Laboratoire
Interdisciplinaire de
Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB
Transversales
LA REVUE
NUMÉROS
Imprimer Credits Plan du site Contact Imprimer

L’engagement : I - L’engagement naît-il à travers le politique ?
Introduction
Vincent Chambarlhac
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références
Haut de page

RÉSUMÉ

Haut de page MOTS-CLÉS

SOMMAIRE

Haut de page TEXTE
 

Introduction 

La journée d’étude pose la naissance de l’engagement par le politique. Soit. Plutôt que de décliner un long état de l’art je voudrai, partant de ma pratique de l’histoire culturelle, interroger brièvement cette thématique en regard de l’illustration choisie, cette étude de Thomas Couture, Un père et son fils ou engagé volontaire et son père (1848-1850).

L’étude est préparatoire à un grand tableau, l’Enrôlement des volontaires de 1792, jamais fini. En tension, une part de ses caractéristiques interroge les prémisses de cette journée. En voici quelques-uns :

• Le titre implique une filiation – un père et son fils – on pourrait ainsi escompter que l’engagement serait une affaire de famille, nonobstant qu’il y a là une filiation inversée, le père accompagne le fils, engagé volontaire. C’est une verticalité inversée que l’on lit dans le titre, l’engagement inversant les polarités biologiques et / ou testimoniales, plaçant dans l’horizon de la patrie en danger le fils devant le père. Cette verticalité, des formes plus contemporaines l’abolissent au profit de l’horizontalité (mouvement des Gilets Jaunes). Dans les deux cas, la citoyenneté implique l’engagement, et l’on peut aussi questionner l’implicite de cette journée, celui du politique par qui advient l’engagement, et supposer que par l’engagement advient le politique. Et qu’en ceci, j’y reviendrai, le politique se définirait comme une rupture dans l’ordinaire des choses.

• Somme toute dans l’étude du peintre l’engagement composerait avec le social (la famille) autant que le politique, il serait ainsi question de cadres de socialisation que d’aucuns évoqueront, mais aussi du prix individuel de l’engagement volontaire, ici dans l’effervescence de la patrie en danger. Si l’étude suppose l’engagement du fils, elle ne dit rien exactement (jusque dans sa représentation) du père devant l’engagement. Est-il à l’écart ? désengagé et / ou spectateur, sorti de l’engagement éprouvé par des luttes passées ? Quelles conceptions, représentations, se fait-il de l’engagement du fils ?

• À ce point, et pour conclure ces courtes questions introductives, c’est l’AAC que vous formulez, dans lequel certains se sont reconnus et proposent une communication, que questionne l’étude de Couture. Si, comme l’écrit Jean-Marc Glénat, que vous citez, l’engagement c’est le pouvoir de dire oui ou non, soit somme toute de prendre position, y-a-t-il un non, un oui, dans cette étude de Couture où l’on enrôle des volontaires ? Sur quelle(s) motivation(s) reposerai(en)t cet enrôlement et quid du père, et de sa place encombrante dans l’ordre des choix, des motivations, du fils ? Poursuivant la lecture de l’AAC, j’aperçois une réponse (qu’il faudrait évidemment explorer) : « l’engagement implique également de s’opposer, de lutter contre un fonctionnement, un système, un État, une institution. C’est ici que la question au cœur de notre journée d’étude prend tout son sens : l’engagement relève-t-il d’une question éminemment politique ? » Si l’on entend bien la mise en gage de l’enrôlement volontaire, celle possiblement de se faire trouer la peau, est-on là en présence d’une question éminemment politique ? Le politique que vous substantivez dans le titre, que vous adjectivez ici, on peine à en saisir les contours. Pour s’en emparer, à ma manière, je reviendrai à la fin du xxe siècle au moment où l’histoire politique (du contemporain) découvre le politique pour se saisir de la politique (étroitement associée auparavant au jeu électoral et à l’étude des régimes). Et l’on pourrait ainsi, paraphrasant le Jacques Rancière des Dix thèses sur la politique considérer que c’est la relation politique qui permet de penser l’engagement[1]. Somme toute l’engagement ne nait pas à travers le politique, il n’en est que le travail, la maïeutique. On le nommera ainsi comme « le politique ». C’est là tout l’intérêt du choix de l’illustration qui en soi compose dialectiquement avec le propos de la journée.

Haut de page AUTEUR

Vincent Chambarlhac, maître de conférences en histoire,
LIR3S Laboratoire interdisciplinaire de Recherche “Société, Sensibilités, Soin”, UMR 7366 uB/CNRS

Haut de page NOTES



[1] Thèse 1. La politique n’est pas l’exercice du pouvoir. La politique doit être définie par elle-même, comme un mode d’agir spécifique mis en acte par un sujet propre et relevant d’une rationalité propre. C’est la relation politique qui permet de penser le sujet politique et non l’inverse. Dans Jacques Rancière, Aux bords du politique, Paris, Folio essais, 2004, p. 255.

Haut de page RÉFÉRENCES

Pour citer cet article :
Vincent Chambarlhac, « Introduction à la journée d'étude : L’engagement naît-il à travers le politique ? », Revue TRANSVERSALES du LIR3S - 23 - mis en ligne le 22 mai 2024, disponible sur :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/Transversales.html.
Auteur : Vincent Chambarlhac
Droits :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/Transversales/menus/credits_contacts.html
ISSN : 2273-1806