L'atelier de philosophie, qui a vocation à courir sur plusieurs années, veut fournir un cadre de rencontre, de réfléxion et d'instruction commune aussi bien aux professeurs de philosophie du secondaire qu'aux étudiants et chercheurs de toutes disciplines qui pourraient être intéressés par ses travaux.
Le thème de la guerre a été retenu pour l'année universitaire 2018-2019. Ce ne sont pas seulement les dimensions politique et militaire, mais également les aspects anthropologiques de la question qui retiendront cette année l'attention.
Présentation de la séance
La guerre est-elle un objet philosophique comme les autres ? Comment penser le phénomène guerrier ? L'objectif de cette intervention consistera à problématiser la relation entre guerre et philosophie, ce qui reviendra, entre autres, à examiner comment un certain discours en philosophie peut prendre la guerre pour objet et lui donner une fonction centrale dans la détermination du politique. Cette perspective permettra également d’objectiver le rapport déterminé entre une production philosophique et sa situation historique d’émergence, dans le cadre où les philosophes peuvent être amenés à se mettre en guerre, afin d'influencer les événements de leur époque, ou bien lorsque la philosophie elle-même se met en guerre, quand cette conflictualité joue le rôle en quelque sorte d'un intellect agent dans les œuvres philosophiques. Suivant ce triple rapport structurant entre guerre et philosophie, des travaux de recherches en cours seront présentés. Tout d'abord, la philosophie de la guerre, en tant qu'analyse de l'objet « guerre », se déclinera à partir de questions telles que : quelle est sa nature ? Quelles en sont les causes ? Quelle est sa légitimité ? Ensuite, en considérant que les philosophes écrivent en étant aux prises, même négativement, avec l'histoire de leur temps, on s'interrogera sur l'hypothèse générale qui voudrait que l'origine authentique du geste philosophique soit une promesse de paix, dont la signifiance est à découvrir ou à retrouver. Enfin, à partir d'une théorisation en contexte, d'abord celui de la Première Guerre mondiale, ensuite celui des conflits armés contemporains, dits « asymétriques », on esquissera la singularité que peut apporter la philosophie dans l'analyse de l'épreuve ou de l'obstacle épistémologique que la guerre peut constituer.
Intervenant
Édouard Jolly (chercheur en philosophie à l'IRSEM, Institut de Recherches Stratégiques de l'École Militaire)