6 décembre 2023 - uB – 2 bd Gabriel – Salle 319 (3e étage bâtiment droit) de 9 h. 30 à 17 h. (accès/informations pratiques ici)

 

Journée d’études : Le documentaire archéologique, un objet filmique ambivalent

 

Organisation : Isabelle Marinone (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB), Anthony Denaire (ARTEHIS - UMR 6298) et Théophile Leylavergne (réalisateur et archéologue)

 



 

Filmer l’archéologie suscite de nombreux questionnements dans la sphère de la production audiovisuelle documentaire : comment restituer visuellement et avec efficacité des résultats scientifiques complexes ? Comment exposer le travail des chercheurs et leurs objets d’études sans trahir certaines parties de leurs investigations ? Comment réaliser un sujet cinématographique sur un chantier en progression constante et pour lequel beaucoup d’inconnus restent à mettre au jour ?
Lors de fouilles archéologiques, la perception réelle du passé est altérée par l’aspect fragmentaire des vestiges. L’archéologue essaie d’étudier et de comprendre celui-ci avec les maigres indices qu’un site peut laisser. Les recherches établissent le plus souvent des résultats peu pérennes qui s’appuient pour grande part sur des séries d’hypothèses, celles-ci elles-mêmes constamment critiquées, révoquées, renouvelées en fonction de l’évolution des découvertes qui orientent et interprètent différemment les matériaux collectés et les données déduites au cours du temps.
Geste filmique particulier dans l’Histoire du cinéma et de l’audiovisuel, le documentaire a pour principe premier de saisir les effets du réel, voire, depuis les années 1960, du « direct ». Une certaine dichotomie s’opère donc entre le travail scientifique de l’archéologue et la création d’un documentaire s’attelant à montrer en l’espace de quelques minutes ou quelques heures la progression d’une recherche au très long cours à un public de non-spécialistes.
Objet tant industriel qu’artistique, le documentaire reste aussi et avant tout un processus créatif qui élabore des visions sur le monde. À partir de l’image filmique, l’apport d’un savoir synthétique sur un domaine constitue l’enjeu central de ce type de production. Les interprétations qui peuvent en être tirées – parfois mal comprises par le public – conduisent parfois à asseoir plus ou moins volontairement certains préjugés sur les cultures historiques étudiées, en fonction des origines, des périodes, de leur réalisation.

Cette journée d’études se propose d’engager une réflexion sur cette sphère filmique particulière et complexe à partir des interventions de spécialistes de l’archéologie et de professionnels du documentaire.

 

Programme

 

  • 9 h 30 : Introduction générale (Isabelle Marinone, Anthony Denaire)

  • 9 h 45 : Le documentaire archéologique, historique introductif (Théophile Leylavergne)

 

 

Témoigner des enjeux du contexte archéologique

  • 10 h 15 : « Thierry Ragobert et ses réalisations filmiques, un modèle incontournable et emblématique ».
    Rencontre avec l’auteur. Extraits de films.

  • 11 h : « Le reportage Carnets de Fouilles: un nouveau genre audiovisuel au service de l’archéologie ». Présentation de Stéphane Kowalczyk (réalisateur et producteur de MSK Productions) et Théophile Leylavergne. Extraits de films.

  • 11h 45 : Table ronde autour de cette question : Mise en scène et mise en forme : comment restituer ?
    Avec Thierry Ragobert, Stéphane Kowalczyk, Isabelle Marinone, Anthony Denaire, Stefan Wirth, Marie Thiry, David Geoffroy, Anthony Denaire et Théophile Leylavergne.

 

 

 

Concevoir des films pour « réaliser » l’archéologie

  • 14 h 30 : L’exemple de La grotte Cosquer, un chef-d’œuvre en sursis, documentaire de Marie Thiry.
    Rencontre avec la réalisatrice. Extraits du film.

  • 15 h 15 : Le travail de Néandertal, une nouvelle humanité, documentaire de David Geoffroy.
    Rencontre avec le cinéaste. Extraits du film.

  • 16 h 00 : Table ronde : Quelle est la place laissée à la création filmique ?
    Avec Thierry Ragobert, Stéphane Kowalczyk, Isabelle Marinone, Pierre Nouvel, Marie Thiry, David Geoffroy, Anthony Denaire et Théophile Leylavergne.

16 h 45 : Conclusion (Isabelle Marinone, Anthony Denaire)



 

À propos des intervenants documentaristes invités

 

Thierry Ragobert

Auteur, réalisateur et monteur, Thierry Ragobert a commencé sa carrière dans l’audiovisuel en collaborant avec le commandant Cousteau sur des documentaires nature et animaliers (Mission Calypso, Mission Caraïbes, Mission Amazonia). A partir des années 1990, il réalise une série sur les découvertes archéologiques d’Alexandrie avec une jeune société de production, Gédéon programmes. Depuis, il a réalisé plusieurs documentaires archéologiques pour Arte et d’autres chaînes culturelles comme la série la Bible dévoilée.Plusieurs de ses

Théophile Leylavergne, Approche du documentaire archéologique, la vision de l’Antiquité grecque et romaine dans le documentaire dit archéologique , Editions universitaires européennes, 2021.

œuvres sont récompensées par des prix internationaux, parmi celles-ci, l’un de ses derniers documentaires, L’Arche de l’Alliance : les origines de la Bible réalisé 2019.

 

Stéphane Kowalczyk

Réalisateur et producteur, Stéphane Kowalczyk a réalisé plusieurs documentaires et fictions en autoproduction depuis les années 1980. Fervent défenseur de la liberté de création, il s’est très vite tourné vers internet pour diffuser ses œuvres tout en réalisant en parallèle des films de commande pour différents organismes (chaînes, associations régionales…). Il filme l’archéologie et surtout les archéologues depuis les années 1990 et s’attache tout particulièrement à créer des films centrés sur le réel du métier en s’inspirant des méthodes de réalisation de Raymond Depardon. Depuis 2021, avec Théophile Leylavergne, il a créé la chaîne You Tube « Carnets de fouilles » , un projet audiovisuel visant à présenter la réalité de terrain des chantiers de fouilles.

 

Marie Thiry

Auteur et réalisatrice de documentaires archéologiques depuis 2017, Marie Thiry a débuté sa carrière comme assistante-réalisatrice et productrice chez Gédéon programmes. Après avoir collaboré en co-écriture et co-réalisation avec Marc Jampolsky sur différents films (Mont-Saint-Michel, le labyrinthe de l'archange, Versailles, le palais retrouvé du Roi Soleil…) pour Arte, Marie Thiry a coréalisé deux documentaires de 90 minutes avec Marc Jampolsky (Amazonie, les civilisations disparues de la forêt, Vatican, la cité qui voulait devenir éternelle..). En 2022, elle réalise son premier documentaire de 52 minutes en solo pour ARTE, intitulé Les mystères de la Grotte Cosquer,qui a reçu plusieurs distinctions depuis (12 prix et 7 mentions). Son dernier documentaire de 90 minutes pour ARTE, intitulé Le Chevalier au Dragon, le roman disparu de la Table Ronde est actuellement visible sur arte.tv.

 

David Geoffroy

Auteur, réalisateur depuis les années 2000, David Geoffroy a créé sa propre société de production appelée « Court-Jus production » qui produit essentiellement des films documentaires autour de l’archéologie, de l’histoire et du patrimoine pour des Musées ou des chaînes de télévision. Avec la réalisation de restitutions 3D et d’animations en images de synthèse de sites archéologiques, Court-jus Production développe des outils et des savoir-faire qui facilitent la transmission des connaissances vers le plus large public. David Geoffroy a donc réalisé de nombreux films à la fois pour des diffuseurs institutionnels (musées, sites archéologiques) et pour des diffuseurs télévisuels régionaux (France 3 Région Normandie). Beaucoup de ses films ont reçu de nombreux prix lors de festivals de films d’Archéologie nationaux et internationaux. Dernièrement, il a réalisé son premier film sur la Préhistoire Néandertal, dans les pas d’une autre humanité diffusé sur France 3 Normandie.

 

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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
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