Les contributions issues de ce séminaire ont tenté d'interroger, sur la longue durée de l'époque moderne et contemporaine, les formes de l'action collective et les types de représentations qu'appellent le vandalisme et les figures du vandale. À la suite de l’abbé Grégoire, inventeur du néologisme, qui prétendit avoir créé « le mot pour tuer la chose », le « vandalisme » a longtemps suscité deux attitudes antagonistes mais symétriques : l’exclusive déploration des destructions ou, a contrario, leur dénégation. Mais les historiens et les historiens de l’art ont dépassé ces lectures simplistes pour porter la question du vandalisme au crédit du processus contemporain de patrimonialisation de l’œuvre d’art.
À travers l'exploration large de ce concept de « vandalisme », de ses usages dans divers univers sociaux et intellectuels, de ses évolutions sémantiques depuis l'époque moderne, il s'est donc agi d'élucider un ensemble de pratiques et de discours en lien étroit avec une réflexion sur les savoirs et les usages, les normes et les sensibilités qui sont au cœur de ce projet.
Interroger le vandalisme dans sa diversité implique en effet d'étudier les normes et les seuils de tolérance – les types de violences tolérées –, mais aussi la diversité des pratiques sociales et la multiplicité des gestes et des signes déployés durant ces moments de violence ou de destruction. Le séminaire vise à aller au-delà de la déploration rituelle pour saisir ce qui s'élabore, s'invente et se construit à travers les moments de désordres et de conflits.