Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-uB |
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Territoires contemporains | |
Histoire documentaire du communisme | ||||||||||||||||||
Communistes français et question coloniale : la première décennie | ||||||||||||||||||
Alain Ruscio | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils | |||||||||||||||||
RÉSUMÉ
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MOTS-CLÉS
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SOMMAIRE
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TEXTE | ||||||||||||||||||
I. Introduction Les 16 et 17 juillet 1920, L’Humanité, qui porte alors la mention de « Journal socialiste », publie les « Thèses sur les questions nationales et coloniales » de Lénine. Parmi les lecteurs, un jeune Annamite, comme on disait alors – le futur Hồ Chí Minh [1] – est passionné : « Je lus et relus ce texte et, peu à peu, j’en pénétrais profondément le sens. Quelle émotion, quel enthousiasme, quelle lucidité et quelle assurance il me communiqua ! […]. Dès lors, mon choix était fait : j’étais pour la IIIe Internationale, et j’eus totalement confiance en Lénine [2]. » Texte émouvant mais… écrit en 1960. Qui pourra dire si cette reconstruction mémorielle, sans aucun doute sincère, est la réalité ? Et, en admettant qu’elle le soit, combien de militants socialistes, alors, eurent cette réaction ? Quelques mois après cette publication, en décembre, se tient à Tours le XVIIIe Congrès national du Parti socialiste SFIO qui deviendra pour l’histoire, suite à l’adhésion à la nouvelle Internationale, la Section française de l’Internationale communiste (SFIC). La nuit finit à Tours… Ce fut le titre, manichéen comme cette période le fut souvent, d’un ouvrage de propagande (et de formation des cadres), très en vogue au sein du PCF des années 1950 aux années 1970 [3]. Avant Tours, la nuit, après 1920, la clarté ? Dans le domaine colonial, en tout cas, ce ne fut pas le cas. II. Le Congrès de Tours Sur cette question coloniale – ou plus précisément sur les luttes anticoloniales à venir et à développer –, deux interventions avaient été prévues. Celle d’un jeune professeur d’histoire, qui signait alors Charles Julien – on aura reconnu Charles-André Julien, devenu plus tard le grand historien de l’Algérie coloniale –, délégué par les socialistes d’Algérie pour défendre l’adhésion, largement majoritaire, était prévue, le 28 décembre au matin [4]. Mais elle fut annulée, suite à la lecture par André Le Troquer, favorable à la « vieille maison », d’un télégramme de l’Internationale communiste, signé par son Secrétaire général, Zinoviev, interdisant tout compromis sur les « 21 conditions ». Le débat (vif), dès lors, ne porta plus que sur cette question. L’Algérie disparut donc sous Zinoviev, et nul ne sembla s’en plaindre, ce qui est en soi déjà une indication. La seule intervention spécifique consacrée au fait colonial à Tours fut donc, le 26 décembre, le fait d’un jeune délégué, présenté comme celui « de l’Indo-Chine » (mais qui ne fut pas nommé, pour des raisons évidentes de sécurité). En fait, il s’agissait de Nguyễn Ái Quốc, plus tard connu sous le nom d’Hồ Chí Minh . Une légende fait de cette présence un symbole de la rupture avec le confusionnisme et l’opportunisme du vieux Parti. En fait, le ton et le fond du discours étaient extrêmement modérés. Le futur Ho n’appelait nullement à la lutte pour une indépendance, même lointaine, de son pays. Il dénonçait les exactions coloniales et demandait à ses camarades un peu plus d’engagement dans la défense des peuples opprimés. Jean Longuet ayant répondu et cité, comme illustration de son engagement, ses interventions parlementaires, il se fit sèchement remettre en place par Paul Vaillant-Couturier : « Je dois rendre hommage à l’action que Longuet a faite en faveur des camarades annamites. Mais ce à quoi notre camarade fait appel aujourd’hui, ce n’est pas seulement à cette action parlementaire, mais à celle de tout le Congrès en faveur des nations opprimées » [5]. Il sera pourtant de nouveau question des colonies le 29, ce qui provoquera un nouvel accrochage entre Vaillant-Couturier et Longuet. Tout cela est bien intéressant. Mais… les deux fois, on passa immédiatement à autre chose. Comme si, poliment, les délégués avaient écouté, puis étaient revenus au principal, la politique en métropole. Une intervention en forme… deux passes d’armes… c’est finalement bien peu pour une question qui aurait dû interpeller les nouveaux communistes de la deuxième puissance coloniale du monde. III. Les premières années Même si les thèses de Lénine et les directives de l’Internationale introduisent des concepts nouveaux, proposent – imposent – une stratégie radicale, la question coloniale ne va pas devenir, pour le jeune Parti communiste, primordiale. Comme cela avait été le cas dans la SFIO d’avant 1914, rares sont les militants de ce début des années 1920 qui s’intéressent à la question coloniale. Charles-André Julien, toujours lui, s’en plaint à Moscou, lors d’un entretien avec Fédor Tchitchérine le 11 juin 1921 : « J’insiste sur l’intérêt platonique que portent aux colonies les communistes de France, l’hostilité à peine déguisée des communistes d’Algérie-Tunisie à l’égard des indigènes, l’ignorance totale de ceux-ci [6]. » Sévère opinion partagée par l’éditorialiste de L’Humanité, Maurice Heine [7] : Nous voudrions davantage. Il faudrait, croyons-nous, reconnaître et sanctionner l’importance primordiale, dans un pays militariste et impérialiste comme le nôtre, d’une offensive communiste aux colonies. Ce n’est pas à telle ou telle fédération, voire à tel où tel militant, d’entreprendre de « soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, d'exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux ». Cette tâche essentielle incombe au Parti tout entier, à « tout Parti appartenant à la IIIe Internationale »[8]. Les colonisés organisés au sein du jeune Parti poussent à la roue. Ils seront les fondateurs et les piliers de l’Union intercoloniale et de son journal, Le Paria. Nguyễn Ái Quốc se fait décidément remarquer. Au premier congrès national du nouveau Parti, cette fois à Marseille, il intervient de nouveau. En un an, le ton s’est affermi, le discours s’est radicalisé. La presse conservatrice ne s’y trompe pas : Les communistes des colonies tenant à faire entendre leur voix à ce premier congrès du parti communiste, ce fut un Annamite, M. Nguyễn Ái Quac [9], qui fut leur porte-parole à la séance de cet après-midi, que présidait M. Barabant (Côte-d’Or). Dans une déclaration qu’il lut au congrès, il attira son attention sur le recrutement des troupes de couleur et indiqua le parti que pourrait tirer l’Internationale d’une propagande parmi les populations des colonies en vue d’un mouvement anti-capitaliste. Une motion dans ce sens fut votée [10]. Les interventions de Quoc dans L’Humanité sont nombreuses. Nous en avons recensé vingt-cinq entre Tours et son départ de France, à l’été 1923. Trois autres paraîtront ensuite, sans doute envoyées de Moscou (ou rédigées plus tôt et laissées à un camarade ?). On sait qu’il publia également nombre de contributions dans Le Paria, dans La Vie Ouvrière et, plus surprenant, dans Le Libertaire [11]. On peut classer ces interventions en deux catégories : celles visant à l’éducation internationaliste des lecteurs, des militants, des sympathisants (il y a certes une majorité d’articles sur l’Indochine, mais Quoc donne également des informations sur le Dahomey, sur la Turquie, etc.) ; la deuxième série d’interventions est plus portée sur l’organisation et l’activité communistes. Le ton se fait critique : « Le Parti français […] ne peut, comme les Première et Deuxième Internationales, se contenter de manifestations purement sentimentales et sans suites ; mais il doit avoir un plan d’action précis, une politique effective et réaliste [12] ». On sait que Quoc, sans doute lassé par le peu d’écho qui accueillit ses multiples rappels à l’ordre, quitta la France en juin 1923 [13]. À Moscou, il pensait avoir plus d’oreilles attentives au sort des colonisés. IV. Le rôle de l’Internationale communiste L’Internationale a, dans cette montée en puissance de la pression, un rôle capital. En novembre 1922, le IVe congrès adopte une résolution sur la question française d’une particulière rudesse sur divers aspects de la vie du PCF. Mais un summum critique est atteint dans la partie qui concerne l’action communiste dans les colonies. C’est dans ce texte que figure, comme nous allons le voir, la fameuse dénonciation de la section de Sidi bel Abbès [14]. On peut imaginer les grincements de dents, rue La Fayette, au siège du Parti. Mais, malgré tout, L’Humanité publie ce texte. Au congrès suivant, à l’été 1924, une nouvelle attaque est portée contre le PCF. De nouveau, Nguyễn Ái Quốc – qui séjourne donc à Moscou depuis un an – est à l’offensive [15]. Plus grave, pour les dirigeants du PC, Manouilski, une étoile montante de l’Internationale, pose une question – tout en connaissant parfaitement la réponse : « Je me permets de demander aux camarades français dans quels documents ils ont déclaré le droit de séparation des colonies ». Cruel, il insiste : l’IC avait adopté un appel aux ouvriers français et aux peuples coloniaux. L’Humanité l’a certes publié… mais en omettant la seconde référence. Il interroge : « Peut-on, avec une telle mentalité, faire une propagande énergique parmi les indigènes [16] ? » On peut voir la réaction immédiate des communistes français à ces injonctions de l’Internationale à la simple lecture de L’Humanité. Le 3 juillet 1924, le quotidien communiste publie une lettre de l’émir Khaled à Herriot, en Une (avec un portrait de l’émir) [17]. Le 7, c’est Marcel Cachin qui expose le nouveau cours de la politique du PCF : Ce sera l’honneur de la IIIe internationale d’avoir appelé à la libération tous les peuples aujourd’hui écrasés et spoliés par les impérialisme de l’Europe occidentale et de l’Amérique. À son appel répondent de plus en plus les opprimés de l’Asie et de l’Afrique. Tous les peuples jusqu’à présent engourdis en leurs servitudes séculaires se tournent vers elle. Paysans turcs, perses, nomades de l’Afghanistan, fellahs de l’Égypte, dockers japonais, cheminots chinois, coolies coréens, tous ceux du Proche, du Moyen, de l’Extrême-Orient, tous ceux de l’Inde, nègres et jaunes, se lèvent peu à peu pour réclamer leur indépendance. Le Ve congrès de notre Parti mondial, qui se tient, cette heure même, les assure solennellement du concours, sans réserve de tous les militants du communisme universel. Il leur montre la route de l’affranchissement ; il leur indique l’ennemi à abattre ; il leur fournit le moyen unique du salut qui est la lutte commune contre le capital et l’impérialisme. Il leur donne comme but l’instauration de l’Union sur toute la terre des républiques socialistes soviétiques [18]. Le virage vers la protestation radicale, dans le domaine colonial, est pris. Cette politique sera désormais celle du jeune PC durant dix années, jusqu’aux prémices du Front populaire. V. La lutte contre la guerre du Rif Dès lors, le terrain est idéologiquement déblayé : le jeune Parti communiste est prêt pour soutenir son véritable baptême du feu, la lutte contre une guerre qui oppose les Rifains à deux occupants européens, les Espagnols et les Français [19]. Avant même l’intervention française, le fameux télégramme de Pierre Semard, secrétaire général du PC, et de Jacques Doriot, figure des Jeunesses communistes, au « vaillant chef Abd el-Krim » donne le ton. Il se termine par : « Vive l’indépendance du Maroc ! Vive la lutte internationale des peuples coloniaux et du prolétariat mondial [20] ! ». Le moins que l’on puisse écrire est que les communistes ne dissimulent pas leur soutien : le texte figure en Une de L’Humanité, sous un titre flamboyant (« Le Parti communiste français unanime félicite Abd-el-Krim pour ses succès »), accompagné d’une photo de l’insurgé rifain. Ce texte fait grand bruit. D’autant que Doriot le relit avec fougue et une fierté affichée à la Chambre, le 4 février 1925, provoquant un torrent d’invectives de tous les députés non communistes. En octobre, un nouveau pas est franchi. À l’initiative du Parti, de la CGTU et d’un Comité d’action dirigé par le jeune Maurice Thorez, est lancée une grève générale contre la guerre – thème auquel est associée la dénonciation des événements en Syrie [21]. Au lendemain de ce mouvement, Gaston Monmousseau, le 16 octobre, dans La Vie Ouvrière, affirme que plus d’un million de grévistes ont participé au mouvement, des centaines de milliers d’autres « se sont solidarisés par des moyens appropriés [22] ». Ce chiffre d’un million de grévistes, légèrement érodé à 900 000, va désormais entrer dans la saga révolutionnaire. Chiffre-étendard, mais qui paraît à l’analyse peu probable : aux élections législatives de mai 1924, les listes communistes avaient recueilli, justement, 900 000 voix. Les études historiques, plus prudentes, retiennent en général une fourchette entre 400 000 et 600 000 [23], ce qui est déjà considérable. Cette propagande coûta très cher à l’appareil communiste. Patronat et gouvernement étaient bien décidés à répondre à ce premier grand défi. Partout, il y eut des échauffourées. Un ouvrier, André Sabatier, fut tué par balle par un ingénieur de l’usine Radio-Electric de Suresnes, qui avait reçu une pierre… La police procéda à plusieurs centaines d’arrestations, beaucoup pour fait de grève (167 pour le seul 12 octobre), d’autres pour participation à des mouvements ayant entraîné des heurts avec la police, d’autres enfin pour des motifs pouvant aller jusqu’au chant de refrains subversifs, tels que Au Maroc, ou la récitation du poème de Montéhus Aux victimes du Maroc [24]. En novembre, on dénombrait 165 militants emprisonnés et 263 poursuivis. Les tribunaux requirent 320 années de prison [25]. Le record en la matière fut détenu par Jean Georges, le secrétaire de l’UD-CGTU de Haute-Garonne, condamné à quinze mois. Le jeune Maurice Thorez écopa de quatorze mois. Des élus furent arrêtés : le maire de Saint-Pierre-des-Corps, Robespierre Hénault, resta six mois en prison. Cet épisode vit adhérer au PCF des éléments venus du syndicalisme révolutionnaire, dont Gaston Monmousseau. Cela lui vaut également la sympathie des intellectuels radicalisés, Benjamin Péret, André Breton, Paul Éluard, Pierre Unik, Aragon… qui signeront les appels d’Henri Barbusse dans la revue Clarté, qui confieront à L’Humanité des textes vengeurs. Mais il fut aussi un moment de départs massifs d’éléments déroutés par la gauchisation du discours et des pratiques, effrayés sans doute aussi par la répression. Au Ve Congrès national, le secrétaire général Pierre Semard admit qu’il y avait eu « baisse des effectifs ». La première raison invoquée était la perte d’« éléments timorés […] pendant notre campagne défaitiste contre les guerres du Maroc et de Syrie », la Fédération la plus sensible à cette question, celle d’Algérie, ayant « perdu les trois quarts de ses effectifs [26]. » VI. Les communistes et les travailleurs coloniaux Lors des élections législatives de mai 1924, pour la première fois dans l’histoire politique française, un « indigène » est candidat officiel d’un parti politique en métropole : le Parti présente à Paris Abdelkader Hadj Ali [27]. Il obtient 40 580 voix, la moyenne de la liste communiste étant de 40 781. Il n’est pas élu, à 20 voix près. Mais la démonstration avait été faite que l’insertion des immigrés colonisés dans la vie politique française était un des moyens de combattre le racisme. Le Parti récidive l’année suivante, pour les municipales : outre Hadj Ali, candidat dans le quartier du Jardin des Plantes, Lamine Senghor est présenté à la Salpetrière. Occasion pour les communistes de faire une campagne spécifique en direction des travailleurs colonisés, évidemment non électeurs. Le PC distribue un tract, en langues française et arabe, aux « originaires des Colonies » [28]. Mais il s’agit aussi de contribuer à l’éducation internationaliste des travailleurs français. La Commission coloniale du PC lance cet autre appel : « Parmi les noms des candidats du Bloc de Paris, les lecteurs de L’Humanité ont dû remarquer les noms de nos deux camarades Hadjali et Senghor. La portée de ces deux candidatures de travailleurs coloniaux ne saurait échapper à personne ». L’appel insiste sur deux aspects : « L’occupation du Maroc, de la Syrie, qui coûte des milliards aux contribuables français » et le sort des « travailleurs arabes, kabyles, marocains, sénégalais, annamites, etc. » en métropole, exploités par un « patronat sans scrupule ». L’appel se conclut par des formules fermes : « Les ouvriers français sauront défendre leurs frères des colonies […]. Le capitalisme en France plus que partout ailleurs s’efforce d’exaspérer les antagonismes de races pour mieux briser l’action de classe des travailleurs. En votant pour Hadjali et pour Senghor, les ouvriers parisiens feront à l’impérialisme français, aux négriers Lyautey et Caillaux la réponse qu’il convient [29]. » Les deux candidats ne seront pas élus : Hadj Ali obtint 842 voix sur 5 923 exprimés, soit 14 % et Senghor 905 sur 5 031, soit 18 %. Deux ans plus tard, le 7 juillet 1927, le PCF franchit encore une étape. La Chambre discute de la réforme électorale, en particulier la question du droit de vote des femmes. Le groupe communiste en profite pour glisser une proposition à l’intitulé on ne peut plus simple : « Le droit de vote est accordé aux indigènes non naturalisés de toutes les colonies ». Le porte-parole du groupe, Clotaire Delourme, argumente : Ces hommes, qui ont couru tous les risques de la guerre, qui ont fait le sacrifice de leur vie pour défendre les biens des riches Français, ont droit maintenant à leur reconnaissance. Ces indigènes, qui travaillent, qui récoltent le caoutchouc, le thé, le café, qui enrichissent les capitalistes français, ont le droit d’attendre en retour la reconnaissance de ces mêmes capitalistes. Je demande pour ces indigènes le droit de vote [30]. Son collègue André Berthon renchérit : « Ce fut l’honneur et la tradition des assemblées de notre pays, dans les moments les plus graves de notre histoire, d’accorder aux étrangers tous les droits dont jouissaient alors les citoyens français. La Convention nationale admettait les étrangers dans son sein et la Commune n’a fait aucune distinction entre les Français et les étrangers [31] » . Toutes ces propositions provoquent un tollé. Les députés de droite sont indignés. Les socialistes refusent de se prononcer, les communistes ayant démagogiquement mêlé une bonne cause, le droit de vote pour les femmes, et une thèse indéfendable. Finalement, la Chambre dissocie les deux questions (vote des femmes et vote des colonisés). Seuls les trente-et-un députés communistes votent pour, cinq cents autres votent contre. Dans l’esprit des communistes, la lutte pour l’obtention de droits politiques ne saurait par ailleurs se comprendre sans la participation des principaux intéressés aux luttes. La CGTU, syndicat dirigé essentiellement par des militants communistes, se fixe comme un de ses objectifs premiers d’organiser les travailleurs coloniaux. Cette participation des immigrés d’origine coloniale aux luttes sociales est réelle, mais peu fréquente. Ainsi, le Premier mai 1923, une bagarre oppose, lors du meeting traditionnel, les manifestants et la police. On relève un mort, l’ouvrier algérien Beradia. Le 8 mai, l’Union des syndicats de la Seine (CGTU) appelle les ouvriers à faire des obsèques un moment de lutte. Le 14 mai, le Bureau Politique fait de même. Le 15, l’éditorialiste de L’Humanité écrit : « Serf du Patronat et de la Métropole, l’ouvrier arabe Beradia avait osé chômer le Premier Mai. Un bicot, un ouvrier briqueur, s’était permis d’affirmer sa solidarité de classe avec le prolétariat international, en travail d’émancipation. Cela méritait un châtiment [32]. » Ce même jour, les obsèques ont lieu à Paris. 10 000 ouvriers, drapeaux rouges déployés, y participent – c’est du moins ce que prétend la presse communiste [33]. Un an plus tard, des militants communistes et unitaires organisent le Congrès des ouvriers nord-africains, le premier du genre. 150 délégués y assistent. Jacques Doriot conclut de cet événement : « Le front unique du prolétariat français et des peuples coloniaux est constitué » [34], ce qui est tout de même légèrement optimiste. Afin que nul ne se trompe sur la signification politique de l’événement, L’Humanité signale que les congressistes ont adressé un message à l’URSS, à Abd el-Krim et au peuple marocain, puis se sont séparés au chant de L’Internationale. Si l’on en croit les informateurs de police, les communistes auraient alors réussi à organiser près de 8 000 ouvriers nord-africains en France [35]. Un moment important de cette tentative d’intégrer les travailleurs coloniaux aux luttes paraît avoir été la grève des mineurs de la Loire, du Gard et de l’Aveyron de fin 1928 [36]. L’Humanité ouvre ses colonnes à un jeune syndicaliste, Benoît Frachon, qui signale : « Sauf à Firminy et à Roche-la-Molière, la grève est totale dans tous les puits. Il n’y a pas de défection parmi les mineurs coloniaux et étrangers ». L’auteur note qu’un ouvrier « colonial » a lancé, dans l’enthousiasme général : « Il n’y a pas un jaune parmi nous ». L’article juge cet engagement « très important » [37]. La grève se poursuit. Le 29, une manifestation a lieu dans les rues de Saint-Étienne. En tête, note L’Humanité, « six drapeaux rouges, dont celui des ouvriers coloniaux de la 20ème Union régionale ». À côté de revendications classiques (« Nos cent sous »), on peut lire : « À bas le code de l’indigénat… L’ennemi des coloniaux, c’est l’impérialisme. Leurs amis, ce sont les ouvriers et paysans… Les coloniaux veulent leur indépendance et l’égalité de droits… ». L’article poursuit : Des chéchias rouges aux pompons noirs et des casquettes couvrant des visages résolus. Et des chants : L’Internationale, La Carmagnole, scandés par de puissants « on les pendra » […]. Il y avait là des visages de toutes les nuances : teint clair des blonds Polonais, teint bronzé d’Espagnols et d’Algériens aux cheveux noirs crépus, teint noir de Nègres et teint pâle des jeunes mineurs français qu’use et qu’anémie le dur travail du fond de la mine [38]. La grève s’achève. L’un des principaux dirigeants de la CGTU, Gaston Monmousseau, en tire les enseignements. La participation des travailleurs coloniaux est considérée comme l’un des acquis majeurs : « Ce réveil farouche de la main d’œuvre coloniale aux côtés de la CGTU et en face de la coalition socialo-bourgeoise éclaire la route des prochains combats [39] ». VII. L’Étoile nord-africaine [40] L’Étoile nord-africaine a eu, dans l’histoire du nationalisme algérien, mais aussi, par-delà, dans l’histoire du colonialisme, une importance exceptionnelle. Pour la première fois, des colonisés maghrébins, sur le sol même de la métropole, exprimèrent l’aspiration, puis l’exigence, de l’indépendance nationale. Immédiatement après la Première Guerre mondiale, les Algériens de la région parisienne représentent une masse de 15 000 personnes (8 000 à Paris, 7 000 en banlieue) [41]. Le premier embryon connu d’organisation est une société d’aide mutuelle, l’Association de la fraternité islamique. L’ÉNA se serait fondée à partir de ce petit noyau [42]. La plupart des études proposent comme date de fondation le printemps 1926 : décision de l’Union inter-coloniale de fonder une section nord-africaine (1er février), fondation formelle (2 mars), enfin Assemblée générale constitutive (20 juin) [43]. Ce qui est certain, c’est que l’initiative est partie des milieux communistes, ce que reconnaît largement Messali Hadj dans ses Mémoires [44]. Au sein de la Section nord-africaine de la Commission coloniale du PCF, le principal initiateur fut Abdelkader Hadj Ali, déjà cité, secondé par Mohammed Marouf, Mohammed Saïd Si Djilani et le jeune Messali [45]… C’est cette section qui par exemple, entre septembre et novembre 1926, élabore le programme qui sera présenté en février 1927 à Bruxelles [46]. Malgré cette appellation de nord-africaine, ce sont surtout des éléments algériens qui y militent, la principale exception étant Chedly Khaïrallah, membre du Destour tunisien, arrivé en France en novembre 1926 pour y poursuivre des études de droit. En métropole, il se rapproche vite du PCF. Mais, repéré, il est expulsé de France le 27 décembre 1927 [47]. La première manifestation publique de l’association date du 26 juin 1926 [48]. Ce jour-là, boulevard de Belleville, Messali prononce le discours principal, probablement afin de ne pas faire apparaître Hadj Ali, trop connu comme communiste. En juillet, rue de la Grange-aux-Belles, il monte encore à la tribune pour dénoncer la « parade » que fut l’inauguration de la mosquée de Paris, le jour même [49]. En octobre, par contre, ils animent tous deux un nouveau meeting organisé à la Salle des Ingénieurs civils, qui flétrit « les procédés de la France capitaliste » et s’achève par la promesse de lutter « jusqu’à l’indépendance [50]. » Quelques mois plus tard, les deux hommes se rendent à Bruxelles, au congrès inaugural de la Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale (LAI). Cette réunion, pilotée en sous-main par l’Internationale communiste et Willi Münzenberg, est officiellement pluraliste. Dans ces conditions, on peut comprendre que ce ne soit pas Hadj Ali, mais Messali, qui prononce le discours – remarqué – au nom de l’Étoile, axé autour de trois mots d’ordre centraux, « L’indépendance de l’Algérie. Le retrait des troupes françaises d’occupation. La constitution d’une armée nationale », assortis de revendications : confiscation des grandes propriétés agricoles, abolition du code de l’indigénat, amnistie politique, liberté de presse, d’association, de réunion, droits politiques et syndicaux égaux à ceux des Français qui sont en Algérie, scolarisation, application d’une législation sociale, etc. [51] C’est également à ce moment que les dirigeants de l’ÉNA – où Messali prend une dimension nouvelle – souhaitent abandonner le tête-à-tête avec le seul PCF. À partir de l’automne 1927, d’ailleurs, Messali n’est plus appointé par ce Parti. Là encore, le divorce succèdera à la fraternité d’armes. VIII. Les communistes en Algérie À la veille du Congrès de Tours, les Fédérations socialistes d’Algérie déclarent 1 500 adhérents (700 à Alger, 400 à Constantine, 400 à Oran [52]). Les estimations des historiens contemporains minorent légèrement ce chiffre : entre 1 000 [53] et 1 200 [54]. L’adhésion en faveur de la nouvelle Internationale est écrasante : les délégués du Constantinois arriveront au congrès avec 100 % des mandats en ce sens, ceux de l’Oranais de 94,7 %, ceux de l’Algérois de 86,7 % [55]. Oui, mais… Les socialistes algériens, en devenant communistes, ont certes adhéré à la radicalité du discours dans bien des domaines… sauf sur la question coloniale [56]. La première constatation est cruelle : il n’y a pas un seul « indigène » algérien à Tours [57]. Certes, Charles-André Julien l’écrit sans détours dans L’Humanité : « Il faut insister sur ce fait que les indigènes ne représentent qu’une infime minorité dans les sections socialistes d’Algérie [58]. » Mais il y avait pourtant, alors, au moins un militant aguerri, en Algérie, qui aurait pu légitimement aspirer à un mandat : Mohand Saïd Lechani, un instituteur kabyle, membre du Parti socialiste et de la Ligue des droits de l’Homme dès avant 1914, partisan de l’adhésion en 1920 [59]. Sans y voir un lien mécanique de cause à effet, il faut constater que cette énorme domination des Européens au sein des jeunes fédérations communistes d’Algérie n’incite pas à une acceptation enthousiaste du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au cœur de la « huitième condition » de 1920. L’historiographie – critique – sur la question s’est focalisée sur la fameuse motion de la section de Sidi bel Abbès, de vieille tradition guesdiste, rédigée par Maxime Guillon [60] dans un sens opposé aux directives de l’Internationale (avril 1921) [61]. Mais celle-ci n’a été qu’un des textes qui ont jalonné continûment l’histoire de ces fédérations durant les années qui ont suivi Tours. Et même précédé – Julien ne l’avait pas caché aux lecteurs de L’Humanité : La question des mouvements nationalistes a tenu la première place dans la discussion approfondie engagée par les fédérations algériennes sur les thèmes coloniaux. À l’unanimité et sans qu’aucune voix se soit élevée pour soutenir un point de vue contraire, sans qu’aucun de nos camarades indigènes ait présenté la moindre observation, elles se sont nettement prononcées contre les mouvements nationalistes et les révoltes indigènes. Sans parler des difficultés pratiques qui voueraient à un massacre inutile, profitable au seul militarisme, des milliers d’hommes incapables de s’organiser, même géographiquement, les fédérations algériennes sont unanimes à penser que le succès d’un mouvement ne pourrait profiter qu’à une oligarchie indigène nationaliste, qui soumettrait les habitants à des conditions beaucoup plus pénibles que celles qui leur sont imposées aujourd’hui et dont les socialistes européens seraient les premières victimes [62]. Dans ces conditions, ne peut-on affirmer que, dans ce domaine au moins – mais pour eux le principal –, les socialistes algériens ont voté pour l’adhésion sur la base d’un quiproquo ? Vient, donc, en avril 1921, la fameuse motion de Sidi bel Abbès. L’historiographie s’est focalisée sur elle, pouvant laisser penser qu’après tout, il aurait pu s’agir d’éléments restés sur les positions de la vieille SFIO, attardés, mais isolés. Or, il n’en est rien. En octobre de la même année, c’est une Fédération, celle de Constantine, qui défend une thèse de défiance contre « toute agitation nationaliste » qui substituerait la lutte des « races ennemies » à la lutte des classes [63]. Un an plus tard, en septembre 1922, c’est cette fois la totalité des communistes de l’Afrique du Nord qui est réunie lors d’un Congrès interfédéral. Il est d’ailleurs étonnant que la quasi-totalité des études historiques postérieures ne citent que la motion de Sidi bel Abbès, après tout locale, et ignorent ce Congrès, à portée régionale. La motion, exactement dans le même esprit, est adoptée à l’unanimité. Le texte est sans appel : la « masse indigène, inculte, tenue en demi-esclavage depuis des siècles, fanatique et fataliste, patiente, résignée, soumise, pénétrée de préjugés religieux », ne peut parvenir à la lutte pour sa libération. Toute « propagande communiste directe » auprès de ces « indigènes » ne sera pas seulement « inutile », mais « dangereuse » [64]. Fait troublant, le texte est publié in extenso, deux livraisons de suite, sous un titre globalisant, « Le communisme et la question coloniale », par le Bulletin communiste, l’organe du parti communiste dont les bureaux sont au 120 rue La Fayette, au siège du Comité directeur – ce qui prouve que l’accord de certains dirigeants de Paris était acquis. C’est cette situation qui devait amener le IVe congrès de l’Internationale communiste à adopter une Résolution sur la question française (novembre 1922) contenant la fameuse dénonciation de la section de Sidi bel Abbès qualifiée de « point de vue purement esclavagiste » [65]. L’Internationale ne devait probablement pas avoir alors connaissance de la résolution de la Conférence interfédérale de septembre. Pourtant, dès ce moment, au sein de la communauté des communistes d’Algérie, une minorité, particulièrement d’anciens libertaires – on y distingue, déjà, la voix de Victor Spielmann – commence sérieusement à se démarquer [66]. Les termes « libération nationale » et « indépendance » apparaissent sous la plume de Spielmann dès 1921 : Tant de misère et d’inégalités développent des tendances libératrices qui prennent tout naturellement, la forme d’aspirations à une libération nationale […]. Le nationalisme n’est pas le socialisme […] mais il va dans le même sens que lui et même coïncide partiellement avec lui […]. Aussi devons-nous envisager les aspirations à l’indépendance coloniale comme étant de même essence que le socialisme et nous ne devons pas rester indifférents à leur égard [67]. Un autre militant du PCF, en pointe sur les questions coloniales, Robert Louzon (qui, lui, vivait alors en Tunisie), reprend à son compte le qualificatif d’« esclavagiste ». L’article critique sur les fédérations algériennes, qu’il confie au Bulletin Communiste, est titré : « Une honte » [68]. Suite à ce flot de protestations, le Comité directeur intervint et exigea une nouvelle orientation. Convoqué à Alger le 14 janvier 1923, la résolution du nouveau congrès interfédéral est radicalement différente : il fallait désormais « soutenir les aspirations démocratiques des indigènes résolument », notamment le suffrage universel, recruter des « indigènes » et présenter aux élections des candidats issus de cette population, enfin lutter contre les préjugés coloniaux « même au sein des sections communistes » [69]. Cette nouvelle ligne provoqua une première crise parmi les communistes algériens, d’ailleurs contemporaine de celle provoquée en métropole par le départ de Louis-Oscar Frossard et de ses amis. Le rédacteur de la motion de Sidi Bel Abbès, Maxime Guillon, quitte le parti et revient à la SFIO, à la grande joie de la presse socialiste, saluant « l’émiettement communiste » [70] en Algérie. Comme, peu après, des éléments de gauche, comme Victor Spielmann, quittent également le Parti, ses rangs s’éclaircissent singulièrement : il ne reste, en 1924, que 430 adhérents, dont seulement une centaine d’« indigènes » [71]. L’hémorragie continue puisque le secrétaire général du parti, Pierre Semard, admet lors du congrès national de 1926 qu’il avait, en Algérie, « perdu les trois quarts des effectifs » [72] par rapport à Tours à 1920. Cela signifierait qu’il y avait alors entre 250 et 375 adhérents. Et, si l’on garde la même proportion d’« indigènes », il n’y avait que 60 à 90 colonisés communistes en Algérie. Après cette crise de jeunesse, les Fédérations communistes d’Algérie sont affaiblies. Mais, débarrassées des éléments considérés comme colonialistes, elles peuvent déployer le drapeau de l’indépendance. Le vrai tournant est pris en 1924-1925, dans la logique de l’action alors entreprise en métropole et d’ailleurs en Algérie contre la guerre du Rif. En mars 1925 a lieu à Alger un congrès d’unification des trois fédérations. Est adopté à cette occasion un programme qui insiste sur l’« égalité des droits », la « libération des masses indigènes du joug colonial et du capitalisme » et adopte un programme de réforme agraire qui, sans doute pour la première fois de l’histoire coloniale de l’Algérie, demande la restitution des terres aux fellahs [73]. Le pas suivant, l’affirmation du droit à l’indépendance, est franchi en février 1926 : « Les revendications partielles ne peuvent en aucune circonstance masquer le but final pour lequel nous luttons, c’est-à-dire l’indépendance de l’Algérie [74]. » Cette date est d’une importance capitale : la région algérienne du Parti communiste est la première organisation à proclamer, en terre algérienne, le droit à l’indépendance de ce pays. Cette politique est d’ailleurs en cohérence avec la fondation, en mars 1926, de l’Étoile nord-africaine, elle aussi basée sur cette revendication. XI. Conclusion Entre le congrès de Tours et l’affirmation du caractère nouveau de leur Parti, les nouveaux communistes ont dû mener en permanence des combats à contre-courant : lutter contre les vieilles traditions du socialisme français, l’hostilité de toutes les autres forces politiques, subir la répression, se heurter à une certaine indifférence des couches populaires, à commencer par la classe ouvrière, par ailleurs parée théoriquement de toutes les vertus, dont l’internationalisme… Cela faisait beaucoup pour un Parti, vite devenu squelettique lors des phases de bolchévisation. Il n’empêche : il avait posé des jalons. Mais les options de cette première décennie (qui furent prolongées jusqu’aux années 1933-1934) furent ensuite abandonnées par un parti communiste soucieux de s’intégrer à la vie politique nationale. L’une des premières conséquences de ce que l’on appellera « l’esprit Front populaire » fut l’abandon, brusque, de la revendication de l’indépendance des colonies. Comme si un phénomène de vases communicants s’était instauré entre internationalisme et anticolonialisme d’une part, recherche de l’unité des partis de gauche d’autre part. |
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AUTEUR Alain Ruscio Chercheur indépendant |
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ANNEXES |
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NOTES
[1]
Nguyễn Tất Thành, qui se faisait appeler Nguyễn Ái Quốc, vivait en France depuis 1917 (ou 1918) et militait alors au Parti socialiste.
[2]
Cité par Alain Ruscio, « Introduction »,
Hồ Chí Minh, Le Procès de la colonisation française, Paris, Le Temps des Cerises, 1999.
[3]
Jean Fréville, La Nuit finit à Tours. Naissance du Parti communiste français, Paris, Éditions Sociales, 1951.
[4]
Charles-André Julien, « Les mouvements nationalistes dans les colonies », L’Humanité, 7 janvier 1921.
[5]
Jean Charles, Jacques Girault, Jean-Louis Robert et al., Le Congrès de Tours, Paris, Éditions sociales, 1980.
[6]
Charles-André Julien, Une pensée anti-coloniale. Positions, 1914-1979, Paris, Éditions Sindbad, 1979.
[7]
L’auteur quittera le PCF en 1923. Il deviendra par la suite un historien très connu de la littérature, aidant puissamment, par
exemple, à la redécouverte de l’œuvre de Sade.
[8]
Maurice Heine, « Le communisme et les colonies », L’Humanité, 28 mars 1922.
[9]
Par une erreur difficilement explicable (Quac n’existant pas en langue vietnamienne), la signature Nguyễn Ái Quac
(à la place de Quốc) fut alors souvent utilisée.
[10]
Anonyme, « Le délégué allemand arrêté à Marseille au sortir du congrès communiste », Le Petit Parisien, 30 décembre 1921.
[11]
Jean Maitron, « Hồ Chí Minh anarchiste ? », Le Mouvement Social, n° 83, avril-juin 1973.
[12]
Nguyen Ai Quac, « Quelques réflexions sur la question coloniale », L’Humanité, 25 mai 1922.
[13]
Alain Ruscio, Introduction au Procès, op. cit.
[14]
L’Humanité, 18 décembre 1922. Voir également ce texte dans Les quatre premiers Congrès de l’Internationale Communiste. Thèses, manifestes et résolutions (1919-1923), Paris,
Maspero, 1969 (1934).
[15]
Hồ Chí Minh
et l’Afrique,
Hanoi, Éditions en Langues étrangères, 1980.
[16]
Intervention de Dmitri Manouilski, juin 1924, Bulletin communiste, n° 37, 12 septembre 1924.
[17]
Émir Khaled, « Les revendications des musulmans d’Algérie », L’Humanité, 3 juillet 1924.
[18]
Marcel Cachin, « La IIIe Internationale au secours des peuples opprimés. L’impérialisme colonial », L’Humanité, 7 juillet 1924.
[19]
René Gallissot, « Le PCF et la guerre du Rif », dans Abd el Krim et la République du Rif, Actes du Colloque
international, janvier 1973, Paris, Maspero, 1976 ; David Drake, « The PCF, the Surrealists, Clarté and the Rif
War », French Cultural Studies, vol. 17, n° 2, juin 2006.
[20]
Pierre Semard et Jacques Doriot, Appel, L’Humanité, 11 septembre 1924.
[21]
Appel, L’Humanité, 11 octobre 1925.
[22]
Gaston Monmousseau, Éditorial, La Vie ouvrière, 16 octobre 1925.
[23]
René Gallissot, « Le PCF et la guerre du Rif », op. cit.
[24]
Georges Oved, La gauche française et le nationalisme marocain, 1905-1955, vol. I, Le Maroc, banc d’essai d’une doctrine et d’une action anticoloniales, Paris, L’Harmattan, 1984.
[25]
Jacques Fauvet, Histoire du PCF, 1920-1976, Paris, Grasset, 1977.
[26]
Ve Congrès national du Parti communiste français, tenu à Lille du 20 au 26 juin 1926, Compte-rendu sténographique, Paris, Bureau d’Édition, de diffusion & de publicité, 1927.
[27]
A Abdellah Righi, Hadj Ali Abdelkader, pionnier du mouvement révolutionnaire algérien, Alger, Casbah Éditions, 2006.
[28]
L’Humanité, 25 avril 1925.
[29]
« Le PC présente deux candidatures de travailleurs coloniaux », L’Humanité, 25 avril 1925.
[30]
Débats parlementaires, Chambre des députés, 7 juillet 1927, 2e séance, JORF, 8 juillet, p. 2425.
[31]
Débats parlementaires, Chambre des députés, 9 juillet 1927, 2e séance, JORF, 10 juillet, p. 2476.
[32]
Paul Vaillant-Couturier, « Derrière nos assassinés », L’Humanité, 15 mai 1923.
[33]
L’Humanité, 16 mai 1923.
[34]
Jacques Doriot, « Le congrès des ouvriers nord-africains », L’Humanité, 8 décembre 1924.
[35]
Benjamin Stora, Messali Hadj, 1898-1974, Paris, Le Sycomore, 1982.
[36]
M. Cheminais, « Les grèves des mines de la Loire, du Gard et de l’Aveyron », Le Musée Social, n° 6, juin 1929.
[37]
Benoît Frachon, « La grève du bassin de la Loire », L’Humanité, 28 décembre 1928.
[38]
« La grève du bassin de la Loire », L’Humanité, 30 décembre 1928.
[39]
Gaston Monmousseau, « La leçon de la grève », L’Humanité, 15 janvier 1929.
[40]
Charles-Robert Ageron, « La naissance de l’Étoile nord-africaine », dans L’Étoile nord-africaine et le mouvement national algérien, Actes du Colloque, février-mars 1987, Paris, Publications du
Centre culturel algérien, Paris, 1988.
[41]
Jean Brassac, « Les Indigènes algériens à Paris », Le Figaro, 19 février 1924.
[42]
Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algérien, vol. I, Paris-Alger, Éditions Paris Méditerranée-EDIF, 2003.
Cette thèse est cependant contestée par Benjamin Stora, Ils venaient d’Algérie : l’immigration algérienne en France, 1912-1992, Paris, Fayard, 1992.
[43]
Charles-Robert Ageron, « La naissance de l’Étoile nord-africaine », op. cit.
[44]
Messali Hadj, Mémoires, 1898-1938, édité par R. de Rochebrune, Paris, J.-C. Lattès, 1982.
[45]
René Gallissot, « Abdelkader Hadj Ali », DBMOF Maghreb, 2006.
[46]
Jacques Choukroun, Le Parti communiste en Algérie de 1920 à 1936 (du Congrès de Tours au Front populaire),
Université de Provence, Centre d’Aix, thèse d’histoire, 1985.
[47]
Mustapha Kraiem, Pouvoir colonial et Mouvement national. La Tunisie des années Trente, Tunis, Alif, 1990.
[48]
Messali Hadj, Mémoires, op. cit.
[49]
Messali Hadj, « Le meeting de protestation des travailleurs indigènes », L’Humanité, 15 juillet 1926.
[50]
« Contre la répression en Afrique du Nord », L’Humanité, 8 octobre 1926.
[51]
Congrès de la Ligue contre l’oppression coloniale, Bruxelles, 10-14 février, cité par Claude Collot et Jean-Robert Henry
(dir.), Le Mouvement national algérien. Textes, 1912-1954, Paris, L’Harmattan, 1978.
[52]
Jean Charles, Jacques Girault, Jean-Louis Robert et al., Le Congrès de Tours, op. cit.
[53]
Charles-Robert Ageron, « Les communistes français devant la question algérienne de 1921 à 1924 », Le Mouvement Social, n° 78, 1972.
[54]
René Gallissot, « Sur les débuts du communisme en Algérie et en Tunisie », Mélanges d’Histoire sociale offerts à Jean Maitron, Paris, Éditions Ouvrières, 1976.
[55]
Jean Charles et alii, op. cit.
[56]
Gilbert Meynier, L’Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du xxe siècle, Genève, Droz, 1981 ; Jacques Choukroun, op. cit.
[57]
Index des noms de personnes cités dans Jean Charles et alii, op. cit.
[58]
Charles-André Julien, « Les mouvements nationalistes dans les colonies », L’Humanité, 7 janvier 1921.
[59]
S. Chaker, J. Déjeux, L.-P. Montoy, « Mohand Saïd Lechani », Parcours. L’Algérie, les hommes et l’histoire, n° 13-14, 1990 ; Rosa Moussaoui, « Mohand Saïd
Lechani, un jauréssien dans l’Algérie coloniale », L’Humanité, 26 octobre 2012. Il quitta ensuite le
parti communiste, devint socialiste jusqu’en 1955 puis rallia le FLN.
[60]
Il en revendiquera la paternité lors de son départ du PC : M. Guillon, Le Populaire, 21 janvier 1923.
[61]
Citée par Ahmed Koulakssis et Gilbert Meynier, « Sur le mouvement ouvrier et les communistes d’Algérie au lendemain de la
Première guerre mondiale », Le Mouvement Social, n° 130, janvier-mars 1985 ; il y aura une seconde version, le
27 juin 1921, plus souvent citée : Hélène Carrère d’Encausse et Stuart Schram, Le Marxisme et l’Asie, 1853-1964, Paris, Armand Colin, 1965.
[62]
« Les mouvements nationalistes dans les colonies ».
[63]
La Lutte sociale, 21 octobre 1921, citée par M Mahfoud Kaddache, « La question nationale algérienne et le parti communiste entre 1919 et
1939 », Revue d’histoire et de civilisation du Maghreb, Alger, n° 2, janvier 1967.
[64]
« Le communisme et la question coloniale », Bulletin communiste, n° 50, 14 décembre 1922.
[65]
Les quatre premiers Congrès de l’Internationale Communiste…, op. cit.
[66]
Ahmed Koulakssis et Gilbert Meynier, op. cit.
[67]
Victor Spielmann, La Lutte sociale, 19 mars 1921, cité par Ahmed Koulakssis et Gilbert Meynier, op. cit.
[68]
Robert Louzon, « Une honte », Bulletin communiste, janvier 1923.
[69]
Jacques Choukroun, op. cit.
[70]
« L’émiettement communiste », Le Populaire, 21 janvier 1923.
[71]
Jacques Choukroun, op. cit. ; Omar Calier, « Un groupement idéologique : les premiers communistes
algériens de l’émigration », Cahiers du GREMANO, n° 4, 1986-1987.
[72]
Ve Congrès national du Parti communiste français, tenu à Lille du 20 au 26 juin 1926, Compte rendu sténographique, Paris, Bureau d’Édition, de diffusion & de publicité, 1927.
[73]
Jacques Choukroun, op. cit.
[74]
Résolution du congrès de la région d’Algérie, février 1926, citée par Jacques Choukroun,
« L’Internationale communiste, le PC français et l’Algérie (1920-1925). Éléments pour une étude de
la question coloniale », Cahiers historiques de l’Institut Maurice Thorez, n° 53-54, 2e
trim. 1978.
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RÉFÉRENCES Pour citer cet article : Alain Ruscio, « Communistes français et question coloniale : la première décennie » dans Histoire documentaire du communisme, Jean Vigreux et Romain Ducoulombier [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 3 mars 2017, n° 7, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html. Auteur : Alain Ruscio. Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html ISSN : 1961-9944 |
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