Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-UBE


Territoires contemporains


Produire, traiter et diffuser les données : les enjeux pour les SHS
Suivre la transition écologique chez les associations d’éducation populaire et la Ville de Lyon. Comprendre les transitions plus que les inventorier.

Valentin Baumstark

Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Annexes | Notes | Références | Outils
RÉSUMÉ

Entre des associations d’éducation populaire et une municipalité, le commun accord ne va pas toujours de soi. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de s’accorder sur une thématique aussi large et plurielle que la « transition écologique ». C’est dans ce contexte de débat que cet article propose une approche compréhensive de la production de données statistiques. Inspiré de l’anthropologie du développement, plutôt que de définir au préalable ce qu’est la transition écologique au risque de couper les discussions entre les acteurs, il s’agit de produire des données à partir de ce que les acteurs font au nom de cette transition. Une connaissance qui sert de préalable à l’interprétation des entretiens afin d’identifier les manières de justifier la transition écologique à partir du modèle des cités. L’une dans l’autre, ces deux méthodes permettent une analyse de ce qui amène différentes manières de faire transition.

MOTS-CLÉS
Mots-clés : Association, action publique, transition écologique, éducation populaire, développement, entretien, quantitatif
Index géographique :  
Index historique :
SOMMAIRE
I. Le partenariat Ville de Lyon et éducation populaire : une arène politique
II. Que donnent à voir les associations d’éducation populaire ? Quantification et mise en image de l’action.
III. Pourquoi ces actions différentes au nom de la transition écologique ?
  1) Une transition qui se justifie par l’impact
  2) Une transition qui se justifie par la relation au vivant
  3) Une transition qui se justifie par le bon sens
  4) Une transition qui se justifie par l’imaginaire
IV. Conclusion

TEXTE

Qu’est-ce que la transition écologique ? Comment la documenter et comment la mener ? C’est à partir de ces questionnements qu’est né le projet de recherche doctorale à l’origine de cet article. En effet, même si l’on s’accorde généralement sur la nécessité d’agir pour une transition écologique, la question de la manière d’y parvenir est loin de faire consensus, que ce soit de manière individuelle - vaut-il mieux que j’achète une voiture à essence ou électrique ? - ou collective - est-ce que construire une nouvelle autoroute pour réduire le temps de trajet est écologique ?

Ces différends sur la manière d’agir se posent notamment à l’échelle de la Ville de Lyon pour les agents de la fonction territoriale qui ont pour mission d’appliquer le projet politique de leurs élus, notamment pour cette municipalité où l’écologie constitue une dimension fondamentale de leur programme politique. Ces agents savent ainsi qu’ils doivent mener une transition écologique. Pour autant, la manière de la mener n’est pas toujours claire. Dans le cadre de cette recherche doctorale, j’ai travaillé auprès des agents chargés d’accompagner les associations d’éducation populaire partenaires de la ville ; principalement centres sociaux, maisons de l’enfance et Maisons de la Jeunesse et de la culture (MJC). Du fait du caractère ambivalent de l’éducation populaire, à mi-chemin entre la contestation des institutions et la reconnaissance par celles-ci [1], s’ajoute une difficulté supplémentaire : chaque association développe potentiellement sa propre vision de la transition écologique. En effet, dans leur militantisme et une volonté affichée d’adapter leur projet associatif à leur territoire, chacune des associations va porter une façon de faire transition selon ce qui lui parait le plus pertinent avec les éléments à sa disposition.

Or, les agents de la ville ne peuvent tout simplement pas leur imposer la vision de leurs élus dans un souci de liberté associative, reconnue en 1971 comme principe constitutionnel [2]. Les agents sont donc en tension, tiraillés entre les visions de leur institution et celles des associations qu’ils ont pour mission d’accompagner de manière opérationnelle, sur les questions de transition écologique, entre autres. Un tiraillement et des contradictions qui entrainent une incompréhension entre les acteurs en jeu et peuvent amener jusqu’à un certain « désarroi » dans l’action, pour reprendre les termes de Philippe Scieur [3]. Un désarroi que les sciences sociales peuvent participer à lever, notamment en proposant de nouvelles manières de produire de la donnée sur ce sujet, au sens où elle n’est pas habituelle pour une municipalité. En effet, alors que les explications et réunions sur ce que doit être la transition écologique de manière générale ne suffisent plus, j’ai fait le choix de partir des actions faites par les différents acteurs au nom de cette transition, ce qui lui fait prendre corps pour chacun d’entre eux, au plus loin de statistiques normatives construites à partir d’une définition préétablie qui pourrait laisser s’échapper certaines pratiques non anticipées. Concrètement, il s’agissait donc d’identifier et quantifier ces différentes contributions à la transition écologique, puis de chercher à comprendre les raisons pour lesquelles ces activités ont été choisies à partir des justifications mises en avant par les acteurs en jeu. En ce sens, je propose, non seulement de mettre en œuvre une « ethnographie armée de statistiques » [4] en faisant dialoguer les causalités probabilistes issues du quantitatif avec des éléments de contextes propres à un terrain, mais aussi de donner à voir un mode de production de la donnée statistique qui, plutôt que de dégager des lois explicatives, cherche à rendre compte d’une diversité des représentations, s’intéressant plus au sens situé de ces données qu’à leur représentativité. Je souhaite ainsi proposer un usage moins explicatif que compréhensif de la donnée quantitative. Pour cela, je vais revenir sur la méthodologie qui a été mise en œuvre dans cette perspective : sans s’arrêter à un inventaire des pratiques écologiques, cette démarche cherche à comprendre ce qui se joue dans une arène politique à la frontière des différentes légitimités mobilisées par les acteurs pour justifier les actions entreprises au nom de la transition écologique.

Nous commencerons par évoquer le cadre empirique et théorique qui a permis les analyses qui suivent. Nous nous intéresserons ensuite à ce qui résulte de cette approche théorique en termes quantitatifs : quelles sont les pratiques mises en œuvre par les associations d’éducation populaire au nom de la transition écologique ? Enfin, dans une approche plus qualitative, nous reviendrons sur les éléments empiriques permettant une interprétation compréhensive des éléments statistiques exposés plus tôt.

I. Le partenariat Ville de Lyon et éducation populaire : une arène politique

Le partenariat entre la Ville de Lyon et les associations d’éducation populaire se construit autour de plusieurs groupements que je différencie en trois groupes sociaux aux histoires et aux postures spécifiques : les associations d’éducation populaire, les agents de la fonction publique territoriale et l’équipe exécutive de la municipalité.

Par une ambivalence entre reconnaissance institutionnelle – concrétiser notamment les partenariats avec les municipalités et l’agrément Jeunesse et Education Populaire (JEP) – et contestation de ces mêmes institutions, les associations d’éducation populaire vont chacune trouver un équilibre différent sur le continuum entre partenariat et contestation des institutions gouvernementales [5]. Au-delà de cet aspect qui entraine déjà une grande diversité dans les pratiques et les postures de ses membres, les associations qui se réclament de l’éducation populaire regroupent un grand nombre d’acteurs différents qui ont des pratiques qui leur sont propres selon leurs parcours et leurs secteurs allant du médico-social au tourisme en passant par les secteurs de la culture et de l’éducation [6]. Ce qui les réunit principalement, c’est ainsi un terme – une éducation tournée vers le peuple – et une histoire – celle d’une éducation parallèle à l’éducation formelle. Il s’agit ainsi d’activités qui permettent à différents publics, quel que soit leur âge, d’acquérir des savoirs et des savoir-faire souvent qualifiés de « citoyens » et plus difficilement valorisables sur le marché du travail [7]. Le tout est agrémenté d’une volonté d’intégrer les participants dans l’organisation afin, entre autres, de leur donner du pouvoir d’agir dans une perspective émancipatrice [8] . En ce qui concerne notre terrain d’étude, nous nous intéresserons uniquement à trois « familles » [9] associatives : les centres sociaux, les MJC et les maisons de l’enfance. L’ensemble de ces familles ont pour points communs d’être partenaires de la Ville de Lyon, d’avoir un lieu d’accueil du public – souvent mis à disposition par la municipalité – et d’être agrémentées JEP par le gouvernement. Ces points les rapprochent de fait d’une posture plus partenariale que contestatrice : difficile de critiquer les institutions dont elles dépendent. Cependant, force est de constater par mes observations que la dimension contestatrice n’est pas en reste. Ainsi, malgré ces points communs, chacune de ces familles associatives trouve un équilibre vis-à-vis de ces deux pôles et préserve des spécificités propres sur lesquelles nous revenons plus bas.

La seconde partie prenante qui nous intéresse concerne les agents de la Ville de Lyon. Ils jouent un rôle d’intermédiaire entre les associations et les élus de la municipalité. Les agents de la fonction publique territoriale ont un positionnement singulier vis-à-vis des élus, entre subalternes de ces derniers, mais aussi en tant que formateurs à même d’apporter toutes les informations nécessaires à exercer la fonction d’élu [10]. À cela, s’ajoute la fonction d’assurer, avec les élus, l’entretien de la façade institutionnelle de leur municipalité [11]. Ainsi, de la même manière qu’un individu veille à préserver sa « face » lors de ses interactions [12], les agents donnent à voir l’image souhaitée par les responsables de l’institution : les élus, entre autres. Il s’agit notamment de donner à voir l’institution comme un ensemble unifié, effaçant au mieux aux yeux du public et des partenaires extérieurs les désaccords internes, qu’ils soient entre différents agents, services de la ville ou entre les différents membres de l’exécutif.

Les élus constituent justement la troisième partie prenante de cette arène. Également soucieux de préserver la façade de leur institution [13], ils doivent prendre en compte un autre impératif dans leurs interactions : l’impératif délibératif [14]. En effet, alors que les élus ne le deviennent qu’avec un faible taux de participation, ces derniers doivent trouver une nouvelle forme de légitimité pour mettre en application leurs politiques publiques. C’est ainsi qu’on assiste à une multiplication des dispositifs de démocratie participative. En ce sens, les élus ont tout intérêt à garder une posture d’écoute vis-à-vis des associations, alors considérées, par leurs méthodes participatives, comme représentantes de l’intérêt des habitants dans les localités où elles sont inscrites [15].

Je me suis ainsi attardé sur l’entretien de la façade de ces différentes institutions, associations et municipalité, en portant un regard sur ce qu’elle donne à voir en apparence (un agent de la Ville de Lyon ne se présente pas de la même manière à un autre service, un élu ou une association). Nous l’avons vu, les membres de la municipalité cherchent à mettre en œuvre une seule façade unifiée de leurs institutions. Pour autant, les spécificités des associations, par leur localité, leur équilibre entre contestation et partenaire des institutions, ou leur famille associative, font qu’elles travaillent chacune à l’entretien de leurs propres façades institutionnelles.

Plus que de m’intéresser uniquement à ces façades, j’analyse ces différents acteurs comme partie prenante d’un projet de développement. C’est-à-dire « dans une perspective fondamentalement méthodologique, comme l'ensemble des processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu, mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. » [16]. Analyser les partenariats entre la Ville de Lyon et les associations d’éducation populaire comme un projet de développement permet par la même de mobiliser la notion d’arène politique, « où chacun joue avec des cartes différentes et des règles différentes. On peut dire aussi que c'est un système de ressources et d'opportunités que chacun tente de s'approprier à sa manière. » [17]. Une analogie qui correspond à ce que j’ai observé : différentes parties prenantes qui font valoir leur propre système de légitimité afin de greffer des ressources ou des savoirs, celles de la municipalité, mais aussi celles des associations, dans un but de développement territorial. Dans ce cas précis, les élus font valoir leur légitimité en tant que représentants, les associations en tant qu’experts issus du terrain, et les agents une expertise plus théorique et générale. Nous retrouvons ici les rencontres observées dans le champ de la participation, entre savoirs citoyens ou maitrise d’usage et savoirs techniques d’experts [18].

Cette approche par le développement permet deux choses. D’abord d’expliquer une approche discursive. À l’instar des processus de développement qui correspondent à des visions de ce vers quoi doivent tendre les sociétés, il y a plusieurs transitions écologiques. Ainsi, je n’impose de définition ni pour le développement ni pour la transition écologique, mais considère qu’elles en sont dès lors que cela est présenté comme tel par les personnes concernées. Ici, je m’intéresse plutôt aux justifications qui permettent de légitimer qu’une action appartienne à la transition écologique. Ensuite, ce champ permet d’analyser les désaccords comme la rencontre de différents systèmes de légitimité dans une arène politique, et non seulement comme un manque de communication, comme c’est souvent présenté dans le cas d’échecs partenariaux. Ainsi, cette approche amène de nouvelles manières de traiter les désaccords.

J’applique en ce sens une symétrie des savoirs propre à la sociologie pragmatique : il s’agit de reconnaitre de la même manière les savoirs et les justifications morales sans les hiérarchiser [19]. La sociologie pragmatique propose une grille d’analyse sous forme de modèle idéal-typique de ce qui fait qu’une idée ou une personne est moralement grande, lui donne de l’importance d’un point de vue social. Ainsi, Luc Boltanski, Ève Chiapello et Laurent Thévenot proposent sept cités, chacune ayant sa propre manière d’expliquer ce qui fait les « grands » de celle-ci [20] :

  • La cité civique justifie moralement le grand par un souci de solidarité. C’est la valorisation du bien de tous et non son intérêt individuel qui prime. Cette cité donne naissance à l’institution démocratique : les élus le sont, en théorie, par la reconnaissance qu’ils agissent au nom de la solidarité.

  • La cité domestique est celle qui fait référence à une tradition, l’exemple par excellence étant le cadre familial, orienté par l’éducation immanquablement culturelle. Les grands de cette cité ont pour devoir de protéger les petits et ces derniers de respecter la hiérarchie en place. Le père de famille constitue ainsi une figure des grands.

  • La cité inspirée valorise l’inspiration qui vient bousculer les normes sociales. Elle rend grandes les idées dont l’origine transcende l’individu. Un artiste, par exemple, qui tire ses idées nouvelles de son imagination fait figure de grand. De même, dans le registre religieux, les prophètes, inspirés par la parole de leur(s) dieu(x), se justifient par leur rôle d’intermédiaire avec d’autres modes de pensée.

  • La cité de l’opinion accorde de l’importance au nombre de personnes qui s’intéressent à un propos ou une personne. Ainsi, aura de l’importance, ce qui bénéficie d’une grande audience. C’est notamment cette justification qui légitime pour les médias l’invitation d’une personnalité à forte audience plutôt qu’une autre.

  • La cité marchande valorise ce qui a une valeur monétaire. Orientée par les lois du marché, cette cité donnera de l’importance à la compétitivité et la concurrence. Les grands seront ainsi les entrepreneurs et opportunistes qui ont réussi dans cette compétition.

  • La cité industrielle se réfère à un impératif d’efficacité et de savoir, répondant à un souci de productivité. Ce qui est grand est ce qui permet de produire en grand nombre. C’est en ce sens qu’une grande importance est accordée aux ingénieurs et techniciens, détenteurs de savoirs et capables de quantifier et optimiser les processus de fabrication.

  • La cité des projets valorise enfin le connexionnisme et l’adaptabilité. Les grands de cette cité, les chefs de projets, disposent ainsi d’un réseau de partenaires ainsi que d’une pluralité de projets en parallèle parmi lesquels ils peuvent passer de l’un à l’autre en toute flexibilité.

  • Une dernière cité controversée se doit d’être évoquée, la cité « verte » [21]. Celle-ci renvoie à une justification par la protection de l’environnement : serait grand ce qui viserait à protéger ce qui nous entoure. Si l’existence de cette cité fait débat, c’est parce qu’elle ne respecterait pas les caractéristiques communes de ce modèle, mais aussi parce qu’elle pourrait se rapporter aux autres cités. En effet, a priori, il est possible de justifier une préservation de l’environnement par les autres cités, que ce soit par un souci de solidarité (cité civique) ou parce que cette protection fait parler d’elle (cité de l’opinion) par exemple. Ainsi, je mobiliserai plutôt ce que Héloïse Rougemont appelle une cité de l’harmonie, non nécessairement centrée sur les questions écologiques. Dans cette cité, est grand ce qui vise la préservation d’un équilibre, la responsabilité vis-à-vis de celui-ci, ce qui renvoie immanquablement à des enjeux écologiques par la préservation des écosystèmes, mais également à des enjeux sociaux. Pour Rougemont, le petit « est caractérisé par l’ingérence, l’intervention intrusive qui introduit le déséquilibre dans un système qui fonctionne par lui-même. » [22]

    II. Que donnent à voir les associations d’éducation populaire ? Quantification et mise en image de l’action.

    Comment documenter et rendre compte des façades institutionnelles des différentes parties prenantes de l’arène politique entre la Ville de Lyon et les associations d’éducation populaire ? Je me suis ici intéressé à trois types de données empiriques. D’abord des observations des instances de rencontres entre ces différentes parties prenantes où chaque personne représente son institution et prend soin de l’entretien de sa façade. Ensuite, je me suis intéressé aux rapports d’activités des associations (34 rapports d’activités des 42 associations partenaires), documents dont la vocation est justement de donner à voir l’institution à des partenaires extérieurs, notamment la Ville de Lyon. Enfin, je mobilise également 40 entretiens semi-directifs auprès d’élus (6), de membres salariés et bénévoles des associations (26) et d’agents de la fonction publique territoriale (8). Le non-anonymat [23] de ces entretiens, soumis par la suite à validation des premiers concernés, engage de fait les enquêtés comme des représentants de leurs institutions, ce dont ils ont parfaitement conscience, notamment concernant les directeurs des associations (16), habitués à cet exercice de représentation.

    Afin d’analyser et de rendre compte des activités que donnent à voir ces associations, j’ai documenté toutes les activités qui étaient estampillées « transition écologique » par les associations en relevant les manières de les mettre en œuvre, les partenaires de celles-ci et l’association qui en est à l’origine. Partant de la nécessité de montrer à la fois la diversité des activités et celle des associations, j’ai choisi de rendre compte de ces données par un diagramme en flux de type Sankey. Chaque flux a un poids qui dépend du nombre d’activités. Les flux partent de la structure qui la met en œuvre et vont jusqu’au type d’activité mise en œuvre. Par types d’activité, j’entends la mise en œuvre concrète de celle-ci (la projection d’un film est une mise en œuvre différente d’un atelier de jardinage, par exemple). Ces catégories sont construites de manière inductive : en d’autres termes, j’ai d’abord documenté les différentes activités relatives à la transition écologique avant de les regrouper selon leur mise en œuvre concrète.

    Figure 1 : Diagramme de Sankey représentant les contributions des associations d'éducation populaire à la transition écologique
    ©Valentin Baumstark

    Ce graphique peut déranger dans sa méthode de construction. En effet, il n’est pas construit sur un échantillon représentatif. De même qu’une enquête de terrain ne cherche pas forcément la représentativité, mais plutôt à dégager les logiques d’actions d’un contexte donné, ces données visent d’abord à dégager les tendances des activités qui sont considérées comme étant de la transition écologique. À l’instar d’une enquête compréhensive, il serait illusoire d’atteindre une exhaustivité complète : chaque association se compose d’une diversité de membres qui vont percevoir la transition écologique de manière différente et donc y inclure des activités différentes. Ainsi, une association avec un grand nombre d’activités sera moins le témoin d’une activité foisonnante sur la transition écologique que celui d’un investissement particulier du chercheur auprès d’elle (plus d’entretiens ou d’observations menées auprès de celle-ci). Par voie de conséquence, ce qui est intéressant dans ce graphique est moins le nombre absolu d’activités faites au nom de la transition écologique que la répartition de ce que ces associations donnent à voir à un chercheur situé à la frontière entre elles et la municipalité. Afin de vérifier si ce que les associations donnent à voir varie selon la famille associative, il est possible de filtrer ce graphique par familles associatives et de trier chaque colonne par ordre de valeurs croissantes.

    Figure 2 : Répartition des contributions à la transition écologique des centres sociaux
    ©Valentin Baumstark
    Figure 3 : Répartition des contributions à la transition écologique des MJC
    ©Valentin Baumstark

    Figure 4 : Répartition des contributions à la transition écologique des maisons de l’enfance
    ©Valentin Baumstark

    Ainsi, pour les centres sociaux, ce sont plutôt des ateliers de cuisine, les ateliers de « faire soi-même » (zéro déchet ou Do It Yourself) et les sensibilisations en extérieur [24] qui sont mis en avant (Figure 2), là où les maisons de l’enfance valoriseront plutôt les politiques internes de lutte contre le gaspillage ou d’achat (Figure 4) et les MJC des sensibilisations en intérieur ou des ateliers de culture des plantes (Figure 3). Ces premiers éléments quantitatifs permettent de dresser des tendances sur les activités des associations d’éducation populaire de manière située. Contrairement à des statistiques représentatives sur un échantillon plus large, il serait hasardeux de généraliser ces conclusions à l’ensemble des centres sociaux, MJC et maisons de l’enfance du territoire français. Enfin, si la famille associative semble influencer le type d’activité, il reste encore à comprendre ce lien par la mobilisation de données qualitatives.

    III. Pourquoi ces actions différentes au nom de la transition écologique ?

    L’un des principaux objectifs des entretiens a été d’interroger les raisons qui permettent aux acteurs de l’arène politique que nous avons décrite plus haut de justifier moralement que leurs actions appartiennent à la transition écologique en se basant sur le modèle des cités. Cette approche m’a amené à construire un nouveau modèle idéal typique qui réemploie les cités précisées précédemment sans cloisonner les enjeux environnementaux à une seule et unique cité verte, et sans se priver pour autant de prêter attention aux indices d’une cité de l’harmonie. Je propose de nous attarder sur 4 des idéaux types de ce modèle des cités, idéaux types qui seront ensuite mis en dialogue avec les données précédentes pour mieux les interpréter.

    1) Une transition qui se justifie par l'impact

    « Nos actions de la MJC, à chaque fois on réfléchit comment on peut essayer d'être moins impactant quoi sur le produit qu'on prend au bar [associatif]. Et ben on va plutôt faire marcher du circuit court, on va pas, il y a pas de coca, et je fais des trucs clichés… mais voilà, que des producteurs autour à chaque fois qu’on essaye d’avoir ce filtre un peu, de comment être le moins impactant possible ou alors le plus propre » (Directeur de MJC, 25/07/2023).

    La transition écologique qui se justifie par l’impact correspond à une transposition de la cité industrielle aux enjeux écologiques. Il s’agit de mesurer son impact par la donnée afin de la faire diminuer dans une perspective d’efficacité. Dans l’extrait précédent, le directeur de la MJC souligne l’importance de cet impact et pense, en termes de bilan carbone, par la réduction des distances de transport des achats. Ainsi, à l’instar d’un ingénieur qui mesure l’efficacité d’un processus de production, les directeurs d’associations sont amenés à mesurer leur empreinte carbone, la quantité de déchets produits ou celle de nourriture gaspillée afin d’estimer cet impact et d’évaluer les manières les plus efficaces d’agir. Cette justification peut être mise en application par deux moyens non exclusifs : par l’efficacité, en atteignant les mêmes objectifs tout en diminuant leur impact, ou la sobriété, en diminuant les objectifs à atteindre. Cette justification se rapporte également aux figures très médiatisées de Pierre Rabhi et de Jean-Marc Jancovici. En ce sens, on peut aussi rapporter cette justification à la cité de l’opinion et supposer qu’elle est la justification prédominante dans la sphère politique et médiatique.

    2) Une transition qui se justifie par la relation au vivant

    « C'est vraiment dans [le fait d’] amener les enfants à prendre conscience que la [Terre ] est fragile et qu'il faut en prendre soin et dans nos gestes du quotidien avec les enfants » (Directeur de Maison de l’enfance, 10/07/2023).

    La terre est ici évoquée comme une entité dont il faut prendre soin. Il s’agit donc de s’en soucier comme on prendrait soin au quotidien d’un être fragile, et c’est d’ailleurs une dynamique qu’il est possible de retrouver vis-à-vis des humains. Il faut prendre soin des personnes qui nous entourent, notamment, pour les professionnels de ces associations, des publics et en particulier les publics fragiles, comme de jeunes enfants ou des personnes âgées, dont ils ont la responsabilité. Cette dimension du prendre soin est intéressante lorsque l’on constate que cette justification est notamment présente chez les maisons de l’enfance dont les publics sont plus jeunes (3 à 12 ans pour la majorité) que les autres familles associatives, et plus encore parmi les enquêtées de sexe féminin. Ces deux points permettent de rapprocher ce type de discours d’une éthique du care [25] [26]. En effet, s’il apparait que cette idée de prendre soin de l’environnement se transpose sur les humains, Sandra Laugier [27] expose plutôt le cas inverse : l’éthique du care appliquée à l’environnement apparait comme une porte de sortie à la crise climatique. Ainsi, la transition écologique correspond à ce qui invite à changer de relation avec les non-humains relatifs à la « Nature » (faune, flore, paysages, fleuves…). Il s’agit de comprendre leurs spécificités et vulnérabilités dans les actions du quotidien pour ne pas les endommager. En ce sens, les acteurs qui mobilisent cette justification n’évoquent pas toujours la transition écologique, mais parlent plutôt de relation à la nature, à l’environnement, au vivant… Ici les non-humains sont considérés comme partie prenante d’un tout à protéger auquel les humains font aussi partie.

    Cette justification est ce qui se rapporte le plus à une cité de l’harmonie décrite par Rougemont. Il s’agit de comprendre, préserver et contribuer à un équilibre, une harmonie en prenant en compte la place de chacun dans celui-ci, humains comme non-humains. Revoir les relations pour atteindre une compréhension plus qu’un contrôle distancier des non-humains semble rejoindre cette cité de l’harmonie. À noter tout de même des références à la famille qui renvoient indirectement à la cité domestique, bien que ce point ne soit pas aussi prenant que dans la prochaine justification.

    3) Une transition qui se justifie par le bon sens

    « Je crois qu'on n’a pas trop de termes pour parler de transition écologique on dit surtout fait gaffe quoi. Quand il faut éteindre les lumières on dit fait gaffe à l'électricité, pour le papier on dit fait gaffe de pas gaspiller pareil pour l'encre des imprimantes. Donc ouais on dit moins transition écologique ou environnement que ouais "fait gaffe ! " » (Directrice de Centre social, 19/07/2023).

    Le terme transition écologique n’est-il pas une manière pompeuse pour évoquer l’évidente prévention ? Finalement, ce terme n’a pas lieu d’être s’ils font référence à ce que chacun a appris depuis sa naissance. C’est en ce sens que la directrice dit qu’ils utilisent plus souvent l’expression de « faire gaffe », en l’occurrence, sur les questions de gaspillage. Ce qui est mis sous le signe de l’évidence relève de l’éducation, ou plus généralement de ce qui est culturellement évident et transmis. Dans le cas présent, l’évidence est de ne pas gaspiller ce qui a de la valeur, que ce soit l’eau, le papier, l’électricité… mais aussi ce qui a fait l’objet de campagne d’institutionnalisation à grande échelle, le tri en étant le parfait exemple (campagne de sensibilisation dans les écoles, suivie d’infrastructures et d’une organisation publique pour la gestion du recyclage). Cette justification renvoie ici à une « débrouillardise populaire » [28] des pratiques qui résultent de savoirs expérientiels dus à un état de nécessité, de contrainte, mais qui ne font pas de prime abord l’objet d’une volonté écologique, bien que les principaux concernés aient conscience de cette dimension. Cette débrouillardise se construit également dans une valorisation des savoirs populaires et en critique à une écologie trop intellectualisée [29].

    Cette référence à la culture, sans parler explicitement de tradition, mais bien plus d’éducation et de famille, renvoie à la cité domestique. Les acteurs qui se justifient par le bon sens valorisent des pratiques difficilement discutables, tant elles relèvent de l’évidence. De fait, ce à quoi il est fait référence relève de l’économie et donne également à voir moins directement une cité marchande : je fais de la transition écologique parce que cela me permet de faire des économies. Gageons ici que ce lien tient principalement au fait que les logiques économiques sont de l’ordre de l’évidence aujourd’hui en France compte tenu de nos normes sociales, mais qu’il n’en est pas forcément de même dans un autre système de valeurs.

    4) Une transition qui se justifie par l'imaginaire

    « Aujourd'hui, parler de culture comme si y avait pas d'enjeux écologiques… Bah je pense qu'on passe, enfin j'aurais peur qu’on passe à côté de quelque chose, si on ne prend pas à bras-le-corps cette question dans nos pratiques […], dans nos représentations du monde, nos représentations de l’économie, de la société enfin tous les enjeux… » (Directeur de MJC, 12/07/23).

    Et si le problème écologique relevait justement de ces normes et de ce système de valeurs ? Et s’il fallait critiquer nos représentations du monde pour régler le problème écologique ? Dans une justification sur l’imaginaire, il s’agit principalement de critiquer ce qui est mis en valeur de manière globale, souvent en référence explicite à la société de consommation, voire plus largement, au capitalisme. Ici, le directeur de la MJC donne un axe d’action explicite : il faut agir par la culture pour donner à voir d’autres systèmes de valeurs. C’est en ce sens que les actions qui relèvent de cette justification passeront plutôt par des médias artistiques.

    Le lien avec la cité inspirée peut paraitre évident par cette mobilisation du médium artistique. En effet, il s’agit ici de penser différemment des normes sociales à déconstruire, à rebours complet d’une cité domestique qui vise à conserver les traditions. Reste à savoir pour valoriser quoi ? On touche ici aux limites du modèle idéal typique, car ce qui est valorisé peut tout à fait renvoyer indistinctement aux autres idéaux types. Cette justification par l’imaginaire peut se résumer à une justification critique des normes actuelles alors qu’elle l’est bien moins pour les enquêtés lorsqu’il s’agit de la mettre en acte par l’organisation d’une pièce de théâtre, par exemple.

    IV. Conclusion

    Ce modèle issu principalement d’entretiens permet de regarder sous un nouveau jour les données quantitatives précédemment présentées. D’abord, il faut souligner l’importance de la justification par l’impact, qui va induire une prédominance générale des approches comptables au sein des entretiens. Ensuite, pourquoi les ateliers de cuisine sont-ils au cœur des activités des centres sociaux ? Outre la dimension historique de centres sociaux qui cherchent à répondre au besoin de se nourrir [30], ces derniers mobilisent en particulier une justification de « bon sens » dans un projet associatif qui se veut au service des personnes les plus précaires. De même que les ateliers « faire soi-même » (Do It Yourself ou DIY), ces ateliers répondent à des problématiques du quotidien et à des savoirs expérientiels dont les premiers concernés cherchent des solutions dans leur quotidien. Les MJC sont les seules à avoir posé la question de l’imaginaire, bien que la justification par l'impact reste la plus discutées. En effet, ces structures sont aussi celles qui disposent, pour une partie d’entre elles du moins, de salles de spectacle amenant plus facilement cette question d’imaginaire. Pourtant, l’activité la plus souvent mise en avant par ces associations concerne des sensibilisations en intérieur. Ce point illustre la prégnance de la justification par l’impact : lorsqu’une association dispose d’une salle de spectacle et cherche à sensibiliser, par exemple, aux émissions de CO₂, la tenue d’une conférence apparaît comme une option plus évidente qu’une pièce de théâtre. Enfin, les maisons de l’enfance, qui évoquent plus souvent la question de la relation au vivant, vont plus mobiliser une éthique du care autant sur les questions environnementales que sur leurs pratiques du métier. Ici, il y a une vision de l’individu davantage à l’écoute de son environnement. L’approche comptable de la justification par l’impact parait de fait trop complexe pour les jeunes enfants de ces structures. Il est ainsi nécessaire de trouver des moyens détournés pour agir sur l’environnement des enfants plutôt que dans la transmission de connaissances. C’est dans cette logique de simplicité que les membres de ces associations vont également mobiliser une justification du « bon sens » avec une rhétorique de l’évidence ou une analogie à la famille. Ces points amènent à agir sur ce qui constitue l’environnement quotidien de leurs publics : des politiques d’achat et de gaspillage (sur des questions de bon sens relatives à l’éducation), des ateliers DIY (faire faire aux enfants des objets du quotidien), mais aussi des activités et des sensibilisations en extérieur (mettre en contact avec le vivant).

    Nous avons vu, d’une part, comment les statistiques pouvaient être complémentaires à une démarche compréhensive située, d’autre part, comment des statistiques produites sur une base discursive et non normative pouvaient également être un produit fécond dans cette même démarche. Cette recherche aurait pu se contenter d’une description qualitative des différentes pratiques observées au travers des rapports d’activités et des entretiens, cependant, le passage par le quantitatif a permis d’objectiver cette approche de terrain située. Une approche normative, en suivant les définitions les plus courantes de la transition écologique relatives à l’impact sur l’environnement, aurait évincé les pratiques qui ne rentrent pas dans ce cadre avec pour conséquence le risque : 1/ d’asseoir cette approche dominante de l’impact, 2/ de cacher ou déformer certaines pratiques pour les faire entrer dans le cadre de cette définition et 3/ d’alimenter par voie de conséquence les tensions entre acteurs en dévalorisant certaines pratiques.

    Cette approche donne aussi à voir une manière de rendre saisissables les données produites avec les acteurs du terrain - associations et municipalité. Par des données qui visibilisent différents rapports à la transition écologique, les enquêtés témoignent d’une facilité, soit à se positionner par rapport à leurs partenaires, soit à revoir leur approche dans une démarche réflexive. Plusieurs MJC s’interrogeront par exemple sur leurs manques de pratiques vis-à-vis de la justification par l’imaginaire. Cette réflexivité est notamment permise par le travail de recherche qui permet de visibiliser, au moins partiellement, les alternatives à une approche normative.

     

    AUTEUR

    Valentin Baumstark
    ATER à l’Université Lumière Lyon 2
    LIR3S, Université Bourgogne Europe & Centre Max Weber Université Lumière Lyon 2


    ANNEXES

    NOTES


    [1] Laurent Besse, Frédéric Chateigner, Florence Ihaddadene, « L’éducation populaire », Savoirs, 2016, vol. 42, n° 3. p. 11‑49.
    [2] Charles Debbasch, Jacques Bourdon, Les associations, 9e éd, Paris, PUF, 2009, p.  9‑34.
    [3] Philippe Scieur, Sociologie des organisations : introduction à l’analyse de l’action collective organisée, Paris, A. Colin, 2011.
    [4] Florence Weber, « L’ethnographie armée par les statistiques », Enquête. Archives de la revue Enquête, 1995, n° 1, p. 153‑165, disponible en ligne : http://journals.openedition.org/enquete/272
    [5] Laurent Besse, Frédéric Chateigner, Florence Ihaddadene, 2016, op. cit. ; Héloïse Nez, Catherine Neveu, Julie Garnier, « Saisir le politique des centres sociaux. Formes de participation et de pouvoir d’agir dans des espaces délaissés par les sciences sociales », Participations, 2023, vol. 35, n° 1. p. 19‑49.
    [6] Francis Lebon, Entre travail éducatif et citoyenneté : l’animation et l’éducation populaire, Nîmes, Champ social, 2020.
    [7] Laurent Besse, Frédéric Chateigner, Florence Ihaddadene, 2016, op. cit.
    [8] Héloïse Nez, Catherine Neveu, Julie Garnier, 2023, op. cit.
    [9] Terme utilisé comme tel par les agents de la ville et les associations concernées.
    [10] Émilie Biland, La fonction publique territoriale, Paris, La Découverte, 2019.
    [11] Vanessa Codaccioni, Nicolas Maisetti, Florent Pouponneau, « Les façades institutionnelles : ce que montrent les apparences des institutions », Sociétés contemporaines, 2012, vol. 88, n° 4, p. 5‑15. de Dijon, 2010.
    [12] Erving Goffman, Les rites d’interaction, Paris, les Éditions de Minuit, 1974.
    [13] Nicolas Bué, « La façade d’unité des gouvernements. Le cas d’une coalition de gouvernement municipal », Sociétés contemporaines, 2012, n° 88, n° 4, p. 17‑43.
    [14] Loïc Blondiaux, Yves Sintomer, « L’impératif délibératif », Rue Descartes, 2009, vol. 63, n° 1. p. 28‑38.
    [15] Francis Lebon, Entre travail éducatif et citoyenneté : l’animation et l’éducation populaire, op. cit., p. 64-65.
    [16] Jean-Pierre Olivier de Sardan, Anthropologie et développement : essai en socio-anthropologie du changement social, Chicoutimi, J.-M. Tremblay, 2010, p. 13.
    [17] Ibid., p. 227.
    [18] Yves Sintomer, « Du savoir d’usage au métier de citoyen ? », Raisons politiques, 2008, n° 31, n° 3, p. 115‑133 ; Héloïse Nez, « Nature et légitimités des savoirs citoyens dans l’urbanisme participatif », Sociologie, 2011, vol. 2, n° 4 ; Anne-Marie Fixot, « Vers une ville convivialiste. Introduction de la maîtrise d’usage », Revue du MAUSS, 2014, n° 43, n° 1, p. 154‑168.
    [19] Philippe Scieur, Sociologie des organisations, op. cit..
    [20] Luc Boltanski, Laurent Thévenot, De la justification : les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991 ; Luc Boltanski, Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, France, Gallimard, 1999.
    [21] Claudette Lafaye, Laurent Thévenot, « Une justification écologique ? Conflits dans l’aménagement de la nature », Revue française de sociologie, 1993, n° 34, n° 4, p. 495‑524 ; Bruno Latour, « Moderniser ou écologiser. À la recherche de la Septième Cité », Écologie & politique : sciences, culture, société, 1995, n° 13, p. 5-27.
    [22] Héloïse Rougemont, « Un monde à (re)trouver ? Essai en faveur d’une cité verte », Pensée plurielle, 2017, vol. 45, n° 2, p. 44.
    [23] Suivant un principe de minimisation, j’ai choisi de conserver l’anonymat dans la cadre de cet article.
    [24] Le terme sensibilisation est compris ici comme une activité qui vise l’acquisition de savoir par ces participants. Il est précisé « extérieurs » car la dimension pleine air de celles-ci est fondamentale à son déroulé (balade sensoriel, cours de permaculture, visite d’un jardin…) à l’inverse de sensibilisations « en intérieur » (ciné-débats, jeux pédagogiques…).
    [25] « Le care renvoie à une réalité ordinaire : le fait que des gens s'occupent d'autres gens, s'en soucient et veillent ainsi au fonctionnement ordinaire du monde. Les éthiques du care affirment ainsi l'importance des soins et de l'attention portés aux autres, en particulier à ceux dont la vie et le bien-être dépendent d'une attention particularisée, continue, quotidienne. […] L'assignation des femmes à la sphère domestique a renforcé le rejet de ces activités et de ces préoccupations hors du domaine moral et de la sphère publique, les réduisant au rang de sentiments privés. », Sandra Laugier, « CARE, philosophie », Encyclopædia Universalis, disponible en ligne : https://www.universalis.fr/encyclopedie/care-philosophie/
    [26] Carol Gilligan, Une voix différente : pour une éthique du « care », Paris, Flammarion, 2008.
    [27] Sandra Laugier, « Care, environnement et éthique globale », Cahiers du Genre, 2015, vol. 59, n° 2, p. 127‑152.
    [28] Gaëtan Mangin, Alex Roy, « L’écologie en milieux populaires : de la débrouillardise à l’action collective », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, 2023, vol. 23, n° 2, disponible en ligne : https://journals.openedition.org/vertigo/40973.
    [29] Jean-Baptiste Comby, Hadrien Malier, « Les classes populaires et l’enjeu écologique : Un rapport réaliste travaillé par des dynamiques statutaires diverses », Sociétés contemporaines, 2021, vol. 124, n° 4, p. 37‑66.
    [30] Jérémy Louis, « Où se situent les centres sociaux ? Une histoire entre action sociale et éducation populaire », Participations, 2023, vol. 35, n° 1, p. 51‑73.

    RÉFÉRENCES

    Pour citer cet article :

    Valentin Baumstark, « Suivre la transition écologique chez les associations d’éducation populaire et la Ville de Lyon. Comprendre les transitions plus que les inventorier. », dans Produire, traiter et diffuser les données : les enjeux pour les SHS, Hervé Marchal et Marie Mbome [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 28 novembre 2025, n° 22, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
    Auteurs : Valentin Baumstark
    Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
    ISSN : 1961-9944


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