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Les politiques de démocratisation culturelle
en Grande-Bretagne
de 1940 à nos jours : légitimation ou instrumentalisation ?
Le Royaume-Uni est constitué de quatre Nations qui ont graduellement
accédé à davantage d’autonomie dans les affaires culturelles, en reconnaissance
de leur diversité. La Grande-Bretagne a formalisé dès 1945 un système de
soutien à la culture reposant sur deux missions, l'excellence et l'accessibilité. Selon le contexte, cependant, les textes,
institutions et politiques ont compris ces impératifs de façons diverses et parfois antinomiques. Excluant généralement les dérivés du terme
démocratie, le discours d'égalité a reposé sur un vocable pragmatique et imagé exprimant
la répartition territoriale (spread) et l’accès au public (access)
qui a évolué comme en France d'un accès « pour le grand nombre » à une
culture « pour tous » dans les années 1990.
L’étude de la genèse de cette catégorie d’intervention publique explique
le choix d’un soutien à distance du gouvernement comme la continuité du
discours et de l’action. En
l'absence de tradition de mécénat royal d'envergure, a dominé dans ce pays de
tradition libérale la conviction
que le marché et la philanthropie étaient mieux placés pour encourager les arts
et protéger les trésors nationaux. La culture, loin d’être sacralisée ou
identifiée comme une fonction régalienne, était à l’inverse protégée du contrôle démocratique que l’on associait à l’ingérence publique, et pouvait conduire au dirigisme, à la censure ou à la médiocrité
artistique. Dans ce contexte s’est développée dès le XIXe siècle une approche
instrumentale qui dut dépasser le discours pour faire la preuve des bénéfices annoncés.
Le succès de l’Exposition universelle de 1851 facilite la création d’un
département d’arts appliqués justifiée par la nécessité de rendre le design britannique plus concurrentiel en accompagnant l’essor de musées ouverts à
tous et en structurant le réseau des écoles d'art appliqué. Avec l’extension du droit de vote, cependant, l’argument démocratique est utilisé, non sans
être associé à des retombées positives sur l’éducation, l’unité nationale et l’ordre
social. La défense d’un droit à la culture universaliste n’est
prégnante que dans une Ecosse qui chérit ses Lumières. Si l'instrumentalisation
du soutien public à l’art pour répondre à d’autres objectifs de politique
publique remonte à la genèse de ce domaine d’intervention, les différences sont
notables entre les conceptions libérales et utilitaires du rôle de l’État. Une
analyse trop endogène de la question conduirait à négliger certaines formes de
cette instrumentalisation.
La première moitié du XXe siècle voit une stagnation, voire un recul,
de l'intervention publique palliée par l'activité associative. Si le soutien au
patrimoine et aux musées a fait l’objet d’un consensus, ce fut moins le cas des
arts vivants florissants commercialement
et n'attirant jusqu'en 1940 l'attention publique que pour en réguler la morale. Pas d'équivalent donc d’Académies
royale de Danse et de Musique ou de Comédie française[1]. Le principe du soutien à la
culture restait contesté car les piliers de l'identité nationale se trouvaient
ailleurs, dans le système de monarchie parlementaire, l'Empire puis le
Commonwealth, la philanthropie, la BBC ou des institutions « populaires »
comme le jeu, le sport, ou le pub. L’absence d’accès à la culture ne figurait
qu'en creux parmi les cinq fléaux
(dénuement, maladie, ignorance, insalubrité, oisiveté) du rapport Beveridge de
1942 qui donne naissance à l'Etat-providence. Le terme
de culture lui-même ne s'est institutionnalisé que dans les années 1990. On lui
a préféré « arts », « arts et patrimoine », et désormais
« arts et culture ». Chris Smith, premier ministre du Department
of Culture, Media and Sport créé en 1997 observe que l'hostilité de la
presse populaire pour la « culture » reflète une tradition
d'anti-intellectualisme partagée par les classes populaires et les classes
favorisées, qui l’identifient comme un bastion de la classe moyenne[2].
Traditionnellement, les politiques culturelles ont donc été envisagées
sous l’aspect du financement. La représentation
démocratique étant volontiers associée à la médiocrité et à la bureaucratie, on
a confié les fonds à des organismes
non-gouvernementaux dont
l’approche « réactive » constituait une politique par défaut. Le
secteur culturel est resté longtemps morcelé et n'a été réuni au sein d'un
sous-ministère qu’en 1965 :
- Le secteur des monuments
historiques, est généralement exclu des analyses de politique culturelle. La
dévolution y fut immédiate puisque trois commissions royales sont créées en
1908. La commission anglaise est intégrée à English Heritage en 1983, organisme
qui a graduellement évolué en agence de service public.
- La Commission on
Museums and Galleries fondée en 1931 ne reçoit la charge de subventionner les
musées nationaux qu’en 1963 et n’est dotée d’une charte royale de service
public qu'en 1987. En 2000, elle est intégrée à un organisme chargé des bibliothèques
et des archives (MLA).
- L'Arts Council est
créé 1945 par charte royale avec la responsabilité de subventionner les arts
vivants et la création artistique.
L'histoire des politiques culturelles suit un cahier des charges
similaire dans les pays européens, composé de grandes étapes, qui, malgré les
décalages chronologiques, ont pour effet d’ouvrir la culture légitime des Beaux-Arts
aux industries culturelles[3]. En
Grande-Bretagne, la période de 1945 au milieu des années 1960 voit la
construction d’une offre culturelle reposant sur une définition restreinte de
la culture légitime. En 1965, les travaillistes mettent en place des dispositifs
plus élaborés de démocratisation et de régionalisation associés à une ouverture
aux avant-gardes. Dans les années 1960 et 1970 apparut un idéal de démocratie
culturelle intégrant art populaire, alternatif, pratique artistique et décentralisation[4]. Enfin, l'arrivée de Margaret Thatcher en
1979 ouvre la voie à une politisation qui réduit l’autonomie des organismes
non-gouvernementaux. C’est alors la nature de l'instrumentalisation qui change,
car elle prend la forme d’une marchandisation. En 1997, les néo-travaillistes
initient la première politique volontariste et concertée de démocratisation et
de diversité culturelles, menée par un ministère doté de pouvoirs et d'un
budget accrus. L'instrumentalisation devient protéiforme et les protocoles
d’évaluation s’accumulent.
1. De la démocratisation de
la culture à la démocratie culturelle ? (1940-1979)
1940-1945 - La genèse de l’Arts Council : sauver la culture en temps de guerre
Durant
la période mythique du Blitz, où la Grande Bretagne se bat seule contre le
reste de l’Europe fasciste et lorsque le conflit se déporte sur son sol, un
organisme, le Council for the Encouragement of the Arts (CEMA) est improvisé
pour éviter un black-out des arts, soutenir le moral des civils durement
affectés et défendre une culture libre et démocratique. Le
CEMA, durant cette première année missionnaire, adopte la devise The Best
for the Most (« le meilleur pour le plus grand nombre »).
Il met un large public en contact avec des œuvres visuelles, théâtrales ou musicales
parfois inconnues de lui, hors des lieux consacrés, mêle amateurs et
professionnels, culture savante et populaire, non sans polémiques. Il s’agit à
la fois d’une délocalisation imposée par le danger et d’une action
décentralisée (tournées, expositions itinérantes) parfois en concurrence[5]. Le CEMA remplit avec un grand succès populaire deux
des trois fonctions classiques des politiques culturelles : l’animation et
la diffusion, mais il buta sur l'encouragement à la création. Si une certaine démocratisation culturelle fut
atteinte, il ne faut pas sous-estimer la dimension captive de ce nouveau
public, pendant et juste après la guerre. En outre, dès 1941, à sa nomination comme président
du CEMA, l'économiste J. M. Keynes entame une transition vers une
politique centrée sur l'excellence visant à constituer les grandes
institutions artistiques qui manquaient au pays en comparaison avec le reste de
l'Europe. Il pose les bases d'un soutien pérenne aux arts vivants et à la création
contemporaine, et en juin 1945 fait voter au gouvernement intérimaire
conservateur la constitution d'un Arts Council of Great Britain, dont il
rédige la charte royale et décrit les missions dans un discours retransmis à la
BBC[6].
1945-1951 : L’institutionnalisation du soutien
public à l’art
Le passage du laisser-faire au soutien bureaucratique de l’Arts
Council, juste avant l’élection d’un gouvernement travailliste, est le produit
d’un accord bipartite. C'est le premier exemple d'organisme public
non-gouvernemental de ce type, dirigé par des experts non élus, issus des
milieux dirigeants et géré par une administration indépendante de la fonction
publique. Son ministère de tutelle (à cette époque le Trésor) le finance à
distance (arm’s length) afin de protéger la culture de tout dirigisme ou
censure. Le soutien aux arts prend une forme comptable, le Trésor étant peu
enclin à vider ses caisses. Sa charte royale donne pour mission à l’Arts
Council l’amélioration de la qualité des « beaux-arts exclusivement »
et de leur accès (Raise and Spread). Keynes, malgré ce dernier terme, n’accorde qu’à
contrecœur des comités autonomes au Pays de Galles et à l'Ecosse.
En 1945, l’Arts Council soutient 46 organisations artistiques et
transcrit les priorités keynésiennes dans la réalité par la création du Royal
Opera House en 1946 (opéra et ballet) et de l'ICA (Institute of
Contemporary Arts) en 1947, institution élitiste malgré l’intention annoncée
de démocratiser la création visuelle. En 1948, une loi autorise les
collectivités locales à financer les arts de façon discrétionnaire, ce qui
explique pourquoi les subventions et l'expertise de l’Arts Council sont
bien accueillies. Pourtant, entre ces deux sources de soutien qui n’ont
officiellement aucun pouvoir l’une sur l’autre s'établissent des relations
complexes, faites de pratiques et de rapports d’autorité, qui forment l’État. L’Arts
Council constitue une force de conservatisme culturel car il est le
résultat du consensus politique, mais aussi social et culturel qu’Angus Calder
a associé au « mythe du Blitz » et qui eut l’effet d'occulter des
inégalités encore fortes malgré la création de l'État-providence[7].
En 1951, l’élan démocratique du Festival of Britain apparaît comme une
parenthèse[8].
1951- 1964 : « Peu, mais des roses »
Les gouvernements conservateurs[9] qui se succèdent respectent
l’autonomie des Trusts des musées et de l’Arts Council et se
limitent à geler la dotation de ce dernier durant les années 1950. De 1945 à
1955, l’Arts Council augmente modestement le nombre d’organisations sous
sa tutelle et soutien la création de grandes institutions (South Bank, Royal
Shakespeare Company). Selon la formule Few but Roses, l’organisme
privilégie une conception de l’excellence fondée sur une hiérarchie culturelle.
Cette époque est également celle du repli de la décentralisation puisque les
fonds se recentrent sur la capitale et les bureaux régionaux créés à l'époque
du CEMA sont fermés. L’Arts Council s’en explique : « Il serait
erroné de nationaliser les arts en rendant le gouvernement responsable de
l’offre culturelle » et réaffirme la responsabilité première des localités
en matière culturelle. Les Britanniques doivent assumer leur « responsabilité
de consommateur […] Les contribuables devraient financer le théâtre, mais les
citoyens dans leur ensemble décider de sa politique et constituer son
public ». Les recommandations des deux rapports Housing the Arts de
1959 et 1961 ne sont pas suivies d’effet. Le rapport de l'Arts Council de
1960-61, Mécènes associés, appelle les collectivités à plus de
générosité car les dépenses locales en faveur des arts s’élèvent à moins de
2 % du montant autorisé par la loi de 1948.
À partir de 1959, Les trois grands partis politiques montent des groupes
de travail consacrés aux loisirs, ce qui aboutit à une réflexion plus
structurée de l’action publique transcrite dans les manifestes électoraux. Les
promesses des conservateurs aux régions sont concrétisées par un soutien accru
aux orchestres symphoniques et au théâtre de répertoire. C’est cependant la
moitié de la dotation totale de l’Arts Council qui va à Londres et
autant à Covent Garden (comptabilisé hors Londres au motif que son
public est provincial et international)[10]. Harold
Macmillan promettait que le bien-être découlerait de la société de consommation.
Pourtant, son approche des loisirs reste celle du contrôle social et d'un
mécénat public dépourvu de vision concertée pour les arts. La période a ainsi cristallisé
les tendances suivantes : le soutien et les choix de subventions sont justifiés
par le prestige national et le rôle civilisateur des arts ; les politiques
de soutien à l’art sont considérées comme une mineure partie de l’État-providence ;
le texte de la charte crée une tension durable entre excellence londonienne et
arts en province[11]. La retraite, après
17 ans à ce poste, de l'élitiste président de l'Arts Council, W. E.
Williams, alors que le consensus culturel conservateur d’après-guerre se
délite, ouvre une nouvelle ère. Le système de légitimation de la culture
savante est remis en cause par les Cultural Studies et la Nouvelle
Gauche qui contribuent à une redéfinition de la culture, permettant de penser
le populaire autrement qu’en termes de culture commerciale. Leurs efforts
conjugués repoussent la censure et légitiment davantage d'expressions
culturelles. Raymond Williams renvoie les décideurs à leurs responsabilités
démocratiques (« il n’y a pas de masses, seulement une façon de voir les
gens comme des masses »), et prévient que tout partage de la culture
impliquera qu'elle change. The Uses of Literacy (1957), de Richard
Hoggart, est réimprimé treize fois en vingt ans. Preuve des évolutions à venir,
ces deux intellectuels siégèrent au conseil de l'Arts Council durant les
années 1970[12].
1964-1970 The Wilson years : l’âge d’or
des politiques culturelles ?
Rien
ne laissait présager l'importance qu’allait revêtir le mandat Wilson dans la culture,
domaine d’intervention qui passe de la survie à la croissance. Le parti s'était
cependant engagé dès 1959, face à « l'avarice idéologique » des
conservateurs, à mieux financer les arts et à les rendre accessibles au-delà
des seuls privilégiés et jusque dans les périphéries celtiques. Evans envisageait
même de créer un ministère des Beaux-Arts[13].
Pourtant, au sein du parti, et malgré l'élévation du niveau scolaire de la
population, le soutien aux arts ne faisait pas consensus, au regard du
sentiment d'exclusion ressenti par la classe ouvrière à l’égard de la culture
savante.
Jennie
Lee, icone travailliste, approchée pour participer au nouveau gouvernement,
choisit un poste mineur en charge des monuments historiques, auxquels elle
ajoute les arts. Harold Wilson s'engage à la soutenir à condition qu'elle
produise un Livre Blanc pour définir des priorités dans le respect du principe
d’autonomie. Pour lui donner du poids, Wilson signe lui-même cette première politique
concertée de promotion culturelle, synthèse de sa politique éducative et
industrielle et de l’idéalisme du Festival de 1951. Le texte identifie
clairement la culture comme une responsabilité publique au sein du Welfare
State qui a le pouvoir de rendre le « pays plus gai et plus
cultivé » et d’être le ciment de la Nation. À l’inverse, l'exclusion
culturelle est jugée aussi préjudiciable à la minorité privilégiée qu'à la
majorité défavorisée. Sont enfin exposées les modalités d’un engagement plus
fort et plus diversifié, fondé sur une définition élargie de la culture[14], dont Hoggart critiqua l’effet de nivellement.
L’accueil du Cabinet (Conseil des ministres) étant favorable, Wilson crée un
poste de Minister for the Arts, qui est en fait un sous-secrétariat
d’État au ministère de l’Éducation sous la responsabilité duquel est aussi placé
l'Arts Council, qui quitte enfin le Trésor. C'est un signe fort en
faveur de la démocratisation. Le manifeste travailliste de 1966 illustre la
confiance du gouvernement en ce nouveau domaine d’intervention, qui promet « l'accès
pour tous au meilleur du patrimoine britannique ». En 1967-1968, le
ministère a pris du poids puisqu'il distribue directement plus de la moitié de
ses subventions, notamment à destination des musées, le reste étant attribué à
l'Arts Council. Ce dernier évolue, grâce à la collaboration
fructueuse de son président, Arnold Goodman, avec son amie Jennie Lee. Son budget, multiplié par trois entre 1965 et 1971
(0,1% dépenses publiques), lui permet de poursuivre les deux objectifs énoncés
dans la charte royale qui est
révisée en 1967, l’expression « les beaux-arts exclusivement » étant
remplacée par « les arts ».
Les
dispositifs en faveur de l’accès sont élargis : de nouveaux publics sont
spécifiquement visés, en particulier la jeunesse, et la programmation comme l’accueil
sont aménagés en leur direction. Jennie Lee, sut jouer de sa faiblesse, une expertise
culturelle limitée, pour se mettre à la place du grand public tout autant que
de ses amis artistes, et s'interdisait toute prescription de goût[15]. La démocratisation prend aussi la forme de
la décentralisation : l'Arts Council confie des fonds aux Regional
Arts Associations qui se développent de façon associative ; les
comités pour l'Ecosse et le Pays de Galles gagnent en autonomie, et un comité
est créé pour l'Irlande du Nord. Cette approche est éloignée de la politique menée
en France à la même époque car ni Lee ni Goodman ne croyaient en une politique
dirigiste de planification des arts, qui aurait pu conduire par ailleurs à la
suppression pure et simple du ministère. Lee privilégie une approche réactive
et incitative : « Nous ne sommes pas Français, nous sommes de bons
vieux empiristes », et son rôle est celui de défenseur des artistes et des
arts pour tous auprès du gouvernement, des localités, du grand public. Cela lui
vaut une grande popularité à gauche comme à droite, car la culture savante
continue à bénéficier de la majorité des subventions. Ce volontarisme « à
l'anglaise », inconnu par le passé, put s’appuyer sur le swinging
London et bénéficia de l’explosion des industries culturelles dans la
musique et la mode. Le gouvernement est cependant, associé à la montée d’une
société permissive en opposition avec les valeurs morales traditionnelles. L’Arts
Council en particulier devient un acteur surveillé de la scène
publique pour ses actions contre la censure et ses choix artistiques. Il doit
aussi mesurer les limites de son ouverture, car une fronde des artistes contestataires le conduit à fermer son « comité pour les
nouvelles activités » en 1971 et à accorder son soutien à une avant-garde
moins hostile.
Les années 1970 : contre-culture et démocratie
locale
L’alternance politique de cette décennie principalement travailliste[16] ne brise pas l’élan insufflé. Les budgets continuent
à augmenter et en 1975, l'Arts Council subventionne 262 organisations
(92 en 1955). L'échelon national étant structuré, à l’exception du National
Theatre qui n’ouvre ses portes qu'en 1976, se développe une offre
socio-culturelle. C'est une période où les collectivités locales, bien que de
façon très inégale, investissent dans des rénovations ou la construction de
salles polyvalentes, à la programmation diversifiée et animée par une catégorie
nouvelle d'artistes, les community artists, en lien direct avec la structuration
de services municipaux chargés des loisirs. Les Regional Arts Associations qui
se sont étendues sur le territoire portent l'expertise sur la culture savante
et font le lien avec l'Arts Council. De manière générale, le secteur se
professionnalise, et commence à mettre les publics au centre de son travail, au
départ dans les musées (services éducatifs, expositions provisoires)[17]. La démocratisation de la culture savante a
montré ses limites. Certains y voient un instrument de domination et lui opposent
la vision pluraliste d'une démocratie culturelle qui est partiellement transcrite
dans les politiques : quand l'opéra et le ballet attiraient plus de 50%
des subventions au début des années 1960, ce chiffre tombe à 28 % en 1971 au
profit du jazz, de la photographie, du théâtre ou des arts visuels
expérimentaux[18]. La fin de la
décennie, cependant, est le terrain de tant de difficultés financières et de
remises en question du système que l'Arts Council se trouve taxé
d'élitisme à la fois par la contre-culture et par les néo-conservateurs en
campagne.
II. Les politiques
culturelles à l'épreuve du marché (1979-2010)
1979-1990 Le choc néolibéral des gouvernements Thatcher
Le déclin économique du pays étant expliqué par la « culture de la
dépendance », la priorité est au recul de l'État-providence et du
syndicalisme, même si les réformes ont en réalité pour effet de politiser des
pans entiers de la vie sociale, dont la culture. Aux motifs que celle-ci relève
de choix individuels et que l'État doit respecter la liberté de l'artiste, le
secteur est traité avant tout comme un secteur économique, ouvert à la marchandisation
et à la privatisation. L'accès à la culture serait mieux garanti par le marché
que par des « intérêts acquis » du milieu culturel. La
démocratisation par la puissance publique n’est donc pas la mission du nouveau sous-ministère,
l'Office of Arts and Libraries, chargé d'introduire des coupes et des objectifs
de rentabilité économique des fonds publics (good value – muée en value
for money sous Blair). Le financement et l'administration du secteur en
sont bouleversés car rares sont les institutions, à part quelques grands
musées, capables de passer du développement culturel à des pratiques de
marketing culturel et de management inspirés du secteur privé. Le mécénat
d'entreprise triple cependant grâce à une politique incitative (1984 - Business
Sponsorship Incentive Scheme) quand les aides des villes doublent. Le seul
programme d'ampleur résulte d’un rapport de l'Arts Council (Glory of
the Garden, 1984) pointant les inégalités criantes de financement entre les
musées régionaux et Londres. Le patrimoine et les industries culturelles sont
privilégiés face aux arts de la scène et à la création contemporaine considérés
comme un contre-pouvoir ; leur meilleur soutien, le Greater London
Council travailliste, échelon municipal est supprimé en 1986. Arts
Council est critiqué pour son élitisme, sa proximité du gouvernement et sa
façon de gérer les coupes budgétaires en supprimant de moitié le nombre
d'organisations qu'il subventionne en 1987. Dans ce contexte de pessimisme et
de défiance à l’égard du gouvernement, les appels à la réforme se multiplient
et s'agrègent en un groupe de pression, la National Campaign for the Arts.
L'étude d'un économiste surestimant l'impact économique direct et indirect des
arts aura plus d'influence que cette dernière. Les différents secteurs
culturels, publics ou privés, commencent enfin à être considérés comme un même
ensemble se nourrissant réciproquement[19] ce
qui renforce l’instrumentalisation croissante des arts.
1990-1997 L'alliance du marché et des publics
Face au choc des années Thatcher, les gouvernements conservateurs de
John Major apportent un répit, tout d'abord par des clarifications institutionnelles.
A la suite du Wilding Report (1989), démonstration irréfutable du sous-financement
en province, les Regional Arts Associations évoluent en Regional Arts
Boards plus autonomes vis-à-vis de l’Arts Council et mieux dotés. En
1992 est créé un ministère dont le nom reflète un traitement patrimonial de la
culture (Department of National Heritage), mais aussi son importance,
puisque son ministre siège au Cabinet et qui pour la première fois regroupe les
principaux secteurs culturels (arts, musées, patrimoine, bibliothèques, médias,
sport, tourisme). L'Arts Council of Great Britain publie sa première
stratégie nationale pour les arts (A Creative Future, 1993), résultat
d'une consultation publique, où il assume l'énoncé d'objectifs politiques généraux
centrés sur « l'accès et l'excellence ». Précédant la large
dévolution des pouvoirs introduite par les travaillistes en 1999, il confirme
son ouverture à la diversité des expressions artistiques des Nations écossaise,
galloise ou nord-irlandaise par création de quatre Arts Councils autonomes.
La période reste marquée par la création, en 1994, de la National
Lottery, destinée à augmenter les aides publiques en faveur de
« bonnes causes » (patrimoine, sport, culture) et initialement sujet
de polémiques à propos de la nature de ces fonds considérés par certains comme
un impôt sur le jeu, mais aussi sur leur usage, un des premiers projets de l'Arts
Council étant la rénovation du Royal Opera House à Covent Garden.
Une fois clarifié que les fonds de la loterie ne se substitueraient pas aux
subventions publiques (principe d’additionnalité), la manne s'est avérée si bienvenue que le
système s'est imposé : les subventions de l'Arts Council of England doublèrent
et plusieurs métropoles de province purent ainsi se doter d'infrastructures
culturelles[20]. Ces aides accrues furent néanmoins accompagnées
d'une forte instabilité organisationnelle qui perdure à ce jour. C'est aussi le
début d'une application généralisée d'une gestion managériale de la culture par
le biais d'indicateurs de performance qui a pour effet de renforcer le « relativisme
culturel » en rapprochant la culture publique des industries culturelles.
1997-2010 Le New Labour: Nouvel âge d'or ou instrumentalisation socio-économique ?
Après 18 ans de pouvoir conservateur, le gouvernement néotravailliste du jeune Tony Blair a promis une New Britain unie autour d’une
démocratie participative et de services publics modernisés. L'héritage assumé
de Wilson comme de Major le conduit à aménager les réformes conservatrices en
complétant l'approche de marché par une approche sociale. Les politiques
culturelles ne font pas exception, qui reposent sur un entrecroisement de
postulats sur les vertus individuelles, éducatives, sociales, tout autant
qu'économiques. Blair est le premier chef du gouvernement britannique à
déclarer placer la culture au cœur de son projet et à utiliser le terme dans
l'intitulé du Department for Culture, Media and Sport (DCMS), ministère doté d'un statut plus important que son prédécesseur. Cette ambition
est rendue possible par l’augmentation du budget de la culture, qui double en
une dizaine d’années, corrigeant des années de sous investissement. Son
ministre, Chris Smith, publie dès 1998 sa vision d'une Creative
Britain, véritable politique transectorielle qui consolide la définition
pluraliste de la culture. La « créativité » — version modernisée de
la création qui n’est pas sans rappeler la gaité chère aux précédents
gouvernements travaillistes — est le ciment qui relie l'éducation artistique,
la création contemporaine et les arts vivants aux industries culturelles renommées
« industries créatives ». Est aussi développée une rhétorique de
l'action culturelle pour préciser cette vision volontariste de la démocratisation
(reach, engagement, social inclusion, diversity).
Le gouvernement tente de rationaliser et de diversifier les dépenses
afin de rééquilibrer l’offre en faveur des régions et des publics les plus
éloignées de la culture. S’il poursuit la rénovation du paysage culturel grâce
aux fonds de la loterie nationale (la Tate Modern ; le Lowry 2000), il
hérite de coûts de fonctionnement sous-évalués, et de projets mal conçus (le Millenium
Dome). Cette source de financement (initialement exclusivement dédiée aux
dépenses structurelles), n’est pas remise en cause, mais une loi de 1998 permet
de l’orienter vers des dépenses courantes et des projets socio-culturels (Lottery for All — supprimé par le gouvernement Cameron). La
réintroduction de la gratuité des expositions permanentes des musées nationaux
en 2001 a été très appréciée des Britanniques. L'augmentation de 79 % des
visites d'enfants et une légère hausse des publics issus des minorités
ethniques ou de catégories socio-culturelles les moins favorisés est à mettre à
son crédit. L'arrivée de Tessa Jowell, en 2001 renforce la démocratisation de
la culture par l'éducation artistique associée à la réussite scolaire et à
l'épanouissement personnel, par des programmes spécifiques aux objectifs
chiffrés en nombre d'enfants (Creative Partnerships).
La démocratisation fondée sur la décentralisation, approche traditionnellement
travailliste, prend une forme volontariste et ambiguë qui devient source de
tensions en 2002. La décentralisation des responsabilités et des fonds aux
agences régionales de l’Arts Council est associée à leur perte d’autonomie
au profit d’une fusion décidée afin de permettre à l'échelon central de mieux
imposer ses priorités. Les directives imposent une meilleure implication des
citoyens à l’élaboration des politiques locales. La collaboration des deux
niveaux se développe. Si la décentralisation a opéré un rapprochement vers un
public « consommateur » de culture publique, il a modifié le travail
des émetteurs. Les artistes, et les financeurs publics devaient répondre à des
appels à projet conditionnés à des objectifs chiffrés d'accès[21].
L’impératif démocratique a conduit le DCMS à imposer la création de
statistiques publiques de la culture et à améliorer les dispositifs de
consultation et de participation citoyenne et sectorielle. La politique travailliste a privilégié une
large compréhension du culturel à l’échelle des communautés, les nations et les cultures minoritaires ont bénéficié de soutien
actif, comme aux artistes amateurs. L’événementiel culturel hors les murs et
les Festivals contribuent à ce
succès démocratique (art amateur, afro-caribéen, Mela, Black History Month)[22].
Le DCMS a porté autant
d’intérêt à démontrer l’impact social et économique des arts et du patrimoine,
que celui des industries créatives, et un certain équilibre s'est créé, comme
uneporosité des formes artistiques et des sources de financement propices à une
définition ouverte favorable au partage et à la mixité culturelle, même s'il
reste des institutions comme le Royal Opera, au public extrêmement
restreint. L'année 2004, est
marquée par un texte manifeste de la ministre qui identifie un sixième fléau beveridgien,
« la pauvreté d'aspiration », qui souligne la valeur intrinsèque de
la culture, propose de dépasser l'opposition simpliste entre « accès et
excellence » et de rejeter l'instrumentalisation avant de prêter à la
culture toutes les vertus. Le texte fut critiqué pour son flou[23] mais annonçait le repli de la culture de l’évaluation. Les limites du Nouveau
Management Public apparaissent : les outils de consultation et
d’évaluation sont coûteux et détournés par les acteurs, la capacité du
ministère à imposer sa politique limités. En outre, il fallait s'assurer du
soutien de l'électorat traditionnellement travailliste en vue des élections[24]. En 2008, le rapport Mc Master
(Supporting
Excellence in the Arts: from Measurement to Judgement) confirme le retour au qualitatif et à une
évaluation par les pairs. Les critiques n'ont pas manqué de s'étonner de
l'absence de place des publics. Face à ce déficit démocratique, Holden appelle
les artistes à initier la démocratie culturelle en se détournant des objectifs des
financeurs pour privilégier les aspirations des publics[25].
La fin de la période travailliste est marquée par la crise financière.
Les coupes budgétaires impliquent des restructurations en chaîne afin de
réduire les coûts administratifs. Pour tenter de sauver son existence menacée par
une victoire éventuelle des conservateurs et répondre à la crise économique du
secteur, l’Arts Council intègre enfin le changement culturel souhaité
par le ministère. Il se mue en défenseur des arts, et équilibre objectifs artistiques,
socio-culturels et sectoriels. A l’issue d’une vaste consultation montrant que
l'ensemble des parties prenantes jugeait que son rôle principal était de développer
un public plus large pour les arts[26], il publie une
stratégie à 10 ans (Achieving Great Art for Everyone) centrée sur cinq objectifs (excellence, reach, engagement,
diversity, innovation). La mission initiale d’« accès » est ainsi
déclinée en quatre volets : il s’agit d’aller chercher les publics, d’encourager
la participation à la fois artistique et culturelle, de soutenir la diversité
culturelle et d’exploiter le potentiel démocratique de la révolution numérique.
Conclusion
En termes chronologiques, le discours et les programmes destinés à
démocratiser la culture n’ont pas suivi une évolution linéaire. Trois dates
clés sont associées à une forte volonté de démocratisation culturelle par
l’État (1940, 1965, 1997). Après la période mythique de la guerre, les années soixante
ont ouvert la culture légitime, et la fin des années 1990 initié une politique
culturelle volontariste. Inversement, les conservateurs ont défendu une approche
de la démocratisation par le marché, oscillant entre populisme et élitisme et
ont renforcé un modèle économique mixte. À partir de 1979, la politisation et
l’instrumentalisation des gouvernements bouleversent le secteur. Sur soixante-dix années, le contexte
historique et culturel a bien entendu évolué, et bien que les politiques culturelles britanniques aient
suivi une logique de sédimentation, les périodes conservatrices ont été caractérisées
par un repli de l’impératif démocratique. Il n’en reste pas moins que la prise
en charge de la diversité des publics a progressé en même temps que le nombre
d’objectifs à atteindre.
La loterie nationale, d’inspiration libérale, a en termes d’usage
oscillé entre populisme et welfarisme, ce qui a fait contrepoids aux objectifs artistiques.
Elle constitue désormais presque la moitié des ressources de l'Arts Council.
Les subventions pour la culture, plus équitablement réparties entre milieux
sociaux et régions, démocratie et économie, étaient, à la fin de la période
Blair, acceptées des Britanniques, même de ceux qui n’en bénéficiaient pas. Force est de constater cependant que la
démocratisation de la culture savante a attiré une majorité des financements à
l’échelle nationale, et que les clivages traditionnels que l'on retrouve en
Europe s’appliquent : professionnels/amateurs, accessibilité/qualité,
culture savante/diversité culturelle. En termes institutionnels, le ministère
relativement jeune reste fragile[27]. En outre, la « gouvernance à l’ère
numérique » qui a remplacé le Nouveau Management Public, a
profondément changé le profil et les conditions de travail des employés de l'Arts
Council[28]. Le
numérique est par ailleurs devenu l'un des principaux leviers de la
démocratisation, et l’organisme a lancé une plateforme internet gratuite de
contenu artistique (The Space). La culture dématérialisée, qui permet à chacun d’exprimer sa créativité, a
modifié la limite entre auteur et récepteur. C’est une forme de désinstitutionalisation
de la culture enfin vécue comme une partie intégrante de la vie.
Si l'hypothèse avancée par l'auteur de cet article, d'une convergence
avec l'approche française est fondée sur un mouvement réciproque depuis les
années 1990, la crise financière de 2008 et l'élection d'un gouvernement de
coalition conservateurs-libéraux en 2010 au Royaume-Uni a marqué un retour à la
tradition de frugalité associée à l’excellence et au refus de l’ingérence. Le DCMS a failli
disparaître quand le nombre d’organismes non-gouvernementaux dans la culture a
été réduit (le Museum Libraries and Archives Council a
été supprimé et certaines de ses responsabilités transférées au Arts
Council). Leurs dotations publiques ont été réduites d’environ
25 % sur quatre ans. Le désengagement le plus notable concerne les
programmes phares des travaillistes en faveur de l'éducation artistique et
visant plus généralement à mettre les publics au cœur des dispositifs.
David Looseley a écrit que le Royaume-Uni a du chemin à parcourir avant
de penser « la démocratie culturelle en termes à la fois opérationnels et
suffisamment théorisés pour le XXIe siècle »[29].
Les néo-travaillistes ont échoué à accompagner leur volontarisme démocratique
d’un discours capable d'articuler clairement une valeur publique de la culture
qui dépasse la simple somme des impacts positifs escomptés ("defensive
instrumentalism") et à
trouver des dispositifs pour la transcrire sans s’aliéner le secteur[30]. Le débat entre valeur intrinsèque de la culture et
valeur instrumentale est apparu comme une impasse ne pouvant rendre compte
d’une valeur culturelle ouverte et incarnée. La tradition instrumentaliste britannique semble finalement avoir
inhibé chez les décideurs le recours à la légitimation.
Cécile Doustaly,
Université de Cergy-Pontoise,
Civilisations et Identités Culturelles Comparées (CICC)
[1]. C. Doustaly, « La genèse du soutien public aux Beaux-Arts à Londres aux
XVIIIe et XIXe siècles », dans J. Carré [dir.], Londres 1700-1900 :
naissance d’une capitale culturelle, Paris, PU Paris-Sorbonne, 2010,
p. 207-229.
[2]. C.
Doustaly, Entretiens, Londres, Juin 2012.
[3]. P.
Poirrier, « Démocratie et culture.
L’évolution du référentiel des politiques culturelles en France,
1959-2004 » dans A. Bleton-Ruget et J-P. Sylvestre ([dir.]), La
démocratie, patrimoine et projet, Dijon, EUD, 2006, p. 105-129 ;
E. Belfiore, « “Defensive instrumentalism” and
the legacy of New Labour’s cultural policies », Cultural Trends, 21(2), 2012, p. 103-111.
[4]. C. Doustaly, Le soutien public à l'art en Angleterre du XIXe siècle à la fin
des années 1960 : de la démocratisation de la culture à la démocratie
culturelle ? Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris 3, doctorat de
civilisation britannique, 2007, 604 p.
[5] J. Mortier, « Les origines de l’Arts Council : l’État britannique se découvre une mission
culturelle à la faveur de la guerre », D. Frison ([dir.]), La Société
anglaise en guerre, Paris, Ellipses, 1996, p. 181-190.
[6] George VI. "The
Charter of Incorporation Granted ... Arts Council of Great Britain", ninth
day of August 1946 ; John Maynard Keynes, « The Arts Council: its Policy and Hopes
», The
Listener, 12
July 1945.
[7] A.
Calder, The Myth of the Blitz, London, Pimlico, 1992, p. 15.
[9]. W. Churchill (1951-1955) ; A. Eden (1955-1957) ; H. Macmillan (1957-1963) ;
A. Douglas Home (1963-1964).
[11]. C. Gray, The Politics of the Arts, London, Macmillan, 2000, p. 44.
[12]. R. Williams, « Culture is ordinary » (1958/1989), A. Gray, J.
McGuigan, ([éd.]), Studying Culture, London : Edward Arnold,
1993, p. 13-14 ; S. Hall, P. Whannel, The Popular Arts,
London : Hutchinson Educational, 1964. R. Hewison, Culture and
Consensus, London : Methuen, 1997.
[13] B. I . Evans, Prospects
for a Ministry of Fine Arts, London: BBC, 1959 ; Labour
Party, Leisure for Living, 1959 ; The Quality of Living,
1964.
[14]. H. Wilson, A Policy for the Arts, the First Steps, Cmnd 2301, HMSO,
1965, §14, 91, 100.
[15]. Discours cité dans L. Black, « “Making Britain a Gayer and More Cultivated
Country” : Wilson, Lee and the Creative Industries in the 1960s' », Contemporary
British History, 20 : 3 (2006).
[16]. Wilson (1974-1976), Callaghan (1976-1979) / gouvernement conservateur Heath
(1970-1974).
[17]. C. Ballé et D. Poulot, Musées en Europe, Une mutation inachevée, Paris,
La Documentation Française, 2004.
[18]. J. Minihan, The Nationalisation of Culture, the Development of State
Subsidies to the Arts in Great Britain, London, Hamish Hamilton, 1977.
[19]. J. Myerscough, The Economic Importance of the Arts in Britain, Abingdon,
PSI, 1988.
[21]. C. Doustaly, « Le rôle de la
culture dans la renaissance urbaine depuis 1997 en Angleterre : de
l’économique au socioculturel ? », S. Nail, D. Fee ([dir.]), Vers
une renaissance urbaine britannique ? Dix ans de politique travailliste de la
ville, Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2008, p. 75-95.
[23]. T. Jowell, Government and the Value of Culture, DCMS, 2004.
[24]. C. Doustaly & C. Gray, "Labour and the
Arts : Managing Transformation ? ", Observatoire
de la société britannique - Journal of Contemporary British Studies, n° 8, 2010, p. 319-338.
[25]. J. Holden, Democratic Culture:
Opening up the Arts to Everyone, London: Demos, 2008.
[28]. C. Doustaly, « Arts Council England in the 2000s: Towards Digital Era Governance ? »,
C. Zumello & E. Avril ([éd.]), New Paths of Governance, London,
Palgrave, 2013.
[29]. D. Looseley, « La Politique
culturelle du Royaume-Uni », P. Poirrier ([dir.]), Pour une Histoire
des Politiques culturelles dans le monde, 1945-2011, Paris, La
Documentation Française/Ministère de la Culture, 2011, p. 409.
Pour citer cet article :
Cécile Doustaly, « Les politiques de démocratisation culturelle
en Grande-Bretagne de 1940 à nos jours : légitimation ou instrumentalisation ? » in Démocratiser la culture. Une histoire comparée des politiques culturelles, sous la direction de Laurent Martin et Philippe Poirrier, Territoires contemporains, nouvelle série - 5 - mis en ligne le 18 avril 2013.
URL : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/Democratiser_culture/C_Doustaly.html
Auteur : Cécile Doustaly
Droits : © Tous droits réservés - Ce texte ne doit pas être reproduit (sauf pour usage strictement privé), traduit ou diffusé. Le principe de la courte citation doit être respecté.
ISSN : 1961-9944
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