Classer et inventorier.

Des gestes archivistiques rŽvŽlateurs dĠintentions historiographiques

 

 

 

Ç  Et on sait lĠimportance mŽthodologique quĠont prise ces espaces et ces distributions Ç naturelles È pour le classement, ˆ la fin du XVIIIe sicle des mots, des langues, des racines, des documents, des archives, bref pour la constitution de tout un milieu dĠhistoire [É] o le XIXe sicle retrouvera, aprs ce pur tableau des choses, la possibilitŽ renouvelŽe de parler sur les mots. Et dĠen parler non plus dans le style du commentaire, mais sur un mode quĠon estimera aussi positif, aussi objectif que celui de lĠhistoire naturelle. La conservation de plus en plus complte de lĠŽcrit, lĠinstauration dĠarchives, leur classement, la rŽorganisation des bibliothques, lĠŽtablissement de catalogues, de rŽpertoires, dĠinventaires reprŽsentent ˆ la fin de lĠ‰ge classique, plus quĠune sensibilitŽ nouvelle au temps, ˆ son passŽ, ˆ lĠŽpaisseur de lĠhistoire, une manire dĠintroduire dans le langage dŽjˆ dŽposŽ et dans les traces quĠil a laissŽes dans un ordre qui est du mme type que celui quĠon Žtablit entre les vivants. Et cĠest dans [un] temps classŽ, dans [un] devenir quadrillŽ et spatialisŽ que les historiens du XIXe sicle [ont] entrepris dĠŽcrire une histoire enfin ÒvraieÓ. [1]È

 

Classer et inventorier sont deux gestes hŽritiers des mŽthodes de classification des sciences naturelles et de la taxinomie, qui se sont affirmŽs au XIXe sicle, dans le prolongement dĠun vaste mouvement qui visait ˆ dŽnombrer et Žtiqueter lĠensemble de la crŽation et des connaissances. Aprs l're des accumulations et des collections, bref quand le nombre des unitŽs Žtait devenu tel quĠil exigeait un ordre, quĠon ne pouvait plus se contenter dĠun simple alignement ou empilement, il fallut donc penser le classement et lĠinventaire ; pas seulement des tres vivants, mais Žgalement des objets artificiels et idŽaux, des sciences et techniques, des livres, des Ïuvres dĠart et bien sžr des archives. Ainsi que le note Michel Foucault dans Les mots et les choses, le XIXe sicle a connu Ç un bouleversement du conna”tre, de son apprŽhension et de son exposition : des cadres ˆ lĠintŽrieurs desquels [lĠhistoire] fonctionnait [2] È. A ce titre, le mouvement documentaire, qui sĠouvre en 1830 et sĠŽtend jusquĠˆ la fin des annŽes 1870, illustre parfaitement cette agitation du conna”tre qui se marque par le rve dĠune publication exhaustive des traces du passŽ. Cette Ç fivre documentaire È semble avoir permis une prise de conscience technique, impliquant un rŽajustement des mŽthodes de travail, autant qu'une prise de conscience ŽpistŽmologique, impliquant une rŽŽvaluation des besoins documentaires. Classer et inventorier aux archives naissent alors dĠune double nŽcessitŽ : la premire de rationaliser, elles deviennent ainsi ˆ proprement parler un ordonnateur, acquŽrant une capacitŽ propre ˆ mettre en fonction les gestes, en sŽdimentant, en quelque sorte les desseins organisationnels et productifs ; et la seconde, dŽpassant cette premire nŽcessitŽ, dĠŽcrire les informations les concernant. Mais cette double prise de conscience ŽpistŽmologique et technique Žtait Žgalement la traduction de la nŽcessitŽ dĠun rŽajustement du programme de connaissance.

ModernitŽ du discours de classification des archives sous la monarchie de Juillet ?

Le projet initial de Franois Guizot en 1833, lors de la crŽation du ComitŽ des Travaux Historiques, Žtait de faire Ç une publication gŽnŽrale de tous les matŽriaux importants et encore inŽdits de [lĠ]histoire È. La publication des documents Žtait une approche novatrice, certes, mais elle induisait au prŽalable le classement complet des fonds, en ce qui concernait les archives. Bien que Franois Guizot, dans la circulaire aux PrŽfets du 22 novembre 1833, demand‰t instamment un Žtat rŽel de la situation des archives locales, il conclut un mois plus tard dans son Rapport au Roi, que les Ç manuscrits et les monuments originaux qui ont ŽtŽ jusquĠˆ prŽsent mis au jour ne surpassent gure en nombre ni en importance ceux restŽs inŽdits [3] È. Si Guizot et nombre dĠŽrudits autour de lui estimaient que la masse des inŽdits reprŽsentait environ lĠŽquivalent de celle des textes dŽjˆ publiŽs, ce nĠest pas tant par mŽconnaissance des fonds dĠarchives que par la surestimation des triages rŽvolutionnaires. Cette sous-Žvaluation, bien sžr participait ˆ gagner lĠacceptation du projet, car pour pouvoir atteindre son but il devait pouvoir accŽder aux sources, ˆ toutes les sources de lĠHistoire ; les sources narratives, comme les sources de premire main : les bibliothques communales et les dŽp™ts dĠarchives dŽpartementaux ou communaux, devaient donc tre explorŽs. Mais le ministre avait largement sous-estimŽ la masse documentaire inŽdite que pouvait receler les archives. DĠailleurs, lĠinventaire gŽnŽral des archives, dressŽ vers 1784 sous le ministre Bertin, qui existait en France avant la RŽvolution, devait suffire ˆ mener les premires investigations : Ç ces premiers renseignements suffiront aux premires recherches ; ˆ mesure que lĠon pŽnŽtrera dans les dŽp™ts publics pour explorer les richesses, on Žprouvera le besoin de les mettre en ordre ; de premires amŽliorations susciteront le zle qui aspire ˆ des amŽliorations nouvelles, et le zle crŽera des ressources. Les autoritŽs locales, les conseils gŽnŽraux et municipaux seront naturellement provoquŽs et conduits, on peut lĠespŽrer, ˆ rŽintŽgrer leurs archives dans des lieux convenables, et ˆ faire dresser le catalogue des pices quĠon y conserve. Il convient donc ds ˆ prŽsent de se mettre ˆ lĠÏuvre, sans prŽtendre commencer par un travail de classement gŽnŽral, qui offrirait dans lĠŽtat actuel des choses, plus dĠembarras que dĠavantages, et que nos recherches amneront dĠailleurs presque nŽcessairement [4] È. En 1835, la mission de Michelet [5] dans le sud de la France fit ressortir la richesse des fonds dĠarchives en ce qui concernait les manuscrits et autres richesses littŽraires et scientifiques restŽes inutilisŽes et inconnues des Žrudits. Guizot le souponnait dŽjˆ, Michelet lui apportait la confirmation. Le ministre pressa alors les PrŽfets de faire soigneusement examiner et cataloguer les archives dŽpartementales et demanda des exemplaires de tous les catalogues manuscrits qui, souligne-t-il, ne doivent pas seulement tre des inventaires, mais des analyses raisonnŽes. Seulement, les archivistes sont rares et bien souvent novicesÉ Les prescriptions ne sĠexŽcutent pas et ce rve dĠune publication achevŽe des sources du passŽ formulŽ par Guizot sĠaffronte ˆ la rŽalitŽ. Avant dĠŽditer, il faut Žtablir des inventaires. LĠurgence nĠŽtait plus seulement de sortir du chaos les Ç quelques È documents inŽdits, mais de classer les dŽp™ts. Ds le dŽbut de 1839, le gouvernement central souhaite mettre fin au chaos qui gangrne les dŽp™ts provinciaux ; mais lĠenjeu Žtait trop important pour quĠon laiss‰t la t‰che aux Žrudits. Pour surseoir ˆ cette confusion dans les archives dŽpartementales et communales, qui dŽpendaient du ministre de lĠIntŽrieur et non de celui de lĠInstruction publique comme le ComitŽ, Duch‰tel fit parvenir dans toutes les PrŽfectures une circulaire pour la garde et la conservation des archives [6] ds aožt 1839, promettant de Ç complŽter [ces mesures] par des instructions ultŽrieures [7] È. Durant les deux annŽes qui sŽparent 1839 et 1841, lĠAdministration prŽpara une nouvelle instruction, fondatrice en matire archivistique, qui plus que de simples instructions de classement, Žtablissait un cadre de classement uniforme et affirmait la notion de respect des fonds. Cette nouvelle rŽalitŽ provoqua, aux alentours de 1840, une perturbation des cadres mŽthodologiques et un sentiment dĠurgence technique et scientifique : lĠinventorisation devait impŽrativement prendre le pas sur lĠŽdition exhaustive des richesses palŽographiques de la France.

 

Avec le ComitŽ des Travaux Historiques et Scientifiques Guizot Ç nĠabsorba pas les archives, il les impulsa [8] È ; la rŽponse conceptuelle et mŽthodologique qui, ˆ partir des annŽes 1840 devait accompagner la patrimonialisation des documents provoquŽe par la politique ministŽrielle pour dŽvoiler les fonds dŽpartementaux dĠarchives devait Žmaner du ministre de lĠIntŽrieur, dont les archives locales dŽpendaient. En 1841, Natalis de Wailly [9], alors chef de la section administrative aux Archives nationales, contribua ˆ lĠordonnancement rationnel des archives. Il collabora avec LŽon Gadebled, chef du service des archives du ministre de lĠIntŽrieur, ˆ la rŽdaction de la circulaire du 24 avril 1841 pour la mise en ordre et le classement des archives dŽpartementales. SĠinscrivant dans lĠesprit dĠordre et de nomenclature qui traversait alors lĠre du temps, il dŽfinit le Ç fonds [10] È et trace un cadre de classement uniforme pour les archives locales en France. Pour Natalis de Wailly Ç il importe de bien comprendre que ce mode de classement consiste ˆ rŽunir tous les titres qui Žtaient la propriŽtŽ dĠun Žtablissement, dĠun mme corps ou dĠune mme famille et que les actes qui y ont seulement rapport ne doivent pas tre confondus avec le fonds de cet Žtablissement, de ce corps, de cette famille [11] È. Cette nouvelle approche ne doit pas tre sous-estimŽe : ce principe aida largement les archivistes ˆ surmonter la variŽtŽ des problmes empiriques qui se posaient avec lĠhŽtŽrogŽnŽitŽ des anciens systmes. La part dĠinnovation Žtait tout de mme restreinte puisque le concept Žtait dŽjˆ connu et utilisŽ [12]. Elle semble avoir toutefois une visŽe toute pragmatique : pouvoir insŽrer les recherches Žrudites contemporaines dans la droite ligne des recherches Žrudites anciennes, en un mot ne pas rompre la tradition. En effet, lĠÏuvre du Cabinet des chartes ayant ŽtŽ une Ïuvre essentielle de copie des originaux, elle nĠavait pas dŽmembrŽ les fonds. Pour Natalis de Wailly, la mŽthode de classement par fonds Žtait la plus favorable aux recherches, mais en Žtait finalement une consŽquence directe : le systme reprenait les coordonnŽes spatiales [13]. Ds lors, la continuitŽ entre les deux systmes pouvait opŽrer. LĠoriginalitŽ du concept rŽside dans lĠinformation consignŽe organique : ce qui compte, cĠest la provenance.

 

Car la modernitŽ du discours ne se trouve pas seulement lˆ o on lĠattend : elle nĠest pas tant dans la crŽation du concept Ç fonds È que dans le nouveau rapport cognitif quĠil Žlabore au passŽ, qui trouve ses racines dans la pensŽe de la fin du XVIIIe sicle. Ce nouveau principe si ‰prement dŽfendu par Natalis de Wailly devant la Commission des archives, contraste avec les prŽcŽdents critres : il Žtait considŽrŽ comme le reflet de Ç lĠordre naturel des choses È et reposait sur Ç son architecture constitutive È. Natalis de Wailly Žtablissait ainsi que les archives ne devaient tre classŽes ni en fonction dĠune conception idŽologique du classement, comme les systmes de classification scientifique de Cuvier, de LinŽ ou de BŽzelin, ni dans la prŽoccupation dĠune recherche particulire que lĠon pourrait y mener en crŽant des catŽgories artificielles comme celles de Camus et de Daunou aux Archives nationales, mais en fonction de leur Ç nature intrinsque È. Il revenait aux sources des mŽthodes dites de classement Ç naturelles È, inspirŽes de la taxinomie et sĠinscrivait dans un effort de codification intellectuel hŽritŽ de la tradition encyclopŽdique des Lumires. CĠest justement lĠhŽritage de cette transposition de la pensŽe naturaliste dans le domaine documentaire qui fonde en partie la modernitŽ du discours de classification des archives sous la monarchie de Juillet. Bruno Delmas lĠa dĠailleurs qualifiŽ de Ç rŽvolution copernicienne [14] È. Du point de vue ŽpistŽmologique, la dŽmarche des sciences naturelles constitue un Žquivalent de lĠexpŽrimentation et de lĠobservation par lĠintermŽdiaire dĠinstruments. CĠest cette mutation scientifique majeure, reprise par Montfaucon en 1719 dans la prŽface de lĠAntiquitŽ expliquŽe, qui fonde une nouvelle science de lĠesprit : la Ç connaissance mŽdiate [15] È. DorŽnavant, la thŽorie et les techniques de lĠexpŽrimentation sĠinterposant entre le savant et son objet ont intŽgrŽ les prŽoccupations documentaires. Tout un arsenal dĠoutils se dŽveloppa pour ordonner, donc conna”tre et conserver le monde intellectuel.

Ceci nŽcessite de nouvelles manires de faire, de nouveaux arts de faireÉ tant scientifiques que mŽthodologiques. De cette collation systŽmatique et rationnelle germa paralllement une rŽformation totale des pratiques et des gestes.

 

De lĠart de faire ˆ lĠaction discursive : mutation des gestes archivistiques

A cet Žgard, le XIXe sicle nĠinnove pas plus quĠil nĠinvente, il illustre simplement la prise de conscience dĠune nŽcessitŽ en ce domaine et Žrige un vŽritable code de la pratique au travers dĠinstructions et de circulaires. LĠinstruction pour la garde et la conservation des archives dŽpartementales du 8 aožt 1839 et surtout la circulaire du 24 avril 1841 pour la conservation et la mise en ordre des archives dŽpartementales donnrent aux archives locales les premires directives de classement. Ces deux actes administratifs, dus ˆ lĠinitiative du ministre de lĠIntŽrieur, le Comte Duch‰tel, prescrivaient dĠabord une mŽthode uniforme de classement, ainsi que la rŽdaction dĠinventaires dŽtaillŽs suivant un mme plan. Seulement bien que ces dernires se soient parfois imposŽes avec difficultŽs, elles nĠŽtaient pas un carcan rŽglementaire a priori, mais ŽlaborŽes ˆ partir de lĠexistant, des rŽponses pragmatiques ˆ des situations concrtes. Classer et inventorier avait donc un objet : uniformiser les pratiques locales. Ce faisant elles Žtablissent, un nouvel art de faire, avec des gestes et des pratiques particulires et normŽes. Dans la circulaire dĠavril 1841, lĠadministration avait dans un souci didactique dŽtaillŽ les gestes de classement de lĠarchiviste [16]. Ces gestes se dŽcomposent en quatre temps, selon une mŽthode prŽcise et codifiŽe : Ç Reconnaissance sommaire et numŽrotage provisoire È, Ç formation de bulletins analytiques È, Ç disposition prŽparatoire ˆ un classement systŽmatique È, Ç ordre et classement des fonds [17]. È Afin de pouvoir se retrouver dans tous ces documents et que sĠopre un dŽnombrement total du dŽp™t, car ˆ lĠorigine, il sĠagissait dĠŽtablir un tableau des fonds, lĠarchiviste devait dresser pour chacun dĠentre eux Ç un bulletin ou une carte È. Elle devait contenir trois indications : Ç 1Ħ [le] fonds auquel appartenait [lĠ]article, 2Ħ la matire, 3Ħ [et] la date. È pour Žtablir Ç un relevŽ complet sur fiches de tous les dossiers, afin que tout fžt dans un ordre Žgal [18] È. LĠinstruction Žtablit des techniques intellectuelles, cĠest-ˆ-dire quĠelle crŽe un ensemble indissociable de mŽthodes et dĠoutils permettant de traiter les documents [19], elles actent leurs points dĠapplications communs : le dŽnombrement et lĠŽnumŽration. En proposant cette approche, Natalis de Wailly venait de sortir les archives de lĠanarchie matŽrielle et intellectuelle dans laquelle elles Žtaient tombŽes.

 

Les choses en Žtaient donc lˆ quand, le 20 janvier 1854, le comte de Persigny, alors ministre de lĠIntŽrieur, prescrivit tout en laissant subsister les cadres de classement, un nouveau cadre dĠinventaire sommaire suivant un modle unique pour tous les dŽpartements. ComplŽtŽ par cette nouvelle instruction, lĠart de faire des premiers temps Žvolua. Les circulaires, ˆ partir de 1854, transforment les simples gestes de lĠarchiviste en vŽritables technologies [20] : ˆ lĠobjectif dĠŽnumŽration se substituent de vŽritables procŽdures de description des savoir-faire. Le vocabulaire sĠŽtoffe, les gestes se prŽcisent, les normes se fixent. LĠinstruction de 1854 Žtait claire Ç le but de lĠŽnumŽration des archives Žtait dĠen conna”tre le contenu È. Alors fallait-il encore les dŽcrire. Au dŽbut de lĠentreprise, ne disposant que dĠun personnel peu exercŽ, lĠAdministration nĠavait dž prŽsenter que Ç la base de rŽdaction des inventaires È, ces derniers devaient, suivant des spŽcimens trs concis, au fur et ˆ mesure que Ç les articles dĠun fonds Žtaient numŽrotŽs, comporter une notice sommaire sur les documents compris dans lĠarticle quĠils reprŽsentent [21] È. En bref, lĠarchiviste devait ajouter dans lĠordre numŽrique les articles dŽfinitivement classŽs : les inventaires Žtaient alors en quelque sorte un tableau du dŽp™t et devenaient dŽfinitifs. CĠest la table des matires qui devait permettre de dŽterminer successivement les fonds Ç qui ˆ raison de leur intŽrt administratif, historique ou artistique devaient tre lĠobjet dĠune sŽrie dĠinventaires spŽciaux dŽtaillŽs [22] È. La thŽorie sĠaffrontant ˆ la pratique, les tendances locales finirent par avoir raison des rigiditŽs de lĠarchive. En rŽaffirmant lĠimportance de la confection de lĠinventaire sommaire, les instructions ont modifiŽ non plus seulement les gestes de lĠarchiviste, mais lĠaventure intellectuelle que recouvraient les actes de classer et dĠinventorier. Ce faisant, elles font fi des anciennes conceptions pour embrasser de nouvelles problŽmatiques. On redŽfinit la forme de lĠinventaire : il sĠagissait toujours dĠun catalogue par fonds o pour chaque article on ajoutait quelques citations courtes. On appelait cela procŽder par Ç Žchantillonnage È.

 

Le changement opŽrŽ par les inventaires sommaires rŽside surtout dans la rŽdaction des articles, car lĠŽtablissement Ç des tables dŽpartementales des matires fondues, rŽsumŽes et publiŽes en un seul corps dĠouvrage qui constituerait le rŽpertoire gŽnŽral des archives de la France, rendant prompts et faciles les renseignements ainsi que les communications [23] È ne fut jamais mis en Ïuvre. Les bulletins ou cartes archivistiques, simples fiches apparues ds lĠinstruction dĠavril 1841, prennent, eux, une nouvelle dimension. Sans que son format ne soit rŽglementŽ, cet outil fut une vŽritable innovation permettant de rŽaliser le classement, les index, etc. On est bien loin de la simplicitŽ des circulaires. Ce nouvel outil renversa les codes de la pratique : classer et inventorier deviennent des actions discursives. CĠest lĠinstruction complŽmentaire pour la rŽdaction de lĠinventaire sommaire du 24 mai 1867 portant sur la rŽdaction de la notice qui entŽrine lĠinnovation. En effet, les premires pratiques demandaient aux archivistes de consacrer quinze ˆ vingt lignes ˆ la rŽdaction des articles ; en 1867, le ministre de lĠIntŽrieur, La Valette, propose de donner un peu souplesse aux pratiques et, en sĠalignant sur une tendance rŽpandue dans les archives locales, dĠautoriser ˆ proportionner lĠanalyse ˆ lĠimportance du sujet. Ce qui a changŽ, cĠest non seulement lĠespace dans lequel on donne ˆ voir et ˆ comprendre les textes, mais Žgalement la diversification de lĠutilitŽ documentaire. Dans la tradition diplomatique, lĠanalyse consiste ˆ dŽcrire le contenu et la forme du document pour en permettre la critique et lĠexploitation future. A prŽsent, lĠanalyse de lĠarticle ne concerne plus le document lui-mme, mais une unitŽ de description tant pour les besoins ultŽrieurs de la recherche que pour ceux immŽdiats de la gestion du fonds. Une telle activitŽ avec ce quĠelle fait intervenir de choix et de possibilitŽs relve dŽjˆ du retour critique sur le passŽ et dĠune premire interprŽtation. Chaque choix de citation engage inŽluctablement une certaine vision de lĠHistoire qui appartient dŽjˆ ˆ la pratique historienne. Ce que met en jeu le passage des techniques intellectuelles aux technologies, cĠest une autre apprŽhension des sources de lĠHistoire. Les inventaires sommaires nĠŽtaient donc plus de stricts instruments de recherches ; leur aspect Žtait anomique et non hiŽrarchique, mais ils avaient un contenu intellectuel. SĠŽtablit alors un rapport complexe entre la nŽcessitŽ dĠorganiser les fragments discontinus du rŽel dans lĠŽcriture et une certaine obsession taxinomique extrmement sensible.

Ces manires de faire sont autant de manires de dire que dĠŽcrire les archives. La monarchie de Juillet a souhaitŽ crŽer une aire policŽe dĠŽrudition, de nomenclature et de classement : lĠespace du conna”tre sĠest retrouvŽ quadrillŽ, ordonnancŽ, uniformisŽ.

 

Classer et inventorier : des gestes archivistiques rŽvŽlateurs dĠintentions historiographiques

Cette mutation des reprŽsentations archivistiques fut fondamentale. Et cĠest certainement ˆ partir du second Empire, sous lĠŽgide du Comte de Persigny, dont lĠaction fut essentielle pour la politique des archives, que ces intentions historiographiques devinrent le plus visibles. La confection et la publication des inventaires sommaires furent ˆ bien des Žgards aussi importantes quĠavait ŽtŽ le lancement des Documents inŽdits dans les annŽes 1830-1840. Lˆ o lĠentreprise des Documents inŽdits avait induit une remise en question mŽthodologique, les inventaires sommaires infrent de nouvelles orientations historiographiques.

Les archivistes tant nationaux que dŽpartementaux, archivistes-palŽographes ou simples Žrudits convertis ˆ la profession ont ŽtŽ les tŽmoins privilŽgiŽs, ˆ partir des annŽes 1840, de la nŽcessitŽ qui sĠimposait ˆ lĠhistoire de la mise en ordre matŽrielle et didactique. LĠŽlaboration des nouvelles problŽmatiques mises en Ïuvre par lĠhistoriographie libŽrale, nĠa semble t-il pu trouver sa pleine rŽalisation que gr‰ce aux Žvolutions mŽthodologiques auxquelles il a fallu sĠadonner. La crŽation institutionnelle des archives, les nouvelles exigences du dŽchiffrement et de lĠŽdition, et la mise en place dĠun nouveau mode dĠexposition des documents sont intrinsquement liŽes et rŽvŽlatrices dĠune seule et mme interrogation : quel sens doit recouvrir lĠhistoire ? Il sĠagissait alors de pouvoir allier deux nŽcessitŽs a priori difficilement conciliables : lĠorganisation gŽnŽrale et progressive des faits et lĠunion des catalogues et du rŽcit chronologique comme lĠavait suggŽrŽ Franois Guizot dans ses Cours dĠhistoire moderne.

Ds les premires pages de son Cours, Guizot exprime la nouvelle hŽgŽmonie du fait en Histoire : Ç Partout la mŽthode scientifique sĠŽtend et sĠaffermit ; partout on sent la nŽcessitŽ de prendre les faits pour base et pour rgle ; on est persuadŽ quĠils sont la matire de la science, quĠaucune idŽe gŽnŽrale ne peut avoir de valeur rŽelle si elle nĠest sortie du sein des faits, si elle ne sĠen nourrit constamment ˆ mesure quĠelle grandit. Les faits sont maintenant, dans lĠordre intellectuel, la puissance en crŽdit [24]. È De ces faits, les premires pages de l'Histoire de la civilisation en Europe en fournit un rŽpertoire soigneusement hiŽrarchisŽ, depuis Ç les faits matŽriels, visibles, comme les batailles, les guerres, des actes officiels des gouvernements jusquĠaux faits moraux cachŽs, qui nĠen sont pas moins rŽels [É les] faits individuels qui ont un nom propre ; [les] faits gŽnŽraux auxquels il est impossible dĠassigner une date prŽcise, quĠil est impossible de renfermer dans des limites rigoureuses, et qui nĠen sont pas moins des faits comme dĠautres, [et les] faits historiques, quĠon ne peut exclure de lĠhistoire sans la mutiler [25] È. Mais Guizot ne sĠarrtait pas lˆ, dans lĠHistoire de la civilisation en France, il prŽcisait la physionomie de lĠHistoire : Ç il sĠagissait de reprŽsenter sous forme [de tables] les faits spŽciaux de lĠŽpoque qui tiennent de prs aux faits gŽnŽraux et qui aboutissent immŽdiatement ˆ lĠhistoire de la civilisation. La dŽmarche ne produit point le passŽ vivant et animŽ, comme le rŽcit ; mais elle en relve la charpente et empche les idŽes gŽnŽrales de flotter dans le vague et au hasard [26] È. Toutefois, la science historique ne se limite pas chez Guizot ˆ un dispositif politique gŽnŽral. Ç DĠune certaine manire elle est ˆ la fois la grammaire et lĠinstrument dĠune technique de gouvernement [27]. È Guizot propose dĠailleurs de Ç chercher bien autre chose quĠun savoir È [28] Cette nouvelle conception de lĠhistoire semble avoir investi le champ dĠapplication des sciences historiques. Les ambitions de lĠhistoriographie libŽrale ont largement dŽpassŽ la monarchie de Juillet et survŽcu au passage de Franois Guizot au ministre de lĠInstruction publique.

Ainsi, dans sa circulaire de 1854 [29] sur les inventaires sommaires, le comte de Persigny montre, de faon intŽressante, que la valeur de ces diverses histoires nĠŽtait pas seulement intellectuelle ou politique, mais Žminemment pratique. Comme il le dit devant la Commission des archives en 1854, lors de sa sŽance de rŽorganisation, cĠest essentiellement ˆ cause du Ç dŽveloppement industriel [30] È que lĠopinion publique et le gouvernement se sont sentis concernŽs par la mise en ordre et lĠinventorisation des archives. Ç CĠest ˆ tort en effet que lĠon reprŽsente la sociŽtŽ franaise comme uniquement attachŽe aux intŽrts matŽriels. Il subsiste toujours en France un esprit chevaleresque qui pousse aux recherches historiques, ˆ lĠamour des choses du passŽ. En outre, la prŽoccupation mme des intŽrts matŽriels devait faire comprendre lĠimportance des Archives ; elles renferment en effet le dŽp™t officiel des enseignements du passŽ ; non seulement pour lĠŽtude de lĠhistoire gŽnŽrale et locale de la politique, etc. ; mais encore pour les intŽrts de la propriŽtŽ, de la famille ; elles nous ont conservŽ les travaux et essais tentŽs dans les sciences, les arts, le commerce, lĠindustrie, etc. On a senti le besoin de consulter ces enseignements du passŽ pour Žtablir le prŽsent et prŽparer lĠavenir [31]. È Et surtout en Žtablissant Ç le travail [dĠinventaire] dans de justes proportions [32] È et cĠŽtait un des nouveaux buts assignŽ ˆ la Commission des archives rŽorganisŽe, ces collections de lĠhistoire locale devaient offrir aux habitants de prŽcieuses leons sur les projets et les expŽrimentations tentŽes dans les sciences, les arts, lĠindustrie, le commerce, lĠagriculture, etc. Plus que les anciens projets dĠinventaire des Cartulaires et du Tableau numŽrique par fonds quĠavaient menŽs la premire Commission, les nouveaux inventaires sommaires devaient conduire la recherche historique locale.

 

Classer et inventorier dŽpassent le statut de techniques intellectuelles et de technologies : ce qui sĠest glissŽ de novateur dans le produit de ces gestes, cĠest une nouvelle faon de nouer les choses, le renouvellement de la question du lien classer/inventorier, du lien entre la collection des objets et les informations Žcrites les concernant. Spatialisant et dŽcrivant lĠhistoire, ces gestes fondamentaux agissent comme un vŽritable rŽvŽlateur des intentions historiographiques qui sĠŽtaient ŽlaborŽes dans les annŽes 1820-1830 au moment mme o lĠAdministration sĠŽtait intŽressŽe ˆ la classification. Sous le second Empire, le comte de Persigny, alors ministre de lĠIntŽrieur, rŽaffirme ces ambitions. Dans son discours du Forez, il justifie lĠutilitŽ du point de vue matŽriel, ainsi que lĠimportance historique et scientifique des inventaires sommaires : Ç A c™tŽ de lĠhistoire des faits et des grands ŽvŽnements, batailles, guerres, traitŽs, mariages, etc. il reste ˆ Žtudier une autre face du passŽ que lĠon avait jusquĠˆ ce jour laissŽ presque entirement dans lĠombre, et cĠest prŽcisŽment la plus intŽressante pour le penseur. Je veux parler de lĠhistoire de la condition des personnes au point de vue moral, au point de vue intellectuel et point de vue matŽriel. Les institutions, les lois, les rglements de police et dĠadministration tout cela est en quelque sorte le programme de lĠhistoire. SĠil importe de ne pas ignorer ce programme, il importe plus encore de savoir comment et dans quelle mesure on lĠa exŽcutŽ [33]. È Ç Voulez-vous possŽder cette solution aussi curieuse que difficile È poursuivait-il Ç en dĠautres termes voulez-vous savoir si lĠŽpoque actuelle est en progrs sur le Moyen-Age ? Vous nĠavez quĠun moyen dĠy parvenir. Il faut dĠabord que vous rendiez un portrait trs fidle des mÏurs, de lĠinstruction, du bien-tre des diverses classes de la population au Moyen-Age. È[34] La rŽfŽrence ˆ Guizot est Žvidente. Et ˆ ce titre, classer et inventorier apparaissaient comme la possibilitŽ de rŽsoudre LA question de lĠhistoire : les progrs de la civilisation. Ç JĠavais donc raison de dire que la question la plus grave de lĠhistoire, celle qui doit dominer toutes les autres, la question du Progrs ne pouvait tre rŽsolue dĠune manire solide et irrŽfutable par une Žtude approfondie des pices dĠarchives. È De faon tout ˆ fait intŽressante, le comte Persigny, montre combien la variŽtŽ des faits historiques peut participer aux progrs de la nation. Il est Žvident que la recherche aux archives devait dans un premier temps servir seulement les ambitions nationales de lĠhistoriographie : on trouverait dans les archives locales des documents pour servir ˆ lĠavancŽe de lĠhistoire nationale. ƒrudits et savants avaient toutes les cartes en main pour rŽpondre aux souhaits du ministre et des grands historiens, et ˆ lĠesprit statisticien du temps.

 

Au moment o les ambitions gŽnŽralistes de Franois Guizot avaient enfin ŽtŽ traduites, on assiste ˆ la dissociation progressive des orientations historiographiques de lĠŽrudition provinciale de celle de lĠhistoriographie nationale. Un dŽplacement dĠintŽrt se marque : de lĠambition gŽnŽraliste assignŽe aux inventaires sommaires et aux archivistes de prendre part aux progrs des sciences on est passŽ ˆ des prŽoccupations rŽgionalistes. Car lˆ o lĠhistoire avait attendu des professionnels des archives un rŽajustement du programme de connaissance par la normalisation des instruments de recherche, la simplification des mŽthodes dĠaccs ˆ lĠinformation contenue dans les documents permettait une appropriation de lĠhistoire locale pour elle-mme. Persigny le prŽcisait, lĠhistoire de la gravure ne pouvait se passer dĠune Žtude exhaustive des archives de Jacques Callot ˆ Nancy, celle de la Ligue des archives conservŽes en C™te-dĠOr, etc. La perspective nĠest dŽfinitivement plus celle des Moreau et des BrŽquigny au XVIIIe sicle. DĠailleurs dans le mme rapport ˆ lĠEmpereur, le comte de Persigny rappelle, Ç que lĠŽtude de nos provinces [É] p[eut] seule donner lĠintelligence complte et la juste apprŽciation de lĠensemble des faits [35] È. A ce titre, ce que lĠinspecteur gŽnŽral Stadler appelait procŽder par Ç Žchantillonnage È, cĠest-ˆ-dire lĠintroduction de la citation du document, a jouŽ un r™le fondamental dans lĠapprŽhension des faits historiques. LĠarticle appara”t comme le mode de classement du prŽ-Žcrit et de la gense du texte. Le mode de classement interne choisi par lĠadministration est au final parfaitement linŽaire et chronologique : les citations doivent reflŽter lĠintŽrt et la diversitŽ des documents. LĠarticle constitue alors une chronique analytique du dŽroulement des faits qui se substitue par avance au discours historique susceptible dĠtre construit ˆ partir des archives. Le discours du fonds se substituant aux documents, lĠinventaire devient le premier rŽcit dĠune histoire objective, livrant au lecteur lĠinattendu, la vie, les mÏurs de lĠhomme dans une sociŽtŽ et ˆ une Žpoque donnŽe. LĠarchiviste de la ville de Dijon, Philippe VallŽe, le rŽaffirme dans lĠintroduction de son inventaire sommaire : Ç ces documents Žclairent dĠun jour inattendu le fonctionnement journalier des institutions communales, la condition matŽrielle et morale de toutes les classes de la sociŽtŽ, lĠŽtat des arts, du commerce, de lĠagriculture, en un mot de tous ces c™tŽs si intŽressant de lĠhistoire locale que dŽdaignait jadis lĠŽrudition, mais que partout actuellement on sĠattache ˆ mettre en lumire [36] È.

 

Pour conclure, il est ˆ noter lĠimportance des gestes de classement et dĠinventorisation dans le dŽveloppement de lĠactivitŽ de connaissance : le changement de paradigme a engendrŽ le franchissement dĠun nouveau seuil ŽpistŽmologique dans lĠhistoriographie. En devenant des gestes ˆ la fois cognitif et de connaissance, classer et inventorier ont pu matŽrialiser dans lĠinventaire sommaire les ambitions historiographiques de la pŽriode Romantique, mais ont surtout donnŽ corps aux conditions intellectuelles qui ont permis lĠaffirmation de lĠhistoire locale. En effet, ce long XIXe sicle a cristallisŽ un mouvement qui le dŽpasse et qui sĠaffirme, en parti dans le non-dit des pratiques : lĠaffirmation dĠune histoire qui fut capable dĠintŽgrer lĠapport technique et mŽthodologique pour mieux comprendre le passŽ et le rŽinterroger.

 

Julie Lauvernier

 



[1] Foucault Michel, Les mots et les choses. Une archŽologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966, rŽed. 2007. p. 143.

[2] Foucault Michel, Les mots et les choses. Une archŽologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966, rŽed. 2007. p. 143.

[3] Guizot Franois-Pierre-Guillaume, Rapport au roi du 31 dŽcembre 1833, in Collection de documents inŽdits sur lĠhistoire de France publiŽe par ordre du Roi et par les soins du ministre de lĠInstruction publique. Rapports et pices, Paris, Imprimerie royale, 1835, p. 5-6.

[4] Guizot Franois-Pierre-Guillaume, Rapport au Roi du 27 novembre 1834, in Collection de documents inŽdits sur lĠhistoire de France publiŽe par ordre du Roi et par les soins du ministre de lĠInstruction publique. Rapports et pices, Paris, Imprimerie royale, 1835, p. 14.

[5] Michelet Jules, Rapport au ministre de lĠInstruction publique sur les bibliothques et les archives des dŽpartements du sud ouest de la France (aožt-septembre 1835), Paris, Ducessois, 1836, 28 pages.

[6] Instruction du 8 aožt 1839, pour la garde et la conservation des archives dŽpartementales, Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, Paris, Paul Dupont, 1841, p. 157-160.

[7] Instruction du 8 aožt 1839, pour la garde et la conservation des archives dŽpartementales, Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, Paris, Paul Dupont, 1841, p. 160.

[8] Charmes Xavier, Le ComitŽ des travaux historiques et scientifiques. Histoire et documents., 3 volumes, Paris, Imprimerie nationale, 1886.

[9] Wailly, Jean-No‘l (dit Natalys de) (1805-1886) : juriste (ancien avocat), il entre aux Archives royales en 1830. En 1841, il est chef de la section administrative. En 1852 il succde ˆ Michelet comme chef de la section historique. Puis en 1854, il devient conservateur du dŽpartement des manuscrits ˆ la Bibliothque nationale.

[10] Natalys de Wailly dŽfinit le fonds dĠarchives, en les termes suivant : Ç Rassembler les documents par fonds, cĠest-ˆ-dire rŽunir les titres qui proviennent dĠun corps, dĠun Žtablissement, dĠune famille, dĠun individu [É].  È, in Instruction du 24 avril 1841, pour la mise en ordre et le classement des archives dŽpartementales et communales, Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, Paris, Paul Dupont, 1841.

[11] Instruction du 24 avril 1841, pour la mise en ordre et le classement des archives dŽpartementales et communales, Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, Paris, Paul Dupont, 1841, p. 91.

[12] Delsalle Paul, Une histoire de lĠarchivistique, Presses Universitaires du QuŽbec, 1998. et Lodolini (Elio), Respect des fonds et principe de provenance : histoire, thŽories, pratiques, LGA, nĦ 168, 1995, p. 201-212. [en ligne : www.piaf-archives.org]

[13] CHAN : AB XXVI 1*, sŽance du 8 juin 1841. A cet Žgard il donne un exemple : Ç Si par exemple on vient chercher une pice citŽe par les auteurs de la Gallia Christiana, on sait quĠelle appartient au fonds de telle abbaye, que les archives de cette abbaye doivent se trouver dans tel dŽpartement, ce qui suffit pour ouvrir la voie des recherches. Dans tout autre classement que celui par fonds on court un grand risque de ne savoir o demander cette pice, surtout si elle nĠest connue que par une simple mention. È

[14] Nous nous rŽfŽrons aux propos de Br. Delmas, voir Hottin Christian, Ç LĠarchivistique est-elle une science ?, RŽactions aux journŽes dĠŽtudes organisŽes par lĠEcole des Chartes et lĠAssociation des archivistes franais ˆ la Sorbonne les 30 et 31 janvier 2003 È, Labyrinthe, nĦ 16, automne 2003, p. 99-107.

[15] Voir Pomian Krzysztof, Sur lĠhistoire. Folio Histoire, Paris, 1999.

[16] Il fallait lors de la publication de la premire circulaire Žclairer tant les Žlves chartistes que les Žrudits nouvellement promus archivistes

[17] Instruction du 24 avril 1841, pour la mise en ordre et le classement des archives dŽpartementales et communales, Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, Paris, Paul Dupont, 1841, p. 91.

[18] Desjardins Gustave, Le service des Archives dŽpartementales. ConfŽrences faites aux Žlves de lĠEcole des Chartes les 10, 18, 25 et 30 juin 1890, SupplŽment aux Archives historiques, artistiques et littŽraires, nĦ 9, Paris, juillet 1890.

[19] Fayet-Scribe Sylvie, Histoire de la documentation en France. Culture, science et technologie de lĠinformation. 1895-1937, Paris, CNRS Ždition, 2000, Avertissement, p. 7.

[20] Ç Introduit dans la langue savante vers 1800, le mot technologie se rŽfre aux machines, aux matŽriaux, aux outils, aux modes de fabrication utilisŽs par les ingŽnieurs. [É] Une telle spŽcialisation ne correspond pas ˆ son histoire dans la langue grecque qui l'a crŽŽe : le vocable  est composŽ d'un premier ŽlŽment nominal, , dont l'Žtymologie est obscure, et dont le sens gŽnŽral est art ou artifice ; le second membre, , dŽrivŽ b‰ti sur le thme de , dŽsigne la description attentive d'un phŽnomne ; il s'agit de dresser l'inventaire des procŽdures qui caractŽrisent les savoirs et savoir-faire qui Žchappent aux dŽductions spŽculatives (), mais reposent sur des connaissances expŽrimentales. È, in Charpin Franois, Etymologie et histoire du mot technologie, Solaris, nĦ 4, 1997.

[21] Instruction du 24 avril 1841, pour la mise en ordre et le classement des archives dŽpartementales et communales, Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, Paris, Paul Dupont, 1841, Ç rŽdaction des inventaires È.

[22] J. A.L., Les Archives dŽpartementales, in Revue archŽologique, t. 10, 1853, p. 750.

[23] J. A.L., Les Archives dŽpartementales, in Revue archŽologique, t. 10, 1853, p. 750.

[24] Guizot Franois, Cours dĠhistoire moderne. Histoire de la civilisation en France, tome I, introduction, p. 27-31.

[25] Guizot Franois, Cours dĠhistoire moderne. Histoire de la Civilisation europŽenne, Introduction, p. 6.

[26] Guizot Franois, Cours dĠhistoire moderne. Histoire de la civilisation en France, tome II, XXe leon, p. 120.

[27] Escudier Alexandre, Le rŽcit historique comme problme thŽorique en France et en Allemagne au XIXe sicle, thse de doctorat nouveau rŽgime, universitŽ de Lille III [microfiches].

[28] Guizot Franois, Cours dĠhistoire moderne. Histoire de la civilisation en France, tome I, introduction, p. 27-31.

[29] J. A.L., Les Archives dŽpartementales, in Revue archŽologique, t. 10, 1853, p. 747.

[30] CHAN : AB XXVI*3, Registres de la commission des archives, puis de la commission supŽrieure des Archives dŽpartementales, communales et hospitalires, sŽance du 18 janvier 1854.

[31] CHAN : AB XXVI*3, Registres de la commission des archives, puis de la commission supŽrieure des Archives dŽpartementales, communales et hospitalires, sŽance du 18 janvier 1854.

[32] CHAN : AB XXVI*3, Registres de la commission des archives, puis de la commission supŽrieure des Archives dŽpartementales, communales et hospitalires, sŽance du 18 janvier 1854.

[33] Luce SimŽon, Ç De lĠutilitŽ matŽrielle et pratique, de lĠimportance historique et scientifique, de la portŽe morale et sociale des travaux dĠarchives ˆ propos dĠun discours de son Excellence M. le compte de Persigny È, B.E.C., t. xxiv, 1863, p. 237-251.

[34] Luce SimŽon, Ç De lĠutilitŽ matŽrielle et pratique, de lĠimportance historique et scientifique, de la portŽe morale et sociale des travaux dĠarchives ˆ propos dĠun discours de son Excellence M. le compte de Persigny È, B.E.C., t. xxiv, 1863, p. 237-251.

[35] Persigny Franois de, Ç Rapport ˆ lĠEmpereur. Archives dŽpartementales È, in Bulletin officiel du ministre de lĠIntŽrieur, 1862, Paris, Paul Dupont, p. 251

[36] Vallee Philippe, Introduction, Inventaire sommaire des archives communales de la ville de Dijon antŽrieures ˆ 1790, tome IV, 1900.