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Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Le conservateur de musée

Bien que sa réflexion sur les musées, leur conception et leur fonction sociale soit ancienne, comme l’attestent quelques-uns de ses textes, ce n’est qu’en 1924, que Léon Rosenthal succède à Henri Focillon comme directeur des musées de Lyon, grâce à Edouard Herriot, normalien comme lui, maire de la ville et, à ce moment-là, président du Conseil. La première tâche du conservateur est, pour Rosenthal, « la mise en valeur des collections » dans le musée, qu’il conçoit comme un « oasis de recueillement, de repos et d’épanouissement ». La clarté des salles doit être privilégiée, à cette fin il choisit un mauve clair pour les murs, se détournant de la « superstition » du rouge étrusque, et il introduit l’électricité pour permettre l’éclairage artificiel. Dans cette nouvelle fonction, il peut évidemment se préoccuper de la diffusion du goût pour l’art : il organise ainsi des « promenades » dans le musée pour les élèves des écoles normales d’instituteurs et d’institutrices.
Quant aux acquisitions d’œuvres, elles sont faites par Léon Rosenthal dans des buts précis : l’ouverture de nouvelles salles, le renforcement d’un domaine des collections. Aussi, lors de la première réunion de la Commission consultative du musée à laquelle il participe, il annonce ses priorités pour les acquisitions futures, « l’art actuel », « les arts décoratifs » contemporains et les artistes lyonnais. De ses acquisitions d’art contemporain, préparées notamment par de nombreuses visites dans les ateliers d’artistes et les galeries, ressortent quelques beaux tableaux, comme Le Yacht anglais de Raoul Dufy, première œuvre fauve rejoignant les collections du musée, un Nu couché de Félix Vallotton et un autoportrait de Léonard Foujita – mais aucune œuvre cubiste. Entre également au musée un grand nombre de sculptures d’Antoine Bourdelle et d’Henri Bouchard, de François Pompon et de Max Blondat – artistes à succès de l’entre-deux-guerres, à l’œuvre desquels Rosenthal avait été sensible dans ses chroniques artistiques de L’Humanité. Ces dernières acquisitions sont faites en vue de la transformation de l’ancienne église Saint-Pierre en « musée de sculpture contemporaine », commencée en 1928 mais terminée après la mort de Rosenthal.
En revanche, il ouvre en 1926 une salle dédiée aux « arts décoratifs modernes » avec des œuvres achetées à l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, notamment des meubles de Léon Jallot, Louis Süe et André Mare, et d’autres directement auprès des artistes Art déco, Jacques-Emile Ruhlmann ou René Lalique. Enfin, Léon Rosenthal a fait la part belle aux artistes lyonnais, notamment le sculpteur Chinard, car pour lui leur présence dans le musée « donne la meilleure idée de la puissance de la ville ». Les deux seules expositions organisées par Rosenthal au musée concernent des artistes lyonnais, Puvis de Chavannes et Seignemartin.

François de Vergnette