Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


Varia
Pierre Lévêque, La Bourgogne de Lamartine à nos jours, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2006, 436 p. [1]
Annie Bleton-Ruget et Philippe Poirrier
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MOTS-CLÉS
Mots-clés : histoire politique et sociale
Index géographique : France ; Bourgogne ; Dijon
Index historique : xixe-xxie siècle
SOMMAIRE

TEXTE

En hommage à Pierre Lévêque (1927-2017)

Professeur honoraire à l’Université de Bourgogne, où se déroula toute sa carrière de 1963 à 1991, Pierre Lévêque suscita par sa rigueur et son sens de la pédagogie l’admiration de plusieurs générations d’étudiants. L’historiographie nationale retient essentiellement sa grande thèse sur la Bourgogne du premier xixe siècle (Une société provinciale, la Bourgogne sous la Monarchie de Juillet et Une société provinciale, la Bourgogne au milieu du xixe siècle, Paris, EHESS-Touzot, 1983) et sa trilogie sur les forces politiques en France (Armand Colin, 1992-1997). Pierre Lévêque a également publié de nombreuses contributions qui concernent l’histoire de la Bourgogne dans des revues et actes de colloques. Il faut saluer les Éditions universitaires de Dijon qui proposent un recueil de quelques trente textes, dont quatre initialement publiés dans les Annales de Bourgogne.

L’histoire que pratique Pierre Lévêque témoigne parfaitement des infléchissements qui marquent l’histoire régionale à partir des années soixante. L’auteur participe de cette génération d’historiens acquis aux méthodes du modèle labroussien qui impose une autre lecture des sociétés locales et un autre cadre conceptuel d’appréhension du territoire. Le projet était en effet de recomposer, à travers les diversités régionales, le portrait de la France et de son entrée dans la modernité économique et politique. Cette histoire économico-sociale ou politique, inscrite le plus souvent dans un cadre départemental, concerne la période contemporaine, c’est-à-dire à l’époque le xixe siècle. Avec le recours aux cadres administratifs contemporains, c’est le découpage historique de l’ancienne Bourgogne, cher à Lucien Febvre et aux tenants de cette histoire régionale, qui était abandonné. Un recours à des sources archivistiques issues des collectes administratives, l’usage massif de leur traitement quantitatif et la mise en œuvre de principes explicatifs qui ne faisaient plus appel à leur cohérence propre ou aux logiques narratives qu’elles sont censées porter achevaient d’ouvrir les divergences méthodologiques et historiographiques au sein des études régionales. En Bourgogne, le courant labroussien est alors assez bien représenté, même si dans un premier temps ses tenants n’accèdent pas sur place à une consécration universitaire. C’est le cas, dès la fin des années 1950, de Robert Laurent (thèse soutenue en 1955), puis de Paul Gonnet (thèse soutenue en 1971 sous la direction de Paul Vilar sur la Société dijonnaise au xixe siècle, non publiée) qui vont tous les deux rejoindre des facultés méridionales. Pierre Lévêque, et à la même époque Pierre Goujon et Marcel Vigreux, installent une nouvelle histoire régionale en Bourgogne qui propose une histoire « totale » accordant une place déterminante à la « politisation » des campagnes au xixe siècle. Écrites dans les années 1970-1980, ces histoires régionales qui illustrent le déplacement progressif des problématiques de la « départementalisation » – fidèle à l’orthodoxie labroussienne – vers des modèles de lecture des sociétés intégrant les apports de la sociologie et de l’ethnologie, sollicitaient aussi des approches des sociétés empruntées à des sciences humaines peu familières à l’érudition locale.

Ce recueil permet de bien saisir cette manière de faire à des échelles diverses, le cadre d’une ville, d’un « pays », d’un des quatre départements bourguignons, ou l’ensemble Côte-d’Or et Saône-et-Loire. L’étude des sociétés rurales et urbaines constitue le cœur du propos. Pierre Lévêque n’oublie pas l’importance des questions culturelles qu’il aborde par le biais de l’évolution de l’alphabétisation ou celle des pratiques religieuses. Le premier xixe siècle est bien sûr très présent, mais l’auteur propose aussi des analyses de longue durée, et pratique, notamment sous la forme d’une histoire du politique, l’histoire du temps présent. L’analyse n’est jamais autocentrée et la mise en évidence de la diversité des sociétés locales souligne la singularité d’une Bourgogne que l’auteur considère comme le champ d’expérimentation de problématiques nationales.

Les Éditions universitaires de Dijon ont également publié en 2005, sous le titre Révolutions et Républiques : la France contemporaine, un second recueil d’articles qui concernent l’histoire politique nationale. Ces deux volumes, rédigés dans une langue limpide, nous font redécouvrir un dix-neuvième siècle qui n’est déjà plus le siècle dernier.

Cette recension a initialement été publiée dans Les Annales de Bourgogne (vol. 313-314, tome 79, janvier-juin 2007, p. 189-190).

AUTEUR
Annie Bleton-Ruget
Maître de conférences honoraire
Université de Bourgogne-Franche-Comté, Centre Georges Chevrier-UMR 7366

Philippe Poirrier
Professeur des universités en histoire contemporaine
Université de Bourgogne-Franche-Comté, Centre Georges Chevrier-UMR 7366

ANNEXES

NOTES

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Annie Bleton-Ruget et Philippe Poirrier, « Pierre Lévêque, La Bourgogne de Lamartine à nos jours, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2006, 436 p. », Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 15 février 2017, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Philippe Poirrier.
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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