3 mars 2016 - 14 h. - 17 h. - Salle Georges Chevrier
(Accès/informations pratiques ici)
Séminaire « Coopérer » : Coopération et socialisme : Owen et Fourier
Organisateurs : Alexia Blin, Stéphane Gacon, François Jarrige, François-Xavier Nérard et Xavier Vigna
L’histoire de l’économie sociale repose sur quelques études classiques qui ont mis en valeur l’émergence, la diversité et l’organisation de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler le « tiers secteur ». Ce séminaire entend moins se pencher sur les cadres juridiques et les structures du mouvement coopératif que sur l’activité ordinaire des coopératives. Aborder la trivialité de la vie quotidienne en coopérative implique de s’interroger sur les logiques de fonctionnement d’un groupe qui se fixe un horizon d’attente élevé, sonder les logiques démocratiques et hiérarchiques, la nature des échanges et les mécanismes de la décision dans un contexte souvent difficile et qui contribue à attiser les tensions : les nécessités économiques (les règles de l’économie de marché, les grandes crises cycliques, le besoin d’une gestion fine), et politiques et sociales (le poids du libéralisme ou de l’étatisme, la force de l’idéologie dominante). Partant de là, il s’agit de s’intéresser aux aléas de la vie communautaire et à la part de sacrifice de soi qu’elle implique, à la manière dont l’idéal est confronté à la réalité, amendé, édulcoré pour que la coopérative tienne. Pensée dans une perspective globale et sur la longue durée de l’histoire des associations et des coopératives (XIXe-XXIe siècle), cette réflexion mettra l’accent cette année sur la question délicate des sources d’une histoire des acteurs de la vie sociale.
- Ophélie Siméon (CREW, Université Paris 3) :
Robert Owen et les origines du mouvement coopératif britannique, 1829-1845
En 1848, les « Pionniers de Rochdale » fondent la première coopérative moderne, et cette année marque généralement la naissance du mouvement coopératif pour les historiens. Ce serait cependant oublier l'apport fondateur de l'owénisme (auquel les « Pionniers » étaient affiliés). Entre 1829 et 1845, Robert Owen fédère le premier mouvement socialiste de Grande-Bretagne, et compte de nombreux coopérateurs parmi ses sympathisants. L'originalité du mouvement tient dans sa conception universaliste des coopératives, qui ne se limitent pas à leurs activités commerciales, mais mettent celles-ci au service d'une refonte des structures sociales sur un mode communautaire. Longtemps qualifié d'« utopique », cette composante communautaire doit cependant être reconsidérée, car elle permet de saisir les modes de structuration, l'organisation, les pratiques militantes et la tradition politique du mouvement coopératif britannique – éléments qui se sont en partie maintenus, même de façon symbolique, après le déclin de l'owénisme.
- Bernard Desmars (CRULH, Université de Lorraine) :
Ambitions et ambiguïtés coopératives chez les fouriéristes, milieu XIXe-début XXe siècle
Du milieu du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle, quand disparaît le mouvement sociétaire, les militants fouriéristes envisagent la coopération comme l’une des modalités du changement social, finalement plus accessible que la réalisation d’un phalanstère. Aussi participent-ils activement tout au long des décennies suivantes à différentes initiatives : formation d’associations coopératives, propagande en faveur de la coopération, participation à des struc-tures comme la chambre consultative des associations ouvrières de production. Le lien entre fouriérisme et coopération paraît d’ailleurs bien établi à la fin du XIXe siècle, quand Charles Gide prononce une conférence, rapidement publiée sous le titre Fourier, précurseur de la coopération (1886). La communication a pour but d’examiner les ac-tivités des fouriéristes au sein du champ coopératif, d’étudier les débats que suscitent à la fin du XIXe siècle les con-ceptions sociétaires de la coopération (avec notamment la question de la rémunération du capital) et d’analyser la signification du projet coopératif chez les fouriéristes au début du XXe siècle, projet parfois associé à la participation des salariés aux bénéfices.
- Valérie Baroteaux (CRH, EHESS) : [Titre non communiqué]
Entrée libre, sans inscription
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