Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche "Sociétés, Sensibilités, Soin" UMR 7366 CNRS-uB |
Transversales |
Conflits et démocratie |
Introduction |
Estelle Colombo | Résumé | Mots-clés | Sommaire | Texte | Auteur | Notes | Références |
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« Le conflit, pour exister, ne suppose pas seulement l’existence d’un « pluralisme » – une hétérogénéité ou une multiplicité de points de vue –, mais celle d’un antagonisme ou d’une confrontation, qui nécessite ou non l’intervention d’un tiers, entre des parties adverses (au minimum deux), qu’il s’agisse d’individus, de partis, de groupes ou de classes sociales, que cet adversaire soit réel ou fantasmé. Il y a conflit quand il y a un « choc des forces en lutte », ces luttes pouvant être plus ou moins violentes ou connaître différents degrés, du désaccord ou dissensus langagier jusqu’au recours aux armes. »[1] Penser un monde sans conflit est utopique, même en démocratie, ce système reposant sur la loi du plus grand nombre et la liberté d’expression y étant un droit fondamental. Aux spécificités civilisationnelles s’ajoutent les penchants individuels, et il est logique que des tensions en découlent. Forts de cette affirmation, nous nous posons d’emblée cette question : si les conflits et la démocratie sont indissociables, pouvons-nous affirmer que les conflits sont constructifs pour un système démocratique ? Les paramètres des face-à-face et le devenir des revendications dépendent de facteurs changeants, qu’ils soient naturels, politiques ou socioculturels. L’introduction de nouveaux éléments, que ce soit un mouvement comme celui des Gilets Jaunes, une maladie infectieuse comme la COVID-19 ou des réseaux sociaux numériques peuvent peser sur l’apparition et le règlement des situations conflictuelles locales ou internationales. S’intéresser aux rapports entre les systèmes démocratiques et les différentes formes de conflits n’est pas nouveau mais le sujet est si riche et en constante évolution que la thématique continue de donner matière à réflexion. Le principe est ici de l’approcher sous un angle pluridisciplinaire, chacun des intervenants abordant la question suivant son champ de recherche, avec le concours des concepts et outils mobilisés par les sciences humaines et sociales. Godefroid Nzilla est doctorant en philosophie sous la direction de Jean-Claude Gens. Son terrain d’étude porte sur l’approche philosophique des conflits socio-politiques en République Démocratique du Congo (RDC) dans la perspective de Paul Ricoeur. Pour Transversales, il a travaillé sur le règlement des conflits au regard de la sapientielle africaine, et plus spécialement sur les palabres. Assemblée coutumière, la palabre est aussi une méthodologie juridictionnelle fondée sur la sagesse et le savoir et reposant à la fois sur l’écoute active et sur l’expression orale. Le but n’y est pas de gagner la procédure mais de maintenir la paix collective en recherchant un consensus. Sur cette base, Godefroid a donc réfléchi à l’introduction de la sapience dans la vie politique en RDC. Julien Garry est doctorant en histoire contemporaine sous la direction de Philippe Poirrier. Il rédige une thèse sur l’escrime de guerre dans l’armée française de la Révolution à la Première Guerre mondiale et sur la pratique et théorie du corps à corps dans la guerre moderne. L’intervention qu’il a proposée pour Transversales s’intitule « Au sabre ou au feu, quelles formes pour les conflits de la IIIe République ? ». La IIIe République est née de la défaite de la France face à la Prusse en 1870-1871, véritable traumatisme national. Ses dirigeants successifs veulent donc la doter d’une armée puissante et représentative des valeurs républicaines. Ces principes reposent entre autres sur un service militaire obligatoire pour tous à partir de 1905 et sur le concept de choc psychologique, théorisé à la fin du xixe siècle. Pour les tacticiens de l’époque, l’utilisation par les soldats des armes blanches couplée à la pratique de l’escrime, ancrée dans la culture française, serait donc propre à créer ce choc psychologique, au mépris du combat à distance. Jérémy Sauvineau est doctorant en anthropologie sous la direction de Jean-Louis Tornatore et Marianne Poussou-Plesse. Ses recherches portent sur les figurations contemporaines de l’immigration en Bourgogne-Franche Comté. Pour Transversales, il s’est intéressé à la mobilisation citoyenne en faveur des réfugiés expulsés des anciens locaux de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Chenôve. Le sous-dimensionnement du dispositif d’accueil des demandeurs d’asile peut amener ceux-ci à occuper illégalement des bâtiments ou terrains quand ils ne peuvent être hébergés par des militants ou associations. L’expulsion des occupants de la CPAM par les forces de l’ordre a eu lieu en septembre 2019, à la veille du jugement qui devait statuer sur leur situation. La stratégie de communication de la préfecture à ce propos tourna principalement autour de sa bonne foi et du caractère illégal de l’occupation du site qui empêchait la réalisation d’un projet d’éducation. Une enquête a alors été menée par les militants de façon pragmatique, appuyée par une politique d’information et de soutiens publics et qui débouchera sur la possibilité d’un travail d’introspection. |
Estelle Colombo LIR3S Laboratoire interdisciplinaire de Recherche “Société, Sensibilités, Soin”, UMR 7366 uBFC/CNRS (Sous la direction de Philippe Poirrier et Bertrand Tillier) |
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[1] Marie Goupy et Sébastien Roman, « Usages et mésusages du conflit dans la démocratie », Astérion, 2015, n° 13, mis en ligne le 02 juin 2015. URL : http://journals.openedition.org/asterion/2592. |
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