Université de Bourgogne et en visioconférence via Teams
Séminaire « L’intervention sociale aujourd’hui : problématiques, enjeux et expériences »
(2022-2023)
Organisation : Sonja Kellenberger (IRTESS, LIR3S UMR 7366 CNRS-uB), Thibaut Besozzi et Hervé Marchal (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB)
Contact : herve.marchal@u-bourgogne.fr
Présentation
Ce séminaire ambitionne de croiser les acquis de nombreuses approches théoriques contemporaines avec les travaux relevant de l’intervention sociale au sens large. Il vise plus précisément à montrer à partir de recherches de terrain comment certains concepts peuvent être mobilisés pour observer, interroger et comprendre des situations concrètes d’intervention sociale. Inversement, il s’agit de voir comment le terrain suggère, voire invite sans détour à mobiliser des outils théoriques plus que d’autres pour dessiner les contours d’une intervention sociale efficace.
Aussi ce séminaire entend-t-il donner la parole à des chercheurs et professionnels de terrain en vue de dresser un panorama des déclinaisons actuelles de l’intervention sociale. La question des méthodes, ici bricolées sur le tas, là reprises de courants théoriques identifiés, ailleurs empruntées à des approches innovantes en voie de formalisation, apparait ainsi comme centrale. C’est en effet tout particulièrement à travers les outils méthodologiques éprouvés dans le concret du terrain que ce séminaire souhaite appréhender, de quelque façon que ce soit, les problématiques, les enjeux et les expériences contemporaines relatives à l’intervention sociale.
Les séances du séminaire
10 janvier 2023 - Séance en hybride : uB – Salle 319 (3e ét. bât. Droit - 2 bd Gariel) et Teams
- Sonja Kellenberger (sociologue et cadre pédagogique, IRTESS, LIR3S UMR 7366 CNRS-uB), Clément Pouponneau (docteur en sciences humaines et formateur, IRTESS, PsyDrepi) et ,
Cyril Villet (directeur de pôle, IRTESS, Université de Haute Alsace) :
Transition sociale et écologique : quels enjeux et impacts pour l’intervention sociale ?
La notion de transition, au sens d’un passage vers une société post-pic pétrolière, est porteuse de sens, d’enjeux et d’impacts spécifiques dans le « travail du social ». Il s’agit d’en préciser les contours en France où les notions de travail social vert ou travail social écologique rencontrent notamment les initiatives et milieux d’une transition écologique citoyenne (L. Laigle 2019). D’une part, cette notion participe à une rénovation profonde de la production des connaissances de l’intervention sociale (JL Laville 2021), de l’autre, elle impacte ses modèles d’action.
La séance sera dédiée à ces deux observations à partir de deux travaux :
- Sonja Kellenberger et Clément Pouponneau :
Une réflexion en cours à l’IRTESS de Dijon et au Carrefour des métiers (UNADEL : Union nationale des acteurs et des structures du développement local, IRDSU : Inter-réseaux des professionnels du développement social urbain) sur les impacts des démarches de transition socio-écologique sur les pratiques de l’intervention sociale et les modalités d’apprentissages socio-éducatifs.
-
Cyril Villet :
Une recherche européenne sur la démocratie alimentaire (Seed Money Eucor). Fin 2020, en France, on dénombrait 8 millions de bénéficiaires d’aide alimentaire (Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire, 2021). Par ailleurs, l’agriculture représente 20% des rejets de gaz à effet de serre dans notre environnement. La transition vers un système agri-alimentaire plus durable constitue ainsi un enjeu important pour nos sociétés (PNUD, 2006 ; Green Deal européen, 2020). L’intervention s’attachera, à travers l’observation de dynamiques collectives de Projets Alimentaires Territoriaux (PAT), de montrer en quoi cette transition nécessite d’ouvrir, sur les territoires, la question alimentaire à l’ensemble des acteurs concernés en instaurant un dialogue. Les défis posés par cette démocratie alimentaire en train de se faire (Lang, 1999) seront analysés avec les outils de la théorie de l’acteur-réseau (Callon, 1986 ; Latour, 2005).
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21 mars 2023 – 17 h. à 18 h 30 - Séance en hybride : uB – Salle des conseils de la MSH de Dijon -
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- Manuel Boucher (Pr. en sociologie, Université de Perpignan Via Domitia) :
Pour une (in)discipline en travail social. Réflexions sur la constitution d’un « espace acadé- mique interventionnel » dans les champs social et universitaire
À partir d’une réflexion sur les enjeux actuels du travail social, de la formation et de la recherche dans et sur le champ social, cette communication soulignera l’importance de dépasser « adversité et complicité adverses historiques » (Chauvière, Gaillard, 2020) entre les mondes des écoles en travail social et des universités dans l’objectif de favoriser une dynamique propice au développement d’un travail social émancipateur. Il s’agira de rendre compte des mutations contemporaines de l’intervention sociale pris en étau entre des logiques économiques hyper-gestionnaires et des logiques politiques responsabilisatrices et sécuritaires mais également de décrire l’injonction politique et financière dans laquelle se retrouvent les écoles et instituts historiques du travail social, désormais régionalisés, contraints de participer au marché compétitif de la formation professionnelle impliquant de développer des « partenariats concurrentiels » pour continuer d’exister. Dans un contexte de « marchandisation du social » venant impacter le sens du travail social initialement tourné vers la production du lien social et l’affirmation de valeurs solidaristes, cette communication défendra alors l’idée d’une rupture avec les logiques concurrentielles aujourd’hui en œuvre dans l’intervention sociale, la formation supérieure en travail social et la recherche sociale par la construction d’un espace académique original dans les champs de la formation sociale et universitaire en mesure, d’un côté, de permettre aux travailleurs sociaux, par la mobilisation des sciences sociales et l’apprentissage d’une « indiscipline épistémologique » (Dartiguenave, 2020) de penser par eux-mêmes les logiques d’action et les ambivalences du travail social (Boucher, 2021) pris en tenaille entre des logiques normatives et émancipatrices et de l’autre, d’accéder à une reconnaissance académique et universitaire propre au travail social indispensable pour garantir, face aux logiques politiques, clientélistes et financières, l’autonomie professionnelle des travailleurs sociaux, des formateurs en travail social et des enseignants-chercheurs travaillant sur les questions sociales. En définitive, nous interrogeons l’opportunité et les conditions de la construction d’un espace académique interventionnel et pluridisciplinaire spécifique au travail social.
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4 avril 2023 – 17 h. à 18 h 30 - Séance en hybride : uB – Salle des conseils de la MSH de Dijon -
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- Jean-Yves Dartiguenave (professeur de sociologie, université de Rennes 2 - LIRIS) :
De la réduction de « l’histoire » au « parcours » dans le champ de l’action sociale
La notion de parcours s’est imposée dans le champ de l’actio sociale au détriment de la prise en compte de l’histoire singulière des établissements et des personnes accompagnées. Ce glissement, qui n’est pas sans conséquence sur les modalités d’accompagnement des « usagers », est à rattacher à l’omnipotence d’une vision et de pratiques néo-libérales et néo-managériales entièrement orientées vers la gestion fonctionnelle et prétendument innovante de dispositifs. En contrepoint de cette dérive, l’enjeu est alors de pouvoir réintroduire dans le champ de l’action sociale et du travail social, la portée proprement anthropologique de l’histoire en l’envisageant comme une dialectique entre l’historialité, c’est-à-dire une capacité humaine à analyser et fonder un rapport au temps, et l’historicité, c’est-à-dire réinvestissement de cette capacité dans les diverses formes sociales du moment, donnant à voir ce que François Hartog nomme des régimes d’historicité. Ces derniers, à l’encontre d’un présentisme exclusivement tourné vers la quête de résultats immédiats ou de réorganisations incessantes, bien souvent vaines pour ne pas dire destructrices des rapports sociaux, ouvre un champs des possibles pour un travail d’institution (ou de ré-institution) qui conjugue permanence et changement.
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