Laboratoire
Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
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Les violences et leurs traces
« Ça tombe comme à Gravelotte » : le genre au prisme des affrontements en Lorraine (juillet – septembre 1870)
Nina Viry
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références
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RÉSUMÉ

Longtemps considérée comme une guerre oubliée, la guerre de 1870 ne l’est pourtant pas. Jusqu’en 1914, elle a été le sujet de nombreuses publications. Des anciens combattants ont pris la plume pour raconter leur expérience du combat. Pendant la guerre, nombreux sont ceux qui ont tenu un journal, pris des notes quotidiennement pour garder une trace de ce moment extraordinaire.

Si la guerre est perçue comme un moyen de prouver sa virilité, la réalité des affrontements est tout autre. Les combats qui ont lieu en Lorraine, particulièrement violents et meurtriers, bousculent les normes genrées. Cet article propose d’étudier à partir d’archives du for privé les traces et stigmates physiques comme psychiques que les combats en Lorraine ont laissé sur les combattants français.

Haut de page MOTS-CLÉS

Mots-clés : Lorraine, France, xixe siècle, 1870, guerre franco-allemande, modèle militaro-viril, expériences combattantes
Index géographique : France, Lorraine
Index historique : xixe siècle
SOMMAIRE

I. Raconter la guerre, taire les stigmates ?
1) Les retours de guerre, un angle mort ?
2) L’écriture de soi, un accès à l’intime ?
3) La matérialité des archives
II. La stigmatisation des combattants
1) Les batailles lorraines : entre violences et horreurs
2) Les fatigues de la guerre
3) Les corps blessés
4) Les retours de guerre, un angle mort ?
III. La quête de la réhabilitation militaro-virile
1) Écrire pour mettre en scène un « moi » viril
2) Le rejet des fautes et des responsabilités
3) La quête de reconnaissance
Conclusion
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La guerre de 1870 demeure encore mal connue mais n’est plus un conflit oublié puisqu’à l’occasion de son 150e anniversaire, de nombreuses publications ont vu le jour dont certaines s’intéressent de près aux expériences combattantes[1]. Après des tensions diplomatiques au sujet de la vacance du trône d’Espagne, la guerre commence à l’été 1870. Le 15 juillet, les crédits militaires sont votés, le 17 la garde nationale mobile est appelée sous les drapeaux (environ 450 000 hommes[2]) auxquels s’ajoutent les réservistes et les soldats en congé. Deux jours après, la guerre est officiellement déclarée.

Les forces armées se concentrent autour du Rhin à la mi-juillet. La Prusse et ses alliés, notamment les pays de la Confédération de l’Allemagne du Nord, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg ainsi que le grand-duché de Bade, entrent rapidement sur le territoire français. Les premières batailles ont lieu dans le nord-est de la France au début du mois d’août. En Lorraine, les effectifs engagés et les pertes sont considérables[3]. Plusieurs villes sont assiégées, comme Metz (20 août - 28 octobre), Phalsbourg (10 août - 12 décembre) ou encore Toul (16 août - 23 septembre).

La guerre, par sa violence et son caractère extraordinaire, bouscule et impose la recomposition des identités et les normes de genre. Au xixe siècle, en Europe, l’institution militaire apparaît comme une école de la virilité. On parle alors de « modèle militaro-viril », défini comme l’« association des normes et valeurs du monde militaire à la notion de virilité, comprise au xixe siècle comme l’accomplissement des vertus masculines (force, énergie, courage) ou de certains comportements considérés comme relevant du masculin : brutalité, grivoiserie, sens de l’honneur[4]. ».

Ainsi, nous proposons d’analyser les traces et les stigmates que cette défaite humiliante a laissé sur les combattants français. Il s’agit d’interroger les expériences combattantes en « chaussant les lunettes du genre[5] ».

Pour cet article, nous avons décidé de nous appuyer sur des archives issues de fonds privés conservés au Service Historique de la Défense (SHD), aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle (AD 54), à l’Association pour le Patrimoine autobiographique et l’autobiographie (APA) ainsi qu’au musée de la guerre de 1870 et de l’Annexion situé à Gravelotte. Il s’agit d’un corpus de récits, de journaux intimes et de carnets de route écrits par quinze combattants. Ces derniers viennent d’horizons géographiques et sociaux variés. Le plus jeune, Antoine de Metz-Noblat a vingt ans en 1870 quand le plus âgé en a quarante. La majorité sont officiers subalternes[6].

I. Raconter la guerre, taire les stigmates ?

1) L’écriture de soi, un accès à l’intime ?

Le xixe siècle est considéré comme « l’âge d’or de l’intime[7] ». On voit alors une multiplication des pratiques d’écriture de soi, dont celle de tenir un journal. Cette activité est d’abord réservée aux jeunes, notamment aux jeunes filles [8] issues des classes sociales les plus aisées. Pourtant, il ne s’agit pas d’écrire l’intime puisque le journal est un outil de pédagogie et de contrôle.

En temps de guerre, les combattants se saisissent des différentes formes d’expression de soi. Après les guerres napoléoniennes, de nombreux vétérans ont écrit leurs mémoires, pour, rappelle Natalie Petiteau, dire ou tenter de dire la guerre et sa violence[9]. Les mémorialistes prennent la plume pour non seulement laisser une trace à l’attention de leurs enfants et descendants mais aussi pour participer à la construction de la légende napoléonienne[10].

La mémoire des guerres de la Révolution et de l’Empire survit jusqu’aux combattants de 1870. La manière dont ces hommes se représentent le champ de bataille en est un exemple. De plus, dès juillet 1870, on observe une résurgence de la rhétorique des levées d’hommes de 1792-1793. Lorsque les scripteurs apprennent que la guerre est déclarée ou au moment du départ, beaucoup observent que la Marseillaise, chant révolutionnaire interdit sous le Second Empire, retentit dans les rues.

Les écrits de soi en temps de guerre ont largement été étudiés pour les conflits suivants, en particulier ceux de la Grande Guerre[11], dans le cadre d’un renouvellement historiographique, notamment parce que l’écriture s’est démocratisée et que la population est plus instruite.

L’écriture de soi n’en reste pas moins une pratique sociale, régie par des codes et des normes sociales. Penser les écrits du for privé comme spontanés est une illusion, un piège à éviter[12]. Il ne s’agit pas tant pour les scripteurs d’exprimer l’intime que de le mettre en scène[13].

2) La matérialité des archives

Les archives en tant qu’objets sont des traces de la guerre. Ce sont des témoins de ce qui s’est produit. Les soldats ont choisi d’écrire parce que ce qu’ils vivent et observent les marque profondément. La typologie de ces écrits est très variée : journal intime, journal de bord, mémoires, souvenirs, récits, impressions. Ce sont autant de catégories qu’utilisent les scripteurs pour désigner leurs textes. Le temps et le contexte de production varient sensiblement. Alors que les journaux et les carnets de bord sont tenus quotidiennement (ou presque), les souvenirs, mémoires et autres impressions sont rédigés en captivité, la plupart du temps à partir de notes prises régulièrement pendant la campagne. Ces notes sont corrigées, complétées notamment par des extraits de déclarations officielles ou par des articles de presse. L’internement offre un large espace de temps libre et d’introspection, notamment pour les officiers qui vivent chez l’habitant ou à l’hôtel et qui sont relativement libres de leurs mouvements. Dans ces textes, on peut repérer des indices sur le contexte d’énonciation et de production. Ainsi, le lieutenant Ferdinand Bertin écrit à propos de la bataille de Gravelotte (18 août 1870) :

« Ah ! le cœur se serre au souvenir de ces cadavres et de [illisible], de ces figures crispées par la mort en décomposées [sic] par la douleur, de ces râles d’agonie, de ces gémissements plaintifs et de ces cris déchirants arrachés par la souffrance. Mais je dois l’avouer, au moment même de ces scènes lugubres mon émotion était moins vive qu’aujourd’hui quand je me les retrace[14]. ».

L’obligation de se replonger dans ses souvenirs pour écrire fait naître chez Ferdinand des émotions fortes et douloureuses.

Lorsque les évènements sont écrits a posteriori, se pose alors la question de la reconstruction du souvenir. Les scripteurs laissent cependant des indices qui assurent la fidélité des faits, en citant par exemple les dépêches ou les déclarations des officiers généraux ou en s’adressant directement au lecteur. Les scripteurs laissent cependant des indices qui assurent la fidélité des faits, en citant par exemple les dépêches et les déclarations des officiers généraux ou en s'adressant directement au lecteur. Ainsi, Jean-Pierre Servel, âgé de 26 ans et artilleur, écrit :

« Si quelque fois, je raconte ces tristes choses au pays natal, plusieurs de mes auditeurs ne voudront peut-être pas le croire, moi-même je le croirais à peine, ma mémoire me faisant déjà un peu défaut de ces choses ayant déjà vieilli. He bien croyez que c’est la pure et franche vérité et qu’au moment où je trace ces quelques lignes prisonnier de guerre, ici à Neisse en Silésie, je me rappelle de [sic] tout ce qui s’est passé comme si c’était hier que cela s’est passé[15]. »

Par ces quelques phrases, Jean-Pierre Servel noue un pacte autobiographique [16] avec son lecteur : malgré le temps qui passe et sa mémoire possiblement défaillante, tout ce qu’il écrit, promet-il, est véridique.

II. La stigmatisation des combattants

1) Les batailles lorraines : entre violences et horreurs

Les théâtres des opérations en Lorraine relèvent d’une violence inouïe et sont particulièrement meurtriers. La bataille de Borny (14 août) fait 8 514 victimes, celle de Rezonville (16 août) 32 749 et celle de Saint-Privat ou Gravelotte (18 août) 32 434 victimes. En tout, 73 679 combattants français et allemands ont été tués ou blessés en trois jours[17]. Elles sont d’autant plus violentes que la majorité des soldats français n’est pas préparée correctement et manque cruellement d’expérience. Les plus jeunes, ceux issus de la conscription, n’ont aucune ou presque aucune expérience militaire préalable. En effet, les membres de la garde nationale mobile créée par la loi Niel de 1868 devaient s’entrainer à raison de quinze jours par an. Dans les faits, peu d’hommes avaient reçu un entrainement[18]. Seuls les militaires de carrière qui ont mené d’autres campagnes, comme la guerre de Crimée (1853-1856) ou l’expédition au Mexique (1861-1867), connaissent mieux la réalité du terrain et celle de la vie militaire. Dans le corpus d’archives étudiées pour cet article, seuls deux combattants avaient déjà une expérience militaire. Claude Lombard, militaire de carrière, est allé en Afrique. Ferdinand Bertin a fait partie du corps expéditionnaire de Rome.

Les scripteurs décrivent les affrontements dont ils sont acteurs ou simples spectateurs. Des champs lexicaux sont récurrents si bien qu’ils deviennent des topoï. Ainsi, le lieutenant Ferdinand Bertin parle de « l’ouragan de fer[19] », de la « grêle de plomb[20] » qui tombent sur lui et ses camarades à Gravelotte. Le capitaine de cavalerie Devarenne raconte également que la « mitraille tombait dru[21] ». À Toul, Antoine de Metz-Noblat parle d’une « grêle de projectiles[22] ». Spectateur de la bataille de Borny, Louis Ferch, sergent-fourrier au 75e régiment de ligne, la décrit comme une « sanglante bataille[23] ». Sur le terrain, le sang est versé « à torrent[24] ». Les métaphores de la pluie et surtout de l’orage, ainsi que du fleuve de sang sont des motifs récurrents dans les récits et deviennent des codes narratifs qui permettent d’ordonner une réalité particulièrement difficile.

2) Les fatigues de la guerre

Les combattants français sont, pour la plupart, peu habitués aux nouveaux rythmes qu’impose une vie en campagne. S’y accoutumer n’a rien d’évident et les récits en rendent régulièrement compte. Les premiers affrontements se déroulent pendant l’été, en pleine canicule. Les soldats sont harassés par la chaleur, la soif et la faim. Louis Ferch décrit par exemple son petit-déjeuner du 15 août : un café et une soupe à base d’eau de la Moselle[25]. Henri-Marie Bonnet explique qu’avant la bataille de Rezonville, les combattants français n’ont rien mangé[26]. Ce jeûne forcé est également raconté par le capitaine Devarenne. Avant la bataille du 18 août, selon lui, « tout le monde [était] à jeun depuis 24h ou 35h[27] ». Pour ceux qui vivent dans les villes assiégées, comme Antoine de Metz-Noblat, la famine se fait également sentir[28].

Les scripteurs témoignent par ailleurs de leur fatigue : les conditions de campement sont loin d’être idéales. Beaucoup, à l’image de Louis Ferch, racontent qu’après la bataille de Rezonville, les soldats dorment sur le champ de bataille sans manger ni boire. Là où quelques heures seulement auparavant ils ont affronté les troupes ennemies. Ils dorment donc au milieu des corps, des blessés, des armes et autres munitions abandonnées, au milieu du sang et des traces laissés par les combats.

Notons que les soldats ayant déjà une expérience de l’activité militaire, Ferdinand Bertin et Claude Lombard, n’évoquent pas ces difficultés et ces souffrances. Sans doute, étaient-ils mieux préparés et plus conscients de ce qu’exige une entrée en campagne.

La guerre force des hommes, peu habitués, à intégrer de nouveaux rythmes ainsi qu’une nouvelle discipline. L’institution militaire attend également un travail physique, corporel, à l’instar du drill[29], du pas gymnastique ou de l’apprentissage de positions réglementaires. Ce « dressage » des corps [30] brutal n’a rien de naturel. L’historien Stéphane Audoin-Rouzeau explique que c’est au début du xxe siècle, avec la généralisation du service militaire devenu obligatoire que cette nouvelle culture somatique engendre une souffrance physique[31]. Il nous semble pourtant que cette souffrance existe déjà en 1870, bien qu’elle ne fut réservée qu’à une minorité de la classe d’âge qui effectuait un véritable service militaire. De nouvelles techniques du corps, pour reprendre les mots de Marcel Mauss[32], sont imposées au début du conflit à des hommes peu habitués.

3) Des corps blessés

La guerre voit les effets des progrès techniques en matière d’armement : fusil Chassepot, fusil Dreyse, canon Krupp. L’artillerie est devenue plus précise, plus rapide. La conséquence directe sur le champ de bataille est l’accroissement du nombre de blessés et de morts[33].

Pierre Massaloux, soldat du rang au 80e régiment de ligne alors âgé de 21 ans, raconte avoir été blessé par une balle au sommet de la tête pendant la bataille de Gravelotte. Le sang, écrit-il, ruisselle alors de ses tempes[34]. Le même jour, Ferdinand Bertin qui sert au 29e régiment d’infanterie est blessé au niveau de l’aine gauche par une balle. Il décrit alors sa blessure comme une « bouillie de chair et de sang[35] ». Un éclat d’obus effleure Antoine de Metz-Noblat au niveau du cou pendant le bombardement de Toul[36].

Les fatigues physiques et morales évoquées ici facilitent les blessures physiques. Les soldats, épuisés physiquement, sont moins alertes et donc plus vulnérables. Avec les difficultés liées à la guerre, les corps changent. Les maladies, comme la petite vérole, laissent des traces physiques durables sur les corps. Elles sont parfois visibles quand elles sont sur les visages. Les blessures par armes (blanches ou à feu) laissent des séquelles apparentes[37]. Les corps peuvent être abimés : amputation ou défiguration. À ce titre, les travaux des chirurgiens-dentistes après le conflit permettent d’entrevoir les dégâts causés par l’artillerie. La photographie qui suit montre le visage de Louis, âgé de 27 ans, soldat au 97e régiment de ligne. Blessé lors de la bataille de Gravelotte, il a perdu son nez et l’œil gauche. Le maxillaire supérieur gauche a été fracturé. Le choc et la blessure, nous apprennent les notes du chirurgien-dentiste, ont causé une cécité temporaire ainsi qu’un trouble de la mastication[38]. Ce cliché date d’août 1871, lorsque Louis est admis à l’hôpital du Val de Grâce afin de subir une chirurgie reconstructrice.

fig.1 Photographie de Louis L. blessé à Gravelotte. Album de vingt photographies sur papier albuminé, dont douze représentant des blessés de la guerre de 1870 avant et après restauration de la face, Charles DELALAIN, 1872, CISA 1190.
fig.1 Photographie de Louis L. blessé à Gravelotte. Album de vingt photographies sur papier albuminé, dont douze représentant des blessés de la guerre de 1870 avant et après restauration de la face, Charles DELALAIN, 1872, CISA 1190.
©Bibliothèque interuniversitaire de santé, Paris.

La violence observée et vécue marque les combattants dans leur chair et dans leur esprit. La difficulté de se conformer aux attentes corporelles et comportementales de l’institution militaire met à mal les normes de genre et remet en cause le modèle militaro-viril.

4) Les retours de guerre, un angle mort ?

Pour un certain nombre d’hommes appelés sous les drapeaux en juillet, la guerre prend vite fin : après la capitulation de Napoléon III à Sedan le 2 septembre ou après la capitulation de l’armée enfermée à Metz le 28 octobre. Ces combattants sont alors envoyés en captivité en Prusse. La date de leur retour varie considérablement : certains reçoivent l’ordre de quitter l’Allemagne pour participer à la répression de la Commune tandis que d’autres rentrent plus tardivement, mais directement chez eux.

À l’échelle individuelle, le retour et les conséquences du conflit sont difficiles, voire impossibles à cerner à partir des ego-documents. Cela s’explique par la nature de ces écrits. La guerre franco-allemande, par son caractère extraordinaire et inattendu[39], force des combattants à écrire, que ce soit pour maintenir le lien avec la famille (entendue au sens large) restée à l’arrière dans le cas des correspondances ou pour garder un souvenir de cette expérience inhabituelle. Ainsi, nombreux sont ceux qui n’auraient jamais laissé de trace s’ils n’avaient pas été appelés sous les drapeaux. En effet, même si la culture de l’écrit se diffuse dans toute la société au cours du siècle[40], la pratique de l’écriture de soi demeure une pratique sociale réservée aux classes sociales aisées et bourgeoises.

Les écrits des soldats commencent donc avec le début de la guerre, soit au moment de la déclaration de guerre, soit au moment de leur propre départ. Les correspondances, souvenirs, journaux et autres carnets s’achèvent en général lorsque l’ordre de retour est donné ou lorsque les scripteurs sont tués.

III. La quête de la réhabilitation militaro-virile

1) Écrire pour mettre en scène un « moi » viril

Plusieurs éléments contribuent à la mise en scène d’une virilité guerrière et individuelle. Tout d’abord, le thème de la furia francese[41], une image stéréotypée de l’identité militaire provenant des guerres d’Italie de la Renaissance, revient régulièrement si bien qu’il devient un lieu commun pour célébrer le courage et la rage de vaincre des Français. Ceux-ci, même s’ils ont été défaits, sont demeurés fiers et forts, vaillants dans l’adversité. Pierre Massaloux parle, par exemple, du « sang français qui bouillonnait dans les veines[42] ». Pour décrire la charge de ses hommes pendant la bataille de Gravelotte, Ferdinand Bertin parle de « furie de francesse [sic] » et d’« élan national[43]. »

Il existe, malgré les blessures décrites précédemment, une surprenante dureté au mal. Les scripteurs ne font que rarement état de leur souffrance. Ils résistent aux plaintes et aux gémissements. Par exemple, blessé à la tête, Pierre Massaloux s’évanouit un bref instant. Lorsqu’il revient à lui, il se reprend et se relève comme « un taureau agacé par son toréador[44] » et s’élance baïonnette à la main sur l’ennemi[45]. Le 23 septembre 1870, Antoine de Metz-Noblat, sous-lieutenant de la garde nationale mobile de la Meurthe, est touché au cou par un éclat d’obus pendant le siège de Toul. Il décrit un « choc violent comparable à un coup de bâton[46] ». S’il ne parle pas de ce qu’il a ressenti, ni du choc ni de la douleur, il est conscient d’avoir échappé de peu à la mort. Néanmoins, il existe une différence considérable entre ce que les scripteurs racontent a posteriori et ce qu’ils ont vécu au moment des faits. Ainsi, Ferdinand Bertin est blessé à l’aine gauche par une balle pendant la bataille de Gravelotte. Il raconte alors : « Je n’ai pas achevé qu’un choc, que j’ai senti formidable, m’ébranle tout le corps. Une immense douleur m’envahit ma vue se trouble, je m’affaisse en mains sur ma blessure et en murmurant : “je suis blessé”[47] ». Un peu plus loin dans son récit, il explique que malgré la souffrance, il retient ses plaintes[48]. Si lui se tait, ce n’est pas le cas des soldats blessés autour de lui. Gisant à ses côtés sur le champ de bataille, un homme blessé déclare : « Je souffre trop » et ajoute qu’il attend la mort avec impatience[49]. Autour d’eux, et plus tard lorsqu’il est pris en charge dans une ambulance allemande, les gémissements des blessés se font entendre[50]. La douleur n’est pas systématiquement cachée : celle des autres est communément admise quand celle des scripteurs est moins assumée et quand elle l’est, c’est surtout au moment de l’écriture. Cette résistance et cette répugnance à admettre la douleur révèlent une volonté d’embrasser l’ethos guerrier en adoptant une attitude virile.

Par ailleurs, ce sont rarement les scripteurs eux-mêmes qui ont peur. Le courage ou l’absence de peur, est une caractéristique masculine par excellence. Ne pas avoir peur, affronter le danger, braver les interdits au péril de sa vie, telles sont les valeurs considérées viriles[51]. La peur est l’apanage des autres, notamment des plus jeunes et des moins inexpérimentés, ce qui permet aux scripteurs de se démarquer. Ils conservent leur sang-froid en tout occasion, même quand ils échappent de peu à la mort. S’ils expriment leur peur, c’est lorsqu’ils sont fondus dans le groupe. Ils n’admettent leur peur que lorsqu’elle est collective. Il existe une division entre les scripteurs et les autres soldats, mais une séparation genrée émerge. Claude Lombard explique que dans les lettres qu’il écrit à sa femme, Annette, il l’invite à reprendre courage[52]. Ce faisant, il rétablit une partition genrée du travail émotionnel[53] : l’homme se montre brave et vaillant, tait ses émotions et réconforte son épouse qui, elle, considérée comme plus fragile, cède à l’inquiétude.

Ici, ce n’est pas tant la réalité de ce qui est raconté qui importe. Les scripteurs ont-ils fait preuve de plus courage que leurs camarades ? Ferdinand Bertin ne s’est-il jamais plaint de sa douleur à l’aine comme il le prétend ? Il est parfois difficile, voire impossible de s’assurer de la véracité des propos des scripteurs. Cependant, il nous semble que ce qui importe ici c’est la façon dont les soldats, perçoivent et racontent la réalité, ce sont les choix narratifs qu’ils opèrent[54]. Malgré les faiblesses physiques auxquelles ils sont confrontés, en se présentant ainsi, ils deviennent des hommes courageux, virils, qui correspondent au modèle militaro-viril, promu par l’institution militaire. C’est une véritable mise en scène du genre qui s’opère au début de la guerre.

2) Le rejet des fautes et des responsabilités

Lorsqu’ils sont témoins des défaites et des capitulations, les scripteurs se demandent sur quelles épaules les responsabilités des défaites reposent. De manière générale, la faute est imputable aux chefs de l’armée. L’exemple le plus parlant est la figure de François-Achille Bazaine[55]. Le maréchal de France a pris de mauvaises décisions dès le mois d’août, et ce, contre l’avis de son entourage. Par exemple, après la bataille du 16 août, deux options s’offrent à Bazaine : profiter de l’avantage numérique et du bon moral des Français et ne pas laisser de répit aux troupes prussiennes ou se replier à Verdun puis Châlons pour reconstituer une grande armée française. Le maréchal donne l’ordre de se replier vers Metz en prétextant un manque de vivres et de munitions. Ce faisant, il donne le temps à l’ennemi de recevoir des renforts et coupe l’armée du Rhin du reste de l’armée française. Ainsi Pierre Massaloux considère que la retraite ordonnée par Bazaine préfigure sa trahison de Metz[56]. Claude Lombard critique également Bazaine en lui attribuant des défauts : sans aucune opinion politique et ne s’intéressant qu’à l’argent[57]. Devarenne, lui, fustige l’organisation de l’armée et notamment la dernière réforme militaire de 1868. En faisant porter la responsabilité de la défaite sur Bazaine et plus largement sur le commandement, les soldats rejettent la honte et l’humiliation sur d’autres et tentent ainsi de conserver leur honneur et leur ethos guerrier. S’ils ont perdu, ce n’est pas par manque de bravoure ou de sang-froid. Grâce à cette dimension auto-justificatrice, la défaite humiliante devient alors une « défaite glorieuse[58] ».

3) La quête de reconnaissance

Ayant participé à des batailles sanglantes, les combattants espèrent être décorés, ce qui marquerait la reconnaissance de la société envers eux, et envers leur courage et leurs sacrifices. Ils sont conscients que s’ils agissent exceptionnellement, ils peuvent espérer une médaille. L’exemple le plus marquant de cet espoir, c’est celui de Pierre Massaloux. Pendant la bataille de Gravelotte, il est amené à sauver son lieutenant blessé, alors qu’il est lui-même blessé par un coup de baïonnette. Cependant, il raconte que : « vif et vaillant sous les armes, je ne perdis pas courage, bondissant sur mon adversaire, je lui logea [sic] une balle dans la poitrine […] lui fit sauter le crâne d’un coup de crosse ». Il parvient à s’en sortir et sauve le lieutenant blessé. Toutefois ce dernier meurt dans la nuit et Pierre en pleure d’amertume car, explique-t-il, « c’est aussi la mort de [sa] médaille militaire[59] ». Ces larmes traduisent bien une crainte de ne pas être reconnu, de ne pas être distingué parmi les autres.

Parmi les scripteurs étudiés pour cet article, deux reçoivent la Légion d’Honneur. Bertin devient Chevalier de la Légion d’Honneur le 9 septembre 1870 pour blessures et actions d’éclat pendant la bataille de Gravelotte[60]. Antoine de Metz-Noblat, lui, est fait Chevalier en 1906, à la suite du décret du 7 février 1906[61].

Les anciens combattants aspirent à une reconnaissance officielle à l’échelle nationale et demandent l’obtention d’une médaille. Sous l’insistance des vétérans regroupés en associations, une médaille commémorative de la campagne de 1870 est créée par une loi de 1911[62], soit quarante ans après les faits. Cette décoration fait donc partie de « l’économie morale de la reconnaissance[63] » que la société a mis en place tardivement.

Conclusion

Les premières semaines de la campagne, largement plus meurtrières que par la suite, bousculent les combattants qui, pour beaucoup, ne sont pas bien préparés aux affrontements. La guerre atteint les corps, les blesse et les affaiblit, parfois durablement. Le traumatisme émotionnel du champ de bataille n’a été que peu abordé ici : il s’agit d’un angle mort. Les récits des combattants comme ceux des soignants s’attardent surtout sur les corps blessés plutôt que sur la psyché. Cela ne signifie pas pour autant que les anciens combattants n’ont pas de traumatismes psychologiques. On peut alors chercher des indices et tenter de lire entre les lignes. L’emploi de champs lexicaux métaphoriques pour décrire la mobilisation des sens en est sans doute un exemple. La suite des récits décrit parfois un état nostalgique, considérée comme une pathologie potentiellement mortelle[64].

Les premières batailles laissent d’autres traces indélébiles. L’humiliation se joue à l’échelle individuelle : de nombreux soldats sont faits prisonniers et sont envoyés en Allemagne, parfois sans avoir tiré une seule balle. La honte est mise en scène par les vainqueurs : après la capitulation de Metz, les assiégés doivent déposer leurs armes et défiler devant les Messins et les Messines. L’éthos viril des combattants est alors mis à mal. Mais le déshonneur se joue aussi à l’échelle collective : le territoire français est occupé jusqu’en 1873 et l’Alsace ainsi que la Moselle deviennent Terre d’Empire.

Après la guerre, une réflexion collective et politique est menée en France sur les raisons qui ont conduit à la défaite. On parle alors de « dégénérescence morale de la race[65] ». Pour lutter contre cela, les pouvoirs publics ont alors décidé de prendre modèle sur la Prusse : le système éducatif et le système militaire. En 1872, un service militaire obligatoire et personnel est mis en place. Il s’affirme comme un rite de passage généralisé qui fait du garçon un homme adulte[66]. Le gouvernement s’est également tourné vers les conquêtes coloniales[67].

Haut de page AUTEUR

Nina Viry,
LIR3S, UMR 7366 UBE/CNRS, (sous la direction d’Odile Roynette)

Haut de page NOTES



[1] Je pense notamment à Pierre Allorant, Jean Garrigues, Walter Badier, 1870, entre mémoires régionales et oubli national. Se souvenir de la guerre franco-prussienne, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2019 ; Mareike König, Odile Roynette [dir.], Relire les expériences de guerre franco-allemandes (1870-1871), Revue d’histoire du XIXe siècle, 2020, 1, p. 60.

[2] Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France dans la guerre, Paris, Armand Colin, 1989, p. 78-79.

[3] François Roth, La guerre de 70, Paris, Fayard, 1990, p. 88.

[4] Mathieu Marly, « L’armée rend-elle viril ? Réflexion sur le “modèle militaro-viril” à la fin du xixe siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2018, 47, p. 231. Sur ce sujet, voir les travaux plus anciens d’Anne-Marie Sohn, notamment Anne-Marie Sohn, « Sois-un homme ! ». La construction de la masculinité au XIXe siècle, Paris, Le Seuil, 2009 ; Anne-Marie Sohn [dir.], Une histoire sans les hommes est-elle possible ? Genre et masculinité, Lyon, ENS Éditions, 2014.

[5] Isabelle Clair, Sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2012, p. 7.

[6] Deux scripteurs sont sous-lieutenants, deux sont lieutenants (dont un qui est nommé capitaine au cours de la campagne) et quatre sont capitaines.

[7] Brigitte Diaz, José-Luis Diaz, « Le siècle de l’intime », dans Anne Coudreuse, Françoise Simonet-Tenant [dir.], Pour une histoire de l’intime et de ses variations, Paris, L’Harmattan, 2009, p. 117-146.

[8] Sur ce sujet, voir Philippe Lejeune, Le Moi des demoiselles. Enquête sur le journal de jeune fille, Paris, Éditions du Seuil, 1993.

[9] Natalie Petiteau, Lendemains d’Empire. Les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle, Paris, Les Indes Savantes, p. 129.

[10] Ibid.

[11] Je pense notamment à Clémentine Vidal-Naquet, Couples dans la Grande Guerre : le tragique et l’ordinaire du lien conjugal, Paris, Belles Lettres, 2014 et Correspondances conjugales 1914-1918. Dans l’intimité de la Grande Guerre, Paris, Robert Laffont, 2014.

[12] Cécile Dauphin, « Les correspondances comme objet historique. Un travail sur les sources », Sociétés et Représentations, 13, 2002, p. 43-50.

[13] Idem.

[14] Musée de la guerre de 1870 et de l’Annexion (MGA), MG.211.254, carnet L, Ferdinand Bertin, La campagne. Un peu de tout (notes intimes), s.d., p. 27-28.

[15] Association pour l’Autobiographie et le Patrimoine Autobiographique (APA), APA 2020.00, Jean-Pierre Servel, Mes pauvres et tristes mémoires de la guerre 70, p. 22.

[16] Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, Paris, Éditions du Seuil, 1975.

[17] François Roth, op. cit., p. 92.

[18] Stéphane Audoin-Rouzeau, op. cit., p. 78-79.

[19] MGA, MG.211.254, carnet L, Ferdinand Bertin, op. cit., p. 11.

[20] Ibid, p. 27.

[21] MGA, MG.2010.10.1, Devarenne, Journal quotidien du blocus de Metz, s.d.

[22] AD 54, Fonds de Metz Noblat, Antoine de Metz-Noblat, op. cit., p. 134.

[23] MGA, MG.1999.17.45, Louis Ferch, Souvenirs de Posen, s.d.

[24] MGA, MG. 2011.10.1, Pierre Massaloux, Souvenirs de la guerre de 1870, s.d., p. 7-9.

[26] MGA, MG.209.555, Henri-Marie Bonnet, Mémoire de la campagne 1870-71, s.d.

[27] MGA, MG.2010.10.1, Devarenne, op. cit.

[28] AD 54, Fonds de Metz-Noblat, Antoine de Metz-Noblat, op. cit., p. 75-79.

[29] Il s’agit d’un entraînement rigoureux des hommes aux manœuvres collectives pour automatiser les gestes.

[30] Odile Roynette, « La fabrique des soldats » dans Bruno Cabanes [dir], Une histoire de la guerre. Du xixe siècle à nos jours, Paris, Éditions du Seuil, p. 262.

[31] Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre : une anthropologie historique de la guerre moderne, xixe-xxie siècle, Paris, Éditions du Seuil, 2008, p. 283-284.

[32] Marcel Mauss, « Les Techniques du corps », Journal de Psychologie, 32, 1936.

[33] Sur les armes de plus en plus vulnérante, voir Vincent Laforge, Effets vulnérants des armes à feu réglementaires. Sept siècles de balistique lésionnelle, Aix-en-Provence, thèse de doctorat d’histoire, 2018.

[34] MGA, MG.2011.10, Pierre Massaloux, op.cit., p. 13.

[35] MGA, MG.211.524, carnet M, Ferdinand Bertin, op. cit., p. 1.

[36] AD 54, Fonds de Metz-Noblat, Antoine de Metz-Noblat, op. cit., p. 185.

[37] Sur ce sujet, voir Stéphane Audoin-Rouzeau, « Massacres. Le corps et la guerre », Alain Corbin, Jean-Jacques Courtines, Georges Vigarello [dir], Histoire du corps. Les mutations du regard. Le XXe siècle, tome 3, Paris, Éditions du Seuil, p. 281-320.

[38] Charles Delalain, Album de quinze photographies sur papier albuminé, dont dix représentant des blessés de la guerre de 1870 avant et après restauration de la face, 1872, Bibliothèque interuniversitaire parisienne santé, Paris, p. 30.

[39] Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870. La France..., op. cit., p. 51.

[41] Sur ce sujet, voir Hervé Drévillon et Olivier Wieviorka [dir.], Histoire militaire de la France, Paris, Éditions Perrin, ministère des Armées, 2021.

[42] MGA, MG.2011.10.1, Pierre Massaloux, op. cit., p. 3.

[43] MGA, MG.221.254, carnet L, Ferdinand Bertin, op. cit., p. 16.

[45] Ibid.

[46] AD 54, Fonds de Metz Noblat, Antoine de Metz-Noblat, op. cit., p. 185

[47] MGA, MG.221.254, carnet L, Ferdinand Bertin, op. cit., p. 32.

[48] MGA, MG.221.254, carnet M, Ferdinand Bertin, op. cit., p. 1.

[49] Ibid.

[50] MGA, MG.221.254, carnet M, Ferdinand Bertin, op. cit., p. 5, et carnet N, p. 6.

[51] Alain Corbin, « Introduction » dans Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello [dir.], Histoire de la virilité. Le triomphe de la virilité. Le XIXe siècle, t. 2, Paris, Seuil, 2011, p. 7.

[52] Service historique de la Défense, GR 1 K 32, sans titre, Claude Lombard, p. 4.

[53] Clémentine Vidal-Naquet, « Écrire ses émotions. Le lien conjugal dans la Grande Guerre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2018, 1, 47, p. 134.

[54] Corinne Krouck, « Stratégie d’écritures et représentations de la guerre. L’exemple des combattants de 1870 », Sociétés et Représentations, 2002, 1, 13, p. 177.

[55] François-Achille Bazaine (1811-1888) a une longue carrière militaire. Il a combattu en Algérie, en Espagne, a participé à la guerre de Crimée, s’est emparé de Solférino en juin 1859 et est envoyé au Mexique en tant que chef du corps expéditionnaire français. Malgré la chute de l’empire et la proclamation de la République, Bazaine renouvelle sa loyauté à l’empereur. Il ordonne le retranchement de l’armée du Rhin dans Metz en septembre 1870. La ville est assiégée jusqu’à ce que Bazaine signe la capitulation le 28 octobre. Il est traduit en justice devant un conseil de guerre en 1873 qui le condamne à mort et à la dégradation militaire. Le Président de la République Mac-Mahon commue cette peine en vingt ans de réclusion. Cependant Bazaine parvient à s’évader en 1874 et s’exile à Madrid où il meurt.

[56] MGA, MG.2011.10.1, Pierre Massaloux, op. cit., p. 8.

[57] SHD, GR 1 K 32, op. cit., p. 95.

[58] Jean-Marc Largeaud, Napoléon et Waterloo : la défaite glorieuse de 1815 à nos jours, Paris, la boutique de l’histoire, 2006.

[59] MGA, MG.2011.10.1, Pierre Massaloux, op. cit., p. 22.

[60] Archives nationales, LH/214/17, dossier « BERTIN Ferdinand Albert ».

[61] AN, LH//1850/15, dossier « METZ-NOBLAT DE Alexandre Marie Antoine » et Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 8 février 1906, p. 861.

[62] Bénédicte Graille, « Gloria Victis : Vétérans de la guerre de 1870-1871 et reconnaissance nationale », Revue d’histoire du XIXe siècle, 2005, 30, p. 4.

[63] Bruno Cabanes, « Le retour du soldat au XXe siècle », Revue historique des armées, 245, 2006, p. 6.

[64] Thomas Dodman, Nostalgie. Histoire d’une émotion mortelle, Paris Seuil, 2022.

[66] Odile Roynette, « Bon pour le service ». L’expérience de la caserne en France à la fin du xixe siècle, Paris, Belin, 2000.

[67] Jean-Jacques Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, La France, la nation, la guerre : 1850-1920, Paris, Sedes, 1995.

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Pour citer cet article :
Nina Viry, « Ça tombe comme à Gravelotte » : le genre au prisme des affrontements en Lorraine (juillet  - septembre 1870) », Revue TRANSVERSALES du LIR3S - 25 - mis en ligne le 24 septembre 2025, disponible sur :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/Transversales.html.
Auteur : Nina Viry
Droits :
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ISSN : 2273-1806