12 décembre 2014 - Salle des séminaires de la MSH de Dijon - 14 h. - 17 h. (plan d'accès ici)
Séminaire « Patrimoine et anthropologie, quoi de neuf ? Actualité d’un domaine de recherche » : L’institution de la culture : le temps du patrimoine
Avec le soutien de la MSH
Organisateur : Jean-Louis Tornatore (CGC)
En 1996, l’historien Jean Chesneaux pointait les limites de l’histoire historienne : à n’être tournée que sur le seul passé et à oublier que celui-ci « n’a de réalité que dans le mouvement du temps », elle risquait de se rendre aveugle au fait même d’habiter le temps. En ce sens, estimait-il, « le passé et l’histoire sont bien trop importants pour être laissés aux seuls historiens ». Cette critique participait chez Chesneaux d’une réflexion sur le droit au temps, sur le déni dont il était l’objet et sur la nécessité de sa reconquête : il invitait à travailler l’épaisseur du présent plutôt qu’à céder aux sirènes d’un « présentéisme » « qui tronçonne le temps en dissociant passé, présent et avenir », de telle manière à faire du temps un lieu fort de notre culture politique. [Lire la suite]
- Anath Ariel de Vidas (CNRS, Mondes amérindiens - CERMA)
Voyage en patrimonologie amérindienne : « Le projet FABRIQ’AM »
Le projet Fabriq’am - La fabrique des « patrimoines » : Mémoires, savoirs et politique en Amérique indienne aujourd’hui concerne les processus de mise en patrimoine dans des sociétés amérindiennes. Ces processus induisent des formes d’inculcation de schèmes, formulées en dehors de ces sociétés, qui font que celles-ci transforment aujourd’hui certaines de leurs pratiques quotidiennes en éléments d’un patrimoine culturel objectivable, transmissible et conservable. Mais au sein de ces groupes, les conceptions de ce qui doit être conservé ou être oublié, les manières de transmettre les connaissances et les savoirs, les modes d’historicité semblent parfois aller à l’encontre de l’idée même de la patrimonialisation telle qu’on l’entend dans le monde occidental. Le projet se propose d’analyser les points de rencontres, d’interactions et/ou de divergences entre les différentes approches, internes et externes, du « patrimoine ». L’analyse de cette mise en patrimoine fait ressortir différentes conceptions du passé et de la culture ainsi que les motivations internes qui les mettent en exergue.
Anath Ariel de Vidas est anthropologue, directrice de recherche au CNRS et membre du CERMA-Mondes Américains (UMR 8168 EHESS-CNRS). Andiniste au départ, elle a travaillé sur le rapport entre la tradition textile andine, le tourisme international et les mouvements ethno-politiques. Mexicaniste par la suite, ses travaux ont porté notamment sur les représentations de la marginalité auprès des Indiens teenek, l'anthropologie comparative et les modes d’identifications ethniques de groupes amérindiens situés dans des processus de modernisation. Pour aborder ces thèmes, ses analyses situent toujours les processus historiques de la modernisation tout comme les contacts interethniques dans les visions du monde propres au monde autochtone.
- Sylvie Sagnes (CNRS, IIAC-LAHIC)
Au miroir de la médiation : le présent du patrimoine
Indissociable de toute expérience patrimoniale, la médiation est devenue si évidente qu'on ne la voit plus et c'est d'ailleurs à l'aune de cette invisibilité que l'on mesure son efficacité. Aussi est-on enclin à passer son chemin et à rester aveugle à ce qui ce joue là, à savoir la rencontre, le dialogue, ou la collision de différentes représentations du patrimoine, celles des spécialistes et celles des profanes. Se définissant fondamentalement comme acte de partage, la médiation, non content de donner à voir toutes ces représentations, les travaille aussi pour en produire de nouvelles. De fait, elle nous tend un miroir dans lequel le présent de notre patrimoine se reflette dans toutes ses nuances.
Sylvie Sagnes est ethnologue, chargée de recherches au CNRS, membre de l’IIAC, UMR 8177 – Équipe LAHIC (EHESS, CNRS, MCC). Elle a consacré ses premières recherches à la question de l’autochtonie et montré comment le lien au lieu, loin de se dissoudre dans la globalisation, est actuellement réinventé par chacun. Ses travaux ultérieurs prolongent ses investigations initiales sur différents terrains du patrimoine (archéologie, musée, romans de mémoire, etc.). Les médiations, qu'elle aborde comme un observatoire idéal des nos représentations du patrimoine, retiennent pour l'heure plus spécialement son attention. En contrepoint, elle explore les XIXe et XXe siècles pour dresser la généalogie d’une catégorie singulière de territoire, celle des petits pays. Elle s’intéresse par ailleurs à la construction des identités savantes, notamment sous l’angle des parentés intellectuelles et des mémoires disciplinaires. |