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Quelles archives soviétiques
?
Réflexion sur la constitution des archives du pouvoir stalinien
Au début des années 1990, les
« archives soviétiques » ont pour un temps semblé constituer un certain
eldorado de l’historien. On y a cherché les pierres philosophales qui auraient
pu servir à comprendre non seulement tous les mystères de l’histoire de ce
vaste pays désormais disparu, mais également les secrets du mouvement
communiste international ou les modalités de l’influence soviétique dans le
monde (les sources de « l’argent de Moscou » par exemple !).
Pendant longtemps, on a ainsi pensé que « tout » était dans ces
archives oubliant ou négligeant des années de réflexion sur ce qu’est l’archive
dans la pratique de l’historien. Cet engouement pour les archives était, il est
vrai, largement la conséquence de la pénurie quasi totale qui avait été,
pendant des années, le lot des historiens de l’Union soviétique —
occidentaux assurément, mais dans une large mesure soviétiques également. La
question des archives soviétiques s’est ainsi dans un premier temps posée en
terme d’accès. L’histoire de l’Union soviétique s’était en effet écrite pendant
de longues années quasiment sans archives. En Occident où l’on cherchait après
la Seconde Guerre mondiale à mieux connaître le nouvel ennemi de la guerre
froide, la presse officielle, les témoignages d’émigrés (et en particulier le
célèbre Harvard Project on the Soviet
Social System
[1]
)
constituèrent l’essentiel des sources mobilisées. Les archives du comité du
parti de la région de Smolensk
[2]
sont les seules « archives » à proprement parler à disposition des
chercheurs à l’ouest du rideau de fer. Confisquées par l’ERR
[3]
nazie pendant l’occupation de la ville soviétique, puis récupérées par les
Américains, et déposées aux Archives nationales à Washington, elles constituent
une source intéressante, mais limitée à l’échelon régional
[4]
. En Union
soviétique, l’accès a toujours été des plus limités ; il n’est partiellement
facilité que pendant la courte période du dégel khrouchtchévien
[5]
,
brutalement close en 1965 par la nomination de Sergej Pavlovitch Trapeznikov au
département des sciences et de l’éducation du comité central du PCUS. Cette
absence quasi totale de sources d’archives a favorisé une lecture et une
écriture de l’histoire que l’on pourrait facilement qualifier de policière. À
la manière des meilleurs auteurs de romans policiers, les historiens essayaient
d’imaginer, d’expliquer ce qu’ils n’avaient aucun moyen de vérifier. C’est
ainsi que sont apparues un certain nombre de questions qui ne cessaient
d’agiter le monde des études soviétiques au moment où les archives commencent à
s’ouvrir. C’est en particulier le cas du mystère autour du commanditaire du
meurtre de Kirov le 1er décembre 1934 ou de la réalité du
suicide de Grigori Ordjonikidze en 1937… On cherchait également à distinguer
des courants dans la direction du parti et de l’État soviétique en relevant des
indices bien minces dans les sources disponibles
[6]
.
En absence d’archives facilement
accessibles, c’est par la littérature que l’Union soviétique de la perestroïka va retrouver son histoire.
Entre 1986 et 1988, ce sont les revues littéraires, les écrivains et romanciers
qui vont investir la période stalinienne
[7]
. C’est le cas
notamment de la fresque historique d’Anatoli Rybakov, Les enfants de l’Arbat
[8]
. Cette offensive littéraire est doublée de la publication en russe de
témoignages essentiels déjà accessibles à l’étranger (ceux de Varlam Chalamov ou d’Evguenia Guinzbourg par exemple)
et d’une intense activité journalistique. Ogoniok ou les Nouvelles de Moscou multiplient les
articles de vulgarisation historique, où ils reviennent sur les destins brisés
des hommes du stalinisme ou sur leurs bourreaux. Tous ces textes importants ne
font pourtant que flirter avec les archives qui s'entrouvrent sur des bases
aléatoires. Ce n’est qu’après cette phase de passion historique que l’accès aux
archives soviétiques devient possible.
De multiples actes normatifs succèdent au
coup d‘état avorté de 1991, d’abord la nationalisation des archives du parti et
la création, en octobre 1991, de centres d’archives sur cette base (le RCHIDNI
[9]
à Moscou et des variantes régionales). En juin 1992, l’accès aux archives
devient possible aux citoyens russes, mais aussi étrangers pour tout fonds
d’archives trente ans après sa création tant que « l’information ne
constitue pas un secret d’État ou autre, tel que défini par la loi ».
Lorsque la vie privée des citoyens est concernée, un délai de 75 ans est défini
[10]
.
L’ensemble est confirmé par une loi en juillet 1993. Cette ouverture subite
relance l’intérêt de la communauté scientifique et journalistique. On va pour
reprendre l’expression de Patricia Grimsted, y voir
des « fournisseurs de sensations
[11]
». Il
est temps alors d’obtenir les réponses aux questions que l’on s’était posées
pendant des décennies. Arrivera-t-on à prouver que Staline a donné l’ordre de
tuer Kirov ? On se précipite également pour établir le nombre des victimes
du stalinisme. Mais on cherche aussi des documents compromettants, on fait feu
de tout bois : journalistes
[12]
,
mais aussi historiens
[13]
utilisent ces nouveaux documents sans toujours faire preuve de la rigueur
nécessaire. Dans l’enthousiasme au parfum de scandale des premières années de
l’ouverture, la question des archives soviétiques est alors posée en termes de
face à face de l’historien et du fonctionnaire : le second étant soupçonné
de refuser par tous les moyens d’étancher la soif de documents du premier
[14]
.
La multiplication des règles d’accès, plus ou moins respectées dans les faits,
fut évidemment l’objet de réflexion de la communauté des historiens. La
question de la déclassification a ainsi longtemps été
au cœur des réflexions.
On le voit : le travail dans ces
archives nouvellement accessibles a plus visé à « dénicher » le document
sensationnel, à y accéder plutôt qu’à comprendre le fonctionnement d’un système
complexe, y compris dans la production et la gestion des archives. Très vite
cependant cette approche se révèlera être une impasse. Les
« documents » mirifiques n’existaient pas ou peu, les scandales
firent long feu. Les archives cessent d’être pensées sur le terme de la
sensation pour retrouver une certaine normalité. Le temps vint alors de
s’interroger sur la constitution des archives, de poser la question de ce que
l’on pouvait y trouver. Quels sont les documents que renferment les
archives ? Qu’a-t-on donc conservé ? Où trouver les documents que
l’on cherche ? La réponse s’articule autour de deux logiques, de deux
temps au cœur de l’acte archivistique : celui de la formation et celui de
la conservation. L’une comme l’autre, ces deux logiques posent la question de
la valeur de l’archive au centre de notre réflexion.
La formation
Une imparfaite centralisation
L’histoire des archives soviétiques est
d’abord celle de leur polycentrisme
[15]
.
Aujourd’hui, la principale structure de gestion des archives russes reste
l’agence fédérale des archives (Rosarkhiv
[16]
).
Elle doit gérer le « fonds d’archives de la Fédération de Russie ». Rosarkhiv gère ainsi directement seize centres d’archives
fédérales, dont les principaux sont le GARF (Archives nationales de la Fédération
de Russie) et le RGASPI (Archives nationales russes d’histoire sociale et
politique, les archives de l’ancien parti communiste). Chaque
« sujet » (régions, territoires et républiques) de la Fédération de
Russie dispose en outre de centres d’archives propres. En dehors de ce système
centralisé subsistent plusieurs
[17]
archives « administratives » (vedomstennye) de structures qui ont le droit de conserver
leurs propres archives. Depuis le 4 avril 1980, les services de sécurité (alors
le KGB, désormais le FSB) ont ainsi obtenu la possibilité de conserver de façon
permanente leurs documents. Tous les documents conservés aux archives
nationales qui se rapportaient de près ou de loin à l’action du KGB et de ses
prédécesseurs ont alors été extraits. Ces archives d’exception concernent
notamment le ministère des Affaires étrangères
[18]
(le MID), le
ministère de la Défense, celui de l’intérieur (depuis 1966). Le fonctionnement
particulier de ces centres d’archives en rend l’accès extrêmement complexe et
aléatoire, notamment en raison de l’absence d’inventaires à la disposition des
chercheurs.
Ce morcellement des archives est le fruit
d’une histoire complexe du profilage des archives qui rend parfois complexe le
repérage des documents, et ce, au sein même du fonds géré par l’agence fédérale.
Les premières années du régime soviétique
sont pourtant marquées par une politique des archives volontariste et la
création d’un fonds unifié des archives d’État (EGAF). Pour la période
postérieure à 1917, les Archives de la révolution d’Octobre regroupent tous les
documents produits par le jeune État soviétique selon une règle qui veut que
les dossiers clos ne puissent être conservés plus de 5 ans au sein des
administrations productrices
[19]
.
En 1928, elles rassemblent 3000 fonds
[20]
. Progressivement,
ces archives vont devenir celles des organes suprêmes du pouvoir d’État et de
gestion de la période soviétique : des fonds sont écartés
[21]
,
d’autres se rajoutent : les documents des syndicats, les fonds de
l’administration soviétique d’occupation de l’Allemagne et la commission des
réparations. L’inflation des fonds conservés atteint son apogée en 1957 au
moment de la réforme khrouchtchévienne de l’appareil d’État. Les archives des
24 ministères et administrations centrales alors supprimées sont versées aux
archives qui deviennent « Archives centrales d’état de la révolution
d’Octobre et de la construction socialiste. »
Cette archive centrale tentaculaire sera
légèrement simplifiée : en 1957, on établit une archive plus
spécifiquement dédiée à la RSFSR
[22]
,
seuls les fonds fédéraux sont donc conservés. Elle est enfin scindée en deux en
1961 : les « Archives centrales d’état de l’économie » en sont
extraites et rassemblent les documents concernant la gestion de
l’économie. C’est ce morcellement
progressif qui explique qu’aujourd’hui les archives des organes de l’État
soviétique se trouvent au RGAE
[23]
pour l’économie, au GARF pour l’échelon central soviétique et dans une annexe
du GARF pour les administrations de la RSFSR.
Ces archives d’État complexes et
éclatées s’ajoute, calqué sur la dualité du système soviétique, un réseau
d’archives du parti. Les documents du parti ne sont en effet pas destinés à
être diffusés en dehors de lui. Ce qui est valable pour le fonctionnement
quotidien l’est également pour l’archivage de ses documents. Un système
parallèle s’organise dès 1924, quelques mois après la mort de Lénine, avec une
vaste entreprise de rassemblement de tous les documents léninistes. En décembre
1925, Centrarkhiv prend la décision d’extraire des archives centrales et régionales tout ce qui
concerne l’action du RKP(b). Ces documents seront transmis en décembre 1929 à
l’institut Lénine, au sein duquel on crée la TsPA (les archives centrales du parti). Ce système d’archives propre au parti et
donc indépendant des archives d’État est nationalisé en octobre 1991 par décret
du président de la RSFSR, Boris Eltsine, à la suite du putsch manqué d’août
1991. Ces archives sont complétées en mars 1999 par les archives du comité
central du komsomol, l’organisation de jeunesse du parti communiste. Les
archives qui en 1991 n’avaient pas été transmises à la TsPA sont enfin regroupées dans un autre centre d’archives. La situation reste donc
extrêmement complexe.
Ce tableau relativement complexe de la
répartition des documents produits par l’Etat-parti soviétique est un premier obstacle de taille au travail du chercheur. Il n’est
ni simple de déterminer exactement l’endroit où peut se trouver un document ni
évident d’y avoir un accès aisé
[24]
.
La quête des documents se complexifie du fait du fonctionnement même des
archives et la part que le secret y tient.
Le
secret
Les archives du pouvoir stalinien sont profondément marquées par la pratique du secret. Elles le sont à deux titres : d’abord dans la constitution de l’archive, ensuite dans la pratique du fonctionnement des centres d’archives jusque dans la période la plus contemporaine. Pour comprendre cette situation, il importe de revenir sur le rapport du stalinisme au secret. Le secret est au cœur de la pratique soviétique et en particulier stalinienne. Le contrôle de l’information à la fois vis-à-vis de l’extérieur, mais également au sein même du pouvoir soviétique est fondamental
[25]
.
Le mot russe utilisé pour désigner ces
documents particuliers est konspirativnye, donc « ce qui relève de la
conspiration » : on peut y voir une réminiscence de la période de
clandestinité des dirigeants bolcheviks. Cette qualification est appliquée à
des documents en fonction de leur nature, de leur thématique, mais également à
l’organe qui les produit. Le bureau politique du parti (Politburo) est par
exemple le lieu du secret le plus impénétrable : certaines discussions
restent orales, la diffusion des documents est extrêmement contrôlée. Il existe
ainsi en URSS une véritable hiérarchie du secret, aussi bien pour la diffusion
et la distribution des documents.
L’OGPU établit au milieu des années vingt
des listes thématiques de documents soumis à des règles de secret, graduées en
fonction de leur importance. Il distingue ainsi trois degrés : soverchenno sekretno (absolument secret), sekretno (secret) et ne podlezit oglacheniou (à ne pas diffuser)
[26]
.
Certains documents, considérés comme exceptionnels, sortent même de cette
classification. Ils sont rassemblés pour le Politburo dans des « dossiers spéciaux » (osobye papki). Cette culture du secret se
diffuse amplement dans la société où les formules sont connues. La
qualification de « secret » devient un moyen de distinguer un
document. Fonctionnaires, comme simples Soviétiques ornent leurs lettres ou
leurs rapports de ces qualificatifs sans que ce soit absolument nécessaire
[27]
.
Une fois classés « secrets »,
ces documents cessaient d’être des rapports ou des textes comme les autres et
devaient être manipulés avec un soin particulier. Les règles extrêmement
strictes qui leur sont appliquées sont définies dans plusieurs directives du Politburo
[28]
. Cette pratique du document secret
influe logiquement sur la constitution et la pratique des archives, d’autant
plus que de 1938 à 1960, la gestion des archives relève du NKVD, commissariat
du peuple à l’intérieur, mais également police politique. Le contrôle de
l’accès aux documents se fait alors plus encore politique
[29]
.
Ce secret des archives prend différentes
formes. Certains dépôts sont ainsi totalement secrets : c’est le cas par
exemple de l’endroit où sont conservés tous documents confisqués par les
Soviétiques en Allemagne à la fin de la guerre. Ces « trophées » de
guerre rassemblaient pour l’essentiel des documents saisis par l’ERR en Europe
occidentale. Cette « Archive spéciale », créée en 1946, est restée
totalement secrète avant 1990 et son ouverture aux chercheurs date de 1992. À
Leningrad, en 1928, une « archive secrète » est créée qui rassemble « des
documents de la période prérévolutionnaire comme de la période
soviétique ». Tous les documents griffés secrets produits par l’appareil
soviétique y sont rassemblés « par les collaborateurs des archives en
accord avec l’OGPU
[30]
»
.
Le secret concerne également les centres
d’archives pourtant publics, et ce, à deux niveaux : des fonds entiers
pouvaient ainsi être secrets (on parle alors de fonds spéciaux, specfondy), en
outre certains fonds étaient dotés de deux « parties », l’une
« officielle », l’autre secrète. Tous ces fonds et parties de fonds
étaient strictement cloisonnés, les parties publiques et secrètes n’étaient pas
gérées par les mêmes archivistes. Secrets, ces fonds ou ces parties de fonds
n’apparaissent dans aucun inventaire public. Ils n’existent tout simplement
pas. En évoquant la révolution des archives dans un article de 1999, Andrea Graziosi note avec justesse que la découverte de ce
continent ignoré que furent les « parties secrètes » des fonds fut
une des composantes essentielles de cette période
[31]
. Lorsqu’il
demande la partie secrète du fonds Ordjonikidze, l’archiviste auquel il
s’adresse ne peut cacher son étonnement face à cet étranger qui en savait plus
qu’elle qui pourtant travaillait dans cette archive depuis plus de vingt
ans ! Le secret n’est donc pas un vain mot.
L’archive est donc pendant un temps
secrète. Le basculement de 1991 induit cependant un vaste processus de « déclassification » qui fait officiellement sortir du
« secret » des continents de documents. Pour autant, le passé du
secret est prégnant jusqu’à aujourd’hui dans le travail des chercheurs.
Il subsiste tout d’abord aujourd’hui
encore des documents inaccessibles au chercheur. Il s’agit de documents encore
classés secrets et non déclassifiés. Les procédures sont claires, même si elles
ont évolué plusieurs fois depuis 1991
[32]
: la
décision de déclassification doit être prise soit par
l’administration héritière juridique de celle qui a produit les documents (le
ministère de la Défense par exemple), soit par une « commission de
protection du secret d’État » quand il n’y a pas d’héritier juridique
(c’est le cas pour le parti communiste par exemple). Si les décisions de déclassification ont été massives dans les premières années
qui suivirent la chute du régime soviétique, elles sont ralenties depuis
quelque temps. C’est en particulier l’interprétation de la notion de
« secret d’État », justifiant une interdiction d’accès de 50 ans
maximum, qui pose de véritables problèmes et de nombreux documents qui
devraient être accessibles, ne le sont pourtant pas, provoquant la colère et
l’impuissance de nombreux historiens
[33]
.
Il reste aussi des dépôts d’archives
inaccessibles ou presque : ceux du FSB le sont extrêmement difficilement. Mais
ce sont les archives du président de la Fédération de Russie qui restent
probablement l’un des véritables trous noirs des archives russes. C’est
pourtant elles qui fournirent les sensations les plus fortes des archives
soviétiques, comme les documents sur Katyn, par exemple
[34]
. Il s’agit
d’un fonds particulier qui dépend de l’administration du président de la
Fédération de Russie. Il est fondé par un oukaze du
président Boris Eltsine en décembre 1991 qui, en fait, assurait la transition
avec les documents top-secrets qu’il avait reçus de
M. Gorbatchev au moment de la disparition de l’URSS
[35]
. Gorbachev, en juin 1990, avait en effet lui-même ordonné de
rassembler tous les documents importants et sensibles du PCUS dans une
« archive du président de l’URSS ». On y trouve pour l’essentiel des
documents les plus secrets du Politburo et les fonds privés des secrétaires
généraux du parti, et en particulier celui de Staline, et des principales
personnalités du régime. L’accès à ces fonds est purement discrétionnaire comme
le dénonce un article des Izvestia de
1994 signé par Ella Maksimova : les « vendeurs
de sensations de l’archive du président ». Ils comprennent également des
documents concernant la présidence de B. Eltsine et de M. Gorbatchev. Une
partie des documents sont plus ou moins régulièrement transmis aux archives
publiques (GARF ou RGASPI) sans
que l’on sache les vraies limites de ce nouveau tonneau des danaïdes.
Mais les traces du secret vont bien
au-delà de ces massifs de sources encore inaccessibles dont il est bien
difficile d’estimer l’ampleur. Les vestiges du secret se lisent dans bon nombre
de pratiques, même lorsqu’il a été officiellement levé. Les inventaires des
parties secrètes des fonds sont ainsi, lorsqu’ils ont été déclassifiés,
accessibles au chercheur. Ils peuvent donc être communiqués sur simple demande.
Il reste que leur existence n’est généralement pas mentionnée dans les usuels
disponibles en salle de lecture. Il faut donc savoir, connaître l’existence de ces fonds pour pouvoir y
travailler. Cette connaissance peut être intuitive : une rupture dans la
numérotation des fonds et des inventaires qui peut signifier l’existence du
secret, les conseils d’un archiviste, les renseignements d’un collègue... Ils restent encore un continent non
accessible facilement au non-initié
La composition
L’importance du secret dans le
fonctionnement de l’État stalinien et dans sa gestion des archives souligne la
valeur qu’il accorde au document, et donc à l’archive. Cette question de la
valeur se retrouve ainsi logiquement au centre de la question de la constitution
des archives elles-mêmes. Pour comprendre ce que l’on va trouver dans les
archives, il faut donc d’abord réfléchir à la question de ce que l’on va
conserver. Tous les documents ne sont pas égaux devant l’archive.
La conservation
Une attention différente aux documents est
ainsi portée en fonction du producteur de l’archive : les archives des
hautes personnalités sont incomparablement mieux conservées que celles des
simples administrations quotidiennes. Celles du vice-président du conseil des
commissaires du peuple, Andreï Vichinski, sont pour
la période de 1939-1943 reliées dans des dossiers rouges à couverture rigide,
les dossiers sont scellés au plomb et dotés d’un inventaire page par page
[36].
On est là bien loin de l’ordinaire de l’archive, souvent reliée par une simple
chemise cartonnée. Certains dossiers de bureaux des plaintes ont eux été reliés
à la va-vite, preuve du peu d’importance accordée aux lettres envoyées par la
population
[37]
.
Des règlements très précis définissent par
ailleurs la durée de conservation obligatoire des documents en fonction de leur
importance et de leur représentativité (le dernier document en date qui fait
encore autorité remonte à 1988, il a été modifié plusieurs fois et re-validé en
octobre 2000
[38]
).
À l’issue de cette période, les documents subissent une expertise et en
fonction de leur importance sont ou non versés aux archives pour conservation
permanente. Ces durées de conservation, qui n’ont rien de soviétique et dont
les normes sont évidemment prescrites par la nécessité de gérer le volume des
documents conservés, introduisent néanmoins des biais dans les recherches
possibles. Les documents normatifs, ceux du centre administratif et politique
bénéficient des durées de conservation les plus longues. Les documents les plus
simples de l’échange entre l’État et les citoyens ne sont en revanche pas
conservés prioritairement. Les plaintes de la population, selon le dernier état
de 1988, ne sont ainsi conservées sans limitation de durée que dans le cas où
elles contiennent des informations « sur des manquements graves ou des
dysfonctionnements importants
[39]
. »
Les autres lettres ne sont conservées que 5 ans. Ce n’est donc qu’une infime
partie du massif documentaire qui reste disponible de nos jours.
Ces archives reflètent en une certaine
mesure l’État stalinien, un état moderne par bien des aspects, mais patriarcal
par d’autres
[40]
.
Le rôle des personnalités y est ainsi essentiel et mis en scène, parfois à
l’excès, dans les archives. Les fonds personnels des hommes d’État sont donc
des sources extrêmement importantes et constituent l’un des principaux apports
des dernières années. Versés aux archives du parti (RGASPI) depuis les archives
présidentielles, ceux de Staline, Ordjonikidze
[41]
ou
Vorochilov
[42]
par exemple contiennent une multitude de documents extrêmement précieux. Le
fonds d’aujourd’hui est le fruit de la fusion de plusieurs fonds préexistants. Kaganovitch, bien étudié par Yves Cohen
[43]
, est typique
de cette hétérogénéité : une partie officielle (formée avant 1991), une
partie privée (transmise par le dirigeant soviétique) et une partie sensible
(rapatriée des Archives présidentielles). Ce qu’a touché le chef (c’est
particulièrement vrai de Lénine, mais cela concerne bien d’autres responsables)
est le plus souvent jugé digne d’être conservé : on trouve ainsi les
brouillons de lettres, des bouts de papier griffonnés. Ces sources sont parfois
anecdotiques, parfois moins : les dessins des chefs soviétiques furent
ainsi conservés et retrouvés pour la plupart dans le fonds de Vorochilov grand
amateur de l’exercice. Ils contribuent à affiner notre regard sur cette élite
dirigeante
[44]
.
Cette importance accordée aux grands hommes connaît ses limites : les
lettres des dirigeants sont ainsi conservées, mais pas les sténogrammes de
certaines séances du Politburo jugées trop secrètes. Il semble en outre que ces
fonds aient été triés, probablement expurgés soit à la mort de la personnalité,
soit par celle-ci même avant de transmettre ses archives personnelles (c’est le
cas de Kaganovitch, par exemple).
Les destructions
L’abondance de l’archive pose donc en
creux la question de ce qui n’y est pas, celle des trous blancs. Certaines
absences, comme la disparition de ces correspondances entre chefs, s’expliquent
simplement par des raisons techniques (ici, l’instauration de communications
téléphoniques chiffrées entre Moscou et la Crimée qui rendent l’usage de la
lettre inutile
[45]
).
Il n’empêche : la question de la destruction se pose de façon prégnante.
Elle fait régulièrement partie d’un certain discours commun sur les archives
soviétiques : si l’on ne trouve pas un document, ce n’est pas qu’il
n’existe pas, c’est qu’il aurait été détruit. Le plus souvent, pense-t-on,
volontairement.
Il est pourtant impossible par définition
de savoir quels documents ont été détruits. Certains inventaires portent la
trace de ces dossiers détruits, le plus souvent lorsqu’il s’agit de documents à
durée de conservation limitée. Certains dossiers des victimes des répressions
des années trente auraient ainsi pu être concernés
[46]
. On constate
par exemple que les dossiers de personnes qui ont été réhabilitées pendant le
dégel khrouchtchévien portent des tampons limitant leur conservation à vingt
ans après leur retour dans les archives à l’issue de l’examen du dossier par
les instances de réhabilitation
[47]
.
Il semble toutefois que la règle n’ait généralement pas été appliquée puisque,
à la date prévue (1982), alors qu’Andropov était pour une courte période
secrétaire général du PCUS, ces dossiers qui constituent une source essentielle
pour comprendre les répressions n’ont pas été détruits.
Patricia Grimsted dans sa magistrale étude sur les archives russes a réfléchi en outre à d’autres
moments de destruction probable, en particulier avant la nationalisation des
archives du parti communiste par Boris Eltsine au lendemain du putsch manqué de
1991. Il semble ainsi que toute une série de documents, en particulier ceux des
dossiers personnels
[48]
ont été éliminés.
Le moment central des destructions
d’archives reste néanmoins celui de la Grande Guerre patriotique de 1941-45. La
soudaineté de l’avancée allemande a en effet mis l’ensemble des archives soviétiques
sous une grande pression. La réaction ne se fait pas attendre et dès le 22 juin
1941, la direction principale des archives, une administration du NKVD
rappelons-le, prend la décision de transférer les documents les plus importants
en lieu sûr. Le 5 juillet, le conseil des commissaires du peuple décide de
détruire les archives impossibles à exfiltrer des zones de combat. On connaît
ce travail au niveau régional
[49]
:
dans la région de Tver rapidement concernée par les combats, les documents
secrets des archives sont évacués dès le 11 juillet en même temps que les
archives du NKVD de la région. Entre juillet et septembre, une commission est
mise en place pour « la sélection en vue d’évacuation des matériaux
documentaires les plus importants et, dans le même temps, le repérage pour
destruction des matériaux d’archive, ayant perdu leur importance opérationnelle
et n’ayant pas d’intérêt historique. » À Rzhev,
il semble que la moitié des documents aient pu être évacués (vers Tchkalov) avant l’arrivée des forces nazies. À Tver la
situation est comparable (vers Oufa). Une partie des documents non détruits
sont laissés derrière les Soviétiques en zone d’occupation. Les chiffres des
destructions sont ainsi mieux connus : Patricia Grimsted évoque le cas des archives du Gosplan (7 fois plus d’archives détruites que
d’archives évacuées) ou du Goulag (près de 100 000 dossiers évacués contre
plus d’un million de détruits
[50]
).
Ce soin porté aux archives par les
Soviétiques correspond au pillage des ressources par l’ERR nazie, à qui l’on
doit par exemple les archives de Smolensk.
Cette évacuation-destruction s’est faite dans un contrôle relatif de la situation dans le système d’archives
largement contrôlé par la structure efficace du NKVD. Cela ne semble pas avoir
été le cas dans les archives administratives, donc celles qui sont encore
conservées dans les ministères. Il semble que dans bien des cas, des
destructions impulsives ont définitivement endommagé les fonds de certains
commissariats du peuple (finances, mais surtout éducation et industrie
alimentaire). Les destructions de la guerre sont ainsi dues pour partie aux
destructions et confiscations de l’ennemi, mais aussi pour partie aux
destructions préventives, tout particulièrement dans les premiers mois, voire
les premières semaines de la guerre.
Les archives soviétiques, devenues
accessibles, ont sans aucun doute permis une écriture plus fiable, moins
hypothétique, moins fantasmatique de l’histoire de l’Union soviétique et du
stalinisme en particulier. Après une première période faite d’une improbable
chasse au trésor dans un continent inconnu, les chercheurs ont laissé les
journalistes, compagnons de route d’un temps et ont compris l’importance de
cartographier ce territoire. Comprendre les logiques de la constitution des
archives permettait de poser les bonnes questions : non pas tellement quel
document allait-on y trouver, mais quel document pouvait-on y trouver ?
Comprendre également la logique de formation des archives pour ne pas
rechercher là où il n’y a aucune chance de trouver. Cette réflexion est
essentielle pour le chercheur, pour orienter son travail. La deuxième dimension
tient évidemment à la pratique de l’historien. Quelle histoire du stalinisme
peut-on écrire ? La structure très compartimentée des archives du
stalinisme a pendant longtemps, pour des raisons d’accès impossible, rendu
chimérique une histoire exhaustive du pouvoir stalinien. C’est évidemment moins
le cas aujourd’hui, non seulement parce que l’accès est possible, mais parce
que l’on sait où chercher et comment chercher, parce que l’on sait que les
modes de production documentaire de la bureaucratie soviétique permettent in fine toujours de dénicher un document
dans un fonds accessible. C’est pourquoi l’histoire politique, l’histoire du
pouvoir stalinien, l’histoire du fonctionnement de l’État ont fait
d’incomparables progrès
[51]
.
C’est bien entendu le fruit d’une pratique archivistique qui portait un intérêt
particulier aux grands hommes, aux lieux du pouvoir. L’histoire sociale du
stalinisme, l’histoire du peuple soviétique, elle a moins progressé. Les
sources sont plus complexes à manier, plus rares. L’homme soviétique, le simple
Soviétique est souvent absent des archives, sa voix peine à se faire entendre.
C’est sûrement un enjeu majeur pour les historiens de l’URSS : inventer
des sources pour faire l’histoire de ce peuple. Et un enjeu pour les
archivistes du futur : conserver les traces de ce qui n’a pas
nécessairement de valeur… Staline, dans une phrase pleine de cynisme, affirma
un jour de 1935 aux diplômés de l’Académie militaire : « il faut
comprendre que de tous les capitaux existant au monde, celui qui est le plus
précieux et le plus décisif, c’est l’homme […] ». C’est bien cet homme
qu’il est le plus difficile de dénicher dans les archives soviétiques..
François-Xavier Nérard
Université de Bourgogne
Centre Georges Chevrier
[1]
De 1950 à 1953, plusieurs centaines de
réfugiés soviétiques furent interrogés par une équipe de sociologues américains
dirigés par Alex Inkeles. Ces entretiens plus ou
moins approfondis constituèrent un moment important de la connaissance du
système soviétique. Plusieurs ouvrages ont été inspirés par ce projet. Voir en
particulier Alex Inkeles et Raymond Bauer, The Soviet Citizen; Daily Life in a Totalitarian Society. Russian Research Center studies,
vol. 35, Cambridge, Harvard University Press, 1959. Les archives de ce projet sont désormais
disponibles en ligne : http://hcl.harvard.edu/collections/hpsss.
[2]
La ville de Smolensk est située à un peu
moins de 400 km à l'ouest de Moscou. Elle est occupée par les Allemands du
16 juillet 1941 au 25 septembre 1943.
[3]
Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, l’équipe d’intervention du Reichsleiter Rosenberg,
fut responsable du pillage des richesses documentaires et artistiques de
l’Europe. À ce sujet, voir Patricia Grimsted, « Roads to Ratibor: library and archival plunder by the Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg », Holocaust and Genocide Studies,
19(3), 2005, p. 390-458.
[4]
Elles sont en particulier mobilisées dans
l’ouvrage fondamental de Merle Fainsod, Smolensk Under Soviet Rule,
Cambridge, Mass, Harvard University Press, 1958 (traduction française : Smolensk À L’Heure De Staline, Paris,
Fayard, 1967).
[5]
Voir par exemple Robert E. Johnson.
« “The Greatest Russian Tragedy of the 20th Century” : An Interview with Viktor Danilov (1925–2004). » Kritika:
Explorations in Russian and Eurasian History 9.2 (2008), p. 348-349. Danilov explique
bien qu’il n’était pas question d’accès aux archives secrètes, mais « de
la possibilité de mener des recherches systématiques dans les archives
“non-secrètes” ».
[6]
Voir par exemple J. Getty, Arch, Origins of the Great
Purges : The Soviet Communist Party Reconsidered, 1933-1938, Soviet and East European Studies, Cambridge ; New
York, Cambridge University Press,
1985.
[7]
On relira avec profit l’article
contemporain des événements de Nicolas Werth,
« La transparence et la mémoire. Les Soviétiques à la recherche de leur
passé. », Vingtième Siècle. Revue
d’histoire, 21 (1989), p. 5-27.
[8]
Le roman est publié dans la revue
soviétique Droujba narodov en
1987 et traduit en français aux éditions Albin Michel en 1988.
[9]
Acronyme russe du centre de conservation
et d’étude des documents d’histoire contemporaine.
[10]
Le concept de « vie privée »
est relativement flou et mobilisé différemment selon les archives et les
archivistes pour autoriser ou refuser l’accès à un dossier. Le texte de 1992
n’évoque pourtant que les questions financières, les relations familiales, les
questions de santé et celles d’adoption. Nikita Petrov, chercheur reconnu de
l’ONG Memorial, dénonce les abus d’interprétation de
la loi dans un article récent : Nikita Petrov, « Hranit’ ili ohranit’ ? »
(Conserver ou protéger ?), The New
Times — Novoe Vremia,
25 mai 2009.
[11]
Patricia Kennedy Grimsted, « Archives of Russia Seven Years After:
“Purveyors of Sensation” Or “Shadows Cast to the Past”? », Cold War International History Project, 20 (1998).
[12]
On se rappelle en particulier du scandale
provoqué par le livre de Thierry Wolton, Le grand recrutement, Paris, Bernard
Grasset, 1993. Voir à ce sujet l’article de Sabine Jansen, « La Boite de
Pandore des archives soviétiques. », Vingtième
Siècle. Revue d’histoire, 42 (1994), p. 97-102.
[13]
Oleg
Hlevnijuk, « L’Historien et le document : Remarques sur l’utilisation des
archives. », Cahiers du monde russe 40, no 1-2 (1999) : 101-12.
[14]
La formule est d’Oleg Hlevnijuk dans l’article cité.
[15]
On se concentre dans cet article sur le
cas des archives soviétiques conservées sur le territoire de la Fédération de
Russie. L’éclatement de l’URSS a conduit à l’autonomisation des archives des
républiques fédérées, mais celles du pouvoir central sont restées à Moscou.
[16]
Cette structure centrale des archives
soviétiques, puis russes a changé 13 fois de statuts depuis 1922.
[19]
Directive du Conseil des commissaires du
peuple du 31 mars 1919. Voir l’article « Arhiv »
de la Grande encyclopédie soviétique,
tome 3, colonne 549, Moscou, 1926.
[20]
Sergej Mironenko, Putevoditel’, tom 3 : Fondy gosudarstvennogo arhiva Rossijskoj Federacii po istorii SSSR (Guide :
tome 3. Les fonds des archives nationales de la Fédération de Russie sur
l’histoire de l’URSS), p. I-XV.
[21]
En 1925, les archives de l’armée rouge,
puis en 1926 les archives centrales du cinéma et des photos sont exclues de
l’AOR. C’est aussi le cas de tout ce qui concerne la famille impériale et de
façon plus large la chute de l’ancien régime.
[22]
République Socialiste Fédérative des
Soviets de Russie
[23]
Archives d’état russe de l’économie
[24]
Seul le fonctionnement de l‘État
soviétique, grand producteur de documents en multiples exemplaires, permet de surmonter cet obstacle. Un même
document peut ainsi se trouver dans différents fonds.
[25]
Voir à ce sujet l’article de Jonathan Bone, « Soviet Controls on
the Circulation of Information in the 1920s and 1930s. » Cahiers du monde russe, 40, 1 (1999), p.
65-89.
[26]
Jonathan Bone, art. cit., p. 69-75 traduit in extenso
une telle liste.
[27]
Le phénomène est net dans les lettres de
dénonciations.
[28]
O. Hlevnijuk [sous la dir.], Stalinskoe Politbjuro v 30-e gody (Le bureau politique stalinien dans les
années trente), Moscou, Airo-XX, 1995, p. 73-82. Le
recueil comprend neuf documents qui définissent les règles de gestion. Le principal
date de 1925.
[29]
Il est notamment privilégié par rapport à
la communication en salle de lecture. Le nombre de chercheurs va ainsi aller
décroissant.
[31] Andrea Graziosi, « The New Soviet Archival Sources : Hypotheses for a Critical Assessment », Cahiers
du monde russe, 40, no. 1-2 (1999) : 13-64.
[32]
La dernière modification remonte à
2007 : prikaz (décret) n° 19 du ministère de la
Culture de la Fédération de Russie.
[33]
Voir article de Nikita Petrov, « Hranit ili ohranit », The new times, 25 mai 2009.
[34]
Sur décision de Boris Eltsine ces
documents sont extraits de cette archives et des copies sont transmises, en
septembre 1992, aux Polonais. Les originaux sont transmis en avril 2010 par D.
Medvedev au RGASPI qui progressivement récupère ainsi les fonds dont il était
démuni. Ces documents sont même rendus publics et des copies électroniques disponibles
: on les consultera sur le site de rosarkhiv : http://rusarchives.ru/publication/katyn/spisok.shtml
[35] P.K. Grimsted, art. cit., p. 21-22.
[36]
Le fonds est conservé aux archives
nationales de la Fédération de Russie (GARF) : fonds 5446 (partie
secrète), inventaire 81a.
[37]
Voir en particulier les fonds des bureaux
des plaintes, institutions clés de la gestion du mécontentement en URSS,
conservés aux archives régionales de Nijni Novgorod,
fonds 5944 par exemple. Sur les bureaux de plaintes, lire François-Xavier Nérard, « Les bureaux des plaintes
dans l’URSS de Staline (1928-1941) : la gestion du mécontentement dans un
État socialiste », Revue d’Histoire
Moderne et Contemporaine, 49-2, avril-mai 2002,
p. 125-144.
[38]
Je ne dispose pas des instructions
précises pour les années trente.
[39]
Cf. Pt. 56 de l’inventaire des
documents-types.
[40]
Voir Yoram Gorlizki, & O. V. Khlevnìuk, Cold peace : Stalin and the Soviet ruling
circle, 1945-1953, Oxford ; New York, Oxford University Press, 2004, p. 58
et suivantes.
[41]
Commissaire du peuple à l’industrie
lourde, il est l’un des personnages importants du clan stalinien, doté d’une certaine
autonomie face à Staline. Il se suicide en février 1937.
[42]
Commissaire du peuple à la défense.
[43]
Yves Cohen, « Des lettres comme
action : Stalin au début des années 1930 vu depuis le fonds Kaganovic », Cahiers
du monde russe, 38 (3), 1997, p. 307-345
[44] Alexandre Vatlin, Larissa Malashenko,
Dessine-moi un Bolchevik,
édition française (traduction, présentation, légendes et préface) établie par
François-Xavier Nérard, Tallandier,
Paris, 2007.
[45]
Yves Cohen, art. cit., p. 312.
[46]
P.K. Grimsted, art. cit., 1998, p. 66. Elle renvoie à Dmitrii G. Iurasov, « Unichtozhenie poslednego sudebnogo arkhiva 30-kh –
50-kh godov » Glasnost': Informatsionnyi biulleten',
nos. 2-4 (July 1987).
[47]
Voir par exemple le dossier reproduit
dans Vatline, « sledtsvennye dela, 1937-1938 » (les dossiers judiciaires de
1937-1938), in Lidia Golovkova [dir], Butovskij poligon (le
polygone de tir de Butovo), Moscou, Also, 2004, p.
185.
[48]
P.K. Grimsted, art. cit., p. 64-69.
[50]
P.K. Grimsted, art. cit., p. 65. Sa source est un
rapport de la direction des archives du NKVD, daté du 1er avril
1942. GARF, f. 5325, op. 10, d. 836, p. 45-46.
[51]
Sheila Fitzpatrick, « The Soviet
Union in the Twenty-First Century », Journal
of European Studies 37, n° 1 (2007) : 51-71.
Pour citer cet article
:
François-Xavier Nérard, « Quelles archives soviétiques ? Réflexion sur la constitution des archives du pouvoir stalinien » in Historiographie & archivistique. Ecriture et méthodes de l'histoire à l'aune de la mise en archives, sous la direction de Philippe Poirrier et Julie Lauvernier, Territoires contemporains, nouvelle série - 2 - mis en ligne le 12 janvier 2011.
URL : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/historiographie/FX_Nerard.html
Auteur : François-Xavier Nérard
Droits : © Tous droits réservés - Ce texte ne doit pas être reproduit (sauf pour usage strictement privé), traduit ou diffusé. Le principe de la courte citation doit être respecté.
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