Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


Histoire documentaire du communisme
Propagandiste pour la solidarité internationale et l’URSS : Marcel Willard et le SRI (été-automne 1934)
Rachel Mazuy
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RÉSUMÉ

Après un premier voyage à titre personnel en 1933, l’avocat Marcel Willard, auréolé du prestige lié à son action en faveur de la libération de Dimitrov, effectue un deuxième séjour en URSS durant l’été et l’automne 1934. Il est alors invité par le MOPR (Association internationale d’entraide aux révolutionnaires). Ce voyage qui conforte ses convictions communistes est aussi pour lui une manière d’agir en faveur de la solidarité internationale, en Finlande tout d’abord, puis en URSS. Il devient en effet un propagandiste du MOPR au sein de l’Union soviétique, préparant aussi son retour en France. Enfin, ce voyage, assez typique de ceux des intellectuels philosoviétiques de l’époque, est pour lui l’occasion de mettre en place un réseau de contacts soviétiques et antifascistes, renforçant ainsi les réseaux de solidarité internationale au service du Komintern et de l’URSS.

MOTS-CLÉS
Mots-clés : Marcel Willard ; Secours Rouge international (SRI) ; Association Juridique internationale (AJI) ; MOPR (Association internationale d’entraide aux révolutionnaires) ; Komintern ; système pénitentiaire soviétique
Index géographique : France ; URSS ; Moscou
Index historique : xxe siècle ; Seconde Guerre mondiale
SOMMAIRE
I. Introduction
II. Le communisme, au miroir du fascisme
III. Le communisme, fauteur de guerre
IV. De l’anticommunisme au capitalisme pour tous
V. Conclusion

TEXTE

I. Introduction

Marcel Willard a tout juste 45 ans [1] quand il foule le sol soviétique pour la deuxième fois. Il est invité par le MOPR [2] durant l’été et le début de l’automne 1934. Avocat communiste du barreau de Paris, il fait partie de cette première génération d’avocats communistes étudiés par Frédérick Genevée [3]. Il est également membre du Comité central de la section française du Secours rouge international (SRI) et membre fondateur du Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme (dit « Amsterdam-Pleyel ») et de l’Association juridique internationale (AJI, 1929), elle aussi liée au SRI.

Depuis 1925, où il a assisté les prisonniers politiques bulgares, il joue en effet un « rôle de tout premier plan dans les campagnes de solidarité matérielle, morale et juridique à l'égard des victimes du fascisme dans le monde [4] ». Défenseur dès le début des années vingt des militants communistes français emprisonnés, il s’investit très vite en 1933 dans la défense des antifascistes allemands. En octobre 1933, il participe en Allemagne à la campagne de défense du communiste Georgi Dimitrov. Au bout d’un mois de « guérilla judiciaire », lors du fameux « procès des incendiaires » du Reichstag orchestré par les nazis, il est emprisonné durant cinq jours et expulsé d’Allemagne. Il a alors gagné ses galons de « héros de la cause antifasciste ».

C’est donc très logiquement qu’il est invité et reçu par le MOPR quelques mois plus tard durant l’été et le début de l’automne 1934. Il part en bateau le 17 juillet et revient en France au début du mois d’octobre. Sa femme Germaine et son fils Claude (qui a alors 12 ans) sont également du voyage, même s’ils arrivent (à Leningrad) après lui et repartent le 27 septembre pour la rentrée scolaire du jeune Claude.

Je voudrais ici, en m’appuyant essentiellement sur les lettres envoyées à sa mère et les carnets de notes très détaillés tenus par Marcel Willard durant son séjour, tenter de mettre en valeur le rôle de ce voyage dans le parcours de Marcel Willard militant du SRI et de l’AJI [5]. Le voyage témoigne à mon sens de quatre phénomènes complémentaires. Il s’agit d’abord pour lui d’agir pour la solidarité internationale. Lors de son séjour en Finlande (21-24 juillet 1934), qui précède son arrivée en URSS, Willard se comporte en effet comme un acteur de la solidarité internationale. Ce voyage en URSS de près de trois mois lui permet également d’approfondir et d’élargir son réseau de contacts « soviétiques » en travaillant avec eux au MOPR à Moscou. Marcel Willard est par ailleurs un propagandiste utilisé par le MOPR en URSS dans le cadre de la campagne de propagande de libération de Thaelmann-Dimitrov. Il est enfin un témoin pour le SRI français. Il lui faut voir et enregistrer des informations sur l’action du MOPR en URSS, pour témoigner à son retour en France.

Ses deux voyages nous permettent aussi plus largement de mieux comprendre comment se forge la représentation de l'URSS chez cet intellectuel communiste et antifasciste militant. Le corpus utilisé (carnets de voyage, publications et sources soviétiques) montre son souci de ramener en France des preuves tangibles de la réalité de la construction du socialisme (prise de notes très détaillées sur ses visites, sur les discours, traductions résumées d'articles de presse, photographies). Ces artefacts sont le continuum d'une longue « investigation » sur l'URSS, entamée depuis plusieurs années, par le biais de contacts avec les Soviétiques, et poursuivie à son retour. Les carnets et les lettres montrent également en quoi le système de représentation de l'URSS de Marcel Willard est celui d'un « croyant », qui s'affirme comme tel dès le départ. Son souci de précision et de véracité repose en effet sur une absence de mise à distance de la parole soviétique. Ces exigences sont celles d'un témoin orthodoxe qui veut accumuler le plus possible de documentation, conçue comme preuves de la construction du socialisme. Une justification immédiate personnelle ou institutionnelle, vient répondre aux failles du système. Cette construction idéale est donc confortée par le voyage, au cours duquel Marcel Willard est toujours dans la position de futur témoin. Le retour ne fait que consolider sa croyance politique, par la répétition d'un discours sur l'URSS sacralisé au moment de ces deux voyages [6].

II. Marcel Willard, acteur de la solidarité internationale

Marcel Willard part en militant communiste, bien décidé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la solidarité internationale. Il n’effectue donc pas un trajet direct pour Leningrad. S’arrêtant d’abord à Londres, il reste ensuite quelques jours à Helsingfors (Helsinki) pour tenter de faire libérer ou d’améliorer le sort de prisonniers politiques retenus dans les prisons finlandaises et en attente de leur procès.

Parti le mardi 17 juillet 1934 de la gare Saint-Lazare pour Dieppe, il s’embarque d’abord pour Londres avec son fils Claude et Germaine, sa femme. À Londres, il entre en contact avec des militants, notamment avec un dénommé Collard [7] et (sans doute) l’avocat philosoviétique et membre du Labour Party Denis Lowell Pritt. Même si ce travail s’avère « inutile », il témoigne de l’existence d’un réseau international de contacts que Willard semble avoir l’habitude d’activer.

En Finlande, ce sont des prisonniers politiques (sans doute communistes) en attente de leur procès qui vont l’occuper deux jours après son arrivée à Helsinki (dans l’après-midi du samedi 21 juillet). Nous n’avons pas retrouvé d’événements marquants de la vie politique finlandaise dans les mois qui précèdent sa venue [8]. On peut cependant émettre l’hypothèse qu’il tente de faire pression sur le gouvernement finlandais pour défendre des communistes du Parti communiste finlandais (SKP) clandestin, arrêtés du fait des lois d’exception anticommunistes mises en place en 1930-1931 pour défendre la démocratie en Finlande. En 1933, après la victoire des sociaux-démocrates aux élections, l’interdiction du parti communiste a en effet été maintenue. Une partie des communistes finlandais se trouvent alors en exil en URSS (notamment en Carélie), tandis que ceux qui sont restés en Finlande passent dans la clandestinité et n’ont dans les années 1930 que très peu d’emprise sur la société finlandaise. Ces arrestations émanent le plus souvent de la police secrète.

C’est sans doute en sa qualité d’avocat au barreau de Paris qu’il sollicite et obtient immédiatement un rendez-vous avec le Ministre de France, Christian de Vaux Saint-Cyr. Ce dernier lui tient un discours que Willard juge « très conservateur. Très anti-suédois, anti-danois, antirusse bien entendu » [9]. Il s’efforce malgré tout de le faire entrer en contact avec des officiels finlandais. Willard espère ainsi rencontrer en personne le ministre de l’Intérieur. Mais, n’ayant eu aucune réponse de ses contacts dans différents ministères (Affaires étrangères, Justice et Intérieur) – du fait des « vacances d’été » ces messieurs sont « aux îles » [10] –, le diplomate le dirige vers un avocat (a priori Bertil Godenhielm [11]) dont l’accueil est « affable, mais réservé ». La mission de Willard est jugée délicate, car « les communistes ici… ! Cela n’intéresse personne. Vous autres Français, vous flirtez avec les Bolcheviks. Nous avons été germanophiles, puis francophiles. Maintenant… il n’y a plus que les Anglais [12] ». L’avocat lui obtient malgré tout un rendez-vous avec le chef de l’administration pénitentiaire pour le lendemain.

Entretemps, le crédit de Marcel Willard auprès de la légation française s’est amoindri. Quand le secrétaire de la Légation, Pierre Henry de la Blanchetai le rappelle, il lui demande s’il est communiste et si sa démarche est inspirée par le SRI, en lui précisant, par un dernier appel, que l’affaire qui préoccupe Willard n’est en rien une affaire d’espionnage, ses fondements étant purement politiques. Le diplomate français lui promet malgré tout de le mettre en liaison avec le chef du Bureau de presse des Affaires étrangères finlandaises en cas de besoin.

L’après-midi, accompagné par l’avocat finlandais, Willard effectue sa démarche auprès du sous-directeur de l’administration pénitentiaire, « affable et réservé lui aussi ». Les notes de l’avocat (très typiques de ce qu’on trouve ensuite dans le carnet) témoignent d’un entretien portant sur la situation carcérale en Finlande (nombre de détenus politiques, noms, lieux d’emprisonnement, etc.). Mais sa demande d’amélioration du sort des prisonniers politiques et l’éventualité de leur possible libération sont éludées par le fonctionnaire qui évoque la souveraineté du tribunal alors que le procès n’a pas encore commencé. Willard, impatient de voir Leningrad, ne semble pas affecté par cette impasse. C’est donc sans doute plus en tant qu’informateur qu’il discute à son arrivée à Moscou, le 1er août, de la question des prisonniers finlandais, puisque son interlocuteur au MOPR, le finlandais Otto Kuusinen [13], semble malgré tout approuver son action : « 1er août. Matinée au MOPR. Germanetto [14]. Dans le bureau de Stassova (absente jusqu’au 11) [15], mon rapport à Kuusinen satisfait. Sa fille traduit [16]. » Willard promet de faire écrire une lettre par l’AJI. Il travaille à nouveau sur la question finlandaise au MOPR le 20 septembre.

III. Des contacts internationaux

Le séjour de Marcel Willard en URSS est tout à fait typique du séjour des intellectuels engagés invités en URSS à cette date. Il alterne en effet les visites montrant « la construction du socialisme » ou « la Russie éternelle » avec des entretiens et un travail liés à l’activité professionnelle ou militante de l’intellectuel. Quand un écrivain « travaille » à des projets de scénarisation ou d’adaptation théâtrale avec des studios ou des metteurs en scène soviétiques, le militant du SRI Marcel Willard passe une partie de ses journées au MOPR ou au Komintern (la dernière semaine étant essentiellement consacrée à ces activités). Les Willard croisent d’ailleurs d’autres intellectuels, en particulier ceux invités pour le premier congrès de l’Union des écrivains soviétiques – Aragon, Bloch, Pozner, Malraux –, notamment à la deuxième présentation du film de Dziga Vertov, Trois chants pour Lénine, le 16 août, et sans doute à la fête de l’aviation le 18 [17].

Mais logiquement, même si elles utilisent toutes les services d’Intourist, voire ceux de la VOKS (Société pour les relations culturelles avec l’étranger), les organisations soviétiques qui encadrent les étrangers ne sont pas les mêmes selon les voyageurs et selon le type de voyage. L’Union des écrivains prend en charge les écrivains du Congrès, alors que Willard dépend lui du MOPR. « Enfin, je vais voir Leningrad, grâce à Mopr, bien mieux que l’an dernier avec Intourist [18]. » Dans tout son périple soviétique (en plus de Leningrad et Moscou, il part en Ukraine sur le site du barrage du Dnieproguès, puis sur les grands chantiers de l’Oural – Ouralmach, Magnitogorsk, etc. – via Gorki, Kazan, Sverdlovsk), il est accueilli, invité et encadré par des militants du MOPR, responsables locaux ou régionaux et militants emblématiques de l’organisation. La prise en charge a eu lieu dès la frontière russo-finlandaise, où le personnel de l’Intourist le conduit au bureau du MOPR. Un accueil officiel ritualisé (bouquets, discours, etc.) est ensuite organisé à son arrivée à Leningrad, en gare de Finlande. À Kharkov, le 8 septembre, c’est tout l’appareil local du MOPR qui participe à l’accueil : « 2h. l’arrivée à la gare de Kharkov. L’extraordinaire accueil sur le quai de la gare. Tout l’appareil du MOPR, un délégué ouvrier, un délégué de pionniers avec son drapeau. Discours de bienvenue et bouquets […] [19]. » Les délégations d’accueil comportent toujours de vieux militants bolcheviks de 1905 ou de la Révolution d’Octobre, qui sont là pour rappeler l’origine de la création du MOPR. À Kharkov, c’est un vieux garde rouge letton du nom de Joaki qui assure (mal d’ailleurs) l’organisation [20]. À Tcheliabinsk, le 30 août, c’est un « vieux bolchevik jovial, Meltcharnik, compagnon d’armes de Blücher » qui est délégué pour les accueillir à la gare (avec deux heures de retard !) [21]. Et, comme nous sommes en 1934, on leur associe à Leningrad un militant allemand du nom de Specht qui s’occupe des 150 « Schutzbündler » [22] établis récemment dans la région de Leningrad, et dont les familles commencent à arriver :

La dénonciation des exécutions sommaires et des pendaisons, l’organisation de manifestation de protestations, la récolte de fonds pour les victimes politiques […], la défense juridique et l’envoi de commissions d’enquête […], l’accueil en URSS de près de 700 Schutzbündler ayant fui les persécutions, furent une partie d’une intense action internationale qui vit s’impliquer surtout le Bureau de Paris et les Sections française et autrichienne […] [23].

Ce même Specht va d’ailleurs jouer le rôle d’interprète et de médiateur pendant tout le séjour des Willard à Leningrad. Le 24 août, on retrouve également cet « environnement » antifasciste à Gorki lors de la « soirée à l’Avtozavod, ou plutôt à l’American Paciolok [24], le club international. Des figures de connaissances. Émigrés politiques. Italiens. Schuntzbündler, Chinois, Parisiens mêmes [25]. » En ce qui concerne l’accueil, il peut aussi être assuré dans un lieu spécifique par un ouvrier exemplaire, un oudarnik, militant du MOPR, comme c’est le cas à l’usine électromécanique de Kharkov où ils ont « pour traductrice, une ouvrière du Хемё [usine électro-mécanique] que j’avais vue et à qui j’avais parlé l’an dernier dans son entreprise. Depuis lors, sous-ingénieur, étudie et se qualifie pour devenir ingénieur [26]. »

Lors de la suite de leur périple (en Ukraine et dans l’Oural), ils sont bien entendu accompagnés par des interprètes. Marcel Willard connaît déjà madame Bogdanova, car elle l’a déjà entourée lors de son précédent voyage. Elle est relayée par l’interprète Katel lors du séjour en Oural et par un certain Vassilenko [27] en Ukraine. Nous savons malheureusement très peu de choses sur eux [28]. Mais les « interprètes » ne sont pas seuls à suivre les voyageurs hors des deux capitales. Un (ou des) militants du MOPR sont aussi désignés pour leur servir de médiateurs et orienter les visites dans le sens de la solidarité internationale (prisons, tribunaux, communes de rééducation, etc.). Specht s’en charge à Leningrad, et les Cordier, deux militants français alors permanents du MOPR [29], les accompagnent dans l’Oural. C’est sans doute le rôle véritable de Bogdanova en Ukraine.

En dehors de ces accompagnateurs, qui peuvent également travailler avec lui au MOPR à Moscou (c’est le cas de Marcel Cordier par exemple), l’avocat est également en contact avec des responsables du MOPR et du Komintern. De nombreuses séances de travail sont consacrées au SRI et surtout à l’AJI, en se polarisant sur les campagnes de lutte internationale, en particulier sur la campagne pour la libération de Thaelmann : « Le 2. Matinée au MOPR. Mon rapport aux Allemands sur l’AJI et c-ne [campagne ?] juridique dans la bataille Thaelmann. Discussion [30]. » Lors de la « réunion des étudiants du MOPR à la Maison des anciens forçats politiques » à Leningrad le 29 juillet, Willard est présenté à Cheviélova [31], qui serait selon lui la « seconde de Stassova ». Celle-ci est en effet à Paris, où elle participe au Congrès mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Il rencontrera finalement la dirigeante soviétique à Moscou le 23 août. Il prend le train pour Moscou le lendemain avec la camarade Cheviélova.

Le 1er août, son travail au MOPR lui a fait rencontrer des militants communistes émigrés « antifascistes », comme l’Italien Germanetto ou Otto Kuusinen déjà évoqués. Le 3, il discute également de la répression en Pologne et de l’action possible de la section polonaise de l’AJI avec l’avocat communiste Teodor Duracz [32]. Enfin, la question pénale en URSS est l’objet d’un travail de réflexion et d’entretiens avec des spécialistes soviétiques du droit pénitentiaire (Volkov et Pachoukanis [33]), qui conduit à des projets de publications par l’AJI : « À l’Institut du Droit 10 rue Frounzé. Volkoff, Pachoukanis, me faciliteront l’étude de la question “philosophie pénale” [et] l’éducation par le travail collectif : Bolchevo, Dimitrov et canal Moskowa – Volga. Matériels et interviews, collaboreront au bulletin AJI. N° spécial soviétique. Je ferai un rapport sur l’activité de l’AJI. Contact et correspondance. Volkoff et Pachoukanis partant en congé, je les reverrai en septembre. On travaillera [34]. » C’est bien dans les réunions de travail de l’AJI, dont il est dirigeant et membre fondateur, plus que dans celles de la section française du SRI, que Willard passe le plus clair de son temps.

Après les discussions à l’Académie communiste, Willard mêle le travail et le plaisir en se faisant inviter par le camarade Alexeev [35] dans sa datcha : « Le 6. Avec Alexeiev. Gare du Nord. Journée dans la Datcha Alexeiev (la tablée très Tchékov.). Les baignades dans la rivière. Le jeu populaire des bouts de bois. La promenade dans la forêt. Retour. Le 7 Matinée au MOPR. Circulaire. Droit d’asile (Nicolas-Alexeiev). Discussion sur l’AJI (avec Alexeiev). Retrouvé “Raymond” [36]. » Willard rencontre aussi d’autres Kominterniens au siège du Komintern comme le Bulgare Vasil Petrov Kolarov [37].

Mais, si ce travail au MOPR ou au Komintern lui fait rencontrer des Soviétiques et des militants communistes européens, il faut cependant mentionner qu’à Moscou, tout du moins, les Willard passent aussi une partie importante de leurs soirées avec des Français, militants vivant à Moscou, comme Jeanne Moussinac, Henriette et Paul Nizan, Jean Lods, André Lurçat, Mania et les époux Kempner. Il s’agit de « la petite colonie parisienne du Journal de Moscou » [38] qu’ils retrouvent le soir au local du quotidien [39]. Cette sociabilité spécifiquement française complète l’encadrement par le MOPR. Elle témoigne aussi de l’existence de « colonies nationales » à Moscou, sur lesquelles peuvent s’appuyer les voyageurs militants. Willard fréquente également le représentant du Parti communiste français, Albert Vassart, par l’intermédiaire de Marcel Cordier.

Enfin, la famille Willard voyage dans l’Oural avec une Française militante du SRI qu’ils connaissent bien, Marie Lahy-Hollebecque [40], invitée comme eux par les Soviétiques à parcourir l’URSS. Celle-ci est arrivée à la mi-août à Moscou. Elle visite la ville avec Germaine tandis que Marcel Willard travaille au MOPR. Cette séparation des genres n’est pas inhabituelle alors. Quand l’avocat invité est « mis au travail » par les Soviétiques [41], sa compagne effectue des visites « genrées ». Marie Lahy-Hollebecque les accompagne ensuite tous les deux au camp de pionniers de Malikhovka, où ils vont rechercher leur fils Claude (le 17 août).

IV. Propagandiste antifasciste pour le MOPR

Cette deuxième visite (a priori personnelle) des Willard dans le camp de pionniers où leur fils vient de passer plusieurs jours est utilisée par le MOPR à des fins de propagande.

Il s’agit en effet d’utiliser Willard comme orateur et comme figure symbolique du « héros de la cause antifasciste » dans le cadre de la campagne de propagande Dimitrov-Thaelmann. L’intérêt est double. Toutes les manifestations de ce type – et elles sont très nombreuses – participent pleinement aux rétributions symboliques d’un Marcel Willard fêté chaleureusement partout comme un héros antifasciste. Lors de la fête de l’aviation, on lui donne ainsi l’impression d’être mis sur le même plan que les héros du Tchelyouskine [42] :

Notre rencontre, avec 2 héros du Tchéliouskine : un marin et Molokov [43], si simples. Échange de questions. Dimitrov. Thaelmann. Tchéliouskine. « Pendant toute ma vie », me dit le marin, je m’étais demandé ce que doit être une société communiste, quelles seront ses formes concrètes. Et bien voilà, maintenant j’ai compris. Et remarque que, parmi nous, il y avait des camarades dont certains traits semblaient incompatibles avec une vie vraiment collective. Là-bas, ce sont ceux-là qui ont montré le sens collectif le plus fort. Notre vie était une petite préfiguration de la sté [société] communiste. Vieillards, malade, enfants, ne pouvaient faire grand chose. Chacun travaillait de son mieux [44].

Il faut en effet comprendre son voyage comme un séjour offert pour le remercier de sa participation à la campagne de libération de Dimitrov. Il va d’ailleurs avec enthousiasme multiplier les conférences sur « sa lutte » et son emprisonnement dans les geôles nazies. Il s’adresse ainsi à des étudiants du MOPR, aux jeunes pionniers, à des publics d’ouvriers. En conséquence, il devient « oudarnik d’honneur » lors des banquets offerts dans les usines ou les chantiers visités. On donne même son nom au « coin rouge » de la maison de repos de Dniepropetrovsk. Il est aussi nommé membre d’honneur du collège juridique de la même ville [45]. Enfin, il répond fréquemment aux sollicitations de la presse. On reconnaît bien les rituels classiques pour rétribuer symboliquement les voyageurs étrangers. Ses lettres envoyées en France montrent qu’il y est sensible.

Mais ces manifestations s’insèrent également dans les activités d’agit-prop du MOPR en URSS. Ce séjour est aussi un voyage de propagande pour le MOPR. En utilisant Willard (ainsi que sa femme et son fils, comme lors du meeting de l’Avtozavod pour la libération de Thaelmann à Gorki, ou encore durant celui tenu sur le complexe industriel de Magnitogorsk [46]), l’organisation fait la promotion de l’activité antifasciste du MOPR, dans une campagne plus globale de mobilisation des Soviétiques rencontrés par les Français, que la presse peut ensuite reprendre et diffuser.

 Le 10 [août]. L’usine серп и молот [47]. Machines agricoles. Batteuses. Dès l’arrivée à l’usine, du repos (11h), le meeting en plein air. Quel accueil ! Germaine parle après moi. Photos. Mon appel, leurs promesses de travailler mieux. Demandent une liaison avec une usine de France. 2e meeting dans l’atelier mécanique qui est en tête du travail MOPR. Moi ; Germaine. Encouragement. Beaucoup de lettres d’ouvriers à Thaelmann. Expositions. Terreur blanche, journaux muraux. Mais manque d’informations systématiques sur Thaelmann et les autres emprisonnés, notamment ceux d’une prison polonaise qu’ils parrainent. Je promets de  faire le nécessaire. L’entrée charmante. Village fleuri. Librairie. Chantiers fabrique-cuisine et 5e club [48].

Les promesses faites par Willard de transmettre des informations sur Thaelmann ou de mettre en liaison des militants soviétiques et des militants français s’insèrent également dans cette logique de propagande nationale et internationale.

V. Préparer le retour

Le voyage doit aussi servir à un retour, où Willard, témoin enthousiaste de la réalité soviétique, pourra servir la cause du MOPR en France. Pour cela, les visites des Willard, et en particulier celles effectuées par l’avocat, sont largement orientées sur les thématiques propres au MOPR. Il s’agit de lui prouver à la fois la supériorité du système juridique et pénitentiaire socialiste de l’URSS (ce dont l’avocat est en fait déjà convaincu), et de lui montrer l’action du MOPR à tous les niveaux de la société soviétique. Celle-ci doit en effet servir d’exemple aux militants français que Willard pourra mobiliser en France.

La rédaction des carnets participe alors bien d’une accumulation de preuves glorifiant l’action du MOPR et la supériorité du système juridique soviétique. Comme il monterait un dossier pour un procès, Willard y multiplie les récits de parcours individuels exemplaires et accumule les données chiffrées d’une manière très méthodique. Qu’il s’agisse des usines, des prisons, des colonies pénitentiaires ou du travail d’une cour de justice, tout est décortiqué et chiffré (historique, activités économiques, sociales, culturelles et politiques, résultats du plan). L’activité du MOPR au sein des usines visitées est systématiquement exposée (souvent par ateliers de production). Il veut ainsi prouver le succès du système de rééducation par le travail des colonies pénitentiaires en utilisant soit des statistiques – les données récoltées lors des visites étant complétées par des séances de travail au MOPR –, soit en interrogeant des prisonniers, comme ceux de la colonie pénitentiaire du complexe industriel de Magnitogorsk ou ceux avec lesquels il se baigne dans le Dniepr :

Interrogatoires : 1°) 28 ans – 2 ans de déportation (ivre, a battu qqun [quelqu’un]) Ici depuis 2 mois ½ Était métallurgiste (béton) Ici motoriste « Nous sommes très bien ici, nous apprenons à travailler, nous travaillons encore mieux ». 2°) 19 ans 3 ans déportation (voleur) était kolkhozien ici depuis 1 mois Terrassement Pas mal. Espère se qualifier. ½ analphabète. Commence des études le 15. 3°) 39 ans 5 ans de prison (président de Salsoviet, a donné des chiffres faux sur la récolte). Ici depuis 2 ans. Dans quelques jours, sera libre. Éducation politique des condamnés. Ancien batrak [ouvrier agricole], 12 ans, membre du Parti. Lorsqu’il sortira, sera réintégré. Était, est et restera un bolchevik. Le chef lui donnera une bonne recommandation. Je peux travailler comme menuisier ou comme métallurgiste. 4 °) Sonia 18 ans 5 ans de prison (spéculation sur le prix) travaillait en magasin de vin. Ici depuis 1 an Travaille comme peintre en bâtiment. ½ illettrée Sa Cde dit « Elle danse tout le temps ». D’accord pour avoir une qualification en sortant. Oudarnitsa [49].

VI. Conclusion

Ces notes sont à mon sens très significatives de l’engagement communiste de Marcel Willard. Ses convictions communistes ont encore été renforcées par ce deuxième voyage qui l’intègre davantage dans le réseau international du MOPR. Ce séjour lui permet en effet de multiplier les contacts soviétiques et de jouer un rôle de propagandiste et de lobbyiste pour le SRI et l’AJI, non seulement en dehors de l’URSS, mais également en URSS.

Au retour, Marcel Willard participe aux activités de propagande antifasciste des organisations communistes, même s’il conviendrait de revenir plus longuement sur les détails de son action. Il serait ainsi intéressant de savoir comment Marcel Willard a réagi en apprenant l’exécution d’une partie de ses correspondants soviétiques de 1934, quelques mois après son retour d’URSS. S’il intervient lors de réunions publiques, donne des entretiens, il n’écrit cependant pas immédiatement de véritable récit de voyage, ni d’essai sur l’URSS. Ses activités militantes, de plus en plus prenantes, expliquent sans doute cette absence. Cependant, en 1938, il a sans doute utilisé les notes constituées lors de ses deux voyages soviétiques pour publier sa brochure de défense des procès de Moscou ainsi que son important essai La Défense accuse [50]. Sa vision est en effet parfaitement conforme à la représentation qu’il a construite en percevant la réalité soviétique de 1934. En visitant les grands chantiers des plans quinquennaux, il a en particulier parfaitement intégré l’idée que le sabotage serait le principal facteur qui nuit à la construction du socialisme. Aussi, en 1938, n’a-t-il plus besoin de voir, pour croire que les accusés des procès de Moscou sont des espions et des saboteurs.

AUTEUR
Rachel Mazuy
Agrégée et docteure en Histoire
Chercheuse associée à l'IHTP (Institut d'Histoire du Temps Présent, CNRS) et au FRASCIRU (Français dans la vie scientifique et intellectuelle en Russie, Paris IV)

ANNEXES

NOTES
[1] « 25 matin – Viborg. 45 ans, mais l’URSS devant moi. », p. 12 (notre pagination), daté du 25 juillet 1934. Premier carnet de voyage de Marcel Willard en 1934, communiqué par Claude Willard que nous remercions. Ils sont notés CMW par la suite. En ce qui concerne le voyage de 1934, deux petits carnets noirs (notés CMW, 1934) rassemblent les notes de l’avocat.
[2] MOPR : acronyme pour Association internationale d’aide aux révolutionnaires (Meždunarodnaja organizacija pomošči borcam revoljucii), MOPR en français ou Secours rouge international. L’association est fondée en 1922 pour venir en aide aux militants communistes emprisonnés. La branche française porte le nom de SRI.
[3] Frédérick Genevée, Le PCF et la justice des origines aux années 1950. Organisation, conceptions, militants et avocats communistes face aux normes juridiques, Clermont-Ferrand, Presses universitaires de la faculté de droit de Clermont-Ferrand, 2006.
[4] Michel Dreyfus, « Marcel Willard », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (DBMOF). En ligne : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/.
[5] Ces fonds personnels (lettres et carnets) sont la propriété de Claude Willard que je remercie vivement. Si j’ai consulté le dossier de Marcel Willard au RGASPI à Moscou (RGASPI, 495/270/8480/11-1et 11-2), je n’ai pas dépouillé l’ensemble des fonds du MOPR. J’ai également fait une première recherche aux archives de la Préfecture de Police qui n’a pas abouti. On pourrait consulter les dossiers de la Légation de France en Finlande des archives du ministère des Affaires étrangères. Cependant, comme les archives de police des fonds rapatriés de Moscou aux AN, il me semble que ces dossiers policiers nous renseigneront davantage sur ses activités à son retour que sur son voyage lui-même.
[6] Pour approfondir ce point : Rachel Mazuy, « Marcel Willard, Un avocat communiste en Union soviétique », Les Français dans la vie intellectuelle et scientifique en Russie et en Union soviétique au xxe siècle, Colloque international (Moscou) 10-12 septembre 2012, Moscou, Éditions de l’Académie des Sciences de Russie, 2014. p. 251-266. En ligne : hal.archives-ouvertes.fr/hal-00993202.
[7] Nous n’avons pas pu l’identifier avec précision.
[8] Nous avons consulté Raymond Fusilier, Histoire du mouvement ouvrier dans les pays nordiques, Chronologie 1750-1959, Champigny-sur-Marne, France-Sélection, 2012 ; Seppo Hentilä, Osmo Jussila et Jukka Nevakivi, Histoire politique de la Finlande, xixe-xxe siècle, Paris, Fayard, 1999, p. 225-237 ; Eino Jutikkala, Kauko Pirinen, Histoire de la Finlande, Neuchâtel, La Baconnière, 1978, p. 310-311 ; id., History of Finland, Werner Söderström Osakeyhtiö, 2003, p. 422-431.
[9] Carnets Marcel Willard (CMW), en date du 23 juillet 1934, p. 6.
[10] CMW, p. 7.
[11] Marcel Willard note cependant le nom de Godenhjolm. Bertil Godenhielm (1885 ?-1945), avocat exerçant à Helsinki.
[12] CMW, p. 7.
[13] Otto Wille Kuusinen (1881-1964), membre du Parti social-démocrate de Finlande, réfugié en Russie soviétique pendant la guerre civile finlandaise, est l’un des fondateurs du Parti communiste de Finlande et devient membre du secrétariat du Komintern. Il survit aux purges des années 1930.
[14] Giovanni Germanetto (1885-1959), membre du PCI et du Komintern, exilé en 1927. Il vécut en URSS entre 1930 et 1946.
[15] Elena Dmitrievna Stassova (1873-1966), membre du Parti bolchevik depuis 1898, occupe de nombreuses responsabilités au sein du parti et de l’État, travaille pour le Komintern puis dirige le MOPR.
[16] CMW, notes du 1er août 1934, p. 32.
[17] Le témoignage de Marguerite Bloch, femme de l’écrivain Jean-Richard Bloch le montre dans les lettres qu’elle écrit à ses enfants. « Moscou, Caucase, Été 1934. Lettres de Marguerite et Jean-Richard Bloch », Cahiers Jean-Richard Bloch, n° 19, 2013, p. 81-83. Les écrivains et une bonne partie des intellectuels étrangers invités à ce moment-là sont conduits à cette manifestation.
[18] CMW, notes du 25 juillet 1934, p. 13.
[19] CMW, notes du 9 septembre 1934, p. 56.
[20] « Le 9. Perte de temps. L’excellent vieux garde rouge letton Joaki n’excelle pas dans le verbe organisation ». CMW, notes du 9 septembre 1934, p. 56.
[21] CMW, notes du 30 août 1934, p. 103.
[22] Militants liés au mouvement insurrectionnel qui n’a pu empêcher l’instauration de la dictature de Dollfuss.
[23] Claudio Natoli, « Pour une histoire comparée des organisations communistes de solidarité : le Secours ouvrier international et le Secours Rouge international » dans José Gotovitch et Anne Morelli (dir.), Les solidarités internationales. Histoire et perspectives, Bruxelles, Éditions Labor, p. 36.
[24] Du russe пасёлок  qui signifie « colonie ».
[25] CMW, notes du 24 août 1934. p. 85.
[26] CMW, notes du 8 août 1934, p. 53.
[27] Il pourrait s’agir de V. Vassilenko, interprète et traducteur (notamment d’Henri Barbusse). Il est possible que l’autre interprète se prénomme Bella, mais nous ne l’avons pas identifiée.
[28] Bogdanova appartient à l’appareil des cadres du MOPR. Au moins sept brochures du MOPR sont publiées à son nom en 1938 et 1939. Il est alors indiqué qu’elle préside le Comité Central du MOPR (Catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale de Russie : http://www.nlr.ru/).
[29] Henriette Cordier, née Bourbon en 1911, épouse de Marcel Cordier, alors secrétaire de l’Exécutif du SRI à Moscou où elle arrive en mars 1933. Elle accouche à Moscou en décembre 1933 d’une fille (Jacqueline). En 1936, on refuse qu’elle entre au Secrétariat latino-américain du MOPR. Son mari sera arrêté pour espionnage en 1938 et expulsé en 1939. Ils rompent en 1940.
[30] CMW, notes du 2 août 1934, p. 32.
[31] Même si Willard écrit Chereleva ou Chorolova, nous pensons qu’il s’agit d’Elizabetha Vitalievna Cheveleva (Шевелева, Е.В. (Елизавета Витальевна)). Il existe en effet 18 brochures du MOPR publiées sous son nom entre 1929 et 1936 dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de Russie (http://www.nlr.ru/).
[32] « Le 3 Au MOPR- Mon rapport sur l’AJI. Les propositions. Discussion . Entrevue avec Duracz. Directions pour section polonaise AJI. Déjeuner au MOPR. » CMW, notes du 3 août 1934, p. 32. Teodor Duracz (1883-1943), dirigeant communiste polonais, avocat, défenseur des militants révolutionnaires en Pologne.
[33] Il s’agit sans doute de Iakov Vassilevitch Volkov (1898-1963). Communiste à partir de 1918, il participe à la guerre civile, puis devient commissaire politique dans l’Armée (Marine) et occupe des postes d’enseignement, notamment à l’Académie communiste (cours de marxisme-léninisme) à partir de 1929. Arrêté en 1938, déporté, il est libéré et réhabilité en 1954. Evgueni Bronislavovitch Pachoukanis (1891-1937) est un juriste soviétique, l’un des principaux animateurs de la scène juridique soviétique des années 1920 au début des années 1930. Dirigeant de l’Institut de la construction soviétique et du droit qui dépend de l’Académie communiste (rivale de l’Académie des Sciences) depuis 1931, il devient Commissaire adjoint à la Justice à partir de 1936. Il est exécuté comme trotskiste en 1937.
[34] CMW, notes du 3 août, p. 33.
[35] Peut-être Nikolaï Alexandrovitch Alexeev (1873-1972). Révolutionnaire russe, il a travaillé au Komintern et au Comité exécutif du PCUS. Membre de la mission commerciale britannique au Royaume-Uni entre 1931 et 1933, il  enseigna ensuite  à l’Institut des études de marché. Un premier rendez-vous manqué le 4 août, a reporté leur rencontre.
[36] CMW, notes du 6-7 août 1934, p. 53.
[37] Vasil Petrov Kolarov (1877-1950), leader communiste bulgare, président de l’exécutif du Krestintern de 1928 à 1939.
[38] Archives Claude Willard, Lettre de M. Willard à sa mère, s.d. [août 1934 a priori].
[39] Archives Claude Willard, Lettre de M. Wilard à sa mère, 31 juillet 1934, CMW, notes du 31 juillet, 1er, 3, 7 (c’est un rendez-vous en journée avec Loukianoff), et 15 août, p. 31-33, 53 et 80.
[40] Marie Lahy-Hollebecque (1881-1957), professeur agrégé, écrivain et spécialiste des problèmes de l’enfance, compagnon de route du Parti communiste. Elle est envoyée à Vienne avec Germaine Willard pour enquêter pour le SRI sur la répression qui a suivi les événements de février 1934.
[41] On retrouve  la même expérience pour les femmes d’écrivains comme Clara Malraux ou Marguerite Bloch à qui ont fait faire des visites spécifiques.
[42] Le Tchelyouskine était un navire brise-glaces. Une expédition avait été chargée d'étudier les possibilités d'une route vers l'Extrême-Orient par l'océan glacial de Sibérie. Elle quitte Mourmansk en août 1933 avec 104 passagers à son bord. Arrivés dans le détroit de Béring en septembre 1933, ils restent coincés par les glaces. En février 1934, le navire coule, l’équipage se réfugie sur la banquise. Au printemps, presque tous les passagers sont sauvés par les airs. Cet exploit débouche sur une intense propagande soviétique (les aviateurs sont faits « héros de l’Union soviétique », un film est tourné, un ouvrage sur cette « odyssée » est publié).
[43] Il s’agit de Vassili Sergueevitch Molokov (1885-1982), l’un des pilotes qui participa au sauvetage du navire. Issu de l’armée impériale, il rejoint l’Armée rouge en 1918 et rejoignit l’aviation civile en 1931. Fait comme les autres pilotes Héros de l’URSS en 1934, il participe à d’autres expéditions polaires. Durant la Seconde Guerre mondiale, il commanda une division aérienne.
[44] CMW, notes du 18 août, p. 81.
[45] CMW, notes du 11 août 1934, p. 65.
[46] Archives Marcel Willard, Lettre à sa mère du 6 septembre 1934, Magnitogorsk.
[47] En russe : « La faucille et le marteau ».
[48] CMW, notes du 10 août 1934, p. 63.
[49] CMW, notes du 7 août, p. 164.
[50] Marcel Willard, Le Procès de Moscou de Boukharine, Rykov. Comment ils ont avoué ?, Paris, Bureau d’éditions, 1938 et La Défense accuse, Paris, Éditions sociales, 1938.

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Rachel Mazuy, « Propagandiste pour la solidarité internationale et l’URSS : Marcel Willard et le SRI (été-automne 1934) » dans Histoire documentaire du communisme, Jean Vigreux et Romain Ducoulombier [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 3 mars 2017, n° 7, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Rachel Mazuy.
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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