Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-uB |
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Territoires contemporains | |
Histoire documentaire du communisme | |||||||||||||||||
Le(s) communisme(s), la guerre et le facteur militaire | |||||||||||||||||
Georges Vidal | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | ||||||||||||||||
RÉSUMÉ
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MOTS-CLÉS
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SOMMAIRE
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TEXTE | |||||||||||||||||
La guerre au xxe siècle couvre un vaste champ historiographique dont les historiens du militaire et des relations internationales ont longtemps gardé le quasi-monopole. Depuis une vingtaine d’années, il a connu un regain d’intérêt selon un angle privilégiant plutôt l’approche culturelle, facteur militaire compris, et, secondairement, ses dimensions politiques. L’historiographie du communisme, peut-être freinée par ses problématiques anciennes et recentrée sur l’exploitation des archives russes ouvertes au cours des années 1990, a pris du retard dans cette évolution générale. Pourtant, la guerre occupe une place centrale dans l’histoire du communisme, et cela pour au moins cinq raisons : – Comme idéologie, le communisme condamne par principe la guerre entre nations et se donne pour finalité l’instauration d’un monde sans guerre. Cette identification au principe de la paix dans un xxe siècle profondément marqué par les conflits armés explique que le binôme guerre/paix traverse toute l’histoire du communisme et constitue certainement sa permanence la plus remarquable [1]. Ce constat rend nécessaire de faire la distinction entre le discours du communisme sur la guerre et les réalités guerrières de l’histoire du communisme. – Par ses origines, le communisme est indissociable de la guerre, puisqu’il est pour une bonne part le produit du premier conflit mondial. Ainsi, les bolcheviks ont fait d’août 1914 l’évènement fondateur d’un nouvel internationalisme révolutionnaire, ce qui revient à faire de la Grande Guerre la matrice du communisme. – Par la suite, le communisme est un acteur majeur de la plupart des grands conflits du xxe siècle, ce qui donne au facteur militaire un rôle considérable dans son histoire. – Débordant le cadre des seules périodes de conflit, la guerre touche directement au rôle de la violence dans la trajectoire séculaire du communisme et constitue une variable importante dans les diverses stratégies des acteurs communistes du xxe siècle. Ceci est particulièrement vrai dans la construction du totalitarisme soviétique, mais pas seulement. – Enfin, la guerre est étroitement liée à l’affirmation du fait national, une tendance de fond qui marque profondément toute l’histoire du communisme, contribuant à accentuer, surtout à partir de la Seconde Guerre mondiale, une singularité/pluralité qui justifie le pluriel du concept de communismes. Pourtant, en dépit de sa dynamique qui parcourt le siècle et qui contribue à le façonner, la dialectique guerre/communisme a été peu étudiée [2], voire dédaignée [3], au profit des thématiques de la paix et de son corollaire, le pacifisme, qui occupent une place notable dans l’historiographie des communismes [4]. Ce constat inclut la période de la Seconde Guerre mondiale, l’essor remarquable de l’histoire militaire de l’URSS ne touchant que très marginalement aux caractéristiques du régime soviétique et aux sources de son militarisme. Quant à l’historiographie de la résistance communiste en France, si elle s’est ouverte tardivement à la perspective militaire [5], elle néglige les influences notables de la politique militaire communiste de l’entre-deux-guerres et ne prend pas suffisamment en compte la question de la stratégie globale des communistes dans la guerre. Pour présenter l’articulation complexe communisme-guerre-facteur militaire, je donnerai d’abord quelques repères sur ses tendances fondamentales, dominées par la centralité du communisme soviétique, et scandées par les grandes phases de l’histoire des communismes et le jeu des évènements [6]. Dans un second temps, pour illustrer la diversité de la question, je décrirai l’autopsie du tournant du PCF dans le domaine de la défense au cours des années 1930 qui révèle une spécificité du communisme français face à la guerre et au facteur militaire [7]. I. La guerre et le facteur militaire dans l’histoire des communismes Le phénomène guerrier dans l’histoire des communismes relève d’une périodisation en trois phases à la délimitation plus ou moins tranchée : – le creuset de la guerre civile et les perspectives de guerre révolutionnaire en Europe ; – la révolution stalinienne des années 1930 axée sur l’impératif de défense de l’URSS ; – la Seconde Guerre mondiale qui débouche sur l’expansion des communismes et sur la guerre froide. 1) De 1917 à la fin des années 1920 : militarisation et démilitarisation relative Le bolchevisme des origines pratique une grammaire de la politique très voisine de celle de la guerre, le champ politique étant perçu comme le lieu de l’aléa et de la manœuvre. En particulier, le bolchevisme porte en lui la conviction que la guerre entre États capitalistes, et plus encore leur défaite, apportent les conditions les plus favorables à la révolution prolétarienne [8]. La génération des dirigeants soviétiques de 1917 est profondément imprégnée par cette culture politique militarisée, clausewitzienne, qui se caractérise par la combinaison de la fidélité à la doctrine et d’un pragmatisme froid. Ces caractéristiques marquent profondément les premières années du mouvement communiste, tant en Russie au moment de la révolution et de la guerre civile que dans la stratégie du Komintern en Europe. De cette conception de l’action politique révolutionnaire résulte une théorie originale du parti politique, considéré avant tout comme un instrument de combat qui possède certaines caractéristiques d’une armée, ce que Claude Lefort désignait comme la professionnalisation de la politique révolutionnaire, de la discipline d'action et de pensée. Il est vrai que l’évolution des évènements va accentuer ces tendances générales avec une nette militarisation du communisme dans la période 1917-1921. D’abord, en octobre 1917, la prise du pouvoir repose surtout sur quelques régiments contrôlés par les bolcheviks. Ainsi, dès ses origines, le régime bolchevik affiche un lien fort avec l’institution militaire. Puis, pendant la période de la guerre civile et de l’après guerre de 1914-1918, s’enclenchent deux évolutions parallèles, l’une intérieure à la Russie soviétique, l’autre sur la scène internationale. En Russie, le gouvernement de Moscou fait la guerre pour sa survie en liant étroitement les facteurs politique, social, économique et militaire. Cette stratégie intégrée préfigure celle qu’adopteront les communistes dans les situations de guerre tout au long du xxe siècle : le conflit est considéré comme un phénomène global dont la finalité est toujours politique, mais dont les exigences immédiates sont de nature militaire ; puisqu’il mêle plusieurs dimensions étroitement articulées entre elles, il doit être mené comme un processus dans lequel l’interrelation entre le front des armées et l’arrière, c'est-à-dire le front intérieur, joue un rôle fondamental. Dans ce cadre d’ensemble, la formation de l’Armée rouge au printemps 1918 donne à l’État soviétique l’un des ses principaux fondements, tout en apparaissant comme un instrument d’exportation de la révolution en appui du Komintern. Cette armée d’un nouveau type est conçue comme une armée révolutionnaire régie par quatre grands principes qui pour l’essentiel resteront intangibles jusqu’à la Seconde Guerre mondiale : – une armée de classe qui reflète l’alliance des ouvriers et des paysans ; – une armée communiste étroitement subordonnée au parti ; – une armée de conscription encadrée et commandée par des professionnels ; – une armée internationaliste dont la vocation est de défendre l’État soviétique, mais qui peut, à l’occasion, se projeter au-delà des frontières pour appuyer une révolution prolétarienne. Le système soviétique en formation connaît au cours de la guerre civile un processus de militarisation rapide dont la dynamique interne est assurée par un transfert massif du parti bolchevik vers l’armée. Puis, aux lendemains de la guerre civile, un double mouvement s’enclenche : d’une part, une « démilitarisation » puisque l’Armée rouge devient en quelques années une armée à faible effectif, comprenant toutefois un système de milice territoriale, nouvelle mouture à bon marché du peuple en arme [9] ; d’autre part, une militarisation sous de nouvelles formes adaptées au temps de paix. Toutes ces évolutions, complexes et inédites, combinent plusieurs composantes interdépendantes : – durant une courte période, au début des années 1920, les méthodes militaires sont appliquées pour relever le pays, en particulier par la militarisation du travail et des transports ; – la guerre civile et la victoire de l’Armée rouge deviennent dans la mythologie soviétique le véritable creuset de la Russie communiste, la période fondatrice du nouveau monde en construction [10] ; – les anciens combattants tiennent le rôle clé dans le parti et la société, une caractéristique durable du système soviétique [11] ; – on assiste à l’affirmation d’un militarisme très particulier avec l’apologie des forces armées qui, jusqu’aux purges de 1937, constituent un corps d’élite, dont la popularité est entretenue à travers le pays [12]. Cette valorisation exacerbée participe d’un système de propagande qui intègre la référence explicite au patriotisme pour justifier l’effort de défense. Cette réorientation idéologique est prise dès la guerre russo-polonaise de 1920-1921 et aura tendance à s’accroître par la suite. Dans la même période hors de Russie, le Komintern privilégie, avec des nuances et certaines conditions, la voie insurrectionnelle, surtout en Allemagne, et la guerre révolutionnaire est alors conçue comme un moyen d’appuyer ce processus [13]. Cette conception politico-militaire de la révolution est, de fait, abandonnée en Europe à partir de 1924 et les partis communistes occidentaux vont désormais privilégier pour l’essentiel l’action légale. En marge du Komintern, Gramsci théorise ce tournant implicite en opposant deux stratégies de prise du pouvoir : dans les pays les moins avancés à régimes autoritaires, la voie révolutionnaire est assimilée à une guerre de mouvement dont la finalité reste l’insurrection ; à l’inverse, dans les démocraties occidentales où les mécanismes politiques reposent beaucoup plus sur le consentement que sur la contrainte, la lutte pour le pouvoir est définie comme une guerre de position [14]. Cette conception, très personnelle, du dirigeant italien reflète à la fois la prégnance d’une culture politique militarisée au sein du mouvement communiste des années 1920 et la conviction qui se développe dans les sphères dirigeantes du Komintern et des partis communistes occidentaux que la solution communiste dans les pays capitalistes industrialisés ne peut résulter de moyens militaires ou paramilitaires [15]. Cette conception s’imposera dans la période suivante, mais parallèlement une deuxième évolution va également avoir des retombées importantes sur la décennie suivante : si l’association guerre-révolution s’est bien vérifiée en Russie au cours du premier conflit mondial, les désillusions de l’après-guerre et la stabilisation du régime soviétique conduisent à envisager la dialectique guerre-révolution comme un moyen de défense de l’URSS, une orientation officiellement adoptée par le Komintern lors du VIe Congrés en 1928 [16]. 2) Le « militarisme paradoxal » des années 1930 À partir du début des années 1930, commence une autre période marquée par le développement de la puissance militaire soviétique. Cet effort gigantesque relève d’une logique de préparation à la guerre pour faire face à une agression « inévitable » des puissances capitalistes [17]. Il s’agit d’une tendance de fond qui va perdurer, peu ou prou, jusqu’à la fin de l’URSS en 1991. Cette surestimation chronique du risque de guerre, dès la seconde moitié des années 1920, devient une des caractéristiques du régime et, peut-être, le principal moteur de la construction du totalitarisme soviétique. Cette nouvelle orientation a des implications majeures. On assiste en effet à l’émergence d’un « militarisme paradoxal » en raison de son caractère démesurément ambitieux en regard des capacités du pays, mais également parce qu’il est initié par le pouvoir politique et non imposé sous la pression de l’institution militaire [18]. En conséquence, le Premier Plan quinquennal adopté en 1928 donne la priorité absolue à l’effort de défense et, dans les années qui suivent, l’Armée rouge tend à devenir une armée de masse mécanisée dont la professionnalisation est sensiblement accrue. La croissance des forces armées s’accompagne d’une emprise croissante du PCUS sur l’institution militaire. Un contrôle étroit s’exerçait déjà par l’intermédiaire des commissaires politiques et des instances régulières du parti et du Komsomol (jeunesses communistes) intégrées à la vie des régiments, mais, tout au long des années 1930, la proportion des officiers membres du PCUS ne cesse d’augmenter pour devenir nettement majoritaire. Ce regain de politisation de l’armée est encore accentué au moment des purges de 1937-1938 avec le rétablissement de la double chaîne de commandement, abolie après la guerre civile. Cette sanglante reprise en main par Staline s’inscrit dans le cadre général de la Grande Terreur, dont le déroulement peut être analysé, au moins pour l’essentiel, comme la liquidation préventive de l’ennemi intérieur sous toutes ses formes afin d’éradiquer tout risque de cinquième colonne en cas de guerre [19]. Cette paranoïa tous azimuts, qui lie étroitement menace extérieure et danger intérieur, entretient un paradoxe : tandis qu’une tendance à la modération visant au maintien du statu quo caractérise tout au long des années 1930 l’attitude de l’URSS sur la scène mondiale, sur le plan intérieur, on assiste au contraire à une radicalisation extrême du régime soviétique qui va bouleverser le pays en profondeur. Cette contradiction apparente résulte pour l’essentiel de la même volonté d’affronter le risque de guerre et de faire de l’URSS la première puissance mondiale. Cette ambition implique que la question militaire se pose en URSS en des termes sans équivalent dans le reste du monde communiste. De ce point de vue, au cours de cette période, deux cas notables méritent d’être évoqués, ceux de la Chine et de l’Espagne. Le communisme chinois est d’abord un « communisme de guerre » puisque son existence reste conditionnée de 1926 à 1937 par sa capacité à combattre pour survivre. En raison de ce quasi-déterminisme du facteur militaire, la politique du PC chinois est dominée par l’empirisme et le pragmatisme dans des proportions et une durée sans équivalent dans l’histoire du mouvement communiste. Le PC chinois reste donc jusqu’à sa victoire finale de 1949 une sorte de parti-armée et ce profil de parti-combattant favorise sa prise d’autonomie vis-à-vis de Moscou. Quant au PC espagnol, cornaqué par le Komintern et les services spéciaux soviétiques, il joue un rôle de premier plan dans la mise en place d’une armée républicaine. Conséquence de la prise en compte des conditions particulières à l’Occident et d’une politique antifasciste visant à la stabilisation de l’Europe, les communistes jouent le jeu d’une armée espagnole organisée selon le modèle français et non soviétique [20]. Dans le reste du monde, le communisme n’adopte pas une problématique militaire très nette, le fil directeur restant depuis la fin des années 1920 la défense de l’URSS face au risque d’agression impérialiste. Dans cette perspective, le Komintern donne davantage la priorité au renseignement qu’au noyautage des armées bourgeoises, sauf en France, au Japon et en Pologne [21] ; il s’oppose, sauf exception (Allemagne, Danemark), à la formation par les partis communistes d’organisations paramilitaires [22]. Il y a toutefois le cas particulier des Brigades internationales, véritable armée du Komintern, improvisées dans l’urgence et dont le rôle déclinera assez rapidement avec la formation de l’armée gouvernementale espagnole. Au total, hors d’URSS, les partis communistes sont loin de tous adopter une politique militaire, et lorsqu’ils en ont une, elle s’avère le plus souvent fluctuante et appliquée sous des formes légales et semi-légales. Comparé à la période des années 1920, on assiste donc plutôt à une démilitarisation du mouvement communiste, surtout en Occident, tant dans les pratiques que dans la culture politique, avec l’affirmation durable d’un discours pacifiste. La Seconde Guerre mondiale va modifier ce schéma général, mais dans certaines limites. 3) La Seconde Guerre mondiale et l’affirmation des communismes Le second conflit mondial est pour le monde communiste une guerre-révolution qui le transforme en profondeur, mais, plus décisif encore, lui confère le statut d’acteur historique majeur pesant désormais d’un poids déterminant dans l’évolution du monde. En effet, l’URSS accède au statut de superpuissance, le mouvement communiste connaît une expansion remarquable en Europe et un renforcement sensible de son influence en Asie et, après la dissolution du Komintern en 1943, le PCUS devient le pôle central de l’internationalisme communiste. Ce bilan, qui contraste avec la marginalisation du communisme de l’entre-deux-guerres, résulte de la combinaison de deux grands facteurs : – la victoire militaire sans appel et le jeu de la loi du plus fort ; – la référence patriotique qui imprègne la culture de guerre communiste et domine la politique suivie par Staline. Le premier facteur permet l’expansion territoriale de l’URSS à partir de 1940 puis la mise en place des États communistes satellites d’Europe de l’Est. Secondairement, l’action militaire de la résistance communiste a joué favorablement en Europe de l’Ouest et surtout dans les Balkans, ainsi qu’en Asie orientale. Cette progression foudroyante est la négation du schéma bolchevik de 1917 selon lequel la révolution engendrée par la guerre provoquait l’expansion du communisme. Le deuxième facteur accroît sensiblement la dimension nationale du communisme, avant tout en URSS. En Europe, la guerre pour la libération nationale a provoqué une radicalisation de la mouvance communiste, particulièrement nette en France, Italie, Tchécoslovaquie, et qui atteint sa forme la plus extrême dans les Balkans (Yougoslavie, Albanie, Grèce) avec l’affirmation implicite d’un véritable « national communisme ». Cette dynamique marque l’amplification au sein du mouvement communiste de tendances centrifuges face à l’hégémonie politique de Moscou. Ainsi, si rétrospectivement l’invasion de l’URSS apparaît comme le meilleur cadeau qu’Hitler ait fait au communisme, le conflit a aussi développé en son sein de nouvelles tendances aux effets explosifs sur le long terme. Le cas chinois en est la principale illustration. En août 1945, la position du communisme en Chine s’est sensiblement renforcée depuis 1937 et, au fur et à mesure de sa conquête progressive du pays, se met en place une administration issue de l’armée. La victoire de 1949 permet l’instauration du régime du parti unique qui entraîne la complète subordination de l’institution militaire au Parti communiste et la mainmise complète de ce dernier sur l’ensemble du système administratif. Toutefois, l’Armée populaire de Libération conserve à travers son haut commandement un poids politique sans équivalent dans les autres États communistes puisque les principaux chefs militaires siègent à la direction du PCC. L’affirmation du communisme chinois comme modèle alternatif à l’URSS comprend le rejet du « militarisme paradoxal », l’effort de défense restant relativement proportionné au développement économique. Dans les trente années qui suivent l’instauration du communisme en Chine, le facteur guerrier va également jouer un rôle majeur dans deux expériences communistes particulières : en Indochine avec la guerre contre la France, puis contre les États-Unis ; à Cuba, avec l’apologie de la lutte armée puis les interventions africaines des années 1970 et 1980. Ces deux exemples illustrent la tendance longue des communismes à valoriser peu ou prou le facteur militaire dans l’exercice de la puissance et la construction d’une société socialiste au détriment des objectifs et pratiques révolutionnaires. Cette orientation générale résulte d’un recentrage des communismes, sur la guerre, potentielle ou concrète, au détriment de la révolution reléguée à la contingence. 4) La guerre plus que la révolution : bilan d’une trajectoire Le mouvement communiste a toujours revendiqué sa nature révolutionnaire, alors qu’il s’est beaucoup plus étendu par la guerre que par la révolution. Ainsi, il ne s’est emparé du pouvoir par la voie insurrectionnelle qu’en Russie, la révolution cubaine ne relevant pas à l’origine du mouvement communiste. En Chine, sa victoire résulte d’une stratégie politico-militaire consécutive à une longue guerre civile dont le déroulement et la conclusion ont été largement déterminés par les péripéties de la Seconde Guerre mondiale dans la zone Asie-Pacifique. Les cas yougoslave et albanais se rapprochent eux aussi de ce schéma général, les communistes étant parvenus au pouvoir en menant simultanément guerre civile et guerre de libération nationale. De même, dans la péninsule indochinoise, les communistes l’emportent à l’issue de guerres d’indépendance. Enfin, les régimes est-européens et nord-coréen sont le produit direct de la victoire de l’Armée rouge sur les forces de l’Axe. Dans ces pays, la progression du système communiste hors des frontières soviétiques de 1939 a surtout résulté d’une logique impériale justifiée par la puissance militaire du vainqueur et les intérêts stratégiques de l’État. Le rôle central du facteur militaire dans la politique communiste au cours de la Seconde Guerre mondiale marque donc la rupture définitive, déjà amorcée depuis les années 1920, avec le binôme guerre-révolution théorisé par Lénine. Dans l’ensemble, les communismes se sont donc révélés beaucoup plus aptes à faire la guerre qu’à faire la révolution. Les défaites révolutionnaires ont été nombreuses, les guerres perdues rares et sans défaite écrasante. Ce grand paradoxe du communisme se double d’un second. En dépit d’une militarisation importante de l’économie et de la société, couplée à un effort militaire souvent considérable rapporté au potentiel du pays, les États communistes n’appartiennent pas à la catégorie des régimes belligènes. Ainsi, si dans l’entre-deux-guerres, l’URSS est le pays qui s’est le plus préparé à la guerre, sa politique extérieure à partir de la seconde moitié des années 1920 va dans le sens du maintien du statu quo en Europe et en Asie [23]. De même, la rupture sino-soviétique des années 1960 ne débouche pas sur un conflit armé. En 1939, les opérations offensives de l’Armée rouge en Finlande et en Pologne, puis dans les pays baltes et en Bessarabie en 1940, ne participent pas d’un grand dessein expansionniste, mais elles relèvent de la politique de neutralité opportuniste suivie par l’URSS depuis le déclenchement de la guerre en Europe [24]. En 1979, l’intervention en Afghanistan découle davantage d’une logique de consolidation de zone d’influence et de sécurisation des frontières soviétiques que de la poursuite d’objectifs stratégiques à long terme [25]. D’ailleurs, à partir des années 1920, la doctrine militaire soviétique reste soumise à des objectifs défensifs et sera fondée sur la dissuasion nucléaire à partir des années 1960 [26]. Cette constante résulte de la stricte subordination du militaire au politique, dans un système ou « le parti commande aux fusils », une règle légitimiste intangible dans le monde communiste, y compris à la fin des années 1980 où toutes les conditions semblaient pourtant réunies pour faire de l’armée soviétique une armée putschiste. Cette prévalence de la posture militaire défensive découle pour une bonne part du primat de la lutte des classes dans l’idéologie et la politique communistes, qui privilégient la guerre civile et la lutte, pacifique ou violente, légale ou illégale, sur le front intérieur. D’une part, c’est sur ce terrain-là, que ce soit par la voie insurrectionnelle, la guerre civile ou la « voie pacifique au socialisme » que le mouvement communiste conceptualise les chemins de son expansion ; d’autre part, dans les pays qu’il domine, c’est l’ennemi intérieur qui est considéré comme le danger principal. Ainsi, la dimension sanglante des communismes relève essentiellement d’une logique de prévention ou d’annihilation de la menace intérieure, justifiée par les nécessités de la sécurité du pays, mais en réalité déterminée par la nature totalitaire du régime politique. Toutefois, ces caractéristiques générales concernent surtout les États communistes. Ainsi, le cas du PCF apparaît sensiblement décalé dans son rapport à la guerre et aux réalités militaires. II. Le cas du PCF dans les années 1930 : une trajectoire spécifique 1) Des caractères généraux pour une part contradictoires Face à la guerre dans ses différentes dimensions, c’est l’imprégnation pacifiste qui reste le trait dominant du PCF dans la longue durée. Dans les vingt premières années de son existence, cette prégnance est en concordance, même si c’est sous des formes pour une bonne part spécifiques, avec le pacifisme qui marque en profondeur la France de l’entre-deux-guerres [27]. Ainsi, dans le mouvement communiste, le PCF fait figure de produit le plus achevé de la guerre mondiale, car sa création et son développement ne sont pas le résultat de la défaite (PC russe, KPD) ou de tensions sociales devenues explosives au cours du conflit (PC italien). La vague pacifiste, qui en France suit la fin de la guerre, joue un rôle déterminant dans la naissance du communisme français [28], expliquant largement la vigueur de sa sensibilité antimilitariste mais également les formes qu’elle revêt, assez imperméables aux tendances les plus radicales de l’antimilitarisme révolutionnaire de type bolchevik [29]. Ce constat explique la persistance jusqu’à la Seconde Guerre mondiale d’une double tension au sein du communisme français entre, d’une part, l’antimilitarisme pacifiste et la promotion d’un « militarisme rouge » incarné par l’URSS, et, d’autre part, entre sensibilité pacifiste et politique militaire suivie par le PCF. Le PCF est en effet le seul parti politique français de l’entre-deux-guerres doté d’une politique militaire, et cela dès le début des années 1920. Moscou en fixe les grandes lignes et la suit de près, car les dirigeants soviétiques accordent une grande attention à l’évolution politique et militaire de la France. Alors que la majorité des dirigeants communistes français s’intéressent peu à la question militaire, le Komintern pousse le PCF à davantage de volontarisme, cette divergence latente étant, surtout au début des années 1930, une source de tension entre directions française et soviétique. C’est cette priorité de Moscou qui explique pour une bonne part le tournant spectaculaire du PCF sur la question de la défense au cours des années 1930. 2) Le long tournant Contrairement à une légende historiographique tenace, ce tournant ne survient pas brutalement en mai 1935 au moment de la signature du pacte d’assistance mutuelle entre la France et l’URSS. Au contraire, l’autopsie de ce tournant, compliqué et très progressif, permet un découpage en sept séquences qui s’étalent sur environ cinq années : 1) Avant juillet 1934, le PCF pratique un antimilitarisme révolutionnaire centré sur la lutte contre la préparation à la guerre antisoviétique. La priorité est alors donnée à trois types d’actions : l’implantation de cellules de soldats dans les régiments, la propagande dans les entreprises d’armements et des manifestations de rue dirigées, directement ou indirectement, contre les forces armées. À ceci s’ajoute la pratique de l’espionnage [30]. 2) De juillet 1934 à l’été 1935, l’antimilitarisme prend une tournure antifasciste pour aboutir à l’adoption du mot d’ordre de « républicanisation de l’armée ». Parallèlement, la propagande communiste commence à s’adresser aux cadres subalternes. Dans l’ensemble, la propagande antimilitariste évolue dans le sens d’une certaine modération. 3) De l’été à la fin de l’année 1935, l’évolution s’accélère : le VIIe Congrès du Komintern adopte la ligne dite de lutte pour la paix qui met l’accent sur la défense collective baptisée « ronde de la paix ». À cette occasion, et il s’agit là d’une rupture fondamentale, le congrès définit les conditions d’un possible soutien des partis communistes à la Défense nationale dans le cas où des gouvernements de front populaire accéderaient au pouvoir. Le mot d’ordre d’armée populaire fait alors son apparition. La remise en cause des principes de l’antimilitarisme révolutionnaire est ainsi clairement exprimée et dans les mois qui suivent se développe une véritable propagande de la main tendue en direction des cadres de l’armée. Parallèlement, on constate un affaiblissement de l’appareil antimilitariste qui organise la propagande dans les casernes. 4) Dans les premiers mois de 1936, sous le gouvernement d’Albert Sarraut, les communistes expriment leur soutien implicite au renforcement des défenses de la frontière de l’Est au moment de la crise rhénane. 5) L’arrivée au pouvoir du Front populaire entraîne le soutien immédiat aux mesures de réarmement pour doter la France d’une armée forte. Il s’agit alors du ralliement officiel à la défense nationale et, pour la première fois, les parlementaires communistes votent les budgets militaires. Mais la priorité est donnée à l’« épuration » pour républicaniser l’armée. Le renforcement du potentiel militaire n’est pas à ce moment-là une priorité pour les communistes même s’ils le soutiennent. 6) Puis de l’hiver 1936 au printemps 1938, le PCF entre dans une longue phase de torpeur sur le plan militaire, une sorte d’adhésion « molle » à la défense nationale. 7) A partir du printemps 1938, lors de l’Anschluss, apparaît une adhésion « nationale » à la défense du pays qui se précise au cours de la crise des Sudètes puis s’amplifie au premier semestre 1939 [31]. Cette reconnaissance de la défense nationale au sens conceptuel du terme est justifiée par la nécessité urgente de défendre la nation face au danger extérieur, cette attitude revenant à l’adoption d’une position défensiste. Cette dernière étape qui parachève véritablement le ralliement est marquée par l’acceptation des structures militaires, avec en particulier la disparition des cellules de soldats. Elle comprend également un engagement volontariste pour le réarmement du pays et l’adoption du mot d’ordre de gouvernement de salut public, conçu comme un gouvernement de Défense nationale. Le PCF se situe alors dans une logique de préparation à la guerre. Cette dynamique vient se briser sur la signature du pacte germano-soviétique et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Au total, le long tournant militaire du PCF relève de deux logiques distinctes : la première, qui s’impose de juillet 1934 au printemps 1938, correspond à une politique militaire « républicaine » dominée par l’antifascisme qui donne la priorité à la lutte contre l’ennemi intérieur ; la seconde, qui l’emporte nettement du printemps 1938 jusqu’à la mi-septembre 1939, c’est-à-dire jusqu’aux deux premières semaines de la guerre, relève d’une politique militaire « nationale » centrée sur les impératifs de défense face à la menace de l’Allemagne hitlérienne. Ainsi, même si l’Armée rouge reste l’armée des communistes, la référence nationale et républicaine de la politique militaire du PCF est définitivement fixée ainsi que le montre la période de la résistance, de la Libération et de l’après-guerre [32], la « parenthèse » de la période août 1939-juin 1941 ne remettant que partiellement en cause ce schéma général.
Au terme de cette communication très schématique, voire approximative sur nombre de points, il faut conclure qu’à l’évidence, une vraie synthèse sur les communismes et la guerre reste faire. Cette importante lacune à combler montre que les historiographies de la guerre et des communismes restent des champs de recherche largement ouverts qui méritent tout particulièrement une approche croisée. |
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AUTEUR Georges Vidal Professeur agrégé et docteur en histoire, HDR Chercheur associé à l'UMR 8138 Sorbonne-IRICE |
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ANNEXES |
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NOTES
[1]
Georges Vidal, « Le communisme et la dialectique de la paix d’octobre 1917 à août 1939 : théories,
représentations et instrumentalisation », dans Antoine Coppolani et alii (dir.), La Fabrique de la Paix : Acteurs, Processus et Mémoires, Paris-Laval, Herman-Presses de l'Université Laval, 2015,
p. 187-200.
[2]
Edward. H. Carr, La Révolution bolchevique, Paris, Minuit, 1969, p. 555-574. Lilly Marcou, « La IIIe
Internationale et le problème de la guerre », dans Les Internationales et le problème de la guerre au Vingtième siècle, Milan, Université de Milan-École
française de Rome, 1987, p. 27-50.
[3]
Georges Vidal, L’Armée française et l’ennemi intérieur (1917-1939). Enjeux stratégiques et culture politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 14-17.
[4]
Par exemple, Yves Santamaria, L’Enfant du malheur. Le Parti communiste français et la lutte pour la paix (1914-1947), Paris, Seli
Arslan, 2002.
[5]
Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Paris, Tallandier, 2004. François Marcot, Janine Ponty, Jean Vigreux et Serge Wolikow (dir.), La Résistance et les Français : lutte armée et maquis, Paris, Belles-Lettres, 2003. Fabrice Grenard, Une légende du maquis. Georges Guingouin, du mythe à l'histoire, Paris, Vendémiaire, 2014. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Fayard, Paris, 2004.
[6]
Cette partie est pour l’essentiel un condensé de deux de mes publications : Histoire des communismes au xxe siècle, Paris, Ellipses, 2013 ; « Le communisme, la guerre et la
paix (1911-1946) » dans Frédéric Rousseau (dir.), Guerres, paix et sociétés, Paris, Atlande, 2004,
p. 225-289.
[7]
La Grande Illusion ? Le Parti communiste français et la Défense nationale à l’époque du Front populaire, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2006.
[8]
Cette conviction est assez générale tout au long de l’entre-deux-guerres tant dans l’opinion publique que dans les milieux
dirigeants (Georges Vidal, L’Armée française et l’ennemi intérieur, op. cit., p. 227-228).
[9]
David Glantz M., The Military Strategy of the Soviet Union, London, Franck Cass, 1992, p. 29-54.
[10]
Orlando Figes, La Révolution russe, 1891-1924, la tragédie d'un peuple, Paris, Gallimard, 2009, p. 742.
[11]
Alexandre Sumpf, « Entre démobilisation et surmobilisation, l’impossible repos du soldat rouge en URSS
(1921-1929) », Vingtième Siècle, n° 98, 2008/2, p. 177-190.
[12]
Georges Vidal, Une alliance improbable. L’armée française et la Russie soviétique, Rennes, PUR, 2015, p. 95.
[13]
Georges Vidal, « Le communisme, la guerre… », art. cit., p. 237-241.
[14]
Antonio Gramsci, Cahiers de prison, 6, 7, 8, 9, Paris, Gallimard, 1983.
[15]
Georges Vidal, « Violence et politique dans la France des années 1930 : le cas de l’autodéfense
communiste », Revue historique, n° 640, octobre 2006, p. 901-922.
[16]
Georges Vidal, La Grande Illusion, op. cit., p. 27-39 ; Georges Vidal, « Défense de l’Union
soviétique et communisme français de 1925 à 1934 : à l’interface du politique, du culturel et du
militaire », dans Frédéric Dessberg et Frédéric Thebault (dir.),
Sécurité européenne : Frontières, glacis et zones d’influence de l’Europe des alliances à
l’Europe des blocs (fin xixe-milieu du xxe siècles, Rennes, PUR, 2007, p. 141-155.
[17]
Silvio Pons, Stalin e la guerra inevitabile (1936-1941), Turin, Einaudi, 1995.
[18]
Jacques Sapir, Le Système militaire soviétique, Paris, La Découverte, 1987.
[19]
Nicolas Werth, « Massacre sur quotas : “l’opération 00447” (URSS, 1937-1938) », Histoire@Politique, n° 26, mai-août 2015, disponible sur
http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=26&rub=dossier&item=248.
[20]
Georges Vidal, La Grande Illusion, op. cit., p. 354-358.
[21]
Ibid., p. 56-57.
[22]
Georges Vidal, « Violence et politique dans la France des années 1930 : le cas de l’autodéfense
communiste », op. cit., p. 901-922.
[23]
Sabine Dullin, Des hommes d'influences. Les ambassadeurs de Staline en Europe (1930-1939), Paris, Payot, 2001.
[24]
Gabriel Gorodetsky, Le Grand Jeu de dupes. Staline et l'invasion allemande, Paris, Les Belles Lettres, 2000.
[25]
Jacques
Lévesque
(avec la collaboration de Gilles Labelle), 1979-1989, l'URSS envahit l'Afghanistan : de l'invasion au retrait, Complexe, 1990, p. 93-126 ; Philippe Sidos, La guerre soviétique en Afghanistan, Paris, Economica, 2016.
[26]
Jean-Christophe Romer, La Pensée stratégique russe au xxe siècle, Paris, Economica, 1997 ; Henri Paris, Stratégie soviétique et chute du Pacte de Varsovie. La clé de l'avenir, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995.
[27]
Ladislas Mysyrowics, Autopsie d'une défaite. Origines de l'effondrement militaire français de 1940, Lausanne, L'Âge
d'homme, 1973 ; Antoine Prost, Les Anciens Combattants et la société française, 3 volumes, Paris, Presses de la FNSP,
1977.
[28]
Romain Ducoulombier, Camarades ! La naissance du Parti communiste en France, Paris, Perrin, 2010.
[29]
Georges Vidal, « Défense de l’Union soviétique et communisme français de 1925 à 1934 », op. cit., p. 141-155.
[30]
Georges Vidal, « L’affaire Fantômas : le contre-espionnage français et les prémices de la préparation
à la guerre (1932) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 119, 2013, p. 3-14.
[31]
Georges Vidal, « Le PCF et la Défense nationale (septembre 1937-septembre 1939) », Revue historique, n° 630, 2004/2, p. 333-369.
[32]
« Armée, le PCF et », « communistes d’Alger », dans Georges Caïtucoli et Jean-François
Muracciole (dir.), Dictionnaire de la France Libre, Paris, Robert Laffont, 2010, p. 69-70, p. 346-347 ; Georges Vidal, La Grande Illusion, op. cit., p. 429-430.
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RÉFÉRENCES Pour citer cet article : Georges Vidal, « Le(s) communisme(s), la guerre et le facteur militaire » dans Histoire documentaire du communisme, Jean Vigreux et Romain Ducoulombier [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 3 mars 2017, n° 7, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. Auteur : Georges Vidal. Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html ISSN : 1961-9944 |
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