6-7 décembre 2021 – uB – Campus Montmuzard Dijon :
atheneum, centre culturel
de l'uB
(accès ici) et
forum des savoirs de la MSH de Dijon (accès/informations pratiques ici)
Colloque spectaculaire : Tandems ou l’art de faire ensemble. Artistes et anthropologues en création
Organisation : Jean-Louis Tornatore (LIR3S UMR CNRS uB 7366) et Cyril Isnart (Idemec - UMR 7307)
[Co-organisation LIR3S UMR CNRS uB 7366, Institut d'ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Aix-en-Provence) et Institut Denis Diderot (Dijon), avec le soutien de la Région Bourgogne-Franche-Comté, de la Direction régionale des affaires culturelles Bourgogne-Franche-Comté et de l'uB]
Entrée libre et gratuite pour assister au colloque
Entrée payante pour la soirée « Croire aux fauves »
Consignes sanitaires en vigueur :
- Présentation du pass sanitaire obligatoire pour accéder à la manifestation.
- Port du masque obligatoire.
- Gel hydro-alcoolique fourni par le LIR3S.
- Liste des participants (communicants et public) à fournir au secrétariat du LIR3S à l'issue de la manifestation, afin d'être prévenu(e) en cas d'exposition à risque au Covid-19.
Dans l'incertitude de l'évolution sanitaire du pays, nous vous invitons à consulter régulièrement le site web du LIR3S pour prendre connaissance des modifications de déroulement [présenciel et/ou distanciel] de la manifestation.
Présentation
Tandem (adv.): « exactement à ce moment »
Si l’anthropologie est un art, à quelles conditions l’art peut-il être anthropologique ? Qu’ont en commun l’art et l’anthropologie dans l’expérience de la réalité et dans la connaissance et la fabrication du monde ? Depuis une vingtaine d’années se sont multipliées des réflexions et des expériences dessinant les perspectives soit d’un art engagé cherchant auprès de l’anthropologie des méthodes, un regard, des analyses permettant de faire résonner les enjeux vifs de notre siècle, soit d’une anthropologie sensible cherchant dans l’expérience artistique les moyens d’augmenter sa capacité de restitution des existences. Soit encore, dans un geste de brouillage épistémique, de tentative de se libérer des séparations institutionnelles, l’art se fait anthropologie en recherchant avec ses propres moyens les principes de l’expressivité créative (par exemple, l’anthropologie théâtrale), tout comme l’anthropologie se fait art en revendiquant pleinement la dimension esthétique de l’expérience de connaissance. En d’autres termes, l’art et l’anthropologie se rencontrent en se demandant conjointement et ensemble : comment apprendre du monde ?
Ce « colloque spectaculaire » s’inscrit dans ces questionnements en expérimentant en acte des configurations singulières d’associations d’artistes et anthropologues : soit des tandems travaillant à l’invention et à la configuration des savoirs dans une orientation que l’on dira écologique, c’est-à-dire ouverte et attentive à la grande diversité des modes de connaissance, convaincue qu’elle est la seule manière aujourd’hui de lutter contre l’économie néolibérale du savoir scientifique et de reconnaître la pluralité contingente et poreuse des activités réflexives dans nos sociétés. La présentation des travaux des tandems sera rythmée par des points de commentaires des œuvres et des démarches engagées et conclue par une table ronde.
Argumentaire complet
Tandem (adv.) : « exactement à ce moment »
Si l’anthropologie est un art (ce que les anthropologues ont toujours
pensé), à quelles conditions l’art peut-il être anthropologique ? Ce
colloque-événement voudrait tenter de répondre à cette question en
expérimentant en acte des relations entre artistes et anthropologues : tel
serait l’objet de ces tandems travaillant à la reconfiguration des savoirs,
dans une perspective qui serait écologique, c'est-à-dire ouverte et
attentive à la grande diversité des modes de connaissance. Il se tiendra à
l’Atheneum et consistera dans la présentation de travaux de tandems rythmée
par des points de commentaires des œuvres ou des démarches engagées.
La relation entre art et anthropologie a été souvent soulignée ou convoquée
que ce soit pour montrer ce que l’anthropologique comme discipline partage
avec l’histoire de l’art ou pour organiser un dialogue entre anthropologues
et artistes et confronter rituels traditionnels et performances
contemporaines. Le Musée du Quai Branly s’en est fait l’écho à l’occasion
de deux colloques consécutifs à la fin des années 2000 (Dufrêne et Taylor
2009 ; Pasqualino et Schneider, 2009). Un « social turn » ou « ethnographic
turn » a été amorcé par les artistes contemporains qui ont intégré les
techniques d’enquête et les grandes questions des sciences sociales dans
leurs propres dispositifs de création (Foster, 1995). Des travaux plus
récents se sont attachés à voir comment l’expérience artistique (théâtre,
performance, cinéma) peut alimenter et renouveler le questionnement
anthropologique (Müller et al., 2017 ; De Lucca et Elias, 2019) : le terrain
des sciences sociales devenant un lieu partagé par des acteurs qui
diffèrent par l’épistémologie de leurs pratiques, par les formes de
résolution de leurs questionnements ou par les outils qu’ils mobilisent
dans l’action. Les sciences sociales recherchant toujours dans ces types
d’enquête de produire un discours sur l’art, la création ou l’usage
politique des pratiques culturelles, alors que se joue parfois l’avènement
d’utopies sociales et esthétiques qui désorganise les schémas
institutionnalisés de la connaissance (Blanes et al., 2016).
D’autres, élargissant le champ d’investigation, interrogent les frontières
et les complémentarités entre art et sciences (Amilhat Szary et al., 2016). Certains proposent une science de la description du
social qui serait purement expérimentale et collaborative, afin de baliser
des actions de collaboration entre des chercheurs et des groupes d’acteurs.
On passerait du protocole ethnographique classique de l’observation
participante, dont la critique a été vive (Clifford et Favret-Saada) ou à
la recherche participative appliquée, parfois instrumentalisable par
d’autres champs sociaux jugés plus prédateurs, à la rencontre et au
dialogue des épistémologies entre partenaires égalitaires (Criado et
Estalella [dir.], 2018). D’autres encore, organisant la rencontre d’artistes
et de théoriciens, ont expérimenté la recherche-création en tant qu’elle
serait le lieu d’une activité à part entière, la pensée en action, et le
moment d’avant la bifurcation, c'est-à-dire avant que la pratique
artistique et la recherche théorique ne divergent « dans les structures
institutionnelles qui capturent et contiennent leur productivité » (Manning
et Massumi, 2018).
Ce colloque-événement voudrait ajouter une pièce au dossier en se plaçant
alors du point de vue de collaborations ou de compagnonnage existants entre
des anthropologues ou plus généralement des chercheur.e.s et des artistes,
et en accordant une grande place aux expériences de contacts, de
correspondance (Ingold, 2019), transferts ou de fusion de pratiques et de
corps. La rencontre se propose donc de poser l’hypothèse d’un « artistic
turn » en sciences sociales, dont la variété et la variabilité de
l’écriture ne sont pas une nouveauté mais dont l’extension, la visibilité
et la pluralité remettent en cause indirectement – et partiellement – les
canons de reproduction, de reconnaissance et de transmission des pratiques
scientifiques écrites et orales institutionnelles. Soit donc des
anthropologues ou des chercheur.e.s devenant artistes et inversement – on
pense à l’anthropologie théâtrale fondée par Eugenio Barba (2015) ; soit
des associations composant la figure du tandem, c'est-à-dire d’une entité
créative composée ou hybride, formée de corps spécialisés engagés de
concert dans une expérience in progress.
La spécificité du point de vue ici énoncé sera considérée selon deux
implications. D’une part, l’objectif visé n’est pas celui du discours sur (des anthropologues posant leur regard sur le travail
d’artistes ou inversement), ni celui de la comparaison des régimes
d’énonciations respectifs qui cache souvent des logiques de hiérarchie et
de séparation des champs d’action, mais celui de l’être avec dans
un processus partagé de recherche-création. En d’autres termes, le format
visé n’est pas celui du colloque, au sens académique, qui se donnerait pour
objectif de produire en une succession de communications des analyses
« hors sol » de ces relations, mais une réflexion en acte, c'est-à-dire
appuyée sur et consistant dans la présentations de créations contemporaines
issues de l'association d'artistes et d'anthropologues. D’autre part, le
cadre analytique privilégié sera celui du tournant ontologique,
l’association artiste-anthropologue reposant sur une écologie des savoirs
dans le cadre d’une ontologie relationnelle. La question sous-jacente à ces
deux implications sera celle des conditions de possibilité d’une posture
fondée sur la nécessité de faire une place à toutes les manières de
connaître, d’explorer les expériences du monde, en tant qu’elle est la
seule manière aujourd’hui de lutter contre l’économie néolibérale du savoir
scientifique et de reconnaître la pluralité contingente et poreuse des
activités réflexives dans nos sociétés contemporaine.
Références bibliographiques
-
Amilhat Szary Anne-Laure, Cristofol Jean, Parizot Cédric,
« Explorations arts-sciences à la frontière », antiAtlas Journal 01 | 2016 [En ligne], publié le 13 avril 2016.
-
Barba, Eugenio, Le Canoë de papier. Traité d’anthropologie théâtrale,
L'Entretemps. 2015.
-
Benéï Veronique [dir.],
Artistes et anthropologues dans la cité. Engagements, co-créations,
parcours
, Paris, L’Harmattan
, 2019.
-
Blanes Ruy, Alex Flynn, Maïté Maskens & Jonas Tinius, 2016,
« Micro-utopias: anthropological perspectives on art, relationality, and
creativity », Cadernos de Arte e Antropologia [Online], Vol. 5,
N° 1.
-
De Luca, Francesca et Helena ELIAS, 2019, Introduction to the Dossier Art
and community: critical perspectives. Estudo Prévio 15, Lisboa:
CEACT/UAL - Centro de Estudos de Arquitetura, Cidade e Território da
Universidade Autónoma de Lisboa, 2019. [Available at:
www.estudoprevio.net].
-
Dufrêne Thierry et Anne-Christine Taylor [dir.],
Cannibalismes disciplinaires. Quand l’histoire de l’art et
l’anthropologie se rencontrent, Paris, coédition INHA et musée du quai Branly, 2009.
-
Foster, Hall, « The artist as ethnographer? », in The traffic in culture. Refiguring art and anthropology, ed. G.
Marcus and F. Myers, 302–309. Berkeley, LA and London: University of
California Press, 1995.
-
Ingold Tim, « Art et anthropologie pour un monde vivant », Le carnet de Techniques et Culture [en ligne], 2019.
-
Manning Erin et Brian Massumi, Pensée en acte. Vingt propositions pour la recherche-création,
Dijon, Les presses du réel, 2018.
-
Müller Bernard, Caterina Pasqualino et Arnd Schneider [dir.], Le terrain comme mise en scène, Lyon, Presses universitaires de
Lyon, 2017.
-
Pasqualino Caterina et Arnd Schneider, Performance, art et anthropologie, actes du colloque international
du Musée du Quai Branly, [en ligne], 2009.
-
Sánchez Criado Tomás et Adolfo Estalella [dir.], Experimental Collaborations: Ethnography through Fieldwork Devices, London, Berghahn Books, 2018.
Programme [Téléchargement au format pdf ici]
Lundi 6 décembre
Matin : Forum des savoirs, MSH
Bien malin celui ou celle qui pourrait aujourd’hui donner une définition
consensuelle du mot patrimoine et s’accorder sur son étendu et sa
nécessité. C’est en croisant leurs approches respectives que le trio La
Soustraction des Fleurs et l’anthropologue Cyril Isnart ont décidé de
s’emparer de ces questions omniprésentes dans leurs travaux pour faire de
leur échange un objet spectaculaire à mi-chemin entre la conférence et le
concert.
(https://www.youtube.com/watch?v=VQMJ5EzPgaw)
Après-midi : atheneum
- [Dernière minute : représentation annulée - initialement prévue à 13 h 30] : Dralhas, Ciné-concert ensonnaillé / Transhumance audiovisuelle : Iris Kaufmann, François Arbon et Romain
Maurel (1h15)
Itinéraires de transhumances, chemins d'à travers la terre, sentes
défrichées par la musique, l'enquête et la vidéo, dans le monde vaste et
fascinant des hommes et des femmes des montagnes qui ensonnaillent encore
les pays. Ce tintinnabulum ancestral qui depuis des siècles habille, habite
nos paysages, nous avons souhaité l'explorer, partir à la rencontre de ce
monde du pastoralisme devenu discret, gardé, rencontrer l'éleveur,
comprendre son langage, sa musicalité, déchiffrer l'incroyable partition
qu'il compose avec ses bêtes et ses cloches. À partir d'images collectées
sur le terrain (Provence, Cévennes, Lozère, Aubrac), l'équipe assemble à
son tour son propre carillon, où la composition sonore dialogue avec la
composition cinématographique. Sur scène, une quarantaine de cloches, une
voix, un violon, un magnétophone à bandes, des pédales d'effets, des
synthétiseurs analogiques… et trois musiciens allant des musiques
traditionnelles du Pays d'Oc à la musique expérimentale et bruitiste, pour
livrer une poésie audiovisuelle radicale.
(https://www.lexcentrale.com/dralhas)
-
14 h 00 :
Autour de l’expérience : Territoire, Théâtre de la
connaissance (2017, Neuchâtel) par Ellen Hertz (anthropologue,
université de Neuchâtel) et Nicolas Yazgi (ethnologue et dramaturge) :
film documentaire et extrait du film de la pièce
Mise en jeu, film documentaire réalisé par Céline Pernet et
Baptiste Aubert, illustre comment la recherche scientifique et l'art
peuvent se compléter pour prendre part aux réflexions et aux projets
économiques et sociaux d’un territoire tel que le canton de Neuchâtel. Le
projet Territoire s’inscrit dans l’édition 2017 du Théâtre de la
connaissance, une initiative de la Maison d’analyse de processus sociaux
(MAPS) de l’Université de Neuchâtel, dont la pièce de théâtre a été
présentée en octobre 2017 à La Chaux-de-Fonds.
(https://www.unine.ch/theatre-connaissance/home/editions-precedentes/edition-2017.html)
Soirée : atheneum
-
20 h 30 : L’Occident désorienté,
Perrine Alranq, comédienne, clowne et Jean-Louis
Tornatore, anthropologue (45 min.)
Dans un livre demeuré célèbre, Dipesh Chakrabarty, historien indien, appelait à « provincialiser l’Europe ». Poursuivre le geste de décentrement, bonne conscience exclue, sera de désorienter l’Occident, pour qu’il en sorte un monde multiple, culbuté, sens dessus-dessous, devant-derrière, décolonial-décolonisé, défait du capitalisme, convoqué de passés possibles, espéré de futurs réinventés, repeuplé de non-existences réexistées, irrigué d’ontologies circonstancielles et joyeusement inachevé…
Mardi 7 décembre
Matin : Forum des savoirs, MSH
-
10 h 00 :
D’ici dense
, Gurvant le Gac et Anaïs Vaillant (auteurs, compositeurs, interprètes
et comédiens)
(1h20)
Invitation d’un musicien breton et d’une anthropologue déracinée à
contempler des paysages, en dévoiler leur part colonisée et confronter
leurs expériences de l’ici ; à partager avec eux un instant hors-norme où
la pensée dévoile le capitalisme, la poésie prend corps, les musiques se
jouent et se dansent,
les langues s’échangent et les vins se goûtent.
(https://www.fem-collectiu.com/dicidense)
Après-midi : atheneum et forum des savoirs, MSH
À l'atheneum
- 14 h 00 : Chroniques à la frontière , Cédric Parizot, anthropologue (IREMAM) et Vincent Berhault, auteur,
metteur en scène et jongleur, Directeur de la Maison des jonglages (40 min)
Chroniques à la frontière (30?) est une performance solo, un billet d’humeur théâtral et jonglé, un
blog scénique. Au croisement d’un numéro de jonglage, de clown et d’une
conférence, cette pièce interpelle sur les manières dont nous parlons,
représentons et pensons les transformations des frontières au 21e siècle.
Cette expérimentation est la première tentative de collaboration entre
Vincent Berhault et Cédric Parizot. Elle a été mise en œuvre à
Aix-en-Provence, avec le soutien du Centre International des Arts en
Mouvement (CIAM). Au croisement de l’anthropologie et du cirque Chroniques à la frontière ne vise pas à produire un mode de
présentation et de diffusion alternatif d’une recherche aboutie. Son
processus d’écriture, repensé à chaque représentation, en fonction du
public et de la matérialité du lieu, ouvre sur une nouvelle correspondance
entre l’artiste, le chercheur et le public. L’espace sensible que fait
émerger la pièce permet aux uns et autres d’opèrer leurs propres
alignements, ouvrant sur d’autres manières d’envisager les mutations des
frontières du 21e siècle ainsi que celles des cadres
conceptuels que nous mobilisons pour en parler.
(https://www.antiatlas.net/chroniques-a-la-frontiere/)
Au forum des savoirs, MSH
-
16 h 00 : Table ronde avec Caroline Darroux, (anthropologue, MPOB et LIR3S), Ellen Hertz (anthropologue), Manon Istasse (Eden et LAMC, Université libre de Bruxelles), Véronique Dassié (anthropologue, laboratoire Héritages), Vincent Chambarlhac (LIR3S).
18 h 00 : Clôture du collqoue
Soirée : atheneum [spectacle associé au colloque, entrée payante]
- Croire aux fauves , théâtre et musique (1h15), d’après Croire aux fauves de
Nastassja Martin. Jeu, mise en scène et composition musicale Émilie Faucheux, musicien : Michaël Santos, Cie Ume
Théâtre .
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