14 mars 2013 - 14 h. - 16 h. - salle Georges Chevrier

Séminaire : Un siècle de formes brèves de l'imprimé politique, 1880-1980

Organisateurs : Vincent Chambarlhac et Julien Hage (CGC)

 

Présentation :

À l’heure du web 2.0, le succès considérable de la brochure Indignez-vous de Stéphane Hessel est venu rappeler toute l’importance politique et culturelle des formes brèves de l’imprimé dans les sociétés d’Europe occidentale depuis l’invention de l’imprimerie, et plus encore depuis l’avènement des sociétés industrielles. Composés dans l’urgence, réactifs sur l’actualité, feuilles, tracts, dessins, caricatures et brochures de toutes sortes ont ainsi  fleuri massivement lors de chaque crise politique et ont joué un rôle majeur dans l’expression des conflictualités contemporaines, dans les circulations des idées et dans la politisation des masses. Au croisement des différentes disciplines des sciences humaines et sociales, il s’agit d’interroger d’une manière globale aussi bien leurs supports matériels et leurs contenus politiques et esthétiques que leurs usages sociaux et leur rôle dans la cristallisation des identités politiques et dans la construction des imaginaires sociaux.

 

Patrick Marcolini (Université de Toulouse II-Le Mirail/ ENSSIB)

La brochure subversive autoproduite, de 1968 à nos jours. Quand les techniques de production-diffusion et les politiques d'émancipation ne font qu'un.

En France, la brochure subversive autoproduite est apparue dans les années 1970 et s’est maintenue jusqu’à nos jours comme un support d’expression et de communication singulier, adapté aux besoins et aux théories des mouvements politiques radicaux situés à gauche de l’extrême gauche, et marqués par la conjoncture de l’après-68 : les anarchistes indépendants des organisations libertaires classiques, l’ultragauche, les mouvances situationniste et autonome, l’écologie radicale, les anti-industriels, et enfin les groupes féministes et LGBT radicaux. Par rapport à des formes plus traditionnelles de communication politique telles que le pamphlet ou la brochure de propagande, l’originalité de ce support est d’impliquer des pratiques d’auto-éducation dans son contenu comme dans sa forme. Par ailleurs, de la même manière qu’il promeut sur le plan discursif et théorique l’abolition du capitalisme, l’auto-organisation collective contre les syndicats et partis, et la prise en main par chacun des conditions de sa propre libération, il privilégie dans sa fabrication concrète le « do it yourself » (DIY), les pratiques anti-économiques et l’indépendance politique. Le technique y est donc directement politique. Enfin, porte-voix d’une contre-culture au sens le plus large du terme (qui touche des domaines aussi différents que la sexualité, l’art ou l’alimentation), ce support présente en outre la particularité d’avoir entraîné autour de lui l’apparition d’usages spécifiques et de contre-institutions originales telles que les « infokiosques » et les « distro ».

 

Docteur en philosophie, Patrick Marcolini est actuellement conservateur de bibliothèque et chercheur en philosophie et en histoire des idées à l’Université de Toulouse II-Le Mirail (laboratoire ERRAPHIS). Ses travaux portent sur les croisements entre culture et politique dans les mouvements révolutionnaires aux XIXe et XXe siècles, et en particulier sur le mouvement situationniste, sa généalogie et ses héritages contemporains. Dernières publications : Le Mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle (L’Echappée, Montreuil, 2012) et « La méthode Debord » (dans Guy Debord, un art de la guerre, ouvrage collectif sous la direction d’E. Guy et L. Le Bras, Gallimard, Paris, 2013).

 

 

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Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche
"Sociétés, Sensibilités, Soin"
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