Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Territoires contemporains


Espaces, territoires et identités : jeux d’acteurs et manières d’habiter
Territoire et identité : Du couple bicéphale au couple fusionnel
Sylvain Pasquier
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RÉSUMÉ
Les deux notions de territoire et d’identité ont une histoire qui les inscrit l’une et l’autre dans une première modernité. Elles sont aujourd’hui associées au point parfois de se confondre et participent à un double piège identitaire et territorial. Or, à l’origine, les deux membres de ce couple répondaient à des enjeux et à des logiques indépendantes : individuels et émancipateurs pour l’identité ; collectifs et étatiques pour le territoire. Cette contribution vise à montrer comment les trajectoires des deux catégories ont fini par se croiser, tant dans les sciences sociales et les politiques publiques, et en quoi leur fusion signe certainement l’épuisement de leur signification respective.

MOTS-CLÉS
Mots-clés : Territoire ; identité ; État et territoire ; État-nation ; « Identité territoriale » ; « appartenance  » ; « piège identitaire » ; « piège territorial » (« territorial trap), John Agnew
Index géographique : France ;
Index historique :
SOMMAIRE
Introduction
I. Le trait d’union comme solution de continuité
II. Un territoire de plus en plus identitaire et une identité de plus en plus territoriale
III. Le double piège identitaire et territorial

TEXTE

« Les mots, les pauvres mots ont de grande douleur. On ne peut pas dire qu’ils souffrent en silence, puisqu’ils sont paroles. Mais ils souffrent. On les met à tous les usages, on leur fait tout dire, et le contraire de tout, on les met au service du noir et du blanc, de la vérité et du mensonge, de la paix et de la guerre. Il arrive même qu’ils en perdent la tête, c’est-à-dire le sens ». Claude Roy[1]

Introduction

Les deux concepts de territoire et d’identité ont une histoire, c’est-à-dire un début qui, sans doute, annonce une fin. Leur histoire respective est contemporaine car les dates de naissances sont proches : elles se situent très exactement au moment où s’invente la société sous la forme qui allait devenir celle de l’État-nation et avec la signification qu’allait lui donner conceptuellement la sociologie. Il y a une certaine ironie à remarquer, qu’à partir de ce moment, la signification de la catégorie et du concept de société est celui d’une métaphore : à l’origine « les emplois du mot « society » […] transmettaient des images de proximité, d’unité, un certain degré d’intimité et d’engagement mutuel » [2]. On sait ce qu’il en advint et on comprend aussi mieux l’enjeu d’un tel glissement de sens pour caractériser une réalité qui devait devenir celle de l’union d’un ensemble de personnes nombreuses et anonymes dans « la communauté imaginée » de la nation « conçue comme une camaraderie profonde, horizontale »[3]. Aussi, la thèse célèbre de Benedict Anderson, mettant principalement l’accent sur le rôle du capitalisme marchand et de l’imprimerie, ne relève pas suffisamment l’importance de l’investissement imaginaire dans le territoire symbolisant un espace national sur lequel vit une foule d’individus anonymes, même s’il signale dans sa préface à l’édition française que la carte de cet espace allait devenir pour chacun la « silhouette » [4] de la nation.

Ce rappel incite à remarquer que, si la force du lien entre territoire et identité semble relever d’une évidence originelle, et pas seulement pour les nationalistes les plus radicaux, ce n’est pas le cas. Si les deux concepts naissent comme deux piliers du projet moderne de « faire société », c’est en étant porteurs d’enjeux spécifiques pouvant paraître contradictoires : alors que l’identité vise à l’émancipation des individus des appartenances féodales, le territoire vise à rassembler sous l’entité administrative de l’État ces individus confrontés à une société à laquelle ils sont voués à s’intégrer. Alors commence l’histoire d’un couple distant mais devant se réconcilier pour converger vers une même fin : d’individuelle et émancipatrice au départ, l’identité va tendre à devenir collective et assignatrice ; de lointain et abstrait le territoire va chercher à se rapprocher et à se concrétiser afin de pouvoir être investi d’un fort sentiment d’appartenance, et ce, au risque de verser dans l’identitarisme. Ce mouvement convergent est aussi celui des évolutions de leur usage et d’une usure fatale pouvant se manifester dans une acmé tragique.

Apparus à une même époque et participant ainsi à une reconfiguration des modalités du lien social et politique, ils étaient relativement indépendants tant leurs enjeux étaient éloignés l’un de l’autre. Aussi, dans leur évolution respective, les deux concepts ont suivi deux voies apparemment opposées : d’individuelle et individualiste, l’identité est devenue de plus en plus collective alors que d’étatique, le territoire s’est décliné à des échelles morcelant sa réalité étatique voire l’individualisant. Sans se livrer ici à l’exercice impossible de retracer précisément la séquence historique d’une épopée qui commence au xviie siècle, cette contribution vise à montrer un rapprochement qui confine à une fusion, dont l’évidence apparente et souvent revendiquée est le signe d’un épuisement du sens des deux termes.

I. Le trait d’union comme solution de continuité

Le trait d’union en question est celui qui relie et sépare l’État et la Nation dans cette entité nouvelle qu’est l’État-nation. Il est aussi celui que l’on peut insérer pour signaler l’articulation entre territoire et identité ainsi que son évolution.

L’acte de naissance du concept d’identité est signé de John Locke dans un ajout à la deuxième édition de 1694 « Of identity and Difference » de son Essai philosophique concernant l’entendement humain [5] . Le concept apparaît alors comme s’opposant à des appartenances féodales pensées comme trop assignatrices et enfermantes. « Appréhender l’identité comme une tâche et comme l’accomplissement de toute une vie était, comparé à la féodalité pré-moderne, un geste libérateur, qui secouait l’inertie des usages traditionnels, renversait les autorités immuables, les habitudes ancestrales et les idées reçues » [6]. Là est le point le plus remarquable : l’identité à ses débuts est individualiste car individualisante : « l’identité est la forme de la conscience de soi des individus encouragés à devenir eux-mêmes dans une société qui se conçoit comme projet » [7]. Elle naît donc comme un concept sur la base duquel le projet émancipateur d’une société moderne individualiste allait pouvoir se réaliser. Projet individuel et projet de société devaient alors s’articuler pour dépasser l’opposition, largement mise en scène ensuite, entre « individu et société », individualisme et solidarité. Le projet moderne et sa réalisation progressive apparaissent, en effet, comme le fait de cette dynamique dialectique.

L’apparition du concept politique de territoire et, avec lui, celle du « principe de territorialité » se présente comme le pendant politique de cette façon de faire société. Le terme fut, certes, utilisé à partir du xiiie siècle comme équivalent de ceux de « région », « contrée » ou province. Aussi, il commencera à prendre un sens politique en désignant « la zone sur laquelle une ville exerce son attraction et déploie ses échanges avec sa banlieue » [8]. Mais, c’est l’État qui s’empare pleinement de cette acception au point que les deux concepts ne feront sens l’un et l’autre que l’un par l’autre. « L’État est territorial de la même façon que la vie sur terre est terrestre » [9]. Avec lui, s’ouvre un nouvel âge de la protection et de la sécurité individuelle et collective dont l’épopée donne également aujourd’hui des signes d’épuisement. « Toute cette construction théorique est d’autant plus solide que le territoire fait sens dans l’histoire politique occidentale, qu’il est la projection spatiale, claire et indiscutable, de son groupe communautaire, à un centre étatique unique, détenteur du monopole de l’action politique » [10]. La date significative précède de peu celle de la naissance du concept d’identité puisqu’elle est celle des traités de Westphalie en 1648 qui devaient mettre fin à la guerre de Trente ans. « Les territoires qui se juxtaposent jouissent d’une compétence en propre et de plus en plus exclusive ; ils existent en tant que tels et ne sont subordonnés à aucun autre espace, sinon de façon symbolique. L’autorité est désormais inférée du principe de territorialité et non plus des insignes impériaux » [11].

Le point remarquable ici est le lien consubstantiel qui se noue alors entre le territoire et l’État : la souveraineté territoriale est étatique et ne peut être autre, de sorte qu’il est alors impossible de parler de territoire en dehors de la forme que lui donne l’État qui l’administre. « Le territoire est à la fois un élément et un attribut nécessaire de l’État. Il n’y a pas d’État sans territoire » [12]. Dans la philosophie politique, c’est évidemment le Léviathan de Hobbes (1651) qui allait devenir le présupposé dominant d’une nouvelle grille de lecture, qui devait également faire date. Comme il sera rappelé ci-dessous, la période récente en a livré des déclinaisons multiples, mais elles apparaissent comme le fait d’une reconnaissance de la part de l’État qui, en tant qu’il domine son territoire, concède que des parties de celui-ci constituent également, à leurs échelles respectives, des territoires sous sa tutelle. Mais il n’y a de territoire qu’en tant qu’il porte le sceau politique de l’État et, selon cette logique, les territoires dits « perdus de la République » sont ceux qui semblent, de l’intérieur, échapper à cette emprise [13].

Voir dans ces concepts le mouvement d’une même génération n’en scelle pas pour autant une union indifférenciée dès le départ. Rien ne prédispose, en effet, ceux-ci à se rejoindre tant les enjeux auxquels ils viennent de répondre sont encore étrangers l’un à l’autre. Le rapprochement et la rencontre ne devaient-ils pas, pour autant, devoir se faire avec l’instauration de la société moderne au sein du cadre étatique et national ? Le territoire ne peut, de lui-même, « faire société » d’après une logique purement politique : au contraire, une fois le concept établi, il ne peut se maintenir qu’à la condition que la société fasse territoire en offrant à ses membres les ressources symboliques permettant de se l’approprier en tant que tel. Sans nécessairement faire identité, il doit, a minima, créer de l’appartenance : sans être pleinement identitaire, il est alors la marque d’une appartenance à l’espace national qu’il représente et symbolise [14].

De son côté, l’identité renvoyant irréductiblement à une singularité individuelle et encore difficilement au particularisme de groupes particuliers, ne peut devenir explicitement, à ce moment, l’emblème de la nation. Si le nationalisme naît avec l’État-nation, l’idée d’une identité nationale est beaucoup plus récente et peut même apparaître comme le symptôme d’une époque où « le couple État-nation a perdu son ardeur et se dirige, lentement mais sûrement, vers une séparation de corps » [15].

Durkheim a apporté, en son temps, une analyse intéressante sur le rôle que le territoire fut amené à jouer en tant que principe d’identification de la société à son sol. Celle-ci est, selon lui, le fait des sociétés dotées d’un État et se présente comme l’exception des sociétés modernes qui compenseraient, dans cet attachement au sol, la perte des solidarités mécaniques ou par ressemblance. « Cette identification de la société avec son territoire ne s’est produite que dans les sociétés les plus avancées. Elle tient sans doute à des causes nombreuses, à la valeur sociale plus haute qu’a prise le sol, peut-être aussi à l’importance plus grande que le lien géographique a acquis, que d’autres liens sociaux, de nature plus morale, ont perdu de leur force » [16]. Pour la société et l’État qui en est la tête, selon la métaphore organique, le territoire est un principe de cohérence général et ne saurait se rattacher à aucun groupe particulier ou communauté. L’association entre société et État territorial se renforce donc avec lui car elle est porteuse d’une garantie de l’ordre social et d’un principe de connaissance de la société par elle-même, notamment par l’usage des statistiques [17].

Il faut encore s’étonner, avec l’appui de Durkheim notamment, mais aussi de l’ensemble de la tradition sociologique, du fait que le concept d’identité y fut longtemps absent et que, lorsqu’il y prit place, ce fut encore pour ne le juger pertinent qu’au niveau individuel. Berger et Luckman sont les plus explicites sur ce point en faisant de l’identité le fruit d’un processus confrontant « l’organisme, la conscience individuelle et la structure sociale » et d’une relation dialectique qui la confronte à la société : « If one is mindful of this dialectic one can avoid the misleading notion of “collective identities” without having recourse ti the uniqueness, subspaecie aeternatis, of individual existence. Specific historical social structures engender identity types, wich are recognisable in individual cases. » [18]

L’identité doit bien être comprise comme un phénomène social et pas simplement psychologique mais elle ne saurait être collective. Au même moment, Goffman se livre à un travail analytique exposant les normes identitaires à l’œuvre à travers différents ouvrages. Il décline alors le concept d’identité en différentes strates « sociale », « personnelle » et « pour soi » [19]. En France, une continuité sera donnée à ce travail dans le travail de Claude Dubar sur La crise des identités au moment où les identitarismes – autant de mouvements revendiquant une identité collective singulière – sont en pleine expansion.

II. Un territoire de plus en plus identitaire et une identité de plus en plus territoriale

Le territoire entendu à sa naissance comme une entité juridique et politique ne pouvait en rester à représenter une pure abstraction sans corps et donc sans âme. Comme nous l’a rappelé Durkheim, il est devenu un principe d’identification des sociétés à leur sol et, d’emblée, il portait la graine d’un identitarisme auquel il n’était pas voué. Aussi, pouvait-il en aller autrement ? Le concept est marqué dès l’origine de cette ambivalence signalée dans plusieurs dictionnaires anthropologiques. L’Encyclopedia of social and cultural anthropology définit ainsi la territorialité [Territoriality] : « A slighty ambiguous term wich may refer either to cultural mechanisms to define or defend territory or to observerved behaviour indicating a preference for remaining within a given territory. » [20]

Les dimensions éthologiques et matérielles ne peuvent se transposer politiquement sans soutien symbolique et culturel. Le territoire n’existe qu’à être réapproprié comme le traduit cette autre définition signalant elle aussi l’ambiguïté : « Le territoire est à la fois objectivement organisé et culturellement inventé » [21].

Pour marquer son trait d’union avec la nation, l’État, administrateur du territoire, va se charger d’une « mission historique » [22]. Pour comprendre celle-ci, il faut avoir en tête le caractère réciproque de toute forme d’appartenance qui, notamment, implique que l’individu ne peut appartenir, être membre de, que s’il se réapproprie, c’est-à-dire développe le sentiment d’une forme de propriété à l’égard de l’entité à laquelle il est affilié. Ainsi, dire « J’appartiens à telle famille » revient à dire « C’est ma famille » marquant ainsi la force d’un lien qui est celui d’une obligation réciproque. Aussi, c’est ce lien qui ne pouvait aller qu’en se renforçant pour répondre à une nécessité originelle. La « mission historique du territoire » répond au fait que « s’il est ainsi lié à l’idée de l’État, il exige, pour que cette idée ne se délite pas, que l’État s’emploie à parfaire les relations entre les individus et leur cadre géographique ». Et Georges Burdeau de conclure : « Par la détermination d’un cadre territorial, les dirigeants inscrivent le sentiment national sur le plan des réalités concrètes ». Donner chair et personnaliser le territoire devaient ainsi permettre une identification appelant les individus à faire corps avec celui-ci afin de l’animer par leurs sentiments.

La déclinaison du territoire à différentes échelles territoriales s’inscrit dans la continuité de cette mission. Il semble qu’à cette échelle locale, le lien entre identité et territoire, semble, pour le dire trivialement, plus « naturel ». Ainsi, Yves Guermond signale « l’ambiguïté d’un concept géographique » qui, en se déclinant à différentes échelles, a donné lieu à une instrumentalisation effrénée dans différentes politiques publiques. « L’identité territoriale » a certes fait l’objet de débats importants mais ceux-ci n’ont pas diffusé dans l’espace public comme a pu le faire ceux sur « l’identité nationale », lors, notamment, de la création d’un ministère dédié [23] ? À l’échelle de la nation, la fusion entre identité et appartenance territoriale peut apparaître comme le symptôme d’une crise manifeste dans une double crispation affectant les deux termes. Avant d’être pleinement identitaire, le territoire pouvait représenter la marque d’une appartenance à l’espace national qu’il représentait et symbolisait. Mais en s’amalgamant à l’identité, il devient le gage d’une authenticité reconstruite à des fins pour inventer des racines. Cette crispation répond à une angoisse comme l’explique H.K. Bahba qui montre, d’après Lefort, comment elle revoie au Mythe de l’Un : « Car l’unité politique de la nation consiste en un déplacement continuel de l’angoisse de son espace moderne irrémédiablement pluriel – représenter la territorialité moderne de la nation devient une temporalité archaïque, atavique du Traditionnalisme. La différence d’espace revient comme l’Identité du temps, faisant du Territoire la Tradition et du Peuple Un seul. » [24]

Mise en miroir de cette identité nationale, l’identité territoriale plurielle se reflète à elle-même comme étant, à la fois, plus douce et plus neutre. « Le territoire est alors considéré comme une ressource que le sentiment d’appartenance régionale peut contribuer à valoriser. L’espace économique cesse d’être un simple support anonyme pour le développement d’activités économiques : il devient un espace d’identification et de mémoire susceptible de porter un projet » [25]. Le succès du concept s’explique par cette conciliation des deux éléments a priori inconciliables que sont la froideur technocratique et la chaleur d’une identité se rattachant à des espaces de proximité « vécus ». Dans sa dimension nationale-étatique, le territoire, inventé contre les terroirs [26], reste encore trop abstrait et reste lié au monstre froid que représente l’État. Les politiques d’aménagement du territoire qui se sont développées dans les années cinquante, une fois ternie l’image d’un modernisme qui fut ensuite critiqué pour être trop centralisateur, sont venues renforcer cette représentation. Aussi, pour pouvoir faire sens, le territoire étatique doit s’auréoler d’une diversité de territoires qu’il intègre harmonieusement dans son paysage, à l’instar d’une identité nationale intégrant et se nourrissant de celle de différentes régions. Leur mission est alors de retrouver la proximité et l’authenticité de terroirs afin de faire gagner les politiques publiques en légitimité et en efficacité.

Tout l’intérêt de ce rapprochement ou de cette « juxtaposition » ne peut être mieux indiquée que comme suit : « Lorsque l’on juxtapose les notions d’identité et de territoire, on évoque en général un espace communautaire, à la fois fonctionnel et symbolique, où les pratiques et une mémoire collective construite dans la durée ont permis de définir un “ Nous ” différencié et un sentiment d’appartenance. Cette conception organique et traditionnelle du territoire est particulièrement adaptée aux espaces homogènes de petites dimensions. » [27]

Nous pouvons mieux comprendre l’apport de l’identité au territoire et la curieuse alliance de la neutralité technocratique et du recours à des identités reconstruites en dehors des passions identitaires des nationalismes. Elle devient, ici comme ailleurs, une source essentielle de légitimité au moment où les autres commencent à se tarir. Sans revenir sur les détails des discussions, il convient de rappeler l’interférence des discussions des géographes avec les politiques publiques qui illustre parfaitement les difficultés des sciences humaines à rester maîtresses de leurs concepts, qui leur échappent parfois en connaissant un trop grand succès en dehors de leur champ et qui cessent d’être des outils du savoir pour devenir des armes de différents discours ou, encore, pour subir l’influence d’une réalité qu’ils participent à construire. Ce double mouvement de va-et-vient entre géographie et politiques publiques territoriales, et entre les deux registres du discours, est manifeste dans l’organisation de colloques et de séminaires où se retrouvent des acteurs de deux sphères mettant en scène une sorte de « partenariat » entre savoir et pouvoir. L’efficacité symbolique du processus est importante puisqu’elle est à la fois normative et performative : dire ce qu’est le territoire revient à dire ce qu’il doit être et à encourager toute action qui doit le faire exister en ce sens.

La ruse de cette histoire est que, au moins vu de l’extérieur, l’enjeu de cette discussion en géographie peut se résumer à la tentation de sortir d’une définition étatique et surplombante dont le symbole le plus marquant reste l’image du survol en avion ou en hélicoptère d’Olivier Guichard alors qu’il était ministre de l’aménagement du territoire [28]. Face à cela, il faut faire réapparaître le territoire sous une multiplicité de dimensions dans laquelle la dimension du politique est relativisée et voit son hégémonie contestée. La définition de Guy Di Méo est emblématique de ce point de vue d’une géographie sociale soucieuse de souligner le poids des rapports sociaux et des enjeux identitaires : « Le territoire témoigne d’une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité. » [29]

D’abord, il s’agit de mettre en avant, face à une définition politique-étatique, une logique « sociale » selon laquelle le territoire ne saurait s’imposer par en haut sur des activités qui le produisent au sein d’un espace défini. Ensuite, le pluriel vient assurer la continuité du règne sous une modalité nouvelle comme l’exprime à merveille le titre et le contenu de l’ouvrage, Le territoire est mort. Vive les territoires [30], et les dérivés de territorialité, entendue comme relation au territoire, ou de territorialisation – ou encore d’interterritorialité –, tendant à mettre en avant la réappropriation réflexive du territoire [31].

La conséquence est d’en donner, finalement, une définition souffrant d’un ethnocentrisme rétrospectif voyant dans les lumières du présent les meilleurs éclairages du passé. Les concepts géographiques et les catégories des politiques développées pour répondre à des enjeux contemporains peuvent être plaqués sur une réalité et un contexte qui ont donné naissance à ces concepts et à ces catégories mais pour répondre à des problèmes d’un autre ordre et sans leur accorder la même signification. Son lien avec l’identité, établi car invoqué dans le contexte récent, se présente implicitement comme un lien constitutif et universel au risque de devenir la grille de lecture anhistorique et décontextualisée.

III. Le double piège identitaire et territorial

Ce double piège peut être nommé le piège « Agnew-Agier ». En effet, John Agnew avance le concept « Territorial trap » [32] quand Michel Agier expose celui de « Piège identitaire » [33]. Le premier est celui dans lequel la théorie des relations internationales est tombée à partir des présupposés géographiques attachés à la territorialité étatique allant jusqu’à en faire une essence [34]. Le second est celui tendu par ce qui se présente comme des présupposés anthropologiques, culturalistes et essentialistes conduisant à différentes assignations identitaires. Bien qu’ayant une existence propre, ces deux pièges se mettent au service l’un de l’autre au point que leurs effets communs les montrent se fusionner et se confondre. Dans les deux cas, le piège est avant tout épistémologique et revient à prendre, si ce n’est des rêves, mais des concepts pour la réalité. Les effets performatifs des deux viennent alors refermer un même piège.

Le piège territorial est celui d’une idéalisation de l’État territorial et consiste à s’enfermer dans le schéma qui ne voit de territoire que là où il y a État et de véritable État que là où il y a territoire. Or, « les systèmes de domination ou d’organisation politique n’ont pas forcément besoin d’être territoriaux » et, « même quand la domination est territoriale et fixe, le territoire n’entraîne pas obligatoirement les pratiques d’exclusion mutuelle que la conception dominante de l’État territorial lui attribue » [35]. L’un des facteurs expliquant cette persévérance dans l’erreur est la synonymie dans l’usage des sciences politiques de termes « nation » et « État » et, donc « leur fusion » [36] alors que « la plupart des États ne sont pas ethniquement homogènes » [37]. La conséquence en est que, à travers cette source de légitimation identitaire, la « signification transcendantale de l’État » s’en est trouvée augmentée [38]. Trois « présupposés géographiques » sont à l’origine de cette conception fallacieuse et ont tendu ce piège territorial en se combinant les uns avec les autres. Le premier, toujours indispensable et central, est celui qui lie la souveraineté étatique à l’espace territorial. Il se trouve aujourd’hui particulièrement menacé par « une formidable efflorescence d’identités politiques alternatives de nature sectorielle (genrée écologique, etc.) ethnique ou régionale » [39]. Le deuxième présupposé revient à considérer, sous l’influence de Hobbes, les États territoriaux comme autant « d’individus abstraits » engagés dans une « guerre de tous contre tous » et le troisième à en faire les « conteneurs de la société ». C’est d’ailleurs sous sa houlette qu’allaient pouvoir se développer au xixe siècle les différentes sciences sociales. Le piège épistémologique est déclenché à partir du moment où cette conception oublie son histoire et tend alors à s’appliquer de façon complètement décontextualisée.

L’enjeu de l’argument de Michel Agier, qui vise l’anthropologie, est également épistémologique et pointe plus explicitement encore les récupérations politiques offertes par le piège identitaire. Celui-ci consiste, selon lui, « dans ce dispositif, [où] chacun est renvoyé à une identité qui lui serait essentielle, authentique, “vraie”. Et, dans le même temps, lisible et catégorisable dans l’ensemble “global”. Les assignations identitaires sont une part déterminante de ce dispositif mouvant de contrôle économique, social et politique à l’échelle planétaire. » [40]

Michel Agier décline également en trois points, en trois erreurs « essentielles », le piège qu’il analyse. La première consiste dans « l’essentialisme identitaire ». Dédouanant en partie les sciences sociales qui ont redoublé d’efforts pour éviter de tomber dans ce piège, il rappelle, comme Agnew, le fait que l’identité des anthropologues a diffusé dans les « nouveaux mouvements sociaux » comme « l’environnementalisme, le féminisme, l’activisme anti-nucléaire ». Mais, les effets de cet héritage sont plus remarquables encore avec les deux autres erreurs : celle qui, d’une part, consiste dans « la soumission des autres aux identités collectives et le déni de leur subjectivité » et celle, d’autre part, d’une « ethnologie des ethnies » qui mène à la confusion entre « l’ethnos, le peuple ethnologique (avec l’association ancienne et révolue entre identité, lieu et culture qu’il suppose), et le demos, peuple politique » [41].

Les crispations autour de l’identité et du territoire à l’œuvre depuis une trentaine d’années sous l’effet de la globalisation montrent comment ce double piège se resserre dans la réalité. Bertrand Badie a montré, dès les années 1990, comment s’est opérée cette réconciliation entre « territorialité et construction communautaire », i.e. identitaire, donnant lieu à une « ethnicisation du monde » [42] : « Le paradoxe devient énorme : l’importation tend à réinventer les identités qu’elle est censée transcender, en faire des enjeux de querelles interétatiques et infra-étatiques et les traduire dans un langage qui les rend ingérables. Les besoins de la compétition entre États favorisent même la fabrication de toutes pièces d’identités jusque-là ignorées. » [43]

Les exemples trop nombreux de purifications ethniques qui se sont présentés depuis illustrent l’achèvement mortifère de cette fusion de territoires et d’identités devenue « prédatrices ». « L’identité prédatrice est le produit de situations où l’idée d’un peuple national a été réduite au principe de la singularité ethnique, de sorte que l’existence même de la plus petite minorité dans les limites des frontières nationales est perçue comme un intolérable déficit de la pureté du tout national » [44].

Aussi, ces purifications ethniques ne sont pas le seul exemple d’une double assignation territoriale et identitaire. Et si une identité majoritaire peut s’imposer sur un territoire au point de le défendre comme son « espace vital », le territoire peut aussi marquer au fer une identité stigmatisante collant tellement à la peau de ceux qui l’habitent qu’ils la croient inscrite dans leur chair. Là encore le phénomène est complexe car réversible : le stigmate territorial subi peut se retourner pour renforcer une identité imposée du dehors par une réaction de réappropriation territoriale et identitaire répondant au rejet subi de l’extérieur par un rejet actif de cet extérieur. Le territoire rejeté comme « perdu » risque de se constituer comme territoire en son nom propre, affranchi de toute subsidiarité. Les processus de subjectivation peuvent ainsi être d’autant plus radicaux – essentialistes ? – qu’ils n’ont pas le choix des ressources, notamment externes, qu’ils peuvent mobiliser [45].

Son étreinte débouche sur une confusion et un amalgame entre les deux qui, en même temps qu’il leur donne une importance réelle ou symbolique encore inégalée depuis leur apparition, manifeste certainement l’épuisement de leur signification. Territoire et identité, nés séparément dans une même période, connaîtraient aujourd’hui une fin commune suite à l’histoire d’un flirt qui s’est achevé dans un couple devenu fusionnel. Le problème d’une telle fin, comme celui de tant d’autres, est qu’on ne sait jamais exactement combien de temps elle dure. Ainsi, déclarer l’épuisement d’un schéma de pensée et de pratique au moment où il se caricature dans sa pleine réalisation, ne suffit pas à le dépasser et encore moins à prévenir des effets qui sont encore les siens.

Conclusion

L’épuisement de cette paire conceptuelle et de ce couple de catégories se traduit par le repli sur une signification qui se donne, pour être fondamentale, à travers une double crispation identitaire dans laquelle défendre l’identité revient à défendre son « chez soi », la demeure territoriale – le Heimat – comme son ultime refuge. Le mouvement décrit donne donc lieu, quand se referme le piège aux deux mâchoires du territoire et de l’identité, à un basculement assez brutal de la raison vers la passion. Territoire et identité visent, au départ, un même projet moderne de rationalité : le premier à travers une administration territoriale étatique ; la seconde par la reconnaissance d’une rationalité individuelle gage d’émancipation. Il faut remarquer ici, la façon dont à partir de Hobbes, non seulement les sujets individuels ont pu être pensés comme développant les meilleures stratégies dans leur lutte de tous contre tous mais aussi que les États, comme le confirme l’esprit des Traités de Westphalie, sont des sujets rationnels et calculateurs dont l’action est prévisible en fonction de la stricte défense de leurs intérêts, c’est-à-dire de leur sécurité et de la maximisation de leur statut par rapport à celui des autres [46]. Poussée à son terme, la logique rationnelle implose et verse dans l’irrationnel.

Cet épuisement endogène est d’autant plus manifeste dans le contexte de la globalisation et des migrations, lesquelles remettent en cause les modalités d’appartenance et d’identification à un territoire. Il faut rappeler ici la contradiction d’une mondialisation porteuse, à la fois, d’homogénéisation et de fragmentation [47]. Cette dernière est certainement une réaction à la seconde : quel peut-être en effet le sens d’un territoire mondial ou global et d’une identité Une ? Plus la reconnaissance du genre humain comme un ensemble d’individus semblables s’impose, plus « le narcissisme des petites différences » [48] émerge et s’affirme. Les migrations ont aussi un impact sur les changements de rôle et de signification de l’État territorial et donc plus généralement des territoires. Celui-ci porte également sur les modalités selon lesquelles les identités peuvent désormais s’articuler avec le territoire national et/ou les territoires régionaux et ceux-ci en continuant de s’y relier ou en s’en détachant. L’enracinement et la mobilité sont, en effet, deux modes d’appropriation du territoire qui, si l’un peut dominer l’autre, ne sont jamais totalement exclusifs l’un de l’autre. Aussi, un territoire conçu de plus en plus en termes de trajets, de diasporas et de réseaux prend aujourd’hui une importance dont on peut douter qu’elle éradique un territoire ancré – métaphore marine – ou même enraciné – métaphore terrienne.

Dans cette situation globale, l’État a également perdu le contrôle des identités comme le manifeste paradoxalement les tentatives sécuritaires de les renforcer à ses frontières ou à l’intérieur de celles-ci. « Les hiérarchies identitaires, jadis durables et solides, ne sont plus contrôlées et protégées, galvanisées et renforcées par des institutions monopolistiques » [49]. Jamais auparavant une multitude d’identités ne se sont confrontés comme aujourd’hui dans un tel face-à-face généralisé et permanent. Ainsi peuvent s’opposer des identités territorialisées et déterritorialisées, un besoin de sédentarité à un désir de mobilité ; mais des identités diasporiques peuvent également se constituer sur la base d’un territoire d’origine qui peut très vite en constituer un pivot plus ou moins mythique ; des « territoires circulatoires » [50] peuvent aussi servir de socle à la constitution de « communautés transnationales » [51] enjambant les frontières étatiques. Ces dernières pistes repérées ne permettent cependant pas de conclure définitivement, car prédire une fin n’est pas la connaître ou n’est, au mieux, que le début de sa connaissance.

AUTEUR
Sylvain Pasquier
Maître de conférences en sociologie
Université de Caen-Normandie, chercheur au CERREV

ANNEXES

NOTES


[1] « L’apothéose du mot communication », Télérama, 12 juin 1985.
[2] Zigmunt Bauman, La société assiégée, Le Rouergue/Chambon, 2005, p. 64.
[3] Benedict Anderson, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine du nationalisme, Paris, La Découverte/Poche, 2002, p. 21.
[4] Ibid., p. 11.
[5] Étienne Balibar, John Locke. Identité et différence. L’invention de la conscience, Paris, Seuil, 1998.
[6]  Zigmunt Bauman, Identité, Paris, Éditions de l’Herne, 2010, p. 70.
[7] Daniel Dagenais, « Le voyage complet du concept d’identité sur lui-même », La revue du Mauss semestrielle, n° 59, 2022, p. 100.
[8] Jacques Fontanille, Formes de vie, Presses universitaires de Liège, 2015, p. 224.
[9] John Agnew, et Stéphane Dufoix, « Le piège territorial. Les présupposés géographiques de la théorie des relations internationales », Raisons politiques, vol. 54, n° 2, 2014, p. 23-51, p. 23.
[10] Bertrand Badie, La fin des territoires, Paris, Fayard, 1995, p. 51.
[11] Ibid. p. 43.
[12] Christian Bodin, « Fin du territoire ou nouveaux territoires ? », Cités, vol. 60, n° 4, 2014, p. 149-157.
[13] Nous faisons référence à l’ouvrage collectif, Les territoires perdus de la République – antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, Paris, Éditions Mille et une nuits, 2002. Il a connu un grand succès médiatique et la formule titre a été maintes fois reprise par certains politiques depuis. Sa réédition en poche en 2015 a également relancé cette mobilisation dans les débats autour de la laïcité. Ce phénomène illustre, plus qu’aucun autre, les liaisons dangereuses du territoire et de l’identité. Cf. Dominique Perrin et Samuel Blumenfeld, « “Les Territoires perdus de la République”, retour sur près de vingt ans de polémique autour de la laïcité à l’école », Le Monde, 8 janvier 2021.
[14] Yves Guermond, « L’identité territoriale : l’ambiguïté d’un concept géographique », L’Espace géographique, vol. 35, n°4, 2006, p. 291-297.
[15] Zigmunt Bauman, op. cit., p. 43.
[16] Émile Durkheim, Leçons de sociologie, Paris, PUF, 1990, p. 80.
[17] John Agnew, op. cit., p. 42.
[18] Peter L.Berger and Thomas Luckman, The Social Construction of Reality, New York, Anchors Books, 1967, p. 174.
[19] Erving Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des Handicaps, Paris, Les Éditions de Minuit, 1975. Il reprendra la distinction entre « identité sociale » et « identité personnelle » dans Les relations en public, La mise en scène de la vie quotidienne, Tome 2, Paris, Les Éditions de Minuit, 1973.
[20] Alan Barnard and Jonathan Spencer (éd.), The Routledge Encyclopedia of Social and Cultural Anthropology, London & New-York, Routledge, 2011.
[21] André Bouregot, « Territoire », dans Michel Izard et Pierre Bonte [dir.], Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie Paris, PUF, Quadrige, 2002, p. 704-705. Pour plus de détails, je me permets de renvoyer également à Sylvain Pasquier, « De la communauté au territoire et du territoire à la communauté », Mana, Revue de sociologie et d’anthropologie, n° 16, 2009, p. 101-131.
[22] Georges Burdeau, L’État, Paris, Seuil, 1970.
[23] Plus précisément, ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, créé le 18 mai 2007 et dissous le 10 novembre 2010.
[24] Homi K.Bahba, « DissémiNation : temps, récit et marges », Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, Paris, Éditions Payot & Rivages, Petite bibliothèque Payot, p. 269. Cette angoisse est dite « d’incomplétude » par Arjun Appadurai. Il y voit le moteur de l’ethnonationalisme et des logiques de purification ethniques. cf. Géographie de la colère, Éditions Payot & Rivages, Petite Bibliothèque Payot, 2009, p. 23-24.
[25] Marie-José Jolivet et Philippe Léna, « Des territoires aux identités », Autrepart, n° 14, 2000, p. 6.
[26] Eugen Weber, La fin des terroirs, Paris, Fayard, 1983.
[27] Marie-José Jolivet et Philippe Léna, op. cit., p. 8.
[28] Vincent Guigueno, « Dossier L’aménagement du territoire en action », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. n° 79, n° 3, 2003, p. 37-41. Ce dossier est particulièrement intéressant en ce qui concerne « l’émergence du territoire en tant que catégorie de l’action publique ».
[29] Géographie, site et territoires, Paris, Nathan, 1998.
[30] Benoît Antheaume et Frédéric Giraut (Éd. Scientifiques), Paris, IRD éditions, 2005.
[31] Martin Vanier [dir.], Territoires, territorialité, territorialisation, controverses et perspectives, Presses universitaires de Rennes, 2009.
[32] John Agnew, et Stéphane Dufoix, « Le piège territorial. Les présupposés géographiques de la théorie des relations internationales », Raisons politiques, vol. 54, n° 2, 2014, p. 23-51.
[33] La condition cosmopolite. L’anthropologie à l’épreuve du piège identitaire, Paris, La Découverte, 2013.
[34] Op. cit., p. 29.
[35] Ibid., p. 24.
[36] Ibid., p. 30.
[37] Ibid., p. 36.
[38] Ibid.
[39] Ibid., p. 34.
[40] Ibid., p. 6
[41] Ibid., p. 132-133.
[42] Op.cit., p. 102 et sq.
[43] Ibid., p. 63.
[44] Ajun Appadurai, Géographie de la colère. La violence à l’ère de la globalisation, Paris, Éditions Payot & Rivages, Petite Bibliothèque Payot, 2009, p. 82.
[45] Loïc Wacquant, « Territorial Stigmatization in the Age of Advanced Marginality », Thesis Eleven, n° 91, 2007, p. 66-77. En ligne : https://doi.org/10.1177/0725513607082003.
[46] Bertrand Badie, Les puissances mondialisées. Repenser la sécurité internationale, Paris, Odile Jacob, 2021 ; John Agnew, op. cit.
[47] John Agnew, op. cit, p. 48. Ce paradoxe est aussi celui que cherche à dépasser Appadurai dans ses différents écrits.
[48] Arjun Appadurai, op. cit, p. 26.
[49] Zygmunt Bauman, Identité, op. cit., p. 43-44.
[50] Ce concept est au centre des travaux d’Alain Tarrius depuis une trentaine d’années.
[51] Alejandro Portes, « La mondialisation par le bas. L’émergence des communautés transnationales », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 129, n° 4, 1999, p. 15-25.

RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Sylvain Pasquier, « Territoire et identité : Du couple bicéphale au couple fusionnel », dans Espaces, territoires et identités : jeux d’acteurs et manières d’habiter, Hervé Marchal [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 4 mai 2023, n° 19, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Sylvain Pasquier .
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944

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