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L’engagement : I - L’engagement naît-il à travers le politique ?
Des parlementaires dans la tourmente. L’engagement intellectuel et symbolique des autorités franc-comtoises pendant la guerre de Dix Ans
Theodora Jordan-Mazzoleni
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références
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RÉSUMÉ

Au début du xviie siècle, le continent européen est le théâtre de rivalités dynastiques, religieuses et politiques. L’épisode franc-comtois de ces conflits, connu sous le nom de guerre de Dix Ans, voit s’affronter des conceptions antagonistes de la gouvernance. La Franche-Comté n’est pas exempte de la vaste opération de communication, orale, écrite et iconographique, mise en place par les autorités civiles et religieuses. À la guerre armée se superpose en effet la guerre des discours. Cet article se propose d’étudier la production littéraire des élites urbaines franc-comtoises engagées dans la défense de la Province, autrement dit : la propagande du pouvoir provincial, incarné par les parlementaires, contre les prétentions françaises. Les œuvres étudiées, chroniques contemporaines des faits qu’elles évoquent, commentent et interprètent, sont considérées par leurs auteurs comme des ouvrages de défense d’une Province assiégée. Dénonçant la violation des « lois divines et humaines » par les armées françaises et leurs alliés, ainsi que l’inhumanité et l’irréligion de leurs ennemis, les parlementaires comtois cherchent à rassembler les populations autour de l’éloge de valeurs communes, la foi catholique et la fidélité au souverain habsbourgeois. Mais les auteurs défendent également leurs intérêts propres, de « classe » ou individuels, par la justification de leurs décisions et la célébration de « libertés » de plus en plus contestées.

Haut de page MOTS-CLÉS

Mots-clés : guerre de Dix Ans, propagande, élites urbaines, Parlement, identité, cohésion sociale
Index géographique : France, Franche-Comté
Index historique : xviie siècle
SOMMAIRE

I. « Le petit David contre le géant Goliath »
II. « Au mespris de toutes les loix divines et humaines »
III. « Le roy doit aux sujets la garde et la justice »
Conclusion
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De 1618 à 1648, une série de conflits armés déchire le continent européen. La guerre de Trente Ans oppose deux camps : d’un côté, les États sous souveraineté habsbourgeoise, Espagne, Saint-Empire et Bavière, ainsi que leurs alliés ; de l’autre, les États protestants du Saint-Empire, des Provinces-Unies, de Suède et le royaume de France. Les affrontements sont de plusieurs natures : dynastiques, entre Habsbourg et Bourbon ; religieux, entre catholiques et protestants ; et enfin politiques, entre des conceptions antagonistes de la gouvernance, la féodalité et l’absolutisme, le fédéralisme et le centralisme.

L’épisode franc-comtois de cette guerre est connu sous le nom de guerre de Dix Ans, quoique les troubles guerriers ne durent que de mai 1636 à mai 1644[1]. Le 27 mai 1636, l’armée de Louis XIII franchit la Saône et pénètre dans le comté de Bourgogne, ou Franche-Comté, qui relève alors du pouvoir habsbourgeois. Son objectif est Dole, capitale politique de la Province, devant laquelle les Français et leurs alliés établissent leurs camps dès le 28 mai.

Le siège de Dole nous est connu par le témoignage de plusieurs contemporains, assiégés et assiégeants, commentateurs issus des deux camps et poursuivant des finalités souvent inverses. Dès les années 1630, la résistance doloise est considérée comme l’un des épisodes les plus glorieux de l’histoire comtoise[2]. Avec emphase, Jean Boyvin, conseiller au Parlement de Franche-Comté et l’un des principaux acteurs de la résistance doloise, remarque que :

« la Gazette Françoise n’eut pendant trois mois entiers object plus curieux que les aventures de ce Siege, qu’on recevoit avidement en France par les mains de cette engeance bastarde née de l’accouplement honteux du mensonge & de la vanité[3] ».

fig.1« Siège de Dole en 1636 » par Nicolas Labbéfig.1 « Siège de Dole en 1636 » par Nicolas Labbé,
Source : ©Musée des beaux-arts de Dole (1998.6.1.)

Et de fait, cette revue consacre au siège de Dole cinq Extraordinaires, ainsi que de nombreux courriers datés « Du camp de Dole[4] ».
Je n’analyserai pas ici les aspects purement militaires de cette guerre, ni ses conséquences sociales et politiques, mais me propose plutôt d’étudier la production littéraire des élites urbaines franc-comtoises engagées dans la défense de la Province, autrement dit, la propagande du pouvoir provincial, incarné par les parlementaires, contre les prétentions françaises. Ma réflexion s’appuiera sur l’examen des œuvres suivantes, contemporaines des événements qu’elles commentent :

• Déclaration des commis au gouvernement de la Franche-Comté de Bourgogne sur l’entrée hostile de l’armée françoise audict pays, par les parlementaires comtois et l’archevêque de Besançon (août 1636)[5] ;

• Jean Girardot de Nozeroy, La Franche-Comté protégée de la main de Dieu contre les efforts des François en l’an 1636 (octobre 1636)[6] ;

• Louis Petrey de Champvans, Lettre de Louis Petrey sieur de Champvans à Jean Baptiste Petrey sieur de Chemin son filz : contenant une bonne partie de ce qui s’est fait en campagne au Comté de Bourgongne, pendant & apres le Siege de Dole (février 1637)[7] ;

• Jean Boyvin, Siège de la ville de Dole, capitale de la Franche-Comté de Bourgongne, et son heureuse délivrance (novembre 1637) ;

• Antoine Brun, Manifeste au nom des peuples de la Franche-Comté de Bourgogne de la continuation des hostilités des François et de la résistance y apportée depuis la levée du siège de Dole (1638) ;

Harangue de la Franche-Comté de Bourgogne au Roy des Espagnes, épître anonyme versifiée (1643)[8].

Je laisserai volontairement de côté les écrits du for privé, correspondances, journaux et livres de raison, pour me concentrer sur un ensemble textuel qui a pour finalité l’intervention directe dans les affaires du monde. Cette littérature « engagée » est produite par les membres d’une oligarchie urbaine. Tous les auteurs sont docteurs en droit, avocats, tous appartiennent au corps parlementaire. Il s’agit donc d’une production de « classe » : Boyvin, Brun, Girardot et leurs confrères disposent de capacités financières non négligeables et de pouvoirs législatifs et administratifs étendus, mais aussi d’une autorité morale conséquente. Ils maîtrisent un savoir-faire, des références culturelles, des codes de comportement et un langage qui leur sont propres[9]. Ce sont leurs valeurs et leurs intérêts que ces élites « linguistiquement francophones, politiquement francophobes[10] », tentent d’imposer dans et par leurs écrits.

Dans un contexte de guerre ouverte, comment ces parlementaires contribuent-ils à l’édification d’un nouveau régime symbolique de frontière de part et d’autre de la Saône ? Comment s’affirme l’identité franc-comtoise, sous l’égide des pouvoirs locaux, non seulement par les armes, mais également par les discours ?

I. « Le petit David contre le géant Goliath »

Ces auteurs sont profondément ancrés dans une temporalité précise, un présent donné. Les commis au gouvernement de la Franche-Comté veulent « donner un tesmoignage public de [leur] conduite[11] ». Au sujet de son ouvrage, Jean Boyvin revendique :

« Qu’on le qualifie si l’on veut Apologie, je n’y contrediray point ; parce que nos ennemis ayans aussi bien aiguisé les pointes de leurs langues & de leurs plumes, que celles de leurs piques pour nous percer à jour, il a esté besoin de s’armer encor a l’espreuve contre celles-là[12] ».

Louis Petrey quant à lui s’excuse de son style,

« pur & naïf pour monstrer […] en toute vérité, de laquelle, en cas quelqu’un en vienne à douter, [il donnera] des preuves jusques au moindre point, par tesmoings, & bons enseignements[13] ».

Les chroniqueurs entendent démontrer la justesse de leur cause, le bon droit des Comtois contre ce qu’ils considèrent comme une guerre injuste envers « un peuple catholique indignement persécuté », pour reprendre les mots d’Antoine Brun, qui se défend plus loin que les Francs-Comtois n’ont « mis la main à l’espée ni mesme à la plume que contraints[14] ».

Les références vétérotestamentaires servent à légitimer le discours des chroniqueurs comtois. La Franche-Comté résistant à la France est ainsi comparée « au petit David contre le géant Goliath » par Jean Girardot[15]. Le thème de la guerre sainte est également réactivé[16]. Au sein de cette rhétorique, l’assiégé se mue facilement en martyr :

« Et moy, fait dire Jean Boyvin au frère Eustache, combattant pour un peuple innocent & oppressé, & pour conserver la religion catholique, je crois aller au martyre, quand je vay contre la persécution.[17] »

L’exemple vient de haut, si l’on en croit le même auteur qui fait dire à l’archevêque de Besançon, Ferdinand de Rye, vénérable vieillard de quatre-vingts ans,

« qu’il vouloit vivre & mourir avec nous ; qu’il ne se vouloit point des-joindre, & qu’il choisiroit tousjours plustot un peril honnorable & utile au service du Roy, qu’une retraite honteuse & inutile.[18] »

Les dirigeants comtois se mettent en scène désireux « de vivre & mourir Catholiques[19] » :

« Les Gouverneurs & le Magistrat, assure Jean Boyvin, [...] jugèrent le premier & plus asseuré rempar estre celuy de la Pieté, qui est bonne à tout usage, & l’imploration de l’ayde du grand Dieu des armées. Le premier de Juin jour de Dimenche le Vicomte Maieur, les trois Eschevins, les douze Conseillers, avec le Secretaire & le Scyndique de la Ville s’estans purifiés par la confession & repeus de la sacrée Communion dans la sainte Chapelle, où fut exposée l’hostie miraculeuse & victorieuse des flammes, firent un vœu solennel prononcé par la bouche du Maieur & donné par escrit es mains du Chef du Chapitre.[20] »

À la suite du Concile de Trente, l’importance des gestes dans la liturgie catholique est renouvelée. La vie du fidèle est scandée par les sacrements, du baptême à l’extrême onction. La confession et la communion sont particulièrement promues par l’Église de la Réforme catholique car elles consacrent le rôle médiateur des prêtres dans le culte catholique, dans les rapports quotidiens de l’homme au divin, au contraire du culte protestant. Le sacrement de la communion valide par ailleurs le dogme de la transsubstantiation, nié par les luthériens et les calvinistes[21]. La Franche-Comté voue un attachement particulier à ce point de doctrine, qui la différencie de ses voisins protestants. Les deux hosties miraculeuses de Faverney, dont l’une a été transportée à Dole en 1609, sont tenues en grande vénération[22]. Le pouvoir municipal se met en scène, disposé selon l’ordre hiérarchique, sans mention du reste de la population : Boyvin s’adresse à ses pairs.

fig.2Extrait du vœu prononcé par la municipalité  doloise, le
        31 mai 1636. AM Dole, BB 34, f° 286vfig.2 Extrait du vœu prononcé par la municipalité doloise, le 31 mai 1636. AM Dole, BB 34, f° 286v,
Source : ©AM Dole

II. « Au mespris de toutes les loix divines et humaines »

Il s’agit en effet pour les auteurs de recréer un ordre mis à mal par la guerre, qui bouleverse les frontières géographiques et sociales. Les parlementaires cherchent à fonder une frontière symbolique entre les Comtois et les Français, et plus particulièrement entre les Bourguignons du Comté et ceux du Duché, anciennement unis sous l’autorité des grands ducs d’Occident. De fait, jusqu’en 1595 et la tentative de conquête de la Franche-Comté par Henri IV, la frontière entre les deux Bourgognes est davantage une interface qu’une limite, du point de vue des échanges commerciaux et des alliances matrimoniales. Ce « commonwealth » bourguignon est particulièrement prégnant parmi les milieux nobiliaires et les élites urbaines[23]. En 1636, les discours évoluent. La Franche-Comté, signale le conseiller Boyvin dès le début de son récit,

« n’a rien de commun avec la France que le langage, et l’habit que le voisinage et le commerce lui rendent plus familier par l’éloignement des objets de celui des autres peuples de l’obéissance de son Souverain.[24] » .

Les « deux Bourgongnes », concluent les commis au gouvernement, « bien que sœurs & sorties d’une mesme tige, sont devenues dissemblables en tous pointz[25] ». Il s’agit pour les auteurs de créer et propager une certaine figure de l’ennemi et, par contraste, d’affirmer l’identité du corps social et de la nation franc-comtoise. L’ennemi est dépeint comme cruel, démesuré dans ses violences. Les passages exposant les saccages et massacres perpétrés sont innombrables[26]. La fureur française est contre-nature, elle s’exerce « au mespris de toutes les loix divines et humaines[27] ». Les envahisseurs se comportent, se lamentent les parlementaires, « avec un tel exces de ferocité qu’ils en seroient venus à tracquer les bois & chasser aux hommes comme aux bestes sauvages[28] ».

Parfois, la métaphore s’inverse : les bêtes sauvages ne sont plus les Francs-Comtois traqués jusque dans les forêts, mais leurs poursuivants :

« La rage des ennemis ne s’arresta pas là ; elle voulut pénétrer le fond des rochers et des bois, où une partie du peuple de la campagne s’estoit serré, et lors se vit une chasse contre nature, où des bestes sauvages poursuivoient des hommes à outrance[29] ».

Le saccage du sanctuaire de Notre-Dame de Mont-Roland par les troupes suédoises alliées aux Français semble avoir marqué les esprits. Située à quatre kilomètres au nord de Dole, la chapelle mariale du Mont-Roland était, dans les derniers siècles du Moyen Âge, un haut lieu de pèlerinage, particulièrement prisé des ducs de Bourgogne[30]. Il s’agit donc d’un symbole fort de l’unité religieuse des deux Bourgognes. Mais en 1636, l’effigie mariale manque d’être détruite. Jean Boyvin déplore que :

« L’image miraculeuse de Nostre-Dame, qui avoit esté par plus de six cens ans en très-grande vénération, fut abattüe & foulée aux pieds, & demeura longuement couchée & abouchée sur sa face, parmy les ordures des hommes & des chevaux.[31] »

La prise de Cuiseaux et de son sanctuaire marial, près de Louhans dans le royaume de France, offre l’opportunité à Antoine Brun de comparer le comportement des deux camps : d’un côté, les excès de violence et les blasphèmes du régiment étranger au Mont-Roland, de l’autre, la retenue des troupes du marquis de Conflans et la piété des dirigeants comtois, qui déclarent à cette occasion que :

« [leurs] maximes ne s’accordoient pas à celles des François, ni en matière de guerre ni en matière de religion ; qu’il n’y eschéoit point de représailles à leurs impiétés ; que comme elles estoient sans exemple auprès des autres nations, aussy y devoient-elles estre sans imitation ; que l’on deut se contenter de rendre en ce sainct lieu des tesmoignages d’une dévotion extraordinaire pour la prospérité de nos armes et le salut de toute la province.[32] »

« Vierge à l’Enfant avec Jean Boyvin », vers 1640fig.3 « Vierge à l’Enfant avec Jean Boyvin », vers 1640
source : ©Musée des beaux-arts de Dole (Inv. 1995.2.1)

Les auteurs souhaitent provoquer l’indignation des catholiques français contre l’iconoclasme de leurs alliés protestants[33]. Ils rejettent le modèle de coexistence confessionnelle adopté par le royaume de France depuis l’Édit de Nantes et la politique d’alliance de Richelieu et Louis XIII avec les puissances protestantes européennes. La diversité des opinions religieuses et des pratiques cultuelles au sein d’un État, en Franche-Comté comme dans l’ensemble de l’Europe du xviie siècle, est vue comme une marque de faiblesse, selon le principe du cujus regio, ejus religio : tel prince, telle religion. « C’est un « arrêt immuable de Dieu, professe Antoine Brun, que tout royaume en soy divisé sera désolé[34] ». Les auteurs alertent leurs lecteurs catholiques français des dangers qu’ils encourent à s’associer avec des puissances protestantes. Contre « cette nation, [c’est-à-dire la France] qui tient toutes choses hors de son centre et en estat de violence contre l’ordre civil et naturel[35] », les parlementaires comtois prônent le retour à l’ordre divin et politique.

III. « Le roy doit aux sujets la garde et la justice »

Car ce que veulent les auteurs, c’est le maintien d’un certain ordre social et politique. En ce xviie siècle, la loyauté des élites franc-comtoises dépend en effet du respect par le souverain de leurs prérogatives et de leurs institutions. Cette oligarchie a investi la technostructure provinciale qui lui assure honorabilité publique et perpétuation de sa domination. Dans ce contexte, la rupture de la neutralité par la monarchie française peut être vue comme une remise en cause des intérêts locaux des populations et surtout de leurs dirigeants[36]. La Franche-Comté devient l’un des pions d’un jeu d’échecs monarchique où s’affrontent deux visions de la souveraineté : l’une « composée », héritée de la féodalité et favorisée, pour le comté de Bourgogne, par sa situation périphérique, l’autre à prétention centralisatrice et absolutiste. À ce titre, la spécificité de la Franche-Comté peut apparaître comme anachronique aux yeux des tenants du parti du roi, Richelieu en premier lieu[37]. Ce n’est donc pas innocemment que Jean Boyvin signale :

« la bonté et justice de ses Princes [qui] ont conservé [à la Province] sans atteinte l’ancienne immunité de toutes tailles, gabelles, et subsides dont elle jouit, et qui lui a imposé le nom de Franche duquel elle est signalée entre toutes les provinces de l’Europe[38] ».

Ou qu’Antoine Brun avertit ses lecteurs :

« Voyons la pesanteur du joug qui nous menace prest à nous estre mis sur la teste et sous lequel les naturels François gémissent si tristement. […] faisons comparaison de la douceur et du repos comme aussy des immunités qui nous ont esté conservées par nos princes avec la dure servitude sous laquelle on languit par tout le royaume de France[39] ».

fig.4Frontispice de l’édition anversoise du Siège de Dole de Jean Boyvin, 1638fig.4 Frontispice de l’édition anversoise du Siège de Dole de Jean Boyvin, 1638
Une personnification de la ville de Dole, agenouillée, présente une couronne au roi Philippe IV, assis sur un trône et tenant un bâton de couronnement. Sur la droite, une allégorie de la fidélité, reconnaissable au chien qui l’accompagne et à sa devise latine « fides », tient une corne d’abondance.
Source : ©BM Besançon, EST.FC.506

Outre cette défense des « libertés » provinciales, les œuvres étudiées témoignent des tensions entre les parlementaires dolois et le gouverneur de la Province, désigné par le souverain. En attestent les vers significatifs de la Harangue au roi :

« Le sujet doit au roy sa vie et son service, / Mais par même contrat, / Le roy doit aux sujets la garde et la justice, / A moins que d’être ingrat. [...] / Tout ce qu’en récompense, aujourd’huy, je demande / A Votre Majesté, / C’est que mon Gouverneur dont l’adresse est si grande / Ne me soit point osté.[40] »

Pour éclairer ces alexandrins et hexamètres, datés de 1643, il nous faut revenir quelques années en arrière. De 1630 à 1637, le gouvernement de la Province, traditionnellement dévolu à un membre de la noblesse franc-comtoise, est confié à la Cour parlementaire, conjointement avec l’archevêque de Besançon. Outre ses pouvoirs judiciaires, politiques et économiques, le Parlement obtient donc des prérogatives militaires, aux dépens des grandes familles de la noblesse. En 1637, lorsque Jean-Baptiste de La Baume-Montrevel, marquis de Saint-Martin, est nommé gouverneur, le Parlement n’entend pas se dessaisir des affaires militaires. Ces circonstances engendrent de nombreuses oppositions, provocations et protestations de part et d’autre. Saint-Martin meurt en décembre 1641. Lui succède Claude de Bauffremont, baron de Scey, nommé par le gouverneur des Pays-Bas qui, depuis Bruxelles, cherche à apaiser les rivalités qui opposent le Parlement de Dole et le gouverneur et, à travers eux, la magistrature de robe et la vieille noblesse d’épée : le baron de Scey, en effet, est un modéré.

C’est donc un conflit entre groupes sociaux qui transparaît dans ces vers[41]. Je formule l’hypothèse, certes pour l’heure difficilement confirmable, que leur auteur, anonyme à ce jour, devait appartenir au milieu parlementaire, ou du moins lui être favorable[42].

L’œuvre de Girardot de Nozeroy est également marquée par ces conflits entre groupes dominants. Dans les années 1630, ce dernier occupe une position inconfortable car il est à la fois conseiller au Parlement de Dole, depuis 1629, et bras droit, depuis 1632, du marquis de Conflans, commandant des armées comtoises. Cette condition intermédiaire explique sans doute la tonalité de son ouvrage, entièrement tourné vers la défense des décisions nobiliaires et l’apaisement des rivalités entre les magistrats et la noblesse :

« Que si laditte ville de Dole a vaillamment et généreusement combattu les canons, les bombes, les feux et la peste durant ce furieux siège, comme elle a fait, tous les autres membres de cest Estat ont fait généreusement aussi et constamment, et toutes choses bien pesées, je ne sçay qui mérite plus d’honneur en ce glorieux combat […] sinon que la prudence de fut monseigneur l’archevesque et de la cour et la sage conduitte de monsieur le marquis de Conflans, comme pièces de plus haute lice, tiennent le dessus ; la science militaire et valeur du maistre de camp de la Verne et la fidélité courageuse et constante de la noblesse méritent un los perpétuel[43] ».

fig.5Extrait du « Raisonnement fait par le Conseiller Girardot Sieur de Beauchemin retiré en sa Maison, où il mourut au mois de Janvier de l’an 1651.fig.5 Extrait du « Raisonnement fait par le Conseiller Girardot Sieur de Beauchemin retiré en sa Maison, où il mourut au mois de Janvier de l’an 1651 [...] »,
Source : ©AM Besançon, Ms Chifflet 37,f°178v-f°179r

À ces rapports de force entre groupes sociaux se superposent des affrontements entre fortes personnalités, car, malgré des apparences soigneusement entretenues, le Parlement de Dole ne présente pas un front uni. De l’ouvrage de Jean Girardot, Jean Boyvin écrit, dans une lettre à Antoine Brun datée du 22 décembre 1636 :

« Monsieur de Beauchemin m’a envoyé un imprimé que je pense il vous aura fait voir touchant nostre siège, qui n’est autre chose qu’une justification de ce qui s’est fait dehors pendant que nous travaillions et estions travaillez au dedans et une revendication de l’honneur qu’il présuppose que l’on a voulu dérober à ceux qui tenoient la campagne.[44] »

Le conseiller Boyvin est l’adversaire politique de Jean Girardot. Briguant la présidence du Parlement depuis plusieurs années, Boyvin cherche à écarter des affaires publiques un rival apprécié des autorités provinciales et espagnoles et y parvient en 1638[45]. Girardot s’exile près de Salins, et ne retrouve quelques maigres fonctions officielles qu’en 1640.

Parallèlement, en novembre 1637, Le Siège de Dole de Jean Boyvin est imprimé par Antoine Binart, imprimeur à Dole et proche de l’auteur[46]. Le conseiller, qui veut se présenter comme l’homme fort du gouvernement franc-comtois, assure la diffusion de son ouvrage auprès du Magistrat de la cité[47], mais aussi à Besançon, aux Pays-Bas et en Espagne, par l’intermédiaire de Philippe Chifflet, prieur de Bellefontaine et vicaire général de l’archevêque bisontin[48]. Cinq cents exemplaires sont tirés lors de cette première édition. Dès décembre 1638, Philippe Chifflet incite son ami Balthasar Moretus, imprimeur à Anvers, à en réaliser une seconde édition, à destination de la Hollande, de l’Angleterre et de la France[49]. C’est chose faite en mai 1638. Un exemplaire est présenté au roi Philippe IV le 22 juin[50]. Faut-il y voir un lien de causalité ? Le 19 avril 1639, le conseiller Boyvin est nommé par le souverain président du Parlement de Franche-Comté.

Conclusion

Ces œuvres doivent beaucoup au contexte conflictuel des premières décennies du xviie siècle. À l’instar des citadelles et autres fortifications, leurs auteurs les considèrent comme des ouvrages de défense d’une Province assiégée. Les chroniqueurs cherchent d’abord à démontrer le bon droit des dirigeants comtois et l’injustice de la guerre déclarée par la France. Ils entendent dénoncer l’inhumanité et l’irréligion des ennemis – ou plutôt de l’ennemi, car Français, « Duchois » et huguenots se confondent souvent sous leurs plumes. Ils aspirent également à rassembler les populations franc-comtoises autour de l’éloge de valeurs communes, la foi catholique et la fidélité au souverain habsbourgeois. Il s’agit enfin pour eux de défendre leurs intérêts propres, de classe ou individuels, par la justification de leurs décisions et la célébration de « libertés » comtoises de plus en plus contestées.

L’Europe du xviie siècle connaît une vaste opération de communication, orale, écrite et iconographique, mise en place par les autorités civiles et religieuses[51]. La production littéraire de l’époque, dont Le Siège de Dole de Jean Boyvin, le Manifeste d’Antoine Brun ou encore la Harangue au Roy des Espagnes nous offre un aperçu, propose une lecture religieuse des événements, porteuse de sens dans un monde en proie au chaos. Mais quel écho connaissent les écrits des conseillers Petrey et Girardot en dehors des milieux dirigeants comtois ? Une lettre rédigée en novembre 1638 par le duc d’Enghien et adressée à son père, Henri II de Bourbon, Prince de Condé, évoque la diffusion de ces ouvrages de l’autre côté de la frontière :

« J’espère à vostre retour vous en donner quattre, écrit-il, l’un par monsieur Boivin, l’un par monsieur Pètre Champvans, l’aultre par monsieur de Beauchemin, et l’aultre qui est une déclaration de messieurs les commis au gouvernement du Comté.[52] »

La propagation de ce discours engagé parmi la population générale demeure toutefois difficilement perceptible, et devra faire l’objet de futures recherches.

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Theodora Jordan-Mazzoleni
LIR3S Laboratoire interdisciplinaire de Recherche “Société, Sensibilités, Soin”,
UMR 7366 uBFC/CNRS (Sous la direction de Jérôme Loiseau)

Haut de page NOTES



[1] Gérard Louis, La guerre de Dix Ans. 1634-1644, Besançon, P.U. Franche-Comté, 2009, p. 11-12.

[2] Antoine Brun, Manifeste au nom des peuples de la Franche-Comté de Bourgogne, rééd. Émile Longin, Vesoul, Louis Bon, 1905, p. 42.

[3] Jean Boyvin, Le Siège de la ville de Dole, capitale de la Franche-Comté de Bourgongne, et son heureuse délivrance, Dole, Antoine Binart, 1637, p. 92-93.

[4] Émile Longin, Relations françaises du siège de Dole (1636), Dole, Paul Chaligne, 1903.

[5] Dole, Antoine Binart, in-4, 71 p., Archives Municipales de Dole, 17M/140/2.

[6] Sans nom d’imprimeur, in-4, 40 p. (incomplet). Rééd. Émile Longin, Dole, Paul Chaligne, 1900.

[7] Sans nom d’imprimeur, in-4, 111 p., AM Dole, 17M/140/3.

[8] Rééd. Jules Gauthier, Poligny, G. Mareschal, 1868.

[9] Édouard Clerc, Jean Boyvin, président du Parlement de Dole, sa vie, ses écrits, sa correspondance politique, Besançon, Bintot, 1856. Jules Gauthier, « Le diplomate Antoine Brun au siège de Dole de 1636 », Bulletin historique et philologique, 1902, n° 1 et 2, Paris, Impr. Nationale, p. 229-255. Philippe Perraud et Maurice Perrod, « Étude sur Girardot de Nozeroy, seigneur de Beauchemin », Bulletin de la Société d’Émulation du Jura, 1900, Lons-le-Saunier, Lucien Declume, p. 133-327. Émile Longin, « Un magistrat franc-comtois. Louis Petrey, sieur de Champvans », 1926, AM Besançon, Coll. Émile Longin, Ms 1963.

[10] Kathryn A. Edwards, Families and Frontiers. Re-creating Communities and Boundaries in the Early Modern Burgundies, Boston, Brill Academic Publishers, Inc, 2002, p. 29. L’autrice définit les élites urbaines selon quatre critères : une tradition de participation au gouvernement de la cité et/ou de la Province, un lignage géographiquement établi, des richesses et des propriétés foncières, des alliances matrimoniales  : Ibid., p. 20. À cette liste j’ajouterais la maîtrise d’un savoir-faire, d’une culture, de codes de comportement et d’un langage propre. Voir aussi Frédérique Leferme-Falguieres et Vanessa Van Renterghem, « Le concept d’élites. Approches historiographiques et méthodologiques », Hypothèses, vol. 4, n° 1, 2001, p. 55-67 ; Cédric Michon, « Les élites et l’État », dans Annie Antoine [dir.], Les sociétés au XVIIe siècle : Angleterre, Espagne, France, Rennes, P.U. Rennes, 2006, p. 391-423.

[11] Commis, op.cit. p. 2.

[12] Jean Boyvin , op.cit., avertissement au lecteur, n. p.

[13] Louis Petrey, op.cit., p. 1-2.

[14] Antoine Brun, op.cit., p. 2 et p. 74.

[15] Jean Girardot , op.cit., p. 40.

[16] Par exemple Louis Petrey, op.cit., p. 94.

[17] Frère Eustache, dans le monde Christophe de Choiseul, fils du seigneur d’Ische, est originaire de Lorraine, duché qui subit depuis 1633 une occupation française. Voir Gazette de France, « Du camp devant Dole, le 19 juillet 1636 », n° 110, p. 3. Les Lorrains, alliés du Saint-Empire et de l’Espagne, font partie des rares étrangers tolérés par la municipalité doloise qui en mai 1636 préparent la défense de la ville : AM Dole, FA 78/34, f° 276v et f° 278r : 23 mai 1636 ; f° 281r : 26 mai 1636. Les religieux de Dole sont armés par la municipalité : AM Dole, FA 78/34, f° 281v. Sur le martyre des Comtois, voir aussi Harangue, op.cit., p. 2.

[18] Jean Boyvin, op.cit., p. 64.

[19] Ibid., p. 154.

[20] Ibid., p. 94. Le texte du vœu est conservé aux AM Dole, FA 78/34, f° 285r à f° 286v, et FA 1352. Les Archives Départementales de Côte d’Or en proposent une transcription dans Annales de la ville de Dole, depuis l’année 1477 jusqu’en 1674 (cote 1F12).

[21] Pierre Chaunu, Église, Culture et Société. Essais sur Réforme et Contre-Réforme (1517-1620), Paris, Sedes, 1981. Marc Venard [dir.], Histoire du christianisme des origines à nos jours. Tome IX : L’âge de raison (1620/30-1750), Paris, Desclée, 1997, p. 895-910.

[22] Marie-Christine Gomez-Geraud, « La victoire du Corps-Dieu : Structures et fonctions des récits de miracles eucharistiques à l’époque de la Contre-Réforme », dans Corinne Marchal et Manuel Tramaux [dir.], Le miracle de Faverney (1608). Actes du colloque de Faverney (9-10 mai 2008), Besançon, P.U. Franche-Comté, 2010, p. 311-326. Maurice Gresset, « Dole et l’hostie de Faverney », Cahiers Dolois, 1992, n° 9, p. 65-78. AD39, G 78. AM Dole, FA 1337 et FA 1338. Voir aussi Louis Petrey, op.cit., p. 93.

[23] Jérôme Loiseau, « Une modernité divergente : les deux Bourgognes et la monarchie française (XVIe-XVIIe siècle) », dans Benjamin Castets Fontaine [dir.], Deux frontières aux destins croisés ? Étude interdisciplinaire et comparative des délimitations territoriales entre la France et la Suisse, entre la Bourgogne et la Franche-Comté (XIVe-XXI e siècle), Besançon, P.U. Franche-Comté, 2019, n.p. En ligne : http://books.openedition.org/pufc/5858.

[24] Jean Boyvin, op.cit., p. 2.

[25] Commis, op.cit., p. 63.

[26] Burghart Schmidt et Jörg Ulbert [dir.], Ennemi juré, ennemi naturel, ennemi héréditaire. Construction et instrumentalisation de la figure de l’ennemi. La France et ses adversaires (XVIIe-XXe siècles), Hambourg, Dobu Verlag, 2010. Corinne Marchal, « La représentation confessionnelle de l’adversaire dans le récit du siège de Dole de Jean Boyvin (1636) », La guerre des deux Bourgognes (1595-1678). Annales de Bourgogne, 2014, tome LXXXVI, fasc. 2 et 3, p. 57-74.

[27] Antoine Brun, op.cit., p. 2.

[28] Commis, op.cit., p. 4.

[29] Antoine Brun, op.cit., p. 23-24.

[30] Jacky Theurot, « Jouhe et Mont-Roland dans l’orbite de Baume et de Cluny (XIe-XVe siècles) », Cahiers Dolois, 1992, n° 9, Dole, p. 31-48 et en particulier p. 35-39. AD25, 26H 148.

[31] Jean Boyvin, op.cit., p. 191-192.

[32] Antoine Brun, op.cit., p. 11-13.

[33] Et y réussissent : Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche-Comté publiés par l’Académie de Besançon, tome X, Besançon, Jacques et Demontrond, 1912, p. 125-126.

[34] Antoine Brun, op.cit., p. 73-74. Voir aussi Claude Vaure, L’État chrétien ou maximes politiques tirées de l’Écriture, Paris, Martin Durand, 1626, p. 156.

[35] Commis, op.cit.,p. 71.

[36] Christian Windler, « De la neutralité à la relation tributaire : la Franche-Comté, le duché de Bourgogne et le royaume de France aux XVIe et XVIIe siècles », dans Jean-François Chanet [dir.], Les ressources des faibles. Neutralités, sauvegardes, accommodements en temps de guerre (XVIe-XVIIIe siècles), Rennes, P.U. Rennes, 2010, p. 163-185. En ligne : http://books.openedition.org/pur/105486.

[37] Arlette Jouanna, Le pouvoir absolu. Naissance de l’imaginaire politique de la royauté, Paris, Gallimard, 2013. Étienne Thuau, Raison d’État et pensée politique à l’époque de Richelieu, Paris, Albin Michel, 2000 (1ère éd. 1966).

[38] Jean Boyvin , op.cit., p. 4.

[39] Antoine Brun, op.cit., p. 77.

[40] Harangue, op.cit., p. 10-11.

[41] Gérard Louis, op.cit., p. 99-103. Philippe Perraud, « Mémoire sur la lutte entre les gouverneurs de Franche-Comté et le Parlement (1610-1668) », Mémoires de la Société d’Émulation du Jura, année 1869-1870, Lons-le-Saunier, Gauthier frères, 1871, p. 43-93.

[42] L’auteur de la Harangue vante plus bas les mérites de la Cour parlementaire et de son président, Jean Boyvin, op.cit., p. 11.

[43] Jean Girardot, op.cit., p. 39-40. BM Besançon, Coll. Chifflet, Ms 37, f° 208v.

[44] Cité par Émile Longin, « Introduction » à Jean Girardot, op.cit., p. 5.

[45] AD25, 2B248 et 2B250. Philippe Perraud et Maurice Perrod, op.cit., p. 250-252. Gérard Louis, op.cit., p. 103-105. BM Besançon, Coll. Chifflet, Ms 37, f° 178v, f° 179r.

[46] Jean Boyvin est le parrain de l’un des fils d’Antoine Binart : AM Dole, GG12, registre paroissial, f° 193r (10 novembre 1627).

[47] AM Dole, FA 78/35, f° 308v et f° 309r (10 novembre 1637) ; f° 310v (13 novembre 1637).

[48] BM Besançon, Coll. Chifflet, Ms 103, f° 16, Lettre de Jean Boyvin à Philippe Chifflet du 7 novembre 1637 ; f° 17, Lettre de Jean Boyvin à Philippe Chifflet du 21 novembre 1637.

[49] Lettre de Philippe Chifflet à Balthasar Moretus du 28 décembre 1637. Cité par Albéric Truchis de Varennes, « Les Chifflet à l’imprimerie plantinienne », Procès-verbaux et mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, Besançon, Jacquin, 1908, p. 377.

[50] BM Besançon, Ms 2582, f° 20.

[51] Bertrand Forclaz et Philippe Martin [dir.], Religion et piété au défi de la Guerre de Trente Ans, Rennes, P.U. Rennes, 2015, p. 9-15.

[52] M. le Duc d’Aumale, Histoire des princes de Condé pendant les XVIe et XVIIe siècles, tome III, Paris, Calmann Lévy éd., 1886, p. 583-584.

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Pour citer cet article :
Theodora Jordan-Mazzoleni, « Des parlementaires dans la tourmente. L’engagement intellectuel et symbolique des autorités franc-comtoises pendant la guerre de Dix Ans », Revue TRANSVERSALES du LIR3S - 23 - mis en ligne le 22 mai 2024, disponible sur :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/Transversales.html.
Auteur : Theodora Jordan-Mazzoleni
Droits :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/Transversales/menus/credits_contacts.html
ISSN : 2273-1806