Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


La musique psychédélique et la contre-culture des années soixante : une utopie concrète à l’identité protéiforme devenue « réalité globale »
Introduction
Éléonore Willot
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RÉSUMÉ
MOTS-CLÉS
Mots-clés :
Index géographique :
Index historique :
SOMMAIRE
I.Une utopie concrète
II. D’hier à aujourd’hui : une révolution protéiforme

TEXTE

I. Une utopie concrète

Tout l’enjeu de cette présente recherche [1] consacrée au psychédélique peut se résumer à lui seul au caractère complexe, si ce n’est antinomique, de son intitulé. Qu’est-ce qu’une « utopie concrète » si ce n’est tout le paradoxe d’une époque, celles des années soixante [2], où se sont mêlés les espoirs et les désillusions d’une quête au dessein prometteur ? Cette quête, aussi intense qu’éphémère, s’est bâtie autour d’une vie alternative menée sous l’égide de la contre-culture [3].

Mais avant de bâtir, encore fallait-il y voir plus clair. Pour toute cette génération perdue – que ce soit aux États-Unis, en Angleterre ou en France –, il fallait de nouveau ouvrir les yeux, et cela commençait déjà par affronter le constat alarmant de la société de l’époque. Comprendre la signification du monde pour en ériger un nouveau [4]. Et c’est le LSD, le diéthylamide de l’acide lysergique (en allemand, Lysergsäurediethylamid), substance psychédélique découverte en 1938 par le chimiste Albert Hofmann [5], qui fut la clef de voûte à l’édifice : l’édifice de l’Extase.

Le terme « psychédélique [6] » est un néologisme provenant du grec psyche (« conscience ») et delos (« claire »). Le LSD nous plongerait alors dans un état de conscience modifiée, considéré comme un « ailleurs élargi ». Il donnerait accès à une réalité plus nette, plus claire, plus limpide, mais surtout plus éblouissante que l’on ne peut pas voir ni vivre d’ordinaire. Cette révélation ne tarda pas à sustenter toutes les aspirations d’une génération en désir d’ivresse et surtout, inspirée. À ce moment même, nous ne savions pas que s’esquissait l’une des plus grandes révolutions qui allaient marquer l’histoire du xxe siècle [7].

Les marques corrosives tracées par le LSD creusent peu à peu le sol aride de toute une période au climat favorable à ce marasme social, voire existentiel. Ces temps agités préparaient depuis déjà quelques années le terrain d’une révolution à venir. Guerre du Viêt Nam, mouvements des droits civiques, tensions sociales et consumérisme à outrance : le compte à rebours semblait inévitablement enclenché. La jeunesse des années soixante a semé des graines acides sur ce terreau non moins fertile, pour récolter au passage toutes les espérances de ce qu’allait devenir la révolution psychédélique [8]. La substance salvatrice devait alors tout « décaper [9] ». Le LSD devait décrasser les orbites de l’homme : ces deux cavités devenues livides, ces deux caveaux dans lesquels gît ce qu’autrefois on eut daigné appeler la perception. Mais la perception de quelle réalité ?

Devenus depuis trop longtemps sa caverne, les yeux que porte l’homme sur son visage comme les stigmates de l’ignorance ne perçoivent plus que par le prisme d’une réalité fallacieuse. Il était alors nécessaire de tout recréer, jusqu’à son propre soi.

Pendant qu’en France, Michel Lancelot disait qu’il voulait « regarder Dieu en face [10] », d’autres, à San Francisco [11], cherchaient à recouvrer le Dieu qui sommeillait en eux. Tous voulaient finalement retrouver cette dimension extatique que l’on aurait amputée au commun des mortels au moment de sa chute sur Terre – dimension cosmique qu’il pouvait cependant « toucher » de nouveau, l’espace d’une nuit, au son des concerts du Fillmore [12] Auditorium d’Haight-Ashbury [13] – et qui fut sans conteste l’épicentre du rock psychédélique américain des années soixante.

Philippe Thieyre, journaliste, éditeur et historien spécialiste des sixties nous plonge au cœur du bouillonnement de la Mecque du psychédélique, tel qu’il le formule dans son texte consacré au « San Francisco psychédélique (1965/1967) ». Deux ans : c’est le temps qu’il aura fallu à la ville de la côte ouest des États-Unis à l’esprit libertaire pour se transformer en temple de toutes les exultations. Haut lieu du rock psychédélique, le San Francisco [14] de ces années d’allégresse bat frénétiquement au rythme des artistes, musiciens, écrivains, poètes de la Beat Generation [15], activistes politiques [16] et communauté hippie [17], qui bâtissent chaque jour leur Arcadie – où la moindre rue devient une parcelle de création et de revendication pour une contre-culture aux énergies créatrices sans précédent.

Si psyche-delos veut dire « conscience claire », restons cependant sur nos gardes. Ce qui se veut salvateur – cette conscience « dé-voilée », ainsi translucide – ne doit pas pour autant devenir invisible, voire livide au point de nous aveugler de nouveau pour ne plus toucher terre. Il est inutile de rappeler que nombre d’artistes de l’époque se sont brûlé les ailes au point de ne plus revenir de leur traversée du miroir – vers l’autre côté. Morts trop tôt. Fin du périple. Platon ne nous avertissait-il pas déjà dans La République, lorsque les habitants de la caverne franchissaient l’antre sombre jusqu’à la surface – recevant ainsi la lumière rutilante de la Connaissance des Dieux – qu’il s’agissait-là d’une rude épreuve ?

La révélation divine de la Vérité, de l’Essence de tout Être et de toute Chose induite par l’enseignement des Dieux s’accompagne ensuite du retour inévitable à la caverne. La chute peut être périlleuse. Ne nous disait-il pas que cet éblouissement (cette illumination, tant au sens propre qu’au sens figuré) nous brûlerait d’abord les yeux, et que le plus dur serait de redescendre dans la caverne et de s’accommoder de nouveau à l’obscurité de l’ici-bas. Il en est de même avec l’expérience psychédélique aux pouvoirs enthéogènes. Que rapporte-t-on de ce voyage aux confins de l’extase et de la félicité ? Mais surtout, à quel prix retrouve-t-on la vue ? À quel prix paye-t-on le retour à la réalité ?

Comment définir cette utopie [18] concrète avec ses forces et ses faiblesses, sans pour autant parler de dystopie : celle d’une chimère totalement illusoire, qui n’aurait enfanté qu’un mythe nostalgique et édulcoré ?

Toute la richesse, mais aussi toute l’ambiguïté de cette problématique réside dans la dichotomie de sa nature profonde. Comment une expérience, qui de base relève de l’ordre du métaphysique et du mystique, a-t-elle pu avoir autant de concrétisations pour prendre part à une réalité sociale en disséminant ces fameuses communautés hippies ayant fleuri çà et là dans le monde ?

Encore une fois, la musique [19] détient une place prépondérante dans l’ancrage du psychédélisme, y compris d’un point de vue « sociogéographique » (voire sociopolitique). Dans son texte consacré à la « Géographie de la musique psychédélique californienne : facteurs d’émergence et ancrage territorial du mouvement », Joël Chételat, géographe et docteur ès sciences, nous livre une analyse méticuleuse et un compte rendu anatomique de l’implantation du mouvement sur le sol américain de la côte ouest. Quel fut le dialogue entre la scène psychédélique de San Francisco et celle de Los Angeles ? Cette dernière, de par ses racines musicales et culturelles, mais aussi grâce à sa différence démographique et économique, se révèle tel un véritable Eldorado de l’industrie musicale. A-t-elle ainsi contribué au basculement (voire au péril ?) du rock psyché des sixties [20] dans ce gouffre gargantuesque qu’est le business lucratif de la récupération de toute mouvance contre-culturelle ?

On a souvent assimilé les aspirations de la contre-culture des années soixante aux mouvements communautaires et anachorétiques, au système de Phalanstère de Charles Fourier, au freudo-marxisme d’Herbert Marcuse [21] ou de Wilhelm Reich, et à ce que l’on a regroupé justement sous le nom de « socialisme utopique ».

La génération LSD a brandi l’étendard de l’eudémonisme [22] : celui de la Politique de l’Extase [23], pour reprendre le titre du livre de Timothy Leary paru en 1968. Mais que peut-on construire à partir de l’Extase – cet état de béatitude ultime et de perte totale de l’ego et donc, du sentiment d’individualité ? Peut-on bâtir une Politique qui a à la fois pour axiome, pour mode de fonctionnement, et pour finalité : l’Extase ? Mais surtout, qu’y a-t-il après l’Extase et que reste-t-il de tout cela ?

Par définition, une utopie ne peut être concrète en ce sens qu’elle ne peut se réaliser. C’est intrinsèque à sa nature. Lorsque l’on dit communément « ceci est une utopie », nous sous-entendons péjorativement que cela n’aboutira jamais, estimant qu’il s’agit là de quelque chose d’infaisable. Les raisons de cette impasse peuvent être diverses. Soit les désirs s’avèrent trop ambitieux par rapport aux possibilités données, soit ils se montrent tout simplement irréalisables à mettre en place au sein d’un système implanté qui rend impraticable toute entreprise d’utopie dans la vie réelle.

Si l’utopie est inatteignable, elle n’en est pas pour autant stérile. Au contraire, elle sème les espoirs d’une époque sur le terreau fertile d’un monde qui se veut meilleur et s’alimente perpétuellement des énergies déployées par le but à atteindre. Il s’agit là de la dimension de l’utopie qu’instaure Thomas More [24] avec la métaphore de l’île. Plus nous nous rapprochons de l’île, plus celle-ci s’éloigne. Mais la ferveur du périple générée par la conquête de cette terre promise ne s’éteint jamais. À l’inverse, elle s’embrase de plus en plus, au fur et à mesure du chemin, et ne cesse d’attiser sa convoitise.

La question n’est peut-être pas tant de savoir où mène le chemin, mais plutôt de savoir si les flots sur lesquels vogue notre barque, ce « vaisseau de cristal » (pour reprendre une chanson des Doors, The Crystal Ship), ne nous mènent pas à la dérive. Car les dérives furent nombreuses durant cette période aux aspirations parfois bien embrasées. Et basculer d’un côté ou de l’autre du fil tranchant pouvait survenir à n’importe quel moment. Le groupe de rock The Doors, susmentionné, et son leader écorché Jim Morrison, ne pouvaient pas mieux incarner la dichotomie de cette époque. Entre élévations divines et retour à la réalité, entre monde physique et métaphysique : les Doors ont sillonné à travers leur musique les sentiers du Royaume Métaphysique absolu, où « toute chose apparaît à l’homme telle qu’elle est, c’est-à-dire infinie », pour reprendre la prophétie du poète William Blake [25] dont le groupe s’est largement inspiré.

Dans son texte intitulé « De William Blake aux Doors. Les Portes de la Perception dans l’esthétique psychédélique », Éléonore Willot, docteure en arts, nous dévoile les secrets de cette vision tout droit sortie de la démiurgie du poète et peintre préromantique anglais du xviiie siècle. C’est en référence à ses écrits que le chanteur Jim Morrison a nommé son groupe de rock mythique : The Doors. Les Portes de la Perception y sont décrites comme une expérience intense de purification de l’âme et des sens, nous conduisant aux portes du Divin. Ce qui aurait pu rester à l’état d’une simple démiurgie onirique propre à William Blake deviendra, moins de deux siècles plus tard, le credo de toute la génération des sixties ayant vu en l’esprit de l’auteur visionnaire l’expérience annonciatrice de l’ère psychédélique et hallucinogène du LSD.

Ainsi, pour en revenir à la question de l’utopie, celle-ci serait donc cette réalité du « non-être » ou du moins, du « non-encore » – un état en constante gestation qui gravite entre l’existence et la non-existence, entre l’accomplissement ultime et le non-accomplissement, puisque tout s’annulerait. Cet aspect témoigne d’une contradiction profondément absconse de la notion d’utopie. Nous pourrions comparer cette vision au concept d’avant-garde. Est avant-gardiste ce qui va à la fois de l’avant et qui est en avance sur les autres, en avance sur son temps, sur le reste, mais qui est aussi en retrait du reste, se revendiquant comme différent, presque autarcique. On utilisait ce terme dans le jargon militaire lorsque certaines troupes étaient envoyées en premier sur le front pour explorer le champ de bataille. Mais une fois que l’on a sondé le terrain et que tout le monde a pris connaissance de la configuration du champ de bataille, les choses sont révélées, répandues au plus grand nombre : elles sont dévoilées au grand jour. Filtrées, analysées et assimilées, les informations sont ensuite récupérées pour en faire quelque chose « d’autre ». Combien de temps une avant-garde – qu’elle soit sociale, artistique, culturelle – peut-elle être considérée comme telle avant d’être « récupérée », dénaturée, et donc, avant de « s’annuler » ? Quels sont ces idéaux [26], si forts soient-ils, qui ne peuvent pas totalement s’accomplir, mais qui pourtant se concrétisent partiellement ? Ces principes moraux et existentiels dont la reconnaissance abroge irrémédiablement ce qui faisait leur nature singulièrement underground (« souterraine »).

Une utopie qui se réalise, par définition, n’est plus une utopie. Une avant-garde qui s’affirme au-devant de la scène n’est plus une avant-garde : elle n’est plus en retrait. Si cela semble être le propre de ce que nous désignons sous l’abstraction d’une utopie, alors, l’utopie psychédélique, quant à elle, ne semble pas l’entendre de ce fait.

II. D’hier à aujourd’hui : une révolution protéiforme

Ainsi, porter une étude sur le psychédélique n’a jamais été chose aisée, surtout lorsque l’on sait que la plupart du temps, d’aucuns diront que ce terme ne désigne tout au plus que les couleurs criardes d’un symbole peace and love estampillé sur un poster que l’on trouve au supermarché du coin pour quelques misérables euros. D’autres y ajouteront la dimension mielleuse de la gentille petite communauté hippie des années soixante – couronnes de fleurs dans les cheveux, vêtue de son plus simple apparat et dansant sur la rythmique d’une guitare folk…

Le psychédélique n’a pas été un simple mouvement, encore moins une mouvance. Par ces termes résonne maintenant quelque chose d’amèrement mercantile. L’image est devenue sans doute trop caricaturale, galvanisée par l’indigeste niaiserie d’un flower power de carte postale accompagné de son slogan suranné, usé et saigné à blanc. Depuis longtemps, ce qui nourrissait l’imaginaire d’une conscience collective a laissé place à une image figée, tellement figée qu’on la retrouve maintenant déclinée sur des vêtements, des badges, des stickers, des panneaux publicitaires. Le constat est amer. La réelle identité du psyché de cette époque a été dévitalisée de tout son sens, de toute sa teneur. Non, le psychédélique, ce n’est pas cela.

Occulté, mal considéré, si ce n’est décrié au sein de l’Histoire avec un grand « H », on ne considère malheureusement pas le psychédélique à sa juste valeur. Si le psyché a en effet excellé en matière d’arts graphiques [27] et en termes de musique rock [28] au cours de ce que l’on a appelé les Psychedelic Sixties, il s’agit cependant d’une entreprise bel et bien complexe et exhaustive. Le psychédélique a redéfini et a surtout lié énormément de domaines. Les frontières entre les arts, le socio(contre-)culturel, la spiritualité, la religion, l’activisme, la politique, la science, voire la médecine, se sont érodées pour ne former qu’une seule et même entité. Celle-ci a aspiré à ce qui allait être une révolution de tous les genres ; une révolution emportant en son sein toutes les questions existentielles, voire ontologiques, que l’homme se pose depuis la nuit des temps pour nourrir ce qui allait être l’utopie la plus ambitieuse (et sans doute pour cela la plus courte !) du xxe siècle.

L’ère psychédélique des sixties a su écrire, à elle seule, sa propre histoire, son propre mythe. Malgré ce qui n’aurait pu être que de simples fantaisies mystiques ou métaphysiques (résultat d’un engouement pour les hallucinogènes et les philosophies orientales dans les années soixante), le psychédélique s’ancre pourtant profondément dans l’air de son temps et porte encore ses marques dans la société contemporaine. Il a joué un rôle primordial dans l’ère actuelle des médias, de la communication de masse et des réseaux de connexion entre les individus, et ce à l’échelle planétaire. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, avec du recul, considèrent l’idéologie psychédélique des années soixante et son approche des technologies comme les prémices de la cybernétique [29], de l’art numérique et de l’hyperconnectivité d’internet, voire même, du règne Google [30] !

À l’époque, c’est un certain Stewart Brand [31] qui s’intéresse notamment aux théories du Village Global [32] de Marshall McLuhan [33]. Il tente alors de concrétiser cette pensée dont l’expérience des drogues psychédéliques fut le catalyseur. Ce Village Global, voire cette Réalité Globale, telle que nous la formulons dans notre énoncé, ne pouvaient trouver effet qu’au sein d’une connectivité des individus : unir les consciences – ne faire qu’un avec le Tout – pour une synchronicité des informations diffusées aux quatre coins du globe. Les médias, la machine, à l’instar des synesthésies sensorielles et du sentiment d’unité procuré par le LSD, étaient déjà perçus comme prometteurs. Tout comme les drogues de types psychédéliques, il s’agissait pour chaque personne de se réapproprier sa perception au monde ; et cette réappropriation devait inévitablement s’effectuer par cette passerelle : le prolongement des cinq sens stimulés simultanément, extensions du corps, des membres et donc, de la conscience. L’ère technospirituelle était annoncée.

De la sorte, nous ne pouvons pas dire que le « mouvement » psychédélique est venu au gré d’une lubie furtive, vite oubliée, qui aurait cessé aussi rapidement qu’elle est apparue. Car précisons-le, la période psychédélique telle que nous la connaissons n’aura duré qu’à peine quelques années. On la situe souvent entre 1965 et 1967. Malgré l’effondrement du mouvement après 1967, jusqu’à sa mise à mort annoncée avec le tristement célèbre concert des Rolling Stones au Festival d’Altamont le 6 décembre 1969, il est impossible d’affirmer que le psychédélique ait totalement disparu sans laisser de traces, ou du moins, sans avoir modifié le génome des générations qui succéderaient à ces temps hédonistes. Le psyché n’a peut-être pas totalement disparu en s’étouffant alors dans les méandres de ses propres désillusions, excès et débordements.

Depuis plusieurs années, nous assistons à un revival sans précédent. En matière de musique, le rock et le stoner retrouvent des sonorités oldschool et fuzzies, nous replongeant tout droit dans les concerts du Fillmore Auditorium du San Francisco [34] des sixties. Les festivals psychédéliques sont de plus en plus nombreux et se voient programmés un peu partout dans le monde. L’un des plus connus n’est autre que le Psych Fest à Austin, au Texas. Ce festival, qui existe depuis 2008, a été fondé par le groupe The Black Angels. Pour l’anecdote, le choix de la ville d’Austin n’est pas anodin puisqu’il s’agit de la ville d’origine du groupe The 13th Floor Elevators, considéré jusqu’à ce jour comme l’un des pionniers du rock psychédélique. Ils sont les premiers à avoir utilisé le terme « psychédélique » dans le titre de leur album The Psychedelic Sound of the 13th Floor Elevators paru en 1966 ; ici, le mot désigne directement la nature d’un son nouveau.

Il est vrai que 2017 fut une année commémorative pour l’apogée du psychédélique que l’on associe à l’année 1967. Cela a sans doute pu influer sur le maintien dudit revival, en exposant sans interruption cette époque sous les feux des projecteurs et des médias. Outre les cinquante ans du Summer of Love, il s’agissait surtout de célébrer les cinquante ans de pléthore d’albums [35] (et pour la plupart, de premier album !) ayant acidulé l’histoire du rock à coup d’expérimentations et de virtuosité sans précédent.

Est ainsi née de cette richesse artistique la bande originale de toute une période retentissante, rythmée par la frénésie sans nom d’une jouissance de tous les sens, voyageant ainsi jusqu’aux confins de notre corps pour en faire frissonner notre âme au plus haut degré. La musique psychédélique a indéniablement bouleversé l’histoire du rock en engendrant des styles comme l’acid rock, le rock progressif, le krautrock [36], la musique électronique et la trance actuelle. Elle a même ébréché des parois pourtant si hermétiques en rendant poreuse la distinction entre ce que l’on comme communément « musique populaire » et « musique savante ».

Dans son texte consacré aux « Actualités du psychédélisme dans la création contemporaine », Damien Bonnec, agrégé de musique, compositeur et chercheur en esthétique musicale, tend à saisir la manière dont une certaine mouvance du rock’n’roll a pu influer sur toute une génération de compositeurs de musique contemporaine, proche de cette sensibilité « acid rock ». Il convient alors de comprendre ce que le terme même de « psychédélique » dit de leurs musiques. Damien Bonnec aborde à travers cette étude trois compositeurs : Fausto Romitelli, Raphaël Cendo et Lucas Fagin. Hormis l’utilisation singulière de la guitare électrique, c’est un ensemble de traits communs qui permet de penser la filiation entre le psychédélisme et les productions de ces trois artistes. Plus précisément, l’analyse de leurs œuvres permet de dégager et de mettre en perspective trois caractéristiques majeures de l’esthétique psychédélique : la distorsion, la saturation et l’extase. La distorsion, d’abord, rend compte des transformations harmoniques, formelles et processuelles de ces musiques, provoquant du point de vue de l’auditeur une matière instable et équivoque. La saturation, ensuite, permet de penser la dimension excessive et limite de l’expérience du concret. L’écoute, enfin, qui résulte d’une telle saturation, est bien souvent une écoute extatique, thématisée en particulier par Raphaël Cendo, lui qui a toujours défendu à travers sa musique une dimension mystique où la désorientation et la transe rejoignent un goût pour le chamanisme.

Au-delà de la dimension mystique et chamanique du psychédélisme (déjà présente dans les années soixante, mais qui existe depuis la nuit des temps pour peu que l’on aborde toute « expérience extatique »), c’est la pérennisation de cette période historique qui semble être questionnée de nos jours.

L’institution muséale commence à s’intéresser de plus en plus au contenu d’un patrimoine regroupant toute la richesse créative [37] d’une époque. Le collectionneur, activiste et DJ français Jaïs Elalouf – implacable en matière de psychédélisme et récent fondateur de Lucydelic (new art magazine on consciousness and psychedelic pop culture) – œuvre depuis 2014 à l’élaboration du premier Centre d’art psychédélique : un lieu haut en couleur où se conjugueront expositions, spectacles, happenings, conférences, films, ateliers, concerts et bien d’autres richesses culturelles dédiées aux hallucinogènes. L’ancien ministre de la Culture Jack Lang lui a d’ailleurs adressé une lettre de soutien qui rejoint en tout point le ton de cette présente étude. Selon lui, il est important de « garder la trace d’un mouvement et d’une esthétique – et non d’une mode – qui ont traduit une pensée et des aspirations à vivre autrement. […] Décrié et vite oublié, il n’a curieusement pas eu la faveur d’une étude exhaustive, c’est tout le mérité de votre démarche ». Le Centre d’art psychédélique présente les différentes dimensions de cette esthétique à travers une expérience immersive. L’imposante collection permanente explore la conscience et les cultures à travers des œuvres graphiques, des installations interactives et de la réalité augmentée. Ce magnifique projet sera une expérience totale définie par Jaïs Elalouf comme une « expérience des cinq sens et un voyage à travers les civilisations ». Le Centre d’art psychédélique vit à présent sous la forme d’un Centre d’art pop-up : sorte de musée itinérant grâce auquel Jaïs Elalouf partage, mais surtout, propage ce patrimoine intemporel halluciné. Jusqu’à maintenant, une quarantaine d’expositions a pu voir le jour et la prochaine en date aura lieu au musée d’Art moderne de Paris.

Le psychédélique, qui se voulait en marge du mainstream et anticonstitutionnel dans les années soixante, rentre pourtant aujourd’hui dans la cour des grands. En 2006 a eu lieu l’exposition Of the Wall! The Psychedelic Posters of the Sixties, au musée de la Publicité à Paris. Toujours dans la capitale, la Maison Rouge présentait en 2013 l’exposition Sous influences, dédiée à l’influence des psychotropes dans la création artistique. On pouvait d’ailleurs y admirer un flacon de Delysid – véritable relique des années cinquante ! Le Delysid n’était autre que la fameuse dose de LSD25 [38] commercialisée légalement par les laboratoires Sandoz à titre curatif. Ce médicament à base de LSD sera interdit dès 1966 à cause des puissants usages et effets alternatifs que nous lui connaissons.

Et là encore, le débat resurgit et fait de nouveau polémique. Depuis peu, le corps médical [39] s’interroge sur un retour éventuel de l’usage, entre autres, du LSD, de la MDMA (méthylènedioxyméthamphétamine) et de la kétamine dans des protocoles de thérapies [40] psychiatriques, afin de guérir certaines pathologies comme la dépression [41] ou la bipolarité. À titre d’exemple, on a recours depuis déjà plusieurs années à un dérivé de l’amphétamine (méthylphénidate chlorhydrate), considéré comme un stupéfiant, dans le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez les enfants et adolescents.

Le médecin addictologue Bertrand Lebeau Leibovici nous invite à la réflexion à travers son texte « Médecine et neurosciences : le retour des psychédéliques ». Entre drogues récréatives (reflets de tous les excès pour certains) et substances pharmaceutiques (promesses de guérison pour d’autres), la vision que l’on se fait de ce qu’est un médicament et à l’inverse, de ce qu’est une drogue, varie indéniablement selon les cultures, les coutumes, les usages, la législation, voire peut-être même les dosages ! Certes, le débat est bien plus complexe, mais il est bien question de microdosage concernant les recherches actuelles sur les psychédéliques comme principes actifs composant cette nouvelle génération de médicaments. Cependant, les choses ne sont pas si « nouvelles », puisque Bertrand Lebeau Leibovici nous explique dans un historique passionnant qui mêle à la fois absurdités, incompréhension, dérives et promesses avortées, que tout ceci avait bien commencé dès les années cinquante, époque de la « révolution des médicaments de l’esprit », époque où le LSD possédait un avenir radieux dans le domaine de la médecine et des neurosciences.

Aux États-Unis, ces recherches quelque peu déroutantes et inconvenantes pour la mentalité occidentale, pour ne pas dire certains lobbyings, se sont cristallisées autour de trois associations, lesquelles jouent un rôle majeur dans le financement de ces pôles d’activités scientifiques : la MAPS (Multidisciplinarity Association for Psychedelic Research), le Heffter Research Institute et le Council of Spiritual Practice. En Europe, nous dénombrons également trois instituts : la Beckley Foundation en Angleterre, la Société psychédélique russe et la SÄPT (Swiss Physicians Society for Psycholytic Therapy [42]).

Il y a six ans, la France a célébré la date anniversaire de mai 68, mais c’est le monde entier qui a aussi commémoré cette même année, à Bâle, les soixante-quinze ans de la découverte des effets du LSD25. Époque fantasmée par la nouvelle génération ? Volonté d’attiser de nouveau la flamme qui a irradié et embrasé cet engouement collectif de la seconde moitié du xxe siècle ? Notre génération n’est-elle pas en train de reprendre l’histoire là où nos prédécesseurs l’ont brutalement stoppée, dans le but d’achever enfin ce qui avait été entrepris, dans le but de vivre, elle aussi, l’eudémonisme d’une époque extatique que l’on nous ressasse inépuisablement avec nostalgie, à la manière d’un paradis perdu ? Ces aspirations actuelles, prenant forme peu à peu, ne refléteraient-elles pas aussi le constat amer d’une société perdue, d’une jeunesse « paumée », aux désirs anesthésiés, d’une jeunesse à l’aube d’une nouvelle révolution, désireuse de « rebooster » cette machine infernale dans laquelle elle se sentirait embourbée ? Qu’en est-il du fameux Turn on, tune in, drop out annoncé plus de cinquante ans auparavant par le prédicateur de l’acide, Timothy Leary ? L’utopie serait-elle encore en train de se concrétiser ?

AUTEUR
Éléonore Willot
Docteure en arts (esthétique)
Chercheure associée au LIR3S-UMR 7366, université de Bourgogne

ANNEXES

NOTES


[1] Une licence CC BY-NC-ND 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/deed.fr) a été appliquée par l’auteure à la présente contribution.
[2] Barry Miles, In the Sixties. Aventure dans la contre-culture, Bègles, Le Castor Astral, 2018.
[3] Theodore Roszak, Vers une contre-culture : réflexions sur la société technocratique et l’opposition de la jeunesse, Paris, Stock, 1980. Voir également : Christiane Saint-Jean Paulin, Quand l’Amérique contestait, 1960-1970. Analyses, chronologies et documents, Paris, Ophrys, 1999 ; La contre-culture. États-Unis, années 1960 : la naissance de nouvelles utopies, Paris, Autrement, 2008.
[4] Bruce Benderson, Concentré de contre-culture, Paris, Scali, 2007. Voir également : Andy Bennet, « Pour une réévaluation du concept de contre-culture », Volume !, 2012, vol. 9, no 1, p. 19-31. En ligne : http://journals.openedition.org/volume/2941, page consultée le 11/02/2024.
[5] Albert Hofmann, LSD, mon enfant terrible, Paris, Les éditions du lézard, 1998. Voir également : Antonio Gnoli, Ranco Volpi, Le LSD et les années psychédéliques. Entretiens avec Albert Hofmann, Paris, Payot et Rivages, 2006.
[6] Aldous Huxley, Moksha. Expériences visionnaires et psychédéliques, Bègles, Le Castor Astral, 2006. Voir également : Aldous Huxley, Les Portes de la perception, Monaco, Éditions du Rocher, 1954.
[7] Jean-Marc Bel, En route vers Woodstock, de Kerouac à Dylan, la longue marche des babyboomers. Essai sur les espoirs, les combats et les musiques de la génération sixties aux USA, Paris, Balland, 2004.
[8] Frédéric Robert [dir.], La révolution hippie, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011. Voir également : Guy Morin, Aux sources du psychédélique, Québec, Presses de l’université Laval, 2008. Voir également : Philippe Thieyre, Les années psychédéliques, Paris, Desinge & Hugo & Cie, 2011.
[9] Tom Wolfe, Acid Test, Paris, Seuil, 1996.
[10] Michel Lancelot, Je veux regarder Dieu en face. Vie, mort et résurrection des hippies, Paris, Albin Michel, 1968.
[11] Barney Hoskyns, San Francisco, 1965-1970. Les années psychédéliques, Bègles, Le Castor Astral, 2006. Voir également : Steven Jezo-Vannier, San Francisco, l’utopie libertaire des sixties, Marseille, Le Mot et le Reste, 2010. Voir également : George Perry, San Francisco dans les années 60, Paris, La Martinière, 2001.
[12] Bill Graham, My Life Inside Rock and Out, Cambridge, Da Capo, 2004.
[13] Charles Perry, The Haight-Ashbury History, New York, Wenner Books, 2005.
[14] Sarah Hills, San Francisco and the Long 60s, New York, Bloomsbury Academic, 2016.
[15] Stephen D. Edington, The Beat Face of God. The Beat Generation Writers as Spirit Guides, New Hampshire, Trafford Publishing, 2005.
[16] Fernanda Pivano, Beat, Hippie, Yippie, Paris, Christian Bourgois, 1977. Voir également : Alice Gaillard, Les Diggers. Révolution et contre-culture à San Francisco (1966-1968), Montreuil, L’Échappée, 2009. Voir également : Marie-Christine Granjon, L’Amérique de la contestation. Les années soixante aux États-Unis, Paris, Presses de la FNSP, 1985.
[17] Barry Miles, Hippies, Paris, Octopus Publishing Group, 2004. Voir également : Laurent Gervereau, Thierry Paquot, Hip, hip, hippies ! Amour, paix, rêves et retour à la terre, Lulu, 2024. Voir également : Jean-Pierre Bouyxou, Pierre Delannoy, L’aventure hippie, Paris, 10/18, 2004. Voir également : Alain Dister, Oh, hippies days ! Carnets américains 1966-1969, Paris, Fayard, 2001. Voir également : Joe David Brown, Les hippies, Paris, Robert Laffont, 1968.
[18] Éléonore Willot, « La révolution hippie : entre contre-culture et utopie », Musicologies nouvelles, 2021, opus 11, p. 94-103. Voir également : Frédéric Robert [dir.], Révoltes et utopies. La contre-culture américaine des années soixante, Paris, Ellipses, 2011. Voir également : Ronald Creagh, Utopies américaines. Expériences libertaires du xixe siècle à nos jours, Marseille, Agone, 2009.
[19] Joe Boyd, White Bicycles. Making Music in the Sixties, Paris, Allia, 2008. Voir également : Guillaume Ruffat, Cyrille Archambaud, Audrey Le Bail, Révolution musicale. Les années 67, 68, 69. De Penny Lane à Altamont, Marseille, Le Mot et le Reste, 2008.
[20] Michael Hicks, Sixties Rock: Garage, Psychedelic, and Other Satisfactions, Urbana-Chicago, University of Illinoy Press, 1999. Voir également : Philippe Thieyre, Le rock psychédélique américain 1966-73, Paris, Parallèles, 2001.
[21] Herbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel, Paris, Éditions de Minuit, 2006. Voir également : Herbert Marcuse, Éros et la civilisation, Paris, Éditions de Minuit, 2002.
[22] Charles Reich, Le regain américain. Une révolution pour le bonheur, Paris, Robert Laffont, 1971.
[23] Timothy Leary, La Politique de l’extase, Paris, Fayard, 1973. Voir également : Timothy Leary, Ralph Metzner, Richard Alpert, The Psychedelic Experience. A Manual Based on the Tibetan Book of the Dead, New York, Citadel Press, 1995.
[24] Thomas More, L’Utopie, Paris, Flammarion, 1987.
[25] William Blake, Le Mariage du ciel et de l’enfer, Paris, Librairie José Corti, 1922.
[26] Anne Lombard, Le mouvement hippie aux États-Unis : une double aliénation entre rêve et réalité, le salut et la perte, Tournai, Casterman, 1972.
[27] Jean-Marc Bel, Jean-Pierre Criqui, Amélie Gastaud, Off the Wall : affiches psychédéliques de San Francisco (1966/1969), Paris, Thames & Hudson, 2004.
[28] Ryan Moore, « “Break on Through”. Contre-culture, musique et modernité dans les années 60 », Volume !, 2012, vol. 9, no 1, p. 33-49. En ligne : https://journals.openedition.org/volume/3022, page consultée le 11/02/2024.
[29] Timothy Leary, Chaos and Cyberculture, Paris, Les éditions du lézard, 1998.
[30] Frédéric Monneyron, Martine Xiberras, Le monde hippie, de l’imaginaire psychédélique à la révolution informatique, Paris, Imago, 2008.
[31] Fred Turner, From Counterculture to Cyberculture. Stewart Brand, the Whole Earth Network, and the Rise of Digital Utopianism, Chicago-London, University of Chicago Press, 2006.
[32] Marshall McLuhan, Bruce R. Powers, The Global Village. Transformation in World Life and Media in the 21st Century (Communication and Society), Oxford, Oxford University Press, 1992.
[33] Marshall McLuhan, Pour comprendre les médias : les prolongements technologiques de l’homme, Paris, Seuil, 1977.
[34] Éléonore Willot, Light-shows psychédéliques de San Francisco. LSD, art et rock’n’roll, Paris, L’Harmattan, 2013.
[35] David Rassent, Rock psychédélique. Un voyage en 150 albums, Marseille, Le Mot et le Reste, 2015. Voir également : Alain Pire, Anthologie du rock psychédélique anglais : contre-culture, drogues et musique, Rosières-en-Haye, Camion blanc, 2011. Voir également : Jérôme Santamaria, Le rock des années soixante. Une vision gnostique du psychédélisme, Paris, L’Harmattan, 2022.
[36] Éric Deshayes, Au-delà du rock. La vague planante électronique et expérimentale allemande des années soixante, Marseille, Le Mot et le Reste, 2021.
[37] Voir le catalogue de l’exposition Summer of Love. Art of the Psychedelic Era, qui a eu lieu du 27 mai au 25 septembre 2005 à la Tate Liverpool : Christoph Grunenberg, Jonathan Harris [dir.], Summer of Love. Psychedelic Art, Social Crisis, and Counterculture in the Sixties,Liverpool, Liverpool University Press-Tate Liverpool, 2004.
[38] Le nombre « 25 » correspond à la 25e synthétisation du LSD, celle que retiendra Hofmann pour élaborer le Delysid, médicament délivré par les laboratoires Sandoz.
[39] Olivier Chambon, Jocelin Morisson, La révolution psychédélique, une médecine de la conscience, Paris, Trédaniel, 2020.
[40] Olivier Chambon, La médecine psychédélique. Le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes, Paris, Les Arènes, 2009.
[41] Michael Pollan, Voyage aux confins de l’esprit. Ce que le LSD et la psilocybine nous apprennent sur nous-mêmes, la conscience, la mort, les addictions et la dépression, Lausanne, Quanto, 2019.
[42] Olivier Chambon, Les nouvelles thérapies psychédéliques, Paris, Trédaniel, 2022.

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Éléonore Willot, « Introduction », dans La musique psychédélique et la contre-culture des années soixante : une utopie concrète à l’identité protéiforme devenue « réalité globale », Éléonore Willot [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 13 mai 2024, n° 20, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Éléonore Willot
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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