13 mars 2020 – uB – 2 bd Gabriel – Rdc du Bâtiment Droit-Lettres, Salle du conseil de Lettres,
17 h. - 19 h.
(accès/informations pratiques ici)


Atelier de philosophie sur le plaisir :
La caresse : un geste de plaisir ?

Organisateur : Guillaume Coqui (LIR3S UMR CNRS uB 7366)

 

L'atelier de philosophie, qui a vocation à courir sur plusieurs années, veut fournir un cadre de rencontre, de réfléxion et d'instruction commune aussi bien aux professeurs de philosophie du secondaire qu'aux étudiants et chercheurs de toutes disciplines qui pourraient être intéressés par ses travaux.

Le thème du plaisir a été retenu pour l'année universitaire 2019-2020.

 

Présentation de la séance

Irène Le Roy Ladurie présentera son travail de thèse qui porte sur le geste de la caresse dans les narrations contemporaines que sont la bande dessinée et le récit littéraire. Si Irène Le Roy Ladurie s'intéresse à ce geste c’est pour étudier le changement de paradigme qui a lieu à la fin du XXe siècle et au début du XXIe autour de la représentation érotique. Le 20ème siècle dans la littérature européenne et notamment française a été marquée et dominée par l’omniprésence d’un corpus sadien récemment redécouvert, de même que la sexualité depuis le XIXe siècle a été analysée sur le mode des perversions et du respect de la norme (Michel Foucault, Histoire de la sexualité). Ce geste d’apparent plaisir m’intéresse alors en ce sens qu’il contribue à l’étude d’une tendresse érotique perçue comme universelle, omniprésente et en même temps discrète. Quand il est mis en scène, il participe à la critique de l’omniprésence de l’œil et de la vision dans les arts, et à une critique de l’obscénité contemporaine de l’omniprésence de la pornographie.

La caresse est à la fois un geste issu d’un répertoire de la vie quotidienne mais relève également de la sensation tactile. Elle interroge alors ces deux arts dans leurs limites : suggérer le tactile en dépassant le visible de la « ligne claire » dans un art de l’image comme la bande dessinée (Jean-Charles Andrieu de Lévis, De ligne claire à la ligne « pas claire ») ; ou comment la suggestion tactile vient sur le mode du détail ménager des éclats sensibles du monde dans les romans contemporains (Morgane Kieffer, Le romanesque paradoxal).

En tant que geste elle interroge la nature même de ce concept : tendue vers une action à réaliser elle ne se limite pas à une temporalité nombrable, ni à un but précis, elle relève d’une technicité impossible, pourtant elle fait partie des usages quotidiens du lien social, amical, amoureux (Marcel Mauss, « Les techniques du corps »). Elle ressort donc d’une esthétique du quotidien (Barbara Formis, Esthéthique de la vie ordinaire), loin d’un plaisir paroxystique. Mais elle vaut en elle-même, en tant que geste de recherche, de creusement, d’étonnement et d’interrogation, c’est pourquoi elle est soluble dans de nombreux récits d’artistes (peinture, sculpture). Ainsi elle interroge souvent l’art lui-même en train de naître (Jean-Luc Nancy, Le plaisir au dessin). Plus active que la simple touche, la caresse est un geste qui, souvent associée à un rapport éthique au monde et au corps, est source d’interrogation sur l’altérité autant qu’elle est retour sur soi.

 

 

Intervenante

  • Irène Le Roy Ladurie (Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures – EA 4178, uB)

 

 

Toutes les séances de l'atelier ici


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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
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