20 octobre 2022 - En visioconférence via zoom de 18 h 00 à 20 h 30
Atelier « Les “monstres” et les morts. Imaginaires et rationalité : ce qui entrave ou rend possible la relation » : Corps diminués, corps augmentés par les pratiques et la technique
Organisation : Anna-Maria Sienicka (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB) et Giulia Lelli (Université Lyon 3 – Jean Moulin)
Présentation de l'atelier
Cet atelier de recherche interdisciplinaire se propose d’étudier conjointement la relation qui peut exister entre une personne susceptible d’être perçue comme « monstrueuse » et une personne se percevant elle-même comme « normale » d’une part, la relation entre une personne vivante et une personne morte d’autre part. Nous ne nous intéressons pas à de purs monstres ou à des morts largement reconstruits par l’imagination, mais à des personnes qui se trouvent vues comme « monstrueuses » et à des personnes ayant effectivement existé mais étant vues comme n’ayant plus d’être autonome du fait de leur mort. Nos objets sont les relations qui, en droit, pourraient avoir lieu avec ces personnes. Notre constat est que ces relations sont, de fait, souvent manquées ou empêchées. Notre hypothèse est qu’elles le sont en raison d’un même type d’obstacle : en raison d’imaginaires (du monstrueux et des morts agissants : vampires, fantômes, etc.) qui viennent recouvrir la personne susceptible d’être perçue comme « monstrueuse » et la personne morte et qui empêchent de saisir adéquatement ce qu’elles sont et ce qu’elles peuvent faire. Notre pari méthodologique est que l’étude conjointe de la relation aux personnes susceptibles d’être perçues comme « monstrueuses » et aux morts est féconde, en raison de ces obstacles imaginaires communs. Notre ambition est d’étudier ces obstacles et de montrer de quelles manières ils peuvent être levés.
[Toutes les séances de l'atelier ici]
Programme de la séance
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Annamaria Fantauzzi, Anthropologue, psychologue clinique, professeure à
l’université de Turin (Italie), présidente de Praticare
onlus.
Corps réfugiés et refusés : la mort vivante
Professeure d’anthropologie médicale et culturelle (Faculté
de médecine et de psychologie de l’université de Turin),
docteur en ethno-anthropologie et ethnologie (Université de Rome
« La Sapienza ») et en Anthropologie sociale et
Ethnologie (EHESS), deuxième diplôme et Titulaire de
Master 2 en psychologie clinique, responsable des missions
d’ethnonursing en Gambie et au Sénégal, Madagascar et dans
des centres d’accueil pour réfugiés en Sicile pour
l’ONG Prati-care ; chargée de recherche à la
Fondation Migrantes depuis 2016. En 2011, elle a reçu le Prix
international « Racisme, antisémitisme et
xénophobie » remis par la Ville de Paris, après deux
post-doctorats en Ethnopsychiatrie à l’IRIS de l’EHESS et
au CERMES-EHESS. Récemment, elle a travaillé et publié des
monographies, des articles et des essais dans des revues nationales et
internationales, principalement sur les thèmes suivants : la
relation médecin/patient et le rôle du corps et de son langage
dans la maladie, le don du sang, l’immigration forcée et les
victimes de la traite des êtres humains, les corps et les morts des
réfugiés. Son intervention sera consacrée aux corps
violés et abîmés des migrants provenant de la
Méditerranée, qui sont pour la plupart des cadavres sans plus
aucune dignité et n’ayant plus l’aspect de personnes.
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Fanny Georges, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information
et de la Communication (CIM-CEISME - EA1484, Université Sorbonne
nouvelle).
La médiation de la relation au défunt par les technologies numériques
L'intervention présente une synthèse réflexive des travaux du projet de recherche Eternités numériques sur les identités numériques post mortem et les usages mémoriaux du web, et présente des pistes de réflexion sur la question de la relation à la mort médiée par les technologies numériques.
- Giulia Lelli, doctorante en philosophie sous la direction de Jean-Philippe Pierron, A.T.E.R. à l’Université de Bourgogne (Université Lyon 3 - IRPhiL)
Peut-on rencontrer quelqu’un-e après sa mort ?
D’un côté, il peut sembler farfelu d’affirmer que l’on a rencontré un mort. D’un autre côté, c’est bien une impression de rencontre que l’on éprouve parfois, lorsque l’on découvre un reste d’une personne morte. C’est ce que décrivent Michel Foucault, qui découvre un nom et des éléments biographiques dans une archive, Chantal Jaquet, qui découvre l’œuvre philosophique de Spinoza et, en un certain sens, Jean-Christophe Bailly, qui découvre les portraits funéraires du Fayoum. Je m’attacherai ici à montrer, à travers l’étude de ces trois exemples, que certaines expériences de découverte de restes de personnes mortes par des vivants viennent troubler la catégorie de la rencontre.
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