Edward Castleton
Proudhon, la technologie et les transports
L’une des critiques que Marx s’adressait à Proudhon dans sa Misère de la Philosophie était que Proudhon n’accordait pas suffisamment d’importance aux conséquences néfastes de l’utilisation des machines et de l’automatisme pour les ouvriers des pays économiquement les plus avancés. Proudhon ne répondait pas à cette critique, car il était de l’opinion que, d’abord, il n’y avait rien dans cette critique qui contredisait ses propres opinions, et, ensuite, parce que, selon lui, une meilleure répartition du travail atténuerait en grande partie les problèmes posés par le machinisme – solution, selon lui, par ailleurs implicite dans la critique de Marx lui-même. Pourtant, contrairement à ce que prétend sa critique d’outre-Rhin, (elle-même entièrement influencée par l’expérience manchestérienne d’Engels), Proudhon s’est réellement intéressé à la question de l’introduction des nouvelles technologies, mais non point en rapport avec la production des produits, comme Marx, mais en rapport avec leur circulation, comme attestent ses nombreux écrits sur les transports, notamment par voies navigables et chemins de fer. Cette intervention portera sur ses écrits et sa correspondance technique (largement inédite) avec des hommes d’affaires et des inventeurs sur ce sujet, entièrement négligé par les spécialistes, pour montrer sa réelle importance, centrale pour comprendre sa pensée économique et sociale.