26 février 2016 – Université de Bourgogne – Dijon


Journée d’études :
Territoires et réseaux de création au féminin (3/3)

Organisatrices : Marianne Camus (Centre Interlangues Texte, Image, Langage), Valérie Dupont (CGC) et Valérie Morisson (Centre Interlangues Texte, Image, Langage)

 

 

Les centres de recherche Georges Chevrier et Textes, Images, Langages ont initié, lors de deux journées d’études antérieures à celle annoncée, une réflexion sur les réseaux de création au féminin. Après une première journée consacrée à un travail définitoire de réseaux où des femmes étaient impliquées, puis une seconde centrée sur les réseaux critiques, nous souhaitons nous interroger sur la manière dont l’existence du réseau de créatrices informe la création elle-même et ses processus. En effet, si nous avons pu, dans une démarche historique, préciser la spécificité du réseau d’artiste, souple, multiforme et fluctuant, par rapport à des structures plus rigides (école, groupe, mouvement doté d’un manifeste et d’une hiérarchie), il faut désormais comprendre comment le réseau s’intègre à la démarche de création. Ce troisième volet de notre réflexion examinera cette question et sera consacré aux productions de réseaux ayant existé au cours des XXe et XXIe siècles, dans différents arts et diverses aires géographiques.

Plusieurs champs de création seront étudiés : littérature, poésie, arts du spectacle, arts visuels, cinéma. On s’intéressera tant à la création au sein d’un réseau ou collectif d’artistes qu’à la création à plusieurs et aux collaborations. Les réseaux de créatrices sont le lieu où des expériences mais aussi des savoir-faire se transmettent et se perpétuent tout en donnant naissance à des créations dotées d’une dimension politique, subversive ou contestataire. Ainsi, le réseau, en tant que modèle d’organisation différent de l’école ou du groupe, peut se former et se délier pour répondre à des conjonctures sociales, politiques ou économiques données et être éphémère. Il peut n’inclure que des artistes ou écrivains ou bien s’ouvrir à des participants extérieurs. Ses ramifications peuvent être plurielles et variables. On se demandera si le réseau, qui a parfois été très local et de petite taille, s’étend aujourd’hui en raison des nouvelles technologies et nouveaux modes de créations pour générer un maillage rhizomique et international ou transnational. Si les salons, les groupes, les écoles d’artistes excluaient autant qu’ils incluaient, les nouveaux réseaux sont-ils plus ouverts et rhizomiques, se sont-ils déterritorialisés ?

Cette troisième journée ambitionnera également de répondre à la question de savoir si le fonctionnement en réseau constitue une caractéristique de la création au féminin. Lucy R. Lippard, dans un article intitulé « Un Changement radical : la contribution du féminisme à l’art des années 1970 », avance que le système de valeurs féministes favorise les interactions sous forme de rituel collectif ou public et de créations accomplies « en coopération/collaboration/collectivement ou anonymement » (Fabienne Dumont (éd.), La Rébellion du Deuxième Sexe, L’Histoire de l’art au crible des théories féministes anglo-américaines, 1970-2000, Presses du Réel, 2011, p. 85). Elle ajoute que la toile d’araignée, le réseau ou dessus-de-lit en patchwork qui symbolise la connexion, l’inclusion ou l’intégration sont des métaphores chères aux féministes (p. 88). Le réseau, tel qu’il se construit au XXe et XXIe siècle, permet-il en effet aux femmes de proposer une alternative aux organisations masculines plus verticales ? Est-il dans sa forme contestataire et politique ? L’analyse de Lucy Lippard n’est pas pour nous une hypothèse de départ mais une interrogation à laquelle nos travaux tenteront de répondre.

 

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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
UMR 7366 CNRS-uB

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