Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-uB |
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Territoires contemporains | |
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Stéphane Mourlane et Dominique Paini (dir.), Ciao Italia ! Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France, Paris, Musée national de l’histoire de l’immigration-Éditions de La Martinière, 2017, 192 p. [1] | ||||
Camille Fabiano Sansoit | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | |||
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« Les migrations originaires d’Italie tiennent une place centrale et unique dans l’histoire de France en raison de leur ancienneté, de leur permanence et de leur importance numérique », rappelle Benjamin Stora dans la préface du catalogue de l’exposition Ciao Italia ! que le Musée national de l’histoire de l’immigration leur consacre cette année. Anonymes, travailleurs saisonniers, marchands ou encore banquiers, et grands noms – tel Léonard de Vinci – nés en terres italiennes parcourent effectivement les routes de France depuis longtemps. Leur nombre s’accroît fortement dans la seconde partie du xixe siècle, la voisine transalpine est alors la troisième destination, après les États-Unis et l’Argentine, où ils choisissent de s’établir. À l’aube du nouveau siècle, ils y constituent la communauté étrangère la plus nombreuse et le demeureront jusque dans la seconde moitié des années 1960. Hommes des champs, du fer, bâtisseurs, artistes, etc., l’ouvrage suit le fil de ces existences déracinées dans le prolongement des études produites depuis une trentaine d’années. Fidèle aux principes du Musée, c’est dans un dialogue entre événements de grande ampleur et parcours individuels que se tisse cette histoire de l’immigration italienne au long de pages richement illustrées : cartes postales, photographies publiques et privées, journaux, objets du quotidien, œuvres plastiques – autant de traces qui racontent, aussi, ce « passage », suivant le mot de Céline Régnard, et donnent « de la chair à un siècle de migration » tel que l’explique Béatrice Piazzi. L’immigration italienne, à l’image de la couverture du catalogue présentant un Yves Montand – Ivo Livi – arborant un large sourire et semblant inviter le lecteur d’un geste de la main à quelques pas de danse, est aujourd’hui considérée sous un jour des plus positifs. Au fil des contributions, l’histoire se fait plus nuancée, non exempte de violences mais aussi de grandes réussites occultées par la mémoire collective où la sédimentation des événements et des nouvelles migrations a fait son œuvre. La rengaine de la proximité (les auteurs évoquent les nombreuses expressions auxquelles les contemporains ont eu recours : « fraternité », « cousinage », « latinité », etc.) entre France et Italie ne dit pas l’intégration complexe des ressortissants italiens et la place ainsi valorisée n’a en rien empêché que ne sombrent dans l’oubli, par exemple, les grandes figures démocratiques italiennes venues trouver refuge en France pour y préparer l’avenir de la péninsule. Une amnésie collective qui s’exerce également de l’autre côté de la frontière, comme l’explique Matteo Sanfilippo, où les migrations transalpines sont peu de chose en regard du mythe constitué par la grande migration transocéanique ou face au souvenir des tragédies dont furent victimes les Italiens dans d’autres pays d’Europe, comme la Belgique. Les contributeurs dressent le portrait de ces personnes devenues étrangères par la migration tant ici que là-bas, détaillent leurs chemins, variés mais en certains points si similaires (que ce soit en ce qui concerne les réseaux ou encore la conception de l’intégration via un oubli volontaire de la langue), ballottées entre des injonctions contradictoires d’appartenance, qui se construisent petit à petit en tant que produits entre deux cultures comme Lino Ventura, icône d’un cinéma français friand de stéréotypes lorsqu’il s’agit de rôles italiens, ou Giuseppe Gariglio, ayant fait succès dans la restauration, dont le sentiment d’appartenance se moque des frontières et se résume dans la formule de ce dernier : « Je suis Européen ». L’ouvrage interroge les influences et apports réciproques de ce processus au long cours, notamment dans la troisième partie intitulée « empreintes culturelles », alors que les stigmates des précédentes générations se sont transformés en atouts pour les nouvelles comme le signalent Thomas Pfirsch et Camille Schmoll. L’immigration de masse a pris fin, permettant de la considérer dans toute son ampleur, mais les échanges se poursuivent et des Italiens écrivent sur le sol national un nouveau chapitre de cette immigration. Devenue objet d’histoire, l’immigration italienne n’en demeure pas moins une variation sur le thème du mouvement des hommes et fait écho aux situations les plus contemporaines. Dans une perspective plus globale, cette exposition entend ainsi participer à « révéler la nation française à elle-même et ce qu’elle doit à son immigration » selon la formule d’Hélène Orain, directrice générale de l’Établissement public du Palais de la Porte Dorée. |
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AUTEUR Camille Fabiano Sansoit Titulaire du Master 2 Archives du xxe et xxie siècles européens, université de Bourgogne Franche-Comté |
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ANNEXES |
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NOTES |
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RÉFÉRENCES Pour citer cet article : Camille Fabiano Sansoit, « Stéphane Mourlane et Dominique Paini (dir.), Ciao Italia ! Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France, Paris, Musée national de l’histoire de l’immigration-Éditions de La Martinière, 2017, 192 p. », Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 3 octobre 2017, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. Auteur : Camille Fabiano Sansoit. Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html ISSN : 1961-9944 |
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