21-22 novembre 2024 - uB – MSH de Dijon
Colloque « Actualité des études de genre » : Les violences de genre comme problème public
Organisation : Lucile Girard, Maud Navarre, Georges Ubbiali (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB)
[Colloque organisé en partenariat avec l'IRTESS-Bourgogne-Franche-Comté]
APPEL À COMMUNICATIONS
Date limite de retour des propositions : 30 avril 2024.
Les propositions de communication s’inscrivant dans l’un ou plusieurs des trois axes d’une page maximum (2 500-3 000 signes, espaces comprises) accompagnées d’une courte présentation bio-bibliographique des auteur·trice.s doivent être envoyées aux adresses suivantes :
Lucile Girard, Maud Navarre, et Georges Ubbiali.
Depuis les années 1970, la politisation des questions relatives aux
violences faites aux femmes a progressé. On entend par violence de genre
toutes les violences commises par des hommes, en tant qu’hommes, envers les
femmes en tant que femmes. Cependant, ce concept permet également de penser
les violences commises par des hommes contre d’autres hommes qui
performeraient moins la virilité. Ces violences, notamment celles qui ont
lieu au sein du couple, ne sont plus aujourd’hui ramenées à des
problématiques individuelles ou privées. Elles ont été progressivement
comprises comme un problème systémique lié à la question du genre et des
dominations. La notion de « continuum des violences sexuelles » faites aux
femmes, forgée en 1987 par Liz Kelly [1]
vient illustrer le fait qu’il s’agit d’une violence systémique, résultant du
patriarcat et s’étend de la blague sexiste au féminicide. Cette dernière
notion, adoptée dans la langue française dans les années 2014-2015 mais dès
les années 1980 dans les pays anglo-saxons, désigne le meurtre d’une femme,
d’une jeune fille ou d’une enfant en raison de son sexe et permet de
montrer que les crimes sexistes existent depuis des millénaires dans les
différentes sociétés [2]. Ces
concepts développés par les chercheuses féministes ont permis de sortir la
question des violences sexuelles de la sphère privée, intime et
interpersonnelle et de transformer ce qui était alors considéré comme des
faits divers en des problèmes publics, dignes d’actions collectives pour
les combattre [3].
La question des violences de genre a été documentée en France à travers
l’enquête VIRAGE menée par l’INED en
2010 [4]. Les résultats de
cette enquête sont éloquents : les victimes sont majoritairement des
femmes, elles connaissent très souvent leur(s) agresseur(s) qui sont
majoritairement des hommes. L’enquête relève également le caractère répété
et intégré à la vie quotidienne de ces violences qui ne se déroulent pas
seulement dans le couple ou la sphère familiale, mais peuvent également
concerner la sphère professionnelle ou l’espace public. Ainsi, le hashtag
#Metoo [5], visait à dénoncer
les violences sexistes et sexuelles subies dans le cadre professionnel.
L’appellation « violences de genre », dans laquelle le pluriel est
important, permet également de penser la pluralité des formes prises par
ces violences : verbales, physiques, sexuelles, psychologiques, ou encore
économiques.
Les combats féministes et les multiples mobilisations de ces dernières
années, notamment pendant le confinement de mars à mai 2020 décrété dans le
contexte de propagation du
Covid-19 [6], et ceux qui ont
suivi, ont mis en lumière la nécessite d’actions publiques de prise en
charge de ces violences. Les pouvoirs publics se sont d’ailleurs saisis de
cette question selon différentes modalités.
L’objet de ce colloque est d’interroger les modalités de l’action publique
en matière de violences de genre, selon trois grands axes :
- Axe 1 : Histoire des violences de genre
Comment se sont manifestées les violences de genre à travers
l’histoire ? La question a été propulsée sur le devant de la scène publique
française notamment avec de célèbres procès comme celui « d’Aix en
Provence » à la fin des années 1970, lors duquel Gisèle Halimi a défendu
deux femmes victimes de viol pour que celui-ci soit reconnu comme un crime.
Mais plus largement, quelles formes prennent ces violences au cours des
différentes périodes ? Pourquoi ?
- Axe 2 : Les dispositifs de lutte contre les violences de genre
Comment ont évolué les dispositifs de lutte contre les violences sexistes
et sexuelles ? Sous l’actions de quel.le.s acteur.trice.s ? Bien souvent à
l’intersection entre plusieurs mondes – travail social, soin, justice,
associatif – comment les dispositifs sont-ils appropriés et mise en œuvre
par ces différent·es acteur·trice.s ? Selon quelles logiques ? Quelles sont
les intérêts et les limites des dispositifs législatifs adoptés ? Quelles
évolutions des réglementations et des droits ont été instaurées ? Quelles
sont leurs conséquences sur le parcours des victimes et des auteurs ?
Comment les victimes, et les associations qui les accompagnent, sont-elles
associées aux dispositifs de prise en charge ?
- Axe 3 : Perspective internationale
Des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles
existent en France depuis plusieurs dizaines d’années maintenant. Dans les
années 1970, c’est la question du viol qui a animé les féministes, avant de
se pencher sur d’autres formes de violence comme le harcèlement sexuel, au
travail ou dans la rue au tournant des années 2010, pour ne citer que ces
formes de violence.
Qu’en est-il dans les autres pays ? Quelles démarches sont mises en place
pour lutter contre les violences de genre ? Comment et avec quels
partenaires politiques, institutionnels et associatifs ? Pour quels
résultats ? Les contributions pourront apporter des comparaisons
internationales ou porter sur des pays qui ont adopté des dispositifs
innovants dans le domaine de la lutte contre les violences sexistes et
sexuelles.
Organisation et calendrier
Les propositions de communication s’inscrivant dans l’un ou plusieurs de
ces trois axes d’une page maximum (2 500-3 000 signes) accompagnées d’une
courte présentation bio-bibliographique des auteur·trice.s doivent être
envoyées avant le 30 avril 2024 aux adresses suivantes :
lucile.girard@u-bourgogne.fr
, mnavarre@laposte.net,
g.ubbiali@free.fr
Une réponse aux propositions sera donnée après le 15 mai 2024.
Le colloque ayant lieu les 21 et 22 novembre 2024, une
première version du texte (35 000 signes environ) doit parvenir pour le 12 novembre, afin d’être diffusée à tous les communicant.e.s.
Nous insistons sur le fait que le texte doit être inédit et non encore
publié (ou en cours de l’être). Un projet éditorial est prévu. Les
modalités pratiques (déplacement, hébergement, restauration) seront
indiquées aux personnes dont les textes auront été retenus.
[1] L. Kelly, « Le
Continuum de la violence sexuelle », Les Cahiers du genre,
n° 66, 2019, p. 17-36 (traduit de l’anglais par Marion Tillous).
[2] Voir notamment C.
Taraud [dir.], Féminicides, une histoire mondiale, La
Découverte, 2022.
[3] P. Delage,
Violences conjugales. Du combat féministe à la cause publique
, Paris, Sciences Po, 2017.
[4] Brown et al.,
Violences et rapports de genre : Enquête sur les violences de
genre en France
, Paris, INED, 2020.
[5] Avec le hashtag
« #Metoo », et son pendant français « #balancetonporc », mais
également plusieurs initiatives dans des milieux particuliers, comme
le blog « chaircollaboratrice » qui dénonce les violences sexistes
et sexuelles subies dans le milieu politique et plus
particulièrement à l’Assemblée Nationale.
[6] Voir par exemple,
la tribune parue dans Le Monde le 07 avril 2020 et
intitulée : « Violences conjugales : “Pour sauver des vies, un SMS
ne suffira pas” ».
[Télecharger l'appel à communications au format pdf]
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