapport de l’IS cités sont tronqués. Elle affirme : Nous ne sommes pas déçus par vos méthodes d’historien, ni par votre acuité intellectuelle ; mais surpris par votre témérité. En effet, vous croyez pouvoir vous permettre de maspériser, tout autant que le staliniste Maspero lui-même. Ce qui ne peut étonner de la part d’un personnage aussi discrédité que le « partisan » Maspero, dans une publication qui prétend comme la vôtre à l’objectivité historique, ne peut passer impunément. Il est particulièrement intolérable que vous puissiez reprendre, pages 122-123, notre Rapport sur l’occupation de la Sorbonne (sans aucun signe indiquant des coupures) alors que la moitié s’en trouve censurée pour des fins politiques évidentes (cf. pièce jointe) [33]. Importe ici le soupçon d’un montage documentaire tronqué produisant du politique contre l’apparente scientificité du propos, entendre objectivité, du propos. Les historiens du MS « maspérisent [34] ». En décembre 1968, revenant sur l’irruption de militants situationnistes au domicile de Jean Maitron, reçue comme un attentat, l’IS précise a posteriori l’accusation et situe le dossier du MS, en 1969, dans la production de recueils documentaires sur Mai 1968 : La Sorbonne par elle-même (Éditions Ouvrières, octobre 1968), rassemblant des documents sur mai-juin 1968, est un livre qui prétend à l’objectivité historique. Paraissant comme numéro spécial de la revue universitaire Le Mouvement Social, il a été fait sous la responsabilité de Jean Maitron, directeur de cette revue, qui avait une certaine réputation en tant qu’historien du mouvement ouvrier, et même en tant que « libertaire ». Il convient du reste de noter qu’y ont collaboré J.-C. et Michelle Perrot, ainsi que Madeleine Rebérioux, laquelle était notoirement membre du parti stalinien français. Ce livre parle des situationnistes, avec beaucoup de détails erronés, et reproduit quelques-uns de nos documents de mai. Cependant, après avoir noblement déclaré, à la page 6 : « Nous avons refusé toute coupure (mort aux pointillés qui rejettent un je ne sais quoi aux enfers !) », les auteurs ont pourtant publié notre Rapport sur l’occupation de la Sorbonne dans sa version maspérisée, qui fait vivement regretter l’emploi du pointillé, qui au moins révèle que l’on a caché quelque chose. […] Pour répondre d’avance à ceux qui diront encore que les situationnistes injurient toujours tout le monde au même degré, et blâment tout dans l’absolu, nous citerons deux livres qui ont fait une assez grande place à nos documents ou à l’analyse de notre action en mai : Le projet révolutionnaire de Richard Gombin (Éd. Mouton, 1969) et Journal de la Commune étudiante d’Alain Schnapp et P. Vidal-Naquet (Seuil, 1er trim. 1969). Quoique nous soyons en désaccord avec les méthodes et les idées de ces auteurs, ainsi que sur la quasi-totalité de leurs interprétations, et même sur certains faits, nous reconnaissons volontiers que ces livres sont composés honnêtement, qu’ils citent correctement des documents examinés dans leur version originale ; et donc qu’ils apportent des matériaux qui pourront servir à écrire l’histoire du mouvement des occupations [35]. Ce qui s’énonce, dans la dénonciation symétrique de la partialité du MS, tient à la pratique buissonnière de la forme brève par les historiens du MS pour écrire à chaud une histoire de la Sorbonne en mai 68. 3) D’où parle le MS, usant là de la forme brève de l’imprimé ? Pour conclure brièvement, faire retour à Michel de Certeau qui, dès La prise de parole interroge l’écriture de l’histoire de mai 68. Le dossier du MS se conçoit, d’après ses concepteurs, comme un recueil objectivé, où l’intervention de l’historien est limitée à la seule probité de règles éditoriales visant à garantir l’authenticité des documents. Jamais l’effet de montage, lié à l’assemblage des documents, n’est évoqué. L’authenticité garantit l’objectivité. Inscrit dans l’horizon de l’IFHS, ce dossier ignore d’autres tentatives éditoriales qui, dès 1964 dans le cadre de la collection Archives chez Julliard, interrogent la construction d’un récit historique par l’assemblage d’archives. Ici rien de tel, le recueil témoigne. À ce point, il associe le savoir faire de l’historien à celui, plus ancien, de la Sûreté générale, dans le cadre de la collecte de formes brèves aptes à témoigner de la politicité d’un événement. Par l’argument du temps présent, le lieu de l’historien au moment de la collecte est strictement analogue à l’opération policière. La profession d’historien dans la Sorbonne occupée engage cette analogie par l’édition, et l’on entend, dans les sarcasmes de Jean Lhomme, cette position. Il n’est pas là de distance à l’événement sinon dans les procédures du métier pour s’en saisir et construire le matériau documentaire d’une histoire à écrire à partir d’une série homogène qui, de facto, exclut d’autres matériaux. À ce point, il est vain de tramer un procès en trahison, c’est là le travail des acteurs aux soupçons toujours vifs d’un retour à l’ordre par la mise en écrit de l’événement. Il paraît plus opportun, à quelques encablures du cinquantenaire de 1968, de questionner ce dossier du MS comme symptôme. Celui d’une fin d’une certaine manière naïvement positiviste d’entendre le rapport à l’archive pour l’histoire sociale du mouvement ouvrier ; celui également, à la suite de Michel de Certeau et de l’opération historiographique, d’un faire de l’histoire au moment de sa contemporanéité. Ce faire s’effectue à partir de séries homogènes, il est l’expression de choix méthodologiques qui sont autant de tentatives de mise en ordre de l’événement, de son inscription dans le champ historique par les canons de la discipline. Aux lendemains de Mai 68, les choix de publications opérés par la communauté des historiens, du dossier du MS à La commune étudiante d’Alain Schnapp et Pierre Vidal-Naquet, tiennent à l’usage de la littérature d’action. Il y a là un nœud à creuser tant cette catégorie, qui échappe à l’archive classique, ne cesse de bousculer les catégories et pousse à la question du récit devant l’événement. On comprendra pourquoi, pour susciter le débat, je conclurai alors sur l’enfantement de l’histoire culturelle par le dessein d’une histoire sociale et politique du mouvement ouvrier au vif de l’événement, et regrette alors que cette génération d’historiens, comme ses épigones, se tinrent à l’écart de l’insubordination graphique qu’est Mai 68. La forme brève, comme matériau et écriture, est le lieu de cette mutation. |
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AUTEUR Vincent Chambarlhac Maître de conférences en histoire contemporaine Université de Bourgogne-Franche-Comté, LIR3S-UMR 7366 |
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ANNEXES |
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NOTES
[1]
« La Sorbonne par elle-même. Mai-juin
68 », Le Mouvement social, n° 64,
juillet-septembre 1968.
[2]
Michel de Certeau, La prise de parole. Pour une nouvelle culture, Paris,
Desclée de Brouwer, 1968, p. 123.
[3]
« La Sorbonne par elle-même. Mai-juin
68 », Le Mouvement social, n° 64,
juillet-septembre 1968, p. 7.
[4]
Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris,
Seuil, 2000. Et François Bédarida, « Une
invitation à penser l’histoire : Paul
Ricœur, La mémoire, l’histoire et
l’oubli », Revue historique,
n° 619, p. 731-739.
[5]
Sur ce point, la pratique du montage documentaire est aux antipodes
de l’expérience historiographique de Philippe
Artières et Dominique Kalifa (Vidal, le tueur de femmes, Une biographie sociale,
Lagrasse, Verdier, 2017 [2001]). Ici, le trio d’historiens
choisit une forme brève et l’institue archives pour
écrire un récit.
[6]
Sur ce point, Florence Ferran et Olivier Belin, « Les
Éphémères, un patrimoine à construire
[PatrimEph : Patrimonialisation des éphémères], Fabula / Les colloques [en ligne], disponible sur :
https://www.fabula.org/colloques/sommaire2882.php, page consultée le 05/03/2017.
[7]
Vincent Chambarlhac, « Quelques remarques sur la forme
brève socialiste » (I et II), Carnet de recherches EUROSOC, paru le 11/07/2016, disponible
sur :
https://eurosoc.hypotheses.org/549, consulté le 03/03/2017.
[8]
Michelle Perrot, « Entretien avec Nicolas Hatzfeld, 24
janvier 2008 », Le Mouvement Social, 2008,
n° 223, p. 16-20.
[9]
Michelle Zancarini-Fournel note que La prise de parole donne
de l’événement de Mai 68 une lecture à hauteur
de la Sorbonne. Il apparaît ainsi possible d’opposer
deux modes de déchiffrement de Mai pratiqués par des
historiens. Je m’autorise de cette réflexion pour la
prolonger. Michelle Zancarini-Fournel, La prise de parole :
1968. L’événement et l’écriture de
l’histoire, dans Christian Delacroix, François Dosse et al., Michel de Certeau, Les chemins de l’histoire, Bruxelles, Complexe-IHTP CNRS, 2002, p. 77-86.
[10]
Michel de Certeau, La prise de parole. Pour une nouvelle culture, Paris,
Desclée de Brouwer, 1968, p. 39, p. 50.
[11]
Michel de Certeau, op. cit., p. 46-47.
[12]
Journal de la Commune étudiante. Textes et documents.
Novembre 67-Juin 68, présenté par Alain Schnapp et Pierre Vidal-Naquet,
Paris, Le Seuil, 1969.
[13]
Agnès Callu (dir.),
Le mai 68 des historiens. Entre identités narratives et
histoire orale, Lille, Presses du Septentrion, 2010, p. 273.
[14]
Michelle Perrot, art. cit., p. 17.
[15]
Voir son interview réalisée par Stéphanie Saumon,
dans Stéphanie Saumon, Des historiens, des tracts. Quel mai 68 ?,
université de Bourgogne, mémoire de maitrise
d’histoire contemporaine, 1999.
[16]
S’il est commissaire dans l’entretien accordé
à Nicolas Hatzfeld en 2008, il est documentaliste en 1988. Cf.
Michelle Perrot, « Jean Maitron en mai 68 », Le Mouvement social, n° 143, avril-juin 1988,
p. 99.
[17]
Philippe Artières,
La police de l’écriture. L’invention de la
délinquance graphique, Paris, La Découverte, 2013.
[18]
Michelle Perrot, « Entretien avec Nicolas Hatzfeld, 24
janvier 2008 », Le Mouvement Social, 2008,
n° 223, p. 18.
[19]
Journal de la Commune étudiante, op. cit., p. 841.
[20]
Michel de Certeau, La prise de parole. Pour une nouvelle culture, Paris,
Desclée de Brouwer, 1968, p. 128.
[21]
« La Sorbonne par elle-même. Mai-juin
68 », Le Mouvement social, n° 64,
juillet-septembre 1968, p. 7.
[22]
Michelle Perrot, art. cit., p. 17.
[23]
« Éléments de bibliographie », Communications, n° 12, décembre 1968.
Arrêtée à la date d’octobre 1968, la
bibliographie compte déjà 120 titres…
[24]
Michel de Certeau, Une littérature inquiète : Mai
1968 (Pour un mode d’emploi), Études, Mai 1969, p
761.
[25]
Michel de Certeau, La prise de parole. Pour une nouvelle culture, Paris,
Desclée de Brouwer, 1968, p. 46.
[26]
« La Sorbonne par elle-même. Mai-juin
68 », Le Mouvement social, n° 64,
juillet-septembre 1968, p. 237-238.
[27]
Michelle Perrot, art. cit., p. 18.
[28]
Vincent Chambarlhac, « Que faire de la littérature
d’action ? À propos de la numérisation
d’un corpus », dans « Les
Éphémères, un patrimoine à construire
[PatrimEph : Patrimonialisation des éphémères], Fabula / Les colloques [en ligne], disponible sur :
https://www.fabula.org/colloques/document2906.php, consulté le 07/03/2017.
[29]
Vincent Chambarlhac, « 1914-193… Une mémoire
brisée ? Entre marginalisation et fidélité, le
combat des pacifistes de la Grande Guerre dans les années
30 », Aden, revue du GIEN, n° 7, octobre
2008, p. 37-58.
[30]
Antoine Prost et Jay Winter, Penser la Grande Guerre. Un essai d’historiographie,
Paris, Seuil, 2004, p. 175-176.
[31]
G. W. [Gilbert Walusinski], « Revues. La Sorbonne
par elle-même », La Quinzaine littéraire, n° 62, 1er/15 décembre 1968,
p. 24.
[32]
Michelle Perrot, art. cit., p. 19.
[33]
« Internationale Situationniste à Jean
Maitron », 24 octobre 1968, dans Pascal Dumontier,
Les Situationnistes et Mai 68. Théorie et pratique de
la révolution. 1966-1972, Paris, Éditions Gérard Lebovici, mai 1990, disponible
sur :
http://debordiana.chez.com/francais/1968.htm, consulté le 08/03/2016.
[34]
La maspérisation serait le fait de publier des pièces
tronquées aboutissant ainsi à en falsifier le sens.
[35]
« L’historien Maitron », dans Pascal
Dumontier,
Les Situationnistes et Mai 68. Théorie et pratique de
la révolution. 1966-1972, Paris, Éditions Gérard Lebovici, mai 1990, disponible
sur :
http://debordiana.chez.com/francais/is12.htm#maitron, consulté le 08/03/2016.
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RÉFÉRENCES Pour citer cet article : Vincent Chambarlhac, « “La Sorbonne par elle-même”. Ou comment “faire quelque chose avec tout ça” », dans Les formes brèves du politique, Vincent Chambarlhac [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 13 juillet 2021, n° 14, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. Auteur : Vincent Chambarlhac. Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html ISSN : 1961-9944 |
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