Journées d’études : Cultures populaires, sciences participatives et actions citoyennes
Ces journées d’études s’inscrivent dans le cadre
d’un partenariat de recherche associant le Centre Georges Chevrier et
la Maison du patrimoine oral de Bourgogne (MPOB) dans une réflexion
commune sur le thème « Pouvoir d’action, Territoire,
Transition » et font suite aux journées d’études
« Patrimoines, participation et citoyenneté » qui
se sont tenues le 4 et 5 septembre 2015 à Anost. En outre, il
est lié à un projet, en préfiguration, d’instauration
de la MPOB en « ethnopôle », dispositif relevant
du ministère de la Culture-Direction régionale des affaires
culturelles de Bourgogne-Franche-Comté.
Elles se donnent pour objectif de faire dialoguer des démarches
« d’encapacitation » fondées sur la
mobilisation de la « méthode ethnographique » au
service de la reconnaissance culturelle. À l’échelle
internationale, des acteurs de la société civile en lien avec des
chercheurs mettent en œuvre des protocoles qui revendiquent une
revisite démocratisée des sciences humaines et sociales
(Fédération internationale pour l’histoire publique,
GIS « Démocratie & Participation », réseau
« Traces », Forum des Lucioles, etc.). Ces alliances
d’initiatives privées et d’initiatives publiques se
démarquent de dispositifs maintenant assez convenus et consensuels de
la recherche participative (souvent instrumentalisés au service de
nouveaux modes de gouvernementalité), par l’élaboration de
protocoles où le « concernement » social et ce qui
importe aux groupes concernés pèsent à parité avec
l’exigence de scientificité.
Cette question intéresse directement la MPOB au regard de son histoire singulière : elle est la concrétisation d’un
militantisme culturel déployé dans un territoire perçu comme
oublié ou en retrait. En l’occurrence, des personnes
(ordinaires ?) s’engagent dans un travail de collecte des formes
d’expression orale en tant qu’elles sont perçues comme
éligibles à la distinction patrimoniale, comme patrimoine
culturel immatériel, et constituent la matière d’une
reconnaissance en terme des droits culturels. À partir de
l’examen de cette expérience fondatrice et de sa confrontation
à d’autres expériences dans l’espace français et
européen, trois questions, étroitement liées, se posent,
auxquelles ces journée entendent se confronter :
- celle de la caractérisation « citoyenne »
ou « participative » de ces gestes de collecte :
dans quelle mesure réfèrent-ils au modèle des sciences dites
citoyennes ou au contraire le dépassent-ils ? En d’autres
termes, collecte-t-on des chansons comme on compte des papillons dans un
jardin ? Ces gestes reconduisent-il la relation scientifiques/amateurs
que mettent en œuvre ces sciences citoyennes ? Sur quels
fondements à la fois méthodologiques et
épistémologiques se déploient-ils ? Il s’agit
d’explorer les formes d’engagement qui sont désignées
comme citoyennes car elles témoignent de participations actives à
la production du social et de l’expression d’un pouvoir
d’agir.
- celle du sens donné aux expressions orales et de leur
portée politique : en quoi la collecte de contes et autres formes
d’expression orale se distingue-t-elle de la démarche
d’une démarche conservatoire et érudite, historiquement
associé le plus souvent à la notion de folklore ? Si ce
geste de collecte participe à ce que l’on appelle le
« renouveau du conte », quel peut être le sens
politique de la reconnaissance de formes culturelle populaires et, en un
sens, de la réhabilitation du folklore ? En quoi peut-il
être dit alternatif (au sens où se développent des actions
culturelle en dehors des cadres institutionnel, par exemple les
« friches culturelles ») et émancipatoire.
- celle des relations entre territoire et culture : sur quels
mobiles se construisent-elles dès lors qu’il est évident
qu’elle ne peuvent pas être indexées sur la notion d’identité culturelle. Si on part d’une conception
dynamique (et non géographique) du territoire (des services, des
pratiques, des populations humaines et non humaines, des configurations
physiques, des entités diverses…), il s’agit
d’apprécier ce que veulent et font ces personnes pour
« composer » le territoire qu’elles habitent.
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