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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-UBE |
Territoires contemporains | |
Miroir du football, un autre sport dans la presse rouge ? (1958-1979) | ||||||||||||||||||
Miroir du football et la première grève du football français | ||||||||||||||||||
Laurent Bocquillon | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | |||||||||||||||||
RÉSUMÉ
La grève des footballeurs professionnels français éclate les 2 et 3 décembre 1972. C’est la première grève de footballeurs professionnels en Europe. Elle marque une forme de rupture dans le déséquilibre des forces qui régit le monde du football professionnel en France depuis 1932. À travers le prisme de Miroir du football, il s’agit de mettre en évidence comment ce mouvement s’inscrit dans la dynamique des mouvements sociaux qui agitent les années 1970, remet en question les rapports entre joueurs et dirigeants, et établit un nouveau statut du footballeur qui retrouve « sa dignité », selon l’expression de François Thébaud. |
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Introduction La grève de l’équipe de France de football lors de la Coupe du monde 2010 a marqué les esprits à tel point que 10 ans après, les journaux français nationaux s’en faisaient encore l’écho, évoquant « l’un des pires épisodes de son histoire : la grève de Knysna [1] ». Que ce soit une décennie plus tard ou lors de cet évènement, les réactions, notamment au sein de la Fédération française de football (FFF), furent pour le moins violentes. Jean-Louis Valentin, directeur général délégué de la FFF auprès de l’équipe de France, ému et au bord des larmes, décide de quitter les lieux avec fracas, poursuivi par une meute de reporteurs. […] Ancien directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré de 2002 à 2005, l’énarque s’arrête et craque devant une nuée de micros et de caméras : « J’ai honte. Je suis écœuré, dégoûté, je quitte mes fonctions, ce qui s’est passé est un scandale. Ils ne veulent pas s’entraîner, c’est inacceptable [2] ». Ainsi, le football, la « bagatelle la plus sérieuse du monde [3] », ne saurait être traversé par les mouvements sociaux qui touchent le monde du travail, illustrant les propos de Didier Demazière et William Nuytens qui y voient un « mélange de familiarité et d’étrangeté [4] ». Cette conception antinomique du footballeur professionnel et de la grève ne date cependant pas du xxie siècle, mais trouve son origine durant les années d’après-guerre, époque à laquelle les footballeurs professionnels sont considérés, souvent encore, comme évoluant en parallèle de la société. Le mythe selon lequel le sport vit en marge de l’activité habituelle des hommes, une activité épargnée par les conflits de la société, a largement cours. Cette conception perdure encore durant les années soixante, même si les évènements sociaux de mai 1968 se répercutent sur le monde du football avec l’occupation du siège de la Fédération par le comité d’action des footballeurs. Relayée par Miroir du football, cette participation des footballeurs à la contestation sociale [5] ne s’avère cependant pas fédératrice, l’occupation n’étant pas le fait des joueurs les plus connus et ne recueillant pas l’adhésion générale au sein de la profession. Il n’est ainsi pas étonnant que peu de footballeurs se soient mobilisés en mai 1968, même si le mouvement contestataire élargit le mouvement du champ social en rendant périmée sa définition restrictive, traditionnellement limitée au mouvement ouvrier, pour le rendre coextensif à l’ensemble de la société [6]. Les diverses tentatives de définition post-68 de ce mouvement social que représente la grève témoignent de cette vision plus large. Ainsi, pour Jean Ribero et Jean Savatier, la grève, dans une perspective non pas juridique, mais sociologique, suppose, à la base, l’existence d’un groupe social placé dans une situation de dépendance à l’égard d’une autorité quelconque, publique ou privée, mais susceptible, par la suspension de son activité, de perturber les intérêts dont cette collectivité a la charge [7]. Guy Caire tente quant à lui de donner une définition de la grève en la présentant comme un arrêt de travail décidé par un groupe de travailleurs salariés pour exprimer une réclamation ou appuyer une revendication [8]. Entre les prémices d’une mobilisation contestataire en 1968 et le scandale créé par la grève de l’équipe de France de football en 2010, il paraît nécessaire d’analyser ce qui est considéré comme la première grève des footballeurs français, à savoir la grève de 1972. Du contexte qui a amené à la création de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) à la grève en elle-même ainsi qu’à ses suites, l’écho qu’elle a pu trouver dans la presse sportive permet de rendre compte des enjeux liés à cette mobilisation sociale. Mais au-delà de la presse sportive d’un point de vue général, le positionnement de Miroir du football par rapport à cette grève est particulièrement intéressant. I. Une solidarité difficile à construire 1) La première tentative de Jacques Mairesse Placé sous le statut amateur jusqu’en 1932, le football devient alors une activité professionnelle pour des joueurs qui n’ont pas toujours conscience de leur nouveau statut. Pour preuve, lors de la première saison du Championnat de France de football professionnel, de nombreux joueurs refusent de quitter leur métier pour embrasser la nouvelle carrière. On s’interroge alors dans la presse et parfois parmi les joueurs pour savoir si le footballeur est parti pour reproduire le modèle britannique, à savoir celui du joueur ancien prolétaire devenu « serviteur obéissant », selon Nicolas Fischwick [9], et se comportant comme l’ouvrier à l’usine. Les joueurs tentent cependant une première expérience syndicale peu après l’instauration du professionnalisme en France en 1932. Dès 1934, guidés par Jacques Mairesse, « homme qui a eu la clairvoyance et le courage de tenter quelque chose [10] », les premiers professionnels du football français s’organisent en une mutuelle associative, l’Amicale des joueurs professionnels, pour défendre leurs intérêts dans ce qui constitue pour eux un nouveau monde. En 1936, Jacques Mairesse est à l’initiative du premier syndicat de joueurs, « son œuvre, son enfant [11] », dont l’organigramme se compose de joueurs quasiment tous internationaux. À la fin de sa première saison d’existence, le syndicat compte 400 adhésions, soit près des quatre cinquièmes des effectifs du football professionnel. Selon François Thébaud, Jacques Mairesse veut montrer « à ses frères […] la liberté de défendre individuellement et collectivement leurs intérêts [12] ». En janvier 1938, pour protéger les droits des joueurs, le syndicat lance un mouvement de grève visant la tenue du match international France-Belgique. Face à un syndicat encore en phase de consolidation et des joueurs dont la conscience syndicale est encore en formation, la Fédération française de football, alors dirigée par Jules Rimet, menace de faire disparaître le professionnalisme et dissuade les grévistes. Selon François Thébaud, Jacques Mairesse s’attire alors « les sarcasmes, les calomnies, les attaques sournoises et haineuses, les pressions, les basses vengeances de tous ceux pour qui le sport n’est qu’une source de profits [13] ». C’est cependant la seconde guerre mondiale et la mort de son chef de file qui vont précipiter la fin de cette première tentative de syndicalisation des joueurs. Le conflit met fin au statut professionnel de ceux-ci, le colonel Pascot lui préférant le statut de joueurs-moniteurs [14]. 2) Réorganisation du football et création de l'Union nationale des footballeurs professionnels En 1945, de retour à la tête de la FFF [15], Jules Rimet décide de revenir à un championnat professionnel et crée, le 12 mars 1946, le Groupement du football professionnel, à qui il confie la gestion et l’organisation de ce nouveau championnat. Il s’agit aussi par la même occasion d’éviter le schisme des clubs professionnels après la seconde guerre mondiale. Souvent présenté comme « le syndicat patronal [16] » du football français par François Thébaud, il se compose quasiment uniquement de dirigeants des clubs. Pour ce qui est des joueurs durant les années qui suivent la seconde guerre mondiale, l’idée de créer un syndicat relève de l’utopie, car « les premiers adhérents risqueraient de se faire scier [17] ». Au début des années soixante, ce manque d’organisation place les joueurs dans une situation de dépendance face aux dirigeants et à la Fédération au point que la situation est dénoncée dans la parution du premier numéro de Football Magazine, sous la plume de Jacques de Ryswick. Je ne sais pas s’il existe encore un domaine de l’activité nationale où les employés ne sont pas organisés. Même les patrons sont organisés ! Oui, tout le monde est organisé, sauf le footballeur professionnel qui est un malade. Il faut donc lui faire comprendre la nécessité de réagir. S’il ne réagit pas aujourd’hui, c’est parce qu’il n’a pas la capacité de le faire. Quelqu’un doit la lui donner [18] ! Le journaliste insiste sur la nécessaire adhésion de tous les joueurs à ce projet et sur le fait qu’il faille des joueurs de haut niveau et cultivés à la tête du syndicat, ce qui peut sembler en contradiction avec l’origine souvent modeste des footballeurs professionnels [19]. Eugène Njo Léa [20] veut défendre les footballeurs et « dénoncer le contrat léonin et pas le moins du monde légal sur lequel reposait toute l’organisation du football professionnel français de l’époque [21] ». Alors qu’il souhaite opter pour une association de type loi 1901, Jacques Bertrand, avocat de formation et déjà conseiller des cyclistes et des journalistes sportifs, lui conseille de choisir une forme syndicale qui implique le droit de grève. Il faut alors un représentant capable de fédérer le maximum de joueur autour du projet. C’est Just Fontaine qui est choisi pour diriger le syndicat, auréolé de son record de buts marqués lors d’une phase finale de Coupe du monde [22]. L’arrivée de ce nouveau syndicat, l’Union nationale des footballeurs professionnels, en 1961 [23], passe quasiment inaperçue dans la presse généraliste nationale. Le mensuel Miroir du football, dans son numéro de janvier 1962, ne lui consacre qu’un petit article. On peut y lire une certaine méfiance sous la plume de Robert Ichah : « Que faut-il penser de ce syndicat qui n’ose dire son nom ? Il constitue une bonne chose dans la mesure où les footballeurs prennent conscience de la nécessité de s’organiser afin de donner à leur profession des bases plus saines et plus solides [24]. » Ayant dû obtenir l’autorisation du Groupement, instance nationale qui gère le football professionnel en France, le journaliste espère que le syndicat deviendra « un organe de combat et non une association immobiliste dont l’inaction paralyserait toute tentative de regroupement réel des forces et des bonnes volontés [25] ». Le syndicat, « baptisé union par souci d’euphémisation [26] », permet de centraliser les démarches des joueurs. Il possède une double fonction en tant qu’instance de représentation des joueurs et de contre-propositions dans les négociations avec le Groupement du football professionnel. Il possède aussi une double légitimité : sportive, avec Just Fontaine notamment, et juridique, avec Eugène Njo Léa et Jacques Bertrand. L’UNFP doit permettre de transformer les luttes ponctuelles des footballeurs en mouvement, c’est-à-dire en action collective et continue, capable de produire une parole publique qui respecte le point de vue des footballeurs professionnels. Il s’agit, pour les représentants syndicaux, de réussir à créer un sentiment d’appartenance à une même corporation malgré les différences de salaires et de statuts qui existent à l’intérieur des clubs. Selon Michel Hidalgo, président de l’UNFP de 1964 à 1969, il s’agit de retrouver l’esprit « des combats menés en tant qu’ouvriers avant de devenir footballeurs [27] ». Malgré cela, en octobre 1972, François Thébaud doute encore de l’efficacité de ce syndicat qui « s’est totalement intégré à une organisation du football professionnel qui a toujours bafoué les intérêts et la dignité des footballeurs [28] ». Il reproche à l’UNFP de ne pas avoir adhéré à une centrale syndicale, « pour participer à la lutte revendicative de tous les travailleurs [29] ». François Thébaud oppose ici l’UNFP à la Player’s Union [30] (syndicat des footballeurs professionnels au Royaume-Uni) qui a adhéré au Trade Union. Pourtant, l’un des premiers objectifs de l’UNFP est de remettre en cause le système des transferts, cible « de l’offensive du Miroir dans son combat pour la dignité des joueurs [31] ». Dans le premier numéro du mensuel publié en janvier 1960, François Thébaud présente le transfert comme un système qui nuit aux footballeurs professionnels, qui « les ravale au rang de marchandises, leur dénie le droit de participer à la gestion de leur sport, leur vaut trop souvent des sarcasmes de gens ignorant la difficulté technique du jeu et les servitudes de leur métier [32] ». En plus de vouloir réformer le statut du joueur en remettant en cause le contrat, l’UNFP veut aussi mettre en place un régime complémentaire de retraite et de prévoyance. Pour cela, les joueurs sont prêts à renoncer à leur prime à la signature contre une participation des clubs à cette caisse de prévoyance. En 1964, le Groupement reconnaît à l’UNFP le droit de participer aux commissions paritaires en cas de rupture de contrat entre un joueur et son club. Ainsi défendu, le joueur n’est plus seul face à ses dirigeants. La même année, le président de la FFF, celui de l’UNFP et le secrétaire d’État Maurice Herzog signent la première convention collective du football qui institue un régime de prévoyance et permet au joueur de percevoir un pécule de fin de carrière contre le renoncement à la prime de signature. Cette convention prévoit la mise en place d’un nouveau contrat pour la saison 1968-1969, le contrat à durée déterminée. En effet, dans les premiers temps du professionnalisme, la question du transfert est réglée unilatéralement par le dirigeant. Depuis 1932, le joueur est lié à son club, par contrat, jusqu’à ses 35 ans. La seule possibilité de changer de club est d’être transféré par le président, de sa propre initiative. Le joueur n’a alors aucune possibilité de remettre en cause la décision de son président. La période des transferts, une seule à l’époque durant la saison estivale, voit les présidents de clubs vendre, troquer, acheter des joueurs, le transfert se révélant être selon François Thébaud et les correspondants de Miroir du football « une atteinte à la dignité humaine [33] ». En 1967, Jean Sadoul, ancien président du club d’Alès, est élu à la tête du Groupement. Il reconnaît le caractère léonin du contrat et promet un nouveau contrat pour la fin de la saison 1967-1968. L’opposition des clubs empêche le nouveau contrat d’entrer en vigueur en juillet 1968. Face à la montée des tensions entre joueurs et dirigeants, Louis Deur, président du Football Club de Sochaux, propose de mettre en œuvre, en juillet 1969, le contrat à temps, « grande victoire pour les footballeurs [34] », nouveau contrat à durée déterminée qui permet d’établir clairement les durées du contrat selon les âges des joueurs. D’après l’Annuaire de la Fédération française de football pour la saison 1969-1970, le premier contrat pour un amateur doit avoir une durée de trois saisons, suivi d’autres contrats d’une durée d’une à quatre saisons selon l’âge. Ceux qui, au 1er juillet, ont moins de 24 ans signent pour quatre saisons au minimum, ceux qui ont entre 24 et 27 ans pour trois saisons, entre 27 et 29 ans pour deux saisons, et pour au moins une saison pour ceux de 30 ans et plus. Qualifié de « marché de dupes [35] » par les rédacteurs de Miroir du football, ce nouveau contrat ne remporte pas non plus l’adhésion des présidents qui craignent d’être pillés par les clubs étrangers avec l’instauration de la libre circulation de la main-d’œuvre à l’intérieur de la Communauté économique européenne (CEE) depuis le 1er juillet 1968. Il est d’ailleurs intéressant de voir que les dirigeants reconnaissent alors au footballeur un statut de travailleur commun, statut qu’ils lui refuseront lors de la grève. Après l’affaire Bosquier-Carnus en 1971 [36], les dirigeants modifient unilatéralement le contrat, imposant une durée minimale de cinq ans pour le premier contrat professionnel. D’autres modifications suivent et la même année, Marius Trésor se retrouve lié au club d’Ajaccio pour une durée de huit ans. En juillet 1972, le Groupement modifie d’autorité le contrat, ce qui réveille les craintes des joueurs et de l’UNFP. Le premier contrat passe de trois à cinq ans, les dirigeants rétablissent la notion de transfert et mettent fin à la liberté du joueur au terme de son contrat, car celui-ci ou son nouveau club doit verser une somme au club quitté. II. Le congrès de Versailles et la grève des 2 et 3 décembre 1972 1) Les footballeurs réunis à Versailles Le 28 novembre 1972, l’UNFP organise son congrès annuel au Palais des Congrès de Versailles et invite tous les joueurs français à participer aux « états généraux du football français [37] ». Il s’agit pour le syndicat de discuter des modifications imposées unilatéralement par le Groupement, notamment en ce qui concerne le transfert des joueurs. Le Groupement envoie un courrier aux dirigeants de clubs dans lequel il enjoint à ceux-ci de ne pas libérer leurs joueurs pour le congrès, seule la présence des délégués syndicaux étant admise. Pourtant, ils sont plus de 250 joueurs à « braver les lourdes menaces de leurs dirigeants » pour venir participer à « fête du football [38] ». À ces joueurs français s’ajoutent des professionnels étrangers, venus « obtenir une liberté contractuelle identique à celle des joueurs français, que les dirigeants essaient de remettre en cause [39] ». Ce congrès est une réussite « puisqu’aucun club n’était défaillant [40] ». Le soir, un match à dimension symbolique, interdit par les dirigeants, oppose une sélection de l’UNFP contre une sélection FIFPRO [41]. La rencontre n’attire que 5 000 personnes en raison d’un manque de publicité et de la « discrétion de la majorité des organes d’information qui préfèrent les bonnes relations avec les dirigeants que le soutien aux joueurs [42] ». Dans son compte rendu qu’il fait du match, Francis Le Goulven insiste sur la qualité du spectacle proposé, « un jeu constructif […] dégagé des permanentes contraintes [43] » du football d’alors. Le match apparaît comme une théâtralisation, non pas de la grève, mais de la solidarité entre joueurs professionnels français et étrangers. Deux ans plus tard, les professionnels du Red Star n’hésitent pas à aller affronter une équipe formée par les grévistes de Rateau afin de soutenir ces derniers dans leur mouvement de grève [44]. 2) La grève À la suite de cette « restauration de l’esprit de fraternité que les assises du football internationales ont magnifié [45] », l’Union des joueurs décide qu’en cas de sanction prise par les dirigeants contre un joueur venu assister au congrès, un mouvement de grève sera lancé le dimanche suivant. Dans les jours qui suivent le congrès, les dirigeants de certains clubs menacent de prendre des sanctions contre les joueurs s’étant déplacés à Versailles sans autorisation. François Thébaud dénonce « l’autoritarisme de plus en plus virulent des pouvoirs dirigeants [46] », visant le Groupement, mais aussi les présidents les plus influents comme Roger Rocher à Saint-Étienne, René Gallian à Marseille, ou Roger Loeillet à Nice. Certains dirigeants, comme le président stéphanois Roger Rocher, utilisent le lock-out et empêchent les joueurs d’accéder aux installations durant la semaine qui suit le congrès de l’UNFP. Qualifié de « méthode de résistance radicale [47] » par l’historien Stéphane Sirot, ce mode d’action s’inscrit, dans l’esprit des dirigeants, « en représailles, voire en dernier recours, contre des formes d’organisation, des modes d’action qu’il[s] estime[nt] particulièrement nocifs et intolérables [48] ». De leur côté, les dirigeants lyonnais décident de ne pas convoquer huit joueurs (Chauveau, Baeza, Lhomme, Prost, Chiesa, Di Nallo, Lacombe et Ravier) pour le match du championnat professionnel des 2 et 3 décembre et de les envoyer jouer avec les amateurs en troisième division. Il s’agit là de sanctionner le déplacement des joueurs dont l’absence à l’entraînement avait été constatée par huissier de justice. Seul Raymond Domenech, délégué syndical, est convoqué pour le match professionnel contre le Sporting Club de Bastia. Ces comportements témoignent de « l’incapacité des dirigeants à accepter des règles qui les dessaisissent de leur pouvoir absolu sur les joueurs [49] ». L’UNFP ne tolère pas l’attitude des dirigeants lyonnais et malgré des tentatives de négociation, dépose un préavis de grève pour la journée des 2 et 3 décembre 1972. Il s’agit là, pour les footballeurs, selon François Thébaud, de faire « grève pour défendre leurs intérêts et leur dignité [50] ». Le matin du 3 décembre, dans un courrier adressé à tous les clubs, Jean Sadoul, « patron du syndicat des dirigeants [51] », prie ces derniers de faire jouer leur équipe, quitte à utiliser des joueurs amateurs. Cette demande rappelle la menace employée par la FFF en février 1963 face à la menace de grève qui planait sur le match international France-Angleterre. Lors de ce week-end, seulement deux rencontres se déroulent dans des conditions normales, entre effectifs professionnels (Stade rennais-Olympique Gymnaste Club de Nice et Football Club de Nantes-Sporting Club de Nîmes). Certaines équipes, comme Sedan, ne se déplacent même pas, d’autres, comme les joueurs de l’AC Ajaccio, se rendent à Reims et, après discussions avec les joueurs rémois, refusent de jouer. Si dans les faits cette grève a su « répondre par une efficace manifestation de force aux sanctions prises contre des joueurs [52] », François Thébaud insiste sur le manque de visibilité de l’action et de ses motifs auprès du grand public. Sans centrale syndicale, les joueurs n’ont pu communiquer efficacement auprès de ce dernier pour justifier leur action. Les spectateurs n’ont pas répondu présents au match organisé par l’UNFP « et il est vraisemblable qu’ils auraient mieux considéré la grève si l’UNFP s’était appuyée sur une grande centrale syndicale [53] ». Selon lui, adhérer à une centrale syndicale serait une nécessité pour inscrire le combat des joueurs dans le combat de tous les actifs afin « de s’assurer de la compréhension et de la solidarité entière de TOUS les travailleurs [54] ». Selon François Thébaud, le footballeur doit cesser de se tenir à l’écart du reste des travailleurs, « car c’est seulement avec l’appui des autres qu’une profession aussi faible numériquement pourra secouer la tutelle d’une féodalité qui a bien su se procurer de puissants appuis en dépit de son impopularité [55] ». Face à cette critique récurrente émise dans les colonnes de Miroir du football, Jacques Mouilleron, joueur du Red Star, défend la position apolitique prônée par Philippe Piat et l’UNFP. Présenté comme « un professionnel-type », « issu de la classe ouvrière », il estime qu’adhérer à une centrale syndicale reviendrait à « courir le risque de détruire l’unité du syndicat », qu’il y « aurait certainement désaccord pour le choix [56] » de celle-ci, désaccord dont pourraient profiter les dirigeants. En effet, faute d’organisation et d’encadrement compétent, les joueurs se retrouvent face « aux formes élémentaires de la domination [57] » par des dirigeants dont la relation s’apparente à « une domination directe d’une personne sur une personne dont la limite est l’appropriation personnelle, c’est-à-dire l’esclavage [58] ». Le président, au ton paternaliste, voire infantilisant, réussit à créer avec le joueur « une alchimie symbolique qui lui permet de nommer des rapports de réelle dépendance, voire de franche soumission, d’une manière qui ne rompe pas le charme d’une relation enchantée et sublimée [59] ». Si la presse sportive française cherche des coupables, pour Miroir du football, il ne fait aucun doute que « la responsabilité des dirigeants [est] établie par les faits [60] ». Le bimensuel regrette que les dirigeants aient « recherché délibérément l’épreuve de force [61] ». Ils semblent cependant avoir sous-estimé l’esprit de solidarité des joueurs. Le passé avait donné raison aux dirigeants à deux reprises et ils « pensaient en effet que l’esprit de solidarité des joueurs ne résisterait pas à la manœuvre qu’ils avaient échafaudée [62] ». La réussite de cette grève témoigne aussi du manque de solidarité chez les dirigeants (certains acceptent le déplacement de leurs joueurs à Versailles, comme le président du Lille Olympique Sporting Club ou le président Sanchez du Red Star), et le fait que les dirigeants n’ont pas cru en la capacité d’organisation et de lutte des joueurs et de leur syndicat. III. L’intervention de l’État et la sortie de grève 1) L'intervention de Joseph Comiti La journée de championnat des 2 et 3 décembre a donc été perturbée par le mouvement des joueurs. Le football français semble alors dans l’impasse et les relations entre joueurs et dirigeants des plus tendues. Stéphane Sirot a montré que l’accroissement des interventions extérieures médiatrices constitue une tendance qui facilite l’ouverture des discussions et leur aboutissement [63]. Dans ces conditions, ce sont souvent les pouvoirs publics qui sont mis à contribution, à l’image de la grève des footballeurs. En effet, depuis le début de la grève, la FFF est restée discrète, préférant laisser le soin au Groupement et à l’UNFP de régler leur différend. En cette fin d’année 1972, elle prépare ses élections entre un président sortant, Jacques Georges, souvent présenté comme apathique, et son successeur désigné, Fernand Sastre, fonctionnaire détaché de l’Administration des Finances. En janvier 1973, Joseph Comiti, secrétaire d’État à la Jeunesse, aux Sports et aux Loisirs, et le colonel Marceau Crespin, directeur des Sports, sont chargés de régler le conflit, l’État reprenant la main sur une Fédération un peu trop attentiste. Ce n’est pas la première fois que l’État intervient dans le football professionnel. En 1961, Maurice Herzog, chargé des Sports dans le gouvernement Debré, « s’arroge le droit d’intervenir dans la vie du football français pour limiter arbitrairement son activité [64] » et impose l’interruption des matchs de football durant la saison estivale pour favoriser le développement de la pratique d’autres sports, et notamment de l’athlétisme. Cette intervention de l’État est redoutée par les deux camps. Les dirigeants du football auraient préféré régler cette affaire en interne, avec la Fédération, alors que les joueurs craignent l’intervention du secrétaire d’État qui critique l’intervention de l’UNFP dans le quotidien L’Humanité : « Le syndicalisme fait son entrée dans le sport. J’espère que ce sera une entrée et une sortie [65]. » On apprend aussi dans la presse que le week-end de la grève, le colonel Crespin était à la chasse avec Jean Sadoul, président du Groupement. De son côté, l’UNFP souhaite être entendue par Edgar Faure, le ministre des Affaires sociales. Les protagonistes de la grève sont invités le 6 décembre pour « une séance de conciliation chez M. Comiti [66] ». Selon François Thébaud, cette entrevue est une victoire puisque « les dirigeants ont baissé le ton » et cette réunion a eu pour « conséquences la remise en application provisoire du contrat à temps exigé par les joueurs [67] ». 2) Philippe Séguin et la Charte du football Souhaitant mener une mission d’information sur le football français, Joseph Comiti nomme Philippe Séguin, auditeur à la Cour des comptes, pour diriger celle-ci et remettre un prérapport pour le 15 janvier. Cette nomination s’apparente à une résurgence de la loi du 31 décembre 1936 sur les conventions collectives, visant à désigner un arbitre accepté par les deux camps. Joseph Comiti souhaite jeter les bases d’un avenir solide pour le football professionnel français. Il désire rétablir un climat de confiance entre toutes les parties, et veiller à la bonne santé financière des clubs, donc à leur pérennisation après les faillites dans les années soixante. Philippe Séguin se voit confier une triple mission : analyser et vérifier les structures des clubs à section professionnelle (statuts, fiscalité, direction, etc.), travailler à la refonte du statut du joueur (situation contractuelle, formation professionnelle et débouchés) et enfin repenser l’insertion du Groupement du football professionnel dans les structures de la FFF. Le rapport de Philippe Séguin doit permettre de jeter les bases d’un football moderne, sorte de constitution pour le monde du football professionnel. Il s’agit aussi de repenser le transfert, « pratique dégradante [68] » selon François Thébaud. La Charte apparaît comme un nouveau règlement pour le milieu du football professionnel, prévoyant notamment la création de centres de formation. Elle établit une classification des joueurs selon qu’ils sont, pour la première division, aspirants, stagiaires ou professionnels, avec des contrats différents. Elle détermine aussi pour chaque catégorie un barème de rémunération. Par exemple, les jeunes joueurs de 16 ans accèdent au statut d’aspirant et perçoivent une rémunération correspondant à 40 % du SMIC la première année et 60 % la seconde. Après ces deux années, l’aspirant signe un contrat de stagiaire qui le lie à son club formateur pour deux nouvelles années et touche une rémunération inférieure ou égale au montant du SMIC. À la fin de ces quatre années, le stagiaire est contraint de signer un contrat de quatre ans dans son club, terme au bout duquel il devient libre de signer où il le veut. S’il refuse de signer son premier contrat professionnel avec son club formateur, il lui est interdit de signer dans un autre club professionnel pendant dix ans. La Charte établit aussi une échelle de sanctions à insérer obligatoirement dans les règlements intérieurs des clubs. Enfin, elle fixe une procédure destinée à régler en particulier les litiges et les conflits. Le souhait de François Thébaud de voir disparaître le terme « transfert » est exaucé puisque la Charte le remplace par la notion de « résiliation de contrat ». La grève « a donc été victorieuse [69] » en empêchant la journée de se dérouler normalement, en témoignant de la solidarité des joueurs et en modifiant les contrats et les règles du transfert. Conclusion Notre analyse a cherché à rendre compte de la première grève des footballeurs professionnels, la grève étant « le moyen qu’emploient tous les salariés pour défendre leurs droits [70] », les footballeurs pratiquant « un métier dangereux, à la rentabilité aléatoire et réduite [71] ». Avec cette grève, les footballeurs semblent avoir pris conscience de leur force, ce qui apparaissait comme un motif d’espoir pour François Thébaud dans le premier numéro de Miroir du football. L’étude de cette première grève des footballeurs s’inscrit aussi dans l’avènement d’une véritable morale évènementielle de l’action collective permettant à l’historien, et à l’historien du sport de s’intéresser aux traces de cette pensée par évènement [72]. Dans le prolongement de mai 1968, les années 1970 constituent en France un « âge d’or des luttes [73] ». En effet, les historiens Claude Durand et Pierre Dubois relèvent plus de 120 grèves qui se déroulent en 1971, de Batignolles au Mans [74]. Commencée avec la grève du Joint français à Saint-Brieuc [75] qui monopolise l’attention du public et des travailleurs, la grève des footballeurs professionnels ponctue une année riche en revendication sociale. Selon Miroir du football, le dimanche 3 décembre 1972 est une « date absolument historique dans l’histoire du football français [76] », et il est vrai que cette mobilisation a permis de mettre fin « au système esclavagiste des transferts [77] » qu’avait tenté de réimposer le Groupement. À l’image de la grève chez Rateau de 1974, la grève des joueurs, après l’intervention conciliatrice de l’État, illustre le « triomphe d’une culture évènementielle de l’action collective [78] ». En faisant cette grève, les joueurs se sont rendus maîtres des enjeux et des motifs de l’action collective et de sa rhétorique, à la manière de la « conscience ouvrière de conjoncture » évoquée par Michelle Perrot [79]. Mais si Miroir du football assimile cette grève à un succès [80], en 1974, André Hélard présente encore le footballeur comme « un pion sur l’échiquier », dont « les droits sont réduits et les pouvoirs sont nuls ». Et s’il est vrai que la grève avait fait avancer certains dossiers, la situation du football français, et des footballeurs, restait encore à consolider. La grève et le football s’invitent aux « Dossiers de l’écran » le 16 janvier 1973. Représentés par Jean Sadoul, Fernand Sastre, président de la Fédération, et Jules Boulogne, le sélectionneur, les dirigeants refusent la présence de Just Fontaine et Guy Champagne et le seul contradicteur est François Thébaud. Cette situation révèle une fragilité dans la perception des joueurs dans le nouveau champ médiatique que représente la télévision, celle-ci illustrant la consolidation du marché médiatique sur lequel « se négocient désormais l’existence, la signification et parfois l’issue des mobilisations collectives [81] ». Ces dissensions illustrent les idées de Guy Caire pour qui la relation entre grève, syndicalisation et politisation est « un phénomène complexe et controversé [82] ». |
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[1] Clément Mathieu, « En 2010, dans les coulisses de la grève des Bleus », Paris Match [en ligne], 2020, disponible sur https://www.parismatch.com/Actu/Sport/Coupe-du-Monde-au-coeur-de-la-mutinerie-des-Bleus-159101, page consultée le 04/02/2025.
[2] L’Équipe, 19 juin 2010.
[3] Christian Bromberger, Football, la bagatelle la plus sérieuse du monde, Paris, Bayard, 1998, p. 13. de Metz, 2007, p. 107-123.
[4] Didier Demazière, William Nuytens [dir.], Un monde foot, foot, foot, Condé-sur-Noireau, Éditions Corlet, 2002, p. 9.
[5] Alain Leiblang, Faouzi Mahjoub, François-René Simon, Les enragés du football. L’autre Mai 68, Paris, Calmann-Lévy, 2008.
[6] Claude Willard [dir.], La France ouvrière, t. 3, De 1968 à nos jours, Paris, Éditions de l’atelier, 1995, p. 37.
[7] Jean Rivero, Jean Savatier, Droit du travail, Paris, Presses universitaires de France, 1975 [6e édition].
[8] Guy Caire, La grève ouvrière, Paris, Éditions ouvrières, 1978, p. 7.
[9] Nicholas Fischwick, English Football and Society, Manchester, Manchester University Press, 1988, p. 70.
[10] L’Humanité, 23 juin 1949.
[11] Le Populaire, 22 mars 1937.
[12] Miroir du football, juillet 1960, no 7, p. 3.
[13] Almanach du football 1946, Paris, « Ce Soir » Éditions, 1946.
[14] Alfred Wahl, Pierre Lanfranchi, Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Paris, Hachette, 1995, p. 101-108.
[15] Jules Rimet est président de la Fédération française de football (FFF) de 1919 à 1942 puis de 1944 à 1949. Il est aussi président de la Fédération internationale de football association (FIFA) de 1921 à 1954.
[16] Miroir du football, décembre 1972, no 183, p. 3.
[17] Miroir-Sprint, 18 février 1952.
[18] Football Magazine, mars 1961, no 1, p. 4.
[19] Alfred Wahl, Pierre Lanfranchi, Les footballeurs professionnels, op. cit.
[20] Né au Cameroun en 1951, Eugène Njo Léa débute sa carrière professionnelle à Saint-Étienne où il termine deuxième meilleur buteur du championnat derrière Just Fontaine en 1957. Il rejoint l’Olympique lyonnais en 1959. À Lyon, il obtient son doctorat en droit avant de signer au Racing Club de Paris en 1961. Il devient ensuite ambassadeur du Cameroun à Paris.
[21] UNFP, Magazine collector 40 ans, Paris, UNFP, 2001, p. 38.
[22] Lors de la Coupe du monde disputée en 1958 en Suède, Just Fontaine inscrit 13 buts. C’est encore aujourd’hui le record de buts marqués en phase finale de l’épreuve.
[23] L’UNFP est créée par Just Fontaine, Eugène Njo Léa, Jacques Bertand et Norbert Eschmann.
[24] Miroir du football, janvier 1962, no 25.
[25] Ibid.
[26] Jean-Michel Faure, Charles Suaud, Le football professionnel à la française, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 83.
[27] UNFP, op. cit., p. 43.
[28] Miroir du football, octobre 1972, no 177, p. 3.
[29] Ibid.
[30] L’association Football Players’ and Trainers’ est fondée en 1907 par Billy Meredith et Charlie Roberts et rejoint en 1909 la General Federation of Trade Unions.
[31] François Thébaud, Le temps du Miroir : une autre idée du football et du journalisme, Paris, Éditions Albatros, 1982, p. 77.
[32] Miroir du football, janvier 1960, no 1, p. 5.
[33] Miroir du football, juillet 1960, no 7, p. 3.
[34] Miroir du football, août 1972, no 174, p. 2.
[35] Miroir du football, août 1969, no 121, p. 15.
[36] Au printemps 1971, Georges Carnus et Bosquier, joueurs à l’Association sportive de Saint-Étienne, signent un contrat en faveur de l’Olympique de Marseille pour la saison suivante. Quelques semaines plus tard, l’Olympique de Marseille bat en championnat l’AS Saint-Étienne. Les deux joueurs sont accusés d’avoir faussé la rencontre et sont suspendus par leur club et par le Groupement.
[37] UNFP, Magazine collector, op. cit., p. 5.
[38] Miroir du football, décembre 1972, no 182, p. 20.
[39] Ibid.
[40] Ibid.
[41] La Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels est créée en 1966 sous l’impulsion et la conduite de l’UNFP.
[42] Miroir du football, décembre 1972, no 182, p. 20.
[43] Ibid.
[44] Christophe Granger, « Le match et la grève, ou les usages militants de l’évènement (années 1970) », Sociétés & Représentations, 2011, no 32, p. 111-134.
[45] Miroir du football, décembre 1972, no 182, p. 3.
[46] Ibid.
[47] Stéphane Sirot, La grève en France, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 210.
[48] Michelle Perrot, Les ouvriers en grève. France, 1871-1890, t. 2, Paris, Mouton, 1974, p. 685.
[49] Alfred Wahl, Pierre Lanfranchi, Les footballeurs professionnels, op. cit., p. 184.
[50] Miroir du football, décembre 1972, no 182, p. 3.
[51] Ibid.
[52] Miroir du football, décembre 1972, no 183, p. 19.
[53] Miroir du football, décembre 1972, no 182, p. 3.
[54] Ibid.
[55] Miroir du football, décembre 1971, no 158, p. 33.
[56] Miroir du football, décembre 1972, no 183, p. 25.
[57] Pierre Bourdieu, Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 223.
[58] Ibid.
[59] Jean-Michel Faure, Charles Suaud, Le football professionnel à la française, op. cit., p. 72.
[60] Miroir du football, décembre 1972, no 183, p. 3.
[61] Ibid., p. 19.
[62] Ibid., p. 3.
[63] Stéphane Sirot, La grève en France, op. cit., p. 113.
[64] Miroir du football, juin 1961, no 18, p. 17.
[65] L’Humanité, 6 décembre 1972.
[66] Miroir du football, décembre 1972, no 183, p. 3.
[67] Ibid.
[68] Ibid.
[69] Ibid., p. 18.
[70] Ibid.
[71] Miroir du football, janvier 1960, no 1, p. 5.
[72] Olivier Fillieule, Éric Agrikoliansky, Isabelle Sommier [dir.], Penser les mouvements sociaux. Conflits sociaux et contestations dans les sociétés contemporaines, Paris, La Découverte, 2010.
[73] Lilian Mathieu, Les années 70, un âge d’or des luttes ?, Paris, Textuel, 2009.
[74] Claude Durand, Pierre Dubois, La grève, Paris, Presses de Sciences Po, 1975.
[75] Patrick Harismendy, Gilles Richard [dir.], Le Joint français, printemps 1972. Les échos d’une grève en Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024.
[76] Miroir du football, décembre 1972, no 183, p. 26.
[77] Ibid., p. 2.
[78] Christophe Granger, « Le match et la grève, ou les usages militants de l’évènement (années 1970) », art. cité, p. 134.
[79] Michelle Perrot, Les ouvriers en grève, op. cit., vol. 3, p. 101-149.
[80] Miroir du football, septembre 1974, no 226, p. 18.
[81] Christophe Granger, « Le match et la grève, ou les usages militants de l’évènement (années 1970) », art. cité, p. 134.
[82] Guy Caire, La grève ouvrière, op. cit., p. 53.
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![]() Pour citer cet article : Laurent Bocquillon, « Miroir du football et la première grève du football français », dans Miroir du football, Olivier Chovaux et Karen Bretin [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 29 septembre 2025, n° 21, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. |
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