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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-UBE |
Territoires contemporains | |
Miroir du football, un autre sport dans la presse rouge ? (1958-1979) | ||||||||||||||||||||||||
Miroir du football : un regard communiste sur le football (1958-1979) ? | ||||||||||||||||||||||||
Jean Vigreux et Léo Rosell | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | |||||||||||||||||||||||
RÉSUMÉ
Miroir du football, publié de 1958 à 1979, est un mensuel proche du Parti communiste français. Il s’agit d’en mesurer la culture spécifique, mais aussi de s’interroger sur l’existence d’une lecture politique de l’actualité sportive et spécifiquement du football comme pratique sportive en mutation à l’échelle mondiale. Miroir du football se distingue par la mise en avant du « beau jeu » prônant un football tourné vers l’attaque. Manifestant une grande expertise dans l’analyse technique et tactique du football, et par son engagement en faveur d’un style de jeu résolument offensif, considéré comme « authentique », il développe au cours de ces années une voie originale. De surcroît, Miroir du football prête une attention particulière au football international (et non seulement aux clubs français) et s’attache à mettre en évidence les formations les plus modestes, de même que les résultats des plus jeunes pratiquants. |
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Introduction « Footballeurs… Prenez conscience de votre force [1]. » C’est par ces mots que François Thébaud lance Miroir du football dans son éditorial de janvier 1960. Dans cette optique, il semble utile de vérifier la ligne politique implicite de cette nouvelle revue, dans la mesure où il s’agit d’une publication éditée par Miroir-Sprint, réputé proche du Parti communiste français (PCF). Au croisement d’une riche historiographie sur le football [2], mais aussi sur le PCF et ses pratiques culturelles et sportives [3], cet article invite à mieux comprendre la dimension politique de Miroir du football. Peut-on repérer une politisation de l’actualité sportive dans la culture communiste ou s’agit-il simplement d’un usage aléatoire, voire accidentel ? Ce mensuel propose-t-il une analyse marxiste du jeu et une dénonciation du football business ? Se conforme-t-il toujours à la ligne politique centralisée du parti ? Le suivi de l’actualité sportive internationale, et notamment des équipes du bloc communiste, peut par ailleurs prêter à des commentaires d’ordre politique. En écho à l’engagement internationaliste du PCF, les considérations sur les équilibres géopolitiques du football en voie de mondialisation rejoignent ici les discours de politique internationale. Grâce à un dépouillement exhaustif du corpus rendu possible par sa numérisation, il est possible de repérer les dimensions politiques d’un point de vue théorique, mais aussi culturel, sans négliger les contextes de tactique et de stratégie. D’autre part, cette enquête sera complétée par une recherche au sein des archives du PCF (secrétariat, bureau politique, etc. [4]), mais aussi auprès d’anciens responsables communistes. Cet article interrogera donc les éventuelles évolutions éditoriales de Miroir du football, en regard des orientations prises par la direction du PCF et du rôle idéologique qu’elle compte donner ou non à la presse sportive éditée par Miroir-Sprint. I. Une conception marxiste, mais hétérodoxe du football 1) Un football émancipateur, produit du matérialisme historique… Le Miroir du football part avant toute chose de la revendication d’un football émancipateur, lié au plaisir de jouer. Contre une conception défensive et individualiste du football, qui règne alors au sein de la Fédération française de football (FFF), le « vrai football » défendu par les rédacteurs du magazine doit être à la fois offensif et spectaculaire, tout en posant la question de l’articulation entre l’individu et le collectif. Parmi les différents articles consacrés à cette thématique, l’éditorial de François Thébaud qui ouvre le premier numéro s’adresse directement à ses « frères », les footballeurs, et leur rappelle que leur « sport exige le concours constant de l’intelligence. Ses problèmes multiformes suscitent les initiatives individuelles les plus étonnantes, les inspirations créatrices collectives les plus stupéfiantes [5] ». Cette valorisation d’un football émancipateur, collectif autant que créatif, se maintient à travers le temps dans les colonnes du magazine. Elle est par exemple réaffirmée dans un long article d’André Hélard, paru en 1974, d’autant plus intéressant qu’il présente le football comme un produit du matérialisme historique. L’auteur raconte ainsi que né vers 1860 dans l’Angleterre de la révolution industrielle, le football est une création des ouvriers et […] cette origine, ces conditions de la naissance du football s’expliquent en un premier temps par la nécessité d’une compensation physique : redonner aux membres inférieurs une possibilité de développement, ou tout simplement d’activité que les conditions du travail à la chaîne leur ont enlevée [6]. Replacé dans les conditions sociohistoriques de l’Angleterre du xixe siècle, le football répond à une nécessité physique elle-même liée à la révolution qui s’opère dans les rapports de production. Si l’auteur semble ignorer le fait que le football, comme sport moderne, est né dans les public schools anglaises, il est vrai que ce jeu s’inspire de pratiques populaires anciennes, et que la classe ouvrière anglaise s’approprie rapidement les règles formalisées dans les Laws of the Game du Football Association [7]. Suivant une grille de lecture inspirée du matérialisme historique, André Hélard construit son propos autour de deux points fondamentaux. Le football apparaît d’abord comme un produit de l’infrastructure économique, « le reflet du nouveau mode de production », l’auteur trouvant « logique que le passage d’un mode de travail individuel à un mode de travail collectif entraîne l’apparition d’un sport lui aussi collectif ». Cette vision, presque mécaniste, n’empêche pas l’auteur d’insister, dans un second temps, sur le fait que le football, conséquence de la révolution industrielle, n’est pas une simple reproduction de la nouvelle condition ouvrière […] ; ou plutôt tout en offrant comme l’art et le jeu la possibilité de compenser ce que la réalité a d’insatisfaisant (et le rêve a aussi cette fonction), il est essentiellement expression. Expression d’un double désir : le désir de possession et le désir d’une réalité cohérente. Si le désir de possession dont il est question peut exprimer l’aspiration à la possession de la balle au cœur du jeu collectif, ce passage illustre également l’influence des thèses freudo-marxistes dans le champ intellectuel français de ces « années 1968 [8] ». La dimension émancipatrice de l’art, du jeu et du rêve trouverait en effet un écho dans la capacité du football à exprimer le désir créateur de l’individu. La perfectibilité de la réalité, des conditions matérielles et morales de la société, est alors mise en évidence, et le football participe de ce dévoilement.Ainsi le football est-il affirmation, création d’une mini-société où l’épanouissement de chacun est possible dans le cadre d’une collectivité (l’équipe). […] Cette mini-société n’est-elle pas déjà une préfiguration de cette société future dont parle Marx et qu’il définit ainsi : « Une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous [9]. » Cette mini-société footballistique, qui obéit à ses propres règles, crée selon l’auteur les conditions d’une articulation entre émancipation individuelle du joueur et épanouissement collectif de l’équipe, donnant lieu à l’une des rares références directes à l’œuvre de Marx dans les pages de Miroir du football. La citation choisie par l’auteur, tirée du Manifeste du parti communiste et resituée dans son contexte, va jusqu’à suggérer une comparaison entre football et communisme, ou propose a minima l’idée que les deux concourent au même processus de libre développement de l’individu et du collectif. 2) La défense du sport ouvrier et amateur : « le football aux footballeurs », un idéal démocratique En tant que producteurs du jeu auquel ils contribuent directement, les footballeurs doivent engager, selon les journalistes de Miroir du football, un combat pour la souveraineté sur le football. La rhétorique marxiste de la légitimité du nombre contre les pouvoirs oligarchiques et antidémocratiques, représentés par la FFF en France et par la Fédération internationale de football association (FIFA) dans le monde, associe alors l’image des footballeurs à celle de prolétaires qui doivent « prendre conscience de leur force » pour briser les chaînes qui retiennent leur créativité et entravent leur émancipation. Dans les colonnes du magazine, cet engagement, qui peut sembler incantatoire, passe par une couverture significative du sport ouvrier et plus généralement, du sport amateur. Ce dernier est en effet d’autant plus défendu qu’il peut servir de laboratoire aux thèses exprimées dans le magazine. Ainsi, les exemples des Minimes de Vitry et encore davantage du Stade lamballais [10] prouvent que le « beau » football promu par le journal peut être réalisé à toutes les échelles, des juniors aux séniors, du district à l’élite professionnelle. Par ailleurs, l’équipe de Miroir du football contribue à sa façon à l’agitation de mai-juin 1968 [11], occasion de faire avancer ses idées autogestionnaires et démocratiques dans le monde du football [12]. Lors d’une soirée chez Pierre Lameignère, l’idée d’occuper le 60 bis, avenue d’Iéna, siège de la FFF, est lancée. Le 22 mai au matin, le bâtiment est occupé par des membres de la rédaction tels que François Thébaud, Francis Le Goulven, Jean Norval, Maurice Ragonneau ou Daniel Watrin, mais aussi par des joueurs gravitant autour du magazine. Le drapeau rouge est hissé tandis que deux banderoles sont accrochées sur la façade : « La Fédération, propriété des 600 000 footballeurs » et « Le football aux footballeurs ! ». Par ailleurs, un comité d’action des footballeurs publie un tract qui affirme sa solidarité avec ceux qui occupent les usines et les universités, ainsi que des revendications spécifiques pour « libérer le football de l’argent des pseudo-mécènes incompétents qui sont à l’origine du pourrissement du football [13] ». Il faut toutefois attendre le mois de juillet pour que les colonnes du magazine donnent un écho au mouvement. Dans un article expliquant « comment rendre le football aux footballeurs », François Thébaud reprend les principales revendications du comité d’action des footballeurs, estimant que le point de départ de cette refonte se situe à la base, dans le club, où les joueurs peuvent et doivent s’intéresser à l’élection de leurs dirigeants, qui deviendront ainsi réellement leurs représentants. Mais quel élément nouveau provoquera cette véritable révolution ? La subvention d’État qui, en assurant l’existence matérielle du club, le libérera du dirigeant-mécène élu d’office, et permettra aux footballeurs de choisir un Président sur les seuls critères de la compétence et du dévouement [14]. La subvention d’État, reconnaissance de l’intervention étatique pour garantir l’autonomie des clubs vis-à-vis des notables, dans un sens quasi collectiviste, constitue donc une revendication assumée par la rédaction, permettant davantage de démocratie et d’indépendance financière dans le monde du football. Dans le sillage de cette mobilisation, Miroir du football contribue à la structuration de ce qui devient en 1974 le Mouvement Football Progrès (MFP [15]). Il apporte son soutien aux joueurs qui essaient de faire bouger les lignes dans leurs clubs, mais qui subissent l’opposition de leur direction, tels que les joueurs du Stade rennais Kerbiriou et Kéruzoré, dans un article de 1976. On manipula l’opinion publique à qui nous fûmes présentés ainsi : Raymond [Kéruzoré] était un communiste, moi [Loïc Kerbiriou] un dangereux agitateur gauchiste (NDLR : de toute façon, cela est-il incompatible avec l’amour et la pratique du football ?), le « clan des intellectuels », un commando de guérilleros manipulés par le MFP et ne recherchant qu’une chose : faire main basse sur le club [16]. Le conflit opposant les joueurs à la direction est ainsi perçu de façon idéologique : l’engagement de Kéruzoré, surnommé « le Mao breton », et la conception émancipatrice du football portée par Kerbiriou, qui en fait un « agitateur gauchiste », suffisent à les discréditer et à justifier leur renvoi du club. Miroir du football devient alors une tribune pour défendre ces footballeurs considérés comme subversifs, en raison de leur adhésion aux principes et à la philosophie de jeu promus par le magazine. 3) Sur le terrain de la lutte des classes : un engagement contre la marchandisation du football De la même façon, l’engagement de Miroir du football se lit à travers sa dénonciation des dynamiques de développement du football moderne, contre la marchandisation du spectacle, mais aussi des footballeurs eux-mêmes. Dès son éditorial, en janvier 1960, François Thébaud dénonce ainsi « l’exploitation mercantile » du football, refuse « que le football soit mis en coupe réglée par des affairistes » et soutient au contraire « les mouvements qui s’efforcent de le libérer des chaînes de l’argent ». Celles-ci, qui emprisonnent le sport en général, et le football en particulier, se manifestent notamment par la toute-puissance des présidents de clubs, auxquels les joueurs sont liés par un contrat à vie [17]. Après avoir donné un écho à la grande grève des footballeurs anglais de 1961 [18], le mensuel prend fait et cause contre ce contrat à vie, notamment à travers un long article intitulé « Statut du joueur professionnel ou l’esclavage en 1961 [19] ». Les thématiques liées au pouvoir de l’argent que dénonce Miroir du football peuvent être déclinées pêle-mêle : les paris sportifs [20], la corruption des instances dirigeantes du football mondialisé [21] ou encore les impacts de la sponsorisation [22]. Citons par exemple un article de Francis Le Goulven, « Les mystères du Parc des Princes », qui dénonce la complaisance des pouvoirs publics vis-à-vis des groupes du bâtiment, en l’occurrence Bouygues, dans le financement des grandes infrastructures sportives. Le journaliste s’émeut ainsi que « dans son exposé au Conseil de Paris, M. Marcel Diebolt, préfet de Paris, réclamait un crédit supplémentaire de 6,5 millions pour payer les travaux en cours [23] », obtenant gain de cause par cinquante-cinq voix (UDR, républicains indépendants et centristes) contre trente-et-une (socialistes et communistes), l’auteur présentant le résultat des votes par appartenance politique. Dès lors, il compte dévoiler « où s’engouffre l’argent des contribuables parisiens », dans un « parc plus que jamais si cher au cœur des Parisiens » dont la construction pourrait financer dix terrains de football pour ces derniers. L’avènement d’un football-spectacle, objet de spéculation financière et immobilière, semble ainsi se faire avec l’assentiment des forces politiques de droite, et malgré l’opposition des groupes de gauche. Finalement, l’esprit sportif tout entier apparaît menacé par la toute-puissance de l’argent dans le domaine du football. En ce sens, le magazine relaie un article du quotidien communiste L’Humanité, en décembre 1976, consacré à l’opposition entre Lens et Nantes, tous deux sponsorisés par Europe 1. On sait que Lens et Nantes portent sur le maillot la même publicité, celle d’un poste périphérique. Le récent match de championnat qui les a opposés a inspiré quelques remarques très pertinentes de notre confrère Claude Marchand dans « L’Humanité » sous le titre « Football et publicité, une législation à revoir [24] ». Ici, c’est l’indépendance des deux équipes et donc la sincérité du jeu qui est remise en cause selon les journalistes de la presse communiste. La citation de L’Humanité, bien que rare dans les pages de Miroir du football, rappelle dans le même temps une proximité idéologique entre les deux titres, qui n’est pas sans susciter des débats au sein de l’équipe de rédaction aussi bien que dans son lectorat [25].II. Une autonomie éditoriale relative vis-à-vis du PCF Il est souvent avancé que les organes de presse ou magazines dans la mouvance du PCF sont sous contrôle de l’organisation politique. Cette affirmation mérite d’être discutée. 1) Une autonomie revendiquée Effectivement, François Thébaud, qui dirigeait la rédaction entre 1960 et 1976, invité de l’émission télévisée « Apostrophe » en 1982, déclarait, à propos de Miroir du football, il était unique par son ton, par les conceptions qu’il défendait, par une certaine propension à la polémique, à la critique… Il était unique aussi par la liberté dont la rédaction bénéficiait, car c’est un journal où, pendant 16 ans, les journalistes ont eu une liberté d’action absolument complète [26]. Miroir du football faisait partie des Éditions J (issues des mouvements de jeunes résistants communistes), qui ont créé Miroir-Sprint, puis plusieurs titres mensuels : Miroir du rugby, Miroir de l’athlétisme et Miroir du cyclisme, dont la direction est confiée à Maurice Vidal. Ancien résistant communiste, puis dirigeant de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF), Maurice Vidal est un journaliste sportif. Il fait ses premiers billets dans Ce Soir, dirigé par Louis Aragon, puis rédige les articles de la rubrique sportive de Libération, d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie, et enfin de Miroir-Sprint – ce qui lui vaut une mise en garde, lors du schisme avec Tito, par le secrétariat politique en octobre 1949, qui note de « rappeler à Maurice Vidal de Miroir-Sprint que la rencontre France-Yougoslavie (match retour) est une opération purement politique, qu’il n’a pas à faire de réclame pour ce match [27] ». Le 8 janvier 1951, il est explicitement demandé de faire des propositions pour changer la direction de Miroir-Sprint auprès de Patinaud et Dorval, puis en 1953, c’est Roger Roucaute qui suit la revue. En février 1958, Maurice Vidal est associé à un groupe de réflexion qui comprend des députés (Jean Cordillot et Henri Thamier), mais aussi René Rousseau, René Napoleoni et Serge Bedez de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), ou les journalistes Yann Le Floch et Abel Michéa de L’Humanité, afin d’organiser une journée nationale du parti pour renforcer l’activité du PCF en direction des sportifs. Outre ces capacités d’organisation, Maurice Vidal s’entoure de jeunes talents et de plumes variées pour une approche politisée du sport, comme François Thébaud pour Miroir du football [28]. Au sein de ce mensuel, l’équipe de rédaction n’est pas composée majoritairement de membres du parti et connaît manifestement peu d’ingérence. Seul Maurice Vidal prend quand même cette liberté d’intervenir à deux reprises, en 1968 et en 1974. Avant de revenir sur ces événements singuliers, il est utile de mentionner que François Thébaud, qui est le rédacteur en chef de Miroir du football, a coopéré aussi au sein de Libération et de Miroir-Sprint. Pour autant, s’il vient de la « famille communiste », il n’est plus militant et reste avant tout un défenseur du « beau jeu », un esthète qui promeut, comme dans son éditorial d’avril 1966, intitulé sans une pointe d’ironie « Partisan ? Oui du football », une conception du football dont tous les aspects (philosophiques, moraux, tactiques, techniques) sont liés. Nous jugeons les matches, les équipes, les joueurs et les entraîneurs en fonction de cette conception. Nous prenons parti [29]. Comme le rappelle sa biographie, François Thébaud, « proche de René Taquet, ouvrier et joueur du Red-Star », aime comme la plupart des militants, voire des membres de la direction du PCF, discuter les lundis sur les résultats des matchs du week-end aussi bien de première division que du club de Saint-Ouen. Miroir du football valorise alors les gestes, les tacticiens, le jeu tourné vers l’attaque et les buts, en insistant sur un aspect fondamental : « l’équipe fait le joueur… ». Il y a quelques discussions au secrétariat politique sur Miroir-Sprint, essentiellement pour des questions financières ou de diffusion : l’une en 1960, qui propose, puis valide auprès de Maurice Vidal, la participation de Robert Barran, rédacteur, de contribuer à L’Humanité [30] ; la seconde en 1963, évoquant les Éditions J dès juillet et, en octobre, la nécessité de faire un effort pour maintenir la publication de « Miroir-Sprint » et ses publications annexes. Examiner comment développer la publicité et autres formes de soutien pour développer sa diffusion. Faire à nouveau le point de cette situation dans quelques mois, et avoir rapidement une discussion au Secrétariat avec les camarades Georges Gosnat et Maurice Vidal [31]. Le 29 octobre 1963, le secrétariat confirme qu’il faut « lutter pour maintenir l’édition et développer la diffusion de Miroir-Sprint et de ses publications annexes » et « contribuer à résoudre le passif financier » tout en renforçant « l’appareil de diffusion et de rédaction ». Maurice Vidal est chargé par Georges Gosnat de faire des propositions. Face à ces difficultés financières, il est décidé, le 24 septembre 1964, de suspendre Miroir-Sprint, mais de trouver des solutions avec L’Humanité pour « faire paraître certaines éditions annexes ». Cela n’affecte pas la rédaction de Miroir du football de François Thébaud. Les deux « ingérences » du parti se produisent en mai-juin 1968, lors des événements sociaux et politiques, et enfin en 1974, lors de la crise financière du magazine. À l’occasion de l’occupation de la FFF, Maurice Vidal rédige en juillet 1968, après les événements, un éditorial intitulé « Les salopards en crampons [32] ». Le 22 mai, le siège de la Fédération française de football subissait le sort des universités, des usines et de bien d’autres bâtiments publics ou privés, dont l’occupation marquait une volonté certaine de contestation, de revendication et de changement de la part des travailleurs intellectuels ou manuels. Les ouvriers occupaient « leurs » usines, les étudiants « leurs » facultés, les artistes « leurs » théâtres, les avocats ou les médecins « leur » maison. Première et fondamentale affirmation de ce mouvement historique : nous « produisons dans ces usines, ces universités, ces théâtres, ces maisons. Elles sont nôtres, car sans nous elles ne sont rien. Nous ne voulons pas y être des étrangers ou des esclaves, nous voulons y vivre dignement, nous y faire entendre ». Le 22 mai, donc, c’était pour les mêmes motifs au tour de la Fédération française de football de voir ses locaux occupés par les quelques dizaines de footballeurs appartenant évidemment à des clubs de la région parisienne. Certes, l’Institut national des sports ou l’École normale supérieure d’éducation physique et sportive étaient également occupés par les enseignants, personnels, athlètes ou élèves, affirmant ainsi heureusement que les structures sportives aussi étaient en cause dans cette vaste remise en question de la société française. Pourtant le geste des footballeurs apparut insolite à certains […] parce que le vieux mythe du sport à l’abri de toutes les convulsions sociales a encore la vie dure. Parce que depuis des dizaines d’années, depuis sa naissance exactement, le sport solidement tenu en main (à quelques exceptions près) par la bourgeoisie (voyez la composition sociale des directions fédérales ou de grands clubs) est utilisé par celle-ci comme un frein au désir d’émancipation et de progrès de ceux qui le pratiquent,et qui dans leur immense majorité, viennent pourtant des couches les plus défavorisées de la population. Utiliser le sport contre les sportifs, c’est un programme qui, malgré son apparent paradoxe, a été mené à bien jusqu’ici. Si le geste était insolite, il avait donc avantage de s’en prendre avec éclat à l’un des tabous les plus nocifs de la philosophie traditionnelle en matière de sport. Il est surprenant que Maurice Vidal prenne ses distances, mais cela révèle surtout le réflexe de défense de l’organisation face au discours gaulliste qui présente mai-juin 1968 comme une manipulation « d’un parti de l’étranger » (le PCF), et ici particulièrement de l’attaque de la FFF contre Miroir du football, afin de protéger aussi le magazine. De surcroît, Maurice Vidal met une fin ou une limite aux tentations « gauchistes » d’une partie de la rédaction. C’est une sorte de « rappel à l’ordre » tout en assurant les footballeurs du soutien de la rédaction dans la justesse de leurs revendications. Ainsi, l’autonomie de Miroir du football reste importante. Certes, la commission nationale sport du PCF qui naît en 1959 [34], ainsi que les responsables de la presse et des éditions proches ou « annexes » selon le vocabulaire employé par le parti, ont des relations avec les journalistes ou rédacteurs de la revue, mais il n’y a pas de volonté affichée de subordination de Miroir du football, dont la ligne politique reste originale. A contrario, Miroir du football peut alimenter la réflexion du parti sur le sport, comme le mentionne Igor Martinache : « outre les “sportifs politisés” et les “politiques sportivisés”, la commission comporte également de nombreux journalistes sportifs », citant, entre autres, Robert Barran, Yann Le Floch, Roland Passevant, Henri Ravera ou René Rousseau [35]. La rencontre évoquée a eu lieu le 10 février 1971, mais Miroir du football n’en dit mot. Quelques années plus tard, le suivi de la presse du parti est l’affaire de Marcel Zaidner, qui recrute Claude Compeyron [36] avec Georges Gosnat, trésorier du PCF, pour s’occuper des fonctions de directeur des Éditions Vaillant-Miroir-Sprint. 2) Une reprise en main au cours des années 1970 Si Miroir du football continue avec passion son œuvre, il ne donne pas à l’épisode des « Verts » toute la lumière qui rejaillit sur le football français en Coupe d’Europe. Si l’épopée du club de football de Saint-Étienne (l’ASSE ou « les Verts ») donne de l’espoir à la population locale, puis nationale, l’engouement n’est pas partagé par Miroir du football. Le club est associé aux deux entreprises de la distribution locale, son fondateur Casino et son partenaire Manufrance. Toutefois, le monde de la presse, hormis Miroir du football, qui s’appuie sur les représentations anciennes de la ville du Forez, comme le rappelle Stéphane Merle, peut écrire en 1976, sous la plume de Gérard le Scour : « Hier cité repliée sur sa caricature “à la Zola”, ville-repoussoir barbouillée de rouille et prisonnière de son ennui, la dynamique suscitée par le football a ravalé l’image de marque de Saint-Étienne [37]. » Contrairement à la légende qui baptise également le stade Geoffroy-Guichard de « chaudron vert », le club de football, comme le mentionne Bruno Dumons, n’est pas le produit d’une histoire ouvrière, ni par son fondateur, ni par ses présidents, ni par la plupart de ses joueurs. [L’équipe] est plutôt le symbole d’un dynamisme industriel, celui de la distribution, du commerce et du bâtiment, et l’incarnation d’une reconversion d’une population stéphanoise qui vit désormais majoritairement du secteur tertiaire [38], même si Manufrance a disparu de l’orbite du club au moment de son apogée. Le 14 septembre 1977, alors que l’ASSE rencontre en 16e de finale de la Coupe des coupes le club prestigieux de Manchester United, on ouvre la « Boutique des Verts », qui est alors unique en France. Ce moment de rêve, avec cette épopée des Verts, doit alors être mis en perspective avec les effets désastreux de la crise et du chômage qui commence à marquer les années Giscard d’Estaing. François Thébaud ne suit pas cette voie et prend ses distances avec la ligne générale de la presse communiste sportive. Une partie du PCF ne comprend pas le fait que Miroir du football n’accompagne l’euphorie de l’épopée des Verts – alors que L’Humanité Dimanche publie un poster du gardien emblématique Ivan Curkovic. Cette prise de distance conduit François Thébaud à quitter « son » Miroir avec son équipe. Dès lors, la direction du groupe de presse reprend en main Miroir du football et Jean-Jacques Faure est nommé à sa direction pour tenter de résoudre les problèmes financiers du journal. Professeur d’EPS et membre actif de la commission sportive du PCF, Jean-Jacques Faure dirige en fait le groupe Miroir-Sprint. D’ailleurs, Le Monde, dans son édition du 12 juin 1976, relate avec précision les enjeux de la crise. Un conflit vient d’éclater dans le groupe Miroir-Sprint : il oppose la majorité de la rédaction permanente du bimensuel Miroir du football (trois personnes sur quatre), édité par les Éditions Miroir-Sprint, à la direction de l’entreprise. Le Syndicat national des journalistes (autonome), qui publie un communiqué à ce sujet – et qui a décidé de saisir l’inspection du travail – affirme que ce conflit « est né d’une volonté générale de changer l’orientation idéologique du Miroir du football, œuvre de sa rédaction depuis 1960 ». Le syndicat affirme que la « direction a multiplié les actions d’autoritarisme et d’intimidation », utilisé des journalistes étrangers à la rédaction, et « privé de ses fonctions le rédacteur en chef, tout en continuant à utiliser son nom » (il s’agit de M. François Thébaud, dont le nom a cessé de paraître le 13 mai). Enfin, le SNJ souhaite qu’une suite soit rapidement donnée à la procédure de conciliation à laquelle le conflit a été soumis. Précisons que les Éditions Miroir-Sprint, dont le directeur général est M. J.-J. Faure depuis 1974, sont passées sous le contrôle des Éditions Vaillant en 1971, qui ont acquis 75 % des actions. Le directeur des rédactions est M. Maurice Vidal, également directeur de Miroir du football. Selon la direction de Miroir-Sprint, c’est M. François Thébaud qui, au contraire, porte la responsabilité du différend pour avoir refusé de discuter avec M. Maurice Vidal des améliorations à apporter au Miroir du football sans même, toujours selon la direction, que soit remise en cause l’orientation idéologique du bimensuel. Ensuite, pour avoir refusé d’écrire. On relève, enfin, à la direction générale de Miroir-Sprint que M. François Thébaud n’a pas invoqué la « clause de conscience » et que trois pigistes seulement sur une quarantaine ont manifesté leur volonté de cesser toute collaboration. Après cet épisode douloureux, le numéro 266 de Miroir du football de mai 1976 corrige le tir et publie non seulement un numéro consacré à l’ASSE, mais également un courrier des lecteurs qui se plaint de la sévérité antérieure de l’équipe de François Thébaud… La reprise en main est affirmée ! 3) Un vecteur sportif de premier plan Au-delà de ces logiques liées aux rapports presse et parti, il ne faut pas perdre de vue que si la rédaction est à l’écart du PCF, elle est toutefois une sorte d’équipe de compagnons de route, participant d’une certaine façon à la lutte communiste pour « l’hégémonie culturelle ». Il s’agit, au cours des années 1970, dans le cadre du programme commun de gouvernement, de défendre et promouvoir un sport populaire… Dans cette dynamique, Miroir du football aime utiliser l’humour ou l’ironie avec une certaine délectation. Ainsi, dans le numéro 251 de novembre 1975, on peut lire à la page 27, dans l’article « Halte à la subversion », qui se moque de « Lens Europe 1 » et des années Giscard d’Estaing, Lens-Europe 1 vient, pour sa part, de découvrir un autre type d’oiseau rare puisqu’il s’agit d’un joueur qui, pour son premier match, signe les trois buts de sa nouvelle équipe : le centre avant international polonais Marx. Signe particulier : ce Marx, qui se prénomme Joachim, doit la rapide conclusion de son transfert en France à l’intervention de M. Giscard d’Estaing soi-même. Après la gerbe de fleurs au mausolée de Lénine, l’intervention en faveur de Marx… Comme dirait le ministre de l’Intérieur, il faut en finir avec les menées subversives. Non seulement il s’agit d’ironiser sur Michel Poniatowski qui aime déclarer « la sécurité ne se divise pas […]. C’est pourquoi le gouvernement, avec fermeté, mais aussi avec justice et modération, entend assurer cette sécurité », mais aussi sur un attaquant venant des démocraties populaires, au patronyme singulier… Outre cette dénonciation du football commerce, il s’agit toujours de promouvoir une conception puriste du sport, tournée vers le « beau jeu », « les tactiques défensives et le réalisme, la priorité accordée au résultat sur le jeu [39]». Toutefois, face à la mobilisation contre la participation de l’équipe de France de football à la Coupe du monde qui a lieu en Argentine, le COBA (Comité pour le boycott de la Coupe du monde de football en Argentine), animé par François Gèze et Jean-Marie Brohm, déclare : « On ne joue pas au football à côté des centres de torture [40]. » Une pétition recueille plus de 150 000 signatures, un journal, L’Épique [41], est édité, et plusieurs manifestations ont lieu dans tout le pays, mais le mouvement qui touche surtout la gauche de la gauche n’arrive pas à mordre sur le monde sportif, à l’exception, comme le souligne Olivier Compagnon, de personnalités isolées, comme Dominique Rocheteau (« l’ange vert », ailier droit de l’AS Saint-Étienne et star montante du football français), Fernand Sastre (président de la Fédération française de football) ou Alain Leiblang (journaliste sportif, auteur en 1978 du roman Une balle dans la tête sur l’Argentine autoritaire [42]). Face à cette tentation, qui réveille aussi les différences entre PCF et extrême gauche, Miroir du football donne la parole au secrétaire général du PCF, Georges Marchais, qui explique « pourquoi il faut aller en Argentine » : « Défendons les libertés là-bas comme ailleurs. Ce ne serait pas une bonne solution de déclarer forfait, car cela ne résoudrait pas le problème posé [43]. » En fait, le PCF, comme d’autres forces politiques de gauche, milite pour faire libérer des prisonniers politiques argentins. N’oublions pas non plus que cet épisode a lieu deux ans avant les Jeux olympiques de Moscou…III. Une couverture du football internationaliste ? La manière dont le magazine couvre le football international constitue un marqueur éditorial puissant, affirmant le regard communiste – et internationaliste – que porte la rédaction sur le ballon rond. 1) Le refus du chauvinisme Cet engagement internationaliste passe d’abord par le refus du chauvinisme, qui figurait déjà dans les avertissements contenus à la fin de l’éditorial du premier numéro : « Le Miroir ne fera aucune concession. Si vous cherchez dans nos pages matière à satisfaire l’orgueil nationaliste, l’esprit de clocher ou le culte commercial de la vedette, ne poursuivez pas votre lecture [44] ! » En effet, à rebours d’une FFF qui entend nationaliser le style de jeu français dans un sens qui déplaît fortement à l’équipe de Miroir, le rédacteur en chef met en garde le lecteur sur le fait que les articles à venir seront d’autant plus critiques à l’égard des clubs français et de la sélection nationale qu’ils s’éloigneront des principes défendus par le mensuel. Or, si le stade de Reims des années 1950 et l’équipe de France de la Coupe du monde 1958 avaient produit un « beau jeu » servant de référence aux journalistes du magazine, à travers la figure très appréciée de Raymond Kopa, le football français des années 1960 et 1970 apparaît au contraire comme un repoussoir, et ces deux décennies comme son âge sombre. La revue multiplie alors les critiques envers la direction nationale, incarnée par Georges Boulogne. La philosophie de jeu imposée par la Fédération, fondée sur un jeu défensif et une discipline d’inspiration militaire, est responsable d’un complexe d’infériorité tactique comme technique de la part des joueurs français, représentée à la une du numéro 189 de mars 1973, intitulée « Les joueurs français… complexés ? ». On y voit un footballeur français, minuscule et anonyme, entre les jambes d’un joueur de l’Ajax d’Amsterdam affublé du numéro 14, que l’on devine aisément être Johann Cruyff, Ballon d’or la même année et incarnation du football total hollandais. Le refus du chauvinisme, qui peut par déformation aller parfois jusqu’à la critique excessive et l’intransigeance, s’appuie donc principalement sur une valorisation du « beau jeu », d’où qu’il vienne, plutôt que sur un esprit catégoriquement antinational. Le refus de surfer sur la vague de l’épopée des Verts en 1976, décisif dans la rupture entre François Thébaud et la direction de Miroir, ne se fonde pas tant sur une opposition à toute fierté nationale que sur la pauvreté du jeu proposé par l’ASSE, aux yeux de la rédaction. L’engouement populaire vis-à-vis des Verts n’est pas disqualifié en raison d’un patriotisme mal placé, mais plus au nom d’un certain élitisme footballistique, difficilement accessible à un public profane. Un tel réflexe est également perceptible lors des grandes compétitions internationales, au cours desquelles l’équipe de France ne fait pas l’objet d’un traitement plus enthousiaste que les autres équipes nationales, bien au contraire. La une du numéro 132, en août 1970, loue plutôt le message adressé par deux nations sud-américaines, « Brésil et Pérou aux footballeurs de tous les pays : feu vert au jeu offensif ! ». Le titre, parodiant la dernière phrase du Manifeste du parti communiste, au cœur de l’internationalisme prolétarien, illustre la tendance des rédacteurs de Miroir du football à trouver des modèles d’application du football qu’ils prônent ailleurs dans le monde, comme autant de contre-modèles à l’indigence du football français. 2) « Dans tous les stades du monde » : le football au service de la solidarité internationale Cet objectif se retrouve dans la couverture particulière du football international que propose la revue, notamment à travers la rubrique « Dans tous les stades du monde ». Le nom de cette rubrique, qui présente à la fin de chaque numéro les résultats des championnats et des compétitions du monde entier, met en valeur le caractère internationalisé, pour ne pas dire universel, du football. Il illustre également un engagement formulé dès le premier numéro, et qui est le pendant du refus du chauvinisme, à savoir le fait de s’intéresser au football de toutes les nations de football, qui ont la même dignité. Par extension, il rappelle que le stade, lieu public et où peut régner en même temps un certain anonymat, est un cadre privilégié pour l’expression d’opinions politiques dans des sociétés autoritaires. Le traitement du football international offre ainsi aux rédacteurs des occasions de traiter de façon plus ou moins subtile de l’actualité géopolitique, à une période marquée par la guerre froide et par le processus de décolonisation.Cet engagement invite par exemple Miroir du football à mettre en lumière le football tel qu’il se pratique sur d’autres continents jusqu’ici peu étudiés, notamment l’Afrique. Lors d’un reportage au Sénégal, Faouzi Mahjoub et Louis Lucchesi écrivent un article intitulé « Le Sénégal, un football aux conceptions d’avant-garde dont le développement rencontre des obstacles matériels ». Ils y évoquent une anecdote qui tend à démontrer le caractère internationaliste de leur démarche. En effet, lors de leur visite du Réveil de Saint-Louis, entraîné par Ma Wade, les deux journalistes observent que dans le local du club, « les murs sont couverts de photos jaunies, de coupures de presse, d’affiches. Au milieu de citations extraites du “Miroir du football” trônent des portraits de Lénine, Marx, Mao… [45] ». Leur voyage se poursuit avec la rencontre de clubs ouvriers comme l’Union sportive du rail. Outre l’Afrique, l’Amérique latine occupe une place encore supérieure dans les colonnes de Miroir du football. Continent où se joue un football créatif, notamment au Brésil, et où la population se passionne parfois à l’excès pour le ballon rond, l’Amérique du Sud est elle aussi marquée par une vie politique fortement bouleversée, entre révolutions d’inspiration marxiste et dictatures militaires. À titre d’exemple, le coup d’État au Chili et l’instauration de la dictature de Pinochet sont particulièrement traités à travers leurs répercussions sur l’actualité sportive. Le PCF s’engage ainsi en faveur de l’URSS dans son boycott dirigé contre le Chili, dans le cadre des qualifications à la Coupe du monde de football en 1973. Quelques semaines seulement après le coup d’État, l’Union soviétique refuse de jouer son match retour dans l’Estadio Nacional de Chile, récemment utilisé par la junte militaire pour incarcérer et exécuter les opposants au nouveau régime. François Thébaud, dans « Les footballeurs sont-ils des hommes ? », prend ainsi la défense des joueurs soviétiques en même temps qu’il charge vertement la FIFA, pour sa complaisance vis-à-vis du régime de Pinochet. Le moins que l’on puisse dire des dirigeants de la FIFA et des journalistes qui les soutiennent, c’est qu’ils n’ont pas l’estomac sensible. Car pour admettre que l’on puisse jouer au football au Stade Nacional de Santiago, hâtivement « nettoyé » avant le coup d’envoi des taches du sang répandu par les fusilleurs et les tortionnaires, il faut être capable de braver toutes les nausées. […] Les manifestations hostiles à l’équipe chilienne lors de la tenue de la Coupe du monde ne sont d’ailleurs pas passées sous silence dans les pages du magazine, qui leur consacre plusieurs passages en juin et juillet 1974. Il en va ainsi d’un article qui rapporte que des slogans furent « scandés à intervalles réguliers, dès que retentit l’hymne chilien et jusqu’au coup de sifflet final par plusieurs centaines de jeunes Chiliens et Allemands qui avaient pris place dans un des virages. […] Ceci pour rappeler le récent drame chilien qui rejaillit sur la qualification de cette équipe que l’URSS refusa d’affronter sur un stade qui avait été un camp de détention, de tortures et d’assassinats [47] ». Francis Le Goulven rapporte que la police allemande n’a « pu empêcher quelques manifestants, nombreux dans les tribunes à chaque match, de pénétrer sur le terrain, lors de Chili-Australie et de s’installer dans le rond central, brandissant un drapeau chilien sur lequel étaient inscrits ces mots : “Chile socialista [48]” ». Le football démontre ici l’outil de contestation qu’il constitue, à destination des militants des droits humains et des opposants aux régimes autoritaires, visant en l’occurrence un pays dans lequel l’opposition de gauche est réprimée dans le sang. De même, les joueurs et équipes qui témoignent de leur indifférence vis-à-vis du caractère antidémocratique des pays dans lesquels ils jouent sont pointés du doigt, les journalistes du Miroir du football présumant alors leur manque de courage ou leur complaisance envers ces dictatures. C’est en particulier le cas de Ferenc Puskas, qui subit les foudres du magazine en décembre 1976. Après avoir rappelé le boycott de l’URSS contre le Chili deux ans plus tôt, le journaliste écrit que le joueur hongrois, depuis les événements de Budapest en 1956, qui l’amenèrent à fuir son pays pour cause d’incompatibilité avec ce qu’il appelait le « régime autoritaire » […] n’a cessé de voyager de dictatures en dictatures : l’Espagne de Franco, la Grèce des Colonels, et maintenant le Chili de Pinochet. Cela s’appelle « avoir de la suite dans les idées ». Les paris sont ouverts sur le lieu de la prochaine escale [49] ! Pour autant, le suivi de l’actualité internationale par Miroir du football ne l’invite pas uniquement à se lamenter de la réussite diplomatique de dictatures à travers le football, mais peut conduire dans certains cas à se réjouir, au contraire, du retour à la démocratie d’autres nations de football. C’est notamment le cas de l’Espagne, dans le contexte de la « Transition démocratique », période incarnée en particulier par le FC Barcelone. Cette équipe, associée à la fin de la guerre civile au camp des vaincus, symbolisa pour beaucoup de Catalans, et plus largement d’Espagnols, l’opposition au franquisme. Dans un article de septembre 1976, Christian Railhac raconte que lors d’un match au Camp Nou, d’un coup, on vit surgir, au beau milieu de la foule, une immense banderole portant la mention suivante : « Amnistie totale pour le mouvement communiste de Catalogne ». L’énorme vaisseau du NOU CAMP rugit de plaisir. La guardia civil, un instant paniquée, fit des pieds et des mains pour l’enlever, sous une bronca énorme, assourdissante. Mais les 100 000 Catalans assistant à cette finale Barcelone-Eintracht Francfort […] eurent tôt fait d’obtenir leur revanche. À la fin du match, ils obligèrent les policiers à battre précipitamment en retraite au centre du terrain, bombardés, qu’ils étaient, par une montagne de coussinets. « El Barça es mes que un club », le FC Barcelone est plus qu’un club, il n’est de secret pour personne que l’incroyable amour porté par tout un peuple, le peuple de Catalogne, au club azulgrana, prend racine dans les particularismes d’une région n’ayant jamais caché son opposition au régime centralisateur de Madrid. À Barcelone, on est Catalan… ensuite Espagnol [50]. L’auteur tient également à préciser que la foule « acclame son petit “Charlie” Rexach, membre du parti socialiste de Catalogne, et bien sûr Johan Cruyff, maître de cérémonie, grand prêtre venant célébrer la messe dans un NOU CAMP rempli à ras bord, véritable cathédrale des temps modernes ». Le militantisme affiché des joueurs du Barça est ainsi relevé par cet article qui insiste sur les rapports entre football et société, dans le processus de retour à la démocratie que connaît l’Espagne postfranquiste. 3) Le suivi particulier du football dans les pays socialistes L’engagement internationaliste du magazine se traduit également par un suivi plus important de l’actualité sportive des pays socialistes que les autres titres de la presse sportive nationale. Souvent, ce suivi est synonyme de valorisation d’un football plus libre et moins soumis à l’influence de l’argent que dans les pays capitalistes. Ainsi, le football peut apparaître comme un vecteur de développement social et d’épanouissement personnel dans les pays socialistes. Plusieurs articles écrits sur le football à Cuba au début des années 1960 insistent sur le fait que le nouveau régime compte sur le football pour participer à l’amélioration physique et intellectuelle du peuple cubain, tandis que dans un article intitulé « Cuba a retrouvé ses traditions sportives en éliminant le baseball », Jésus Villamor se félicite du fait que Fidel Castro a éliminé l’influence économique et sociale nord-américaine à Cuba. Ce faisant, il a enlevé au baseball son support populaire, et favorisé la renaissance d’un football qui a ses lettres de noblesse. Sans doute se réjouira-t-il de cette conséquence imprévue de sa révolution, lui qui fut un footballeur [51]. On voit également Fidel Castro jouer au football sur une photographie servant d’illustration à l’article intitulé « Cuba. Le football, sport de base. Fidel Castro donne l’exemple [52] ». Il y aurait toutefois beaucoup de choses à redire sur les affirmations de Jésus Villamor, notamment le fait que Fidel Castro n’était pas plus footballeur que baseballeur ou basketteur, et que du reste, ces deux sports sont loin d’avoir disparu de l’île après la révolution cubaine. Toujours est-il que le football est convoqué par cet auteur manifestement bienveillant vis-à-vis du nouveau régime cubain, pour démontrer sa puissance face l’impérialisme nord-américain. Toutefois, parmi les pays socialistes traités par Miroir, ce sont bel et bien les pays d’Europe de l’Est, en particulier l’URSS, qui occupent le plus de place dans les pages du magazine. Nombreux sont les articles qui traitent des épopées des nations soviétiques dans les compétitions internationales, comme celui de Bernard Ficot en août 1976, qui relève que [d]epuis un quart de siècle, le titre olympique n’a jamais échappé au football est-européen. Seul le vainqueur change d’une olympiade à l’autre, mais ce sont toujours les équipes des pays socialistes qui en sortent triomphantes. À Munich, la Pologne s’était imposée devant la Hongrie tandis que la RDA et l’URSS s’étaient partagé la médaille de bronze. À Montréal, il ne manquait que la Hongrie, et ce fut la RDA qui enleva la médaille d’or devant la Pologne et l’URSS. La suprématie des nations socialistes dans les compétitions olympiques, compétitions a priori moins influencées par l’argent et par les développements néfastes du football moderne que celles organisées par la FIFA, apparaît ainsi comme le révélateur de la supériorité des nations communistes sur les nations capitalistes. Ce suivi du football dans les pays socialistes, en plus de constituer un intérêt sportif pour les lecteurs de Miroir du football, s’inscrit donc dans une certaine culture communiste à disposition des militants français et plus largement francophones, cultivant leur sympathie à l’égard de ces pays par le biais d’une passion commune, le football. Conclusion Miroir du Football (1958-1979) constitue une expérience unique au sein de la presse sportive et même au sein de la presse sportive proche du PCF. L’équipe, animée par François Thébaud, plaide tout au long de ces numéros pour « une autre idée du football et du journalisme » et surtout pour le « beau jeu ». Cette posture de puriste est un marqueur important de l’identité du magazine qui, loin des figures imposées par la culture communiste, propose, comme en patinage artistique, des figures libres, qui rendent souvent la parole à ceux qui restent invisibles. Cette éthique du sport et l’engagement de Miroir du football se retrouvent dans le Mouvement Football Progrès (1974) et la revue Le Contre-Pied (1979-1985). Une telle conception internationaliste du football reste une bouffée d’air pur face à toutes les dérives chauvinistes et nationalistes d’autres magazines spécialisés dans le sport, à l’instar de France football. |
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[1] François Thébaud, « Footballeurs… Prenez conscience de votre force », Miroir du football, janvier 1960, no 1, p. 5. Voir aussi François Thébaud, Le temps du Miroir : une autre idée du football et du journalisme, Paris, Éditions Albatros, 1982.
[2] Fabien Archambault, Le contrôle du ballon. Les catholiques, les communistes et le football en Italie, de 1943 au tournant des années 1980, Rome, École française de Rome, 2012 ; Fabien Archambault, Stéphane Beaud, William Gasparini, Le football des nations. Des terrains de jeu aux communautés imaginées, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016 ; Pascal Boniface, Football & Mondialisation, Paris, Armand Colin, 2010 ; Mickaël Correia, Une histoire populaire du football, Paris, La Découverte, 2018 ; Paul Dietschy, Histoire du football, Paris, Perrin, 2014 ; David Goldblatt, The Ball is Round. A Global History of Football, London, Penguin Books, 2007 ; Alfred Wahl, Les archives du football. Sport et société en France 1880-1980, Paris, Gallimard, 1989 ; Alfred Wahl, La balle au pied : histoire du football, Paris, Gallimard, 2002.
[3] Pierre Arnaud [dir.], Les origines du sport ouvrier en Europe, Paris, L’Harmattan, 1994 ; Michaël Attali, Évelyne Combeau-Mari [dir.], Le sport dans la presse communiste, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019 ; Paul Dietschy, Jean-François Loudcher, Christian Vivier, Sport et idéologie, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2004 ; Henri Garric, Jean Vigreux [dir.], Pif le chien : esthétique, politique et société, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2022 ; Pauline Gallinari, Les communistes et le cinéma en France. De la Libération aux années 1960, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015 ; Nicolas Kssis-Martov, Terrains de jeux, terrains de luttes, Paris, Éditions de l’Atelier, 2020 ; James Riordan, Sport, Politics, and Communism, Manchester, Manchester University Press, 1991 ; Fabien Sabatier, Histoire des organisations sportives communistes de France au xxe siècle, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2013.
[4] Archives déposées aux archives départementales de Seine-Saint-Denis et consultables également sur le site PANDOR de la MSH de Dijon (https://pandor.u-bourgogne.fr).
[5] François Thébaud, « Footballeurs… Prenez conscience de votre force », art. cité, p. 5. Quelques mois plus tard, le journal précise que « seul un système de jeu basé sur la passe courte et le désir constructif peut procurer à ses pratiquants une confiance collective véritable » ; voir Jean Norval, « La confiance collective… Une force qui s’acquiert », Miroir du football, juillet 1960, no 8, p. 20.
[6] André Hélard, « Le vrai football, un autre modèle de rapports humains », Miroir du football, mai 1974, no 216, p. 17.
[7] Voir notamment Dave Russell, Football and the English, Preston, Carnegie Publishing, 1997, p. 5-75. Paul Dietschy résume ainsi, dans son Histoire du football, op. cit., p. 17, que « le football se présentait en effet comme une rationalisation des jeux de ballon de l’ère préindustrielle qui, au regard de l’Histoire, furent loin d’être l’apanage du Royaume-Uni. L’élaboration de ses règles, dans les années 1860-1870, se révéla par ailleurs laborieuse. Et son succès dépendit largement d’une diffusion irriguant, à partir des cercles de l’aristocratie, les masses laborieuses – au point d’apparaître dès les années 1880 comme le people’s game, le jeu du peuple ».
[8] Nous pensons en particulier à l’ouvrage d’Hebert Marcuse, L’homme unidimensionnel, paru en 1964, mais traduit en France en 1968, qui exerce une grande influence dans le mouvement estudiantin. Par ailleurs, l’article commenté, publié en 1974, s’inscrit dans un contexte éditorial marqué par la parution récente des ouvrages de Pierre Fougeyrollas, Marx, Freud et la révolution totale, Paris, Anthropos, 1971 ; Boris Fraenkel, Freudo-marxisme et sociologie de l’aliénation, Paris, UGE-Anthropos, 1974 ; Jean-Joseph Goux, Freud, Marx. Économie et symbolique, Paris, Seuil, 1973 ; Robert Kalivoda, Marx et Freud : la pensée contemporaine et le marxisme, Paris, Anthropos, 1971 ; ou encore Jean-François Lyotard, Dérive à partir de Marx et de Freud, Paris, 10/18, 1973.
[9] André Hélard, « Le vrai football, un autre modèle de rapports humains », art. cité, p. 18.
[10] Jean-Claude Trotel, « Anderlecht oui, mais… le Stade lamballais aussi ! », Miroir du football, septembre 1964, no 58, p. 13.
[11] Voir notamment Xavier Vigna, Jean Vigreux [dir.], Mai-Juin 1968. Huit semaines qui ébranlèrent la France, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2010.
[12] Sur ce sujet, voir Alfred Wahl, « Le mai 68 des footballeurs français », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1990, no 26, p. 73-82 ; Alain Leiblang, Faouzi Mahjoub, François-René Simon, Les enragés du football. L’autre Mai 68, Paris, Calmann-Lévy, 2008.
[13]
Alfred Wahl, « Le mai 68 des footballeurs français », art. cité, p. 74-75. L’historien note que « le préambule et le texte expriment à la fois une contestation et des revendications explicites par le biais d’un langage de lutte des classes ».
[14] François Thébaud, « Comment rendre le football aux footballeurs ! », Miroir du football, juillet 1968, no 108, p. 17.
[15] Loïc Bervas, Bernard Gourmelen, Le Mouvement Football Progrès et la revue Le Contre-Pied. Un combat des footballeurs amateurs – 1970-1980, Paris, L’Harmattan, 2016.
[16] Philippe Coquelle, « Kerbiriou : “J’ai touché le fond du sordide” », Miroir du football, juin 1976, no 266, p. 25.
[17] Gérald Simon, Les contrats des sportifs : l’exemple du football professionnel, Paris, Presses universitaires de France, 2003. Voir aussi la contribution du même auteur à ce dossier.
[18] François Thébaud, « Le sens de la grève des “pros” », Miroir du football, février 1961, no 14, p. 14.
[19] Jean Norval, « Statut du joueur professionnel ou l’esclavage en 1961 », Miroir du football, août 1961, no 20, p. 20, suite p. 31.
[20] Voir par exemple François Thébaud, « Le football n’est pas une vache à lait », Miroir du football, octobre 1960, no 10, p. 3, ou Norbert Eschmann, « Qu’importe le football pourvu que prospère le “toto” », Miroir du football, décembre 1973, no 207, p. 35.
[21] Voir par exemple Georges Pradels, « Les grandes institutions du football », Miroir du football, octobre 1960, no 10, p .7-9 et décembre 1960, no 12, p. 6-7, puis p. 34 ; Francis Le Goulven, « Corruption en Angleterre », Miroir du football, novembre 1960, no 11, p. 30.
[22] Voir Roger de Somer, « Chassés du temple, voici les marchands du stade », Miroir du football, mai 1973, no 193, p. 28.
[23] Francis Le Goulven, « Les mystères du Parc des Princes », Miroir du football, août 1971, no 149, p. 18.
[24] Anonyme, « Les frères ennemis », Miroir du football, décembre 1976, no 280, p. 26. Autrement, on ne retrouve de traces d’articles de L’Humanité que dans une revue de presse du no 183 de décembre 1972 sur la grève des joueurs (p. 24).
[25] Voir notamment le courrier adressé par un lecteur de Beauvais, Jean-Louis Le Cainec, publié dans la rubrique « Votre miroir » de janvier 1977, no 281, p. 38 : « SPORT ET POLITIQUE. Je trouve… absolument intolérable que l’on puisse lire dans les colonnes de votre journal des phrases très politiques et qui n’ont rien à voir avec le football. Phrases tirées d’ailleurs le plus souvent... de “L’Humanité” et notamment dans le no 280 sous le titre “Les frères ennemis”… Pis encore, cet article… intitulé “De la suite dans les idées” reprochant aux joueurs italiens de tennis d’avoir affronté le Chili dans le cadre de la Coupe Davis… et surtout de reprocher… à Puskas d’entraîner une équipe de football chilienne, sous le prétexte que ce pays est dirigé par le Général Pinochet. » S’ensuit la réponse de la rédaction : « R. : Votre lettre est publiée. Nous acceptons le débat, nous le recherchons. Si nous avons publié un article d’un de nos confrères de “L’Humanité”, c’est parce qu’il nous a semblé poser un vrai problème, celui de la commercialisation poussée jusqu’à l’absurde. Reconnaissez-nous ce mérite, nous avons cité nos sources. Quant à l’affaire Puskas, elle nous a troublé, comme la participation de l’Italie à la finale de la Coupe Davis au Chili a troublé non seulement les Italiens, nous ne nous y opposons pas, nous le regrettons. Parce que ce grand joueur se rend dans un pays où la liberté n’existe pas. Le problème est identique pour les relations entre le mouvement olympique et l’Afrique du Sud. »
[26] Émission « Apostrophe. Fou foot », Antenne 2, 1982. En ligne : https://madelen.ina.fr/content/fou-football-79069.
[27] Archives du PCF, secrétariat du PCF, 25 octobre 1949.
[28] Maurice Vidal est également président de l’Union syndicale des journalistes sportifs de France (USJSF) de 1971 à 1981. En 1975, il participe activement au « Livre blanc sur les droits et les responsabilités des journalistes de sport ».
[29] François Thébaud, « Partisan ? Oui du football », Miroir du football, avril 1966, no 77, p. 3.
[30] Archives du PCF, secrétariat politique, 12 janvier 1960. En ligne : https://pandor.u-bourgogne.fr/archives-en-ligne/ark:/62246/r36909zbvjv7tk/f5?context=ead::FRMSH021_00060_SG_1960_01_12&locale=fr.
[31] Archives du PCF, secrétariat politique, 23 octobre 1963. En ligne : https://pandor.u-bourgogne.fr/archives-en-ligne/functions/ead/detached/AD_PCF/SG/1963/SG_1963_10_22/SG_1963_10_22.pdf.
[32] Allusion ironique aux dénonciations des ouvriers en grève en 1936.
[33] Maurice Vidal, « Les salopards en crampons », Miroir du football, juillet 1968, no 108, p. 3.
[34] Voir Igor Martinache, « Où se construit la ligne du parti ? Pluralité et interpénétration des espaces de définition d’une politique sportive au sein du Parti communiste français », Gouvernement & Action publique, 2020, no 4, p. 53-76.
[35] Ibid., p. 58.
[36] Voir sa biographie dans le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article20496.
[37] Stéphane Merle, « Le stade Geoffroy-Guichard de Saint-Étienne, un “monument” du sport local ? », Géocarrefour, 2004, vol. 79, no 3, p. 213-221.
[38] Bruno Dumons, « Le football dans la ville. Saint-Étienne au xxe siècle », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2011, no 111, p. 18.
[39] « Apostrophe. Fou foot », émission citée.
[40] Slogan repris par la revue Quel corps ?, dirigée par Jean-Marie Brohm. Voir aussi Jean-Gabriel Contamin, Olivier Le Noé, « La coupe est pleine Videla ! Le Mundial 1978 entre politisation et dépolitisation », Le mouvement social, 2010, no 230, p. 27-46.
[41] Consultable à La Contemporaine, voir notice en ligne : https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/bfqvt2c15zx0/8d33ac61-971f-4dd2-90d2-4b0c140bf091.
[42] Olivier Compagnon, « Un boycott avorté : le Mundial argentin de 1978 », dans Philippe Artières, Michelle Zancarini-Fournel [dir.], 68, une histoire collective, Paris, La Découverte, 2008, p. 699.
[43] Miroir du football, novembre 1977, no 304, p. 39.
[44] Sur le football et l’esprit de clocher, voir Nicolas Renahy, « Football et représentation territoriale : un club amateur dans un village ouvrier », Ethnologie française, 2001, vol. 31, no 4, p.707-715.
[45] Faouzi Mahjoub, Louis Lucchesi, « Le Sénégal, un football aux conceptions d’avant-garde dont le développement rencontre des obstacles matériels », Miroir du football, novembre 1968, no 112, p. 37.
[46] François Thébaud, « Les footballeurs sont-ils des hommes ? », Miroir du football, novembre 1973, no 204, p. 3. Voir aussi la page « Au nom du sport », Miroir du football, novembre 1973, no 204, p. 2, qui présente des photographies du Stade Nacional de Santiago du Chili, théâtre de la répression sous Pinochet.
[47] Anonyme, « Chile si, junta no ! », Miroir du football, juin 1974, no 219, p. 8.
[48] Francis Le Goulven, « Chili, les mauvais calculs d’Alamo », Miroir du football, juillet 1974, no 222, p. 10.
[49] Anonyme, « De la suite dans les idées ! », Miroir du football, décembre 1976, no 280, p. 26.
[50] Christian Railhac, « Quand Barcelone a la fièvre », Miroir du football, septembre 1976, no 277, p. 32-33.
[51] Jésus Villamor, « Cuba a retrouvé ses traditions sportives en éliminant le baseball », Miroir du football, février 1961, no 14, p. 20.
[52] Miroir du football, août 1961, no 20, p. 23.
[53]
Bernard Ficot, « La RDA a progressé en technique », Miroir du football, août 1976, no 270, p. 27.
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![]() Pour citer cet article : Jean Vigreux, Léo Rosell, « Miroir du football : un regard communiste sur le football (1958-1979) ? », dans Miroir du football, Olivier Chovaux et Karen Bretin [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 29 septembre 2025, n° 21, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. Auteurs : Jean Vigreux et Léo Rosell Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html ISSN : 1961-9944 |
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