Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche "Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-uB |
Transversales |
Crises, précarité/fragilité |
Introduction |
Pauline Gomont et Katia Mazalovic | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références |
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SOMMAIRE |
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Nous allons tenter de situer ces notions qui sont le point de départ des communications que vous allez entendre. Pour commencer, définissons la notion de crise. Provenant de la crisis latine, la crise désigne un moment où se décide le sort du malade. Elle est également à rapprocher de la krisis grecque qui renvoie à la faculté de juger, de distinguer et finalement de décider. Elle ne se limite pas ici à son aspect économique, mais est envisagée comme une fragilisation générale (matérielle, sociale, cognitive, etc.), conséquence d’une forme de violence sociale et ordinaire. Le sentiment de crise est omniprésent dans notre quotidien et anime les recherches en sciences humaines et sociales depuis plus d’une trentaine d’années. En effet, les crises sont souvent subies par des territoires, des populations, jugées vulnérables et précaires. La recherche permanente d’un équilibre les plonge dans une crainte de l’avenir et les prive du lien social qui les unissait aux autres. Cette fragilité, associée à l’instabilité qu’elle peut générer, débouche sur une forme de désorganisation – menace de l’organisation du système –, qui, sur une période plus ou moins longue, se transformera en crise. Nous souhaitons interroger cette notion de crise dans ses relations avec la précarité. Ensuite, intéressons-nous au terme précarité. L’étymologie nous enseigne que ce mot est apparu au xvie siècle. Il provient du latin juridique precarius, qui signifie « obtenu par prière ». Il revêt donc une double dimension juridique et religieuse, ou pseudo religieuse. Plus récemment, Littré, en 1880, définissait une prérogative qui s’exerçait « par permission » sinon « par tolérance », et qui supposait donc aussi une « dépendance. » En 1987, Peter Tonwsend[1] définit la précarité comme un état observable et démontrable de désavantage par rapport à la communauté ou à la société, d’un individu, d’une famille ou d’un groupe social. Cette précarité s’applique à des notions variées (physiques, environnementales, sociales ou circonstancielles) et non uniquement à des ressources monétaires, ce qui la distingue du concept de pauvreté. Toujours en 1987, Joseph Wresinski[2] complète cette tentative de définition, en caractérisant la précarité comme : « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut-être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer des responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible ». Il décrit cette précarité comme « l’effet d’une déstabilisation induite par l’accélération des mutations de toute nature ». Enfin, ce terme polysémique a été de plus en plus utilisé depuis les années 1980-1990, pour ne pas dire surutilisé par les politiques de diverses obédiences et par la presse. Il est même devenu une catégorie administrative essentiellement basée sur la notion de précarité par rapport à l’emploi ou de bénéficiaire d’aides sociales. Pour conclure sur l’historique du mot précarité, ce terme a une longue histoire, tantôt utilisé comme un adjectif, tantôt substantif, attaché tantôt au vocabulaire courant, tantôt au droit. Cependant, il renvoie principalement à ce dont l’avenir, la durée, la solidité n’est pas assurée, à ce qui est instable et incertain, à ce qui est court, fugace ou fugitif, voire à ce qui est délicat et fragile. Cette précarité-instabilité-fragilité, conséquence d’une déstabilisation, nous permet de lier à nouveau précarité et crise.En mobilisant les disciplines représentées par le Centre Georges Chevrier – sociologie, philosophie, histoire du droit, histoire, musicologie et histoire de l’art –, nous espérons questionner les liens qui relient crise et fragilité. Nous aurons donc le plaisir d’écouter les communications suivantes : Mme Claudy Chêne ouvrira les débats avec « La situation des engagés Tonkinois sous contrat en Nouvelle-Calédonie et aux Nouvelles-Hébrides : d’une crise Tonkinoise à une crise permanente en Océanie ». Nous aurons ensuite le plaisir d’écouter M. Romain Castellesi qui nous présentera son travail intitulé : « Crise et conscience de crise » dans une ville moyenne en Bourgogne. Autun dans la seconde moitié du xxe siècle ». Nous aurons ensuite une courte pause conviviale qui nous permettra de poursuivre les échanges de manière moins formelle. Puis nous reprendrons les communications avec Mme Katja Gentric qui nous présentera « Quand les artistes articulent la précarité comme moteur d’une démarche artistique ». Mme Angélique Giacomini-Philipona clôturera les communications avec son travail intitulé : « Le vieillissement de la population : crise ou défi ? ». Le Professeur Xavier Vigna concluera les débat en tant qu’invité discutant. |
Pauline Gomont et Katia Mazalovic Centre Georges Chevrier, UMR 7366 uBFC/CNRS |
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