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L’engagement : I - L’engagement naît-il à travers le politique ?
La reconnaissance de l’engagement à l’université : une politique révélatrice d’un engagement étudiant renouvelé ?
Quentin Genelot et Capucine Yvenat
Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références
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RÉSUMÉ

La littérature scientifique met en avant des engagements qui se transforment, laissant place à un modèle d’engagement plus individuel et réversible. L’exemple des étudiants est un terrain particulièrement intéressant pour étudier ces transformations, tant leurs engagements s’enracinent dans des contextes mêlant autonomie et contrainte. L’objectif de la communication est de renseigner les évolutions des engagements des étudiants à l’aune des politiques mises en œuvre pour les reconnaître et/ou les valoriser. Notre hypothèse est que ce ne sont pas tant les formes d’engagement des étudiants qui évoluent, que les politiques de reconnaissance des engagements qui s’inscrivent pleinement dans une injonction à la professionnalisation et l’individualisation des parcours. L’Université de Bourgogne est le terrain principal de l’enquête, et la communication associe la vice-présidente étudiante de l’université, qui revient sur son action réformatrice des politiques de reconnaissance des engagements étudiants.

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Mots-clés : Engagement étudiant, université, politique universitaire, reconnaissance de l’engagement, vie étudiante
Index géographique : France, Bourgogne-Franche-Comté, Dijon
Index historique : xxie siècle
SOMMAIRE

Introduction
I. Caractériser un engagement étudiant en évolution
II. La vision des engagements des étudiants par l’institution : une expression de leur renouvellement ?
III. La confrontation des logiques institutionnelles et étudiantes : le cas de l’université de Bourgogne
Conclusion : Ce que révèle l’étude de la politique universitaire sur les engagements étudiants
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Introduction

La présente contribution s’inscrit dans le cadre d’une communication réalisée autour de la question des engagements, au cours du séminaire organisé par le laboratoire LIR3S de l’université de Bourgogne en 2023. Elle est le fruit de la rencontre entre un contexte, celui de la refonte de la politique de reconnaissance et de valorisation des engagements étudiants de l’université de Bourgogne (initiée par ses élus étudiants), et un travail de thèse portant sur les organisations qui accueillent ces engagements – particulier celles dites représentatives.

La littérature sur les engagements, et a fortiori les engagements des jeunes, met en avant les profondes modifications connues dans leurs manières de s’engager. L’ouvrage de Jacques Ion, publié en 1997, symbolise cette posture. L’auteur avance la transition d’un modèle d’engagement « militant » vers un modèle d’engagement « distancié ». Le premier, qui suppose l’insertion durable de l’individu dans un collectif d’engagement et un engagement total qui touche toutes les sphères de sa vie, laisserait place au second, plus facilement révocable et plus éphémère[1]. La question de l'individualisation des modes d’engagement est depuis une question récurrente, à la fois dans la littérature scientifique[2] et en dehors. Nous souhaitons ici étudier des formes particulières d’engagement, celui des étudiants. Leur étude n’est pas nouvelle, mais reste limitée. Thierry Côme et Robi Morder évoquent dans leur état des savoirs une notion “en règle générale pas pour autant analysée [...] [bien qu’étant] une évidence pour beaucoup[3]”. L’objet étudiant reste un “objet frontière”, à la frontière des âges et à la croisée des champs disciplinaires[4]. Les engagements étudiants ont majoritairement été saisis par le prisme de l’étude des formes de socialisation politique à l’activité militante ou associative, à l’intérieur ou en dehors des organisations étudiantes à vocation représentatives[5].

L’idée ici est de changer de focale, en comparant les analyses réalisées jusqu’alors avec l’action de l’institution universitaire. Il s’agit d’étudier l’engagement des étudiants à l’aune des politiques mises en œuvre pour les identifier et les valoriser. Notre question est la suivante : les politiques universitaires de reconnaissance et de valorisation des engagements des étudiants reflètent-t-elle les évolutions connues par ces derniers ?

Pour y répondre, nous nous basons sur une vingtaine d’entretiens semi-directifs, avec des étudiants engagés entre 2004 et 2022 dans plusieurs organisations étudiantes dites représentatives au titre de l’article L811-3 du code de l’éducation[6], au niveau local et national. Ces entretiens, effectués dans le cadre de notre thèse, visent à retracer l’expérience de militantisme de ces étudiants, mais aussi de questionner plus largement le fonctionnement de leurs organisations et la définition de leurs modes d’action. Nous les utiliserons ici pour comprendre les carrières d’engagement des étudiants. Nous avons également retracé le développement de la politique de reconnaissance et de valorisation des engagements étudiants de l’université-cible de sa création à aujourd’hui, en se basant sur les procès-verbaux des instances et des documents de travail internes sur toute la période étudiée. L’article est rédigé avec la vice-présidente étudiante de l’université, en mandat de 2022 à 2024, qui a également participé à la recherche. L’idée était, à l’occasion de la refonte de la politique dans l’université cible, de travailler de manière conjointe pour mieux comprendre les dynamiques qui avaient amené à la situation étudiée.

Nous mobiliserons notre corpus pour tenter dans un premier temps d’identifier les principales caractéristiques de l’engagement étudiant, puis la manière dont les politiques nationales le prennent en compte, avant de s’intéresser à l’exemple de l’université cible, une université régionale de taille moyenne, pour comparer les visions universitaires et étudiantes de la reconnaissance des engagements.

I. Caractériser un engagement étudiant en évolution

Traiter des engagements étudiants implique d’attacher une définition à deux termes pourtant polysémiques. En effet, la notion même d’engagement pour Becker « recouvre un large panel de significations » et dispose de « relativement peu d’analyses formelles »[7]. Pour Foote, l’utilisation par les sociologues du concept d’engagement se fait lorsqu’ils « essaient de rendre compte du fait que les individus s’engagent dans des trajectoires d’activité cohérentes »[8]. La notion de « comportements cohérents » est reprise par Becker, qui vient considérer l’engagement comme une « trajectoire d’activité », dont il faut saisir le sens, la cohérence, et qui nécessairement « s’inscrit dans une certaine période temporelle »[9]. Pouvoir s’engager suppose alors un degré de liberté de l’individu face à son choix, puisqu’il décide lui-même de se contraindre. Étudier l’engagement, c’est alors étudier la période de passage à l’acte, d’implication de l’individualité dans quelque chose de plus large, dans un collectif.

Le concept d’étudiant, lui aussi, revêt une pluralité d’acceptions. La massification de l’enseignement supérieur a entraîné une diversification des profils des étudiants, loin des « héritiers » au capital culturel élevé qu’identifiaient Bourdieu et Passeron[10]. Pour Morder, s’il n’existe pas vraiment de définition universelle de l’étudiant, « toutes les représentations de l’étudiant combinent au moins [...] une dimension individualiste [...] et une dimension politique ». D’une part, l’étudiant passe par l’université pour être formé et garantir son avenir. D’autre part, l’étudiant est le « représentant au minimum d’une classe d’âge » et est « pleinement intégré dans le champ politique, présent dans les discours, les programmes et les actions[11] ». Sur la base de cette définition, il est nécessaire de penser l’engagement étudiant à la fois comme une réalité sociale pour les individus qui s’engagent, interrogeant leur rapport à l’institution universitaire et leur apportant un ensemble de rétributions, mais aussi une catégorie d’action publique à part entière, qui façonne et est façonnée par les étudiants engagés collectivement.

Cette définition théorique n’étant pas suffisante, nous souhaitons nous intéresser à la réalité de l’engagement étudiant, pour comprendre ce qu’il recouvre. D’abord, les engagements des étudiants se réalisent dans des organisations, syndicats, associations aux activités et statuts très divers. Il est possible de s’engager dans une association étudiante, dans un syndicat étudiant, dans une association culturelle ou sportive mais aussi dans une ONG, un parti politique et bien d’autres structures encore. Plusieurs catégorisations sont alors possibles. Robi Morder différencie les engagements selon les organisations dans lesquels ils s’enracinent. Il distingue d’abord les organisations « générales avec participation individuelle d’étudiants » et les organisations gérées directement par les étudiants. Une telle distinction fait sens, car s’engager à la Croix-Rouge ou dans un Bureau des Étudiants constitue deux réalités diamétralement opposées. Au-delà des thématiques, les collectifs d’engagement et les liens interpersonnels qui se créent diffèrent, et constituent deux expériences sociales difficilement comparables.

Robi Morder fait une distinction supplémentaire entre les « organisations d’étudiants à objet non universitaire » des « organisations d’étudiants à vocation représentative », afin d’intégrer les structures étudiantes rattachées aux partis politiques ou d’autres associations étudiantes[12]. Ici, c’est la thématique sur laquelle les organisations se mobilisent qui sont un élément distinctif : les premières ne défendent pas les intérêts des étudiants, mais visent à porter un projet politique, voire partisan, plus large. Elles se différencient des secondes, qui sont l’ensemble des organisations prétendant représenter l’ensemble des étudiants et porter leurs intérêts. Sans discuter de cette entreprise de catégorisation, sur laquelle nous reviendrons, elle permet de comprendre la diversité des situations à étudier. Nous ne pouvons pas ici décrire la réalité de l’engagement étudiant dans chacune de ces organisations, c’est pourquoi nous avons choisi de nous intéresser spécifiquement à l’engagement dans les organisations étudiantes à vocation représentative, qui recouvre l’ensemble des associations et syndicats visant la représentation des intérêts des étudiants.

Pour ce faire, nous mobilisons le concept de « carrière militante », développé par Agrikoliansky en 2001[13]. Il s’agit de considérer l’engagement des étudiants comme « le fruit d’une succession d’étapes ou de séquences » à retracer et réinscrire dans la trajectoire biographique de l’individu. Une telle démarche permet ainsi de mieux comprendre le sens que les individus engagés donnent à leurs actions. À partir de notre corpus d’entretiens, nous identifions plusieurs caractéristiques saillantes chez les étudiants qui s’engagent dans les organisations étudiées. Sur la question du « passage à l’acte[14] », vu comme la rencontre entre une trajectoire individuelle et une organisation, l’engagement dans une association ou un syndicat étudiant est pour certains étudiants interrogés la conséquence d’un engagement lycéen antérieur. Déjà confrontés au militantisme, parfois de manière très intense, ces nouveaux étudiants intègrent très vite les organisations étudiantes qu’ils connaissent déjà bien. Ils restent toutefois minoritaire dans notre corpus, face aux étudiants dont l’université constitue le premier lieu d’engagement[15]. Sur les raisons qui déterminent le moment d’entrée dans le militantisme, nos entretiens ne font que confirmer ce que Sébastien Michon mettait déjà en avant dans sa thèse. Ainsi, la mobilité scolaire et géographique favorise l’engagement, car l’étudiant est soumis à des épreuves qui interrogent son identité individuelle[16].

De même, les changements dans les études jouent : le passage à l’université s’accompagne généralement d’un allègement des emplois du temps, ce qui crée une disponibilité supplémentaire pour s’engager. C’est aussi le cas au cours des études, comme pour les étudiants en santé qui sortent de leur PACES. Dans ces situations, l’engagement peut offrir un « lieu de sociabilité alternative REF », qui peut aussi permettre de s’adapter, s’intégrer à l’institution universitaire. L’engagement naît alors, pour les étudiants interrogés, de la rencontre entre un contexte favorable (disponibilité, période de transition, etc.) et la découverte d’une association étudiante, bien souvent introduite dans le cadre des actions de rentrée (discours en amphithéâtre, stands, journées d’intégration). Il ne faut pas toutefois oublier que ces situations viennent activer des dispositions favorables, héritées ou développées au cours de la scolarité, qui prennent forme[17] : les étudiants ne sont pas tous égaux face à l’engagement.

Au-delà du passage à l’acte, se pose aussi la question, pour reprendre Éric Agrikoliansky, des « conditions dans lesquelles ceux qui passent à l’action peuvent durablement s’engager dans une activité collective »[18]. Ici les étudiants se différencient selon les rétributions qu’ils tirent du militantisme. L’engagement étudiant entraîne toute une série de contraintes, notamment de temps, car il constitue une activité supplémentaire aux études, mais ces contraintes peuvent être contrebalancées par des rétributions symboliques fortes (sentiment d’utilité, construction de liens de sociabilité, développement de compétences). Les entretiens avec les étudiants très engagés font totalement disparaître la question de la poursuite de l’engagement, qui apparaît toujours comme quelque chose de naturel, voire un impensé. Là où l’entrée dans l’engagement est une étape, sa poursuite est vue comme évidente, les postes à responsabilité se présentant les uns à la suite des autres. Beaucoup d’étudiants sont dits « multi-positionnés », c’est-à-dire engagés à la fois dans une association et un syndicat (« 58,7% des étudiants syndiqués déclarent être membres d’une association » dit l’OVE en 2016[19]), ou bien cumulent les mandats associatifs et d’élu étudiant. Le rapport à la contrainte s’inverse alors. L’acquisition de nouvelles responsabilités amène l’intensification de l’engagement de ces étudiants, avec un « effet surgénérateur[20] » qui contribue à créer un parcours parallèle aux études.

Toutefois, cette catégorie d’étudiants engagés est surreprésentée dans notre étude, du fait du mode de sélection des enquêtés : il s’agit pour la majorité d’entre eux d’anciens ou actuels responsables d’organisations étudiantes représentatives, qui ont donc été engagés dans la durée. Nombre d’étudiants, y compris dans ces organisations, font le choix d’arrêter leur engagement après un premier mandat associatif par exemple. Le rapport entre les dispositions à l’engagement, les rétributions du militantisme, et les contraintes universitaires semble alors déterminant pour assurer un engagement durable. Il faudrait regarder avec attention l’impact de ces variables dans les carrières militantes des étudiants. En tout cas, la question de l’intensité de l’engagement apparaît comme un critère essentiel pour distinguer les engagements étudiants entre eux, au-delà de la seule question de l’organisation.

Que tirer de ces éléments ? D’abord, que les engagements étudiants sont multiples, de par les organisations dans lesquelles les étudiants sont amenés à s’engager, les thématiques sur lesquelles ils s’engagent, ainsi que l’intensité avec laquelle ils le font. Il apparaît donc peu pertinent d’essentialiser une théorie sur l’engagement étudiant vu comme individuel et réversible, d’autant que les rétributions que les étudiants en tirent peuvent au contraire favoriser un engagement « militant » au sens de Jacques Ion[21]. Il reste toutefois deux caractéristiques communes à l’ensemble des engagements étudiants que nous souhaitons mettre en avant ici.

La première, c’est celle de la limitation dans le temps. Les engagements, comme la condition d’étudiant, sont nécessairement temporaires, ce qui vient altérer la perception de l’étudiant de son engagement. L’engagement doit apporter des rétributions, personnelles (vis-à-vis de l’individu) ou collectives (vis-à-vis des causes et projets promus). La deuxième caractéristique, c’est le rapport aux études. En effet, tout engagement implique un passage à l’acte, conscientisé ou non, dans une activité pensée par l’étudiant en dehors de son cadre d’études. Il s’agit de se détacher de sa simple condition d’individu qui suit une formation pour s’engager en plus de ce qui l’attache initialement à l’université[22]. Le rapport que l’étudiant entretient avec l’institution universitaire évolue donc au gré de l’engagement, qui peut tant favoriser l’intégration de l’étudiant en son sein que l’en éloigner. Sur la base de ces deux caractéristiques, nous proposons de définir l’engagement étudiant comme l’inscription temporaire dans une trajectoire d’activité parallèle aux études.

III. La vision des engagements des étudiants par l’institution : une expression de leur renouvellement ?

La définition de l’engagement étudiant présentée jusqu’ici est centrée sur le vécu des étudiants qui s’engagent. Elle n’est pas suffisante toute seule, et doit être confrontée à la définition qui en est faite par l’institution universitaire. Comme nous l’apprend Julie Testi, le sujet émerge par une conjonction de dynamiques : le développement du paradigme de la société de connaissance, qui insiste sur la formation tout au long de la vie, la professionnalisation croissante des cursus depuis le début des années 2000 (autour des notions d’employabilité et de compétence) et la création des Unités d’Enseignements à l’occasion du passage au LMD (licence-master-doctorat), qui offre la possibilité de reconnaître les engagements des étudiants dans les cursus[23].

Vis-à-vis du processus législatif, une première circulaire est publiée en 2001, et pose les premières pierres de la réflexion gouvernementale sur cet aspect de la vie étudiante. Elle insiste sur la nécessité pour les universités de fournir de l’équipement, des infrastructures, un budget pour développer celle-ci. Elle propose également une réflexion sur la valorisation académique des engagements des individus par le biais d’une UE optionnelle validant des crédits et des mentions. Le texte restera longtemps en vigueur, et le modèle ne sera réévalué qu’en 2011 par le biais d’une charte signée entre la Conférence des présidents d’université (CPU), le ministère et les organisations étudiantes. Il faudra attendre 2017 pour la formalisation, dans la loi égalité et citoyenneté, d’une vraie obligation pour les universités de reconnaître l’engagement étudiant.

L’émergence de ces politiques pose la question de la définition qui y est faite de l’engagement des étudiants. La circulaire de 2001 base son postulat sur la « capacité d’engagement remarquable et multiforme » des étudiants, tant « dans le domaine du volontariat que dans le domaine sportif ou culturel »[24]. Elle insiste sur les « engagements associatifs » des étudiants, son titre II, qui « doivent être reconnus »[25]. Le caractère pluridimensionnel des engagements étudiants est bien présent, de même que les modalités de reconnaissance qui, déjà, prennent des formes diverses. Il est intéressant de voir que les élus étudiants, mentionnés dans un autre paragraphe de la circulaire, ne sont pas clairement inclus dans la partie sur la reconnaissance. Cela fera d’ailleurs l’objet d’une demande en ce sens des organisations étudiantes au cours du séminaire Citoyenneté et démocratie étudiante de la CPU en 2005[26]. L’ensemble des interventions du séminaire réaffirment à ce titre l’importance de l’engagement des étudiants pour les universités.

La CPU sera un acteur important dans le développement des politiques étudiées, notamment avec la signature de la charte de 2011 sur la valorisation de l’engagement étudiant, évoquée dès 2009 par François Fillon[27]. La charte consacre les évolutions abordées en 2005, puisqu’elle parle de « l’expérience associative, notamment sportive, humanitaire, culturelle ou syndicale » comme forme d’engagement étudiant à reconnaître. Un lien plus fort est fait avec la formation des étudiants, puisque la charte prévoit la possibilité d’aménager les rythmes d’études et de reconnaître des compétences acquises grâce aux engagements. L’engagement étudiant n’est donc plus seulement valorisé au titre de sa participation au dynamisme de la vie associative, mais est lié plus clairement aux études.

La prochaine étape sera à l’initiative du gouvernement, à l’occasion du Plan National de Vie Étudiante (PNVE) de 2015, rédigé suite aux concertations organisées par le ministère de l’enseignement supérieur. Il en ressort une volonté d’encadrer et définir des pratiques déjà existantes dans les universités par plusieurs recommandations (statut de l’élu étudiant, du responsable associatif, création d’un référentiel national des dispositifs de reconnaissance et de valorisation, supplément au diplôme…). Il y a également un élargissement plus important du public concerné par ces dispositifs. En effet, l’on parle ici de « valoriser et reconnaître dans les formations l’engagement étudiant et la pratique d’activités sportives, artistiques ou culturelles », ainsi que « les compétences acquises par les étudiants salariés »[28].

Cette orientation sera confirmée à l’occasion de la loi égalité et citoyenneté de 2017, qui prévoit la généralisation « à tous les établissements d’enseignement supérieur la valorisation de l’engagement étudiant »[29], notamment par l’obtention de crédits ECTS. Un caractère obligatoire qui va pourtant à l’encontre de la position de la CPU, qui préconisait l’autonomie des universités dans la définition de leurs politiques sur le sujet[30]. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est bien l’élargissement du public bénéficiaire de ces dispositifs, puisque « seront également reconnus et validés, selon les mêmes modalités, les activités professionnelles, militaires dans la réserve opérationnelle, les engagements de sapeur-pompier volontaire, les missions de service civique ou de volontariat[31] ». La loi va ainsi plus loin que les recommandations du PNVE de 2015 et aboutit à une liste élargie d’engagements étudiants pouvant faire l’objet d’une valorisation.

Ces évolutions sont à mettre en lien avec le développement important de la vie étudiante, qui devient un enjeu de plus en plus stratégique pour les établissements. En effet, depuis la loi Fioraso de 2013, les universités doivent créer des « schémas directeurs de la vie étudiante », destinés à « créer des synergies entre les différents acteurs de la vie étudiante et de faire émerger des priorités territoriales »[32]. Ces schémas participent à la réglementation de la vie étudiante, qu’il ne s’agit plus d’encourager, mais bien de définir, par le biais d’orientations et de propositions directement annexées au contrat pluriannuel de site des établissements. L’action du HCERES, organisme d’évaluation des universités, est en ce sens éloquente. Une note publiée en février 2020 donne aux établissements des exemples d’indicateurs pour aider « à la structuration du processus d’auto-évaluation » sur la vie étudiante, dont la stratégie est « évaluée de l’amont à l’aval »[33]. La crise sanitaire a aussi contribué à mettre en lumière la vie étudiante compte tenu de la situation difficile des étudiants confinés, et la dynamique mise en avant n’a cessé de se poursuivre.

L’engagement étudiant faisant partie intégrante des politiques de vie étudiante, il convient de ne plus seulement le considérer comme une trajectoire d’activité parallèle aux études, mais bien un enjeu stratégique central pour les établissements, obligés d’intervenir pour sa reconnaissance et sa valorisation. L’étude des politiques universitaires montre d’ailleurs le mouvement d’élargissement dans le nombre et la forme d’engagements reconnus, intégrant ce que l’on appelle des pratiques individuelles d’engagement, comme l’investissement en tant que sapeur-pompier volontaire. Ces dernières correspondent beaucoup plus au modèle d’engagement « distancié[34] » développé, et si les engagements dans les associations étudiantes font partie du dispositif, le cadre légal s’attache à reconnaître une diversité de situations. Mais au-delà du cadre national, les universités ont disposé d’une grande autonomie sur la question. C’est pourquoi, nous nous intéresserons dans notre dernière partie au cas de l’université de Bourgogne, pour comprendre comment les logiques individuelles et étudiantes de l’engagement se confrontent.

IV. La confrontation des logiques institutionnelles et étudiantes : le cas de l’université de Bourgogne.

La politique de l’université de Bourgogne en matière de reconnaissance des engagements étudiants connaît deux temps principaux, profondément liés à la mise en place de l’obligation juridique par la loi égalité et citoyenneté de 2017.

Avant 2017, l’université ne disposait pas de vraie politique en la matière, mais seulement d’une unité d’enseignement (UE) libre sur l’engagement étudiant. Elle restait assez marginale puisqu’elle était réalisable dans un nombre limité d’associations, dont la liste était définie par les conseils centraux. Pour autant, cela ne veut pas dire que les engagements étudiants n’étaient pas pris en compte. En effet, l’université laisse historiquement une place importante aux étudiants dans sa gouvernance. Avant la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) de 2007, le poste de vice-président étudiant n’était pas obligatoire dans les universités, pourtant l’université de Bourgogne en était déjà dotée de deux.

Les vice-présidents étudiants

Le vice-président étudiant (VPE) est un représentant élu au sein du conseil académique (CAC) par l’ensemble des élus du conseil (le cas à l’université étudiée) ou bien par les élus étudiants uniquement. Sa présence est légalement prévue depuis la loi LRU de 2007 à l’article L712-4 du code de l’éducation. Avant 2013, il était chargé des questions de vie étudiante, en lien avec les CROUS. La loi Fioraso a supprimé cette délégation spécifique depuis, laissant une grande liberté aux universités dans la définition de leurs missions. À l’université de Bourgogne, le vice-président étudiant travaille en collaboration avec le président du conseil académique dans la définition de la politique menée par le conseil. Il est amené donc à appréhender autant des questions relatives à la formation qu’à la vie étudiante.

Le vice-président étudiant délégué (VPD) est un étudiant qui fait partie de l’équipe de gouvernance du président de l’université. Sa présence est prévue à l’université de Bourgogne par l’article 14 des statuts, qui dispose que « le Bureau doit comprendre au moins un étudiant ». S’il n’y a pas de délégation spécifique prévue, le vice-président délégué gère toujours la vie étudiante, qui est selon les équipes de gouvernance complétée par d’autres missions. Cette pratique, encore aujourd’hui peu répandue dans les universités, lui confère des prérogatives importantes. Il représente le président au même titre que les autres vice-présidents, a une autorité hiérarchique sur les services administratifs, est responsable administratif de la Maison de l’Étudiant, intervient dans la gestion et l’attribution des fonds financiers relatifs à la vie étudiante etc. Il est d’ailleurs souvent membre de l’organisation étudiante majoritaire dans les conseils.

Au-delà des responsabilités offertes par le poste, il n’a pas toujours été investi de la même manière par les étudiants en responsabilité. Le point de bascule se situe au début des années 2000, suite à un changement dans la majorité étudiante, toujours issue du tissu associatif local, mais avec une vision politique beaucoup plus affirmée. Jusqu’alors, le vice-président étudiant était un membre de l’équipe de gouvernance en lien avec son organisation d’origine, mais il ne participait pas aux décisions stratégiques en dehors de son champ d’attribution. C’est à partir de novembre 2005, et de nouvelles élections que les choses changent. En effet, suite au renouvellement de tous les conseils centraux[35], le président élu depuis 2003 perd sa majorité face à l’intersyndicale. Le vice-président étudiant délégué, représentant de la majorité étudiante dans les conseils, propose alors un accord politique avec la majorité présidentielle, « à condition que désormais la majorité étudiante soit associée à la gouvernance globale de l'établissement [...] [36] ». C’est le début d’une pratique qui perdurera jusqu’en 2020, avec des accords dits de gouvernance qui seront par la suite formalisés par écrit.

Le vice-président étudiant délégué devient dès alors un interlocuteur régulier du président, permettant à la majorité étudiante « d’avoir connaissance de l’ensemble des sujets, des dossiers et des arbitrages »[37]. C’est la mise en place de ce rapport de force qui a permis de développer une politique particulièrement ambitieuse sur les questions de vie étudiante. Il renforce non seulement ses attributions en matière de vie étudiante, mais réussit aussi à être associé à l’ensemble des décisions stratégiques de l’université, notamment en amont des instances. Des victoires plus larges sont aussi obtenues pour les étudiants au début des années, comme la banalisation des cours entre midi et quatorze heures par exemple (qui n’est plus en vigueur aujourd’hui).

Une telle intégration aux politiques de l’université est alors une forme de reconnaissance bien plus forte que les dispositifs mentionnés plus haut. Il ne s’agit pas de valoriser un engagement par un supplément au diplôme ou la validation d’une UE, mais bien de reconnaître chez les étudiants une capacité à exercer des responsabilités politiques et faire des choix stratégiques. Le vice-président étudiant mène une politique, dirige un service administratif, gère des budgets, ce qui est d’autant plus valorisable et valorisant. Si cela ne concerne qu’un nombre restreint d’étudiants engagés, cette mise en responsabilité donne du sens à l’engagement d’un réseau associatif entier, en plus d’avoir une valeur symbolique forte. Le rapport de force évolue toutefois au fur et à mesure des années et du turn-over étudiant. Si certains restent jusqu’à quatre ans en responsabilité, les majorités présidentielles aussi se stabilisent. Le soutien des étudiants est toujours important au moment de l’élection du président, mais le devient beaucoup moins ensuite. Les étudiants perdent au fur et à mesure leur capacité à peser dans la définition des orientations stratégiques, du fait de la conjonction de nombreux facteurs (divisions internes, changements dans la structure des conseils etc).

Dans ce cadre, et peu importe les évolutions sur la période, la création de dispositifs de reconnaissance et de valorisation de l’engagement des étudiants n’a jamais été une politique forte pour la majorité étudiante. Le vice-président délégué en responsabilité au début des années 2000 explique d’ailleurs avoir une opposition « philosophique » à la question, et « n’a donc jamais vraiment poussé de manière honnête le sujet », notamment « car le bénévolat ne demande rien en retour » et que ces dispositifs ne sont qu’une « infantilisation de la majorité étudiante[38] ». Une telle position symbolise aussi l’écart qui était déjà visible entre les étudiants engagés dans les organisations à vocation représentative et les dispositifs de valorisation et de reconnaissance des engagements, qui ne s’adressent pas en réalité au même public.

Pourtant, la politique de l’université sur la reconnaissance des engagements étudiants va se conformer aux évolutions nationales transcrites plus haut. En effet, suite à l’obligation légale instaurée dans la loi de 2016, la politique de l’université va se développer, avec l’adoption en 2017 d’une charte. Elle ajoute à l’UE optionnelle existante un système de validation a posteriori de compétences pour toute forme d’engagement étudiant. Toutefois, la procédure est lourde : l’étudiant doit constituer un dossier justifiant du rapport entre sa formation académique et les compétences acquises lors de l’engagement, et passe ensuite devant un jury qui statue sur la demande. Le dispositif correspond peu aux attentes des étudiants, qui l’utilisent peu. Un rapport du HCERES de 2016 pour l’université de Bourgogne pointe d’ailleurs le manque de « lisibilité » et « d’attractivité » de l’UE transversale d’engagement étudiant, avec seulement « 2 étudiants inscrits pour l’année 2015-2016 »[39].

Est remis en cause en 2022 le modèle instauré en 2017, pour différentes raisons. La première est la rigidité du dispositif, et son inadaptation à la situation des étudiants engagés, critiquée par les élus étudiants mais aussi par le HCERES. La deuxième vient d’une obligation légale supplémentaire : l’arrêté licence. Publié en 2018, le texte modifie le fonctionnement des unités d'enseignement (UE), désormais organisées en blocs de compétences. L’idée est de favoriser l’adaptation des enseignements aux besoins du monde professionnel, et sa mise en œuvre suppose aussi de retravailler le modèle de valorisation des engagements. La troisième, en lien avec les critiques opérées sur le dispositif, s’inscrit dans la stratégie de la gouvernance de l’université, qui vise à consolider le sentiment d’appartenance des étudiants.

Les réflexions quant à l’évolution du système sont en discussion depuis 2022 dans le cadre de groupes de travail informels menés par la vice-présidente CFVU et la vice-présidente étudiante. Si la forme définitive du dispositif refondu n’est pas encore déterminée au moment où est écrite cette contribution, le suivi des débats montre la difficulté de la circonscription du cadre du dispositif. Plus particulièrement, la définition de ce qu’est un étudiant engagé fait l’objet de beaucoup de débats, notamment dans le cadre de la reconnaissance des pratiques individuelles d’engagement. Des débats de fond existent également autour de la place que cette reconnaissance doit prendre vis-à-vis de la formation académique : doit-il s’agir d’une reconnaissance qui fait partie du cursus ? Il subsiste une hostilité importante de certaines composantes ou certains professeurs, malgré la consécration légale du principe.

Cet exemple confirme l’idée qu’il est important de ne pas penser la reconnaissance des engagements étudiants uniquement par le prisme de la politique universitaire mise en œuvre pour l’encadrer. Ces politiques successives, qui font l’objet d’un « consensus ambigu » quant à leur mise en œuvre, reflètent la vision des acteurs universitaires sur une « démocratisation de l’enseignement supérieur compatible avec un modèle d’organisation par le marché »[40]. Le développement des dispositifs de reconnaissance des engagements n’est pas concomitant avec les transformations du rapport de force entre la majorité étudiante et la présidence de l’université. Toutefois, ces deux dynamiques croisées expriment à notre sens la même idée d’une vision spécifique de l’engagement de l’institution universitaire, qui le pense surtout comme un moyen supplémentaire de faire acquérir des compétences valorisables dans le marché du travail pour ses étudiants, pour répondre aux injonctions de compétitivité avec les autres établissements. À l’inverse, l’intérêt des étudiants pour ces dispositifs est très faible, y compris pour les étudiants très engagés qui s’en saisissent peu. Cela montre alors un décalage entre les attentes des étudiants, dont la vraie revendication, particulièrement pour ceux engagés dans l’institution universitaire, est de posséder un vrai pouvoir décisionnel.

Conclusion : Ce que révèle l’étude de la politique universitaire sur les engagements étudiants

De par son caractère contraint, dans le temps par les études, dans l’intensité par les contraintes qui y sont associées, l’engagement étudiant est profondément protéiforme. Si pour certains étudiants, les rétributions fortes de l’engagement peuvent donner lieu à des carrières militantes très structurées, notre étude montre également le développement de pratiques individuelles d’engagement bien différentes. Prises en compte rapidement par l’institution universitaire, ces pratiques laissent entrevoir une diversification supplémentaire des engagements étudiants, au-delà de la seule question des organisations dans lesquelles il est possible de s’investir. Toutefois, cela ne permet pas de conclure à un désengagement généralisé des étudiants, mais bien d’un changement de pratique, qui ne remet pas en cause leur intensité.

Dès lors, il devient intéressant de revenir sur une catégorisation des formes d’engagement des étudiants. Nous proposons alors de reprendre la typologie proposée par Morder[41], mais en y consacrant deux types d’évolutions, mises en avant par notre travail. D’abord, la distinction entre les organisations étudiantes à vocation représentative et à objet non universitaire nous semble toujours pertinente, mais la seconde a particulièrement évolué dans son contenu. En effet, les anciennes organisations politiques ou confessionnelles (UEC, RPF, MJS, mais aussi FFEC, JEC) sont minoritaires désormais, et ont laissé place à une constellation d’associations à défense de cause (environnement, féminisme, cause LGBT) ou culturelles. Elles se différencient toutefois toujours des associations de filière et syndicats étudiants de par leur absence de revendication représentative et agissent plutôt pour sensibiliser et animer la vie de campus. À côté de celles-ci, les étudiants s’engagent toujours dans des organisations générales non-étudiantes, en faisant une catégorie toujours pertinente. Toutefois, se dégage, comme l’a montré notre étude, un ensemble de pratiques individuelles d’engagement, reconnues désormais par l’institution universitaire. La logique y est différente, car l’on ne s’engage pas tant pour les autres que pour soi-même, dans une forme éloignée de la forme associative, qui permet toutefois d’obtenir des compétences désormais valorisables.

De telles considérations laissent entrevoir une réponse négative à notre problématique initiale. Le renouvellement ne viendrait pas tant des étudiants qui s’engagent différemment, mais plutôt de l’institution universitaire en elle-même, profondément transformée par les politiques mises en œuvre ces vingt dernières années. Comme le dit Julie Testi, « les dispositifs de reconnaissance des engagements s’inscrivent dans la mise en œuvre plus générale de parcours de formation individualisés, en lien avec le paradigme de la société de la connaissance[42] ». L’intégration des pratiques individuelles d’engagement dans ces politiques ne traduit donc pas nécessairement le passage d’un modèle d’engagement à un autre, mais bien la valorisation par l’institution universitaire d’une forme d’engagement utile, mobilisant des compétences définies, et aidant à l’insertion professionnelle. Les pratiques d’engagement militant subsistent largement, quand bien même les étudiants engagés ne se saisissent que très peu des dispositifs de valorisation mentionnés. Les deux dimensions de l’engagement étudiant, individuelle et institutionnelle, recouvrent alors des réalités différentes.

Par ailleurs, il nous semble possible de mettre en lien le développement de ces dispositifs avec d’autres dynamiques qui touchent les conditions de l’engagement des étudiants. Du fait des politiques de regroupement universitaire et des possibilités d’expérimentation qui en découlent, les élus étudiants ont vu leur représentativité diminuer dans les conseils, passant pour certaines universités en-dessous du seuil prévu par la loi[43]. De même, ces dix dernières années ont vu la disparition progressive des « œuvres étudiantes », les organisations perdant la gestion des restaurants universitaires, des cafétérias et surtout des mutuelles étudiantes. À l’inverse, la vie étudiante est de plus en plus réglementée, et si les étudiants sont parties prenantes de la construction des dispositifs, cette gestion est surtout faite par un faible nombre d’entre eux, experts sur la question. En parallèle, les réformes mettent en œuvre une sélection sociale et universitaire de plus en plus forte[44], au niveau licence et master, renforçant l’injonction à se concentrer sur les études et donc restreignant le temps d’engagement. La précarité étudiante, elle aussi en forte hausse[45], amène les étudiants vers le travail et diminue la réussite universitaire[46], et les perspectives d’engagement. Dès lors, l’entrée et surtout l’intensification de l’engagement des étudiants est rendue plus difficile, de même que leurs ressources, qui sont limitées par ces changements. Face à l’ensemble de ces contraintes, nous faisons l’hypothèse que ce n’est pas tant l’engagement des étudiants qui a changé, mais bien les conditions de sa réalisation qui le rendent plus difficilement accessible.

Haut de page AUTEUR

Quentin Genelot,
Université de Bourgogne, laboratoire CREDESPO,
(sous la direction de M. Dominique Andolfatto et Manja Klemencic)

Capucine Yvenat, Vice-présidente étudiante de l'Université de Bourgogne (2022-2024)

Haut de page NOTES



[1] Jacques, Ion, La fin des militants ?, Editions de l’Atelier, 1997.

[2] Lardeux Laurent, « L’engagement des jeunes : stabilité et (r)évolutions », L’école des parents, mai 2016, sup au n° 619, p. 79-97. Sandrine Nicourd, « Qui s’engage aujourd’hui ? Regards sociologiques sur la participation », Informations sociales, janvier 2008, n° 145, p. 102-111. Stéphanie Vermeersch, « Entre individualisation et participation : l’engagement associatif bénévole », Revue française de sociologie, avril 2004, vol. 45, p. 681-710.

[3] Robi Morder et Thierry Côme, « État des savoirs Les engagements des étudiants Formes collectives et organisées d’une identité étudiante », rapport pour l’Observatoire de la vie étudiante, juin 2009. En ligne : https://www.ove-national.education.fr/wp-content/uploads/2019/01/dc_45_rapportove150609.pdf.

[4] Laurent Lardeux, Sarah Pickard et Robi Morder, « Session conclusive : Où en est la recherche sur les engagements étudiants ? Sources, archives, regards croisés et pluridisciplinaires », Journée d’études Engagements étudiants contemporains, Université de Nanterre, 2022.

[5] Sébastien Michon, Études et politique : les effets de la carrière étudiante sur la socialisation politique, Université Marc Bloch - Strasbourg II, Thèse de sociologie, 2006. En ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00331271/document. Valérie Becquet, « Moment étudiant, moment d’engagement, regards sur les activités bénévoles des étudiants » dans Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon et Robi Morder [dir.], Cent ans de mouvements étudiants, Paris, Syllepse, 2007, p. 141-156. Lucie, Bargel et Karel Yon, « Circulation des militants et réseaux politico-syndicaux : évolutions des socialisations militantes à l’UNEF depuis les années 1970 », journée d’études Carrières militantes et trajectoires professionnelles : l’engagement dans les mouvements étudiants comme lieu de socialisation politique, 24 novembre 2006, ENS LSH de Lyon.

[6] « Sont regardées comme représentatives les associations d’étudiants qui ont pour objet la défense des droits et intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels, des étudiants et, à ce titre, siègent au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche ou au conseil d’administration du Centre national des oeuvres universitaires et scolaires ». Article L811-3 du Code de l’éducation.

[7] Howard S. Becker, « Sur le concept d’engagement », SociologieS [en ligne], Discoveries/rediscoveries, 2006, disponible sur : http://journals.openedition.org/sociologies/642, consulté le 13/04/23.

[8] Nelson. N. Foote, « Concept and Method in the Study of Human Development », dans Sherif M. & Wilson M.O., Emerging Problems in Social Psychologie, Norman, Institute of Group Relations, 1957.

[9] Howard S. Becker, op.cit.

[10] Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers Les étudiants et la culture, Le sens commun, 1964.

[11] Robi Morder et Thierry Côme, « État des savoirs Les engagements des étudiants Formes collectives et organisées d’une identité étudiante », rapport pour l’Observatoire de la vie étudiante, juin 2009. En ligne : https://www.ove-national.education.fr/wp-content/uploads/2019/01/dc_45_rapportove150609.pdf .

[12] Ibid.

[13] Éric Agrikoliansky, « Carrières militantes et vocation à la morale : les militants de la LDH dans les années 1980 », Revue française de science politique, 2001, vol. 51, n° 1, p. 27-46, En ligne : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2001-1-page-27.htm.

[14] Éric Agrikoliansky, « Chapitre 6 - Les “carrières militantes” Portée et limites d’un concept narratifn », dans Olivier Fillieule, Florence Haegel, Camille Hamidi et Vincent Tiberj [dir.], Sociologie plurielle des comportements politiques, Presses de Sciences Po, 2017, p. 167-192.

[15] Nous évoquons ici l’engagement compris comme adhésion à une association ou un syndicat. Il serait possible d’identifier d’autres formes d’engagements préalables (élection au poste de délégué, participation à des manifestations) ou de caractériser plus précisément certaines prédispositions amenant à l’engagement (caractéristiques socio-économiques de la famille, pratiques culturelles), mais cela nécessiterait une étude détaillée qui n’est pas l’objectif de notre contribution.

[16] Sébastien Michon, Études et politique : les effets de la carrière étudiante sur la socialisation politique, Université Marc Bloch - Strasbourg II, Thèse de sociologie, 2006, https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00331271/document.

[17] Ibid.

[18] Éric Agrikoliansky, « Chapitre 6 - Les “carrières militantes” Portée et limites d’un concept narratif », op.cit, p. 167-192.

[19] Claire Thoury, « Engagements étudiants et sentiment d’intégration », OVE infos, n° 33, 2016.

[20] Daniel Gaxie, « Rétributions du militantisme et paradoxes de l’action collective », Swiss Political Science Review, n° 11, p. 157-188.

[21] Jacques Ion, La fin des militants ?, op.cit.

[22] Certains engagements peuvent être prévus dans certaines filières dans le cadre du cursus, mais l’idée est d’insister sur le passage à l’acte de l’étudiant pensé en dehors de son cadre d’études, nous choisissons alors de ne pas inclure ces engagements ici.

[23] Julie Testi, La reconnaissance pédagogique des engagements bénévoles et militants : étude d’une politique universitaire qui fait long feu, Université de Paris Nanterre, thèse de science politique, 2021, en ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03289380.

[24] Développement de l’engagement associatif et des initiatives étudiantes, Bulletin Officiel du ministère de l’Education Nationale et du ministère de la recherche [en ligne], 2001, n° 2001-159, disponible sur : https://www.education.gouv.fr/botexte/bo010906/MENS0101700C.htm, page consultée le 12/04/23.

[25] Ibid.

[26] À cette occasion, l’organisation Promotion et Défense des Etudiants (PDE) demande de mettre en place un statut de l’élu étudiant avec des garanties.

[27] Julie Testi, La reconnaissance pédagogique des engagements bénévoles et militants : étude d’une politique universitaire qui fait long feu, op.cit, Université de Paris Nanterre, thèse de science politique, 2021, https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03289380.

[28] Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Plan National de Vie Étudiante, 1er octobre 2015. En ligne : https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/actus/48/9/Plan_national_de_vie_etudiante_01-10-2015_478489.pdf.

[29] Ministère de l'Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Reconnaissance de l’engagement des étudiant.e.s dans la vie associative, sociale et professionnelle, [en ligne], 2017, disponible sur https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/reconnaissance-de-l-engagement-des-etudiantes-dans-la-vie-associative-sociale-et-professionnelle-49097, page consultée le 13 avril 2023.

[30] Julie Testi, op.cit.

[31] Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Reconnaissance de l’engagement des étudiant.e.s dans la vie associative, sociale et professionnelle, op.cit.

[32] Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Plan National de Vie Étudiante, op.cit.

[33] HCERES, Vie et réussite étudiante, impact sociétal, 17 février 2020. En ligne : https://www.hceres.fr/sites/default/files/media/downloads/hceres_dee_fiche-methodo_vie-etudiante.pdf.

[34] Jacques Ion, op.cit.

[35] Qui auparavant avaient lieu de manière asynchrone avec l’élection du président de l’université.

[36] Entretien n° 1. S.C, communication personnelle, 2 février 2023.

[37] Ibid.

[38] Entretien n° 1. S.C, communication personnelle, 2 février 2023.

[39] HCERES, Rapport d’évaluation de l’Université de Bourgogne, 15 septembre 2016.

[40] Julie Testi, op.cit.

[41] Pour rappel, entre les « organisations générales avec participation individuelle d’étudiants », les « organisations d’étudiants à objet non exclusivement universitaire », et les « organisations d’étudiants à vocation représentative », réf. : Robi Morder et Thierry Côme, op.cit.

[42] Julie Testi, op.cit.

[43] Alice Bouviala, « Comment les établissements publics expérimentaux se sont-ils emparés des dérogations possibles pour composer leur CA ? », AEF Sup-Recherche, Avril 2023, Dépêche n° 661972.

[44] Leïla Frouillou, Clément Pin et Agnès Van Zanten, «  Les plateformes APB et Parcoursup au service de l’égalité des chances ? L’évolution des procédures et des normes d’accès à l’enseignement supérieur en France », L’Année sociologique, 2020, vol. 70, p. 337-363.

[45] Philippe Cordazzo et Nicolas Sembel, « Quand la marge interpelle la norme Évolution et actualité de la précarité étudiante », Agora Débats/Jeunesses, 2020, n° 86, p. 43-60.

[46] Magali Beffy, Denis Fougère et Arnaud Maurel, « L’impact du travail salarié des étudiants sur la réussite et la poursuite des études universitaires », Économie et statistique, 2009, n° 422, p. 31-50.

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Pour citer cet article :
Quentin Genelot et Capucine Yvenat, « La reconnaissance de l’engagement à l’université : une politique révélatrice d’un engagement étudiant renouvelé ? », Revue TRANSVERSALES du LIR3S - 23 - mis en ligne le 22 mai 2024, disponible sur :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/Transversales.html.
Auteur : Quentin Genelot et Capucine Yvenat
Droits :
http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/Transversales/menus/credits_contacts.html
ISSN : 2273-1806