30 janvier 2015 - Salle des séminaires de la MSH de Dijon - 14 h. - 17 h. (plan d'accès ici)


Séminaire « Patrimoine et anthropologie, quoi de neuf ? Actualité d’un domaine de recherche » :
Culte et patrimoine
Avec le soutien de la MSH


Organisateur
: Jean-Louis Tornatore (CGC)

 

En 1996, l’historien Jean Chesneaux pointait les limites de l’histoire historienne : à n’être tournée que sur le seul passé et à oublier que celui-ci « n’a de réalité que dans le mouvement du temps », elle risquait de se rendre aveugle au fait même d’habiter le temps. En ce sens, estimait-il, « le passé et l’histoire sont bien trop importants pour être laissés aux seuls historiens ». Cette critique participait chez Chesneaux d’une réflexion sur le droit au temps, sur le déni dont il était l’objet et sur la nécessité de sa reconquête : il invitait à travailler l’épaisseur du présent plutôt qu’à céder aux sirènes d’un « présentéisme » « qui tronçonne le temps en dissociant passé, présent et avenir », de telle manière à faire du temps un lieu fort de notre culture politique. [Lire la suite]

 

  • Sossie Andézian (CNRS, IIAC-LAHIC)
    Lecture anthropologique de l'inscription au patrimoine mondial d'un site religieux :
    l'Église de la Nativité à Bethléem (2012)


 

La basilique de la Nativité de Bethléem, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2012, offre un bel exemple de patrimonialisation d’un site religieux qui ne se limite pas à un simple processus de désacralisation-resacralisation. Servant toujours de lieu de culte et de lieu de pèlerinage, sa mise en tourisme n’est en rien consécutive à cette requalification, mais s’inscrit dans le temps long de l’histoire de ce monument qui présente également un intérêt artistique avec ses nombreuses fresques de l’époque médiévale. « Nous n’avons pas besoin de l’Unesco pour attirer les pèlerins et touristes » déclarait le supérieur de l’ordre franciscain chargé de la garde des lieux saints pour les catholiques. Folklorisées en partie depuis près d’un siècle, les cérémonies de Noël se poursuivent sur le même modèle. Si l’on peut placer la demande d’inscription de ce monument par l’Autorité palestinienne dans le cadre de sa lutte pour la réappropriation des territoires occupés par Israël, autrement dit en faire une lecture en termes de mobilisation de ressources religieuses à des fins politiques, une lecture anthropologique centrée sur le choix de ce monument chrétien comme symbole national dans une société à dominante musulmane ouvre des perspectives d’analyse d’ordre plus général sur le sens que prennent les objets du passé, en l’occurrence des objets religieux, dans l’économie de la représentation que des sociétés cherchent à donner d’elles-mêmes au présent.

Sossie Andézian, anthropologue, est membre de l’équipe LAHIC du IIAC (EHESS/CNRS). Après des travaux sur l’islam dans l’immigration maghrébine en France, puis sur le soufisme en Algérie, elle s’est orientée vers l’étude du lien entre religion et politique dans le christianisme à Jérusalem. Son travail de terrain l’a progressivement amenée à s’intéresser aux rapports entre religion et patrimoine. C’est ainsi qu’elle a entrepris un séminaire à l’EHESS intitulé « Dynamiques de patrimonialisation des sites et des rituels religieux » avec Christian Décobert (historien) et Anna Poujeau (anthropologue). Le dialogue entre anthropologie et histoire a toujours constitué une de ses préoccupations et dont l’efficacité s’est confirmée au fil de ses travaux.



  • Cyril Isnart (CNRS, IDEMEC)
    Culture et « culture » religieuses. Manuela Carneiro da Cunha chez les Catholiques


 

On sait, depuis Hertz, Halbwachs, Assmann ou Hervieu-Léger, que les groupes religieux ont su développer un lien particulier à la mémoire collective et à la conscience de soi : les dispositifs rituels mettent souvent en scène les récits du passé local, les figures de fondation et la conscience d’appartenance religieuse. Mais, dans les lieux de culte et les institutions catholiques, il n’est pas rare de visiter des expositions d’art religieux, de consulter des registres dans les archives ou de lire des cartels décrivant l’histoire et l’architecture d’un lieu. Le « patrimoine culturel de l’Église », institué en 1988 par une commission ad hoc du Vatican, semble aujourd’hui s’articuler aux pratiques mémorielles classiques. Il y aurait donc deux registres d’expression de la « culture catholique », l’un rituel et intime, l’autre patrimonial et public. Cette coexistence se présente d’emblée comme un cas d’école illustrant la double définition de la culture décrite par Manuela Carneiro da Cunha, comme modèle de comportement inconscient et comme discours sur soi mobilisable dans une stratégie. À partir d’enquêtes de terrain en Grèce et au Portugal, réalisées dans deux petites communautés catholiques, on interrogera cette distinction en se demandant ce qu’elle apporte aujourd'hui à la compréhension du fait religieux et du fait patrimonial.

Cyril Isnart est chargé de Recherches au CNRS (Institut d'ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative, UMR 7307 CNRS Aix Marseille Université). Il s’intéresse aux processus de patrimonialisation de la religion et de la musique en Europe du Sud. Il a cofondé le réseau Respatrimoni et dirige un programme sur les pratiques patrimoniales des groupes religieux en Méditerranée (Religious Memories and Heritage Practices in the Mediterranean. Confessional Coexistence and Heritage Assertion, FCT, Portugal).

 

Entrée libre, sans inscription

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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
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