L'atelier de philosophie,
qui a vocation à courir sur plusieurs années, veut fournir un cadre de rencontre, de réfléxion et d'instruction commune aussi
bien aux professeurs de philosophie du secondaire qu'aux étudiants et chercheurs de toutes disciplines qui pourraient être
intéressés par ses travaux.
Pour l'année 2016-2017, le thème de la mémoire a été retenu. Les travaux de l'atelier font varier les approches de cette notion à la fois complexe et centrale pour les questions du rapport entre l'esprit et le corps et pour l'abord des notions d'identité personnelle et collective.
Présentation de la séance
La théorie de la mémoire collective d’Halbwachs ne prend sens que si on la replace dans le cadre plus large de sa pensée sociologique. En effet, ses recherches s’appuient sur une ontologie sociale particulière qu’on pourrait qualifier ainsi : la société, de manière générale tout collectif, suit une démarche qui vise à faire en sorte que le groupe puisse se perpétuer dans son être et préserver son intégrité. Dans cette optique, actions, pensées, voire états psychologiques partagés, sont réductibles à une sorte « d’élan vital », « instinct social de survie », qui dit comment, à un moment, la société se pense et entend se perpétuer (en s’adaptant au changement par exemple). Parmi les produits de la vie sociale, les représentations collectives, « manières communes de perception », remplies de symboles qui cristallisent un savoir accumulé par les générations antérieures, sont une entrée privilégiée pour comprendre la vie sociale. Elles sont des « souvenirs », et la mémoire est à penser comme une « fonction supérieure » de l’esprit, siège de « l’hyperspiritualité » caractéristique de la vie collective. En conséquence, regarder comment fonctionne la mémoire c’est avoir une entrée privilégiée pour comprendre le déroulement de la vie collective et décrypter son sens. Cette mémoire ne peut être donc que collective, c’est-à-dire s’appuyer sur ces « cadres sociaux ».
