Laboratoire
Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
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Les violences et leurs traces
Sur la trace des violences environnementales. Un dépôt d’hydrocarbures entre conflits et pollutions (Plombières-les-Dijon, 1925-2008)
Timothée Dhotel
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références
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RÉSUMÉ

À partir des traces de pollutions dans les sols et les eaux par les hydrocarbures (re)découvertes en 1998, cet article vise à historiciser l’arrivée du pétrole et ses conséquences environnementales. L’étude de cas du dépôt de pétrole de Plombières-les-Dijon sur le temps long présente la nature conflictuelle de cette installation, révélée par les traces laissées dans les archives et les mémoires. Ce dépôt, comme tant d’autres, cristallise en effet des tensions socio-environnementales entre plusieurs acteurs (riverains, sociétés pétrolières, autorités publiques, commissions consultatives, etc.). Le conflit suit comme un fil rouge les activités du dépôt, à mesure que celui-ci s’étend durant l’entre-deux-guerres et plus encore durant les « Trente Glorieuses ».

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Mots-clés : Côte-d’Or ; pétrole ; pollutions ; environnement ; conflit
Index géographique : France, Côte-d’Or
Index historique : xxe siècle
SOMMAIRE

Introduction
I. Installer le dépôt de pétrole, maîtriser le conflit (1925-1939)
II. S’opposer à la « croissance indéfinie » (1957-1974)
Conclusion : Traces et mémoire de « l’après-pétrole »
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Introduction

Février 1998, entre le canal de Bourgogne et la rivière l’Ouche, à Plombières-les-Dijon, commune de la banlieue ouest dijonnaise d’environ 2 400 habitants, des engins creusent et remuent la terre. Des habitations HLM doivent s’ériger, avec garages en sous-sol. Mais les travaux sont perturbés. Une contamination des sols par des hydrocarbures, dont notamment du naphtalène[1], est découverte. Localisée à environ 2,5 mètres de profondeur, elle a atteint la nappe des eaux souterraines, peu profonde. D’après l’administration, la pollution est « selon toute vraisemblance […] attribuée à un dysfonctionnement chronique des anciennes installations[2]. » Le site a en effet accueilli pendant cinquante ans un vaste entrepôt de pétrole et d’essence, fermé en 1974. Un quart de siècle plus tard, les traces de son activité ressurgissent pourtant aux yeux des habitants de Plombières. Ressurgissent, car les risques, nuisances et pollutions générés par ce type d’établissement dit dangereux, incommode et insalubre ont été dès leurs origines dénoncés par de nombreux contemporains.

Pas de pétrole sans infrastructure pétrolière. Utilisé au xixe siècle comme huile d’éclairage et lubrifiant avant d’être l’essence des automobiles et la matière première de l’industrie pétrochimique, il nécessite l’érection de dépôts, installations d’entreposage du pétrole et de ses dérivés destinées à la vente en gros et/ou au détail. Au xxe siècle, à mesure que la pétrolisation s’accélère et que les demandes en essence et en fuel domestique augmentent[3], les raffineries et surtout les dépôts de pétrole se multiplient de façon exponentielle. En Côte-d’Or, alors qu’une cinquantaine de demandes pour installer un dépôt de pétrole sont recensées entre 1877 et 1921, on en compte plus de 950 entre 1922 et 1939[4]. Les entrepôts intermédiaires comme celui de Plombières-les-Dijon, installé en 1925, n’en constituent qu’une minorité du fait de leurs importantes capacités et de leur rôle dans la « chaîne pétrolière »[5]. Chargés de ravitailler les stations essence et les autres petits dépôts de vente au détail, ils sont généralement composés de grands réservoirs métalliques et gardent relativement la même composition au cours de notre période[6].

Du fait du caractère inflammable, explosible, malodorant et nocif des hydrocarbures, ces dépôts génèrent des risques et des pollutions[7]. L’exposition chronique à une pollution peut alors être considérée comme une « violence structurelle » infligée à un individu par les structures politiques et économiques qui les sous-tendent[8]. L’infrastructure pétrolière est donc à l’origine de violences[9], comprises comme des phénomènes qui pourraient être évitables. Conséquence de ces violences environnementales dont les « traces » sont plus ou moins visibles sur les paysages, les sols et les corps, les dépôts ont été combattus. Si les consommateurs sont dépendants des équipements de l’infrastructure pétrolière, les dangers inhérents au pétrole sont conscientisés par les contemporains, en particulier les riverains de ces établissements, situés en première ligne des « batailles de l’hygiène[10] ». La pétrolisation, comprise comme la phase de mutation des systèmes énergétiques au cours de laquelle les hydrocarbures deviennent la ressource dominante, est ainsi indissociable de rapports sociaux conflictuels qui permettent leur mise en exploitation[11].

Nous verrons à travers l’étude du dépôt de Plombières-les-Dijon, installé en 1925 par la Compagnie Industrielle des Pétroles (CIP) et investi après-guerre par Mobil Oil, que le conflit, quoique d’intensité irrégulière, accompagne comme un fil rouge les cinquante ans d’existence de ce dépôt. Les traces de ces tensions, conservées aux archives départementales, nous permettent dès lors d’historiciser la contamination constatée en 1998.

I. Installer le dépôt de pétrole, maîtriser le conflit (1925-1939)

Du fait de la législation française héritée du décret impérial de 1810 sur les établissements dangereux, incommodes ou insalubres, l’historien dispose d’archives qui sont autant de traces lui permettant de retrouver le contexte d’installation des premiers dépôts de pétrole[14]. L’industriel, le négociant ou l’épicier qui cherchait à ouvrir son établissement devait théoriquement obtenir une autorisation préfectorale. Dans la pratique, le décret de 1810, complété entre autres par le décret du 19 et 24 mai 1873 relatif à la fabrication, à l’emmagasinage et à la vente en gros et au détail du pétrole et de ses dérivés, n’est pas toujours suivi et nombre de dépôts sont en activité sans passer par la voie administrative. Leurs propriétaires esquivaient ainsi la procédure administrative et le conflit avec les riverains. Cette illégalité devient toutefois plus rare après la Première Guerre mondiale, lorsque l’État s’investit dans une véritable politique pétrolière nationale et intensifie son contrôle[15].

C’est dans ce contexte législatif, dynamisé par l’expansion de l’automobile, que la CIP demande une autorisation pour construire à Plombières-les-Dijon, en 1925, un « dépôt mixte de liquides inflammables » devant accueillir 143 m3 d’essence et de pétrole répartis en quatre réservoirs métalliques. Constituée en 1904, cette société est en plein essor dans les années 1920 car elle est devenue filiale de la compagnie américaine Sinclair[16]. Alors que la concurrence se fait rude sur le marché français, la CIP cherche à étendre sa part de marché et décide d’établir ce dépôt à Plombières, idéalement situé à proximité de la gare ferroviaire et du canal de Bourgogne, afin d’approvisionner les consommateurs de Côte-d’Or et des départements limitrophes.

Du fait des importants volumes entreposés, l’établissement est de première classe, d’après la nomenclature dressée par le nouveau décret du 24 décembre 1919[17]. Le dépôt doit être éloigné des habitations et doit être soumis à une enquête de commodo et incommodo ouverte pendant un mois. Cette enquête se matérialise par un affichage dans les communes des alentours, et de plus en plus par la presse, afin d’avertir les voisins du projet[18]. Ceux-ci avaient alors la possibilité d’émettre un avis en se rendant à la mairie, prenant la forme de plaintes écrites, de lettres ou de pétitions déposées dans un registre. Ici, « la plupart des habitants de Plombières[19] » – la commune compte alors environ 1 300 habitants – ont protesté contre le dépôt de pétrole par le biais d’une pétition. Le projet a aussi suscité le rejet du conseil municipal. Cette mobilisation n’a rien d’exceptionnel, notre étude locale sur la Côte-d’Or montre qu’entre 1877 et 1921, la moitié des demandes de dépôt de pétrole fait l’objet de protestations, pouvant parfois engager plusieurs centaines d’individus[20]. Si la nouvelle législation place l’écrasante majorité des dépôts de pétrole dans la 3ème classe, ne nécessitant pas d’enquête, ce n’est pas le cas des entrepôts de 1ère et de 2ème classe, où se maintient un espace de contradiction – aussi limité soit-il. L’enquête de commodo et incommodo est alors le terrain du conflit opposant industriel et riverains, arbitré par l’administration[21].

Malheureusement, le dossier d’installation gardé aux Archives départementales est incomplet. La seule trace du conflit de 1925 nous est transmise par le procès-verbal de la séance du 22 mai 1925 du conseil départemental d’hygiène, qui mentionne la pétition et l’avis du conseil municipal. La voix des voisins n’était en effet pas la seule entendue. Avant d’autoriser ou non l’établissement, le préfet convoque divers experts, en particulier ce conseil d’hygiène. Établi dans chaque département à partir de 1848, ce conseil consultatif est chargé d’émettre son avis sur les projets d’établissements classés dans la première et deuxième classe[22]. Il est traditionnellement composé de médecins, de pharmaciens, d’ingénieurs, d’industriels et d’hommes politiques locaux[23]. L’avis du conseil, repris par l’arrêté préfectoral du 30 juin 1925, est entièrement favorable au projet de la CIP. Les dangers d’incendie et d’explosion dénoncés par les riverains et le conseil municipal de Plombières « ne sont pas fondés ». À l’appui, les explications d’un représentant de la compagnie pétrolière, qui tendent à normaliser et donc à minimiser les protestations à l’encontre des dépôts de pétrole. D’après celui-ci, cité dans le rapport du conseil,

« il y a toujours une vive appréhension chez les habitants d’une commune où doit se faire un établissement de ce genre. Cette appréhension n’est pas justifiée, car les conditions d’explosion sont très précises. Pour qu’il y ait explosion, il faut que les vapeurs d’essence soient mélangées avec de l’air et que ce mélange soit fait dans des proportions convenables. Or, dans l’installation projetée, les vapeurs d’essence seront toujours en présence d’un excès de liquide ; elles seront saturantes dans l’atmosphère des réservoirs et l’explosion n’est pas possible[24]. »

Le pétrole et ses dépôts sont pourtant régulièrement l’objet d’accidents en France, largement médiatisés par la presse, et cela dès le xixe siècle. La Côte-d’Or est sujette à des incendies et explosions domestiques provoqués par le pétrole, mais le premier incendie engageant un entrepôt pétrolier du département n’advient vraisemblablement qu’en 1936, ce qui peut appuyer la confiance du conseil d’hygiène[25]. Le dépôt projeté serait par ailleurs situé à 100 mètres des maisons les plus proches, et 800 mètres du reste de l’agglomération – en réalité moins de 500 mètres. Ainsi, seules les prescriptions habituelles dictées par les décrets sont appliquées, à savoir l’interdiction de transvaser les hydrocarbures à ciel ouvert, mais seulement par l’intermédiaire de pompes et de tuyaux étanches, ou encore l’installation d’extincteurs et d’un tas de sable conséquent en cas d’incendie. Le conflit est rapidement refermé, en tout cas pour un temps, l’enquête de commodo et incommodo n’étant bien souvent qu’une formalité visant à « former le consentement » des voisins selon une visée industrialiste défendant « l’utilité publique »[26].

Malgré son autorisation, le dépôt n’est pas construit avant 1931. La CIP renouvelle sa demande – devenue caduque – d’ouverture, d’une capacité cette fois de 745 m3 auquel s’ajoute un atelier de visitage, réparation, et remplissage des bidons et des caisses d’essence et de pétrole. Suivant la même procédure, le conflit est rouvert mais l’enquête de commodo et incommodo n’est plus investie par les riverains. Leur silence vaut alors consentement aux yeux de l’administration. Seul le conseil municipal de Plombières – sensiblement identique – renouvelle sa protestation de 1925, en formulant en plus les dangers « des infiltrations d’hydrocarbures qui pourraient se répandre dans le canal de Bourgogne et nuire aux poissons[27]. » Mais une nouvelle fois, le conseil d’hygiène met fin au conflit en désapprouvant l’avis municipal, les « mesures de précaution envisagées » permettant d’assurer la sécurité des habitants de Plombières « malgré l’importance du dépôt projeté[28] ». La confiance du préfet est renouvelée par arrêté du 1er mai 1931. Le dépôt se voit même autorisé en 1935 et 1938 à étendre ses capacités de stockage, qui atteignent désormais 2595 m3 [29].

II. S’opposer à la « croissance indéfinie » (1957-1974)

Après-guerre, durant la « Grande Accélération[30] », la pétrolisation s’intensifie et est planifiée[31]. La diffusion de l’automobile, du chauffage au fuel et de l’industrie pétrochimique fait exploser la consommation du pétrole et de ses dérivés, multipliée par 14 en France entre 1938 et 1973[32]. Cette période marque le changement de dimension du dépôt de Plombières, mais aussi une recrudescence des tensions qui l’entourent[33].

Les installations changent tout d’abord de propriétaire. Alors que s’associaient dans les années 1930 la CIP et la Vacuum Oil, celle-ci absorbe la société française en 1949[34] puis change de nom en 1955, devenant la Mobil Oil Française. À partir de ce moment, les demandes d’extension s’enchaînent : 1957, 1963, 1965, 1967, 1968-1971. À la différence des deux premières – qui sont en réalité les quatrième et cinquième demandes d’extension depuis 1925, les demandes de 1965 et plus encore celles formulées entre 1968 et 1971 subissent de vives oppositions. En décembre 1968, Mobil Oil projette en effet de construire d’ici 1975 plusieurs réservoirs, pour un total d’environ 12 000 m3 d’hydrocarbures stockés, alors qu’elle en entrepose à ce moment presque quatre fois moins[35]. Si les éléments de l’enquête de commodo et incommodo et les différents avis des services concernés sont incomplets, les contestations et les craintes furent suffisamment importantes pour que la Commission Consultative Départementale des Hydrocarbures[36] dépose un avis défavorable le 1er août 1969 à cause « des dangers d’incendie, d’explosion et de pollution » sur un « site mal adapté[37] ». Plus d’un an après, la Direction des Carburants (DICA), puissant organisme ministériel chargé du pétrole à partir de 1939, donne pourtant un avis contraire à la commission départementale et relance le dossier.

Si Mobil Oil émet une nouvelle demande plus consensuelle en juin 1971, réduisant ses vœux d’extension à 2920 m3 – ce qui double tout de même les capacités du dépôt, le conflit qui suit est à son apogée. L’enquête de commodo et incommodo, que la société proposait d’esquiver afin d’accélérer la procédure[38], récolte une pétition de 39 signatures pointant le danger d’incendie et d’explosion, les « évacuations nocives et malodorantes », la pollution du canal et de la rivière, et la laideur des installations[39], ainsi que huit protestations individuelles. Ces dernières sont parfois jointes d’une lettre détaillée, comme a pu le faire le voisin mécanicien Serge Collot. Il affirme, entre autres, que le dépôt pollue son environnement, puisqu’ :

« il a été constaté par le service d’ordre la présence de nappes de produits pétroliers à la surface des eaux du canal de Bourgogne. L’évacuation des eaux perdues en provenance du dépôt contenant plus ou moins de matières pétrolifères, doit se faire d’une façon directe ; ces résidus mélangés aux eaux du canal constituent une gêne considérable pour la faune aquatique et les pêcheurs, ainsi que pour les baigneurs (Plombières étant démuni de piscine)[40]. »

Il critique également les anciennes procédures d’approvisionnement du dépôt, notamment par voies navigables, car « les mariniers n’hésitaient pas à déverser le produit résultant de la vidange de leurs moteurs ainsi que du rinçage des containers à pétrole dans les eaux du canal, chose ayant été aussi constatée par le service d’ordre[41]. » Georges Darbois, un autre voisin, dénonce quant à lui les « odeurs malsaines », surtout l’été « lors des baignades dans le bassin[42] », ce qui démontre la cohabitation nuisible voire violente des riverains avec le dépôt[43]. Un autre élément appuie cette fois le risque d’incendie et d’explosion, énoncé par le Conservateur régional des bâtiments de France Georges Poix. Il s’élève depuis 1965 contre l’existence de ce dépôt, craignant qu’il ne « s’accroisse indéfiniment » et enlaidisse un peu plus le paysage de Plombières[44]. En 1971, il double cet argument du rappel de l’explosion d’une cuve de pétrole le 6 juin 1969 à Saint-Usage, commune du sud-est du département, et plus encore l’accident mortel de la raffinerie de Feyzin de 1966 dans la région lyonnaise[45]. Bref, les craintes des particuliers sont nombreuses et justifiées.

fig.1 Photographies du dépôt prises depuis la RN 5, jointes au dossier de Mobil Oil de 1965 (à gauche) puis de 1968 (à droite)
fig.1 Photographies du dépôt prises depuis la RN 5, jointes au dossier de Mobil Oil de 1965 (à gauche) puis de 1968 (à droite). La peinture mate et la plantation future de platanes étaient une réponse à la plainte du conservateur G. Poix (on peut voir le clocher de Plombières à droite en arrière-plan).
Source : AD21, SM 1296 W 47.

Au niveau des édiles et des services consultées pour leur expertise, les avis sont là aussi plutôt critiques. Si quelques-uns ne s’opposent pas au projet[46], la tendance est à la prudence. Le conseil municipal s’oppose dans l’immense majorité– 14 voix et une abstention – au projet d’agrandissement du dépôt, reprenant les arguments évoqués et dénonçant explicitement « Le risque de pollution de l’Ouche, rivière à truite de 1ère catégorie[47] ». Le maire Pierre Chevalier, commissaire-enquêteur de l’enquête, précise un peu plus tard que des pêcheurs qui n’ont pas déposé par écrit ont « verbalement manifesté leurs craintes. » Dans son rapport du 28 septembre, il constate que, « même si tout n’est pas négatif », « ce dépôt n’aurait jamais dû être implanté en agglomération[48]. » La morphologie de Plombières est en effet bien différente de celle de l’entre-deux-guerres : la population a augmenté d’environ 50%, et le dépôt se situe désormais à proximité d’une station-service, d’un restaurant, d’une salle des fêtes ou encore d’un groupe scolaire (fig. 2). C’est en listant cet environnement vulnérable que l’Inspecteur Départemental des services d’incendie et de secours émet lui aussi un avis défavorable[49].

fig.2 Plan du projet d’extension du dépôt dans son environnement en 1968. L’église, en noir, est située à environ 500 m du dépôt. Les habitants du quartier du château d’eau, entre la rivière et l’église, sont les plus mobilisés contre le dépôt.
fig.2 Plan du projet d’extension du dépôt dans son environnement en 1968. L’église, en noir, est située à environ 500 m du dépôt. Les habitants du quartier du château d’eau, entre la rivière et l’église, sont les plus mobilisés contre le dépôt.
Source : AD21, SM 1296 W47


Le Service des Mines de l’arrondissement de Dijon, qui dresse le bilan de cette affaire dans son rapport du 3 février 1972, affirme qu’une issue a été trouvée. L’augmentation est circonscrite à l’arrêté qui avait été pris le 27 novembre 1967 – soit 2848 m3, mais qui avait été rendu caduc par la non-réalisation des travaux. Surtout, « aucune augmentation nouvelle de l’aménagement ne saurait être envisagée » tandis qu’un déplacement du dépôt est encouragé. Le rapport affirme également que cette demande est l’occasion de renforcer la lutte contre la pollution des eaux, d’autant qu’il confirme la présence d’« infiltrations dans les nappes aquifères de la région dijonnaise ». L’Ingénieur en Chef des Mines avait ainsi demandé, en accord avec le Ministre de l’Environnement, « que les cuvettes de rétention de l’ensemble du dépôt et les aires de chargement et de déchargement soient bétonnées ou construites suivant un procédé donnant des garanties au moins équivalentes[50]. »
Le dépôt de Plombières arrête finalement d’être exploité le 1er août 1974[51], les conditions imposées par l’administration, résultat du conflit, n’étant certainement pas suffisantes pour soutenir les ambitions économiques de Mobil Oil.

Conclusion : Traces et mémoire de « l’après-pétrole »

Au cours de ce demi-siècle, le pétrole à Plombières n’a jamais été entreposé dans un environnement apaisé. Le conflit, irrégulier mais jamais clos, est structurant dans l’activité du dépôt, du fait des nuisances et des risques générés. La pétrolisation à l’échelle locale est donc le fruit de rapports tendus opposant les sociétés pétrolières et leurs associés locaux, aux riverains victimes des « violences environnementales ». Face aux plaintes, les sociétés se justifient par la croissance de la consommation et investissent les instances de délibération afin de montrer leur souci de sécurité. L’arbitrage des pouvoirs publics est quant à lui ambivalent. Si les autorités municipales sont dans une large mesure dans la lignée des contestations de leurs administrés, leur pouvoir est faible dans le processus d’installation et d’extension du dépôt. Les instances préfectorales avant-guerre, puis la Direction des Carburants et ses composantes sont maîtresses de la décision finale. Alors que les pollutions et les risques craints par les riverains sont longtemps minimisés, le site de Plombières ressemble à un « territoire sacrifié » jusqu’à ce que l’étalement urbain et la croissance démographique ne réveillent la sensibilité de l’administration. La stratégie – semble-t-il – de la société à demander des petites augmentations successives « tirant argument de tout ce qui lui a été accordé antérieurement[52] » se heurte à la fin des années 1960 au seuil de tolérance des habitants de Plombières et celui des administrations. Le conflit se conclut finalement avec la délocalisation du dépôt.

La redécouverte des pollutions en 1998 n’a probablement pas été médiatisée et n’a dès lors pas été conflictuelle. Si Mobil Oil n’est peut-être pas la seule responsable – en 1979, la société MOREM a acheté les terrains pour stocker des huiles usagées et d’émulsions[53], les témoignages des contemporains prouvent son activité polluante. C’est d’ailleurs bien Mobil Oil qui signe une convention avec la société immobilière afin de résoudre le contentieux. Sondages, analyses et tri des terres polluées sont réalisés, afin de délimiter précisément l’étendue des zones polluées, aboutissant à l’excavation des terres souillées. Les relevés d’analyse des eaux, des sols et de l’air réalisés entre 1999 et 2002 montrent dès lors une baisse des concentrations des polluants, jusqu’à l’arrêt des suivis en 2008.

La mémoire de cette pollution[54] est à replacer dans la politique menée depuis le début des années 1990 par le ministère chargé de l’environnement. Dans un souci de transparence et de prévention des risques, l’État cherche à inventorier les sites et sols pollués, ou potentiellement pollués[55]. Assumant les conséquences environnementales de son passé industriel, l’État promeut le libre-accès aux fiches détaillées des sites pollués, bien que le recensement soit imparfait[56]. Sans les travaux de défrichement, les pollutions du site de Plombières n’auraient certainement pas été référencées, comme c’est souvent le cas. Toutefois, les analyses historiques des inspecteurs affiliés au ministère chargé de l’environnement sont critiquables. La fiche technique du dépôt de Plombières rapporte en effet « qu’aucun incident n’a été enregistré » entre 1925 et 1975. Notre étude démontre pourtant que la présence d’infiltrations de pétrole dans les eaux était connue. Dès 1931, les habitants de Plombières et le conseil municipal ont alerté sur ces craintes, finalement attestées par le Service des Mines et la Commission Départementale des Hydrocarbures dans les années 1960. Certes, cette pollution n’est pas le résultat d’un accident qui aurait laissé des traces exceptionnelles, mais elle est le fruit des activités ordinaires du dépôt, dont les traces discrètes n’en sont pas moins profondes et révélatrices des risques inhérents à la pétrolisation de notre société.

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Timothée Dhotel,
LIR3S, UMR 7366 UBE/CNRS, (Sous la direction de François Jarrige)

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[1] D’après le Système général harmonisé de classification et d'étiquetage des produits chimiques (SGH), le naphtalène est susceptible de provoquer le cancer et est très toxique pour les organismes aquatiques, entraînant des effets néfastes à long terme.

[2] Ministère de la transition énergétique, établissement n° SSP0003565, Géorisques [en ligne], disponible sur href-"https://fiches-risques.brgm.fr/georisques/infosols/instruction/SSP000356501", page consultée le 7 mai 2025.

[3] La consommation de pétrole en France passe de 37 000 tonnes en 1870 à 458 000 en 1900, 20 millions en 1955, 115 millions en 1973. Source : André Nouschi, La France et le pétrole de 1924 à nos jours, Paris, Picard, 2001 et Morgan Le Dez, Pétrole en Seine (1861-1940). Du négoce transatlantique au cœur du raffinage français, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2012.

[4] Timothée Dhotel, Naissance d’un torrent noir. Enquête sur les premiers dépôts de pétrole en Côte-d’Or (1877-1939), Université de Bourgogne, mémoire d’histoire, 2024.

[5] Le préfet de Côte-d’Or recense 14 dépôts de plus de 400 m3 établis ou en cours d’instruction sur son territoire en 1939 : AD21, SM 10328, liste des établissements pétroliers.

[6] Les dépôts destinés à la vente au détail sont beaucoup plus divers : Timothée Dhotel, « Du bidon à la pompe : la vente du pétrole en province et ses contestations (Côte-d’Or, 1877-1939) », Journal of Energy History/Revue d’Histoire de l’Énergie [En ligne], n° 9, 2023, disponible sur href="http://energyhistory.eu/node/320", page consultée le 9 mars 2025.

[7] L’histoire des pollutions industrielles est un des champs les plus actifs en histoire environnementale ces dernières années. De nombreux travaux ont porté sur les conflits provoqués par ces pollutions : Geneviève Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution industrielle en France, 1789-1914, Paris, EHESS, 2010 ; Thomas Le Roux et Michel Letté [dir.], Débordements industriels. Environnement, territoire et conflit (XVIIIe-XXIe siècle), Rennes, PUR, 2013 ; François Jarrige et Thomas Le Roux, La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Seuil, 2017. Sur les pollutions pétrolières, voir notamment Andrew Hurley, « Creating Ecological Wastelands. Oil Pollution in New York City, 1870-1900 », Journal of Urban History, vol. 20, n° 3, mai 1994, p. 340-364 ; Brian C Black., Crude Reality: Petroleum in World History, Lanham, Rowman & Littlefield, 2021 (2012) ; Hervé Ferrière, Le treizième travail d’Hercule. Pour une histoire pointilliste des savoirs sur la mer et les pollutions pétrolières (1816-1907), Université de Nantes, mémoire pour l’HDR en histoire, 2022.

[8] La notion de violence structurelle a été notamment conceptualisée par Johan Galtung, « Cultural Violence », Journal of Peace Research, vol. 27, no 3, 1990, p. 291-305 et Paul Farmer, « An Anthropology of Structural Violence », Current Anthropology, vol. 45, no 3, 2004, p. 305-325.

[9] Dennis Rodgers and Bruce O’Neill, « Infrastructural Violence: Introduction to the Special Issue », Ethnography, vol. 13, n° 4, 2012, p. 401-412.

[10] Stéphane Frioux, Les batailles de l’hygiène. Villes et environnement, de Pasteur aux Trente Glorieuses, Paris, PUF, 2013.

[11] Renaud Bécot et Gwenola Le Naour [dir.], Vivre et lutter dans un monde toxique. Violence environnementale et santé à l’âge du pétrole, Paris, Seuil, 2023, p. 10.

[12] C’est avant tout aux États-Unis, pays du premier boom pétrolier à partir de 1859, que se forment des « zones de sacrifice », des territoires ravagés et saturés de contamination : Brian C. Black, Petrolia: the Landscape of America's First Oil Boom, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000 ; Steve Lerner, Sacrifice Zones : the Front Lines of Toxic Chemical Exposure in the United States, Cambridge (Massachusetts), MIT Press, 2010. Certains auteurs parlent même de « pétro-violence » : Michael Watts, « Petro-Violence: Community, Extraction, and Political Ecology of a Mythic Commodity » dans Nancy Peluso et Michael Watts [dir.], Violent Environments, Ithaca, Cornell University Press, 2001, p. 189-212.

[13] Ils ont notamment été étudiés par Morgan Le Dez dans sa monographie sur la vallée de la Seine (Pétrole en Seine, op. cit.) sous un angle économique, mais son étude se consacre avant tout aux raffineries. Dans la littérature anglo-saxonne, voir notamment John A. Jakle et Keith A. Sculle, The Gas Station in America, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1994.

[14] Sur la réglementation des établissements dangereux, incommodes ou insalubres : Geneviève Massard-Guilbaud, « La régulation des nuisances industrielles urbaines (1800-1940) », Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, 1999, n° 64, p. 53-65.

[15] Roberto Nayberg, « La politique française du pétrole à l’issue de la Première Guerre Mondiale : perspectives et solutions », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 224, 2006, p. 111-133 ; Alain Beltran et al [dir.], État et énergie. XIXe-XXe siècle, Séminaire 2002-2006, Paris, CHEDD, 2009.

[16] En 1921, année de l’entrée au capital de la Sinclair Consolidated Oil Corporation, le capital de la Compagnie Industrielle des Pétroles est multiplié par quatre et atteint 40 millions de francs, puis 60 millions l’année suivante. Plusieurs dépôts et installations pétrolières sont construites en France et en Afrique du Nord dans les années 1920 par la compagnie.

[17] Les établissements de première classe étant soumis aux réglementations les plus strictes, puisqu’ils contiennent plus de 20 000 litres d’essence.

[18] Frédéric Graber, L’affichage administratif au XIXe siècle. Former le consentement, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2023.

[19] AD21, SM 16938, procès-verbal du Conseil départemental d’Hygiène, séance du 22 mai 1925.

[20] Timothée Dhotel, Naissance d’un torrent noir, op. cit.

[21] Geneviève Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution industrielle en France, op. cit. ; Thomas Le Roux, Le Laboratoire des pollutions industrielles, Paris, Albin Michel, 2011 ; Jarrige et Le Roux, La contamination du monde, op. cit., p. 257-269.

[22] Geneviève Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution industrielle en France, op. cit., p. 170-179

[23] Dans la séance côte-d’orienne du 25 mai, on retrouve ainsi le vice-président Edmond Voisenet, chimiste, docteur en sciences physiques et Inspecteur des pharmacies de la Côte-d’Or et de l’Yonne, le docteur Mallard, Inspecteur départemental des Services d’Hygiène et des Établissements classés ou encore M. Fourney, Ingénieur des Travaux Publics.

[24] AD21, SM 16938, procès-verbal du conseil départemental d’Hygiène, séance du 22 mai 1925.

[25] Timothée Dhotel, Naissance d’un torrent noir, op. cit., p. 159. Sur le rôle de la presse dans le façonnement des imaginaires collectifs, voir Dominique Kalifa, Les bas-fonds : histoire d’un imaginaire, Paris, Le Seuil, 2013. Sur les « imaginaires énergétiques » autre que le pétrole, et notamment l’association de l’énergie au risque : Jean-Pierre Williot, Naissance d’un service public : le gaz à Paris, Paris, Éditions Rive Droite, 1999 ; Charles-François Mathis, La civilisation du charbon. En Angleterre, du règne de Victoria à la Seconde Guerre mondiale, Paris, Vendémiaire, 2021.

[26] Graber, L’affichage administratif au XIXe siècle, op. cit. ; Frédéric Graber, Inutilité publique. Histoire d’une culture politique française, Paris, Amsterdam éditions, 2022.

[27] AD21, SM 16938, procès-verbal du conseil départemental d’hygiène, séance du 26 janvier 1931. À nouveau, nous ne disposons pas directement de l’avis du conseil municipal, mais simplement de sa retranscription sur le procès-verbal du conseil d’hygiène.

[28] Ibid.

[29] AD21, SM 10328, dépôts d’hydrocarbures 1938-1939. D’après un rapport préfectoral de juillet 1939, sur les 2595 m3 d’hydrocarbures autorisés, seuls certains réservoirs sont déjà construits, équivalents à 817 m3. Les dossiers de 1935 et 1938 sont malheureusement disparus.

[30] John McNeill et Peter Engelke, The Great Acceleration: An Environmental History of the Anthropocene Since 1945, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2014.

[31] Alain Beltran, La question énergétique en France de 1960 à 1974 : dépendance, crise et rôle de l’État, Paris, PUF, 2003 ; Armelle Demagny-Van Eyseren, « Les grandes orientations de la politique pétrolière française durant les Trente Glorieuses : entre impulsions gouvernementales et adaptations aux bouleversements extérieurs » dans Beltran et al. [dir.], État et énergie XIXe-XXe siècle, op. cit., p. 357-369 ; Adam Soussana, L’or noir des « Trente Glorieuses ». Une approche historique et matérielle de la pétrolisation en France entre 1946 et 1973, mémoire en Sciences Sociales sous la direction de Christophe Bonneuil, EHESS, 2022.

[32] 8,4 millions de tonnes de pétrole sont consommées en France en 1938, 20 millions en 1955, 115 millions en 1973 : André Nouschi, La France et le pétrole : de 1924 à nos jours, Paris, Picard, 2001.

[33] Sur les conflits socio-environnementaux entourant les infrastructures pétrolières dans la France d’après-guerre, voir Stéphane Frioux, « Pas d’essence dans nos salades ! La “raffinerie baladeuse” de la région lyonnaise (1970-1973) », Le Mouvement social, vol. 262, n° 1, 2018, p. 22-30 et Bécot et Le Naour, Vivre et lutter dans un monde toxique, op. cit.  Dans une approche similaire sur les nuisances automobiles : Tristan Loubes, « Renégocier l’environnement urbain face à l’automobile. Le rôle précoce des citadins à Lyon et Marseille (1950-1970) », Cahiers d’histoire, vol. 36 (1), n° 149, 2018, p. 149-177.

[34] La société prend le nom de Socony-Vacuum française.

[35] D’après la société, qui prévoit de se raccorder au pipeline Méditerranée Rhône, le développement de la consommation de produits pétroliers dans la région dijonnaise entraîne une croissance de leurs flux de 20% par an : AD21, 1296 W 47, lettre du directeur de la division exploitation de Mobil Oil Française au préfet, en date du 2 décembre 1968.

[36] Organisme créé par le décret-loi du 1er avril 1939 qui instaurait une procédure d’urgence pour l’instruction des demandes de construction de dépôts d’hydrocarbures. Rattachées à la Direction des Carburants (DICA), ces commissions départementales semblent remplacer le rôle des conseils d’hygiène dans les projets d'établissements pétroliers.

[37] D’après AD21, 1296 W 47, rapport du Service des Mines, en date du 3 février 1972.

[38] Id., lettre de Mobil Oil française au préfet, en date du 16 septembre 1971.

[39] Id., pétition en date du 20 septembre 1971.

[40] Id., lettre de S. Collot au maire de Plombières-les-Dijon, en date du 23 septembre 1971.

[41] Ibid. Sur d’autres cas de pollutions des eaux par le pétrole dans la France de l’entre-deux-guerres : Fabien Bartolotti, « Les autorités portuaires face aux pollutions pétrolières dans l’étang de Berre et le golfe de Fos (1945-1979) », Rives méditerranéennes, n° 61, 2021, p. 43-56 et Renaud Hourcade, « L’État face aux débordements industriels : la gestion politique des pollutions de l’eau du complexe pétrochimique de Lacq (1957-1968) », Histoire@Politique, n° 43, janvier-avril 2021.

[42] Id., registre des observations tenu lors de l’enquête de commodo et incommodo, 13-26 septembre 1971.

[43] Renaud Bécot et Gwenola Le Naour [dir.], Vivre et lutter dans un monde toxique, op. cit.

[44] Il dénonce en particulier la proximité du dépôt avec le clocher de l’église, classé monument historique. AD21, 1296 W 47, lettre de G. Poix au préfet, en date du 11 juin 1965.

[45] AD21, 1296 W 47, lettre de G. Poix au préfet, en date du 9 septembre 1971. Sur l’accident de Feyzin : Renaud Bécot, Gwenola Le Naour et Stéphane Frioux, « Inflammation du verbe moderniser : Feyzin 1966, une catastrophe dans le tournant pétrolier de l’économie française », dans Stéphane Frioux [dir.], Une France en transition : urbanisation, risques environnementaux et horizon écologique dans le second XXe siècle, Paris, Champ Vallon, 2021, p. 125-153.

[46] Le Directeur Départemental du Travail et l’Emploi, le Directeur Départemental de l’Action Sanitaire et Sociale, le Chef de service de la SNCF, ou encore le Directeur Départemental de l’Agriculture émettent un avis favorable au projet d’extension.

[47] AD21, 1296 W 47, extrait du registre des délibérations du conseil municipal, séance du 17 septembre 1971.

[48] Id., rapport du commissaire-enquêteur, en date du 28 septembre 1971.

[49] Id., lettre du Lieutenant-Colonel Gerlach au préfet, en date du 1er septembre 1971.

[50] Id., rapport du Service des Mines, en date du 3 février 1972.

[51] AD21, 1296 W 48, lettre de l’Inspecteur des Établissements classés au préfet, en date du 29 août 1974.

[52] AD21, 1296 W 47, lettre de G. Poix au préfet, en date du 13 décembre 1968.

[53] Le dossier MOREM aux archives départementales est malheureusement presque vide : AD21, 1296 W 48.

[54] Sur la mémoire des pollutions des déchets de guerre : Olivier Hilaire, Pollution des sols, déchets de guerre : une histoire environnementale, économique et anthropologique du désobusage (1914-2019), EHESS, thèse d’Histoire et Civilisations, 2024. Voir aussi la thèse en cours d’Hugo Doux, Une histoire de la pollution des sols en Loire-Atlantique : savoirs, pouvoirs et environnements (XIXe-XXIe siècle), Université de Nantes, thèse d’Épistémologie et d’Histoire des Sciences et des Techniques.

[55] Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières constitue à cet effet la base de données Géorisques : href="https://www.georisques.gouv.fr". Voir aussi Frédéric Ogé et Pierre Simon, Sites pollués en France, Enquête sur un scandale sanitaire, Paris, EJL, 2004.

[56] Gisèle Jourda, « Rapport sur les problèmes sanitaires et écologiques liés aux pollutions des sols qui ont accueilli des activités industrielles ou minières, et sur les politiques publiques et industrielles de réhabilitation de ces sols », rapport pour le Sénat, septembre 2020.

[57] Ulrich Beck, La société du risque : sur la voie d’une autre modernité, Paris, Aubier, 2002 (1986).

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Pour citer cet article :
Timothée Dhotel, « Sur la trace des violences environnementales. Un dépôt d’hydrocarbures entre conflits et pollutions (Plombières-les-Dijon, 1925-2008) », Revue TRANSVERSALES du LIR3S - 25 - mis en ligne le 24 septembre 2025, disponible sur :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/Transversales.html.
Auteur : Timothée Dhotel
Droits :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/Transversales/menus/credits_contacts.html
ISSN : 2273-1806