L'atelier de philosophie,
qui a vocation à courir sur plusieurs années, veut fournir un cadre de rencontre, de réfléxion et d'instruction commune aussi
bien aux professeurs de philosophie du secondaire qu'aux étudiants et chercheurs de toutes disciplines qui pourraient être
intéressés par ses travaux.
Pour l'année 2016-2017, le thème de la mémoire a été retenu. Les travaux de l'atelier font varier les approches de cette notion à la fois complexe et centrale pour les questions du rapport entre l'esprit et le corps et pour l'abord des notions d'identité personnelle et collective.
Présentation de la séance
Que devient l’identité à soi suite à l’accident dont les séquelles laissent handicapé ? Nous nous intéresserons aux récits de personnes atteintes par le handicap traumatique, que les conséquences de l’accident soient seulement physiques ou touchent le corps et les facultés cognitives et mnésiques (comme dans le traumatisme crânio-cérébral). Les témoignages font souvent référence à une sorte de double perception de soi (avant et après l’accident), une identité instable, où l’on se sent soi sans parvenir à se reconnaître soi-même. Nous analyserons ce balancement entre le fait de se sentir soi et le fait de ne plus se reconnaître comme le même en référence aux concepts d’« ipséité » et de « mêmeté » que Paul Ricœur développe dans Soi-même comme un autre. Nous verrons comment le récit peut être fondateur d’une nouvelle identité, jouant par là sa fonction de mise en forme du temps et de construction de l’identité narrative, sans négliger les problèmes spécifiques qui se posent quand la capacité même de se raconter se trouve mise à mal par le handicap cognitif et les troubles de la mémoire. Cette approche philosophique vient ici éclairer un des aspects rencontrés dans le champ psychothérapeutique lors de la reconstruction de soi après l’accident.