14 février 2020 – uB – 2 bd Gabriel – Rdc du Bâtiment Droit-Lettres, Salle du conseil de Lettres,
17 h. - 19 h.(accès/informations pratiques ici)
Atelier de philosophie sur le plaisir : Platon : quelle pensée du plaisir ?
Organisateur : Guillaume Coqui (CGC UMR CNRS uB 7366)
L'atelier de philosophie, qui a vocation à courir sur plusieurs années, veut fournir un cadre de rencontre, de réfléxion et d'instruction commune aussi bien aux professeurs de philosophie du secondaire qu'aux étudiants et chercheurs de toutes disciplines qui pourraient être intéressés par ses travaux.
Le thème du plaisir a été retenu pour l'année universitaire 2019-2020.
Présentation de la séance
Le plaisir est un thème central dans les dialogues de Platon, même quand il sont censés parler d'autre chose, même quand la morale au sens large n'est pas leur enjeu principal, il est rare qu'ils ne comportent pas un passage sur le plaisir.
Ce n'est pas accidentel : le plaisir engage la question la plus sérieuse entre toutes, la plus importante, aux dires mêmes de Platon, celle du genre de vie qu'il faut choisir, de la vie la meilleure. Le plaisir apparaît toujours en effet comme le concurrent direct de la pensée, de la vie philosophique incarnée par Socrate. Il y aurait deux choix de vie antinomiques : la vie de plaisirs décrite dans de nombreux dialogues comme la plus indigne, la plus malheureuse et pitoyable de toutes, à peine une vie, tant elle est discontinue, sans cohérence, sans unité ; et la vie du philosophe, vie consacrée à la pensée, insensible aux plaisirs des autres hommes, trouvant sa nourriture ailleurs, du côté des réalités intelligibles.
La référence au plaisir se révèle tout aussi centrale dans la discussion avec les sophistes : leur pratique relève de la flatterie, elle vise le plaisir et non la vérité.
Il peut donc sembler assez simple, pour une fois, d'identifier la position de Platon : le plaisir est condamné sans équivoque, il est ce devenir sans mesure avec lequel le philosophe ne peut composer, parce qu'il empêche la pensée, en clouant l'âme au corps, à ses besoins et ses sensations.
Mais tout se complique à la lecture du seul dialogue de Platon consacré explicitement au plaisir, le Philèbe, l'un des derniers écrits par Platon, qui semble remettre en cause cette apparente simplicité des thèses de Platon.
La vie de plaisirs y est bien opposée à la vie de sagesse, de pensée, mais aucune des deux ne saurait incarner la vie bonne et désirable. Sans aucune justification, Platon pose comme préférable une vie mixte, mélange de plaisir et de sagesse.
Que penser de cette hypothèse ? Est-elle sérieuse ? Que devient le plaisir propre à la pensée ? Et la vie du philosophe ?
Partant des nombreuses questions que soulève le Philèbe, on essaiera de montrer que Platon ne renie pas ses autres dialogues, mais pense le plaisir autrement, d'un autre point de vue, qui n'est plus celui du philosophe, mais celui de la vie.
Il met donc à nouveaux frais la pensée face à la vie, et le plaisir apparaît plus que jamais comme ce qui résiste à la pensée.