La contribution qui suit pourra
paraître au lecteur bien restrictive dans le sujet qu’elle aborde. Loin d’une
narration de l’histoire d’un festival encore jeune ou de sa mise en perspective
au sein d’une globalité festivalière rassemblant les manifestations du même
genre, elle se focalise en effet sur un point particulier, sur l’histoire d’une
expérience, d’une expérimentation même qui, à notre connaissance, n’a pas de
réel équivalent dans le domaine musical qui nous préoccupe : les musiques
actuelles. Point particulier d’un ensemble, notre texte ne s’en rattache pas
moins à l’une des problématiques envisagées : le lien qu’entretiennent
festivals et politiques culturelles. Nous augmentons ici cette problématique
d’une dimension qui nous semble, dans ce cas précis, indissociable de notre
réflexion : la dimension pédagogique.
Car il s’agit bien là d’une
expérience mêlant à la fois politique culturelle et mission éducative avec
l’analyse critique, encore partielle, de la collaboration entamée il y a
maintenant quatre années entre une structure d’accueil et une composante
d’enseignement toutes deux intégrées et dépendantes d’une seule et même
institution : l’université de Bourgogne.
Ce texte constitue le second volet
d’une étude dont la première partie[1],
très généraliste, s’intéresse, tout en revenant sur les conditions de la
création de l’Atheneum, au décryptage d’une programmation centrée sur les
musiques dites indépendantes et n’évoque
que brièvement ce qui constitue le point central de cette deuxième étude[2].
Né il y a huit ans, le festival
Novosonic se déroule traditionnellement lors du dernier week-end du mois
d’octobre. Festival de taille modeste, dont le budget dépasse à peine les
25 000€, il est une émanation quasi exclusive du centre culturel implanté
sur le campus Montmuzard de l’université de Bourgogne, l’Atheneum[3].
Le système institutionnel français,
malgré les volontés affichées de décentralisation, d’autonomie, de désengagement du pouvoir central au profit des
collectivités locales, n’en reste pas moins assez fortement dépendant des
décisions prises au sommet de l’état. Ainsi, dans son discours du 11 juin 2009,
prononcé lors de la mise en place de la commission chargée de travailler sur
les relations que doivent entretenir culture et université, Valérie Précresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, indiquait :
« À l’évidence, la
pratique et la création artistiques doivent y tenir une place de choix.
Nombreuses sont les initiatives
qui animent déjà nos établissements, mais je suis convaincue qu’elles pourraient être plus
riches et plus abouties encore si elles étaient l’occasion pour les étudiants qui s’y consacrent de rencontrer ceux qui se préparent
à exercer les métiers de la culture
[4]. »
Ce premier discours, renforcé par
la parution récente des 128 propositions faites à la ministre[5],
souligne certes l’importance de la mission culturelle qu’ont les établissements
d’enseignement supérieur, mais aussi celle d’une mise en situation des
étudiants par la pratique culturelle non seulement en qualité de spectateur,
mais également en qualité d’acteur.
S’il ne nous appartient pas ici de
juger de la pertinence des lignes définies par l’institution politique ou de
prendre position, il nous revient en revanche de constater et d’analyser, à
travers un exemple concret, la réponse faite à cette demande. C’est à travers
l’étude d’un projet qui, de fait, se doit, par son statut même, d’entrer dans
le cadre des exigences de cette politique générale définie par l’Etat et/ou les
collectivités locales d’une part, et par l’établissement d’enseignement qui
l’accueille d’autre part que nous l’envisageons ici.
Car c’est bien de cela dont il
s’agit : au-delà de l’histoire d’un festival, de l’étude de sa
programmation, ce sont ses liens avec une institution universitaire et, par
voie de conséquence, avec la politique non seulement culturelle, mais également
éducative de cet établissement, que nous allons mettre ici en lumière.
Festival dépendant d’un lieu
(l’Atheneum) qui lui-même dépend d’une institution (l’université de Bourgogne),
Novosonic trouve, de fait, dans cette situation particulière sinon unique en
France, l’occasion de se distinguer en proposant au public non seulement une
programmation exigeante puisque, en puisant dans le circuit des musiques
indépendantes, il sort des sentiers battus par les grands festivals,
thématiques ou non, que sont, par exemple, les Vieilles Charrues, le Hellfest
ou les Eurockéennes[6],
mais aussi une expérience originale en invitant régulièrement le département de
musicologie de l’université à se produire sur scène dans des conditions
professionnelles.
Pour bien comprendre les enjeux mis
en œuvre, revenons un peu en arrière.
Les missions et le statut de
l’Atheneum :
Sans prétendre refaire l’histoire
du lieu[7],
rappelons brièvement que l’Atheneum, créé en 1983, d’abord structure
associative est devenu, à l’orée du XXIe siècle, un service général
de l’université de Bourgogne. Cette mutation, plus encore qu’auparavant
peut-être, lie indéfectiblement le centre culturel, bâti sur le campus même, à
la politique culturelle définie par l’université. Celle-ci, récemment
redessinée dans un document cadre[8],
se décline autour de plusieurs axes complémentaires parmi lesquels on
trouve :
- la création artistique
- la formation et la sensibilisation
- la diffusion des œuvres, de la culture et de la connaissance
scientifique.
Centre de diffusion artistique,
c’est tout naturellement que l’Atheneum, structure d’accueil, répond aux
diverses exigences de cette politique. Il le fait en répondant point par point
aux trois orientations définies par le document cadre.
On le constate, ces trois objectifs
demeurent malgré tout assez largement ouverts. Le champ des possibles n’en est
que plus important. C’est cette marge de manœuvre qui permit en son temps
d’envisager la création du festival Novosonic.
Un festival au sein d’une
structure universitaire : Novosonic
« L’idée, dans la section musicale de la programmation,
était de créer un évènement fort en début de saison lorsque les étudiants
arrivent sur le campus universitaire. Cependant, j’ai voulu un évènement risqué
et exigeant avec des idées centrales qui symbolisent une université à savoir “être
à la pointe” et “recherche”. Construire un festival avec des groupes qui
renouvellent la musique actuelle, qui cherchent à aller plus loin, à
expérimenter, à trouver des nouvelles voies. La seule contrainte : rester
accessible évidemment pour éviter la fracture avec les étudiants (d’où
l’orientation pop folk électro)[9]. »
C’est ainsi que Cédric Mousselle,
véritable initiateur de Novosonic au sein de l’Atheneum, présente son projet.
Le choix du courant choisi répond incontestablement à la mission de diffusion
définie par les statuts de l’Atheneum. On comprend aisément qu’une certaine
volonté de pouvoir « rester accessible » soit l’une des
préoccupations majeures du directeur artistique qui veille à ce que chacune des
soirées soit dominée par un groupe jouant le rôle de tête d’affiche. Les soirées proposant trois, voire quatre,
prestations permettent ainsi d’entendre des groupes émergeant ou dont la
moindre renommée ne permet pas d’envisager une programmation autonome.
De fait, même si Novosonic tend à
vouloir aujourd’hui se diversifier, gagner le centre ville et sortir du lieu
qui le vit naître, il reste accueilli par des structures de taille modeste.
Deux scènes sont au sein de l’Atheneum, susceptibles d’accueillir des
prestations : la « grande salle » et le bar. Nous verrons plus
loin l’importance de cette distinction.
De la politique culturelle à la
mission éducative : l’intégration du département de musicologie.
Répondre à la mission de
formation : un double enjeu pédagogique.
C’est cette capacité à pouvoir
offrir dans la même soirée, derrière une tête d’affiche, des groupes moins
connus qui permet également à Novosonic d’offrir à des groupes ou artistes
locaux un tremplin non négligeable. C’est cette même capacité et, sans doute,
la modestie des salles accueillant le
festival, qui ont permis d’envisager la collaboration qui nous préoccupe ici.
Il apparaît que, résultante d’une
politique culturelle visant à l’intégration des composantes comme acteurs de la
vie culturelle du campus, la collaboration spécifique entamée depuis quatre
saisons entre le festival Novosonic et le département de musicologie de
l’Université de Bourgogne soit également le résultat d’une volonté pédagogique,
éducative, mais aussi de recherches.
Nous ne voulons pas ici faire
l’apologie de notre propre travail car ce type d’expérience a déjà été mené au
sein de l’Université notamment par Daniel Durney avec les concerts lecture qui
durant plusieurs années ont été l’une des manifestations principales initiées
par le département de musicologie.
L’intégration de la musicologie
dans le cadre d’un festival n’est pas non plus une chose nouvelle en soi :
les festivals Why Note, D’Jazz dans la ville ont
déjà par le passé (et peut-être dans l’avenir) été des lieux d’accueil non
négligeables. L’expérience Novosonic est pourtant rare sinon unique dans le
sens où il apparaît que, en France en tout cas, une telle collaboration mettant
en avant un répertoire dont l’enseignement, dans les universités françaises,
est encore en phase émergeante, les musiques dites actuelles[10], est assez peu courante[11].
Autre évidence, cette collaboration
n’a pu être envisagée que parce qu’il se trouve simplement qu’entre Novosonic
et le département existe une concomitance entre un champ de recherches en
développement (notamment sur les questions de la transmission et de la
[ré]interprétation de ce répertoire) et une programmation faisant appel aux
courants les plus récents du secteur pop rock, mais dont les sources
(historiques) se lisent dans des périodes plus anciennes. C’est cette
communauté d’esprit et les premières prestations des étudiants du département
touchant au répertoire pop rock[12] qui, sans doute, donnèrent à Cédric Mousselle l’idée de cette
collaboration :
« J’avais envie de sortir des collaborations qui
existaient déjà entre l’Atheneum et le département de musicologie. […] J’ai
pensé qu’inviter les musicologues à un jeu risqué de travailler sur des
artistes fondateurs pour la musique d’aujourd’hui rentrait tout d’abord dans
leur réflexion à propos de leurs études et proposait un challenge plus motivant
pour eux[13]. »
On le comprend, cette intégration
du département de musicologie au sein d’un festival professionnel répond à un
double enjeu pédagogique :
- mettre en contact des étudiants avec des professionnels ;
- donner au public une dimension réflexive par la mise en
perspective historique des musiques proposées par la programmation.
Il répond également à un enjeu de
recherche puisqu’il permet d’étudier « in vivo » cette question
fondamentale de la réappropriation d’un répertoire fortement marqué par
l’identité de l’interprète premier par
un autre interprète, question dépassant la simple notion de cover ou de reprise[14].
Rendre compte d’une
expérience : bilan et perspectives
La dernière partie de cet article
peut sembler a priori s’éloigner du
sujet central qui nous préoccupe : les festivals et les politiques
culturelles. Pourtant, et même si cela peut ressembler à une lapalissade, il
n’est guère de politique culturelle qui puisse se dispenser d’une dimension
pédagogique. Celle-ci prend toutefois dans le cas présent une dimension
singulière puisqu’il s’agit pour nous de lier dimension pédagogique et
réflexion théorique à travers une expérience pratique.
2010 a vu les étudiants du
département de musicologie se produire pour la quatrième année consécutive sur
la scène de Novosonic. Ces quatre années d’expérience, même si elles demeurent
insuffisantes pour mesurer l’impact réel de cette collaboration sur le public
d’une part, sur les étudiants d’autre part[15], sont en revanche
suffisantes pour procéder à un premier bilan à la fois sur les prestations et
les choix des répertoires proposés, mais aussi sur une réflexion relative à la
question de l’interprétation des musiques actuelles.
La question centrale demeure
d’ailleurs celle de la fidélité au texte : devons-nous présenter un clone
de ce qui, en musiques actuelles, reste ce qu’Allan Moore appelle le primary
text[16],
c'est-à-dire l’enregistrement ou bien proposer au public une vision
personnelle, s’identifiant avec notre propre sensibilité et donc, subjectivité
face au texte ?
La réponse reste ambiguë car
plusieurs axes se dessinent. La nostalgie aidant, on voit fleurir depuis
plusieurs années une mode des tribute bands reproduisant trait pour trait les concerts ou les enregistrements des
groupes ainsi célébrés : Rabeats (Beatles), Musical Box (Genesis) ou
Australian Pink Floyd bâtissent ainsi de véritables tournées jouant sur un
mimétisme parfois extrêmement surprenant (Musical Box) quand il ne se limite
pas au port de costumes (Rabeats). Ces groupes rencontrent un certain succès
public auprès de spectateurs qui viennent ainsi vivrent par procuration des
moments qu’ils n’ont pu connaître ou bien qu’ils ont vécus et dont ils gardent
un souvenir ému[17].
Il ne semble pas pourtant que cette voie, si elle s’avère utile d’un point de
vue musicologique pour l’étude d’un style, d’un geste créateur[18],
soit artistiquement entièrement satisfaisante[19].
C’est pourtant l’option qui fut
choisie lors des deux premières prestations proposées dans Novosonic :
celles consacrées au groupe anglais Joy Division d’une part, au groupe français
Marquis de Sade d’autre part. Ces deux premières prestations ne connurent
cependant qu’une réaction mitigée de la part du public.
À cela deux raisons : la
présentation du projet comme un concert du département de musicologie d’une
part et donc l’intrusion avérée de l’institution dans un monde où elle n’a a
priori rien à faire, engendrant une défiance perceptible de la part du
public ; la trop grande proximité avec le modèle : le public venu
entendre ces musiques veut-il entendre une copie plus ou moins conforme de
l’original ?
Deux raisons qui apparaissent
également comme deux champs de réflexion, la seconde pouvant en partie répondre
à la première.
La réticence première du public est
en définitive une réaction qui semble normale dans le sens où, en institutionnalisant la recherche sur les musiques
pop rock, on peut craindre que cette musique ne s’affadisse, perde son
caractère de contre culture qui, malgré le poids exercé par les majors et la profusion d’un répertoire uniquement commercial perdure encore.
Directeur de la Péniche, l’une des
salles accueillant à Chalon-sur-Saône des concerts de musiques amplifiées,
Bruno Alvergnat reconnaît que
« L’introduction récente des musiques actuelles dans
l’enseignement spécialisé des conservatoires nous permet à Chalon-sur-Saône de
bénéficier de l’expertise technique de professeurs qualifiés qui interviennent
en toute complémentarité avec notre pratique de terrain. La crainte de notre
secteur étant bien évidemment à terme le risque de voir se formater la
création. À nous de rester vigilants ![20]»
Interrogé sur ce même sujet, Robert
Llorca, directeur du Conservatoire de Chalon sur Saône, botte en touche et
souligne :
« En ce qui concerne plus spécifiquement les musiques
actuelles, certains acteurs de secteur craignent qu’elles perdent l’esprit
Rock’n’Roll en entrant dans l’institution, c’est un risque en effet et il a
toujours existé. Dans les années 70 et 80, le jazz est rentré dans les
conservatoires et son esprit s’est trouvé renforcé dans certains, abâtardi dans
d’autres. Ce n’est pas une question d’entrée dans l’institution ou de passage
par elle mais plutôt de savoir comment chaque conservatoire est orienté :
vers la créativité et les projets artistiques ou vers un apprentissage par trop
scolaire ? »
Le cœur du problème est bien
là : en ne devenant qu’un objet d’étude séparé de l’indispensable
pratique, en formatant l’apprentissage selon des règles d’écriture, de
structure, de composition, en réduisant la pratique à une reproduction servile
de l’objet premier qu’est le disque, les musiques actuelles ne gagneront rien à
être institutionnalisées. Cette réflexion, on le voit dans les pages qui
viennent, est au cœur de notre propre réflexion et de l’expérience menée avec
Novosonic.
Mais revenons à notre sujet qui, on
le comprend, répond à cette préoccupation d’un aller-retour permanent entre
étude scientifique et pratique effective.
Les quatre concerts du département
et leur réception publique ou comment aborder concrètement une réflexion
sur la question de l’interprétation des musiques actuelles.
Les lignes qui suivent tentent de
dresser un bilan de quatre participations. Si elles ne cachent pas les
difficultés qui ont pu être rencontrées, elles portent sur ces tentatives un
regard critique qui, a aucun moment, ne remet en cause la qualité de la
prestation réalisée par les étudiants qui, à chaque fois, ont fait preuve d’un
investissement dont nous tenons à les remercier ici. Il apparaît en tout cas
que ce qui a pu poser problème n’est pas lié à la prestation stricto sensu,
mais bien à une question de méthode.
Dès la première participation, un
hommage au groupe anglais Joy Division[21], le choix de la
grande salle s’est avéré être une gageure difficile à relever. Les spectateurs
de Novosonic n’étaient manifestement pas venus pour cela, attendant la
prestation des artistes suivant faisant preuve au mieux d’un enthousiasme
poli : malgré quelques bonnes critiques, le projet se heurtait malgré tout
à quelques réticences. Le pari engagé par Cédric Mousselle et par moi-même
semblait donc trop ambitieux. Une seconde tentative eut lieu l’année suivante.
Le groupe choisi, Marquis de Sade[22],
encore plus underground que le précédent
connut le même succès mitigé. Il fallait donc prendre une décision. La méthode,
visiblement, n’était pas la bonne. Peut-être lors du concert Joy Division, une
trop grande proximité avec le texte original a-t-elle également nuit à la bonne
réception de la prestation. Cette proximité, toujours recherchée lors de la
deuxième prestation ne peut en revanche en être la cause : le public
semblait ne pas connaître le texte original d’un album sorti en 1979 et resté
assez confidentiel.
Avec le Tribute to The Cure[23],
une nouvelle étape est franchie : face à la difficulté rencontrée lors des
deux premières éditions, décision fut prise de transférer la prestation hors de
la grande salle et de revenir à une plus modeste ambition. Le public,
manifestement moins contraint – il peut aller et venir, consommer au bar
tout en écoutant la musique – fut presque paradoxalement plus réceptif et
plus nombreux. La proximité avec le public, le son plus « immédiat »
(joué sur amplis directement, seule la voix étant reprise), ont permis une
complicité impossible à mettre en œuvre dans la grande salle. Une quatrième
programmation put dès lors être envisagée avec une plus grande sérénité.
Dernière prestation à ce jour, le
tribute to Syd Barrett[24] poursuit la voie tracée par le concert de l’année précédente : dans le
bar, mais avec une approche de l’œuvre de Syd Barrett encore plus personnelle
et élaborée avec les étudiants. Cette
fois, la réflexion menée sur la réinterprétation des chansons a carrément
conduit vers la relecture de certains titres, leur donnant aussi un caractère
direct puisque les conditions ne permettaient pas d’envisager de reproduire ce
que le disque proposait.
Une fois encore, nous nous
garderons bien de nous auto satisfaire et d’émettre un quelconque jugement sur
la qualité intrinsèque de la prestation donnée ce soir là. Un simple constat
s’impose cependant : comme l’année précédente, en s’écartant de la lettre tout en conservant l’esprit, la réception publique n’en a été que meilleure. Un
public qui compte quelques fidèles du festival ayant désormais semble-t-il
assimilé que cette présence du département de musicologie n’est en rien une
vision guindée d’un répertoire que la réflexion scientifique dénaturerait, mais
bien une vision qui, si elle est le support d’une réflexion à la fois scientifique
et pédagogique, n’en reste pas moins d’abord musicale[25].
Pour conclure
Le lecteur l’aura compris :
conclure n’est pas encore possible. Tout au plus, pouvons-nous parler de bilan
provisoire. Il est un fait : la réaction du public n’est pas la même entre
un concert clairement étiqueté spectacle proposé par le département de
musicologie, et ce même département, lorsqu’il se targue de pouvoir proposer
une prestation dans le cadre d’un domaine plus réservé d’un festival
professionnel.
Pourtant, à l’issue de la quatrième
participation, le public semble avoir désormais intégré cette donnée et le
« concert hommage » comme l’un des éléments du festival. La proximité
et surtout l’ambition limitée par le fait de jouer dans le bar et non dans
l’espace scénique réservé aux vrais professionnels concourent sans doute à une écoute plus bienveillante.
Il reste vrai que, plus
l’interprétation, dans ce cadre donné, se présente comme une lecture
personnelle de l’œuvre à laquelle il est rendu hommage, plus le public semble
réceptif. L’avenir sans doute[26],
confirmera cette première impression, ce premier bilan. Il enrichit sans doute
aucun notre réflexion sur l’interprétation des musiques amplifiées actuelles,
sur ses buts et son objet, ses moyens.
Certes nous avons conscience qu’il
s’agit là d’une goutte d’eau dans l’histoire du festival : sa motivation
première doit bien rester la diffusion d’une musique ne bénéficiant pas
forcément des bienfaits des grands réseaux de distribution. Nous restons
cependant persuadé qu’en entamant cette collaboration et en la prolongeant
malgré les difficultés, l’ambition affichée de répondre non seulement à une
ambition culturelle, mais aussi pédagogique, est dans la droite ligne des
missions de l’Atheneum, mais aussi d’une structure d’enseignement qui fait le
choix d’allier enseignement théorique, réflexion scientifique et mise en
situation pratique.
Philippe Gonin
Université de Bourgogne
Centre Georges Chevrier
Brève bibliographie :