Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


Varia
François Cochet, Les Français en guerres, de 1870 à nos jours, Paris, Perrin, 2017, 450 p. [1]
Yoann Cipolla-Ballati
Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils
MOTS-CLÉS
Mots-clés : guerres ; conflits ; discours ; témoignages ; anthropologie historique
Index géographique : France ; empire colonial français ; opex
Index historique : xixe, xxe et xxie siècles
SOMMAIRE

TEXTE

Dans la continuité de ses travaux sur l’expérience de guerre et les conflits contemporains, François Cochet [2] propose une synthèse inédite sur la place de la guerre dans le quotidien des Français, centrant l’étude sur un pays et sa population. Le pluriel attribué au terme « guerre » évoque la diversité des affaires militaires étudiées. En ce sens, les explications et l’ambition de l’ouvrage sont explicitées dès l’introduction : « pour faire la guerre, il faut des hommes pour combattre, des discours pour légitimer le combat et des techniques pour le mener. » (p. 10). La guerre prise sous l’angle de l’histoire des batailles n’est pas totalement abandonnée, mais combinée à une approche anthropologique et historique. Au croisement de l’histoire culturelle, de l’histoire politique et de l’histoire sociale, le projet de l’historien de mobiliser un vaste corpus de sources et une historiographie qui l’est tout autant, nourrit la synthèse d’études de cas. Couvrant la période allant de 1870 à nos jours, l’auteur examine la place des Français dans la guerre franco-prussienne, dans les expéditions coloniales, dans les deux conflits mondiaux, dans les guerres de décolonisation, jusqu’aux plus récentes opérations extérieures (opex) visant « à maintenir l’ordre » ou ayant une portée humanitaire.

L’ouvrage est découpé de façon thématique et chronologique, en trois parties. L’auteur dépeint d’abord la place des conscrits et des hommes de « l’armée de métier » (Charles de Gaulle) ; puis, dans un deuxième axe, il analyse les discours (étatiques, journalistiques, civils) tenus pour mobiliser les hommes, comme ceux des acteurs de ces combats ; jusqu’à une troisième partie centrée sur les combattants, montrant le conflit au travers des yeux des soldats au combat, offrant à voir les stratégies et « les techniques du corps » (M. Mauss).

Au fil des chapitres de la première partie, l’auteur décrit l’organisation de l’armée, discernant trois temporalités globales de la conscription, allant de 1870 à 1889 lorsque la France adopte l’obligation pour les jeunes de passer sous les drapeaux (p. 39), jusqu’à la date de 1962, lorsque la durée du service militaire tend à se réduire (p. 91) et que s’opère un retour à une armée de professionnels. Ces différents moments sont également pris dans les contextes qu’imposent les conflits, développant les débats institutionnels et législatifs. En ce sens, les profils des combattants sur les nombreux théâtres d’opération sont aussi orientés selon cette organisation étatique.

En outre, l’analyse des discours permettant de légitimer voire de glorifier (p. 119), ou de contester, les conflits et l’organisation de l’armée, démontre l’importance de la politique dans l’acte guerrier, selon la formule clausewitzienne. Sans négliger les contestations et les nombreux débats, les sources ne sont pas seulement étatiques, et la plongée dans les écrits de combattants ou de civils (des médecins ou des journalistes) met en lumière un large panel des opinions sur les conflits.

Dans la dernière partie, l’auteur décortique les batailles, en adoptant « le regard des combattants, des hommes du terrain où l’on se bat, souffre, meurt » (p. 12). Cet axe anthropologique et historique aborde les dimensions humaines du combat au quotidien, à partir de témoignages sur les différents conflits, la présence des armes, sans négliger la captivité ou les aspects médicaux. L’analyse porte également sur le détail opérationnel des conflits, traitant du matériel et de l’entourage des soldats. Les considérations à hauteur d’homme (raciales, stéréotypées) ne sont pas oubliées. Enfin, la démonstration s’achève dans un dernier chapitre (n° 14) sur les morts au combat, où sont inclus des tableaux comparant les chiffres des tués lors des affrontements étudiés. Les traumatismes chez les vétérans, la captivité et la mort sont autant de manières de sortir, ou non, des combats pour ceux qui en furent les acteurs.

Pour terminer, l’ouvrage est ponctué d’un grand nombre de notes de bas de pages qui fournissent de précieux renseignements et références bibliographiques, dont la bibliographie n’offre qu’une sélection. Quelques tableaux statistiques complètent le texte et sept cartes localisent les espaces dans lesquels les combattants manient les armes. Enfin, l’absence de conclusion montre l’étendue du travail à accomplir pour compléter cette synthèse, qui éclaire déjà une multitude de points.

AUTEUR
Yoann Cipolla-Ballati
Titulaire du Master 2 Cultures & Sociétés, université de Bourgogne Franche-Comté

ANNEXES

NOTES
[2] François Cochet est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lorraine-Metz.

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Yoann Cipolla-Ballati, « François Cochet, Les Français en guerres, de 1870 à nos jours, Paris, Perrin, 2017, 450 p. », Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 6 novembre 2017, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Yoann Cipolla-Ballati.
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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