Contre la réduction du printemps 1968 à un monôme étudiant, ce livre entend restituer l’épaisseur conflictuelle de ce qui fut un des événements majeurs de l’histoire du siècle dernier. Pendant huit semaines en effet, la société française connut un ébranlement considérable : dans les universités évidemment, mais également dans les usines et sur tous les lieux de travail, dans les campagnes enfin. Il fallait par conséquent décentrer l’analyse au-delà des rives de la Seine vers d’autres régions et envisager la multiplicité des acteurs de ces épisodes : les étudiants comme les ouvriers et tous les salariés, mais aussi les paysans, et bien évidemment l’État, qui n’est pas resté impavide ; les organisations politiques et syndicales, au-delà du seul mouvement ouvrier ; les répertoires d’action (les manifestations, les grèves) comme les stratégies pour réprimer et/ou désamorcer la conflictualité (élections et amnisties). Mais comprendre 68 suppose aussi d’opérer une double mise en perspective : en situant ce printemps dans une conflictualité séculaire d’une part, en regard des mouvements de contestation qui secouent le monde d’autre part. Si ce livre n’offre pas un récit du printemps, il permet en revanche de mesurer combien ces huit semaines ébranlèrent la France.
Sommaire
Introduction
Les territoires
Les usines
La conflictualité à Renault Cléon en mai-juin 68 – Fanny Callot
La CGT à Berliet Venissieux en mai 68 : la réactivation de la mémoire locale et les enjeux de la contestation autour des conflits de 1967-1968 – Dogkyu Shin
Les villes
Décalages et alignements des dynamiques contestataires : mai-juin 1968 à Lyon – Lilian Mathieu
1968 : une redéfinition de la géographie manifestante parisienne – Danielle Tartakowsky
Les campagnes
Des paysans soixante-huitards ? Le syndicalisme agricole (Hérault, Loire-Atlantique) et le mouvement de mai-juin 1968 – Jean-Philippe Martin
Plozévet 68 : la révolte au village ? – Vincent Porhel
Les acteurs
L’État
L’État en mai 68 – Mathias Bernard
L’amnistie des événements de mai – Stéphane Gacon
Des acteurs attendus
Trois semaines de grève, quatre décennies de mémoire – Christian Chevandier
« Pas de Nanterre à Dijon ». Construction et et contradictions du mouvement étudiant dijonnais de mai-juin 1968 : entre réforme, révolution et réaction – Philippe Péchoux
Les organisations
Les syndicats
La CGT et les grèves ouvrières en mai-juin 1968 : une opératrice parodoxale de stabilisation – Xavier Vigna
Responsables syndicalistes face à l’événement et ses suites, le cas de mai-juin 1968 – Stéphane Paquelin
Les forces politiques
Mai 68 vu des droites nationalistes (1968-2008) – Olivier Dard
Les cercles dirigeants du PCF en mai-juin 1968 – Jean Vigreux
La SFIO et mai-juin 1968 – Fabien Conord
Conclusion – Xavier Vigna et Jean Vigreux
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