Les festivals, miroirs et vitrines de l'identité culturelle irlandaise
En Irlande où la pratique
culturelle est de préférence informelle, les festivals [1] sont le plus souvent
la première rencontre avec la culture [2].
C’est là aussi en priorité qu’affluent les touristes en quête de culture
irlandaise « authentique ». Des années 1950, où la politique
culturelle irlandaise commence à s’institutionnaliser avec la création de
l’Arts Council, au début du vingt-et-unième siècle, où les festivals sont
appelés à jouer un rôle décisif pour remettre l’économie à flots, les débats
parlementaires, publications officielles et articles de presse décrivent ces
festivals de manière constante comme des célébrations de la culture irlandaise.
Fidèles à la vocation religieuse première des festivals en ce qu’ils cherchent
à créer un lien au sein d’une communauté et mettent en avant une dimension
festive, leur attractivité est forte. Parce qu’ils
captent un large public, il est tentant en période de crise de les placer au
cœur d’une politique culturelle que l’on veut restauratrice d’une image
positive de l’Irlande, et que l’on veut rentable également. Les festivals sont
le lieu de l’autocélébration de la culture irlandaise, qu’il s’agisse du pan
traditionnel réduit à la clandestinité pendant la période coloniale et
fièrement revendiqué depuis l’indépendance, ou bien d’une culture d’avant-garde
mise en avant comme gage du rattrapage des pays voisins dans la modernité. Dès
lors, il peut paraître tout à fait légitime de les placer au cœur de la
politique culturelle irlandaise. Est-ce souhaitable pour autant ?
Au cours de soixante ans de
politique culturelle irlandaise, les festivals ont été porteurs de différentes
missions, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Nous verrons
qu’elles sont le reflet d’une histoire singulière à bien des égards. Nous
verrons finalement qu’une attention croissante accordée aux festivals pourrait
transformer profondément la politique culturelle irlandaise.
La place des festivals dans
la politique culturelle irlandaise
Une première phase de la
politique des festivals court des années 1950 à la fin des années 1980. Ils
servent alors à démocratiser la culture, même si d’autres vocations
extra-culturelles ne sont pas tout à fait absentes. Lors d’un des débats
parlementaires sur l’Arts Bill de 1951 visant à créer l’Arts Council irlandais,
Patrick J. Little qui allait en devenir le premier président, mentionne pour la
première fois la nécessité de développer le tourisme et le commerce par la
promotion de la culture, citant le « Festival of Britain » dont un
des buts est de relancer le commerce et les exportations. Il attire l’attention
des parlementaires irlandais sur le débat qui s’articule en Europe et en
Irlande concernant la vocation des festivals à apporter un nouveau
« divertissement culturel » et à attirer les touristes.
La création de l’Arts
Council en 1951, dont le rôle est de répartir selon des critères d’excellence
artistique les subventions publiques à la culture, favorise l’émergence de la
première génération de festivals culturels irlandais. Citons la naissance du
festival d’opéra de Wexford en 1951, du festival de chant choral de Cork en 1954,
du festival de cinéma de Cork en 1956, et du festival de théâtre de Dublin en
1959. An Tostál est un festival d’un autre genre qui rassemble arts et
sports ; il ne s’est tenu que plusieurs années seulement (1953-1958) [3],
mais s’est distingué par sa pluridisciplinarité, son étendue géographique et son
but qui était ouvertement d’attirer les touristes par une « célébration de
la culture irlandaise ». Ainsi, célébration de la culture irlandaise et
attraction des touristes sont liées dès le début de l’histoire de la politique des
festivals. Autre mission essentielle des festivals irlandais formulée dès
1952 : contribuer au maintien des communautés rurales [4]. Le nombre de
festivals soutenus par l’Arts Council est en augmentation constante dans les
années 1950, et en particulier dans le domaine du théâtre. A partir des années
1960, l’Arts Council commence à prendre un rôle plus proactif dans le soutien
aux festivals ; c’est à lui exclusivement et non plus à l’organisme de
promotion du tourisme Bord Fáilte que revient la responsabilité de choisir les
festivals à subventionner.
Dans les années 1970, les
festivals et arts pluridisciplinaires forment un volet à part entière de
l’action de l’Arts Council au moment où celui-ci entreprend, avec un
volontarisme nouveau, d’œuvrer à la démocratisation de la culture suite à la
publication de rapports montrant les besoins infrastructurels et les inégalités
d’accès [5].
Lors d’un débat au Parlement en 1975 sur la subvention de l’Arts Council, il
est alors question d’aider davantage les festivals afin qu’ils se développent
sur tout le territoire. Et en effet, dès 1977, le rapport annuel de l’Arts
Council montre une progression remarquable du nombre de festivals locaux.
Participe de ce mouvement de décentralisation des festivals la création du
Galway Arts Festival (1976). Entre 1977 et 1978, le budget pour les festivals
passe alors de 7 317 à 11 500 livres. Cette dynamique se poursuit avec autant
de vigueur dans les années 1980 où les festivals se multiplient de manière
constante dans les petites villes. Avec l’introduction en 1986 du volet community
festivals dans l’action de l’Arts Council, la démocratisation de la culture par
le biais des festivals se fait à la fois géographiquement et socialement,
horizontalement et verticalement.
L’entrée dans les années
1990 marque une deuxième étape qui voit les festivals prendre de l’envergure et
devenir le lieu d’enjeux non plus culturels et sociaux, mais également
politiques. A la suite de la célébration du bicentenaire de la Révolution
française, cette nouvelle décennie est celle des révisionnismes, des regards
critiques sur l’histoire où se redéfinissent les rapports aux notions de
tradition et de modernité. La recherche s’intéresse à l’histoire des festivals
et à la tension entre commémoration et exploration [6]. En Europe et aux
Etats-Unis, les festivals, miroirs des cultures qui se regardent et
s’auto-célèbrent, sont alors destinés à devenir les instruments de
communication de l’Etat. Tension entre commémoration et exploration,
(auto-)célébration d’une identité culturelle, recherche d’autres visées telles
que les bénéfices économiques et le développement de communautés rurales
– ces thèmes sont bien visibles dans la conception des festivals en
Irlande à partir des années 1990. En effet, c’est le moment où grâce à des
choix économiques propres et aux Fonds Structurels européens, l’Irlande
développe son économie, ses infrastructures, et croit pouvoir se débarrasser
des chaînes qui l’ont empêchée d’avancer – retard infrastructurel,
chômage, émigration, vision du monde déterminée par un ancrage rural et local [7].
Prenons par exemple l’année 1996 : le PIB de l’Irlande dépasse pour la
première fois celui de la Grande-Bretagne ; l’Irlande est à la tête de
l’Union Européenne ; c’est aussi l’année du festival « l’Imaginaire
Irlandais » en France et de la Diaspora Irlandaise en Allemagne.
Cette période commence en
Irlande sous le mandat du Taoiseach (premier ministre) Charles Haughey qui se veut
mécène des arts et attentif aux idées continentales de célébration critique de
la culture irlandaise. En 1988 s’organise un des plus grands festivals que
l’Irlande ait jamais connus à l’occasion du millénaire de la fondation de
la ville (« Dublin Millennium ») : 1,4 millions de livres sont
allouées par l’Etat à ce festival qui regroupe nombre de manifestations
culturelles et non-culturelles « afin d’attirer un plus grand public à la
culture » [8].
En 1991, Dublin est nommée Capitale Européenne de la Culture, promotion qui,
outre les manifestations culturelles qu’elle suscite, lui permet de bénéficier
des fonds européens pour aménager le quartier culturel de Temple Bar et
construire, ou restaurer, les institutions culturelles nationales : l’Irish
Museum of Modern Art (IMMA),
Customs’ House, le Dublin Writers Museum, le National Museum
, et la National Gallery [9].
Cette stratégie de
communication passe par la promotion de certaines formes culturelles, celles
qui font la réputation des Irlandais dans le monde. Le théâtre, y compris
amateur, est omniprésent dans les festivals irlandais sur tout le territoire,
et ce depuis toujours. En 1991 s’organise le premier Community Drama Festival
pour les amateurs. Dans le domaine du cinéma, les festivals de Cork et de
Dublin reçoivent une subvention exceptionnelle en 1989, en même temps que se
crée le Galway Film Fleadh, un des plus grands festivals de cinéma du pays. La
littérature enfin voit des festivals importants naître à cette période :
le Writers’ Festival en 1988, le Dublin International Writers Festival en 1990,
en même temps que se développent des festivals nationaux à Galway et dans le
comté de Monaghan. En 1992 s’organise le premier Bloomsday Festival au James
Joyce Theatre de Dublin, et le grand festival de poésie Cúirt est créé à Galway.
En même temps, le soutien
aux festivals s’organise avec la création d’une Association des Festivals
Irlandais (AOIFE) [10] en 1993, au moment où l’Arts Council nomme un responsable des « community
arts » et des festivals. L’année suivante, l’Arts Council augmente cette
ligne de budget de 56%, puis de 15 à 20% tous les ans en moyenne. Le volet
« Community Arts and Festivals » est au cœur de l’Arts Plan, document
de politique générale de l’Arts Council soumis en 1995 au nouveau ministère de
la Culture créé en 1993. L’Arts Council intensifie sa politique d’offre des
festivals sur tout le territoire et demande aux collectivités locales d’avoir
également une politique en la matière. En 1997, des responsables locaux sont
nommés dans le Gaeltacht (régions gaélophones) pour initier davantage de
festivals faisant la promotion du gaélique.
Face à l’explosion des
demandes de la part de tous ces nouveaux festivals, l’Arts Council fixe alors
des critères en 1997 pour l’obtention de subventions : qualité de l’offre,
existence d’un vivier de bénévoles, démonstration d’innovation. En 1998, le
budget des festivals augmente encore de 25%. Ce sont surtout les petits
festivals locaux qui se créent alors, suite à l’amorce en 1999 d’une politique
de soutien aux festivals locaux avec le financement de 23 nouveaux festivals
dans cette catégorie. Il s’agit en effet de fournir aux communautés locales
encore dépourvues d’infrastructures culturelles (qui seront construites dans
les années 2000 grâce au programme européen Access d’équipements culturels) des
occasions d’accéder à une offre culturelle de qualité. Dans les années 1990
également, le secteur privé s’intéresse de plus en plus aux festivals. De
manière générale, la contribution du mécénat à la culture en Irlande a augmenté
de 580 % entre 1987 et 1997, et ce sont les festivals artistiques
pluridisciplinaires qui sont le secteur le plus subventionné. En proportion
également des sources de revenus des festivals, c’est le secteur privé qui
arrive en première place, avant la vente de billets et la subvention de l’Arts
Council. Grâce à tous ces encouragements, 38% des festivals existant
aujourd’hui sont nés dans les années 1990 [11].
Dans les années 2000, en
Irlande et ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, la politique en matière de
festivals s’intéresse davantage encore à l’exploitation de potentiels bénéfices
collatéraux des festivals : production de richesse et d’emplois [12].
L’intérêt des acteurs de la politique culturelle pour les festivals se mesure
par le fait que la Fédération Internationale des Arts Councils et Organisations
Culturelles (IFACCA) décide en 2005 de collecter les meilleures pratiques et de
dresser un état de la recherche existante sur le sujet [13]. En même temps, un Projet
Européen de Recherche sur les Festivals (EFRP) créé en 2004 analyse « l’explosion
des festivals, ses conséquences et ses perspectives » en coopération avec le
réseau CIRCLE (Cultural Information and Research Centers Liaison in Europe) de
centres de recherches et d’information sur la culture en Europe [14].
En Irlande, les festivals
continuent de se multiplier : en 1994, l’Arts Council subventionne 35
festivals ; en 1999 ce chiffre passe à 61 puis à 82 en 2001. En 2006, ce
sont 193 festivals qui demanderont une subvention à l’Arts Council. Face à
cette explosion, celui-ci commande un rapport qui recense les besoins du
secteur [15].
Ce rapport appelle à développer la recherche sur les publics et à mettre au
point des stratégies de marketing ; il conclut enfin à la nécessité de
rapprocher politique des festivals et politique touristique. Cette association
n’est pas un hasard : 2002 est l’année où le ministère des Arts est restructuré
pour inclure le tourisme. Les plus grands festivals se regroupent en consortium
pour mettre en application les recommandations émanant de ce rapport. On
commence à se demander s’il faut se réjouir de cette « festivalite ».
A cette question, Ian Kilroy dans l’Irish Times répond positivement tout en
pointant du doigt les dangers potentiels du rapprochement avec le secteur
touristique qui pourrait à terme occulter la différence fondamentale entre un
festival artistique et un festival de la bière ou de l’huître [16].
Alors que l’Irlande se
prépare en même temps à renouveler sa législation sur la culture (Arts Act 2003),
les débats parlementaires qui précèdent son adoption font état de manière forte
et récurrente du besoin de soutenir les festivals locaux et traditionnels [17].
En 2003, l’Arts Council commence à mettre en place un nouveau mécanisme de
financement pour les festivals locaux. L’Arts Council crée alors en 2004 un
Small Festivals Scheme, programme conçu pour soutenir les petits festivals
culturels et favoriser leur développement au niveau local. Ce programme
soutient des festivals à hauteur de 10 000 euros, plafond relevé à 20 000
en 2006. Ce sont les arts traditionnels qui en profitent essentiellement ;
en 2004 en effet, ce secteur a reçu à lui seul 29% des fonds alloués à ce
programme. Pour la première fois en 2005, l’Arts Council publie un document de
politique générale exclusivement consacré aux festivals. Il réitère sa
politique en la matière : encourager la « prise de risque » et
« l’élargissement à de nouveaux publics » [18].
L’aide aux petits festivals locaux croît encore de façon exponentielle, passant
de 30 000 euros en 2007 à 1 million d’euros en 2008.
Avec l’accent mis sur les
petits festivals locaux, la politique des festivals favorise une culture ancrée
sur les traditions locales, au détriment des cultures du monde qui sont peu
représentées dans ces festivals locaux, et une culture informelle. Un nouveau
rapport publié par AOIFE montre en effet que le multiculturalisme, de même que
la dimension éducative des festivals, figurent parmi
les dernières priorités des festivals, et que les festivals en plein air
tendent à devenir la pratique culturelle préférée des Irlandais. [19] Cette déformalisation de la culture est confirmée par l’étude des pratiques
culturelles des Irlandais en 2006 qui montre que ceux-ci ont tendance à bouder les théâtres, salles de concerts et musées en faveur des cinémas
multiplexes, concerts de rock et autres festivals en plein air [20].
Les grands festivals
connaissent en même temps une augmentation considérable de leur fréquentation,
et en particulier dans le domaine du cinéma (festivals de cinéma de Dublin, de
Galway et de Cork) [21] et de la littérature où les festivals prennent une nouvelle envergure. Pour
l’année 2004 seulement, quelques grands festivals nationaux viennent à
l’esprit : ReJoyce qui célèbre le centenaire de Bloomsday, la journée
décrite par James Joyce dans Ulysses ; le centenaire de l’Abbey Theatre
fondé par William B. Yeats et Lady Gregory dans le contexte de l’émergence du
nationalisme culturel irlandais, prélude à la lutte pour l’indépendance
politique.
En 2007, année électorale,
la culture est au cœur des programmes politiques, et sa contribution au
tourisme, à l’éducation, au bien-être social et culturel et à l’image de
l’Irlande à l’étranger est reconnue plus que jamais. Les festivals sont parmi
les grands gagnants de la politique de l’Arts Council, et en particulier, les
festivals de cinéma et de littérature [22]. Les festivals sont
au cœur de la vie culturelle irlandaise ; ils véhiculent l’affirmation de
l’unicité de la culture irlandaise plus que jamais fièrement revendiquée. La
présidente de l’Arts Council met en avant leur capacité privilégiée à révéler
le caractère unique de chaque région de l’Irlande et à attirer les touristes et
des publics qui ne se rendraient pas dans des lieux culturels plus formels [23].
Ainsi, les festivals
reçoivent toujours l’appui de l’Arts Council au moment de l’entrée en
récession, même si celui-ci va être plus sélectif dans l’allocation de ses
subventions [24].
Les festivals subissent une baisse de fréquentation avec l’entrée dans la
crise, voyant leur nombre d’entrées baisser de 397,000 en 2007 à 343,000 en
2008 [25],
mais ils survivent. En effet, le besoin de réjouissance est d’autant plus grand
que le pays s’enfonce dans la récession. Ainsi, en 2009, on organise un
festival de la Saint-Patrick « spécial crise » encore plus festif que
les autres [26].
Les festivals sont même devenus la pratique culturelle qui produit le plus de
bénéfices et qui est la plus attrayante auprès des Irlandais [27].
En 2011, on constate que les festivals semblent être recession-proof,
imperméables à la crise, et sont toujours bien vivaces [28].
D’un bout à l’autre de la
chronologie de l’histoire de la politique culturelle irlandaise, la permanence
de la justification du soutien public aux festivals est remarquable, là où
d’autres pays les ont utilisés pour tenter de répondre aux enjeux
socio-économiques du moment. Les festivals sont les porteurs principaux d’une
vision exceptionnaliste de la culture irlandaise. Ils représentent les formes
culturelles privilégiées par les Irlandais (littérature, cinéma, musique) en
même temps qu’une culture locale ancienne non soluble dans la mondialisation qui
a su résister et renaître de la colonisation, puis des menaces
d’homogénéisation brandies au moment de l’adhésion européenne, et enfin des assauts
de la crise économique. A ce titre, ils sont sollicités pour représenter la
culture irlandaise à l’étranger et ont un rôle central à jouer dans la
diplomatie culturelle.
Les festivals au service de
la diplomatie culturelle
Une chose est de façonner
une identité culturelle irlandaise propre à attirer les touristes en Irlande.
Une autre est de choisir les aspects de la culture irlandaise destinés à être
exportés. Eamon de Valera, chef de file de l’insurrection de Pâques 1916, un
des artisans de l’indépendance de l’Irlande, chef du gouvernement puis
président de l’Irlande pendant une période quasi-continue de cinquante ans,
avait beau avoir écrit l’Urtext d’un discours culturel ancré dans la tradition
et la frugalité de la vie rurale tournée vers l’esprit et préservée des
attaques de la civilisation de masse venue de l’autre côté de la mer d’Irlande [29],
lorsqu’il s’agissait de représenter la culture irlandaise à l’étranger, il
fallait montrer une image « progressiste » du pays [30].
Avec une permanence
caractéristique du discours culturel irlandais, nous retrouvons ce leitmotif
bien des années plus tard, dans les années 1980 et 1990 où s’organisent les
premiers festivals d’envergure à l’étranger qui ne font pas la promotion d’une
forme d’art en particulier, mais ont vocation à représenter la culture
irlandaise dans son esprit ou plutôt dans son « imagination », terme
préféré par les organisateurs irlandais.
C’est au printemps 1980 qu’a
lieu à Londres le premier festival d’envergure célébrant la culture irlandaise
à l’étranger. Intitulé A Sense of Ireland, il suscite quatre-vingt-dix
manifestations dans le domaine de la littérature, de la musique et du spectacle
vivant pendant une durée de six semaines. Le rapport annuel de l’Arts Council
de 1980 conclut à une « nouvelle confiance en soi de la culture
irlandaise » ; les diverses manifestations ont en effet montré « une
idée claire de l’identité culturelle et une intention artistique qui n’avaient
jamais trouvé une expression aussi forte [31] ».
Avec l’entrée au milieu des
années 1990 dans l’ère du Tigre Celtique qui s’accompagne d’une volonté de
renouveler l’image de l’Irlande à travers le théâtre et dans les arts visuels
en particulier, une réflexion nouvelle s’amorce sur le fossé entre une culture
nationale et une culture d’exportation. D’autres festivals à l’étranger favoriseront
cette évolution dans l’auto-perception culturelle. Le festival
« L’Imaginaire irlandais » qui s’est tenu en France en 1996 [32] permet un dialogue entre la France et l’Irlande à propos du caractère
traditionnel ou moderne de la culture irlandaise. Lorsque la Présidente de
l’Irlande, Mary Robinson, rencontre son homologue François Mitterrand au cours
d’une visite officielle à Paris en 1992, elle émet auprès de son homologue
français le souhait de voir « lancer par la France un nouveau débat culturel et
économique présentant les nouvelles tendances et le monde changeant de l’Irlande [33]»
à travers un « festival d’art et de culture irlandaise contemporaine [34] ».
Après de longs mois de négociations, ce projet se concrétise enfin. Les conflits,
malentendus et malaises entre organisateurs français et irlandais à chaque
étape de l’organisation et au cours du festival, et les critiques dans la
presse française et irlandaise fournissent une illustration concrète d’une
crise et d’un tournant dans la vision de la culture irlandaise. Les
organisateurs de ce festival côté irlandais souhaitent représenter un panorama
de la culture irlandaise contemporaine et dépasser une représentation
stéréotypée confinée à la poésie et la musique traditionnelle. Michael Grant,
directeur du comité mixte d’organisation, précise cette vision : le but de ce
festival est de mettre fin aux clichés français sur l’Irlande et la conception
française de l’art irlandais qui remonte aux années 1950, et de représenter une
Irlande nouvelle animée par une « imagination nouvelle [35] ».
Un malentendu de traduction illustre bien la différence de visions : les
Irlandais avaient choisi le mot imagination, mais les Français ont préféré le
mot « imaginaire », ce qui a une connotation moins concrète et plus
mythique qui déplace l’accent vers le passé et la nostalgie. Le choix du logo
suscite également un conflit de visions entre tradition et modernité.
Pour les organisateurs
irlandais, lorsqu’il s’agit de mettre en avant la dimension moderne, innovante
et créatrice de la culture irlandaise, ce sont les arts visuels qui sont à
l’honneur. Mais la France ne reçoit pas à la hauteur des ambitions irlandaises
l’art irlandais contemporain. Deux articles du Monde s’interrogent sur la
difficulté des artistes plasticiens irlandais, parents pauvres des écrivains et
musiciens, à représenter la culture irlandaise, et sur la capacité des arts
visuels à représenter une identité en général, par opposition au chant et à la
poésie [36].
En retour, l’Irish Times déplore que Le Monde ne soit pas prêt à remettre en
question l’image traditionnelle de l’Irlande, tout en rappelant que le ministre
de la Culture et actuel Président de la République Michael D. Higgins voulait
que ce festival attire l’attention en France sur une nouvelle imagination
irlandaise dynamique, innovante et complexe [37].
Mais le message ne passe pas. Michel Ricard, chargé de l’organisation de ce
festival en France, s’interroge sur cette limitation auto-imposée dans
l’expression de l’identité culturelle irlandaise :
« Nous n’avons pas
compris comment un pays dont la culture est aussi liée au pouvoir de l’Histoire
– et y compris dans le malheur qui explique la force de la création
irlandaise à travers les siècles – n’était pas plus intéressé par cette
dialectique. Comment peut-on imaginer qu’une nouvelle Irlande soit née dans les
années 1980 ? On ne peut pas l’expliquer [38]. »
Ce débat pose la question
plus générale de la vocation des festivals culturels tels qu’ils se développent
dans les années 1990, entre entreprise didactique et recherche de consensus.
Alors que côté irlandais, la volonté est de montrer les artistes les plus
contemporains, la France réclame plutôt des représentations consensuelles et
traditionnelles de l’Irlande.
Quelques années plus tard,
les stéréotypes ont toujours la vie dure : à l’occasion d’une Journée de
l’Irlande à l’EXPO 2000 d’Hanovre, Fiach McConghail, actuel directeur de
l’Abbey Theatre, mais alors responsable de la partie irlandaise de l’EXPO,
souhaite changer la vision rurale que l’Allemagne entretient de l’Irlande, mais
cette nouvelle version de la culture irlandaise ne séduit pas le public visé et
le nombre d’entrées s’avère être loin des attentes. L’organisation de tels
festivals pose donc des questions importantes pour la suite de la politique
culturelle irlandaise ; l’Irish Times tire en effet la leçon suivante du
succès modéré de l’EXPO 2000 :
« Nous avons acquis une
confiance en nous en tant que nation qui était inimaginable il y a vingt ans ;
nous aimons croire que les autres savent à présent qui nous sommes. Peut-être
devrions-nous mettre moins de zèle à nous représenter à l’étranger [39] ? »
Le point de vue sur les
festivals de culture irlandaise aux États-Unis diffère ; on accepte plus
facilement les stéréotypes, voire on les entretient. Patrick Murphy, directeur
de l’Arts Council et fort d’une expérience de dix ans en tant que conservateur
aux États-Unis, fait la distinction suivante qui est éclairante : lorsqu’il
s’agit d’événements culturels à grande échelle du type des grandes expositions,
ils sont voués à l’échec lorsqu’il s’agit de véhiculer un message nouveau. « Ne
soutenez rien sous le pavillon irlandais qui n’aille pas dans le sens des
préjugés existants [40] »,
dit-il. Cette vision traditionnelle, consensuelle à souhait de la culture
irlandaise est aussi entretenue par l’Irish Fest de Milwaukee (un des plus
grands festivals irlandais des États-Unis), qui organise des summer schools dans
un « village irlandais » rempli d’objets dits celtiques et de musique
métissée mêlant influences celtiques et ethniques. Fintan O’Toole, journaliste,
écrivain et sans doute le principal commentateur de la politique et de la
culture irlandaises, commente un festival de culture irlandaise à Washington en
2000, « The Arts from Ireland », qui est allé à l’encontre des
attentes consensuelles des Américains vis-à-vis de la culture irlandaise, et note
une certaine indulgence envers les États-Unis pour ce que les Irlandais
condamnent en Europe : la réduction de la culture irlandaise à sa vision
romantique poussée jusqu’à la caricature. Il observe en même temps une
évolution, en ce que le passé n’est plus vu de manière uniquement nostalgique,
témoin la décision de représenter une pièce de Marina Carr (On Raftery’s Hill)
qui porte à la scène la réalité parfois sombre de la vie rurale [41].
L’événement suivant sur
l’agenda des grands festivals de culture irlandaise à l’étranger est le
festival Irlande-Chine qui se tient en 2004. Dans ce cas, l’enjeu change. Il
est moins question d’entretenir ou de renouveler l’image de l’Irlande en Chine,
mais plutôt de développer les relations commerciales dans le cadre de la
stratégie asiatique de l’Irlande [42].
De 1980 aux années 2000, la
volonté irlandaise de représenter sa culture sous un angle résolument moderne,
voire iconoclaste, est de plus en plus éclatante. Mais l’étranger continue de
réclamer du stage Irish, des représentations clichés qui sont des valeurs sûres. La diaspora joue un rôle indéniable dans
l’alimentation de cette vision par définition nostalgique dans le cas des
États-Unis, mais elle ne suffit pas, dans le cas de la France et de
l’Allemagne, à expliquer la prégnance des stéréotypes. Les stratégies de
marketing jouent aussi un rôle non négligeable, et à l’ère du Tigre celtique,
flatter l’image partielle, non renouvelée, mais rassurante, du pays en
recherche d’investissements étrangers n’est pas inutile ; elle l’est
encore moins en période de crise.
En janvier 2011, l’organisme
de promotion de la culture irlandaise à l’étranger, Culture Ireland, lance une
vaste campagne aux Etats-Unis appelée « Imagine Ireland ». Programmé
sur toute une année, envoyant 1000 artistes se produire lors de 400
manifestations dans 40 états, c’est le plus grand festival que l’Irlande ait
jamais connu. Encore une fois, c’est « l’imagination irlandaise » qui
est mise en avant. Mais comme le festival chinois, l’intention dépasse la
simple promotion de la culture irlandaise : il s’agit de solliciter le
soutien de la diaspora irlandaise aux Etats-Unis, de restaurer l’image de
l’Irlande et de redonner confiance aux investisseurs.
La politique des festivals à
l’étranger semble donc avoir évolué de l’occasion d’un regard critique sur sa
propre culture vers la recherche de bénéfices collatéraux. Les festivals sont
plus que jamais voués à être au service de la diplomatie et des échanges
commerciaux internationaux au moment où les économies deviennent
post-industrielles, smart, et créatives [43].
D’un soutien ad hoc, les
festivals ont bénéficié d’une attention croissante de la part de l’Arts Council
et sont devenus un volet à part entière de la politique culturelle irlandaise.
Au-delà du constat de cette institutionnalisation, celui de la permanence de la
vocation des festivals irlandais est frappant. De 1951 à 2011, il s’agit
toujours de « célébrer » la culture ou plutôt
« l’imagination » irlandaise avec un exceptionnalisme en décalage
avec les discours culturels étrangers. D’autres pays d’Europe ont dans
l’histoire assigné des missions différentes aux festivals et grandes expositions :
démonstrations de puissance industrielle, recherche de consensus politique,
inclusion sociale ou promotion du multiculturalisme. Par contraste, la politique
des festivals culturels irlandais est le reflet d’une histoire singulière à
bien des égards d’un pays qui n’a pas connu de révolution industrielle, mais a
subi celle de la Grande-Bretagne pendant sa période coloniale, a connu une
émigration massive qui s’est transformée en diaspora, et a suivi une voie de
développement économique et social tout à fait singulière.
Avec la même continuité, à l’intérieur
comme à l’extérieur, les festivals irlandais ont toujours servi une autre cause
que la simple appréciation de la création artistique : prestige national,
démocratisation de la culture, tourisme rural, relations commerciales
internationales. Faut-il s’en plaindre ? Participer à la promotion de
l’image de son pays et œuvrer à la démocratisation de la culture et autres bénéfices
collatéraux sont tout à fait louables en soi. Mais quand les festivals prennent
une orientation de plus en plus touristique, on peut déplorer avec l’historien
Roy Foster qu’ils empêchent de célébrer par exemple certains grands
anniversaires historiques de la nation (le 150e anniversaire de la mort de
Daniel O’Connell, celui de Thomas Davis ou de Charles Stewart Parnell, tous
trois oubliés) [44]. Lorsque les
festivals deviennent des kits promotionnels d’une culture au sens de mode de
vie (« packages of Irish lifestyle and culture [45] »), lorsque l’on
s’aperçoit dans les débats parlementaires, par exemple, qu’ils sont la seule
pratique culturelle qui fasse consensus au sein de la classe politique, qui ne
donne plus lieu à des débats d’idées, la politique culturelle glisse librement
vers une politique du tourisme culturel. Elle risque enfin de se dissoudre dans
d’autres politiques publiques, et ce peut-être plus en Irlande qu’ailleurs, car
elle y est placée au cœur de la stratégie gouvernementale de sortie de crise.
Alexandra Slaby
Université de Caen
Bibliographie
Publications
officielles
AOIFE, Irish Festivals. Irish Life. Celebrating the Wealth of
Ireland’s Festivals, Dublin, Fiona Goh Consulting, 2004.
Association française d’action
artistique (AFAA), L’imaginaire irlandais. Festival de culture irlandaise contemporaine, Paris, AFAA, 1996.
Hibernian Consulting, The Public and the Arts 2006, Dublin, The
Arts Council, 2006.
Indecon International Economic Consultants, Assessment of Economic Impact of the Arts in Ireland, Dublin : The
Arts Council, 2009.
Ní Bhriain, Doireann, Festivals and the Arts
Council – a review of policy, Dublin, The Arts Council, 2002.
The Arts Council, Annual Reports, Dublin, The Arts Council, 1951-2009.
The Arts Council, Festivals and Events. Summary
Policy Paper, Dublin, The Arts Council, 2005.
The Arts Council, The Public and
the Arts, Dublin, The Arts Council, 2006.
Articles
de revues spécialisées
Quinn, Bernadette, “Re-thinking
Arts Festival Policy in Ireland”, The European
Journal of Cultural Policy, Vol. 3, n° 1, 1996, p. 91-107.
Roche, Maurice,
“Mega-Events, Culture and Modernity : Expos and
the Origins of Public Culture”, The
International Journal of Cultural Policy, vol. 5, n° 1, 1998, p. 1-31.
D’Arts Topics 21, “Assistance to Arts and Culture Festivals”, octobre 2005.
Slaby, Alexandra, « Le festival
“L’Imaginaire irlandais” (1996) : la représentation de la culture irlandaise
contemporaine à l’épreuve des institutions culturelles et politiques
françaises », Sources, n° 15, automne 2003, p. 121-132.
Articles de presse
Braiden, Olive, “Come rain or shine, we can count on
the arts”, The Irish Times, 7 août
2007.
“Festivals: they haven’t
gone away, you know”, The Irish Times,
1er septembre 2011.
Kilroy, Ian, “Arts Festivals at the Crossroads”, The Irish Times,
21 juin 2002.
Falvey, Deirdre, “Big rises for many groups from Arts
Council”, The Irish Times, 27 janvier
2007.
O’Toole,Fintan, “Arts at the crossroads”, The
Irish Times, 9 juin 2001.
Ouvrages
Lloyd, David et Paul, Thomas, Culture and the State, New York et Londres, Routledge, 1998.
Johnston, William M., Celebrations: the Cult of Anniversaries in
Europe and the United States Today, New Brunswick, N.J., Transaction Publishers, 1991.
O’Toole, Fintan, The Ex-Isle of
Erin, Dublin; New Island Books, 1997.
Picard, David, et Mike Robinson, Festivals, Tourism and Social Change: Remaking Worlds, Buffalo, Channel View
Publications, 2006.
Bell, David, The Coming of
Post-Industrial Society : a Venture in Social Forecasting, New York, Basic
Books, 1973.
Florida, Richard, The Rise of the
Creative Class. And How It’s Transforming Work, Leisure and Everyday Life,
New York, Basic Books, 2002.
Foster, Roy F., The Irish Story. Telling Tales and Making it up in
Ireland, Londres, Penguin Books, 2001.
Bennett, Oliver, Cultural
Pessimism. Narratives of Decline in the Post-Modern World, Edimbourg, Edinburgh University Press, 2001.
[1] Dans cet article, « festival » sera à
entendre au sens de « festival artistique ».
The Arts Council, The Public and the Arts, Dublin, The
Arts Council, 2006.
Certains essaient de raviver ce festival;
Drumshambo notamment, dans le comté de Leitrim, tient tous les ans au mois de
juin un festival de musique et de danse.
Dáil Eireann, Dáil
Debates, vol. 134, 5 novembre 1952, Committee on Finance, Wireless
Broadcasting, intervention de James Everett TD, Col. 960.
J. M. Richards, Provision for the Arts, Dublin, The Arts Council en association avec la Fondation
Gulbenkian, 1976 ; Ciarán Benson, The
Place of the Arts in Irish Education, Dublin, The Arts Council, 1980.
Maurice Roche, “Mega-Events, Culture and Modernity : Expos and the Origins of Public Culture”, The
European Journal of Cultural Policy, vol.
5, n° 1, 1998, p. 1-31; David Lloyd and Paul
Thomas, Culture and the State, New York et Londres: Routledge, 1998
(voir le chapitre sur “the Culture of the Spectacle”) ; William M. Johnston, Celebrations:
the Cult of Anniversaries in Europe and the United States Today, New
Brunswick, N.J., Transaction Publishers, 1991; Ray B. Browne and Michael T.
Marsden, [dir.], The Cultures of Celebrations, Bowling Green, OH :
Bowling Green State University Popular Press, 1994 ; Voir aussi S. Waterman,
“Carnivals for Elite? The Cultural Politics of Art Festivals”, Progress in Human Geography, vol. 22, n° 1, 1998, p. 54-74.
Fintan O’Toole, The Ex-Isle of Erin, Dublin, New Island
Books, 1997.
“Aid for
Millennium events”, The Irish Times,
16 août 1988.
Dáil Éireann, Dáil Debates, Vol. 402, 13 novembre
1990, col. 1107-1110.
AOIFE, Irish
Festivals. Irish Life. Celebrating the
Wealth of Ireland’s Festivals, Dublin, Fiona Goh Consulting, 2004.
Ibid.
David Picard et Mike Robinson, Festivals, Tourism and Social Change: Remaking Worlds, Buffalo: Channel View
Publications, 2006. Voir aussi Bernard Faivre d’Arcier, “Comment donner un avenir aux
festivals ? ”, Revue 303. Arts, Recherche et Creation, n° 86, 2005, p.
214-219.
The International Federation of Arts Councils and Cultural
Organizations published an issue of its papers on arts festivals: “Assistance
to Arts and Culture Festivals,” D’Arts Topics 21, octobre 2005.
The European Festival Research Project, http://www.efa-aef.org/efahome/efrp.cfm,
Doireann Ní Bhriain, Festivals and the
Arts Council – a review of policy, Dublin, The Arts Council, 2002.
Ian Kilroy, « Arts Festivals at the
Crossroads », The Irish Times, 21 juin 2002.
Dáil Debates, Arts Bill, 2002. Submissions, Select Committee on
Arts, Sport, Tourism, Community, Rural and Gaeltacht Affairs Debate, 28
novembre, 2002.
The Arts Council, Festivals and
Events. Summary Policy Paper,
Dublin, The Arts Council, 2005.
AOIFE, Irish
Festivals. Irish Life. Celebrating the Wealth of
Ireland’s Festivals. An AOIFE Report, Dublin,
Fiona Goh Consulting, 2004.
Hibernian Consulting, The Public and the Arts 2006,
Dublin, The Arts Council, 2006.
Arts Council, Annual Report, Dublin,
The Arts Council, 2004.
The Arts Council, Annual Report, Dublin,
The Arts Council, 2007. Deirdre Falvey, “Big rises for many groups from Arts Council”, The Irish Times, 27 janvier 2007.
Olive Braiden,
“Come rain or shine, we can count on the arts”, The Irish Times, 7 août 2007.
“Challenges facing the Arts Council”, The Irish Times, 22 décembre 2008.
Indecon
International Economic Consultants, Assessment of Economic Impact of the Arts
in Ireland, Dublin, The
Arts Council, 2009.
Alison Healy, “Spirit-lifting St Patrick’s festival planned”, The Irish Times, March 13, 2009.
Indecon
International Economic Consultants, Assessment of Economic Impact of the Arts
in Ireland, Dublin, The
Arts Council, 2009.
“Festivals: they haven’t gone away, you know”, The Irish Times, 1er septembre 2011.
Maurice Moynihan, Speeches and Statements by Éamon de Valera , Dublin : Gill & Macmillan, 1980, p.
220-221.
Dáil Eireann,
Dáil Debates, Motion Re Ministry of Fine Arts, 25 août 1921.
The Arts Council, Annual Report, Dublin : The Arts Council, 1980, p. 7.
Alexandra Dilys-Slaby, « Le festival “L’Imaginaire
irlandais” (1996) : la représentation de la culture irlandaise contemporaine à
l’épreuve des institutions culturelles et politiques françaises », Sources,
n° 15, automne 2003, p. 121-132.
Entretien le 9 janvier 2003 avec Michel Ricard, chargé de ce projet au
ministère de la Culture et de la Communication.
Association française d’action artistique
(AFAA), L’imaginaire irlandais. Festival de culture irlandaise contemporaine,
Paris, AFAA, 1996, p. 3.
Entretien avec Michael Grant, alors
haut-fonctionnaire au ministère de la Culture irlandais le 29 octobre 2002.
Valérie Cadet, « Le Cercle de Minuit spécial
Irlande », Le Monde, 11 mars 1996, p. 8 ; Geneviève Breerette, « Libérés
des tabous, les plasticiens irlandais explorent le devenir de leur île », Le
Monde, 4 juin 1996, p. 30. Les événements qui ont le plus attiré
l’attention du public sont des événements littéraires ou musicaux, tels la
venue de Seamus Heaney et de Riverdance. Dans le domaine de la poésie,
cette manifestation a donné lieu à de nombreuses traductions et à la
publication d’une anthologie bilingue de la poésie irlandaise : Jean-Yves
Masson (dir.), Anthologie de la poésie irlandaise du XXe siècle,
1890-1990, Lagrasse, Verdier, 1996.
Katie Donovan, « Ou la la…
l’Irlande ! », The Irish Times,
20 mars 1996.
Entretien avec Michel Ricard, directeur de projet au ministère de la Culture,
le 9 janvier 2003.
Rosita
Boland, « Inside Ireland’s Far Pavilions », The Irish Times, 28 juin
2000. « As a country, we now have a national
confidence that was unthinkable 20 years ago : we like to think that others now know who we are. Perhaps
we now need to be less zealous in representing ourselves abroad ».
Caoimhín Mac Giolla
Léith, « Playing the Card », Circa, n° 90, hiver
1999, p. 28-29. « Do not support anything flying under an Irish
flag unless you want to fulfill existing preconceptions ».
Fintan O’Toole, « Arts
at the crossroads », The Irish Times, 9 juin 2001.
Department of Foreign Affairs, A
Decade of the Asia Strategy 1999-2009.
http://www.dfa.ie/uploads/documents/asiastrategy99_2009.pdf
Daniel Bell, The
Coming of Post-Industrial Society: a Venture in Social Forecasting, New
York, Basic Books, 1973; Richard Florida, The
Rise of the Creative Class. And How It’s Transforming Work, Leisure and
Everyday Life, New York: Basic Books, 2002.
Roy F. Foster, The Irish Story. Telling Tales and
Making it up in Ireland, Londres, Penguin Books, 2001, p. 32-33.
Pour paraphraser Jennifer Craik à propos de
l’Australie in Oliver Bennett, Cultural
Pessimism. Narratives of Decline in the
Post-Modern World, Edimbourg, Edinburgh
University Press, 2001, p. 97